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[RP] Sous une pluie d'étoiles

Linon
L'air était froid et sec, la nuit sombre à souhait, idéale pour observer les étoiles... Linon emmitouflée jusqu'au nez, appuyée sur une béquille, claudiquait à travers les rues silencieuses que bordaient les maisons aux volets clos .
Un léger sourire égayait son visage d'où disparaissaient enfin les traces des coups reçus quelques semaines auparavant. Elle avait même pu abandonner l'une des béquilles qui lui donnaient une démarche trop peu élégante à son goût, mais qui s'étaient avérées être des outils fort pratiques pour menacer les importuns en taverne...

Des semaines qu'elle n'était pas sortie... elle s'arrêta pour repérer son chemin, inspira profondément l'air pur...et grimaça de souffrance.. pas trop profondément quand même... la blessure à la poitrine restait sensible. Mais plus rien ne la ferait maintenant renoncer à cette promenade nocturne, Linon se sentait repousser les ailes qu'on avait tenté de lui briser par une nuit sans lune, sur la route de Saintes... elle attaqua vaillamment et en serrant les dents le sentier qui menait en haut de la colline qu'elle voyait depuis les fenêtres de l'auberge transformée en centre de soins intensifs. Il avait dit qu'il voulait de la hauteur, des perspectives... elle n'avait pas trouvé plus haut...

Essouflée par la montée, la jeune femme atteignit enfin le sommet de la colline et fit tomber dans l'herbe durcie par le gel les couvertures et écharpes qui lui tenaient maintenant trop chaud, dévoilant son visage pâle aux joues rosies par le froid et aux yeux d'un bleu profond comme les nuits d'Orient.
Elle lissa de sa main libre les cheveux qui s'étaient échappés de sa lourde tresse noire, puis sautilla maladroitement pour se retourner, leva le nez vers le ciel pour voir si elles étaient là... elles y étaient.... Linon ravie leur rit au nez du plaisir de les retrouver... elle n'avait pas fait ça depuis des années, depuis l'Orient en fait..

Les étoiles étaient toujours là, scintillant dans la nuit... n'attendant que des admirateurs...



Elle se pencha en vacillant dangereusement pour tenter d'arranger les couvertures au sol, puis entreprit de s'asseoir dessus. Plier le genou valide en se tenant à la béquille, faire attention à la jambe blessée qui restait tendue, et finalement... tout lâcher et tomber... Linon se tortilla un peu en regardant autour d'elle pour s'assurer qu'elle était seule.. oui... elle s'inquiéta de le rester trop longtemps... pas sûre qu'elle arrive à se relever... voyons, qu'avait-elle laissé comme message sur la table du « cimetière vengeur »?


Citation:

J'vais voir s'il reste des étoiles, sur la colline hors de la ville...

Venez tous !
Yiralyon
[A la taverne du Cimetière vengeur...]

Malgré l'assistance de béquilles, Yiralyon pénétra dans la taverne sous la forme de quelques pas plus assurés que la veille... Il recouvrait progressivement l'usage de ses jambes et si celle de droite continuait de faire des siennes, il se sentait plus libre d'aller où il le voulait.

Du coin de l'oeil, il aperçut un petit mot laissé sur une des tables. Il s'avança puis s'en saisit.

Citation:

J'vais voir s'il reste des étoiles, sur la colline hors de la ville...

Venez tous !


Il reconnut l'écriture de Linon. Il devait la rejoindre ce soir pour admirer les étoiles mais il n'avait pas du tout envisagé les choses sous cet angle.

Après être resté songeur quelques instants, il entreprit de plier délicatement le petit mot avant de murmurer pour lui même.

Oui oui, venez tous...

Le papier fut glissé au dessus de la flamme d'une bougie.

...mais pas trop nombreux.

Il ponctua son geste d'un petit sourire coupable pour finalement reprendre ses béquilles et sortir de la pièce.








[Sur la colline...]

