Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Gaspard de Nerra, Cassian d'Arlezac et Maeve Alterac, dans la même armée.

[RP] quand une armée fait garderie...

Maeve.
[Quand l’enfant se pose et que l’adulte naît…]

Ces derniers mois auront été emplis de changement pour la rouquine. Le retour de Lorraine n’aura pas été de tout repos… Etrange, passionné, distant et changeant… Elle avait adoré rentrer. Si pressée de retrouver les siens qu’elle en avait bâclé ses adieux à ceux qu’elle n’avait finalement que peu fréquentés, elle était arrivée à Sémur du soleil plein l’azur de ses prunelles, l’envie d’embrasser sa famille, de retrouver, de découvrir ses amis, la compagnie de sa mère, de son père, sa sœur, son presque frère, enfin sorti de ses retraites continuelles chez les moines, faire connaissance avec Cassian, rencontrer Alycianne, Maelle, et tous ceux qui feront désormais sa vie.
Naïve, fraiche, enthousiaste, elle n’avait pas pensé bousculer la routine installée. Et avait d’ailleurs tenté de s’y insérer… Mais la vantardise de Cassian l’avait exaspérée, son Etincelle était bien vite repartie vivre sa vie, Gaspard avait retrouvé ses vieilles habitudes chez les moines… Et Leandre, son chevalier, était encore plus distant et absent qu’il ne l’avait été en Lorraine. Au final, elle avait passé ses journées seule, dans un coin près de l’eau, sur les berges givrées d’une bourgogne percluse de froid.

Un peu à l’écart, elle s’était contentée de savourer les retrouvailles de ses parents, de profiter des instants grappillés au temps… Et puis il y avait eu le voyage pour aller chercher cet oncle impressionnant au Limousin, et ces discussions avec Marie, empreintes de gravité, d’un âge adulte qui pointe son nez sur la cadette nouvellement majeure. Des questions en pagaille dans la tête de Maeve, des sentiments contradictoires. Un chevalier qui n’en est plus un, trop absent, se rendre compte, aussi, qu’il a changé. Ou peut-être que c’est elle… quelques mois déjà que l’idée lui trotte dans la tête, qu’elle la chasse, et pourtant, elle revient, et finit par s’imposer, au point qu’elle en parle, avec sa mère.
Maeve… l’humble Maeve, celle qui sait les efforts qui l’attendent, la chance qu’elle a eue, qui bénéficie de l’éducation de parents ouverts, qui ne se ferme à rien et partage tout, qui considère la noblesse comme une responsabilité et non comme un droit. Maeve la Balafrée qui essaie de tout gagner, de ne profiter que du nécessaire, Maeve qui a mûri, grandi, se construit. Et qui réfléchit à cette relation, à ce mariage prévu auquel elle croit de moins en moins… Trop différents… des années qu’ils se le promettent, des années qu’ils le vivent et partagent leurs existences…

Et malgré cela des différences qui chaque jour se révèlent, des absences qui troublent la jeune fille, des nouvelles qui ne s’échangent pas… Il ne vient pas avec eux, elle se détache. Insidieusement, le chemin dans le cœur de la rouquine se fait, et elle convient avec Marie, qui ne porte pas dans son cœur le jeune impérial, qu’effectivement, le mariage ne se fera pas. Il ne le peut pas, avec ces doutes qui sans cesse se renforcent.
C’est le cœur lourd de regrets qu’elle rentre à Sémur. De regrets mais de joies simples aussi. Sur le chemin, ils récupèrent Gaspard, et elle ne peut que s’en réjouir. Il lui manque, le Nerra, dès qu’il s’absente. Ils ont tellement vécu ensemble, ils ont tellement partagé une partie de leurs enfances qu’elle n’imagine pas sa vie sans le voir, lui qui a su la réconcilier avec sa balafre, avec elle-même, pendant ces deux ans à Louhans. Qu’il soit proche de Maelle l’avait déjà dérangée il y a quelques semaines, là ça l’énerve, sans qu’elle ne se l’explique.

Toujours est-il que l’impérial n’est plus là. Sans la prévenir il est parti… La jeune Alterac en conçoit quelque rancœur, qu’elle décide de coucher sur un parchemin rapidement… Repoussant cependant sans cesse l’instant, dans l’espoir qu’il lui revienne, tel le garçon de Dieppe qu’elle a connu, tel le chevalier qu’il a été pour elle tant d’années… Mais non… Et puis elle se présente enfin à Snell, et prend sa place d’écuyère. Et puis elle discute beaucoup avec Cassian, à qui elle pardonne sa vantardise, réalisant que c’est celle de Leandre qu’elle récuse, au final. Les liens se tissent… ‘Cianne, Cassian, Gaspard et elle… petit à petit deviennent un clan, un groupe, quelque chose d’important. Et Leandre qui s’efface, doucement mais surement, pas complètement… Seulement il n’est plus le centre de la vie de la rouquine. Avec l’entrainement accordé par son maitre d’armes, l’armée et le reste, elle a suffisamment à penser.

