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Suite à un songe funeste, Kernos Rouvray, toujours bouleversé par la mort de son fils dernier-né et l'éloignement de son épouse, décide de réunir plusieurs amis afin de rédiger ses dernières volontés...

[RP privé] Le songe du chêne

Kernos
[Camera du Castel Rouvray, sur les terres de Glandage]

Kernos ferma le manuscrit qu’il consultait et se leva de son bureau pour se diriger vers la fenêtre. La nuit était déjà bien avancée, mais il avait du mal à trouver le sommeil depuis la perte de Nathanaël. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu’ils avaient quitté Lyon, en deuil, pour regagner Die… Ils étaient inconsolables. Cet enfant, ils l’avaient tant désiré, et voilà… le Très-Haut l’avait emporté, ne laissant que douleur et chagrin derrière lui. Axel ne lui avait pas adressé un mot depuis cette tragédie, et elle s’était aussitôt retirée dans les montagnes… loin de lui. Dehors, il pleuvait, Kernos regarda les gouttes s’écraser contre les carreaux en soupirant. La mort de leur fils l’avait bouleversé, profondément, la joie incommensurable qu’il ressentait quand il avait quitté en trombe Die avait laissé place au désespoir du retour.

Seul, il gagna sa chambre. Un feu crépitait dans l’âtre, réchauffant la pièce qui lui semblait si vide et morne sans la présence de son épouse. Kernos retira ses vêtements et s’allongea sur sa couche. Il ferma les yeux, laissant son esprit vagabonder afin de trouver le repos afin d’échapper pour quelques heures les tourments de son existence.

Il marchait dans une vaste plaine nappée d’un brouillard si épais qu’il l’empêchait de distinguer le monde qui l’entourait, même le ciel et le soleil demeuraient invisible à ses yeux. Kernos avançait ainsi dans cette forêt de brume, perdu, sans nul repère pour s’orienter, dérivant ainsi pendant plusieurs heures sans rencontrer âme qui vive… pas la moindre bête, rien à part le sol rocailleux et monotone sur lequel il se tenait.

Son errance lui sembla durer un temps infini dans ce décor immobile, se demandant comment il était arrivé ici et comment il allait s’en échapper quand, soudain, au loin, à travers le manteau gris, il vit une ombre se dessiner. Il hâta le pas vers cette silhouette, y voyant sa seule chance, qui grandissait à chaque enjambée le rapprochant d’elle. Emergeant de cette mer de brume, un arbre se dressait devant lui… un chêne, un chêne majestueux, au tronc solide et au feuillage fourni. Il s’arrêta à ses pieds. Cela devait faire des millénaires qu’il contemplait cette plaine, ses racines s’enfonçaient profondément dans le sol qui, tout autour de lui, était couvert d’herbe grasse et de mousse.

Respectueusement, Kernos foula cette terre fertile, îlot de verdure perdu au milieu de cette vallée stérile, pour poser sa main sur l’écorce de ce vieux chêne. Il y sentit la vie qui bourdonnait en lui et pour la première fois depuis son arrivée dans ces lieux, une légère brise se mit à caresser sa peau. Il lui sembla, à ce moment, entendre un chant lointain, porté par le vent. Une voix douce et légère, celle d’une femme dont le visage apparut aussitôt dans son esprit… Ces lèvres rouges comme les fraises que l’on cueille dans les vergers en été, sa peau aussi blanche que la cime des Alpes en plein cœur de l’hiver, sa chevelure éclatante comme le soleil en son zénith, son regard plus bleu et plus profond encore que les océans… son nom était sur ses lèvres et il le murmura aussitôt au creux de l’arbre.

Axel…

Les feuilles bruissèrent immédiatement, et il sentit la vie s’agiter d’avantage au creux vieux chêne. Il lui sembla, pendant un instant, sentir une pulsation sous l’écorce, comme si l’évocation de ce doux nom avait transformé la sève en sang pour faire battre un cœur végétal. Kernos se sentit apaisé et, il s’assit au pied de l’arbre, le dos collé contre son tronc qui vibrait à l’unisson avec son âme… et il s’assoupit.

Un grondement l’éveilla en sursaut. Affolé, il tourna la tête dans tous les sens, mais ne vit rien sinon la brume qui l’entourait. Il n’avait pas son épée, et les branches du chêne étaient bien trop hautes pour qu’il puisse les atteindre en grimpant sur son tronc. Alors, résolu à son sort, il attendit. Le sol vibra, et le vent se mit à souffler avec plus de force. Il distingua alors une silhouette s’approcher à travers le brouillard… peut être sa fin. Il ne voulait pas mourir ici, mais sans nulle arme pour se défendre, il ne me faisait pas d’illusions, l’animal qui fendait la brume semblait redoutable aussi, une nouvelle fois, il prononça le nom de celle qui était si cher à son cœur.

Axel…

Un rugissement puissant ébranla le monde. Traversant le voile gris, un lion majestueux à la fourrure d’argent s’avançait vers lui. Dans ses yeux, nul cruauté, nul haine, mais son cœur ne pouvait s’empêcher de battre la chamade dans sa poitrine, tant ce noble animal inspirait la crainte et le respect. Il s’arrêta à quelques pas de Kernos, le contemplant de son regard grave puis huma son odeur. Aussitôt, Kernos agenouilla devant lui, poing sur le cœur. Le lion blanc s’approcha alors de lui et posa son museau contre son front. Sa bouche était garnie de crocs aussi aiguisée qu’une lame, ses griffes aussi tranchantes qu’une faux, pourtant… Kernos ne craignait pas qu’il en use contre lui. Et comme s’il répondait à cette pensée qui avait jailli en lui, il s’écarta et vint s’asseoir à ses côtés. Ragaillardi par sa présence, emprunte de force, de majesté et de volonté, Kernos s’endormit à nouveau.

Un nouveau tremblement le sortit de son sommeil. Le lion était toujours à ses côtés, immobile, imperturbable, son regard se portait au loin. Kernos se mit à regarder dans la même direction et une bourrasque violente souffla, chassant en partie la brume qui masquait jusqu’alors cette partie du pays pour laisser apparaître les flots vigoureux d’un long fleuve s’étendant à perte de vue, dans le brouillard. Au sein de l’onde, il lui sembla qu’une ombre se mouvait avec célérité en direction de la berge se trouvant devant eux. Kernos se leva. Le lion ne broncha pas. Kernos lui jeta un regard interrogateur. L’animal hocha la face, comme s’il l’encourageait à poursuivre… Kernos suivit donc son instinct et prit le chemin de la berge, laissant le chêne et le lion derrière lui.

