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[RP] « Cette Terre Est Ta Terre. »

Ingeburge
[IG : nœud provençal, fin janvier
RP : Carpentras, fin janvier
Merci de respecter les règles élémentaires du RP et les indications données, sinon passez votre chemin, bon jeu.]


* « Cette Terre Est Ta Terre. » Elle avait levé son innocent petit visage vers la religieuse vêtue de sombre qui venait de prononcer ces mots. Bien évidemment, elle n'avait rien compris, ne maîtrisant pas encore la langue employée. Elle n'avait donc rien répondu, se contentant de suivre du regard le geste de la femme qui désignait le paysage devant elles. Elle ne l'avait pas vraiment apprécié ce panorama, plissant ses yeux opalins irrités par la luminescence de ce soleil bien différent de chez elle. Bien autre le soleil et ce n'était pas la là seule différence notable qu'elle enregistrait dans son esprit enfantin et buté. La végétation sèche et odorante aussi et le relief particulier. Et au-delà de cette vue que décidément, elle n'avait pas réussi à appréhender dans toute sa beauté, elle notait les autres différences : le vent mordant, les senteurs entêtantes, les bruits inusités, la touffeur insidieuse. Elle s'était donc trouvée bien loin du Royaume du Danemark. Où était donc passé Assens, son terrain de jeu, de rires et de découvertes? Sa mémoire d'enfant lui avait fait quelque peu défaut mais elle avait été sûre d'un fait : c'était autre chose là-bas. La solitude donc serait sa compagne même si bien plus jeune que ses frères et sœurs, seule, elle l'avait toujours été. Et là en cette contrée hostile où elle avait été envoyée suite aux prémices des troubles qui allaient secouer l'Union de Kalmar où le riche et puissant Danemark tenait une place trop importante au goût des Suédois, elle en avait eu une conscience plus qu'aigüe malgré ses six ans. Seule. Cela avait commencé dès le début de ce voyage qu'elle n'avait pas compris. Elle était d'ailleurs la seule à s'en aller, ses frères et sœurs déjà établis restant sur place et ses parents impliqués à Copenhague bien décidés à soutenir la position danoise. Traversées en mer, en coche, passages de relais en relais, transfert de mains en mains, arrêts par divers couvents jusqu'à celui de la Celle.... Adieu l'île de Fyn. A jamais. *
Et c'est seule qu'elle se trouvait encore en ce jour où pour la première fois depuis des mois, elle s'apprêtait à fouler le sol provençal. Certes, elle était accompagnée — étrange escorte en vérité que celle qu'elle avait là : un Dragon d'Arquian, un soldat orléanais, un évêque de Guyenne ramassé en Lyonnais-Dauphiné, un ex-Franc-Comte revenu depuis peu dans le monde des vivants — mais en vérité, ce pèlerinage en Provence qu'elle avait plus d'une fois envisagé, c'était une véritable quête intime. Son regard toujours aussi pâle mais désormais dénué d'expression fouillait les environs plongés dans l'obscurité de la nuit. Bientôt, elle s'y trouverait, elle la sentirait et contrairement à ce sentiment de rejet qu'elle avait eu pour la Provence alors qu'elle n'était encore une enfant, elle en serait heureuse. Involontairement pourtant, sa main se porta sur son épaule gauche où le fer avait incrusté six lettres de chair brûlée : GHFKDS. Guds hjælp, folkets kærlighed, Danmarks styrke. Etrange réminiscence d'un paradis perdu alors qu'elle était sur le point d'entrer dans cet éden qu'elle avait également dû quitter. Elle talonna sa monture, ayant hâte soudain, son nez au vent croyant humer cet air bien connu et à jamais cru perdu.

* Abbaye de la Celle, près de Brignoles. Les cours de latin et de grec l'avaient sauvée, tout comme ses lectures du dogme et de Marc Aurèle. Elle vouait depuis une admiration sans borne à cet empereur dont les réflexions avaient changé sa vie et qu'elle avait découvert quand se faufilant discrètement dans la bibliothèque, elle s'emparait des ouvrages qui ne devaient pas tomber aux mains des petites pensionnaires. Et finalement, petit à petit, elle avait fini par comprendre ce qu'on lui disait, à se faire entendre des autres et avait même appris quelques mots de la langue du cru jaillissant comme une gerbe de soleil. C'est là qu'elle avait grandi parmi les filles des notables locaux, toujours à part cependant et ne voyant de cette Provence où elle avait été envoyée par des parents prévoyants que le domaine abbatial. Ses journées avaient été rythmées par les cours, les prières à l'église et les repas. Elle n'avait jamais franchi les enceintes de la pension et n'en avait jamais exprimé l'envie. Au contraire de ses compagnes, l'extérieur ne lui avait pas manqué, elle n'avait ni famille ni relations qui l'y avaient attendue, son extérieur à elle étant irrévocablement inaccessible. Du Danemark, elle avait reçu des nouvelles par les courriers détaillés que lui envoyait sa mère. Elle n'avait ainsi pas perdu pied avec la langue et le pays, voulant à toutes forces ne pas voir son identité se diluer. Quand les missives maternelles arrivaient après des semaines de voyage, elle s'isolait dans les jardins, toujours à l'ombre, sa peau de Scandinave ne se faisant pas à ce soleil décidément bien trop étrange et elle gardait le pli serré contre sa poitrine, juste sur son cœur qui battait de manière plus désordonné. De longues minutes s'écoulaient durant lesquelles elle savourait ce petit plaisir égoïste de ne pas savoir alors qu'elle en défaillait presque d'envie. Ensuite, invariablement, elle contemplait longuement le vélin, ses doigts tremblants caressant le cachet de cire avec précaution, détaillant avec dévotion les armes de sa mère. Puis, à nouveau, un retour vers sa poitrine, maintenant assurée que c'était bien sa maman qui lui avait écrit et prolongeant avec délices dans cette attente insupportable qu'elle s'infligeait. Finalement, d'une main anxieuse, elle se résolvait à décacheter la lettre si ardemment pressée contre son cœur et en prenait connaissance le souffle coupé, ne reprenant sa respiration que parce que cela lui était nécessaire. Sa main toujours agitée de soubresauts se posait ensuite sur son giron, faisant trembler la missive dépliée. Et alors elle souriait, légèrement, son visage triste fugacement éclairé par la joie. Elle relisait toujours la lettre, plusieurs fois, jusqu'à la connaître de mémoire, ne trahissant ni le style ni les tournures employées et le calme la reprenait au fur et à mesure de cet apprentissage passionné. Et tout le monde en la voyant moins malheureuse qu'à l'ordinaire savait qu'elle avait reçu des nouvelles du pays. La lettre, elle, était finalement rangée avec d'infinies précautions dans un petit coffret de marqueterie et rejoignait les précédentes toutes conservées avec un soin jaloux. *
Aujourd'hui sa mère était morte, et son père aussi, et elle aurait voulu, alors qu'elle pénétrait enfin en cette Provence où ses parents l'avaient envoyée, pouvoir faire découvrir les lieux à ceux-ci. La route depuis la Bourgogne avait été rocambolesque. Après un départ depuis Mâcon où elle avait définitivement fait fermer les portes de l'Artemisium, son petit groupe et elle avaient cinglé vers le Lyonnais-Dauphiné où ils avaient emprunté des chemins de traverse. Ils avaient fait halte à Valence, hésitant sur le chemin à parcourir, les échos venant de Provence n'étant guère favorables. Elle avait donc choisi le Languedoc pour continuer la route et en arrivant là-bas, elle avait eu la désagréable découverte de constater que le Comte de Belfort manquait à l'appel. Elle en avait finalement souri, le sieur l'ayant déjà égarée en chemin cet été alors que le Lion de Juda venait souiller la Bourgogne. Elle s'était retrouvée à Autun assiégée par les hérétiques tandis que Max, finalement, avait rejoint l'armée du Duc de Corbigny. C'est donc résignée qu'elle avait fait demi-tour, recevant une lettre pour le moins étrange de Bazin lui souhaitant la bienvenue en Languedoc alors qu'elle n'avait paru en aucune cité occitane. Une autre missive d'ailleurs, de Valence cette fois, d'un douanier lui indiquant que tous étaient inquiets car l'on avait perdu sa trace en Lyonnais-Dauphiné et qu'une escorte pouvait lui être fournie. Lyonnais-Dauphiné à qui elle s'était adressé concernant son passage via le Gouverneur, le Capitaine et le Prévôt sans en obtenir réponse. Etrange duché à vrai dire. Enfin, elle avait été récupéré Max au sud de Valence. Et de là... la Provence.

* Rendue à la liberté au terme de son éducation chez les religieuses, le choix lui avait été donné de s'établir là où elle le souhaiterait. Les missives parentales lui avaient bien fait comprendre que revenir à Assens n'était pas envisageable compte tenu du climat délétère. Elle avait donc à nouveau connu cette sensation de perte, ce sentiment de déracinement, aux portes désormais du Couvent de la Celle et ne pouvant rentrer chez elle. Où se rendre alors? Ses parents avaient noué des relations un peu partout en Empire, elle aurait certainement trouvé un point de chute plus ou moins satisfaisant. Quant à la Provence... elle ne s'était pas liée à ses compagnes de pension. La réflexion finalement n'avait pas été compliquée, elle n'était attendue nulle part et avait répugné à l'idée de voyager. Elle avait donc opté pour Brignoles, cité la plus proche de là où elle avait grandi afin de s'y établir. Et là, sa vie d'adolescente mettant un pied dans le monde adulte avait débuté. Oizodefeu, Avensis, Bâton Noir, Skycarper et d'autres dont elle oubliait le nom étaient devenus ses familiers. Elle s'était finalement lancée, devant délégué minier pour le village, s'occupant de distribuer aux mineurs brignolais les compensations du plan mine. Elle avait également commencé à s'investir, à donner de la voix sur ce qu'elle pensait de la politique provençale et avait été repérée par les pontes d'une organisation tout simplement dénommée PARTI. Elle y avait rencontré des personnes qui compteraient dans sa vie, plus qu'elle ne l'aurait cru en poussant les portes de ce rassemblement : Merlin, Kermit, Lordfear et Il_vero_re. Si elle avait su que se joueraient là son ascension et les choix qui feraient ce qu'elle était devenue, elle n'y aurait pas cru. Elle, elle se contentait de ses mineurs et de la vie brignolaise, laissant pointer de temps à autre son impertinence dans le débat public. Première participation à des élections comtales... PARTI avait échoué et après le flamboyant Kermit, Shivou était devenu comte. Hasard de la vie politique, elle qui n'avait pas été élue s'était finalement retrouvée Commissaire aux Mines et associée à ce conseil bancal. Elle y avait pris de plein fouet la réalité de la gestion d'un comté, se heurtant au comte et à d'autres tels que Bryankas lui reprochant de s'être laissée aller en taverne où elle avait été enivrée malgré elle. Les mines avaient de ce fait connu des avaries et elle, s'était rendue compte qu'elle n'était désormais plus une enfant s'amusant à donner des ordres à des contre-maîtres. Et à côté de ce difficile apprentissage, elle en avait fait un autre qu'elle n'avait pas cherché à provoquer. Elle s'était rendue compte que c'était plus que de la franche camaraderie qui la liait à Il_vero_Re et en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, elle s'était retrouvée vassale de Merlin, dame de la Penne-sur-Huveaune, fiancée puis finalement mariée au flamboyant Baron d'Apt, Vittorio Emanuele dit Il_vero_Re . Et entre-temps, toujours la politique, devenue maire de Brignoles et porte-parole du conseil du même Merlin et quel conseil... à majorité PARTIsan où elle siégeait aux côtés de son époux. Et ce conseil là qui avait voté l'indépendance provençale. *
Arriver enfin à destination était un soulagement. Ils n'étaient pas encore parvenus au but fixé de leur voyage mais ils seraient sous peu en territoire provençal. Après tous ces jours de voyage et d'atermoiements, après toutes ces supputations sur ce que seraient le retour en Provence, elle pouvait enfin toucher à une réalité tangible, concrète. Ce n'était plus des pensées et des hypothèses, ce serait réel, sous peu. Elle eut une pensée pour la Bourgogne qu'elle avait quitté quelques jours plus tôt et qu'elle savait entre de bonnes mains, elle avait pu en partir l'esprit allégé de certains soucis : Sorane serait une bonne duchesse, quant à Auxerre, Theudbald y veillerait. Elle demeurait anxieuse, attendant sur les chemins des nouvelles de ce duché qu'elle aimait tant, la tête et le cœur toujours là-bas malgré l'éloignement s'accroissant lieue après lieue. Après avoir quitté le Lyonnais-Dauphiné et ses épaisses forêts domaniales, ils avaient obliqué vers l'est, évitant, après Montélimar, de se trouver en terrain ennemi. Valréas fut donc longé, de loin, afin de rentrer directement dans le fief carpentrassien ayant lui aussi frontière avec le territoire dauphinois. Les premières lieues se firent dans un silence pesant. Elle essayait de reconnaître dans l'obscurité environnante des paysages bien connus et des routes de maintes fois parcourues. Elle y était enfin après ces longues semaines, ses longs mois où arrachée à Carpentras, elle avait tenté de survivre. Elle avait hâte de pouvoir remettre des noms sur des visages et des lieux familiers. Ils arriveraient bientôt au logis seigneurial. Chez elle.