Un soir… feu de camp… l’armée en marche. Des discussions plein la tête… Gaspard qui ne va pas tarder à arriver, elle l’a appelé d’un courrier… Et ce besoin d’écrire à son chevalier qui ne l’est plus. Lui dire, lui expliquer… D’un geste elle attrape sa plume, son encrier.


Citation:
A toi,
A Leandre Lazare de Valfrey,
A celui que je suis et aime depuis toujours,


Je t’écris ce jour… j’en saigne de devoir gratter ces mots, mais il le faut… Tu le sais aussi bien que moi, nous ne croisons que peu ces derniers temps. Nos dernières conversations m’ont… marquée. Nous avons grandi ensemble et pourtant j’ai l’impression que nos routes ont pris des directions différentes. Surement est-ce de ma faute, surement n’ai-je pas su apprendre, je ne sais, mais je ne te comprends plus … je ne me reconnais dans ta description de notre vie future, je ne saisis pas ta vision des choses…
Je t’aime Leandre, depuis ma toute petite enfance, et encore aujourd’hui. Tu es celui avec qui j’ai tout vécu, tout appris ; avec toi je suis partie de Normandie, avec toi j’ai appris à manier mon épée de bois, avec toi je suis partie en Lorraine, bravant mes parents… Et avec toi, en Franche Comté, j’ai grandi, et pourtant, sans toi, je suis rentrée. Tu m’as rejointe mais pas suivie, je suis revenue, tu étais parti, et.. la seule chose que je regrette c’est de n’avoir pu t’expliquer ça face à face…

Leandre… tu as été mon chevalier, tu as été mon moteur pendant tant d’années… Il était tellement certain que nous nous marierons que je n’en doutais pas, et pourtant... pourtant depuis des mois je sens ce lien s’effilocher… ce départ en Limousin, ton départ je ne sais où …

Je crois que nous avons perdu ce qui faisait de nous un couple. Je pense que nous ne nous marierons pas. Nous sommes désormais trop différents. Je ne renie rien, je t’aime toujours, mais différemment. Leandre je ne t’oublie pas, je pense juste que nous avons en grandissant beaucoup changé et que nous.. enfin tu serais malheureux avec une femme comme moi qui te brime dans tout, je serais malheureuse avec un mari comme toi qui a une vision à l’opposé de la mienne…

Je ne sais pas ce que tu vis, fais… j’espère que tu viendras me le raconter, que tu ne m’en voudras pas. Mais entre tout ça, et le fait que mes parents.. ne t’aiment pas beaucoup, et bien pour moi ça fait énormément.
De plus… et je pense que c’est honnête même si je lui ai pas dit encore… mais… je suis de plus en plus proche de Gaspard et du coup je me sens mal à l’aise. Alors je préfère te le dire, parce que je ne t’ai jamais rien caché.

Je t’embrasse,
Ton amie, j’espère,
Maeve Alterac.



Elle l’écrit et l’envoie… les jours passent et la mélancolie reste. Un gout d’inachevé qui reste en bouche, en ventre, en cœur… Mais la vie continue et promet de droles de surprises… L’arrivée à Sémur… ces discussions aux feux de camp avec Cassian qui les rapprochent, ces retrouvailles avec son presque frère qui prennent une nouvelle tournure. Des questions à foison, et pourtant de nouvelles responsabilités.
Des terres à gérer, une seigneurie… Une confiance de ses parents. Et puis cette fonction… Ecuyère. Et pas de n’importe qui ! De l’Infâme Borgne de Bourgogne, de Snell en personne ! Ils se sont mis d’accord pour apprendre la hache et la rouquine est impatiente.