Dans une pluie d’écume nacrée, jaillit devant lui la plus incroyable des créatures marines qui lui avait été donné de voir. Son long corps ruisselant était recouvert d’écailles aussi lisses et éclatantes qu’un millier de saphirs, ses nageoires d’un rouge vermeil flottaient avec grâce dans la brise, et son regard d’or dégageait une profonde sagesse. Telle était la créature qui se dressait devant lui, un dauphin, c’est ainsi que Kernos le reconnu. Ses yeux dorées se posèrent dans les siens et, aussitôt, saisit d’admiration, l’homme tomba à genoux sur le sable de la berge. Il entendit alors un bruissement dans son dos. Kernos osa un regard par-dessus son épaule: le lion s’était levé dessous le chêne et venait les rejoindre. Le dauphin le regarda sans broncher, comme s’il l’attendait. Quand le lion d’argent arriva aux côtés du soldat, les deux fabuleuses créatures se regardèrent. On pouvait ressentir toute la confiance et le respect les unissant, un lien fort et ancien, aussi solide que le métal.

A son grand étonnement, le lion s’inclina avec révérence devant le dauphin qui agita alors ses écailles. Les gouttes qui s’en détachèrent se répandirent, comme un nuage de perles, devant le lion. Celui-ci gratta alors le sable trempé et de la poussière se dégagèrent une couronne d’or finement ciselée ainsi qu’une grande épée, la plus belle et la plus tranchante qu’il lui eut été donné de voir dans son existence. Le lion s’écarta et posa son regard sur lui. Kernos vit que le dauphin en avait fait de même. Ils semblaient l’attendre… mais lui ignorait ce qu’ils attendaient de lui quand, soudain, une voix s’éleva.


Fais un choix !

Kernos sursauta. Observant la scène à quelques pas, un cavalier portant lance et harnois, ainsi qu’un écu où figurait une croix de gueules sur un champ d’argent, le regardait en souriant. Lentement, il fit avancer son destrier blanc jusqu’à eux. Les deux animaux le regardèrent avec affection et admiration. Arrivé devant l’officier, il prit de nouveau la parole.

Ils attendent que tu fasses ton choix, bien qu’au fond de toi, il est déjà fait, ils attendent que tu le confirmes en prenant soit la couronne, soit l’épée. Il est temps pour toi d’affirmer ton destin.

Un choix ? Son destin ? Il ne comprenait pas… mais on lui avait demandé de faire un choix. Son regard passa du chevalier au lion, puis enfin au dauphin. Tous lui adressèrent un regard l’incitant à agir. Lentement, Kernos se redressa et s’avança vers les deux objets. Ses yeux se posèrent d’abord sur la couronne d’or. Quelle œuvre d’art ! Jamais un orfèvre n’aurait peu en faire de pareille, tant la facture était parfaite, tant le lion et le dauphin qui y étaient gravée semblaient vivant… Il s’attendait presque à les voir se mouvoir, que leur souffle soulève leur poitrine… mais ils restaient immobiles. Son attention alla alors vers l’épée, dont la beauté n’égalait que son apparente efficacité. Jamais il n’avait vu pareille lame. Sa garde et son pommeau étaient d’or, et là aussi le lion et le dauphin qui y figuraient semblaient prêts à s’animer sous ses yeux.

Choisis…

La voix du cavalier se fit entendre à nouveau. Le lion y répondit par un grondement et le dauphin agita ses écailles. Alors il choisit. Sa main se referma sur la fusée de la longue épée et la tira du sable. Qu’elle était légère ! Kernos la sentait danser dans sa main, comme si elle avait été forgée pour lui. Il la pointa vers les cieux, et sentit un frisson de satisfaction parcourir son corps et son âme. Il avait fait son choix, bien qu’il était fait depuis des années, son cœur le lui avait soufflé. Ses yeux quittèrent la lame pour se tourner vers ses trois compagnons. Le lion s’était relevé et le cavalier le regardait avec un léger sourire sur les lèvres. Le dauphin, lui, n’avait pas bougé. Kernos abaissa la lame vers le sol.

Ainsi, tu as choisi l’épée… c’est ton destin qui se réalise. Tu as choisi d’être l’épée plutôt que la couronne, alors sois l’épée, celle qui défend, celle qui protège, celle que l’on brandit pour la couronne. Tu aurais pu être la couronne, et gouverner aux hommes, mais tu es l’épée, celle qui les protège. Ce choix tu l’avais fait il y a longtemps déjà, ne l’oublies jamais, c’est le destin que tu t’es choisi.

Kernos inclina la tête et le chevalier fit faire demi-tour à sa monture avant de disparaître, au galop, dans la brume. L’attention du Sire de Glandage revint alors sur la berge. Déjà, le dauphin plongeait dans les flots et s’éloignait vers les profondeurs du fleuve. Seul le lion restait, son regard posé sur Kernos. C’est alors qu’il remarqua que la couronne trônait désormais sur sa crinière blanche. Enfin, il comprit et s’agenouilla à nouveau devant lui.

Moi, Kernos Rouvray, te reconnais comme Gouverneur légitime du Lyonnais-Dauphiné et comme mon suzerain.

Je te jure fidélité, aide et conseil, et à travers toi, aux terres du Lyonnais-Dauphiné et à Son Altesse Royale le Dauphin, notre suzerain. Que saint Georges m’en soit témoin.

Le lion couronné s’approcha alors de lui, et déposa son museau contre son visage. Kernos se releva, et le lion le quitta pour regagner la brume. De son côté, Kernos s’en retourna vers le vieux chêne, l’épée en main, et s’assit contre son tronc afin de méditer sur ce qu’il venait d’accomplir. C’est alors que le tronc se mit à vibrer de plus bel. Les feuilles du chêne s’agitèrent et de ses branches, trois glands tombèrent pour s’enfoncer profondément dans la terre fertile qui environnait l’arbre. Miraculeusement, ils se mirent aussitôt à germer et trois jeunes pousses sortirent du sol. Les deux premiers étaient tombés côte à côte, et les jeunes chênes qui en résultèrent grandirent en entremêlant leurs branches avec vigueur. Le troisième et dernier poussa également, mais ses rameaux secs et malingres ne portaient que des feuilles racornies et brunes, très vite, sa croissance s’arrêta. Kernos s’avança vers cet arbuste. Il ne lui arrivait même pas aux genoux, et alors qu’il se penchait sur lui, le vent souffla, emportant les rares feuilles que tenaient ses branches frêles avec lui. Les larmes se mirent à couler sur les joues du seigneur, sans qu’il n’éprouve la moindre volonté de les arrêter. Agenouillé devant lui, il pleura pendant un temps qui lui sembla interminable.

Alors, le vent souffla de nouveau, et il lui sembla entendre, au loin, des sanglots répondant aux siens. Son visage lui apparut une fois encore, de ses yeux s’écoulaient des rivières de larmes, et la douleur étreignit le cœur de Kernos au point qu’il crut que celui-ci allait rompre. Il se dressa brusquement et hurla.


AXEL !!!