* Par un vendredi de novembre... C'est ainsi que commençait l'histoire qui depuis avait subi les avanies du temps et avait été transformée pour coller aux arguments des uns et des autres. Et l'histoire, la petite histoire, de celle qui font les grandes, était devenue légende. Vendredi dix-sept novembre 1454, salle du conseil comtal de Provence. La proposition était venue de celui dont on aurait le moins attendu une telle fracassante suggestion. L'Archichancelier impérial — le personnage le plus haut placé en Empire donc et accessoirement Comte de Menton et Vicomte de Castellane — Gabriel von Wittelsbach dit Godgaby avait lancé avec son habituelle façon de parler dépourvue de fioriture l'idée de déclarer l'indépendance de la Provence. Premier point de l'histoire occulté car il va de soi que la Provence indépendante n'a existé qu'avec l'apparition intéressée du marquisat — exit Godgaby de la propagande avignonnaise. L'idée avait été avalisée par un vote historique auquel avaient participé Godgaby donc, Merlin alors Comte de Provence, Bâton Noir, Bryankas, Conrad, Denadel, Farok, Hersende, Il_vero_Re, Isis°, Kermit, Remidehabsbourg, Shivou... et elle. Porte-parole d'un comté sur le point d'être déclaré félon, elle avait répondu à la lettre de l'Empereur qui s'était exprimé, se présentant comme leur père à tous. Et cela avait été le début de la véritable campagne de propagande qu'elle avait mené comme porte-parole puis comme chancelière d'une Provence présentée comme libre, abandonnée par la Savoie retournée dans le giron impérial. Que de lettres, que d'annonces avait-elle alors rédigées, devenue responsable de la diplomatie alors que son époux était désigné deuxième Comte de Provence Libre. De cette expérience à la tête de la communication indépendantiste, elle avait acquis une certaine visibilité et de solides inimitiés en Empire. Vitou, après un mandat marqué par la signature du traité d'Avignon le 28 janvier 1455 entre l'Empire et la Provence indépendante, s'était retiré du pouvoir. Ce traité fondateur avait été paraphé par le nouvel Archichancelier Frederic Augustus de Habsbourg, le Comte Merlin et elle dans un lieu qu'elle avait choisi : la Livrée Ceccano. Vitou déjà répugnait à l'idée de ce marquisat ainsi consacré et avait montré son hostilité en refusant notamment de transférer au nouveau régime nombre d'institutions provençales. Elle, encore motivée par l'idée qui en outre ferait de son suzerain le premier marquis, y croyait encore d'autant plus que Godgaby avec lequel elle s'était toujours affrontée venait de récupérer le trône comtal malgré les six sièges emportés par PARTI. Elle avait été blessée par la trahison d'un de ses colistiers et avait hérité des mines, à nouveau, laissant prévôté et chancellerie à d'autres, ne délaissant pas pour autant la diplomatie, ayant été nommée vice-chancelière aux côtés du nouveau responsable, Farok. Ensuite, elle avait été élue Comtesse de Provence, la première du territoire libéré et avait continué à œuvrer pour l'indépendance. Les travaux pour établir un marquisat viable du reste s'étaient poursuivi et elle s'était opposée à ce qui à ses yeux était un véritable emprisonnement pour la Provence. Avec d'autres, une petite minorité, elle avait dénoncé la corruption de l'idée d'indépendance et l'oubli des raisons à la déclarer, tentant de repousser les suggestions de ceux qui se voyaient déjà la place d'un Merlin hélas absent et qui œuvraient pour octroyer de considérables avantages aux postes qu'ils convoitaient. Mais l'enthousiasme était demeuré intact, l'attrait de la nouveauté considérable et elle avait vu peu à peu la Provence dépouillée de sa liberté. Elle avait à son tour quitté la scène politique, lasse soudain et désireuse aussi de rattraper les lambeaux d'un mariage qui avait fini par se désagréger. *
La vie est étrange. Alors que le petit convoi progressait toujours sur les routes carpentrassiennes, elle repensait à cette opposition avec Godgaby. Ils ne s'étaient jamais appréciés, sauf sur le tard, avant qu'il ne se rende en Gascogne et voilà que maintenant, ils étaient dans le même camp, celui de la noblesse provençale impériale. Impériale. Il fallait le préciser puisqu'en Provence, c'était toujours usurpation sur usurpation. Mais elle était fière de cette précision et ne cachait pas ses opinions, elle ne les avait d'ailleurs jamais tues. Elle découvrait donc le duc-évêque sous un jour insoupçonné et le rencontrait toujours avec grand plaisir comme elle rencontrait Deubs et Natale. Alors qu'elle chevauchait toujours, ses sens en éveil, elle médita longtemps cette constatation qu'elle faisait. Oui, la vie bien était bien étrange, n'était-elle pas revenue?

* En vain avait-elle lutté. Elle la femme trompée la plus célèbre — et surtout la plus cocue — de Provence — avait dû se résigner à constater l'échec de son union avec Vitou qui chaque jour devenait de plus en plus dément. Non content de l'avoir trahie, il lui avait reproché son amitié avec Lordfear. Jalousie d'un époux se souvenant qu'il devait respect à sa femme ou jalousie du pourfendeur du régime du marquisat voyant son épouse entretenir des liens étroits avec celui qui selon toutes les probabilités allait devenir le nouveau marquis? Elle n'avait jamais su mais elle avait subi cette énième accusation sans rien dire, sachant bien qu'elle était l'une des rares à ne pas avoir atterri dans la couche de Kalanquin de Cianfarano. Et puis, avec la petite vie qui croissait en elle, comment aurait-elle pu penser à rendre la monnaie de sa pièce à un époux qu'elle adorait toujours autant? Elle était presque à son terme quand Vitou avait été excommunié par Kreuz venu la rejoindre en Provence en tant qu'Archevêque d'Arles et elle avait mis au monde leur fille, Vittoria Mette, le jour de son trépas. Un peu plus seule chaque jour donc, sans avoir même le statut de veuve, mère délaissée et Provençale aguerrie aux idées minoritaires de plus en plus raillées. Le salut était venu de l'Eglise qu'elle avait successivement servie en tant que diaconesse de Brignoles et archidiaconesse d'Aix et pour laquelle elle avait rédigé un concordat audacieux et novateur, liant ainsi Provence et Rome de manière étroite. C'était Vitou qui l'avait poussée à devenir clerc et sa sœur l'avait poussée à récupérer le siège archiépiscopal d'Aix soutenue en cela par Kreuz. Mymy, elle, avait décidé de partir pour Aix, humiliée par des notables provençaux soit disant respectueux de Rome. Propulsée Archevêque d'Aix, elle s'était sentie revivre, reconnaissant finalement que c'était là tout ce dont elle avait besoin. Devenue prélat, elle s'était trouvée, plus rien d'autre n'avait d'importance. Tout s'était ensuite accéléré, elle avait été élue Primat du Saint-Empire, elle, la félonne, elle, la propagandiste anti-SRING acharnée et les inimitiés acquises en Empire s'étaient exacerbées. Elle avait tenu pourtant, soutenue par ses proches et ses amis, voyant les Provençaux qui ne comprenaient pas toujours son opposition au marquisat la féliciter et les Provençaux intéressés se rapprocher d'elle, espérant soutirer d'elle un appui de Rome de qui pourrait venir le salut. Oui, elle avait tenu, travaillant sans relâche, œuvrant pour l'unité de sa province religieuse, repoussant toute velléité de création d'une primatie provençale ou occitane, s'attirant l'hostilité de ceux qu'elle dérangeait en Provence et démontrant aux Impériaux qu'elle était tout autant leur primat que celui des Provençaux. Cet investissement de tous les instants avait été sanctionné — car cela avait été pour elle une véritable punition — par son intégration à la Curie. Elle avait tout d'abord repoussé la promotion, se laissant finalement convaincre par le Camerlingue Lorgol. Et en Provence, les thuriféraires d'un régime entravant la Provence chaque jour davantage n'avaient cessé d'accroître leurs prérogatives. *
Une halte, un instant, le temps de repérer une route qu'elle n'avait pas parcouru depuis bien longtemps. Une halte pour les bêtes, une halte pour les hommes, une halte pour penser à ce retour qu'elle effectuait. A dire vrai, l'idée d'un retour en Provence la taraudait depuis plusieurs mois. Pourtant elle avait juré ses grands dieux qu'on ne l'y reprendrait plus et que jamais, ô grand jamais, elle ne remettrait plus jamais les pieds dans ce qu'elle qualifiait avec mépris de bouge rempli de consanguins arriérés. Elle jetait toute sa colère mais aussi sa douleur dans cette pique assassine car elle était blessée plus que quiconque n'aurait pu le deviner. Elle leur en voulait à tous ceux qui avaient osé remettre en cause son attachement viscéral à la Provence, elle leur en avait voulu jusqu'à la mort, s'abattant avec désespoir sur le dallage froid des chapelles et réclamant grâce pour cette épreuve qui faisait d'elle une aristotélicienne si peu modèle, tentant de refouler cette colère et de trouver la force de s'apaiser.

* Nonobstant les remarques de plus en plus acerbes, de moins en moins respectueuses, elle avait tenu bon, soutenue surtout par son activité romaine. Elle avait d'ailleurs été nommée Cardinal en charge des Saintes Armées et Connétable de Rome par ses pairs de la Curie et elle avait été acceptée en tant que Chancelier de l'Office d'Isenduil par ses frères et sœurs chevaliers. Elle avait su prendre les remarques des tenants du marquisat sur son attitude avec philosophie, sachant qu'elle ne trahissait nullement la Provence et pouvant démontrer qu'elle avait été là pour celle-ci dès la première heure. Elle avait laissé dire car elle ne détenait le pouvoir de bâillonner tous ceux colportant mensonges et ragots sur son compte, regrettant néanmoins que si peu n'aient pris sa défense. Et puis, elle avait bien su que son statut de Princesse d'Eglise la protégeait là où d'autres auraient déjà été arrêtés voire emprisonnés du fait d'une législation attentatoire au libre-arbitre. Sa position dans le haut de la hiérarchie romaine avait été semblable à un bouclier et elle lui devait certainement de ne pas avoir été embêtée plus tôt. Ses positions de plus en plus marquées contre le marquis, son régime et sa cohorte de courtisans bêlants n'avaient pas été du goût de ceux s'accrochant au pouvoir et las, elle avait commencé à gêner de plus en plus et à remarquer que son rang de cardinal ne la protégeait plus. Ceux se flattant d'être des aristotéliciens convaincus avaient donc œuvré pour la faire céder et la faire craquer. Et ils avaient réussi, au-delà de leurs espérances car lorsque la Province de Lyon s'était trouvée vacante, elle avait fait acte de candidature, surprenant tout le monde en Provence. Dur avait été pour elle de s'en aller, elle n'avait d'ailleurs pas déménagé sur-le-champ, souffrant de devoir partir et sachant bien qu'étant attendue, elle ne pouvait différer plus longuement son départ. Elle était donc partie elle qui avait été arrachée du Danemark du fait de luttes intestines et s'était vue contrainte à l'exil parce qu'elle dérangeait dans leurs desseins tous ceux qui avaient trahi et corrompu l'indépendance, tous ceux qui se dressaient contre un Empire que la Provence avait en fait, en se déclarant indépendante, appelé à l'aide, dans un grand cri de détresse. *
La fin de la halte fut signalée, il s'agissait maintenant de rallier au plus vite le logis seigneurial. Le groupe hétéroclite reprit donc la route, s'enfonçant plus avant dans les territoires carpentrassiens, parvenant à la grande plaine du Comtat, laissant le fier et redoutable Mont Ventoux dans leur dos et voyant se déployer à leurs côtés la suite de la chaîne des Monts Vaucluse, dépassant les Dentelles de Montmirail et la seigneurie de Beaumes-de-Venise. Beaumes du Comtat d'où le seigneur du lieu veillait à l'intégrité et à la sécurité du fief de sa suzeraine. Cette dernière pensa à ce si féal vassal qu'elle reverrait sous peu, ce vassal qui malgré tous les risques encourus avait veillé à ce que ses terres soient respectées et à ce que nul n'y pénétrât. Du reste, avant de quitter la Provence, elle avait veillé à ce que Carpentras, San Rafeu, la Pena et Santa Anastasia soient protégés. Si elle n'avait aucune illusion quant au devenir de ses deux seigneuries, elle savait que pour son comté et sa baronnie, tout était sous contrôle et bien inconscients seraient ceux qui s'y risqueraient. San Rafeu était allié à Fréjus, voisin sur l'ouest et à Castellane, non loin à l'est, de plus son large front de mer permettait de concentrer les défenses vers les terres. Pour Carpentras, la frontière avec le Dauphiné lui avait permis d'assurer ravitaillement aisé en hommes et en nourriture aux habitants du fief. Et le seigneur de Beaumes, donc, fidèle et loyal, s'était personnellement assuré que nul ne profane Carpentras. Elle arrivait donc avec ses compagnons dans un lieu préservé et acquis à sa cause. Expulsée, peut-être, sur le papier. Mais un papier sans valeur car seul l'Empire pourrait déloger tous ceux restant établis en ses fiefs. Le reste ne valait rien.