A bout de souffle, les béquilles pleins les mains, les bras et les épaules, Yiralyon arriva finalement à mi hauteur de la colline. L'idée que Linon puisse rester seule, en dehors de la ville qui plus est, ne l'enchantait guère. Il avait donc fortement pressé l'allure depuis son départ de la taverne.

Soudain, dans le champ de vision d'un saule pleureur, il aperçut au sommet une silhouette qui se dégageait du ciel...

C'était sûrement elle. Il s'approcha un peu plus mais se fit discret, il voulait la contempler quelques instants, seule, la lumière de la nuit se reflétant sur le profil orienté de son doux visage. Il empoigna bien haut quelques tiges de l'arbre qu'il enroula autour de sa main pour que ses jambes supportent moins de charge. Elle était la seule étoile qu'il était venu admirer. Elle était la plus lumineuse, la plus scintillante, la plus brillante, la plus éblouissante, la plus... c'était son étoile, la reine de son ciel.

Lâchant les tiges, Yiralyon dépassa le saule pour avancer en direction de la jeune femme.
Linon
Le bruit de l'herbe gelée crissant sous des pas boîtillants lui fit tourner la tête vers l'arrivant. Yiralyon s'approchait, s'aidant d'une béquille...

Linon sourit tout en détaillant l'homme. Il était debout et ça tenait presque du miracle. Il avait perdu l'usage des jambes lors des combats acharnés en Poitou, s'était retrouvé dans un curieux fauteuil à roues mais avait refusé avec force la fatalité, bataillant chaque jour pour contraindre ses muscles à se réveiller. Et il avait réussi...

Il se tenait maintenant debout, au-dessus de la jeune femme toujours assise qui, le visage levé lui offrait un grand sourire lumineux.


Yira... bonsoir... Venez vous asseoir près de moi.
Elle tapota la couverture à son côté. La montée est fatigante n'est-ce pas? Mais je pense que l'exercice nous est profitable, j'ai grande hâte de jeter cette béquille et de pouvoir enfin repartir...

Elle soupira d'impatience, libérant une volute vaporeuse dans l'air glacé.


Allez, asseyez-vous Yira... que je vous montre comment on admire les étoiles... A moins que l'on attende les autres? j'ai laissé un mot à la taverne pour qu'ils nous rejoignent... j'espère que ça ne vous ennuie pas?
Yiralyon
Yiralyon se présenta devant la jeune femme assise sur une couverture. Son visage était resplendissant et l'avait toujours été d'ailleurs, malgré la dureté des épreuves traversées ces dernières semaines.

Linon a écrit:


Yira... bonsoir... Venez vous asseoir près de moi.
Elle tapota la couverture à son côté. La montée est fatigante n'est-ce pas? Mais je pense que l'exercice nous est profitable, j'ai grande hâte de jeter cette béquille et de pouvoir enfin repartir...

Elle soupira d'impatience, libérant une volute vaporeuse dans l'air glacé.


Allez, asseyez-vous Yira... que je vous montre comment on admire les étoiles... A moins que l'on attende les autres? j'ai laissé un mot à la taverne pour qu'ils nous rejoignent... j'espère que ça ne vous ennuie pas?


Il parut sans doute quelque peu gêné sur le moment avant de se reprendre.

Bonsoir Linon… Les autres vous dîtes ? Eh bien... non cela ne m’dérange pas du tout, au contraire… Il la gratifia d’un sourire à moitié crédible seulement afin de ne pas trop lui mentir. Les attendre, oui, bien sûr. Mais vous savez… et sans préjuger d’personne, les gens ne savent plus apprécier les belles choses de nos jours… Un air faussement résigné parcourut son visage pour l’occasion.

Il vit qu’elle avait aussi chaud que lui et retira à son tour quelques uns des vêtements d’hiver qu’il portait. Il lâcha ses béquilles au sol. Il parvenait à rester debout sans elles depuis quelques jours. Après avoir retroussé les manches de sa tunique – il n’aimait pas le contact du tissu sur ses poignets – il s’allongea sur les coudes, un avant bras étendu non loin de celui de Linon. Ils étaient si près et l'air était si froid qu’il avait l’impression de sentir la chaleur du corps de la jeune femme onduler le long de sa peau découverte.