Son cri se répercuta dans le vide, mais rien ne répondit à son appel. Les brumes lui parurent plus denses, plus sombres. Elles se resserraient autour de lui, comme d’infranchissables montagnes le séparant de celle qu’il aimait, celle qu’il voulait étreindre et consoler… Elle lui paraissait si loin… Trop loin pour l’entendre… Trop loin pour sentir son amour… Kernos entra dans une rage folle, contre ce brouillard… contre cette plaine… contre lui-même. A quoi lui servait cette épée, à quoi lui servaient ses serments et son devoir s’il n’était même pas capable de protéger ceux dont la vie lui était si chère, si précieuse ? De fureur, il brandit l’épée que le dauphin et le lion lui avaient confié, et frappa le vieux chêne avec violence. La lame s’enfonça profondément dans l’écorce et de la sève éclaboussa ses vêtements. Une violente douleur le frappa soudainement au flanc. Il s’écroula, sa tête heurta le sol, et il sentit le goût ferreux du sang dans sa bouche. Ses mains tremblantes se portèrent là où la souffrance le brûlait… ses doigts sentirent un liquide épais et poisseux s’écouler sous sa chemise. Il les porta à sa vue : de la sève ! Aussitôt, son regard se porta là où l’épée était restée figée dans le tronc du chêne. Du sang… du sang coulait de l’écorce à l’endroit où il avait frappé. Sa vue se brouilla, la fièvre l’emporta et Kernos sombra dans l’inconscience.

Il se réveilla en sursaut, le corps baigné de sueur. Inconsciemment, il se frotta le flanc… rien, pas sang ni de sève… Ce n’était qu’un rêve. Lentement, Kernos se leva du lit. L’esprit encore embrouillé par le sommeil, il marcha dans la pièce. Cela n’était qu’un songe... rien qu'un songe, mais un pressentiment funeste s'était emparé de son coeur. Il se dirigea vers son cabinet et s'empressa de rédiger quatre missives qu'il confia à ses gens avec l'ordre de se mettre aussitôt en route pour les remettre au plus vite à leurs destinataires.




Kernos Rouvray, Sire de Glandage & de Roynac,
A sa Grâce Hardryan Devirieux, Duc de Chasteau Queyras, salut et amitié!

Mon ami, je t'écris cette lettre afin de t'inviter en mon castel de Glandage où je souhaiterai de m'entretenir avec toi, en compagnie d'autres personnes de confiance, d'une affaire de la plus haute importance concernant ma famille et ma personne qui ne peut souffrir de trop de délais.

Je t'attendrai dans la Grand'Salle de mon logis, en compagnie des autres témoins que j'ai choisis, afin d'entendre tes avis et conseils, mais surtout pour compter sur ton soutien et ton amitié dans les décisions que je prendrai, et pour leur réalisation future.

Avec toute mon amitié,

Faict en mon castel de Glandage, le 6e jour du mois de Janvier de l'an MCCCCLVIII,




Kernos Rouvray, Sire de Glandage & de Roynac,
A sa Grandeur Bastien d'Amilly,Vicomte de Laragne-Montéglin, Baron de Montauban d'Ouvéze & Sire de Deneuvre, salut et amitié!


Mon vieil ami, cela fait longtemps que je n'ai point pris de tes nouvelles et voilà que je t'écris afin de solliciter ton aide et ton conseil pour une affaire personnelle des plus importantes. J'ai de graves décisions à prendre et je souhaiterai bénéficier de ton soutien pour les mettre en oeuvre, car elles concernent l'avenir de mes terres et des miens.

Je t'invite donc en mon castel de Glandage, où nous nous réunirons dans la Grand'Salle de mon logis, en compagnie des autres personnes de confiance, afin de discuter de ses dispositions et de leur application.

Avec toute mon amitié,

Faict en mon castel de Glandage, le 6e jour du mois de Janvier de l'an MCCCCLVIII,




Kernos Rouvray, Sire de Glandage & de Roynac,
A mon écuyère Laura Di Constantini, salut et amitié!


Laura, je t'écris aujourd'hui afin de te convoquer en la Grand'Salle de mon castel Glandage, afin que tu viennes conseiller et soutenir ton suzerain dans les décisions capitales qu'il aura à prendre, en compagnie d'autres gens de confiance, le Duc Hardryan Devirieux, le Vicomte Bastien d'Amilly et Monseigneur Oiselier.

Je sais que je peux compter une nouvelle fois sur ta fidélité envers ma personne et surtout envers ma famille, dont il sera question.

Amitié,

Faict en mon castel de Glandage, le 6e jour du mois de Janvier de l'an MCCCCLVIII,




Kernos Rouvray, Sire de Glandage & de Roynac,
A Monseigneur Oiselier, évêque du diocèse de Die, salut et respect!


Monseigneur, je vous écris en ce jour afin de vous inviter en mon castel de Glandage, en compagnie de plusieurs personnes de confiance, pour m'entretenir en votre compagnie de disposition concernant ma famille au cas où je devrai rejoindre le Très-Haut plus tôt que je ne le désirerai.

Je vous sais homme de foi et de confiance, c'est pourquoi je souhaiterai vous associer à ces dispositions, afin de les rendre plus fortes en y associant votre autorité. Nous vous attendrons dans la Grand'Salle de mon logis, située en mon castel.

Sincères amitiés aristotéliciennes,

Faict en mon castel de Glandage, le 6e jour du mois de Janvier de l'an MCCCCLVIII,


Une fois cela fait, Kernos s'en alla se préparer pour accueillir ses invités et amis en la Aula de son castel.
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Oiselier
L'oiselier, matinale, faisait sa prière du matin, quand on sonna a sa cloche, Il se doutait bien qu'a cette heure ce n'était pas du pain frais qui était livré pour améliorer son Ordinaire.
en effet c'était un messager du Castel Rouvray, il le fit entre et lui offrit de quoi se réchauffer en ce triste matin, et s'isola pour lire la missive, demandant au coursier d'attendre au cas ou il y aurrait une réponse.


Kernos Rouvray, Sire de Glandage & de Roynac,
A Monseigneur Oiselier, évêque du diocèse de Die, salut et respect!

Monseigneur, je vous écris en ce jour afin de vous inviter en mon castel de Glandage, en compagnie de plusieurs personnes de confiance, pour m'entretenir en votre compagnie de disposition concernant ma famille au cas où je devrai rejoindre le Très-Haut plus tôt que je ne le désirerai.

Je vous sais homme de foi et de confiance, c'est pourquoi je souhaiterai vous associer à ces dispositions, afin de les rendre plus fortes en y associant votre autorité. Nous vous attendrons dans la Grand'Salle de mon logis, située en mon castel.

Sincères amitiés aristotéliciennes,

Faict en mon castel de Glandage, le 6e jour du mois de Janvier de l'an MCCCCLVIII,


Il savait la tristesse connue par Kernos liée au Deuil d'un enfant, et comprenais la démarche même s'il trouvait son ami trop jeune pour penser a la mort. Surtout qu'il avait su échappé a icelle, tant et tant de fois sur les champs de bataille.
Bon quoi qu'il en soit il se devait d'y aller, pour témoigner de son Amitié.