Tout avait donc basculé. Contrainte à l'exil par un pouvoir corrompu et liberticide aux mains d'un marquis brillant par son absence et ayant placé fidèles et parents aux postes-clés, elle se trouvait donc obligée de trouver où s'établir. Archevêque de Lyon, elle avait l'embarras du choix, la France ou l'Empire, et sachant ce dernier encore échaudé par ce qu'elle avait pu faire pour au nom de la Provence, elle avait décidé de vivre dans le royaume lévanide. Elle resterait néanmoins proche de l'Empire dont elle demeurait le primat et elle avait finalement opté pour la Bourgogne alliée de cet empire qui était demeuré cher à son cœur. C'était bien cela qui avait gêné en Provence, qu'elle rappelle les raisons de l'indépendance, soulignant que ceux qui avaient fait ce choix ne rejetaient l'Empire que pour mieux l'appeler à l'aide. L'idée n'était pas de quitter un état en proie aux difficultés pour se soumettre à un autre, illégitime et méconnu de tous. La Bourgogne donc, terre d'exil mais surtout terre pour survivre, refuge pour panser ses blessures, abri où se terrer en attendant de reprendre goût à l'existence. Accueillie là-bas avec générosité, respect et chaleur, elle avait d'abord été décontenancée de ne plus se sentir épiée, conspuée, elle avait été étonnée de ne plus être l'objet de rumeurs infondées. En Bourgogne, elle avait trouvé le repos. Délicate avait été la route vers la sérénité et aujourd'hui encore, elle ne se départait pas d'un certain sentiment d'insécurité mais les meurtrissures avaient commencé à pâlir et les plaies à se refermer. Soutenue par des proches tels AsdrubaelVect et Theognis, nouant d'autres amitiés comme avec Erik de Josselinière, Breiz, Guillaume de Lyseuil, elle avait repris pied. Son travail pour la Province de Lyon l'avait également aidée à refaire surface. C'était donc mue par une énergie nouvelle et par de nouveaux projets qu'elle avait décidé de rendre à la Bourgogne, ou au moins tenter de le faire, ce qu'elle avait reçu. Elle s'était donc investie en politique, recevant en guise d'encouragement le parti BOUM des mains de son fondateur, le Tri-Duc Erik. Et contre toute attente, pour sa première participation aux élections ducales bourguignonnes, avec un parti qui ne s'était pas présenté depuis des mois, elle avait remporté les suffrages, BOUM arrivant en tête et elle-même étant reconnue Duchesse de Bourgogne. Instants de grâce et travail conséquent qui lui avaient permis de croire encore. Et après six mois de règne, elle avait quitté le pouvoir, afin de laisser la place à d'autres affirmait-elle, mordante, pointant par là du doigt ceux qui ne savaient se retirer. Tout n'avait pas été sans repos, tout n'avait pas été sans heurt, mais elle était arrivée au bout et elle avait durant cette demie année appris à découvrir plus encore la Bourgogne et se faire d'autres amis. Certes, elle demeurait l'étrangère elle qui avait pris le pouvoir seulement quatre mois après son arrivée mais elle pouvait maintenant dire que chez elle, c'était en Bourgogne. Enivrante sensation de savoir où se trouve son point d'ancrage et c'est donc rassurée sur son avenir qu'elle avait pris possession d'Auxerre. Pourtant, malgré cette certitude de savoir où se trouvait désormais sa vie, il lui restait quelque chose à accomplir. Tout serait à sa place quand cela serait et finalement, dans une cabane au fond du jardin, Deubs, Godgaby, Natale, Max et d'autres encore l'avaient rejointe afin que cela soit.

Redoutable et fier d'allure, le castrum carpentrassien, logis des suzerains du comté, se dressait, ses hautes tours aux flèches ajourées se détachant sur l'azur profond du ciel nocturne. Elle y était donc au cœur de son domaine, elle était donc arrivée la félonne, se jouant là de ceux qui l'avaient poussée à partir. Elle resta à cheval, ne pouvant croire qu'elle revoyait son castel après tous ces mois, ne croyant pas à cette demeure poussée là au milieu de la garrigue. Pourtant cette réalité après laquelle elle courait depuis des jours, elle était là, concrète. Elle n'avait pas craint pour sa vie durant ce voyage malgré les dangers de la route, malgré le véritable et injustifié attentat dont avait été victime Deubs. Non, elle avait simplement cru que Carpentras était un mirage, qu'elle l'avait rêvé et que jamais plus, elle ne le reverrait. Et pourtant, elle s'y trouvait, depuis nombre de lieues maintenant, elle avait senti le vent lui apportant des odeurs bien connues et des échos familiers, elle l'avait senti ce vent s'insinuer dans ses vêtements et caresser sa peau.
Et elle ne réussissait pas à bouger, ses mains gantés de cuir ne parvenant pas à délaisser les rênes de sa monture. Elle restait là, ébahie, comme un aveugle voyant le soleil pour la première fois, comme un enfant découvrant la neige, comme un homme croisant le regard de la femme dont il tombera amoureux. Elle demeurait là, le souffle coupé, le rythme de son cœur meurtri s'emballant, sa bouche s'asséchant. Elle avait prévu ce moment, elle avait imaginé la rencontre, elle avait anticipé l'instant mais rien de ce qu'elle avait pu prévoir, imaginer, anticiper ne ressemblait à ce qu'elle était en train de vivre, c'était simplement sans commune mesure.

Aux alentours, l'on commençait à s'animer. Les quelques personnes vivant à l'année sur le domaine commençaient à affluer afin de voir cette suzeraine qui était partie en leur assurant qu'elle ne les oublierait pas. Elle était là, preuve des promesses, elle était là, preuve de sa parole. Elle était donc revenue et ils se la montraient de loin ne se demandant pas encore pourquoi elle restait ainsi immobile. Du reste, ils avaient fort à faire pour l'accueillir, ils ne savaient pas qu'elle comptait les visiter et elle n'était pas venue seule.
Avisant qu'elle était rejointe, elle revint à la réalité et demanda à ce que l'on aide à descendre de cheval. Elle glissa quelques mots, disant qu'elle ne les avait pas oubliés, qu'elle était là pour eux et elle les écoutait distraite mais heureuse de voir leurs figures. Non, elle ne les oubliait pas, ils pouvaient en être sûrs mais ce qu'elle taisait c'est qu'elle n'était pas là que pour eux, elle était là pour d'autres également. Son regard clair tomba sur le sac de cuir qui ne la quittait pas et dans lequel se trouvaient serrées, entourées d'un ruban de cotonnade, les nombreuses missives reçues et dans lesquelles on l'appelait à l'aide. Elle possédait un autre lot également, venant de dignitaires français et impériaux, à propos de la situation provençale. Elle avait été appelée car ceux qui à sa suite s'étaient élevés contre le marquisat le lui avaient demandé. Hier, elle était seule et isolée, en minorité et soupçonnée du fait de ses opinions, aujourd'hui d'autres avaient repris le combat, en nombre et l'avaient sollicitée. Hier, elle avait au final fui, laissant gagner les despotes et les corrompus, aujourd'hui, elle se lançait de nouveau dans l'arène. Hier, elle aurait pu se contenter de sa vie tranquille et s'occuper d'Auxerre et de ses fonctions dans l'Eglise, aujourd'hui, elle se battait pour que la légitimité impériale reprenne ses droits, conformément à ses devoirs de vassale de l'Empereur et à ses propres convictions. Elle n'était pas de ceux qui se dérobent et hier, elle avait donc répondu positivement aux appels de ceux vouloir voir sombrer le marquisat de pacotille, y trouvant écho et étant renvoyée par la même à ses propres envies et aux projets de ceux se réunissant dans la cabane au fond du jardin; aujourd'hui, il était temps de se mettre à l'ouvrage.
Mais avant, mais avant...

Se retrouver seule, en tête-à-tête avec la Provence carpentrassienne, la Provence impériale, la Provence de son enfance, la Provence-refuge, la Provence où elle avait fourbi ses armes, la Provence où elle avait aimé, la Provence où elle avait mis au monde son unique enfant, la Provence où elle avait souffert aussi. Et Carpentras, son autre chez elle, son abri, sa passion, qu'elle avait choisi sur les conseils avisés de Vitou qui avait été son voisin, à Apt.
Alors, elle entreprit de s'éloigner et de faire un tour. Elle se débarrassa de ses gants à crispins et de sa mante de voyage, les délaissant dans un coin avant de partir. Laissant le vent s'engouffrer dans sa jupe raccourcie et légère lui permettant de monter en amazone, elle débuta sa promenade, légèrement craintive, s'interrogeant sur ce qu'elle pourrait trouver, anxieuse à l'image d'une damoiselle sur le point de rencontrer son promis. Elle entreprit ensuite de décrocher la longue natte lui enserrant le crâne et enroulée plusieurs fois sur l'arrière de sa tête. Elle grimaçait se prenant le vent dans la figure et se piquant les mains aux épingles qu'elle tentait d'ôter. La tresse se déroula et elle passa ses doigts praticiens dedans afin de la défaire totalement. Elle y parvint finalement, n'ayant pas stoppé sa progression dans la plaine et soupira de soulagement en sentant sa chevelure sombre enfin libérée de son carcan. Mais pour autant, elle n'était pas encore à ses aises et elle se laissa choir un instant au sol afin de retirer ses bottes qu'elle jeta derrière elle quand ses efforts furent couronnés de succès. Elle se releva et reprit sa marche forcenée, sentant avec délices les herbes folles sous ses pieds nus, insoucieuse de se blesser sur un caillou ou un une brindille dénudée. Elle poursuivit sa promenade, retrouvant au fur et à mesure de son périple les sensations d'autre fois, ayant l'impression qu'hier encore elle était là. Elle voyait tout avec des yeux neufs mais pourtant, rien n'avait vraiment changé, elle savait exactement où elle se trouvait. Carpentras reprenait ainsi tous ses droits, la tenant entière alors que désormais bien éloignée du château, elle errait dans la garrigue sans autre but que celui de s'y perdre pour mieux s'y retrouver. Son visage marmoréen pour autant ne souriait pas tant en elle la douleur de l'exil qui s'était apaisée avec les mois lui rappelait qu'elle était toujours bien présente. Alors, elle eut juste envie de communier avec Carpentras, de le connaître, comme elle ne l'avait jamais encore connu. Elle s'immobilisa et sa main se porta à sa ceinture où était passée une petite dague. Elle s'en saisit et appuya la lame contre la paume de sa main gauche, ses lèvres entrouvertes laissant échapper un léger râle. La coupure fut propre et nette et de l'espace ainsi créé entre les chairs s'écoula un filet de sang. La dague retrouva sa place tandis qu'elle s'agenouillait au sol. Là, pressant sa main meurtrie de toutes ses forces, elle fit goutter le sang, le mêlant à cette terre... qui était sienne.
« Cette Terre Est Ta Terre. » Elle en comprenait chaque mot désormais, et même mieux, elle les vivait. Elle s'allongea finalement sur le dos, sur Sa terre, sa main blessée tout contre le sol, le sang ne cessant de le nourrir, les yeux perdus dans la contemplation de la voûte céleste. Alors, Ingeburge ne retint plus des larmes trop longtemps combattues.

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Thrandhuil
[A quelques 130 kilomètres de là, près de Nans], au sud-est, un homme se réveillait. L'esprit tout embrumé d'une nuit agitée, à même le sol, sous un abris offert par les hospitaliers teutoniques, il eu quelques réminicences d'un message, d'une mission.
Mon ljd s'est éveillé avec l'idée claire et précise qu'il lui fallait ...
Homme de doute, il avait cherché des certitudes dans la Religion, et en avait trouvé une suffisante pour qu'il prenne ce chemin, celle nommée Amitié. Alors qu'il débutait dans la chose religieuse, il avait vu monter très vite, très fort, une Dame. Il l'avait un peu cotoyé, mais toujours elle lui avait semblée inaccessible. Une femme de bien? il ne savait. Une femme ambitieuse, assurément, mais l'ambition était peu importante à coté de ce qui motivait l'ambition. Ambition pour soi même, ambition pour ses proches, ambition pour son pays ou pour les hommes, ambition même au delà pour servir le Créateur... Il avait tenté de suivre des yeux cette trajectoire, de loin, par écho et rumeurs, par décrêts et articles de presse, toujours avec une curiosité tentée d'admiration et de mépris, d'incompréhension surtout.
Ce matin, mon ljd s'est éveillé avec l'idée claire et précise qu'il lui fallait écrire...
Son ljd: il avait entendu et lu sur cette chose dans sa tête, dans la tête de chacun, dont on avait rarement conscience, dont il fallait s'abstraire... lui n'y parvenait pas toujours, il avait pris le parti de "faire avec". Mais ce matin, il avait bien senti que son "ljd" était troublé, très certainement par lui, ou par un message délivré par Dieu. Troublé, mais fainéant, son ljd ne ferait jamais ça; lui même, après dissipation des brouillards matutinaux, se disait que tel entreprise était folie. D'où pouvait venir tel folle idée, qu'elle prenne ainsi possession des songes de son truc?
Ce matin, mon ljd s'est éveillé avec l'idée claire et précise qu'il lui fallait écrire la biographie d'Ingeburge (*).


(*) [IRL] très troublante vérité, doublée d'une étrange sensation de bizarreté en découvrant ceci à peine quelques heures plus tard; je ne pouvais que le dire ici, mais si cela pollue, je retirerai.
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curé de Marseille
Flore
[Flashbacks sous titre de couleur bleue]


Mardi 2 février 1458 – Journée de relâche du siège d’Aix
 
La vie de loyaliste, c'est pas une sinécure.
Tenir un château, envoyer des courriers explicatifs, soutenir des discours en gargote face à une foule hostile, entretenir la diplomatie, remettre à sa place un archevêque va-t-en-guerre, filer à des rendez-vous lorsque l’opportunité se présente et tout ça pour encore entendre des râleurs dire que ce n’est pas assez.
Dur, dur la vie d’artiste. Oui, elle va se dénommer ainsi. C’est bien elle ça. La vie n’est qu’une longue pièce de théâtre, non ? C’est suffisamment superficiel comme étiquetage pour lui plaire.

N’empêche … 3 armées devant Aix jusqu’à hier et aucune révolte réussie depuis le 26 janvier. Pas mal pour des guignols. Rit doucement, pour rester discrète. Si en plus elle rigole toute seule, plus personne ne doutera de sa santé mentale précaire.

Elle repose son attention sur la rencontre à venir.
Les nouvelles sont très bonnes de l’Empire. La machine est en marche aussi de leur côté et plus rien ne l’arrêtera. Dans l’immédiat, c’est l’arrivée de renforts particuliers qui la réjouit pleinement. En début de matinée, le groupe loyaliste atteint sa destination
*


Septembre 1457
 
Moments de liesse. Insouciance bien nécessaire pour ceux qui ont déjà décidé du sort de l’inutile marquisat.
Première rencontre de soule, contre la Bourgogne. Victoire 1 à 0. Loin des questions politiques, Samuel et Flore fêtent ce succès mérité. En se mêlant aux joueurs bourguignons, ils apprennent avec étonnement qu’une noble provençale a été élue Duchesse pour la seconde fois.
Ravis de constater que la Provence peut rayonner à l’extérieur, ils apprennent qu’il s’agit d’une des nobles dites félonnes par le pseudo-marquisat.
Grand sourire. Ceci explique cela.

