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Le Comte de la pleine lune

_Max
Nuit éclaircie que celle qui, en cette heure, voyait la démarche inégale de Mazière fendre le large campement de l'armée "Pà Capituna", déployé sur une butte provençale, jusqu'à ses dernières limites. L'astre argenté, plein pour l'occasion, balayait admirablement de ses lueurs l'obscurité, tandis qu'en renfort, dansaient les flammes des flambeaux disposés de toutes parts, entre les tentes militaires. Toile après toile, l'on pouvait s'amuser à détailler la situation de chacun de leurs occupants, selon l'ornement arboré, les couleurs employés, ou bien encore simplement le gabarit... On pouvait ainsi trouver là, sans nul doute, la plus haute noblesse tout autant que les plus sordides mercenaires, dans un rapport que l'on n'oserait croire équilibré, bien entendu.

Le Comte n'avait pu trouver le sommeil, cette fois comme nombre d'autres auparavant... Était-ce parce qu'il n'avait que trop gagné de repos ces derniers mois? Il en doutait plus que tout, lui qui en était sorti plus affaibli que jamais, une jambe encore meurtrie, le front brûlant, et l'esprit torturé par d'étranges illusions... Et elle, qui l'obsédait jusqu'à le dégoûter parfois, pris d'émoi, de doute ou d'amertume... Sans qu'il ne renonçât pourtant à poursuivre la même route, comme inlassablement conquis. Plus encore depuis son partiel rétablissement, tout cela le frappait de plein fouet nuit et jour, et les combats qu'il s'apprêtait à livrer, seuls, semblaient en mesure d'accaparer autrement son attention... Un temps du moins...

Alors, dans l'attente de la prochaine échauffourée, il erre... Le bord du plateau sur lequel reposait le camp lui semblait pour l'heure un parfait poste d'observation, permettant une vue sans égal sur les alentours ainsi clarifiés. Il s'y installerait dès lors, reposant et jambe, et canne tant manipulée, et fixant d'un vague regard cette étendue que l'hiver quittait peu à peu, pendant que la fureur montait jusqu'à déborder... Et en Aix, bientôt...

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sadnezz
Pres de sa tenture, quelques soldats discutaient de la lune et du beau temps , riaient et se bousculaient sous les effets certains de quelques liqueurs enivrantes... Souls ils l'étaient, et dieu sait combien les soulards sont bruyants pour ceux qui tentent de trouver le sommeil. A l'oreille, Sad en comptait cinq, bien imbibés qui commençaient sérieusement à lui taper sur le système... D'un bond, la Corleone se leva, mâchoires crispées, lueur assassine dans le fond de la prunelle. Elle revêtit une défroque à la hâte, ceint sa lame et envoya valser la toile de l'entrée dans un élan colérique mal maitrisé. Elle fut coupée net sur sa lancée, lorsqu'elle aperçu la scène qui se déroulait juste au coté de son abri du soir...

Une donzelle, tres occupée par quatres mâles échauffés, dans une position des plus suggestive. Autour d'elle, ça s'esclaffait et ça y allait de bon coeur, bien loin d'être dérangés par l'apparition de la brune aux boucles en bataille, pantoise. D'ailleurs, l'avaient-il remarquée? Elle ravala sa salive, les yeux ronds, tout en reculant silencieusement. Porco Dio! Mieux valait être aveugle que de voir ça... Mais qu'était ce camps ou les gens baisaient plus qu'ils ne se battaient? Un lupanar en pleine campagne, entre les cris des mourants et les cris de victoire, une terre plus souillée par l'huile de rein que par le sang. Les fot-en-cul semblaient à la nuit tombée être plus nombreux que les soldats, et cette dernière vision de nuitel lui arracha un frisson de dégout.

Frigide elle ne l'est pas, et n'est pas la plus blanche des oies, mais l'humeur de ces derniers jours ne l'aprêtent pas à emprunter les occupations locales, Sadnezz rumine... Depuis son arrivée à la demande du baron, elle ne l'a apperçu qu'une fois. Pas une gentillesse, juste le son des sarcasmes et de ses violons mielleux, plus insupportables que jamais. Une passade s'était-elle dit en le regardant se draper d'un autre visage qu'elle ne lui avait jamais connu... Elle avait laissé à ses affaires son écusson de dragons depuis quelques jours déja, écoeurée par son comportement indifférent aux siens, lui qui était si caressant autrefois... Pas un bienvenue, pas un merci pour sa maigre aide à injecter de quoi nourrir les bouches d'un Namaycush... Si le sommeil n'était plus là, peut -être étais-ce dû à la nouvelle qui serpentait dans les bavardages chuchotés des soldats... Celle qui l'avait laissé blafarde.

Sadnezz s'avançe, pensive, perdue dans une immensités de réflexions et de colère. Ses yeux croisent furtivement ceux d'un homme assis non loin, puis se reposent sur cette terre d'ocre qui fait tant couler l'ichor des mortels... Elle ralentit le pas, revient à l'inconnu et stoppe sa route. Tiens, celui- ci n'a pas une gueule de soldat ni de mercenaire. D'ailleurs, elle ne l'a jamais vu trainer dans le coin. Elle le détaille ouvertement, et se laisse gagner par un ressentiment suspicieux, doucement... Les espions sont bien fous s'ils viennent poser le pieds dans le camps, et celui-ci semble ne pas être préssé...