Ce matin, elle s’est levée, bien avant l’aurore, comme d’habitude. Le chemin si souvent fréquenté s’est emprunté machinalement, jusqu’à la clairière au fond du domaine, afin de rejoindre ses cibles et ses cordes. S’entrainer… grimper aux arbres, aux murs, et tirer, tirer à l’arc, sans fin, jusqu’à toucher la cible… à tous les coups. S’entrainer, des heures durant, avant de retrouver le campement, avant de retrouver ses amis les plus proches, avant d’enchainer sur une journée bien remplie…
Une fois ses deux heures passées et le jour levé, signalé par la lumière rasante d’une journée d’hiver… elle retourne au campement et son premier réflexe est d’allumer un feu devant sa tente, posant jambon et fromage à proximité… Elle sait que dans peu de temps arriveront la mine enfarinée Cassian et Gaspard. Gaspard qui il y a quelques jours, à la suite de son courrier, est arrivé près d’elle… amenant une discussion au terme de laquelle… amoureux. Ils sont amoureux. Quelque chose qu’ils n’avaient pas vu venir, un truc auquel elle doit encore réfléchir, même si elle le sentait… Et puis ces gestes, si naturels pour eux, et les autres, qui le deviendront…

Toujours est-il qu’elle prépare les tartines de fromage fondu sur pain rassis, avec jambon prêt à être déposé dessus, une bouteille de Bourgogne trônant à ses côtés. Trois verres. La discussion se tient. L’idée de Snell sur ce pacte s’impose petit à petit, et ils doivent en causer. Alors elle les attend, tranquillement, sifflotant…


Et le fromage, sur sa tartine,
Et le jambon sur son fromage,
Et la gourmandise, bien caline,
S’en vient éveiller le dévorage !


D’humeur rieuse, l’Alterac…
_________________

Au revoir, Fab.
Cassian_darlezac
[Jamais plus les dragons ne voleront là où le soleil s'éteint... ]

[La veille, à plusieurs mètres du camps]

Au moment même où les illusions s’effondrent, une supplique demeure, dans un simple murmure : une prière. Une envie de s’envoler loin, aux pays des rêves, quitter une fois pour toute la réalité. Rattraper les chimères avant qu’elles ne disparaissent totalement. Il en faut parfois peu pour que les blessures passées se rouvrent béantes. Un seul mot peut suffire, une étincelle et les ailes du dragon s’enflamment, son image s’efface et tout s’effondre. Il n’en reste alors plus que des cendres ; la réalité.

Désillusion.

* A quel hauteur ton orgueil t’as t-il porté gamin pour que la chute soit si violente ? Tsss, crois tu vraiment que l’audace fait tout ? Pour réussir encore faut-il savoir se relever une fois à terre. Personne ne te relèvera cette fois, ne t’emmènera avec lui, tu ne peux compter sur toi. Il n’y aura pas des Marie ou des Eusaias à chaque coin de rue pour t ‘emporter, raviser tes rêves et te proposer une nouvelle vie. Eh oui morveux… Il y a des blessures que toi seul peux panser. *


« Ta gueule ! »

Comme un coup de tonnerre exorcisant la tempête faisant rage en lui, le cris résonne dans le lointain. Dans un bruit mât le livre qu’il tenait serré dans sa main rencontre le sol, la torche suit, les genoux ploient, les accompagnent, tandis que les azurs rencontrent la voûte céleste dans une énième supplique aux étoiles. « Trop petit… J’étais trop petit… Je ne pouvais pas savoir… » Les larmes coulent alors, jalonnant de part en part le visage enfantin.

* Comme s’il suffisait de quelques larmes, petit…* La voix quant à elle se fait narquoise, s’insinue dans chaque parcelle de ses pensées. * Mais quand as tu donc cessé d’être trop petit morveux ? Quand cesseras tu donc d’être faible ? Regarde toi, assumes tes actes une fois pour toute, grandis bonhomme. Trembleras-tu toujours chaque fois qu’il sera fait mention d’un entraînement avec Gaspard, de peur d’être ridicule ? Ou vas-tu relever et enfin te mettre à apprendre ? Vas-tu ouvrir le livre et tourner la page une fois pour toute, ou t’enfoncer dans ton incapacité ? Continueras-tu vainement à t’auto persuader que tu peux être fier de ce que tu es, ou feras tu en sorte de l’être vraiment ? *

Timidement la dextre glisse à la rencontre du livre, caresse la maudite reliure avant de se saisir de l’ouvrage, alors que de l'autre main il plante la torche encore allumée dans le sol. Il vient de faire son choix. Mécaniquement il fait défiler les pages jusqu’à ce qu’il tombe à nouveau sur le passage qui est la cause de son désarrois… Les azurs parcourent les quelques lignes sans faillir, alors que ses mains se crispent, il lit…