Les représentants du marquisat sont donc continuellement en échec partout. Aucune reconnaissance officielle obtenue en SRING francophone ou au sein du Royaume de France. Ils sauvent les apparences avec des traités signés dans les royaumes de langue étrangère.

Rit

Quelle preuve évidente de leur facilité à brasser de l’air. Vivement que cela cesse. Que la Provence prenne enfin la place qu’elle mérite dans l’Empire.
Samuel et Flore partagent la même vision de l’avenir du Comté.

Témoin des discussions au conseil entre sa cousine et le clergé local au sujet du contrôle des listes électorales par l’Eglise, prévu dans le Concordat, Samuel précise que la Duchesse de Bourgogne est à l’origine de ce document. Flore apprend ainsi que la dame occupe des fonctions importantes au sein de l’Eglise Aristotéliciennes.
Le soir, elle lui envoie une missive afin de poser les questions qui la taraudent sur l’esprit de ce texte.


 
Mardi 2 février 1458
 
Arles. Et sa maire si vilipendante à notre égard mais pourtant prête à commercer si un bénéfice est possible.
Face à l’embargo anti-provençal décrété par les félons, le maïs commençait à manquer dans les greniers.
Au préalable, ils avaient vidé les coffres. Les notables ainsi enrichis étaient connus. Ils clameront qu’ils ont fait ça pour le bien de la Provence. C’est sûr, enrayer l’élevage, voila un acte remarquable.
Précédemment, ils avaient délaissé la défense des villes pour se retrancher à Aix.
En même temps, ils crachaient leurs mensonges en gargote insultant les troupes françaises.
Meurtriers, brigands, sanguinaires, voila les termes employés.
Comment justifier un abandon des défenses des villes, remplis de villageois innocents dans ce cas ?
La réponse est simple : Les français ne sont point une menace pour le peuple, mais uniquement pour les dirigeants félons, terrés à Aix au début du conflit.
Depuis la prise du pouvoir pas les loyalistes, aucune ville n'eut à subir la moindre exaction.
Au contraire, s'ils pouvaient raisonner les maires et avoir la possibilité de gérer sainement ...
Profond soupire. Ne rêvons pas. Dans tout guerre, plus que les soldats, ce sont les populations qui souffrent.
Et les félons marquisaux ont décidé de torturer leurs sujets.
 
 

Octobre-Novembre 1457
 
Flore était anxieuse.
Après tout, qui est elle pour oser envoyer une missive requérant des explications sur un texte à une haute dignitaire de Rome. Cardinal Connétable des Saintes Armées. Précédente Primat du SRING.
Puis ensuite, elle s’étonne que les critiques la jugent prétentieuses. Ralala, elle n’en rate pas une. Pourquoi toujours la ramener ? Si elle s’en sort de tout ceci, une bonne confession s’imposera.

La réponse lui donna entière satisfaction. Ce Concordat n’a pas pour but de poursuivre à tout va, mais plutôt d’insister sur la prédominance de l’aristotélicisme.
Etrange cet archevêque d’Aix si prompt à poursuivre pour des broutilles.

Peu de choses lui plaisaient à vrai dire dans cette Provence dite libre.
Les débats ne se faisaient pas au sein du conseil pourtant élu par le peuple. Une partie des décisions se prenaient au petit château d’Avignon.
Flore se demandait pourquoi une telle dispersion du pouvoir ? Et quelle est l’efficacité de tant d’opacité ?
Samuel lui avait dit ne pas soulever ces points, tabous en Provence « libre ». Elle continuait de faire le mouton, posant des fois des questions dont elle connaissait la réponse pour éloigner tout soupçon de dangerosité à son égard.
Pourtant, sa décision devenait de plus en plus solide chaque jour. Elle avait récolté suffisamment d’informations pour qu’une attaque puissante et chirurgicale soit envisageable.
La prochaine étape était donc de trouver des soutiens diplomatiques et armés.

Elle reprend sa plume :

 
Citation:
A Son Eminence Ingeburge Von Ahlefeldt-Oldenbourg,
Duchesse de Bourgogne,
Cardinale-Connétable des Saintes Armées,
Comtesse de Carpentras,
Baronne de Saint-Raphaël,
Dame de Sainte-Anastasie-sur-Issole,
Dame de la Penne-Sur_Huveaune,


Au nom de la famille de Trévière, nous vous présentons nos félicitations pour votre 3ème mandat ducal consécutif.

C’est une grande fierté pour la Provence de constater le succès de ses nobles expatriés.

Nous gardons l’espoir de vous voir un jour à nouveau fouler le sol de Provence.
Je vous mets en garde. Le Comté a perdu de sa superbe.
Notre opposition à la main mise marquisale se renforce chaque jour.
Conscients que l’affrontement direct ne mènera à rien, nous envisageons clairement des actions radicales.

Sauf erreur de la part de mes informateurs, j’ai appris que par le passé, vous aviez combattu les mêmes individus.
Ces fossoyeurs de la Provence ne peuvent conserver leurs places illégitimes.
Notre vœu le plus cher est de redresser le Comté, en lui rendant la place qu’il mérite au sein de l’Empire.

Nous sommes d’avis que les nobles de Provence, traités honteusement de félons par ce régime de traîtres, doivent être les piliers de cette nouvelle Provence.
La légitime.
La forte.

Cette missive est le premier signe que les choses vont changer.
Et nous serions honorés d’obtenir votre soutien.

Vous comprenez que ce courrier ne peut être divulgué.
La discrétion sera une de nos meilleures armes pour frapper efficacement en temps voulu.

Qu'Aristote veille sur vous !

Fait à Marseille, le 19 novembre 1457


 
Alea jacta est. Des conséquences de cette missive dépendra le choix de l’action.
 

Mardi 2 février 1458
 
Des gardes au couleur de Baumes sur Venise viennent à leur rencontre. Elle savait que le Seigneur des lieux avait sécurisé le domaine. Sage précaution quand on voit qui usurpe le titre de sa suzeraine. Flore avait donc envoyé une missive privée à la Comtesse de Carpentras dès qu’elle apprit son arrivée en Provence.
 
Citation:
A Son Eminence Ingeburge Von Ahlefeldt-Oldenbourg,
Cardinale-Connétable des Saintes Armées,
Comtesse de Carpentras,
Baronne de Saint-Raphaël,
Dame de Sainte-Anastasie-sur-Issole,
Dame de la Penne-Sur_Huveaune,

Au nom du Conseil Comtal loyaliste de Provence, nous vous accueillons avec joie et respect.

La Provence est aujourd’hui terre d'Empire depuis que les félons marquisaux ont été boutés hors du Château d’Aix.

Méfiez-vous de leurs paroles.
Ils ne détiennent plus aucun pouvoir sur le territoire, secoué il est vrai par de nombreuses luttes.
Ils ont reçu de l’aide de leurs alliés génois, leurs complices dans la félonie.
A ce jour, ils en sont arrivés à appeler des brigands et hérétiques à leur secours, prêts à faire s'entretuer leur peuple.

Les troupes françaises nous apportent un soutien non négligeable mais, conformément à leur déclaration, ne revendiquent rien sur cette terre impériale.

Patrice14, lié par un serment de protection envers le Seigneur Samuel de Trévière, a pris la place de comte afin de l'épargner d'une trop forte exposition.
Croyez que ce conseil est bien provençal et respectueux de l'Empire.

Jusqu'à la mort, nous nous battrons pour conserver ce château face aux félons provençaux et la fausse marquise.

Nous restons disponibles pour vous protéger en ces moments difficiles et mettons tout en oeuvre pour limiter les blessés.
L'Ordre Teutonique a d'ailleurs ouvert un dispensaire pour les victimes des deux camps.
Il fallait agir face à l'entêtement meurtrier des traîtres du marquisat.

Chaque jour, une trentaine de provençaux défendent la capitale afin de les empêcher de revenir imposer leur tyrannie.

Une délégation impériale, conduite par le Prime-Chancelier, est arrivée. Nous espérons nous rendre en personne auprès d’eux.
Ils sont installés près d’Arles. Nous en profiterons alors pour venir à votre rencontre, sur les terres de Carpentras.
Pouvez-vous en prévenir les gardes ? Je sais que votre vassal a interdit l’entrée du domaine, selon vos ordres.

Je suis navrée que vous reveniez sur vos terres en des temps aussi troublés. Malheureusement, la félonie gangrène la Provence et aujourd’hui, le temps des débats est révolu.

Pour la grandeur de l'Empire !

Virtus Unita Fortior

Fait à Aix, le 1er février 1458

Flore de Lendelin
Conseillère comtale extraordinaire
 


Amusant, la façon dont elle a su sa localisation exacte peu après. La maire Vivivivi en personne qui paniquait de cette visite, et demandait un renfort des défenses au prévôt.
 
Bonjour soldat !

Nous venons d’Aix pour rencontrer la Comtesse de Carpentras. La légitime. Dites-lui que les châtelains loyalistes sont là.


Sourit à ses compagnons loyalistes, devenus dans l'épreuve de vrais amis.



*[Je ne peux concurrencer avec toi dans l'écriture. Il a donc fallu que je réponde sur la bande sonore. Muse, à écouter à fond bien sûr ]

Edit : cohérence
_________________
Deminerve
[Prélude: Le début du RP est repiqué d'un forum annexe, appelé "En Provence, le mauvais vassal..." et écrit le 4 février (ceci expliquant la remarque sur les armées provençales). Tous droits réservés (et fautes pour faire plaisir à quelqu'un) LJD Deminerve, proprio du message et LJD Inge, proprio du forum! ]


Baumas de Venisa, 4 février 1458


Houuu, le mauvais, voilà qu'il comptait les écus de la mairie de Toulon dans son chateau, le fer, les vivres... Enfin, jusque là, il aurait pu piller une mairie, il n'en était rien. Il recevait simplement des impôts et les mettait en lieux certains. Rien n'était mieux que Baumas-De-Venisa, on n'attaque pas le vassal de SE. Enfin, il n'y avait là-bas que des livres de comptes, rien de plus. Depuis son bureau, il vérifiait également les invasions provençales, quoique vu l'état des lieux, les invasions provençales des troupes de Provence ne pouvaient pas être ennemies. Que dire donc de ce vassal, le mauvais. Rester en Provence alors que Sa Suzeraine était accusée de comploter contre la Provence, qu'il ne pouvait strictement rien faire à part continuer de la défendre, tout en le permettant de vivre provençal. Elle l'avait laissé là, ou plutôt, il avait refusé de suivre. Aujourd'hui, un conseiller héraldique bien mauvais... Il était censé faire appliquer les lois héraldiques à l'Assemblée des Hérauts du Marquisat, rien de bien mieux il devait chaque jour supporter des critiques envers sa Suzeraine. Mais que dire d'un conseiller héraldique qui ne respecte pas ses devoirs de vassal. Un vassal doit conseil à son Suzerain, eh bien, le dernier date d'il y a bien tout ça, peut-être avant qu'elle ne choisisse de changer d'allégeance. Il lui avait dit de ne pas le faire, quelle erreur, elle avait raison. Tu parles le soutien et tout ça, ne pas porter préjudice à son Suzerain, il travaille chaque jour avec ses ennemis... Travailler est un grand mot, mais toujours est-il qu'il ne lui sert à rien. Il ne fait que l'empêche d'avancer.

Le vassal était donc là, assis à son bureau, un verre de Muscat sur celui-ci. Rageant de n'être qu'une lourde pierraille sans valeur, il envoya son verre au loin, cassant en même temps le verre et les verres le protégeant du froid. Encore une nouvelle réussite, le bureau n'était plus habitable, désormais sujet aux vents provençaux. Il sortit donc demander qu'on vienne lui réparer cela au plus vite, qu'on remette en ordre les documents tachetés. Il se dirigea ensuite au pigeonnier, cherchant éventuellement une mésange qu'on lui avait promise. Rien...



Toulon, 5 février 1458

Aussitôt le bureau en réparation, aussitôt avait-il fait rassembler ses documents et préparait un voyage vers Toulon avec du sel où il devait conserver des stocks de poissons achetés sur le marché. Enfin, on pouvait le faire pour lui, mais il ne pouvait plus travailler en paix, autant aller dans un autre bureau, celui de la mairie. Le voyage se déroula pour sa part sans le moindre problème, il remarqua en passant que sa nouvelle idée allait pouvoir être mise en application. Il venait de recevoir l'objet de ses désirs, un petit, très petit, navire à fond plat, lui permettant de remonter plus rapidement depuis Toulon vers chez lui avec des marchandises. Passant tantôt avec les armes de Beaumes, tantôt avec les siennes, il arriva rapidement à l'église où il laissa quelques affaires avant de continuer vers la mairie située plus loin, près du port.

Son bureau était un bureau de tribun, on y retrouvait des fiches, des analyses de population, des livres, des papiers dans tous les sens, des courriers, de la cire... et du muscat. Non, aucun rapport avec cette fonction-là. En quelques temps, il avait changé. Son atelier était spacieux, tout était en ordre, son bureau aussi. Peut-être parce que Sa Suzeraine n'aurait pas accepté de voir tout ça. A Toulon, pas du tout, c'était bien l'inverse. Il voulut ouvrir rapidement les plis, situés dans le fond en haut à droite mais dans l'étagère du bas, coffre de gauche, tirroir du haut. Avec une telle aventure, un tel chemin, une expédition, on ne pouvait s'en sortir indemne. L'étagère de gauche, appuyée sur une pile de document (c'est tout dire), ne manqua pas de tomber lorsqu'il essaya de déplacer le milieu du tas.