Aussi il renvoya le messager lui demandant d'annoncer son arrivé.

Puis il prépara ses affaires, de quoi écrire si on lui donnait des informations qu'il aurrait a noté, de quoi prier et célébrer, et biensur de quoi voyager.
Prit sa crosse en bois et passat en son église, pour excuser son absence.

Et chemina vers les terres de Glandage, dand le froid matin, contemplant les paysages de l'hiver, transit par le froid. Aprés quelques heures, il arriva aux portes du chateau ou il fut rapidement introduit dans la Grand'Salle.

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Laura_di_constantini
[Hors des murs de Die, au matin du 7ème jour du mois de Janvier]

Laura donne son dû au messager qui vient de lui remettre la lettre scellée, puis le regarde repartir sur le chemin accidenté, mélange de neige fondue et de petits cailloux, qui mène à sa ferme avant de s'en retourner à l'intérieur, près de l'âtre. La masure, qui n'était au début qu'une unique pièce coincée entre quatre murs de pierre liées au mortier et couverte d'un toit de chaume, avait aujourd'hui gagné en taille, au cours des cinq dernières années que Laura avait passées dans cette région devenue celle de son coeur. Un plancher de bois avait remplacé le chaume, un étage s'était monté ; le pied de la bâtisse était devenu les étables, le haut, la pièce de vie. Les étables s'étaient agrandies, une grange s'était révélée nécessaire, bâtie indépendemment de la ferme, puis lorsque les économies furent enfin suffisante, un atelier de forge se monta également. *Beaucoup de travaux pour bien peu de temps passé* songe-t-elle en fixant le feu danser dans l'âtre, Aude installée sur ses genoux.

La majeure partie de son temps, c'est dans la capitale du Dauphiné qu'elle le passe, au sein de la Bastide de Grenoble. Sa "tribu" est aux soins d'une jeune fille, Marie, à Die, tout comme l'entretien de la ferme est confié à deux garçons de ferme. Il est maintenant rare que Laura passe du temps chez elle, auprès de ses enfants ; et il avait fallu attendre la Noël et la Saint-Sylvestre pour avoir ce luxe.

Elle caresse doucement de son pouce le cachet de cire frappé du chêne Rouvray, s'interrogeant sur le contenu de la lettre, puis pousse un léger soupir. Marie, assise à quelques pas et s'occupant à ses talents de jeune couturière, cesse d'agiter ses aiguilles et porte un regard interrogateur sur Laura.
Des soucis ? La Florentine secoue la tête. Non. Je ne pense pas. Seulement une autre absence en perspective. Regard d'azur plongeant sur la petite. Je ne les verrai pas grandir ceux-là. Marie garde le silence pendant de longues secondes. Tu as choisis d'élever d'autres "enfants" que les tiens. Laura sourit à cette remarque, puis décachète la lettre remise par son seigneur.



Kernos Rouvray, Sire de Glandage & de Roynac,
A mon écuyère Laura Di Constantini, salut et amitié !


Laura, je t'écris aujourd'hui afin de te convoquer en la Grand'Salle de mon castel Glandage, afin que tu viennes conseiller et soutenir ton suzerain dans les décisions capitales qu'il aura à prendre, en compagnie d'autres gens de confiance, le Duc Hardryan Devirieux, le Vicomte Bastien d'Amilly et Monseigneur Oiselier.

Je sais que je peux compter une nouvelle fois sur ta fidélité envers ma personne et surtout envers ma famille, dont il sera question.

Amitié,

Faict en mon castel de Glandage, le 6e jour du mois de Janvier de l'an MCCCCLVIII,


Mauvaise nouvelle ? demande Marie, une pointe de curiosité dans la voix. J'espère que non. Cela fait un peu trop longtemps qu'aucune bonne nouvelle n'a été remise à la famille de mon suzerain. Une réunion des plus sérieuses à ce que je devine. Embrassant le sommet du crâne aux cheveux châtains de la petite Aude, Laura la soulève par les aisselles et la dépose sur le plancher de bois, avant de se relever elle-même. Tu pars Maman ? demande la petite de sa voix aiguë, pleine de la curiosité innocente inhérente à cet âge. La florentine hoche la tête et s'accroupi à hauteur de sa fille. Oui. Je vais au château du Seigneur Kernos et de la Dame Axel, puis je partirai au château de Grenoble. Mais je reviens vite, c'est promis. Tu pourras jouer avec Marie en attendant. Laura dépose un dernier baiser sur le front de la gamine, puis regarde Marie avec un petit sourire attristé. Je serai de retour d'ici quatre jours, peut être cinq. Que Dieu te garde. Elle quitte alors la pièce pour rejoindre le plancher des vaches, afin de se préparer pour le voyage.

Moins d'une heure plus tard, elle chevauche au pas, s'éloignant de Die en direction de Châtillon, portant un épais manteau de laine bruni, un chaperon de la même matière et de la même couleur, d'épaisses bottes de cuir et ses gantelets en cuir de soldat ; le tout par dessus la livrée aux couleurs sable et argent des Rouvray. Son fauchon bat à son côté au rythme du crissement des sabots dans la neige durcie. Le ciel est pur, dégagé de tout nuage, d'un azur pastel, l'air est très sec et froid, et la lumière du soleil frappant sur la neige oblige Laura à garder les yeux plissés une bonne partie du voyage. Seule la portion passant dans les gorges des Gats, totalement à l'ombre, offre un peu de répit à son regard.

C'est vers l'heure de none qu'elle atteint les portes du castel Rouvray. Les récentes chutes de neige ont déposé sur les remparts et les environs une couche de pureté donnant une impression de virginité à toute la vallée de Grimone et du collet. La beauté du paysage lui coupe le souffle, n'ayant auparavant jamais vu Glandage paré de ses habits d'hiver. Il faut dire que depuis l'accouchement malheureux de sa suzeraine, Laura avait gardé quelques distances avec la famille Rouvray, ne souhaitant pas perturber leur deuil, et attendant patiemment que son seigneur la rappelle à son service. Depuis Lyon, cela allait être sa première entrevue avec les Rouvray, et une appréhension coupable avait rongé la jeune femme au fur et à mesure de son approche du castel.