Il savoura cet instant de douceur invisible tout en faisant mine d’attendre que « les autres » arrivent. Pour autant, quelqu’un pouvait fort bien avoir lu le petit mot avant qu’il ne le brûle et arriver d’un instant à l’autre. Néanmoins, cette hypothèse s’éloignait au fur et à mesure que les minutes passaient… et son cœur battait les secondes de plus en plus vite. Ils étaient seuls et le resteraient ce soir, sans risque d’être dérangés. Et cette fois on ne jouait plus. Finis les « Dame Linon », les envolées lyriques interminables ou encore les effets de courtisan…

Il se ressaisit pour la seconde fois et s’exprima d’une voix calme et posée.

Vous parliez d'repartir… mais pour aller où ? Avez-vous déjà une idée Linon ? Moi je n’en ai aucune… pour la première fois, je n’lis plus dans ma destinée… Il fixa ses yeux en direction du ciel. Oui, montrez moi comment vous admirez les étoiles, ce soir je veux les parcourir, explorer le champ des possibles dont la vision du ciel nocturne nous ouvre les portes.
Linon
Linon sourit à l'homme qui s'installait à ses côtés, puis soupira légèrement quand il lui demanda ses projets d'avenir. Son regard se reporta sur la ligne d'horizon qui se découpait sur le ciel étoilé. Que ferait-elle quand elle serait rétablie? Elle avait hâte autant qu'elle redoutait de voir ce jour arriver. Que ferait-elle, où irait-elle? Avec qui...?

Je ne sais Yira... vraiment... je n'avais rien prévu de tout ça, j'étais partie pour trois jours à l'origine... et voyez où j'en suis, où nous en sommes, deux mois après.
Peut-être rentrerai-je en Armagnac? J'y ai tout laissé... et j'y ai plusieurs amis, qui me manquent... Nous y avons aussi une taverne, une très jolie taverne... j'ai été très heureuse là-bas.


La jeune femme s'abîma un instant dans ses souvenirs, ceux d'une époque limpide où son avenir semblait tout tracé.


... Ce serait peut-être bien pour Marko... je m'inquiète pour lui, bien qu'il ait recommencé à parler. Son regard parfois.. me glace le sang. Là-bas, il a des repères, une maison.. on y a laissé le chat sans nom aussi, il y tient beaucoup.. je pourrais entrer en politique... essayer de participer à changer les choses.


La politique de l'Armagnac... Linon avait refusé cette route toute tracée après avoir observé quelques campagnes comtales, constaté la navrante médiocrité des échanges, des attaques personnelles et mesquines, de l'avidité de pouvoir de plusieurs qui n'avaient que mépris pour le peuple. Son propre mandat de maire avait viré au calvaire grâce à l'opposition puérile et quotidienne d'un petit groupe, soutien inconditionnel et abruti d'un maire félon qu'elle avait contribué à chasser après qu'il eut nuit volontairement à la ville. Elle avait fait ce qu'elle avait pu, était fière du résultat... puis avait jeté l'éponge, décidé que sa carrière politique s'arrêtait là. Mais à présent?

Elle leva les yeux vers les étoiles, continuant dans un murmure


De plus... si Gila un jour se remettait... c'est là-bas qu'il irait nous chercher.

L'espoir de le retrouver s'amenuisait pourtant de jour en jour. Les courriers échangés avec les Hospitaliers auxquels, le coeur brisé, elle avait laissé son époux n'en laissaient aucun.. Il lui faudrait bientôt affronter un deuxième veuvage, et chacun autour d'elle l'encourageait à regarder l'avenir, à tourner la page... déjà... Linon baissa les yeux sur son alliance, mi-or mi-argent... c'est lui qui l'avait choisie. Elle luisait doucement, presque neuve, lui rappelant les serments d'éternité qu'ils avaient échangés.