Citation:
Campé sur son fier destrier, surplombant le champs de bataille, un rire gras et rauque émana de la gorge puissante du Commandant. La bataille touchait à sa fin, déjà les barbares prenaient la poudre d’escampette. D’un cracha volumineux il ponctua l’arrêt du combat. « C’est ça pleurez vos mères bande de pleutres, incapables que vous êtes de m’empêcher de les engrosser les unes après les autres! Car c’est dans nos couches qu’elles chialeront, soyez en sûr !» D’un geste circulaire il déploya alors son bras, englobant le champs de bataille avant de s’adresser à ses hommes. « Aujourd’hui encore il va nous falloir enterrer de nouveaux morts, tandis que ces chiens laisseront les leur ici, tripes béantes. Voilà ce qui différencie l’homme de l’animal, ce qui nous différencie de ces porcs. Alors que nos morts auront sépultures décentes pour s’élever vers le très haut, les leur pourriront ici à jamais. Rien que pour cela nous devons les étriper jusqu’au dernier ! N’est point homme celui qui ose infliger un tel sort à ses morts ! Puissions nous pisser un jour sur leurs tombes, faute de quoi pour l’instant vous pouvez vous soulager sur leurs cadavres si l’envie vous prend…»


« N’est point homme celui qui ose infliger un tel sort à ses morts ! » Sa voix n’est qu’un murmure alors qu’il relit une dernière fois la phrase en question. Comment a t-il pu oublier de les enterrer, s’enfuir ainsi en les laissant pourrir sur place ? Les mains se portent aux tempes dans un soupire alors que la culpabilité lui enserre la poitrine. Putain de lâcheté ! Il l’a le môme cette envie de tout oublier, partir loin, très loin, s’enfermer dans le monde des rêves pour ne plus jamais en sortir. En jeter la clef et rester là bas définitivement… Parcourir des lieux à dos de dragons, survoler des paysages féeriques, revoir Mère, Père et surtout Edwinna. Oui là bas ça devrait être possible… Un sourire triste prend progressivement place sur la frimousse du blondinet, en chasse les larmes. Il suffit pour cela de s’endormir et de ne jamais se réveiller. Oui, dormir à jamais comme Fléance, ça serait si simple. D’un coup il voit les choses différemment et il doit bien avouer qu’il aimerait ça le môme. Tout plutôt que de grandir, c’est trop dur, bien trop dur…

La tête dodeline, les yeux se ferment sur un besoin de se retrouver seul avec lui même, apaisé, avant de faire ce qu'il se doit de faire. Tout à l'heure, pas tout suite, s'il vous plait...

_________________
Gaspard.
Levé tôt, avant même l'aube, convoqué par son nouveau maitre, Gaspard n'avait pu dormir autant qu'il l'aurait souhaité. Le temps de l'insouciance était semble t'il révolu. A bientôt 13 ans Gaspard s'éveillait comme après un trop long sommeil... Ce sommeil qui est l'enfance mais qui est désormais révolu; et l'aube de ce jour nouveau en tant qu'écuyer est porteur de toute les promesses du monde pour le jeune brun. Lui qui avait tant demandé a rester enfant était désormais un jeune homme et il accueillait avec plus ou moins de bonne volonté les éléments qui s'imposaient a lui chaque jour. Avec la plus grande douceur c'est son amour pour Maeve qui lui avait sauté aux yeux en premier. Son premier pas dans le monde des responsabilités s'était vu marqué par le sceau de l'amour. Certains auraient pu penser que c'était un jeune damoiseau qui avait déployé ses ailes étant donné les circonstances... mais ils se trompaient. Gaspard n'était pas plus damoiseau que Maeve n'était courtisane. Tout deux ne juraient que par les faits d'armes, la chevalerie et la fraternité. Et bien que la rouquine fut en avance sur la formation aux armes, le tout jeune vicomte ne comptait pas laisser cet avantage demeurer éternellement entre eux.
Il comptait sur son Maitre pour lui apprendre les bases. Il voulait plus que tout se montrer digne se son amoureuse et il savait que c'est par la maitrise des armes et des valeurs chevaleresques qu'il y parviendrait. Sa détermination et son affection il lui avait prouvé a la rousse, après l'attaque et la blessure. Mais il était alors bien plus jeune. Et s'endormir sur ses lauriers ne faisait pas parti des plans de l'écuyer d'Erik. Il serait fort et habile autant qu'elle serait rapide et maline. Il savait qu'il pouvait le faire, il voulait se montrer fort. Son corps ne cessait de s'étoffer depuis quelques temps et il était deja plus grand que nombre des enfants de son age. Il devenait un jeune homme oui... mais un grand et fort jeune homme. Il n'était pas doté de la force ni de l'endurance nécessaire au bretteur mais on pouvait deviner aisément qu'il parviendrait a modeler son corps pour le combat. Après tout son père n'était il pas un grand et fort guerrier? Et son oncle?... N'était il pas censé être un colosse? Le sang des Nerras charriait la puissance et Gaspard n'y faisait pas exception. Et même si sa main n'avait pas encore les cales de l'entrainement, même si ses épaules n'auraient pas soulevé une hache pendant bien longtemps, son corps ne demandait qu'a s'élargir.
Alors il comptait s'entrainer le Nerra. Il gagnerait leur considération et leur respect a tous. Et il le ferait non pas son nom ou son titre mais bien par son travail et sa détermination.
Alors des l'aube il avait aidé son maitre. Astiquer une armure n'entrait pas dans les priorités du jeune homme mais le Duke lui avait bien vite expliqué qu'il n'avait pas le choix. Et d'un Gaspard indiscipliné il en avait fait un jeune homme attentif et docile. Une seule matinée, une seule erreur et le rétif vicomte s'était transformé en un écuyer modèle. Pas modèle comme l'était Maeve non... Il avait encore un peu de mal avec l'autorité, mais il se contraignait a l'accepter tant que la contrepartie s'avérait intéressante. Et en l'occurrence elle l'était. L'après midi même il avait enfin eu droit de choisir une arme. Il en avait beaucoup le Duke sous sa tente et Gaspard avait mit un temps infini a choisir celles dont il voudrait se servir. Mais avec les conseils de son Maitre son choix s'était porté sur l'épée et le fléau. Les armes ne nichaient facilement dans les mains du vicomte et c'est presque naturellement que sa décision finale fut prise. Et, comble de la joie, son Maitre l'avait autorisé a garder l'épée, jugeant sans doute qu'il ne risquait pas grande chose a la porter... contrairement au fléau. Cette arme avait effrayé Gaspard de prime abord. Puis elle l'avait ensuite fasciné. Il imaginait le visage porteur d'un masque de peur que ses ennemies afficheraient en le voyant arriver avec pareil équipement. Mais pour le moment l'arme était sous la garde du Triduc, sans doute pensait il que Gaspard se blesserait... et sans doute avait il raison.
C'est donc avec un grand sourire, et surtout une épée au coté, que Gaspard prit la direction de petit feu de camp qu'il partageait le soir avec son amoureuse et Cass'. Nettoyer l'armure n'avait tout de même pas été de tout repos pour le jeune homme peu habitué aux efforts physiques autre que grimper dans les arbres. Il ne parla pas de son arme a Maeve et la déposa juste a la limite du cercle de lumière du feu puis se laissa presque tomber sur le sol avec un soupire de contentement. Il ne voulait pas sembler vantard en montrant son épée et laisserait la rouquine ou Cassian poser la question.