Le blessé, car il l'était, s'était retrouvé écrasé, tandis que l'ouvre-lettre l'avait percé, à la cuisse. Eh bien, il s'était vraiment surpassé, surtout qu'il fallait désormais des archéologues pour le trouver. A force d'appels, on vint le sortir. Après avoir vu sa plaie, refermée par le fer chaud, il demanda à repartir vers Beaumas-De-Venisa, festina lente! (Eh bien oui, Deminerve voulait à tout prix éviter de lire "Alastor" sur sa jambe. L'éléphant s'était fait avoir...)



Baumas-De-Venisa, retour au présent

Lui était quand même d'un bord différent. Il n'était surtout pas attaché au Marquisat, mais ne voulait pas spécialement de l'Empire. Elle le savait. En revenant dans les terres (c'est à dire, dans les endroits plus éloignés de Carpentras) où il s'était auto-proclamé régent, grand bien lui avait pris (mais il ne le savait pas encore), il constata qu'il y avait plus d'hommes vêtus de gueule que ce qu'il avait demandé. C'est alors qu'il sut. Elle était revenue, lui devait être une nouvelle fois transporté pour se soigner dans son chateau, où la fennêtre devait avoir été refaite. Enfin, je disais donc que n'importe qui pouvait savoir ce qu'il pensait et qui il l'était. Il ne l'avait jamais caché, il n'avait pas hésité à le dire. Cependant, il était Seigneur de Baumas-De-Venisa, elle sa Suzeraine, la Comtesse et lui un imposteur qui n'avait jamais pu arrivé chez lui. C'était clair et toujours dit, pas question de chose faite ou non.

En chemin, des troupes prévenues de son retour vinrent aux nouvelles et lui en donnèrent. On disait que SE était de retour, mais qu'on ne savait pas où elle était à l'instant. Peut-être dans son chateau à discuter avec d'autres gens, ou à s'évader quelque part, il n'en savait rien. Cela devait faire quelques jours qu'elle était revenue, elle avait donc eu le temps de faire... (là, s'il avait su ce qu'elle avait fait... On ne peut verser qu'un seul liquide rouge dans les terres de Carpentras, du Muscat et point!) Il était partagé entre deux sentiments, soit là trouver, soit rentrer directement dans son chateau pour récupérer. En effet, il était encore incapable de marcher. Les érudits qui l'avaient regardé pensaient que cela serait ainsi pendant quelque temps. L'étagère lui étant tombé dessus, des côtes étant touchées, une jambe l'étant aussi. Il n'eut le choix, on l'envoya directement se reposer. Il serait mieux pour voir sa Suzeraine et tenir l'échange, car il était énervé de la savoir revenue, il avait peur pour elle, uniquement pour elle...
Enored
[Songes le long d'une route, ou quand les loyalistes vont à la rencontre de ceux qui les soutiennent … ]

Le 2 Février 1458 : plus d'armées ? Alors sortez !

La route … des cavaliers aux couleurs or et noir ... couleurs des Trévière … des cavalier silencieux sur une route gelée … des cavaliers sortis d'Aix à la faveur d'un mouvement des troupes … des cavaliers songeurs que rien ne pourrait détourner de leur but … des cavaliers conscients des enjeux de leur chevauchée fantastique … parmi eux, une rouquine, silencieuse elle aussi, elle surtout.

La mercenaire respirait avec bonheur l'air frais de cette journée d'hiver. Le léger vent fouettait son visage, jouait avec ses cheveux laissés libres pour la première fois depuis cette fameuse nuit. Elle chevauchait aux côtés des autres loyalistes, avait décidé de les accompagnés au cas ou et surtout parce qu'elle avait besoin, ne serait-ce qu'un moment, d'échapper aux murs du château, à ceux de 'son' bureau. Elle chevauchait en silence, plongée dans ses pensées.

Songes … petit retour en arrière … la 'fameuse' nuit, celle où ils avaient tout osé, tout tenté et réussit. Ils n'auraient que deux jours à tenir et les renforts seraient là. Mais après deux jours personne … pas de renforts … alors ils avaient tenu un troisième puis un quatrième et tenaient toujours à tel point que l'Irlandaise avait repris sa mauvaise habitude : arrêter de compter. Elle ne comptait plus les jours, elle tenait tout simplement. Alors l'idée même d'aller mettre le nez dehors … le calme de la campagne provençale pouvait étonner si l'on repensait un instant au contexte … calme propice aux songes.


Quelques mois auparavant … ou bien des années ? Elle a arrêté de compter.

Esprit qui parti plus loin, des mois en arrière, une autre chevauchée avec le même goût du danger. Deux cavaliers sur la route de Joinville … instants de pur bonheur... derniers instants sans s'en douter … blessure de plus à un coeur déjà bien trop meurtri … Sourires aux lèvres des deux cavaliers malgré le danger. Enored, Henri … Henri, Enored ... unis jusqu'à la mort, prêts à suivre l'autre jusqu'en enfer... l'une y est en enfer … l'autre au paradis ? L'une survit sans lui … Joinville et l'espoir … espoir de retrouver une amie … et de trouver son ombre … Joinville et le malheur … Joinville ville maudite où le temps d'un coup de poignard un coeur vola en éclat. Joinville où repose le corps de l'être aimé, où l'âme de l'amie a été détruite par un bourreau ... Léger battement de paupières, yeux qui brulent, le vent, le froid assurément rien d'autre surement ... battement de paupières pour faire fuir les sombres pensées … sombres pensées envolées … moins douloureuse pourtant … moins douloureuse heureusement … bond dans le temps …

Nouvelle chevauchée et trois cavalières. Départ de Lyon vers la Provence... Lyon, ville où l'une laisse sa mère, l'autre le corps de celui qu'elle a aimé et la dernière l'idée même de s'attacher à nouveau un jour … Visages fermés, deux femmes, une môme qui chevauchaient à bride abattue vers la Provence … vers un nouveau départ. Nouveau départ ? A cet instant l'Irlandaise n'y croyait pas prenant la route du sud simplement pour honorer une promesse faite à un simple tavernier devenu noble. L'irlandaise redoutait ce qu'elle allait trouver, celui qu'elle allait retrouver. Aurait-il changé ? Léger sourire sur le visage … bien sur qu'il avait changé … elle aussi … depuis toutes ces années, les épreuves les avaient meurtris tous deux ... et pourtant quelque part ils étaient les mêmes … l'un face à l'autre ils ne pouvaient qu'être vrais, ils ne pouvaient être qu'eux … son tavernier à elle, sa pirate à lui …


Le 2 Février 1458 : plus d'armées ? Alors chevauchez !

Regard qui se tourna vers le tavernier en question et esprit qui revint au présent. L'Irlandaise respira profondément, emplissant ses poumons de l'air vivifiant de cette journée d'hiver.

A la dérobée, la rouquine observat Samuel dont le visage était fermé, il avait les traits tirés par la fatigue. Elle savait quel était, pour son ami, l'enjeu des entretiens à venir. Ils chevauchaient vers leurs destins.

Les émeraudes quittèrent le tavernier, pour se tourner vers un cheval, du cheval, il passèrent à la cavalière, Flore. La cousine de Samuel avait un sacré tempérament, une force qu'elle avait été loin de soupçonner lors de leur première rencontre, lors de leur première soirée passées ensembles dans le petit pied à terres de Vitrolles. Première soirée qui s'était terminée tard dans la nuit. Alors elles avaient parlé navires, bateaux, projets, marina, commerce.

L'Irlandaise était alors loin d'imaginer qu'une telle force habitait cette jeune femme. Léger sourire sur les lèvres de la rouquine. La marina … un des projets de longue date qu'elle avait fait avec son ami alors qu'il se nommait encore Dahut ... Rêves fous en commun détaillés dans leurs nombreux courriers échangés. Lien tissé, consolidé, renforcé par les années. Lien que rien, jamais ne pourra briser. Tiens … n'avait-elle pas juré de ne plus s'attacher ? Oui mais … car il y avait un mais ... elle le connaissait depuis avant cette promesse lyonnaise … depuis avant … depuis si longtemps … depuis combien de temps d'ailleurs ? Hum le temps … elle ne comptait plus depuis … la mort de …

Bonjour soldat !

Nous venons d’Aix pour rencontrer la Comtesse de Carpentras. La légitime. Dites-lui que les châtelains loyalistes sont là.


Retour brutal à l'instant … L'Irlandaise essaya de garder son sérieux, de ne pas éclater de rire. Elle, la mercenaire, la pirate, une châtelaine … Puis elle réalisa que, peut être, que surement même, par châtelains, son amie, celle avec qui elle était devenue complice, parlait tout simplement de ceux qui tenaient le château d'Aix. Alors, les yeux pleins de malice, la mercenaire ravala sa raillerie et répondit par un franc sourire à celui de Flore. Le regard de la rouquine se détacha du groupe pour observer les alentours. Étrangement, ce bout de campagne lui fit penser à ses landes natales …

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Ingeburge
Combien de temps était-elle restée allongée dans la garrigue, sa main coupée nourrissant du sang qui s'en écoulait la terre carpentrassienne? Combien de temps était-elle restée à contempler la voûte céruléenne, se rendant compte que nul part ailleurs au monde l'on ne pouvait y voir les étoiles resplendir à ce point? Combien de temps était-elle demeurée à s'abreuver du vent sur sa peau découverte, des sons dans ses oreilles attentives, des senteurs épicées dans ses narines? Et elle y serait restée bien plus longuement encore si la décision lui appartenait en porte, elle aurait passé sa vie là, délaissant tout le reste si le choix lui était proposé. Mais il fallait bien se relever, il fallait bien avancer, il fallait bien poursuivre la quête pour pouvoir, dans le futur, avoir le loisir de demeurer là à ne rien faire d'autre que de vivre Carpentras. Le froid nocturne se faisant plus mordant précipita également sa remise sur pieds, il était désormais plus que temps de rentrer.
En chemin, elle collecta les reliques de sa folle échappée, ramassant çà et là et bottes et menus objets maintenant sa coiffure pour finir par ramasser abandonnés dans un coin lourd manteau de voyages et gants. La nuit serait courte, à l'aube, elle serait levée, comme à son habitude, peu avant les laudes. Elle ne se sentait pas du reste désireuse de dormir, toujours parfaitement éveillée malgré les journées et nuits de chevauchée qui s'étaient succédées, malgré la tension accumulée, alimentée tant par l'appréhension que l'excitation des événements à venir. Elle avait puisé en la terre de Carpentras la force de garder les yeux ouverts pour nombre d'heures et elle y avait même acquis l'énergie de mener de plus âpres combats...


Une journée entière s'était écoulée depuis l'arrivée de son petit groupe et rien ni nul n'avait été troublé ce premier jour en territoire provençal. Le temps avait filé, inexorable et implacable et elle en était satisfaite, toute cette attente allait finir par la rendre folle. Des nouvelles, il lui en parvenait, à la faveur de messagers plus ou moins chanceux et elle accueillait chaque pli sans la moindre fébrilité, elle croyait en la justesse de la cause et les campagnes auxquelles elle avait participé lui avait fait acquérir une certaine sérénité. Bien sûr, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour les hommes mais elle s'inquiétait pour eux en tant qu'individus et non sur ce qu'ils feraient une fois sur place. Cette activité, lettres et rapports à étudier, l'avait absorbée durant tout ce temps et elle avait été quelque peu infidèle à ce qu'elle venait de retrouver. Aussi, au deuxième jour, elle prit le temps de ne pas négliger plus longtemps une personne qui tenait une place toute spéciale dans son cœur. Comment lui dire? Comment lui annoncer? Comment lui faire comprendre qu'elle ne s'était point méfié de lui? Nombre de vélins furent raturés, grattés pour être finalement froissés avant de choir dans un accès d'irritation au sol. Elle avait pourtant l'habitude de rédiger des missives et en n'importe quel domaine que ce soit.
Les mots vinrent finalement, simples et directs et la lettre fut finalement écrite, dépouillée de circonvolution inutiles :

Citation:






    A Deminerve d'Eaglia, dévoué senhor de Baumas de Venisa, féal vassal, ami très cher,
    Salutations et bénédictions.



    Je suis là et en écrivant cela, je ne parle pas d'un soutien moral, je ne fais nullement référence à une amitié exprimée de loin; j'évoque ni plus ni moins ma présence physique en Provence. Je me trouve depuis peu de jours à Carpentras, au castel qui grâce à vos bons soins j'ai pu trouver le bienvenu confort agréable aux voyageurs harassés.

    Je suis là et ne me reprochez pas de ne pas vous avoir tenu au courant de cette arrivée que vous imaginez fort bien ne pas être due au hasard. Oui plutôt si, faites moi tous les reproches, exiger réparations et explications du monde que je puisse vous affirmer sans rougir que si je vous ai tu cette venue en Provence, ce n'était que pour vous protéger. Votre loyauté à mon égard vous a hélas déjà bien de trop de fois porté préjudice.


    Que le Très-Haut vous garde.


    Rédigé et scellé à Carpentras le premier jour du mois de février de l'an de grâce MCDLVIII.

    SA Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
    Vilaine suzeraine.






Les explications plus détaillées viendraient quand elle le verrait et elle saurait lui expliquer ce qu'il n'aurait pas compris.

Le pli convenablement scellé alla rejoindre les autres et partirait lors de la récolte journalière effectué par un messager à la livrée neutre. Celui-ci vint d'ailleurs pour ladite moisson et en échange lui remit une lettre qui venait d'être transmise.
D'une main habile, elle ouvrit la missive et en prit connaissance tandis que l'homme refermait la porte derrière lui, après être sorti. Nul sourire ne vint éclairer le visage de la Prinzessin qui pourtant était satisfaite de ce qu'elle venait de lire. Les nouvelles étaient fort bonnes, elles émanaient de Flore de Lendelin avec laquelle elle était en relation épistolaire depuis quelques mois maintenant. La Marseillaise lui comptait par le détail les derniers événements survenus à Aix et dans le comté et lui annonçait sa visite prochaine à Carpentras. Son regard s'attarda quelques instants sur le sceau aux armes du Comté de Provence et elle se souvint qu'elle en avait usé, quelques années auparavant, dans les premiers mois ayant suivi l'indépendance. Les matrices devraient en être brisés, plus tard, pour exorciser le passé, se débarrasser de la souillure et débuter enfin une nouvelle ère.