Ses yeux se portèrent sur le serpent d'or qui s'enroulait autour de son poignet, cadeau de Yira... Mal à l'aise tout à coup de voir les deux bijoux si proches, elle fit glisser discrètement le bracelet et le changea de poignet. Le coeur serré elle regarda l'homme à ses côtés, cherchant son regard, tâchant de lui faire comprendre... il ne masquait pas ses sentiments à son égard, avait même tendance à les afficher publiquement. Pourtant elle doutait, pas de lui mais d'elle-même... n'avait-elle pas laissé les choses aller trop loin, trop vite? Lui avait-elle laissé un espoir quelconque qu'elle ne pourrait peut-être pas réaliser?


Peut-être... peut-être retournerai-je à Tulle, Yira... veiller mon époux, passer avec lui ses derniers jours ...


Ou alors.. ou alors elle partirait avec les Libertad, ou certains d'entre eux, ou seule... elle continuerait sa quête...


J'en sais vraiment rien Yira... Pour l'instant, j'essaie de tenir debout sans béquille, c'est mon seul objectif.

Linon tourna la tête vers le chemin, tendant le cou vers le bas de la pente et essayant de discerner d'éventuelles silhouettes. Curieux.... personne ne les rejoignait. Linon fit une petite moue, à moitié vexée... et dire qu'elle avait failli rajouter « qui m'aime me suive! »... elle avait bien fait de s'abstenir visiblement...
Elle prit une longue inspiration et se tourna vers Yira


Alors donc... les étoiles ! Chez moi, en Orient, quand j'étais jeune, j'allais parfois dans le désert, enfin.. au bord .. et je m'allongeais dans le sable encore chaud de soleil. Comme ça!

Elle s'allongea avec précaution sur les couvertures déjà refroidies, étendit sa jambe valide le long de la blessée, fit une petite moue de regret en songeant au sable chaud dans lequel elle enfouissait voluptueusement ses jambes, puis posa ses bras légèrement écartés de chaque côté de son corps, paumes tournées vers le sol. Dans le mouvement, elle effleura le bras froid de Yira, murmura « pardon » et déplaça le sien.

Voilà.. il faut se mettre bien à plat, tout le corps en contact avec le sol. Puis vous regardez au-dessus de vous. Mais bien au-dessus hein? À l'aplomb..

Elle joignit l'exemple à la parole, plongeant son regard émerveillé parmi les milliers d'étoiles scintillantes.


Ensuite... il faut chercher une étoile... la plus petite, celle qu'on ne voit presque pas.. et chercher encore derrière, la suivante... il y en a toujours une.. puis une autre.... au bout d'un moment, on oublie tout... le ciel prend tout la place... on devient tout petit, on fait partie de la terre... c'est une sensation... unique et très intense...
Yiralyon
Il écoutait la jeune femme évoquer les idées qui lui traversaient l’esprit. La politique l’avait toujours tenté lui aussi. D’ailleurs, il avait fait ses premiers pas dans une ville – Montpellier – en s’investissant en faveur des élections comtales du moment. Il s’était fortement engagé pour que seules les listes qui promettaient de sortir la capitale de son état léthargique arrivent en tête. Ce fut d’ailleurs le cas. Mais il ne s’en suivi presque aucune reconnaissance pour son engagement et surtout, rien ne changea. Les mots adressés amicalement par Sire Legueux, aujourd’hui au service du Roy, trottaient encore dans sa tête : « En politique, les promesses ne sont pas faites pour être tenues. »

Il se caressa le menton un moment tout en continuant d'écouter Linon.

Marko… il avait été retrouvé il y a peu. Yiralyon ne l’avait jamais rencontré mais cela l’avait peiné que sa belle mère ait en plus à s’inquiéter du sort du jeune homme. Il lui avait demandé de garder espoir et de sonder le plus profond de son être pour savoir si Marko était toujours en vie.

Puis Linon prononça le nom qu’il redoutait tant...