Approchant des gardes, elle abaisse son chaperon afin d'être reconnue par ceux-ci, puis les salue avec un sourire.
Bonjour soldats. Cela fait quelques temps n'est-ce pas ? Les gardes en place lui rendent son sourire, mais d'une manière éteinte. Laura met pied à terre et laisse un garçon d'écurie prendre en charge sa monture alors qu'un page s'en va prévenir le maître des lieux. L'humeur n'a pas l'air d'être au beau fixe soldats. Disons que le château connaît des heures bien sombres depuis que le dernier-né a... Hésitation au sens très clair. Et que Dame Axel est partie se retirer au loin dans la Haute-Vallée de la Durance. L'écuyère hoche doucement la tête. Je comprends. Ainsi donc son Seigneur devait souffrir de solitude dans son castel, qui devait paraître bien vaste. Cela renforce un peu plus le sentiment de culpabilité qui la cisaille depuis de longues heures maintenant. Elle salue les gardes, puis s'avance vers le logis de son Seigneur, ses empreintes de pas se confondant avec les multiples traces laissées dans la neige par les pages et les gardes. Elle s'arrête alors au pied des marches du perron, attendant qu'on l'autorise à pénétrer dans le logis.
Hardryan
[Valence... Valence... Valence...]

Le duc de Queyras revenait des quais de Valence où il aimait à se promener malgré l'air frais et les flocons qui se faisaient plus nombreux qu'à l'accoutumée. Quand il revint à l'auberge où il logeait, il aperçut un messager qui lui dit-on l'attendait. Le première idée du Montagnard fut de retrouver sa chambre où un bon lit douillet lui ouvrirait grand les draps pour qu'il termine une nuit abrégée par des réflexions qu'il était incapable de chasser, mais reconnaissant les armes de Glandage, il fit un signe au jeune homme qui semblait n'attendre que ce signal pour se lever et finalement accomplir sa mission.

Prenant la missive qu'on lui tendit, le pli que venait de déplier et de lire le Montagnard fit en sorte qu'un autre pli se dessina sur le front de ce dernier. Ainsi son ami le seigneur de Glandage le faisait mander pour une affaire de haute importance... Relevant les yeux vers le pubère qui lui ne l'avait pas quitté d'un poil de barbe:


Et bien, tu vas avoir de la compagnie pour le voyage de retour. Le duc attendit réponse... Et n'obtint que des signes de tête affirmatifs; le voyage promettait d'être des plus inintéressant.

Va dire à l'aubergiste qu'il nous prépare à manger. On partira pas le ventre vide.

Prenant la direction de sa chambre, le duc de retourna quelques pas plus loin:

Et pas des assiettes de femmelettes!

Après avoir rassemblé ses effets personnels, remplit sa panse et fait préparer quelques cochonnailles et saucisses pour la route, le duc et le messager prirent le chemin de Glandage. La route fut comme Hardryan si attendait et le messager aussi: morne et monotone.

Arrivés à proximité du domaine familial, le duc s'attendit à voir surgir un ou deux chiens qui au fil des années ne se lassaient pas de goûter ses mollets. Étrangement, il n'en arriva aucun; il resterait donc un peu de cochonnailles finalement. Aux portes du château, on prit en charge sa monture avant de le conduire à l'intérieur.

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Sagaben
Domaine d'Amilly
Par Aristote!

Le Vicomte de Laragne venait de recevoir quelques missives en provenance de Pierre Scize. Des renseignements sur des possibilités de commerce... Ces maires occidentaux.. Ne savent pas ce qui est bon pour eux...

De son bureau dans son domaine d'Amilly, domaine famillial où il aimait prendre congé, le Tempéré pouvait admirer le parc alentour et les proches forêts. En cet hiver, il avait bravé la neige pour le joindre pour quelques jours. Il reporta son attention vers la pile de lettre et fut attirée par une portant un sceau familier. Celui de Glandage. Intrigué, il décacheta prioritairement la missive. Il la parcourut rapidement.

Il la posa ensuite, appuya son coude sur l'accoudoir, le menton dans sa main et regarda la flambée.. Kernos lui demandait de le rejoindre. Pour une affaire importante. Il le savait aux prises de douleurs familiales. Après quelques minutes, il prit une plume et rédigea un mot à l'attention de son intendant sur la gestion des domaines. Il appela ensuite François pour qu'il fasse préparer ses affaires des chevaux et une courte escorte.


Castel de Glandage

Des capes voltigeaient. Le grand galop était lancé depuis quelques temps. Le Caste de Glandage était en vue. Bientôt il saurait de quoi il en retournait. Botté, ganté, encapé de fourrure, la buée sortait de la bouche du Tempéré, à la manière de celle des naseaux de son cheval. A la vue du fier édifice, il éperona son cheval de plus belle.

Au Pont levi, son porte-étandart se détacha.

Hola! Portes pour le Vicomte de Laragne-Montéglin!

Après de courts instants le pont s'abaissa et le petit groupe put pénétré dans l'enceinte du château. Le Vicomte sauta de son cheval, de suite rattrapé par un valet qui lui indiqua l'entrée d'un signe de tête. Sans attendre ses hommes, il pénétra à l'intérieur du bâtiment.
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Kernos
[Aula du Castel Rouvray, sur les terres de Glandages]

Remettez quelques bûches dans l’âtre, je ne veux pas que mes invités souffrent du froid pendant que nous discutions.

Debout au milieu de la Grand’Salle de son logis, Kernos donnait ses instructions aux gens de sa maison qui allaient et venaient autour de lui, apportant boisons, victuailles et sièges pour la réunion de leur maître. Passé par les étuves, le seigneur de Glandage avait revêtu ses vêtements d’hiver aux couleurs des Rouvray, en accord avec l’humeur et le deuil qui l’habitaient depuis de nombreux jours, assortis d’une paire de bottes et d’une cape fourrées. Pour l’occasion, il avait rasé la barbe de quelques jours qui ornait son visage depuis qu’il se terrait à Glandage, coiffé sa chevelure brune, et arborait sa médaille aristotélicienne ainsi que son collier d’officier de l’Ordre de Sainct Georges. En se rasant, il s’était aperçu à quel point cet exil qu’il s’était lui-même imposé et son chagrin commençaient à laisser des traces sur son apparence, ses joues étaient un peu plus creuses, ses pommettes étaient légèrement plus saillantes et ses yeux cernés… Sommeil et appétit, deux choses qui lui manquaient depuis la mort de Nathanaël, même le vin ne parvenait pas à lui faire oublier sa souffrance au contraire, il l’exacerbait. Cependant, il se refusait à faire montre de sa faiblesse devant ses invités et amis, voilà pourquoi il avait accordé un soin particulier à sa toilette et n’avait pas touché à un verre d’alcool de la journée, afin d’éviter de sombrer dans la mélancolie.

Un garde entra et vint lui annoncer que son écuyère venait d’arriver. Il congédia l’homme et après s’être assuré que tout était en ordre dans la pièce, prit la direction du perron. L’air était froid alors que Kernos s’avançait sur la plateforme de pierre qui dominait la cours du castel. Main gantée sur le pommeau de
Gramr, le maître des lieux descendit les marches en direction de sa vassale.

Laura, je heureux de te voir et pardonne-moi de t’avoir arraché au à la chaleur de ta maison pour te faire venir ici. Suis moi, nous allons attendre les autres à l’intérieur, il y fait bien meilleur et tu trouveras de quoi boire et manger si tu le souhaites.