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kay
La lune était pleine dans ce ciel sombre de la nuit … le moment préféré de la petite sorcière, elle aimait à se promener alors que les autres pensaient à dormir … bien que les bruits qui lui parvenaient lui indiquaient que cela n’était pas vraiment le cas pour tout le monde !

Mais elle s’éloignait, préférant le calme pour tenter de se ressourcer, sa tanière lui manquait, la foret lui manquait, et puis il y avait bien trop de monde dans ce campement pour une Fleur Noire aimant l’isolement … respiration plus sereine, elle enroulait lentement une mèche de ses longs cheveux entre ses doigts alors que ses pas se faisaient plus félins encore … nonchalant … elle se sentait bien …

Regard habitué à la nuit et bien entendu aidé par l’astre qui y domine, une silhouette se distingue alors … apparemment elle n’est pas la seule à aimer errer le soir tombé … mais cette ombre là, elle la connait … ho pas vraiment personnellement bien sur … la jeune femme se rapproche alors, laissant ses prunelles aller dans la même direction que celles de la Belladone … froncement de sourcils … drôle de dégaine pour un soldat lui … puis son visage … Kay a l’impression qu’il ne lui est pas vraiment inconnu mais elle n’arrive pas à se rappeler où elle aurait pu le croiser, faut dire qu’elle a pas mal voyager aussi la belle … elle relâche la mèche de ses cheveux … croise les bras sur sa poitrine alors qu’elle arrive aux côtés de la Corleone …


‘Soir Sad … tu le connais lui ???


Geste de la tête en direction de l’inconnu …

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sadnezz
‘Soir Sad … tu le connais lui ???

Imperceptiblement elle a sursauté, ne s'attendant pas à voir la sorceresse apparaitre à ses cotés. Avec un peu de mauvaise foi elle aurait peut-être même aimé croire qu'elle se soit matérialisée tout près, par diable savait quelle incantation... Dehors à cette heure sans nom, pas étonnant pour ce genre d'oiseau de nuit... Sadnezz suivit le regard de la poupée de maléfice du Montereau, constatant sans étonnement qu'il convergeait vers sa propre contemplation antérieure. L'homme.

Fruit de toutes leurs interrogation, elles ne doutaient pas que leur questionnements à haute voix parvenaient à ses esgourdes, et l'idée même incita la Corleone à y mettre plus de coeur, et... de coffre.


Non, je me demande bien ce qu'il peut faire, là, seul, à l'heure où tous se trouvent de quoi froisser les paillasses... S'il faut c'est un eunuque, 'parait que dans les harems ils montent la garde et veillent sur le troupeau...


Et dans celui de Theognis et de Namay, il aurait eu de quoi faire le bougre... Toujours peu avare de tentatives douteuses, elle se baissa furtivement et ramassa un joli caillou circulaire, tout lisse. Comme pour rassurer leur vue curieuses de la vivacité de cet individu à la trogne inconnue, elle le lança dans sa direction... La petite pierre toucha un pied.

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_Max
Malgré l'hiver, c'est un doux zéphyr qui soufflait en son visage découvert, tandis que pourpoint et hauts-de-chausses, enrobés d'une sombre cape, préservait le reste du Mazière de semblables caresses. Tout de noir vêtu, il se fondait admirablement en le décor qui l'entourait, et que seul les pâles rayons de l'astre miroitant pouvaient en cette heure démystifier.

Pourtant, les quelques bribes de paroles que le vent parvint à colporter jusqu'à ses oreilles lui révélèrent en son dos une présence qui, évoluant non loin de lui, l'avait vraisemblablement repéré... Ainsi donc, le Comtois n'était point seul à qui la présente souveraine des cieux inspirait tout autre que le repos, et de ce qu'il en oyait, il était lui-même sujet d'intrigue à se trouver si loin de la tente qui aurait dû l'abriter. Les voix lui apparaissaient féminines, et le vocabulaire trop pauvre pour laisser supposer noble compagnie - qui n'aurait d'ailleurs raison d'être en l'endroit - . Les premières supputations quant à ces éléments eurent donc pu l'égarer jusqu'à imaginer là quelques distractions de soudards, mais vite il dut se raviser, songeant qu'en cet instant, ceux-là en useraient encore assurément, à moins que trop hâtifs ils ne fussent quand est venu le temps de pareil ouvrage, un handicap certain, doublé d'une perte d'argent regrettable pour qui connaissait les tarifs. Ces femmes-là pourraient-elles en être autrement, alors? Des combattantes? il en ricanerait déjà si son humeur ne le lui permettait guère... Des préposées à l'intendance? l'hypothèse paraissait plus probable... Un condensé de tout ce qui lui avait traversé l'esprit? Pourquoi pas... Toujours restait-il qu'il en aurait fallu bien davantage pour espérer éveiller quelconque intérêt en lui, et c'est resserrant le pommeau de sa canne que le juché Impérial s'apprêtait à évasivement disserter sur d'autres phénomènes.