Puis il raconta a Maeve et Cass' sa journée en vitesse omettant de dire qu'il avait garder l'épée, toujours quelques pas derrière lui et engloutissant avec entrain les tartines préparées par sa belle. Et bien vite ils se mirent a parler du pacte... ce fameux pacte... L'idée avait d'abord rendu Gaspard un peu sceptique mais il avait finit par en comprendre la symbolique et la porté et il s'était alors enthousiasmé. Ils formeraient une sorte de... confrérie! rien que le mot faisait briller les yeux du jeune homme. Ça humait le secret a plein nez cette affaire la! et rien de mieux que ca pour éveiller les rêves de grandeur et de gloire d'un jeune écuyer. A mi voix, alors que personne pourtant ne les écoutait, il prit la parole. Invitant tout le monde a s'approcher, donnant un aspect intime et mystérieux a leur petite réunion.


Alors si je résume bien les choses... On doit mélanger notre sang et ca fera une sorte de lien entre nous. Et on se défendra tout le temps même si on est loin les uns des autres. Et si quelqu'un trahit le pacte... on fait quoi? Moi je propose qu'on lui applique un fer rouge sur le front avec écrit "traitre"... M'enfin je suis sur que personne ne le fera. On est les meilleurs amis après tout.

_________________
Cassian_darlezac
La nuit était déjà bien avancée quand une caresse humide fit s’entrouvrir les paupières du môme. Nul besoin de tourner la tête pour comprendre que Fléance était là, veillant sur son intrépide personne. Alors, comme un rayon de soleil illuminant cette nuit glaciale, les écrits d’Alycianne lui revinrent à l’esprit. « Pour Fléance, je pense que je crois que même si il terrifie pas trop, il fait le bon compagnon quand on se sent seul. » C’est un sourire qui illumina la bouille du môme, un regard reconnaissant qui enveloppa Fléance, alors que d’une caresse il le récompensait. Certes Fléance était maigre, puant, mollasson, pas vraiment malin, mais il était toujours là. Eternel compagnon, qui même si son maître le maltraitait régulièrement, ne bronchait pas. Jamais une once de reproche affectait ses pupilles, pas même un regard moqueur. Il était là tout simplement… Il avait su le retrouver au moment où il avait justement besoin de réconfort. Et c’est cette présence imprévue à ces côté qui poussa le gamin à sortir de sa léthargie.