Il fit signe à la jeune femme de monter à ses côtés puis regagna la aula, après avoir indiqué à ses gardes de faire entrer directement ses convives dans la pièce. Il n’eut point à attendre très longtemps, l’évêque de Die, le Duc de Chasteau Queyras et le Vicomte de Laragne arrivèrent à leur tour, et Kernos s’empressa de les accueillir.

Soyez les bienvenus en mon domaine. Je m’excuse de vous avoir convoqué à cette époque où les routes sont peu praticables et vous remercie d’avoir bravé les rigueurs de l’hiver pour répondre à mon invitation. Installez-vous à votre aise, et n’hésitez pas à vous servir en mets et breuvage le temps avant que je ne vous expose l’affaire qui nous amène ici.

De sa main, Kernos désigna la table ronde et les sièges qu’il avait fait disposer tout autour. Lui-même alla prendre place sur sa chaise et attendit que ses invités se soient installés à leur tour. Ceci-fait, il prit à nouveau la parole.


Bien, si je vous ai réuni c’est pour parler avec vous de ma mort et des dispositions que je souhaiterai prendre à cet effet afin que vous en soyez les témoins et les exécuteurs de mes dernières volontés.

Puis il se tût un instant pour observer les réactions de ses amis. Derrière lui, une bûche craqua dans l’âtre.
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Laura_di_constantini
Laura n'eut guère de temps à attendre dans la fraîcheur de l'hiver, bien que déjà son nez, ses paumettes et ses oreilles avaient pris une teinte vermeille. Rapidement, son suzerain surgit sur le perron et descendit les marches à sa rencontre.

Laura, je heureux de te voir et pardonne-moi de t’avoir arraché à la chaleur de ta maison pour te faire venir ici. Suis moi, nous allons attendre les autres à l’intérieur, il y fait bien meilleur et tu trouveras de quoi boire et manger si tu le souhaites.

Laura incline la tête respectueusement, puis se redresse et répond à son seigneur. C'est un honneur que de répondre à votre invitation et revenir ici. Elle n'avait pu dissimuler une pointe de malaise en prononçant ses mots.

Kernos lui fait un signe afin de l'inviter à le rejoindre et le suivre. Elle qui l'avait vu si souvent, la jeune femme fronce les sourcils en entendant sa voix qui semble plus éteinte qu'à l'accoutumée, tout comme sa démarche se trouve moins assurée. Laura s'inquiète des conséquences qu'on eu les derniers évènements sur son suzerain. Son sentiment de culpabilité croit un peu plus. Peut être aurait-il eu besoin de soutien dans cette épreuve.

Laura grimpe les marches à ses côtés, puis se retrouve rapidement dans la Grand'Salle où la chaleur qui y règne lui redonne vigueur et réchauffe ses extrémités. Et effectivement, il se trouve ici mets et boissons, et la jeune femme se fait servir un verre de vin épicé qui a tôt fait de chasser les dernières traces de froideur de ses entrailles. Elle ôte son chaperon qui lui semble soudainement trop chaud et le remet à un des valets du château.

Parlant de choses et d'autres avec son suzerain sur l'état des routes, les finances du Duché, elle fait passer le temps jusqu'à l'arrivée des convives, tâchant au mieux d'éviter le sujet qui semble tant leur peser à tous deux. D'ailleurs, le visage légèrement émacié de Kernos et ses yeux cernés ne lui laisse présager rien de bon quant à sa santé ni son état d'esprit. Elle qui l'avait toujours vu inébranlable et si sûr de lui. Quel enfer devait-il vivre chaque jour dans ces murs...


Puis les convives arrivèrent les uns après les autres, et après avoir pris leurs aises autour d'une table, Kernos entra directement dans le vif du sujet.

Bien, si je vous ai réuni c’est pour parler avec vous de ma mort et des dispositions que je souhaiterai prendre à cet effet afin que vous en soyez les témoins et les exécuteurs de mes dernières volontés.

Laura, discrètement, prend une grande inspiration et ferme les yeux un instant. Cela va être encore plus dur qu'elle ne l'avait imaginé. Cela était nécessaire certes, mais cela lui serait très dur à entendre. Malgré son métier de soldat et les risques qu'il présentait, elle n'avait jamais songé à la vie après la mort de son Seigneur, et croise les doigts pour n'avoir pas à y songer de nouveau pour un long moment après cette journée. Rouvrant les yeux, elle croise les mains et écoute la discussion attentivement.
Oiselier
L'oiselier ne fut pas le premier arrivé, mais il ne régretta pas son voyage.
La chaleure de l'Amitié aristotelicienne déployée dans l'acceuil des convives lui réchauffa le coeur et lui fit oublier les rigueur de l'hiver.
Il n'avait pas imaginé que le Militaire, aujourd'hui conseillé militaire ait pu vivre dans une tel demeure. Il Faut dire qu'il ne l'avait vu que dans son bureau, en tant qu'officier austère et rigoureu dévoué ou comme frère d'arme, lors de quelques missions.
En fait, l'oppulence de la vie menée en ce jour par messire Kernos était l'usurfruit de nombreux sacrifices fait pour le Duché, l'Ost et pour tous.
Mais quand il vit Kernos, il se sentit blessé en son coeur, cette homme naguère l'exemple a suivre, le modèle pour chaque soldat. Icelui avait été rattrapé par les affres du temps, ce n'était pas tant dans le physique car il pensait l'homme encore fort vert, mais plus dans son aurra, comme si une cicatrice torturait son âme.
Ce qui se confirma bien vite.


Bien, si je vous ai réuni c’est pour parler avec vous de ma mort et des dispositions que je souhaiterai prendre à cet effet afin que vous en soyez les témoins et les exécuteurs de mes dernières volontés.

S'il pensait a la mort c'est que sa faim de vie s'était amenuisée, et que son âme avait perdu espoire en l'avenir et attendait l'âstre solaire pour y rejoindre ses pairs et un enfant parti trop vite.
Aussi l'oiselier reprit un visage grave, et se mit a écouter attentivement son hote.

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Hardryan
L'évêque de Die venait tout juste d'entrer dans la demeure quand le Montagnard y fut mené également. Ils furent rejoints par le vicomte de Laragne qui était bien emmitouflé comme à son habitude. Ils n'eurent pas à attendre très longtemps que déjà Kernos était là, les traits visiblement tirés. Pour être passé par le deuil de sa femme le Montagnard pouvait imaginer la peine qui habitait Kernos, mais la perte d'un enfant, même si on ne l'avait pas connu... Le Montagnard se mit à penser au jour où sa petite Flora -qui n'était désormais plus une enfant- avait été atteinte par le sabot d'un cheval affolé. Il avait craint le pire... Mais le pire n'était pas arrivé, heureusement, et heureusement sa femme était là pour le soutenir, ce qui n'était pas le cas pour Kernos. Après avoir salué le seigneur de Glandage, il prit place à la grande table ronde à l'invitation de celui-ci, son hôte prenant la parole.