Alors vint ce qui balaya ces dernières intentions pour revenir aux précédentes considérations... Un galet, un simple galet, dévala la pente du léger monticule sur lequel trônait l'homme - ainsi que, derrière lui, le vaste campement de l'armée - , et ce jusqu'à ses bottes mêmes, qui stoppèrent de fait sa folle course... Les Comtales prunelles, de leur iris smaragdin, s'avivèrent dès lors afin d'estimer la chose, un caillou... Rappel fortuit d'un récent présent ironiquement destiné à troubler son sommeil, à une heure où manquait autant sa donatrice qu'il ne dormait.
Ce ne pouvait manifestement être accident que cette subite irruption minérale, et les derniers propos rapportés se faisant puérilement railleurs, sa source apparaissait claire et opposée... Fallait-il par conséquent s'offenser de ce geste?
Jadis, sans doute aurait-on entendu gronder le Seigneur de toute son aristocratique condescendance, mais désormais le voici différent. Le dédain s'était-il accentué ou bien effacé, sans certitude l'on pouvait néanmoins y émettre quelque supposition... Confirmée ou non par le rire étrange, tant nerveux que cruel d'intensité, qui retentit depuis sa position... Non point gloussement hilare, il demeurait d'un timbre posé, par là capable, probablement, d'attiser la moindre des curiosités...
A-t-on idée de provoquer un fol?

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kay
Un eunuque …
Elle avait entendu parler de ces « hommes » là mais … sans trop savoir pourquoi, celui qu’elle regardait en ce moment n’avait pas vraiment l’air d’en être un …
La petite sorcière suivit des yeux le chemin emprunté par le caillou … s’arrêta sur la pointe des bottes de l’inconnu avant de relever son regard vers lui et d’attendre sa réaction …

Celle-ci ne fut pas vraiment celle que la jeune femme attendait …
Le rire qui lui parvint lui fit esquisser un sourire, ou plutôt un rictus … non, elle ne s’attendait pas à cette réaction mais celle-ci lui plait assez …


Non … pas un eunuque ma belle … pire que cela encore … un noble !

Bien entendu, cela n’avait rien de péjoratif dans le ton de sa voix, d’ironique plutôt … qui d’autre d’un nobliau aurait ce genre de réaction, tout autres hommes aurait plutôt crier ou relancé le cailloux … ou pire encore qui sait …
En tout cas, cela amuse la belle … pas nonchalants, félins quand elle se dirige vers lui … bien qu’il fasse sombre, la lune éclaire ces traits … l’est pas trop mal … un petit air narquois sur le visage, Kay s’arrête devant l’homme … un doigt qu’elle glisse entre ses lèvres tout en le regardant …


Le caillou vous cause des misères Messire ?

Cette fois, sa voix est douce, câline … mi femme mi enfant … ses prunelles par contre sont de braises, étincelantes et ironiques au possible … main qu’elle pose sur sa hanche, tête qu’elle incline légèrement …

Si vous le désirez … je vous en débarrasse …


Le bout de sa langue vient humecter sa lèvre supérieure avant qu’elle ne poursuive …


Il ne semble pas bien costaud … je pense que j’en viendrais à bout …

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sadnezz
Un noble... La remarque amusa la Corleone, -pire qu'un eunuque, un noble- ... Quoi qu'il en était ledit noble ne semblait pas concerné par les péroraisons des deux femmes, et la moins âgée des deux était de toute évidence la plus encline à ne pas l'entendre ainsi. Déhanché d'amazone, cheveux tripotés façon sensuelle sur son lit d'yeux en marguerite... Ou elle ne s'y connaissait pas ou la Sorceresse sortait son classique grand numéro de charme.

Les onyx noirs suivirent le jeu de jambe finement travaillé jusqu'au mâle muet. Soupir. Ce spectacle, elle l'avait vu par trop de fois pour en tirer une quelconque source de distraction, aussi l'éclat de ses prunelles latines disparut lentement mais sûrement. Sad posa son séant sur un tronçon de bois, s'attendant déjà à observer l'habituelle réaction masculine aux charmes tous offerts de la poupée du Montereau... Elle ne mandait même pas d'argent à ce qu'elle en savait, elle y prenait vraiment du plaisir... Séduire, attraper, enjôler, pour finalement passer au suivant.

Nuit perdue pour perdue, la Corleone ne partit pas. Caressant le fil de sa lame elle se fit statue marmoréenne et silencieuse, dans l'expectative d'un spectacle aux rouages bien huilés. L'air devenait irrespirable ces derniers jours, l'aura malsaine de cette guerre aux but réels cachés laissait Sadnezz à des envie bien différentes de celles de Kay... peut-être que tout changerait demain. Ou pas. Son regard calme et posé resta ancré dans leur direction, sentinelle taciturne mais alerte. Méfiance est mère de sûreté....

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