Le jour de la rencontre enfin se leva. Il serait porteur d'une concrétisation nouvelle et elle pourrait mettre sur des visages inconnus mais francs des noms qu'elle avait appris à connaître au fil des semaines et que surtout, elle respectait. Elle qui avait quitté la Provence, isolée par sa franchise et rejetée pour ses idées ne parvenait toujours pas à se faire au fait que d'autres s'étaient enfin levés contre l'iniquité et les foutaises d'un prétendu marquisat qui chaque jour davantage entravait les opinions, bafouant aux yeux d'Ingeburge ce qui était sa raison d'exister et sa sève : le dogme aristotélicien.
Quand on lui avait demandé où elle recevrait les loyalistes venant à sa rencontre, elle n'avait pas un instant hésité. L'Aula magna. Elle l'avait doucement prononcé, détachant avec soin les syllabes. L'Aula magna, la Grande Salle où le suzerain tient conseil avec ses vassaux et reçoit les hôtes de marque. L'Aula magna était donc toute indiquée avec ses tapisseries chatoyantes, son imposante cheminée, les oriflammes aux armes de Carpentras et des von Ahlefeldt-Oldenbourg pendant du plafond ouvragé, sa massive table en bois d'ébène et à l'un des bouts, le siège réservé au seigneur des lieux. Elle n'aurait pu recevoir ailleurs ceux qui avaient repris la lutte.

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Guardia della Duchessa, incarné par Ingeburge
Andrea, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele étaient là pour sûr, vibrionnant de vie et encore plus aguerris qu'avant car tous avaient su résister aux regards concupiscents et aux œillades de la Malemort. Auraient-il pu être ailleurs eux qui marchaient dans l'ombre de leur Principessa et qui ne respiraient que l'air qu'elle-même rejetait?
Ce n'est pas sans plaisir qu'Andrea, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele faisaient leur retour à Carpentras pour la garde duquel Elle les avait tout d'abord engagés avant de finalement exiger à ce qu'Andrea, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele restent toujours à Ses côtés. Ce n'était pas la Lombardie, ce n'était pas Milan — forza! — mais c'était là où Elle se trouvait et rien d'autre ne comptait. De plus à Carpentras cerné par les terres ennemies, la Patronne se faisait moins imprudente et ne risquait pas de leur filer des doigts.

Cohabiter avec la soldatesque de Beaumes-de-Venise n'avait en revanche pas été de leur goût mais Andrea, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele avaient fini par admettre la présence de ces soudards qui avaient gardé le domaine des mois durant. Et puis, cela permettait à Andrea, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele de s'occuper uniquement de la sécurité de leur maîtresse.

C'est donc satisfaits qu'Andrea, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele accueillirent l'un de leur pair balméen. Ce dernier annonça l'arrivée des loyalistes. Andrea indiqua d'amener les invités jusqu'à eux et que là, relais serait pris pour amener la délégation à la Grande Salle. Andrea, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele accueillirent finalement le petit groupe qui fut diligemment mené au lieu de rencontre.

Avec une réserve respectueuse, Andrea, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele poussèrent les portes de l'Aula Magna, y introduisirent les Provençaux et annoncèrent ces derniers. La Còmtessa de Carpentras leur tournait le dos, debout devant une croisée, simplement vêtue de cette soie noire que seuls les plus fortunés pouvaient s'offrir. Elle se retourna presque tout de suite et posa sur eux son regard opalin.

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Istanga
Parce qu'il y a un début à tout

Je suis née Coutances en mars 1429,
Je me nomme Istanga de Landelin, et suis la petite-fille de Hélias de Trévière et Hildegarde Gorm, fille d’Apelaïde de Trévière et de Rioulrik, dict Erik de Lendelin.
Je suis l’aînée. Un frère, Théodomir, mort il y a peu à Albi, et une soeur. Flore. Ma gol...

Aujourd'hui, j'ai 28 ans, le sourire rare, et ne reconnais que l'Empereur.

Je suis arrivée en Provence en Juillet 1457, sur l'invitation de mon cousin Samuel. Adieu Nîmes, où je végétais au retour de Samarcande. Avec Darius, nous avons découvert la Provence, je me suis installée à Marseille, j'ai appris à pêcher puis assisté le garde-pêche du coin.
Constatation faite : le pêcheur marseillais est égoïste, ne partage pas son savoir, à l'image de ses gouvernants.


Parce qu'un enfant, c'est beau...

Mes parents me tiennent en laisse, et préfèrent mon frère Theo. Qu’il en soit ainsi ! Précoce, je me rends très vite à l'évidence : Père et Mère n'aspirent qu'à une chose. Non, deux, mais qui sont liées : l'argent, le pouvoir. Si obtenir le premier n'est pas un problème pour eux, tractations et courbettes, le second est plus difficile à atteindre, le fils est élevé dans ce but, les accessoires tels que moi vont être dressés pour un mariage convenant à leurs désirs. Courbettes, tractations.

Dès que l’occasion se présente, je me rends au parc de l’Evêché. Mes jambes maigrelettes m’y mènent immanquablement. J’y observe la faune et la flore peuplant les étangs, m’interroge sur le fonctionnement des moulins, m’allonge sous les chênes, ou les hêtres, selon l’humeur du moment.

Mais mes questionnements perpétuels lassent mes parents. L'Ordre a parlé. Huit ans, couvent.

Aujourd'hui, j'ai 28 ans, le sourire rare, et ne reconnais que l'Empereur.

J'ai retrouvé ma soeur, quittée lorsqu'elle n'était qu'une petite fille délurée et tendre à la fois. Samuel l'a fait venir, elle aussi et, pour la première fois depuis longtemps, je rayonne.

Je la suis, je le suis. Ombre tutélaire avide d'en savoir plus. Etrange Provence qui se proclame libre en s'imposant un rempart contre la vérité.

Le couvent, c'est chiant.

Je me retrouve catapultée à côté de Nîmes, couvent des Feuillantines. Des religieuses un peu particulières sont censées prendre soin de mon éducation. Il s'avère bientôt que cette dernière consiste en l'apprentissage de la fabrication d'une liqueur. Quant au reste, livrée à moi-même, je l'ai appris en lisant le peu d'ouvrages qui traînaient là.
C'est ainsi que j'ai accumulé une masse d'informations inutiles sur Aristote et sa clique, sur la kyrielle de saints dont certains à la vertu suspecte.
Au bout de dix ans, j'ai compris : pour les bonnes soeurs des Feuillantines, la religion est liqueur sirupeuse, à distiller avec soin.

Avril 1447, j’ai 18 ans.

Une lettre de ma mère me rappelant à Coutances me donne l’occasion de quitter le couvent. Je suis censée rejoindre une lance se rendant de Nîmes à Coutances, mais bien loin de moi l’envie de retourner en Normandie. Ces années de torpeur m’ont imposé le besoin de voyager, loin… de visiter des contrées peu connues.
Je m’éclipse donc discrètement et prends la route vers l’Italie, en compagnie d’un couple se rendant à Marseille.

Aujourd'hui, j'ai 28 ans, le sourire rare, et ne reconnais que l'Empereur.

Fil après fil, on déroule la toile. On s'entend sur la forme à donner à notre action. Notre but est simple, rendre à l'Empire ce qui est à l'Empire. Après les tentatives de Samuel, que les félons tentent de museler, c'est à ma soeur de s'y coller. Dans l'arène. Moi, je n'aime guère la politique, ça fait ressortir les démons : la déesse Acherpée est très présente dans le folklore provençal. Elle mène souvent la danse.

Et, pour la contrer, il fallait une réponse forte.


La route de la soie, ça use les souliers.

1447-1450

Marseille… c’est là que je reviendrai habiter à mon retour. Cette ville me brûle et m’attire. J’y rencontre un groupe de marchands qui traversent des villes aux noms qui me font rêver. Mon oreille s’y attarde, et mes pas les suivent. Je serai des leurs.
Nous partons pour Venise, où Iago et Bernardin, deux des marchands, prennent commande auprès de riches vénitiens. Je n’arrive pas à déterminer s’ils perçoivent une avance, et n’ose le leur demander.
Un bateau nous attend et nous nous dirigeons vers Corfu.
Un peu de repos, puis nous louons des montures nerveuses, qui nous mèneront jusque Thessaloniki. De nombreux arrêts ponctuent heureusement ce périple, et nous arrivons bientôt à Constantinople.

Nous y séjournerons quelques temps, avant de repartir vers la Perse, traversant Izmir, Antalya, Divrigi. Enfin la Perse : Tabriz, Téhéran et surtout Ispahan. Puis Samarcande.

Aujourd'hui, j'ai 28 ans, le sourire rare, et ne reconnais que l'Empereur.

Je me remémore mon étonnement et celui de Darius, lorsque nous avons su que, dans ces Royaumes, chaque province était gouvernée par un comte, ou un duc, élu par le peuple. Des élections populaires, une première pour moi.
Nous ne connaissions, Darius et moi, que le droit héréditaire. Un roi perd son titre à sa mort, le transmettant à ses enfants. Je me suis donc intéressée au sujet et, si l'utilité d'un vote populaire pour élire le Comte m'est apparue normale, même souhaitable, la question s'est posée quant à l'élection de la prétendue Marquise.

Alors j'ai compris que ces élections n'étaient qu'une vaste supercherie, car ne laissant aucune chance de voter à ceux qui ne sortent jamais de chez eux, se contentant d'aller travailler et de se nourrir et, ponctuellement, voter pour leur maire ou leur comte, parce que la possibilité leur est donnée de le faire dans chaque village, sans avoir à se déplacer en gargote.

Mais au-delà de ça, le principe même de l'existence de ce Marquisat m'est apparu comme une vaste tromperie. Pour qui se prend cette femme, à se croire l'égale d'un Roy ou d'un Empereur?
De quel droit s'arroge-t-elle la possibilité de démettre un comte, si celui-ci ne l'agrée pas? Si celui-ci refuse de lui prêter allégeance, mais la prête à son souverain légitime, l'Empereur?

Questions jusqu'ici sans réponse.

La chaleur, les étoiles, et la Mort.

Samarcande. Sur la route qui y mène, trois cavaliers. L'un d'eux tient un enfant qui se débat et crie à l'aide. Mes compagnons et moi les poursuivons, les rattrapons, roulons à terre. Un lacet judicieux étrangle l'un d'eux, celui qui molestait le gosse. Ce dernier me regarde, noir profond de ses yeux tristes. Darius est son nom. Il est le fils de Mirza, le sultan.

Belle rencontre. Je serai sa huitième épouse. Darius m'a adoptée. Mirza m'a aimée, m'a enseigné la philosophie, les mathématiques, l'astrologie. Il m'a fourni les meilleurs professeurs qui m'ont appris la médecine.

Mirza avait un autre fils. Il aurait dû l'aimer plus. Mirza a été assassiné par son fils aîné, qui a pris le pouvoir.

Un an plus tard, je l'ai tué, lui ai tranché la tête.

Nous avons fui.

Nîmes, puis Marseille.

Aujourd'hui, j'ai 28 ans, le sourire rare, et ne reconnais que l'Empereur.

Je chevauche aux côtés de mes compagnons. Nous allons rencontrer une grande dame, couverte de titres divers, son Eminence Ingeburge. J'ai appris que son vassal n'était autre que le clerc qui officiait au baptême de Galaad. J'ai un léger frisson en songeant au regard inquisiteur qu'il a posé sur ma voisine et moi, ce jour-là. Mais nous sommes arrivés à Carpentras. Un autre frisson, plus agréable cette fois, à la vue du Boy's Band accueillant.

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Cajoline22
Quant il faut tenir pour ne pas se laisser mourir…
Cinq mois maintenant, cinq mois qu’elle tenait bon, oscillant entre moments extrêmes de désespoir, de chagrin et moments ou la colère, la rage s’emparaient d’elle…cinq mois qu’elle tenait coute que coute, qu’elle avançait, parce qu’il fallait bien avancé, qu’elle avançait pour tenir la promesse qu’elle lui avait faite sur son lit de mort, qu’elle avançait pour la rouquine, pour la petite…cinq mois qu’elle affichait ce sourire si faux, faisait semblant que tout allait bien, du moins elle faisait semblant de ne pas aller si mal. Cinq mois qu’elle se cachait derrières les apparences, l’ironie, alors que cela faisait cinq mois qu’elle attendait d’être délivré de ce poids, de cette culpabilité…cinq mois qu’elle attendait, appelait la mort à venir à elle, qu’elle la désirait de toute ses forces…s’il savait ce qu’elle avait fait en cinq mois… l’aller- retour sur dunkerque sans presque aucune protection et peut importe les brigands sur la route, maintenant son implication dans les combats en Provence, elle s’y était impliqué sur un coup de tête, par amitié par la rouquine mais surtout parce que là ou est le danger, se trouve la mort…s’il savait, oh s’il savait, sur qu’elle l’entendrait hurler… mon Dieu, comme elle aimerait encore l’entendre hurler, s’énerver, s’emporter, même après elle, mais l’entendre encore…

Flash Back retour vers le bonheur…
Arrivée à Dunkerque d’une femme en guenille, affamée, perdue par plusieurs mois d’errance à travers le royaume pour échapper à un paternel trop possessif…souvenirs de rencontres, de moments agréables, première rencontre et certitude qu’il n’est pas pour elle, trop bien, inaccessible et pourtant quelques mois et moments partagés plus tard…le vrai bonheur.
Souvenirs de moments partagés, de discussions sans fin, de complicité, d’amour, que de choses perdues, jamais ne seraient retrouvés, de cette place aux creux de ses bras ou elle s’était sentie enfin chez elle .