Tout en se relevant le gamin frissonna. Etait-ce bien le vent qui mugissait, ou son propre esprit qui lui jouait des tours, en voulant rendre cet instant encore plus solennel ? Il n’aurait su le dire. La nuit enveloppait les alentours, et la lune -que camouflait une masse nuageuse- n’apportait qu’une mince consolation fasse aux ténèbres qui l’environnaient. S’il n’y avait eu la torche encore allumée pour le rassurer, sans doute se serait-il enfui à toutes jambes remettant son devoir à plus tard. Toutefois, c’est d’un air décidé qu’il saisit sa besace pour en extraire une pile de vélin. Chaque missive commençait de la même manière :
« Père, Mère, Edwinna ». Dix sept, il leur en avait écrit dix sept en trois ans, condensé de sa courte vie qu’il allait ce soir là faire partir en fumée. Puisque jamais elles ne pourraient trouvé leurs destinataires il serait idiot de s’en encombrer. A quoi bon sentir ses pupilles s’humecter chaque fois il poserait ses azurs sur l’une d’elle ? « Il faut laisser partir ses morts, lui répétait inlassablement le Frère Pierre au prieuré de Souages. A quoi bon s’inquiéter pour eux quand on ne peut plus leur être d’aucun secours ? Si le passé te construit, seul l’avenir te fera vivre. » Il avait décidé de vivre le môme. Pour cela faute de pouvoir enterrer ses morts, il devait enterrer ses espoirs d’enfant ; regarder la vérité en face avant de laisser l’horizon se tinter de nouveaux rêves. Des rêves d’adolescent et non des lubies de gamin.

Eparpillant les lettres sur le sol, il avait alors déterré la torche et y avait mit feu, sans même frémir. Ou alors si peu qu’il avait imputé ses quelques tremblements au froid ambiant. Les mots étaient alors parti en fumé, en un instant tout n’était plus que poussière. Seul dans les cendres sitôt refroidies, demeurait un bout de vélin que le feu avait dénigré. Dessus, l’encre encore visible laissait apparaître ces quelques lettres:
« Edwinna », le nom de sa sœur. Plus par superstition qu’autre chose il l’avait enfouit dans sa besace, avant de faire signe à Fléance, de récupérer la torche, et de mener ses pas vers le campement. Epuisé, il se dirigea aussitôt vers sa tente avant de s’allonger et de fermer les yeux. Si pour l’instant il ne mesurait pas encore la porté symbolique de son acte, le lendemain, il le pressentait, ce ne serait plus le petit garçon insouciant qu’il était qui ouvrirait ses paupière au soleil, mais plutôt l’embryon de l’homme qu’il sera. Alors il jurera de reprendre l’entraînement d'arrachepied et de devenir le plus vaillant des Chevaliers. C’est pour eux qu’il le fera, pour tout ceux qui ont su faire battre son cœur, pour ceux qui le font à présent tonner et pour ceux qui le feront mugir. Plus jamais il ne s’enfuira devant une lame ennemie laissant les siens mourir à sa place. C’est pour cela qu’il avait réagi de connivence avec Maeve quand Snell leur avait parlé du pacte de sang. Jurer de leur donner sa vie ? Oui criait son cœur, sans l’ombre d’une hésitation.

Le reste de la nuit avait défilée et trop tôt le soleil dardait la tente de ses rayons. Si la journée s’annonçait froide au moins la pluie et la neige leur accorderaient-elles un peu de répit. Et la matinée s’était déroulée également, le trouvant occupé au travaux de camp, aider l’un ou l’autre ; aller chercher pour du bois pour le feu, de l’eau, discuter et enfin s’entraîner un peu. Ce n’est qu’à l’heure du déjeuné qu’il avait rejoint ses camarades. Puis la journée avait suivi, semblable à la matinée, n’ayant pas de maître à ses côtés il restait à la disposition de tous et, contrairement à son habitude, effectuait toutes les taches sans broncher, qu’il s’agisse d’aider à préparer le gruau pour le soir, ou d’aller quérir quelques tonneaux pour combler la soif insatiable de certains. C’est donc l’esprit calme qu’il avait rejoint à son tour ses amis autour du feu de camps. Ecoutant vaguement Gaspard leur narrer sa journée il hochait la tête de temps à autre d’un air rêveur pour donner l’impression qu’il n’en perdait pas une miette. Mais son esprit était ailleurs et partout à la fois, un coup avec Alycianne, d’autre fois avec Papa, avec Marie, Aleanore. Allaient-ils bien ? Faute de le savoir réellement il partait du principe que oui. Longtemps également il avait effleuré du regard l’épée qui trônait au côté du jeune vicomte, attendant en vain qu’il la leur présente. Mais il ne l’avait pas fait et la discussion avait dérivé sur un sujet qui avait enfin réussi à capter toute son attention. Le pacte de sang…