Citation:
De plus... si Gila un jour se remettait... c'est là-bas qu'il irait nous chercher.


Premier coup de poignard de la soirée. Il tenta de dissimuler son malaise. Un regard furtif dans sa direction puis un second et ses yeux furent attirés par un geste de sa main sur le bracelet qu’elle portait. Il la vit le retirer avec une certaine gêne. Peut être l’agaçait il ? Se forçait elle à le porter pour lui faire plaisir ? Tout en suivant le mouvement rectiligne du serpent en or, il aperçut l’alliance…

Sa gorge se noua instantanément. L’anneau semblait vouloir l’étouffer. Il ne l’avait jamais vu. Ou plutôt, il n’avait jamais voulu le voir. Certes, il savait qu’elle était mariée, il connaissait parfaitement la situation. Mais son inconscient avait tout arrangé pour qu’il se cache des éléments de vérité autant que possible. Sans cela d’ailleurs, il ne serait probablement pas assis là à ses côtés sur une couverture. Combien de fois… combien de fois avait il été tenté de se préserver d’une façon plus radicale, en cherchant à oublier Linon, à oublier leur première rencontre, lorsqu’il découvrit son sourire radieux, la douceur de ses gestes, sa vivacité d’esprit ainsi que sa délicatesse rafraîchissante… mais aussi la fermeté de ses principes. Et ce sont sans doute ces derniers qui l’avaient amené à lutter contre cette tentation. Bien sûr, ses principes reposaient sur des sentiments profonds pour un autre et cela aurait fait fuir n’importe quel homme. Mais elle faisait la démonstration de l’existence d’une émotion amoureuse que rien ne pouvait altérer, sauf peut être la mort. Or, Yiralyon avait besoin de croire que cela existait...

Sa rupture avec Lunatis il y a plus d’un mois et dans de bien sombres conditions lui avait pourtant ôté toute illusion. Un maître chanteur voulut mettre un terme à leur relation et il y était parvenu. Lorsqu’elle prit la décision de rompre leurs fiançailles, pour son bien disait elle, il fut d’abord affecté. La douleur avait été terrible… puis vint l’incompréhension… qui laissa la place à la déception. Il fut dépité qu’elle cède face au maître chanteur mais surtout dégoûté qu’elle lui cache l’instrument du chantage. Cet amour, il y avait cru.

Il sortit de ses pensées pour prendre la parole lorsque…

Citation:
Peut-être... peut-être retournerai-je à Tulle, Yira... veiller mon époux, passer avec lui ses derniers jours ...


Deuxième coup de poignard, la lame est plus ébréchée. Elle irait veiller son époux, passer ses derniers jours avec lui… Bien sûr quoi de plus normal ! Mais qu’est ce que Yiralyon venait faire là dedans ? Quelle était sa place ? Il n’était rien pour elle, comment pouvait il encore attendre quelque chose…



Il n’écoutait plus, se sentait hagard. Elle se tourna vers lui un moment, il voyait ses lèvres bouger mais n’entendait rien…



… puis un frisson provoqué par le contact de son bras sur le sien lui parcourut tout le corps et le ramena à la réalité.

Il comprit qu’elle lui donnait des instructions. Il l’imita sagement, s’allongeant sur le dos puis écartant légèrement les bras. Il oublia de tourner la paume de ses mains vers le sol.

Comme ça ?

Il n’attendit pas de réponse et choisit ce qu’il pensait être la plus petite étoile…
--Marko


Caché parmi les branches tombantes d'un saule pleureur, Marko suivait des yeux la scène sans rien en entendre.
Il avait suivi l'éclopé depuis la taverne où il logeait avec sa belle-mère, l'avait vu jouer avec une bougie depuis la rambarde derrière laquelle il passait une partie de ses soirées à écouter les grands quand on le croyait endormi. Il l'avait suivi pour voir s'il allait encore voir Linon. Car Marko trouvait que sa belle-mère voyait beaucoup trop ce type à chariot puis à béquilles. Elle sortait tous les soirs maintenant, et laissait l'enfant seul. Enfin pas tout seul vraiment, mais quand même seul... sans elle.