Bien, si je vous ai réuni c’est pour parler avec vous de ma mort et des dispositions que je souhaiterai prendre à cet effet afin que vous en soyez les témoins et les exécuteurs de mes dernières volontés.

Le Montagnard reçut comme un coup de poêle en plein visage. "Mes dernières volontés." .. Pendant quelques instants il crut que le seigneur de Glandage voulait se donner la mort... Ce ne pouvait être le cas, il devait sans doute seulement faire référence à son testament. Oui. Hardryan était passé par là. Il en était sorti. Kernos en ferait autant, il ne pouvait en être autrement. Le Montagnard se contenta donc de garder silence, le temps que Kernos en dise davantage.
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Sagaben
Le Tempéré monta les marches qui le séparait de l'Aula qu'on lui avait indiqué. Ganté, il tournait cependant machinalement un chapelet dans sa main droite. Il vérifia également de son autre main que son bien était toujours bien dans la petite poche de cuir qu'il avait accroché sur son pourpoint. Entrant dans la salle, il constata qu'il y avait déjà plusieurs personnes, mis à part le seigneur des lieux, il reconnut l'évesque de Die et le Duc de Casteau Queyras. La dernière personne lui disait vaguement quelques choses mais, il ne revenait plus sur son nom. Il s'approcha de Kernos et lui donna l'accolade. Il put constater que le visage de son vieil ami n'était pas au mieux. Les traces que les récents déboires que la vie lui avait ingligés se lisaient encore sur son visage. Il salua ensuite le prélat, le duc ainsi que la jeune dame. Les convives furent ensuite installés autour d'une table ronde, non loin du feu.

Aux premiers dires du seigneur de Glandage, Laragne fronça imperseptiblement les sourcils, comme s'il eût à résoudre une énigme des plus compliquée. Son visage restait impacible mais sa réflexion s'intensifiait. La mort? Sa mort? Il voulait réaliser son testament, mais... pourquoi...?

Aucune des autres personnes présentes ne réagit. Il n'en fit pas plus. Kernos était suffisamment réfléchi pour avoir mûri une telle décision. Il aurait été inutiles de s'opposer à sa décision ni d'essayer de le faire changer d'avis. Il le regarda donc avec un peu plus d'insistance, l'invitant par là à continuer, tout commentaire aurait été surperflu.

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Kernos
A l'air grave de ses invités, et au silence qui suivait sa déclaration, Kernos comprit que l'ambiance était posée comme il le souhaitait. La mort est une chose sérieuse, d'autant plus quand on a une famille et des biens à laisser derrière soi, et le seigneur de Glandage voulait prendre ses responsabilités au cas où son heure viendrait... la mort de son fils, ne lui avait que trop enseigné la versatilité de l'existence. Les mains croisées à hauteur de son menton, le dos bien calé au fond de son siège, il s'éclaircit la voix et rompit le silence.

Rassurez-vous, je ne souffre d'aucune maladie, ni d'aucune pensée morbide en désaccord avec ma foi... seulement, la mort de mon fils Nathanaël- une ombre passa au fond de son regard quand il prononça ce nom- m'a rappelé à que nous sommes tous mortels et que nous pouvons être appelés à rejoindre le Très-Haut à tout instant.

Je suis homme de guerre, gens d'armes de profession et de conviction. Ma vie est donc d'avantage exposée à la mort que celle des gens du commun, puisque je suis amené à batailler et à prendre les armes pour le Lyonnais-Dauphiné à chaque instant. C'est pourquoi, en tant que père de famille, époux et noble de surcroît, j'ai pensé que le moment était venu pour moi de prendre les dispositions nécessaires si jamais je devais trépasser, afin que mon épouse et mes enfants ne manquent de rien quand je ne serai plus là pour les protéger et subvenir à leurs besoins.


Il reprit son souffle avant de poursuivre, en posant son un regard sombre en premier lieu, vers le Duc de Chasteau Queyras et le Vicomte de Laragne-Montéglin.

Je vous ai choisi et invité, parce que j'ai une grande confiance en chacun de vous. Toi, Hardryan, et toi, Bastien, vous êtes de mes plus proches et plus fidèles amis. Je vous connais de longue date, je vous sais à la fois hommes de parole et de confiance, mais vous êtes également des amis de ma femme, c'est pourquoi je suis certain que vous ferez tout pour la soutenir si je ne suis plus.


Ses yeux se portèrent ensuite sur le visage de Laura.

Laura, non seulement tu es mon écuyère et ma vassale, mais tu es aussi l'amie d'Axel, voilà deux bonnes raisons pour justifier ta présence aujourd'hui. Les décisions que je vais prendre sont importantes, c'est pourquoi j'ai besoin de ton conseil et de ta fidélité envers moi, même si mon coeur cesse de battre, afin de protéger ma famille.

Enfin, il se tourna vers Oiselier.

Quand à toi, Monseigneur, je t'ai invité afin d'ajouter l'autorité morale que te confère ta charge d'évêque de Die aux dispositions que je prendrai, mais aussi pour que tu puisses prendre en main les derniers hommages à accorder à ma dépouille mortelle si je ne suis plus, ainsi que le salut de mon âme immortelle. Je t'ai eu sous mon autorité en tant que soldat, et je sais que je peux placer ma confiance en l'homme de robe que tu es devenu depuis.

Kernos se tût à nouveau, prit une gorgée de vin et fit signe au clerc qu'il avait embauché pour l'occasion de s'avancer. L'homme s'installa au pupitre prévu pour lui, et prit sa plume pour noter les propos du seigneur de Glandage.

Ces dispositions, les voici. Ecoutez les bien, vous me donnerez vos conseils après. Le clerc que voici les prendra en note.

En premier lieu, les armes intactes de la famille Rouvray, de sable au rouvre d'argent, reviendrons à ma mort à Axel, ainsi qu'à mon fils Léandre et à ses descendants. Si par malheur, celui-ci décédait, les armes des Rouvray reviendront au plus proche héritier de mon sang, sans distinction de sexe.

A mon épouse aimée, je lègue ma demeure dioise, ainsi que tous les biens et meubles y étant attachés, ainsi qu'une rente de mille écus, prélevée sur mon trésor personnel, afin qu'elle puisse subvenir à ses besoins ainsi qu'à ceux de nos enfants tant qu'ils seront sous sa tutelle.

Pour mon fils et héritier Léandre, je lègue les terres, les droits, biens et gens de ma seigneurie de Glandage, que je confie en douaire à mon épouse, jusqu'à ce que celui-ci ait atteint sa majorité et puisse exercer pleinement ses droits. Si par malheur, celui-ci devait trépasser avant sa majorité, que ces terres reviennent à l'héritier le plus proche de mon sang, sans distinction de genre. Je lui lègue également mon épée, Gramr, ainsi que mon équipement de bataille, et une bourse de cinq cent écus afin qu'il puisse tenir son rang.