Quant essayer de savoir ou est sa place n’est pas facile…
Cinq mois. Désormais, elle n’appelait plus l’ange noir à elle, les blessés, les combats, l’inquiétude pour ses amis, tout cela avait chassé loin d’elle l’idée macabre de l’ultime danse avec l’Ankou
Cinq mois. Et la douleur était toujours là. Cinq mois. Et Elle se demandait ce qu’elle faisait là, ce sentiment étrange qu’elle n’avait plus sa place nulle part. Cinq mois. Et pourtant, elle ne se verrait pas ailleurs qu’ici avec ses compagnons à se diriger vers Capentras…sentiment ambigu d’être à la fois là ou il fallait être et à la fois pas…Regard qui passe sur les membres du groupe devant elle, elle avait appris à les connaître et à les respecter mais elle avait encore bien du mal à pousser plus loin ses sentiments à se dire qu’ils pouvaient être des amis… « tu n’as pas été facile à apprivoiser » mots qui résonnent dans sa tête comme autant de souvenirs, léger sourire nostalgique, larmes contenues et refoulées mais éclairées de cette vérité qui venait de se faire à elle. Elle était redevenue celle d’avant, celle qui avait fuit son père il y a bien longtemps, fuyait et n’accordait pas sa confiance facilement, cette fille aimant la solitude, ne se confiant à personne, refusant de s’attacher.
Paradoxe, comment trouver sa place, se faire sa place véritablement parmi eux, espérer retrouver ou du moins se rapprocher du bonheur qu’elle avait connu à Dunkerque si elle avait à ce point là peur de se laisser aller, peur de perdre encore des êtres en lesquelles elle pourrait tenir…paradoxe, lors des combats, elle avait déjà eu peur pour eux, leur avait fait confiance…


Bonjour soldat !

Nous venons d’Aix pour rencontrer la Comtesse de Carpentras. La légitime. Dites-lui que les châtelains loyalistes sont là.


Sourire, elle admirait l’aisance de Flore et de ses compagnons alors qu’on les conduisait à la Comtesse de Carpentras, suivant d’abord un homme, puis quatre autres fort bien bâtis et forts agréables à regarder mais dont surement les talents ne s’arrêtaient pas là, puis portes qui s’ouvrent et regard envoutant qui se fixe sur eux, et qu’elle n’arrive pas à quitter.


(proposition de rajout pour la bannière des Guardia della Duchessa :
"adorateurs inconditionnels du divin petit peton" )

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Deminerve
Baumas-De-Venisa, terres de Carpentras

Depuis ce jour, celui où elle était partie, il avait été ordonné que les soldats d'azur et d'or soient rassemblées avec les soldats de gueule et d'argent ainsi que ceux des autres villages de Carpentras. Au fil du temps, certains avaient reçu diverses promotions allant de la plus simple à celles de gardiens du château de Carpentras et de capitaine des troupes de gueule. Mais avant tout, ces soldats étaient Balméens et allégeants à leur Senhor. Il pouvait ainsi contrôler ce qui se faisait et se disait un peu partout. Il savait qu'au retour de sa Suzeraine, il reprendrait une vie plus normale, c'est-à-dire s'occuper uniquement des entrées sur ses propres terres. Entre temps, plusieurs choses avaient été mises en application: des taxes sur le commerce des vins étrangers, des points de contrôles aux frontières sur les chemins, des patrouilles un peu partout, des "camps" avancés fixes composés de quelques gardes et des "camps" avancés nomades qui avaient pour ordre de rattraper ceux qui essayaient de se soustraire aux divers fouilles. Cela s'était avéré des plus rentables en ammendes, taxes supplémentaires et travaux. On avait également assisté à un remplissage des cachôts. Il fallait un laissez-passer général pour entrer à Carpentras et un autre pour entrer à Baumas-De-Venisa. On pouvait entrer sans car il avait ordonné de ne pas suivre la méthode provençale mais on perdait un temps énorme lors de l'entrée où tout était fouillé.

Le Senhor finissait donc par savoir ce qui se passait en dehors de sa chambre, lieu qu'il ne pouvait plus quitter. Pour un rien, le coupe-lettre coupait et perçait une ancienne cicatrice faite lorsqu'il était encore soldat. Elle datait de deux ans. L'armoire, elle, aurait pu finir par achever son corps entier qui devait encore se refaire. La chute lors d'un entrainement d'une petite tour datait elle aussi de deux ans. Un regard paisible, un visage serein bien mettre de la situation devant ses conseillers et capitaines les plus importants. On lui apporta la liste complète, ou la plus complète possible des invités de sa Suzeraine. Un nom le dérangeait mais l'intriguait également. Il aurait voulu en savoir plus à son sujet, mais après un premier contact comme celui-là, autant dire que c'était devenu compliqué.


Capitaine, nous ne sommes pas responsable des entrées en les terres suzeraines. Nous le sommes pour nos terres. Faites annoncer qu'il faudra désormais, jusqu'à nouvel ordre, prononcer le crédo, réciter le serment du baptisé et ou montrer sa médaille de baptême. Nos terres sont Aristotéliciennes. Les portes ne seront plus ouvertes qu'entre la 8 ème heure et la 14 ème. Allez!

On vit au loin un messager de gueule, les chemins furent dégagés bien avant son entrée dans le village. Tous redoutait ce qu'il venait apporter. Bonnes nouvelles? Mauvaises nouvelles? Pendant ce temps-là, le Senhor se faisait annoncer les nouvelles et les demandes, il donnait ses ordres et ses réponses. Il demanda à pouvoir être seul dans sa chambre, laissant ses intendants et capitaines s'occuper des problèmes au-dehors. Il lut la lettre, se prommettant d'y répondre rapidemen, puis s'endormit, d'un visage neutre.
Reinemab


[Quand le passé vous mène sur le chemin d'un château]

Au commencement
La petite grenouille avait grandit sur les berges d'un ruisseau de Troyes, adoptée par une vieille femme, qui l'a l'avait repêché... Y avait grandit...Y avait rencontré l'amitié et l'amour...
L'amour, oui, son tout premier... celui d'un soldat engagé et dévoué à son royaume... Libérant le château de Reims, une nuit hivernale, avec son corps d'arme...
Malheureusement, pour la jeune enfant, qu'elle était encore, il succomba au champ de bataille, les jours suivants... Son corps lui fit ramené, eux, tous deux baptisé... projetaient de se marier...
Forte, lui avait il toujours dit... forte tu devras être si un jour, je venais à disparaitre, te battre contre les démons et rependre ta douceur aux autres... Écouter ton cœur, avant tout...
Se jour là, elle n'aurait eu qu'une envie, accuser en son âme le seul responsable, son empereur, lui qui avait fuit pendant que ceux qui donnaient leur vit pour son royaume, tombaient chaque un leur tour genoux à terre... La rage et la vengeance, lui rongea les sangs durant l'année qui suivit la disparition de son adoré...

Histoire de famille
C'est alors qu'elle perdait un amour, qu'apparu l'espoir... L'apparition d'une sœur... Qui dans le dernier soupir d'une mère, reçu confessions et vérité sur bout de papier...
Après longue recherche, celle ci se présenta à la jeune veuve... petite grenouille tremblante, apeurée, qui ne sais plus pensée... cherchant partout son ange... Elle avait peur, mais envie, de se laisser porter... Sa sœur retrouvée, la prit en charge et la mena, loin des fantômes, loin des idées noirs, qui peut à peut la rongeait...
C'est ainsi, qu'elle s'installa à Albi, s'y construisit une nouvelle vie, un nouveau cercle d'ami, de nouveaux amours, de nouvelles voies professionnelles...
Tout d'abord, celle de suivre les traces de son défunt et de là haut le rendre fière, devenir soldate et si possible infirmière... Engagée au COCT, pour son souvenir... Se rappeler que partout se trouvent des innocent, et ainsi d'engager dans la voie de la justice, afin de devenir avocate, pour défendre les plus faibles... Son cœur, réclamait d'avantage, la douleur était bien plus étendue qu'elle ne l'avait pensée... C'est ainsi, que politique, elle fit ses premiers pas... Toujours dans un seul but, non le sien!!! ou si! peut être un peut! juste suffisamment pour soulager son cœur, d'avoir fait se qu'elle pensait bon de faire pour ceux qui n'espéraient plus...
Soutenue, dans ses projets par l'un de ses amis fidèles, Theodomir (frère de flore et istanga), qui depuis leur rencontres se comportait étrangement comme un frère...
Puis la perte de sa sœur survint, donnant naissance à son enfant... Partant avec le secret de la lettre, partant... en laissant là, la reinette... Enfermement, elle ne voulait plus rien faire... mourir? Se laisser mourir? A qui pourrait elle manquer, elle n'avait plus de famille...
C'est alors que lui prit l'idée de tout plaquer, afin de partir à la recherche de ceux qui pourraient la reconnaitre comme leur progéniture...
Une épopée, qui la mena, dans les bras de celui qui fut... les mois qui suivirent... lors d'une prise de château... compte de Provence...

Les événements les menèrent en Normandie, là une femme, lui conta son histoire...
Fille de Dame Marguerite Beauchampa et messire l'officier John Talbota, amis de Madame Clémence de Préville et Messire Theodolphe de Trévière (père et mère de Samuel de Trévière)... La vieille servante sénile de sa mère, lui apprit alors la mort tragique de sa mère, et l'ambiguïté sur une éventuelle disparition de son père... Tout se voyage pour rien, se dit alors la grenouille, qui quelques jours plus tard, reçu un plis bien étrange... où Dame Préville, s'adressait à elle... Lui dévoilant alors, l'identité de son ami Théodomir, qui n'était autre que son neveux, réfugié et caché prêt de reinette, pour aussi veiller sur elle...

Étonnée, la batracienne, serra la main de son compagnon, le présent de rentrer à Albi... Pour rejoindre son ami... Mais malheureusement, il fut trop tard, la maladie l'avait lui aussi emporté... Laissant pour simple souvenir sur sa table de chevet... une lettre cachetée au nom de Reinemab et un rouleau fermée d'un sceau...

Lettre fut ouverte, entre larmes et pein... de perdre ainsi un frère de cœur... son héritage il lui offrait... pas non plus une fortune... juste de quoi se sentir libre et libérée... héritage, oui!!! Mais "A une seule condition"...
De remettre le deuxième plis à Samuel de Trévière... et jurer de prendre soin, des sœurs "flore et istanga", comme il avait put veillez sur elle... petite reinette qu'elle était...

Sur les routes de Provence
C'est ainsi, que mission sous le bras... crapaud et grenouille, reprirent la route... Croisant compagnons d'armes, partant pour une chasse aux lions de juda... "Viens avec nous qu'on lui demanda"... Pas qu'elle n'aurait point voulu, mais une mission personnelle la retenait...
C'est ainsi que dans leur roulotte, ils entrèrent en terre de Provence... où, l'odeur de l'huile est agréable... Chant des cigales, enchanteur... et faux calme ambiant y flottait...

Le déclenchement de tout
Enfin arrivé... un plis à remettre... Samuel le trouver, pour enfin lui donner... Une rencontre... un échange... une première étape d'effectuer... deux sœurs, à consoler et sur qui veiller... une promesse à accomplir...
Une fratrie, qui s'engage dans un combat... combat noble, pour la liberté... Les protéger, les soutenir... se que Théo, aurait fait...
Soudains, des français armées sur les terres... Elle venait de l'apprendre, ses compagnons, à l'extérieur des remparts de la ville, se battant eux aussi pour un pouvoir légitime... Se faisant massacrés sens pitié, puis jugé de leur lit d'infirmerie...
Cela ne pouvait, plus durer... elle dedans, eux, ses amis dehors... d'avis avec ses compagnons loyaliste... prirent les armes... les hissant bien haut et criant "marquisat dehors"
Et les voilà partis... partis oui... A assaut des remparts d'un château... Sens gouttes de sang, tout le monde fut jeté dehors... ils avaient réussis... Plusieurs jours ils purent tenir le siège... "il est confortable?" criait elle a son aimé, tranquillement installé... Elle savait, qu'ils n'étaient point seule, courageux dans cette histoire, son parrain de cœur voda, donnait toute ses forces à l'extérieur pour leur garantir de tenir quelques jours de plus...

un Boy's Band qui en met plein les yeux
Une arrivée, inespérée... un soulagement... un ravissement... une rencontre... tous heureux d'une petite virée en dehors de ses murs tout gris, qui au fil de révoltes se tachetaient vermeil...
La fatigue se faisait sentir... La faim aussi... "mangez pour deux, vous verrez comme partent les denrées"... Une promenade entre compagnons loyalistes... ou plutôt désormais, des amis... voir même une famille...
Fière la grenouille elle était... fière de point dans le passé avoir baissée la tête... et d'un bond de grenouille, toujours rebondir... quel saut agréable qu'elle avait put découvrir là... une famille ou chaque un se sent libre...
Les pas dans leurs pas... ensemble sifflotant leur petit air, sous la bannière aux couleurs des Trévière...

Citation:
Bonjour soldat !

Nous venons d’Aix pour rencontrer la Comtesse de Carpentras. La légitime. Dites-lui que les châtelains loyalistes sont là.


Reinette jeta un peut sourire à sa voisine, les soldats ne semblaient point les laisser, toutes femmes qu'elles étaient, de marbre...
C'est ainsi, que le regard sur les fessiers rebondit que l'ensemble de la troupe avança...
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Flore
La garde rapprochée de Carpentras vient les accueillir.
C'est à ce moment précis que Flore réalise l'importance de cette rencontre. Elle se remémore mille fois ce qu'elle doit dire. Non, elle ne doit pas trop parler. Elle va plutôt répondre aux questions.