Un pacte qui les unirait à jamais, pas un jeu, il le savait le petit blond. Il n’y a avait guère de sujet plus sérieux à ses yeux que celui là. N’avait-il pas la veille décidé de se tourner définitivement vers l’avenir ? Ce pacte, leur pacte, les unirait à la vie à la mort, encore plus que leur serment de Chevalier. Maeve en avait conscience, Gaspard s’en rendait-il compte ? S’il y avait une chose avec laquelle on ne pouvait rire, s’était bien la mort. Même le plus brave d’entre eux pouvait faire dans ses braies une fois la grande faucheuse face à lui. C’est parce qu’il connaissait cette terreur, qu’il se savait prêt à l’affronter une nouvelle fois. Et quand l’heure viendrait, il se promettait de ne pas faiblir. Plus jamais. Cette fois il donnerait sa vie pour les siens dusse t-il avoir les braies dégoulinantes de pisse, dusse t-il perdre jusqu’à la dernière goutte de son sang. C’est donc en secouant la tête qu’il prit enfin la parole, d’un air sérieux qui lui ressemblait guère, tranchant avec l’enthousiasme de Gaspard. Il avait également réfléchit à la chose et la réponse était venu d’elle même. Il pencha la tête à son tour avant de répondre à mi-voix :


« Quand un bras est gangrené on le coupe, on ne le marque pas au fer rouge. Le serment nous lie à la vie à la mort, aussi seul la mort peut y mettre fin. Voilà le prix que devra payer un traître. Le marquer ne servirait à rien, il aura déjà perdu tout son honneur le jour où il n’aura pas tenu parole. » Il du se retenir pour une fois d’agrémenter le tout de "je pense", de "personnellement", de "de mon avis ". Un gamin pensait, hésitait, un homme en devenir devait se montrer sûr de lui. On ne tergiverse pas quand il est question de mort. Cependant si ses mots, si sa voix, si tout dans son attitude laissait penser qu’il ne reviendrait pas là dessus, on ne pouvait en dire autant de son regard. Celui ci se tourna aussitôt vers Maeve qui tacitement était devenu comme leur chef. La plus grande, la plus réfléchie... Il le savait, elle seule apporterait la réponse à la question et tout deux l’accepteraient sûrement sans broncher. Et puis tout comme Gaspard il ne pouvait pas croire, ne voulait pas croire que l’un d’eux les trahisse un jour…
_________________
Maeve.
Lueurs orangées d’un âtre qui se forme dansent dans les boucles rousses d’une écuyère de bonne humeur devant laquelle s’amasse le repas du soir. A l’écart, un peu, des soudards au milieu desquels ils déambulent pourtant une partie de la journée. Les garçons ne tarderont plus maintenant, à peine quelques minutes pour profiter de sa solitude, pour repenser à cette lettre qui vient de partir vers la Franche-Comté où Leandre se trouve. Elle espère qu’il ne prendra pas mal cette séparation mise noire sur blanc, alors qu’elle tendait à se faire plus réelle chaque jour dans la pratique.
Seul regret, qu’elle n’ait pas pu lui parler, lui dire, lui expliquer face à face, yeux dans les yeux et main dans la main, comme ils ont toujours tenu leurs palabres les plus importantes, depuis ce jour en Normandie où elle l’avait trouvé beau.

Remue méninges le temps d’un battement de cils, se concentrer sur l’eau qui bout sur le feu, y jeter les morceaux de viande chapardés chez l’intendant en échange d’un clin d’œil et d’un sourire, les quelques légumes cueillis dans les champs en passant, et attendre… Cassian et Gaspard ne tardent d’ailleurs pas.
L’azur a bien vu briller l’éclat d’une lame abandonnée à l’orée de la lumière dansante du feu, mais si Gaspard ne tient pas à en parler tout de suite, alors ça attendra plus tard. En attendant, on partage les nouvelles du jour, Cassian un peu dans les nuages, mais vu que Maeve a la bouche pleine, elle aurait du mal à lui faire une quelconque réflexion. Le sourire au bord des yeux, elle suit pourtant avec attention le discours de Gaspard, mâchouillant tranquillement une tranche de jambon récalcitrante.