Pour ma chère fille Léane, une rente de cinq cent écus lui sera versée afin qu'elle puisse faire son entrer dans le monde, tenir son rang et, quand le jour viendra pour elle de contracter mariage, pour sa dote.

En attendant qu'ils puissent gérer eux-mêmes en bonne intelligence leur patrimoine, je confie la garde des biens que je leur lègue à leur mère. Qu'elle les conserve précieusement jusqu'à ce qu'ils soient en mesure de le faire par leurs propres moyens.


Kernos reprit une gorgée de vin, jetta un coup d'oeil vers le clerc qui grattait son parchemin, avant de poursuivre.

Voilà pour les dispositions concernant ma famille, à présent, j'aimerai évoqué devant vous ce que je prévoie pour mon écuyère, ici présente, ainsi que pour le duché.

A mon écuyère et vassale Laura di Constantini, je souhaite que lui soit versée une bourse de cent écus prélevée sur mon trésor, ainsi qu'une épée, une dague, un harnois blanc et une lance qu'elle pourra choisir parmis mes réserves, et un palefroi venus de mes écuries. Je souhaite également qu'on lui remette un manteau de bonne qualité, ainsi que la possession, si elle le souhaite, d'une des maisons sise au bourg de Glandage et le droit de porter un étandard aux armes de ma famille, si elle souhaite rester au service de ma famille. Ceci, bien entendu, en récompense pour sa fidélité et ses services envers ma personne.

Enfin, je souhaite que ce qui restera de mon trésor une fois ces diverses rentes versées, soit donné aux caisses ducales du Lyonnais-Dauphiné.


Les dispositions évoquées, il se tourna à nouveau vers le clerc qui achevait de retranscrire les dires du Seigneur de Glandage. Le notaire hocha la tête, et Kernos refit face à ses proches.

Avant d'évoquer les dispositions pour mes funérailles, j'aimerai que vous me fassiez part de vos opinions concernant ce que je viens de vous exposer.Vous paraissent-elles raisonnables et légitimes? Dois-je prévoir d'avantage pour ma famille? Parlez librement, je vous écoute et vos arguments me seront précieux.
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Hardryan
Le duc de Queyras écouta le seigneur de Glandage avec attention. L'ombre dont il parlait, il la connaissait bien pour la voir encore parfois poindre dans l'horizon de sa vie. Il fut néanmoins rassuré d'apprendre que son ami ne souffrait d'aucun mal physique. "Les dispositions nécessaires si jamais je devais trépasser", il était sage de sa part de vouloir prendre ses dispositions, surtout avec la vie qu'il menait comme il l'avait expliqué. Il n'était hélas pas facile de prendre ce genre de dispositions, mais la mort d'un proche rapproche toujours l'idée que personne ne peut échapper à l'inévitable. Pas facile, pas facile, le duc de Queyras le savait. Cela faisait des semaines qu'il tentait lui-même de mettre par écrit ses propres dispositions... Avec toutes ces histoires de duels, de querelles et d'etcetera... Il ne pouvait plus y échapper même s'il aurait préféré faire mille et une autres choses avant cela.

Je vous ai choisi et invité, parce que j'ai une grande confiance en chacun de vous. Toi, Hardryan, et toi, Bastien, vous êtes de mes plus proches et plus fidèles amis. Je vous connais de longue date, je vous sais à la fois hommes de parole et de confiance, mais vous êtes également des amis de ma femme, c'est pourquoi je suis certain que vous ferez tout pour la soutenir si je ne suis plus.

Hardryan fut touché de la confiance que Kernos lui témoignait, lui qui était sans doute l'homme le plus droit qui pouvait être en ce duché. Ce dernier poursuivit ses explications, s'adressant plus particulièrement à son écuyère et à l'évèque de Die qu'Hardryan connaissait peu. Il reprit ensuite sur les dispositions qu'il entendait prendre, Hardryan écouta jusqu'à ce que Kernos demande si les dispositions qu'il comptait prendre étaient raisonnables. Hardryan prit la parole:

Kernos, ces dispositions me semblent raisonnables et légitimes. Je te sais bien plus consciencieux que moi et il ne m'apparait pas que tu aies oublié ou omis quelque détail que ce soit si ce n'est qu'en plus des biens matériels que tu comptes léguer à ton épouse et à tes enfants, tu leurs transmets également tes valeurs, celles qui ont fait de toi l'homme que tu es aujourd'hui, notre ami et un modèle pour plusieurs.
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Sagaben
Le Vicomte avait sa main droite sous son menton, comme pour soutenir sa tête qui n'en avait nul besoin. Son attention était porté sur les paroles, noires, de son ami, de celui qui lui avait donné ses premières chances dans la vie publique. Après s'être adressé à chacun de ses convives, il énonça son testament, ce qu'il avait prévu pour ses proches.

Hardryan avait pris la parole pour signaler son accord et pour souligner les valeurs morales du Seigneur de Glandage. Une question continuait de brûler les lèvres du Tempéré : Pourquoi maintenant? Il se réserva néanmoins et, lorsque Kernos croisa son regard, il se contenta de fermer les yeux et de hocher la tête en signe d'approbation. Il attendrait la fin de ce qu'il avait à dire avant de l'interroger plus avant.

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Oiselier
L'oiselier ne répondit rien ne sachant que répondre, il se contentât d' approuver de la tête, il n'entendait point grand chose aux affaires de succession. Mais messire Kernos ne semblait avoir oublié personne, que ce soit sa famille, ses amis ou le duché auquel il était dévoué corps et âme.
Et n'ayant aucuns conseil a donné en cette matière il préférait resté neutre.

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Laura_di_constantini
La jeune écuyère resta stoïque lorsque son seigneur eut repris la parole, écoutant attentivement ses paroles et ses dernières volontés. Il n'avait rien laissé au hasard, ni rien oublié, comme à son habitude. Malgré tout, cela n'empêchait pas Laura d'éprouver un certain malaise vis-àvis de la situation. Inexplicablement, une sourde colère semblait se mettre à bouillir dans ses entrailles ; mais il lui fallait garder un visage neutre et tenir sa promesse de soutien envers lui et les Rouvray. Peut-être trouverait-elle le temps de confier à Kernos les sentiments qui la tenaillaient à la fin de la réunion, en apparté.

Elle observa donc le silence jusqu'à la fin, jusqu'à ce que le seigneur de Glandage leur cède la parole et que les trois autres convives eurent ou non exposés leurs opinions. Alors seulement elle prit la parole.

Je ne trouve rien à redire concernant la nature ou le contenu de votre testament, bien que rien de tout cela ne remplacera ce que vous avez apporté de votre vivant, seigneur. Et bien entendu, votre famille pourra compter sur mon indéfectible fidélité et dévouement.

Après ces quelques mots, Laura replongea dans son silence et ses pensées, ne trouvant guère plus à dire ; du moins, en présence d'autres convives.
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