Ils pénètrent dans le domaine, rassurés. Il ne peut rien leur arriver ici. Quel plaisir de se promener en baissant sa vigilance. Elle se retourne pour vérifier que tout le groupe suit et est surprise de voir les dames loyalistes concentrées sur l'escorte. Son attention se fixe sur les cinq jeunes hommes. Ah oui, elle comprend la cause de leur distraction. Perdue dans ses pensées, Flore n'avait rien remarqué. C'est dire qu'elle a besoin de repos !

A ce titre, l'arrivée tant attendue des représentants de l'Empire est une bénédiction.
Elle espère que leur geste sera compris par Son Eminence Ingeburge. Une révolte contre le château ... Ce ne sera certainement pas vraiment apprécié mais avaient-ils le choix ?
C'est de toutes façons temporaire. Les armées arrivent des quatre coins des Royaumes, les villes sont infiltrées et le comté est au bord du gouffre économique. L'issue est inéluctable.

Ils sont introduits dans la grande salle, ce qui augmente d'un coup la pression sur les épaules de Flore qui se sent comme une fourmi à l'entrée d'une cathédrale. Elle conserve comme elle peut une attitude digne, surtout pour se la jouer fille qui gère sans le moindre doute dans toutes les situations, et dit à la Dame qui se retourne pour les accueillir, qu'elle imagine être la maîtresse des lieux :


Salutations, Votre Eminence.

Je suis Flore de Lendelin, et voici une partie des loyalistes de Provence. La levée du siège d'Aix nous a donné l'occasion de vous rendre visite. Le point sur le conflit sera plus aisé à faire que par echange de missives. Selon mes informateurs, votre voyage s'est bien déroulé, au grand dam de la maire d'Arles, Dame Vivivivi, qui voit en votre arrivée en Arles une invasion.

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Deminerve
Toujours au même endroit.

Après la sieste devrait venir l'heure du repas. Pourtant, le Senhor n'avait absolument pas faim. Il voulait se nourrir des lettres, écrire et répondre. Ce n'était pas chose facile, des lettres si officielles de Sa Suzeraine, il ne devait pas y en avoir tant. Il essaya de se remettre en mémoire les précédentes et ce qu'il avait bien pu raconté. L'heure était à l'écriture de choses importantes tout en essayant de paraître intéressant. Il prit plûme et encre bleue, laissant la cire pour plus tard. Il bailla et commença à écrire.
Citation:

A Son Eminence Ingeburge von Ahlefeldt, notre suzeraine revenue en ses terres.

Chère Suzeraine, voyez-vous, de nombreuses rumeurs circulaient, couraient et vagabondaient ci et là à votre propos, selon celles-ci, vous étiez à la base des maux et des miracles en Provence. Malheureusement, je n'avais rien de bien certain. Vous avez alors décidé de venir sans même m'informer de votre retour, me laissant dans le doute et les questions, vous avec vos certitudes et raisons. Pensez-vous qu'une telle blessure causée par celle qui court partout est moins préjudiciable que celle qui m'oblige à rester dans mes terres? Ou encore même à ce qu'on pourrait me dire à propos de mon serment? Vous plaisantiez, je l'espère. La Provence n'est pas aussi belle que ce qu'on pourrait le croire. Un vassal doit conseil à son suzerain, voici le mien: sachez donc que les incertitudes ne protègent pas. J'aurais préféré l'apprendre par vos lettres que par les autres.

Mais, vous n'y êtes pour rien. Depuis votre départ, je n'ai pu constaté que nos liens s'étiraient sans cesse. Heureusement, ils tenaient. (Plus tard, peut-être que certains pourront créer quelque chose de semblable). Pourtant, même avant celui-ci, depuis que vous m'avez confié les terres de Baumas de Venisa, je ne me souviens pas de vous avoir vue gouter à notre Muscat balméen dans mon château. Evidemment, il ne s'agit pas de Carpentras, d'Auxerre et de Köln... Il est pourtant si bon, bien meilleur lorsqu'il est dégusté sur place, vous devriez venir un jour pour l'apprendre vous même.

Chère Suzeraine, ne signez donc point vilaine suzeraine. Annoncez plutôt "Deminerve, vassal félon". Vous qui maintenant avez déjà parcou des terres, pensez-vous vraiment qu'un bon vassal travaillerait sans cesse comme moi aux côtés de vos ennemis? Il y a bien évidemment travail et travail. Mais ne louez pas, je vous en prie, mon incapacité à ne pas avoir pu vous suivre.


Rédigé depuis la chambre du Senhor donnant vers Carpentras, au très loin, scellé à la cire rouge, couleur de Carpentras, en février quelques jours après votre retour.

Deminerve d'Eaglia,
vassal félon.




Dahut
Comment les apprécier ?
Samuel sur la route de Carpentras se souvenait. Il se souvenait de ses premiers pas en Provence. L’envie d’entreprendre de construire de forger et de faire de ses mains. Avec à l’époque sa douce Maialeen pour confidente Samuel passa du temps en taverne à découvrir ses compatriotes.

Puis l’envie de faire le poussa vers des élections municipales. Là était le début de la découverte. Elu, des rancoeurs ne mirent point longtemps à se faire entendre. L’inactive population diriger par plus le plus inactif d’entre eux… Une tentative de renouveau échoua par un laxisme ambiant. AU deuxième mandat, il décida de revoir les effectifs… Les actif au boulot les autres a la porte. Samuel n’avait jamais apprécié de perdre son temps. Mais de nouvelles infortunes lui tombèrent au coin du nez. Il sentait une sorte de pression qui venait d’au-dessus.es rumeurs mensongères de mauvaises langues pour descrediter avant même d’avoir preuve témoignage ou même certitude des faits.

Maialeen partie pour des raisons familiales. Seul Samuel se dévoua alors à la politique dans un parti qui avait « sur le papier » à cœur de changer les choses. Il apprendra à son dépend qu’il n’en était rien. Il fut accusé de traître… Pourquoi ? parce que certain avait interprété son désir d’être influent sur l’organisation de la noblesse pour un acte de traîtrise. Voilà la Provence au grand jour.

AU fur et a mesure d’une carrière politique ; plus de manigance de secret et une paranoïa permanente pour un pouvoir illégitime. Presque marquis, presque comte. Samuel échoua par deux fois pour faire changer les choses. Une poignée de politiciens priant pour devenir nobles et riche suivit d’une pincé d’agressif baveux, rependant rumeur et haine. Voilà ce que le marquisat avait pour garde. Triste constat.
Arriva le jour de la révélation. Le marquisat était la cause de ce contexte putride. Samuel comme beaucoup d’autres avaient été mis sur la touche. Qu’il en soit ainsi. La Provence ne l’avait pas laissez tombé elle… Mais ceux qui drainaient tout par le bas, eux, prétentieux, était ses ennemis.

Il avait écrit sur son carnet au premier jour du conflit qui encore aujourd’hui faisait rage


Citation:

' Je ne suis point traître, mais ennemis.
Vous n’êtes point maître, mais agonie.

Fier, de tout mon être, je vous le dis
De ses lettres, je vous conchie

Vous, salpêtre, pour vos fautes, occis
Nous, Souhait de renaitre, car libres aussi "

SAT




Mais en ce jour c’est tout son corps loyaliste qui se présentait a Carpentras. Samuel attendait beaucoup de cet entretien. La dame maîtresse légitime de ces terres était une grande figure des royaumes. Connue, travailleuse, une image trop rare en Provence. Le marquisat avait beau essayé de salir son image, il n’y avait qu’à apprendre un pu sur ce que cette personne avait su achever de son temps de vie.

Samuel lui avait écrit dans les premiers temps de cette guerre. Le besoin de lui assurer son soutien sans doute. Maintenant il allait la rencontrer.
En arrivant devant la garde de compétiteur à en croire leurs traits et muscle affiné avec soin… Samuel jeta un coups d’œil intéressé sur ses belles pour en voir la réaction. Samuel se parlait à lui-même dans sa tête se disant que les femmes étaient bien faibles devant un bel homme…
Mais il fut bien vite pris a son propre jeu… La robe de soie chatoyante ne savait que mettre en valeur une classe naturel qui…. Sans un peu de tenue… Aurait fait bavé le seigneur. Il s’éclaircit la voit pour tenir son rang et passer la surprise…Délicieuse.

Depuis maintenant un moment Samuel réfléchissait à ces questions de structures fixe pour le futur des loyalistes. Mais les choses se faisaient naturellement et leur travail tous ensemble pour tenir le château fut couronné de succès… Bien que ceci n’était qu’une entrée au festin militaire que le marquisat provoquait sans rancune.

Toujours était-il que l’heure des présentations tonnait.


Votre Eminence,
Samuel Alexandre de Trévière, seigneur de Vitrolles, au service de sa majesté Long John Silver, mais croyez à mon désir de servir votre éminence... Charme Autorité et cohérence dans une seule âme.
Ma cousine, mes compagnons et moi-même sommes ravis de vous savoir de retour.




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Ingeburge
[Toutes mes excuses pour les délais de réponse, totalement involontaire.]



De retour. L'entendre dire par un tiers était quelque chose d'étrange, l'entendre prononcer par une personne qui n'était pas elle lui causait une sensation bizarre. Satisfaction mais aussi appréhension. Satisfaction car les mots venaient d'un étranger nullement disposé à lui dire ce qu'elle désirait entendre. Appréhension car les mots étaient pesants, aussi lourds que la charge qu'elle s'était proposée de prendre sur ses épaules. Serait-elle à la hauteur? N'aurait-elle pas dû se contenter de suivre les événements de loin? Certes, revoir Carpentras avait exigé cette venue mais toute son allégresse à retrouver sa terre ne pouvait suffire à justifier un tel déplacement. I était nécessaire qu'elle soit là et les visages tous tournés vers elle, tous ces regards braqués sur elle lui démontraient qu'elle avait ait le bon choix.

De retour, donc. Finalement. Elle en prenait conscience mais différemment et cette impression de redécouvrir ce fait, elle savait qu'elle l'aurait à nouveau quand d'autres lui diraient, qu'ils soient félons, loyalistes, français ou simplement spectateurs.

De retour.

Un fin sourire étira ses lèvres au délicat incarnat et légèrement mordante, elle répliqua :

— Je gage que vous serez bien les seuls à vous en satisfaire quand la nouvelle de ce retour si inattendu aura fait le tour du comté.
Du comté car la Provence n'était rien d'autre que cela. Le reste, foutaises... tout ce qu'elle en pensait transpirait des termes qu'elle employait à dessein. Elle ajouta :
— Enfin, exprimer des opinions divergentes de celles professées par la majorité, il me semble que vous en êtes coutumier.
Elle inclina légèrement la tête et consentit à s'approcher du groupe. Posant les mains sur le dossier du siège qui lui était réservé, elle indiqua :
— Mais je vous prie, prenez donc place, après cette longue route, vous devez aspirer à un peu de repos. Bienvenue à Carpentras.
Un serviteur vint déposer carafons et hanaps et elle s'assit à son tour.

Le valet se retira rapidement mais elle garda quelques instants le silence, observant sans dire un mot ceux qui étaient venus jusqu'à elle. Son regard opalin passa de l'homme qui avait pris la parole en dernier lieu aux femmes l'entourant pour finir par se poser sur celle qui s'était exprimée en premier. Flore. C'était avec elle qu'elle avait entretenu une relation épistolaire des plus fournies. Il était plaisant et même sécurisant de pouvoir mettre des visages sur ce que jusque lors n'étaient que des noms. C'est ce qu'elle expliqua quand elle brisa le silence qui s'était installé :

— J'étais en train de penser que quel que soit le résultat de cette entrevue, je suis positivement heureuse de ne plus avoir à m'adresser à des vélins. Pouvoir vous rencontrer enfin concrétise tous ces échanges et donne une réalité tangible à nos desseins. Certes, les premiers combats menés démontrent que dans le concret et la réalité, nous y sommes, et de plein pied, mais venant moi-même à peine d'arriver et n'ayant pu prendre part aux assauts, j'apprécie de pouvoir avoir un réel contact avec vous. Et puis, au-delà de cela, je ne puis que me réjouir de faire enfin connaissance de ceux qui ont repris un fardeau bien lourd à porter.

Ses longs doigts blancs allèrent agripper un des verres finement ouvragés et les yeux un peu dans le vague, elle glissa :
— Je ne sais ce qu'il adviendra de nous mais ce que vous avez accompli montre que l'espoir n'avait pas déserté totalement ces terres souillées et que malgré les vexations et les brimades, il existe encore des gens n'ayant pas peur de faire connaître leurs opinions. Il y aura des esprits chagrins et aigris pour dire que votre volte-face est intéressée, que vous a pris les armes de manière opportune mais je suis là non seulement pour vous aider et travailler avec vous mais aussi pour témoigner de ce que ce n'est pas l'intérêt qui vous guide mais bien la conviction que la félonie n'a que trop duré. Notre correspondance en est la preuve, votre sortie au grand jour était prévue, vous avez simplement été contraints de l'avancer.
Alors, merci à vous et soyez assurés de ma protection ainsi que de celle de ceux que je représente. La noblesse provençale impériale ne peut que remercier et protéger ceux qui ont repris la lutte.

Elle leva le récipient de quelques pouces et le vida ensuite d'un trait. Le reposant finalement, elle poursuivit :
— Je vous laisse la parole, vous avez certainement nombre de choses à me communiquer.

Le valet revint et lui remit un pli. Elle fit signe à ses hôtes de continuer et d'un œil distrait, elle prit connaissance du billet qu'on venait de lui transmettre. Deminerve. Elle prendrait le temps, après la réunion, de lire attentivement ce que son vassal lui écrivait et de répondre à celui-ci en prenant grand soin d'aplanir certains malentendus.
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