Jusqu’au moment où le sujet qui les accapare depuis quelques jours revient sur le tapis. Le pacte, bien sûr, quoi d’autre ? La Zoko n’est pas encore arrivée dans leur paisible bourgogne, et les presque adultes passent plus de temps à discourir des modalités de leur pacte que d’autre chose. Le petit groupe qu’ils ont formé naturellement prend un peu plus d’ampleur à chaque retrouvaille, à chaque rencontre, discussion.

Des enfants qui partagent non seulement certaines valeurs de respect, mais aussi toute une vision du monde et de leur avenir. Chevalier, oui bien sûr, ils le seront… Mais pas seulement. Ils savent tous les efforts à faire pour parvenir à atteindre leurs rêves. Chacun d’entre eux, que ce soit Karyl, ‘Cianne, Cass’, Gaspard ou Maeve… chacun a vécu dans son enfance des évènements qui lui a fait ouvrir les yeux sur cette enfance bénie, sur le monde qui les attend, sur le noir qui rôde dans chaque ombre du chemin de leur vie. Que leurs parents soient morts, qu’ils aient du fuir, qu’ils se soient fait mutiler… Chacun des membres du pacte a expérimenté le Mal d’une façon ou d’une autre, et c’est peut-être aussi cette part d’innocence perdue qui les rassemble, quoiqu’il se passe dans leurs vies, depuis qu’ils se connaissent.
Rien n’empêche les chamailleries, disputes et taquineries inhérentes à leurs âges, mais le lien, lui, existe déjà… Ne reste qu’à le formaliser. Tout cela tourne dans la caboche de la Flamme depuis que Snell a glissé l’idée de sceller le pacte avec leur sang. Les conséquences sont terribles pour qui rompt telle alliance… C’est d’ailleurs, se rend-elle compte, le sujet de la discussion chuchotée désormais. Légèrement penchée vers eux, elle sourit aux mots de Gaspard, mais acquiesce à ceux de Cassian, imperceptiblement.


Alors si je résume bien les choses... On doit mélanger notre sang et ca fera une sorte de lien entre nous. Et on se défendra tout le temps même si on est loin les uns des autres. Et si quelqu'un trahit le pacte... on fait quoi? Moi je propose qu'on lui applique un fer rouge sur le front avec écrit "traitre"... M'enfin je suis sur que personne ne le fera. On est les meilleurs amis après tout.

« Quand un bras est gangrené on le coupe, on ne le marque pas au fer rouge. Le serment nous lie à la vie à la mort, aussi seul la mort peut y mettre fin. Voilà le prix que devra payer un traître. Le marquer ne servirait à rien, il aura déjà perdu tout son honneur le jour où il n’aura pas tenu parole. »

La Flamme prend le temps de la réflexion, quelques secondes, pas plus, pour ordonner les mots dans sa tête avant de les lâcher au milieu du triangle qu’ils forment. Elle sait que ce qu’elle dit importe, au milieu de ce groupe. Maeve est plus âgée, plus expérimentée, ses blessures plus visibles, son sens des responsabilités, son sérieux, plus éprouvés. Naturellement, elle calme, sermonne, avant même de jouer, rire, les surprenant alors en plongeant un Intrépide dans un abreuvoir, racontant des histoires à un Blondinet…
De sa voix grave, rauque d’avoir déjà trop écumé les routes poussiéreuses, d’avoir trop palabré dans les tavernes du royaume, elle prend position.


Pour une fois… Si le Paon a pu empêcher les « je pense », « personnellement », « je crois », elle se permet une petite pique, plus tendre que cassante, juste parce qu’ils se connaissent suffisamment pour ne plus se fâcher. Cassian a raison. Un pacte de sang n’est pas anodin… C’est plus qu’un engagement… Même le serment de chevalier ne se signe pas ainsi… Comme Gaspard, je suis persuadée que cela n’arrivera pas, à aucun de nous. Sinon, pourquoi faire ce pacte si l’on pense déjà qu’un d’entre nous le trahira ?
Seulement…
Elle inspire. Nous sommes jeunes… Et nous ne savons pas de quoi l’avenir sera fait. Je pense que de savoir que la rupture de ce pacte entraine la mort du traitre nous permettra aussi de mieux mesurer l’engagement que nous prendrons. J’en ai parlé à Karyl et vous êtes tous deux d’accord. Ne manque que ‘Cianne.

La rouquine setourne vers Cassian, son comme-frère.

Si on lui écrivait tous les trois, pour qu’elle rentre au plus vite ?

Dans un sourire la Flamme plonge sa menotte grasse du jambon dans sa besace, en sort plume et velin déjà gratté de sa précédente missive. Regard vers Gaspard lui signifiant de trouver une table improvisée.

Qui commence ?
_________________

Au revoir, Fab.
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)