Or Linon était à lui, et à personne d'autre. Enfin si, à son père aussi, mais comme celui-ci n'était pas là... ben elle n'était qu'à lui. D'ailleurs dès que son père reviendrait, il gronderait Linon d'avoir laissé Marko seul, tuerait le type à béquilles et tout redeviendrait normal.
Elle recommencerait à se conduire normalement, c'est-à-dire à cuisiner ses plats bizarres, à l'obliger à les manger, à l'obliger à prier ou à se laver, à faire des crêpes, à raconter des histoires et à lui fabriquer des jouets. Enfin... elle n'avait pas vraiment arrêté, mais elle était nulle en jouets Linon... elle ne savait vraiment faire que des jouets en tissu ou en laine, avec lesquels il jouait beaucoup... bien obligé... mais elle était nulle en taille du bois. Heureusement que son père lui avait fait une épée en bois avant de mourir. Dès qu'il ne serait plus mort, Marko lui réclamerait un cheval en bois d'ailleurs...

Mais déjà, 'fallait que Linon redevienne normale et ne l'abandonne pas à son tour... voilà qu'ils s'allongeaient.. pour quoi faire donc? Marko serra les dents et la main sur son épée, quitta le saule pleureur et vint se planter au-dessus du visage de sa belle-mère.


Vous faites quoi??
Yiralyon
Un bruit de pas presque discret, quelqu’un approchait. Yiralyon porta instinctivement une main à sa dague tout en se relevant à moitié pour mieux se retourner. Un môme… il marchait en direction de Linon d’un pas assuré. Yiralyon comprit aussitôt qu’il s’agissait du petit Marko.

Le pauvre avait dû en baver ces derniers temps. Tous ses repères s’étaient effondrés progressivement. Difficile d’imaginer ce qu’il avait pu ressentir à la suite de l’innommable assaut mené par l’armée de Saintes contre la petite Libertaa et Linon.

Tu dois être Marko ? … Enchanté, moi c’est Yiralyon. Il s’écarta pour aménager une place sur la couverture entre lui et sa belle mère. Il sentit l'humidité de l'herbe traverser ses vêtements mais qu’importe… après avoir été insensible pendant de longues semaines à la suite des coups portés sur les hanches et le bassin, toutes les sensations étaient bonnes à prendre. On r’garde les étoiles, allonge toi avec nous pour voir. Linon va t'expliquer.

Ses yeux furent attirés par l'épée en bois que le petit garçon portait à la ceinture. Mais dis moi, c'est une bien belle épée que tu as là. Cette vision rappela des souvenirs heureux à Yiralyon. On lui en avait donné une à peu près semblable lorsqu'il était âgé de neuf ans. Il aimait se prendre pour le chevalier Clarifien, connu à l'époque pour remporter tous les tournois du comté. C'est de cette manière qu'il avait songé à son avenir pour la première fois: lui aussi voulait être respecté pour son honneur... A l'âge adulte, porter une épée n'avait pas le même goût... et l'honneur ne recouvrait pas la même signification pour tout le monde. Il espérait que le bois écarterait Marko des champs de bataille le plus longtemps possible.

Yiralyon lissa la couverture du plat de la main pour inviter de nouveau Marko à s'allonger à leurs côtés.
Linon
Plongée dans l'univers, le vertige l'avait prise et Linon voguait avec ravissement au milieu des milliers d'étoiles scintillantes. Brutalement le ciel s'obscurcit et les étoiles disparurent, faisant place à une tête d'enfant courroucé. Elle en sursauta mais avant même qu'elle eut pu dire un mot, Yira prenait les choses en main et s'adressait au Marko.

Linon se redressa à son tour, sourit en fronçant les sourcils à l'enfant.


Mais enfin que fais-tu là? Ce n'est ni une heure ni un lieu pour les enfants...


Marko ronchonna sous les réprimandes de sa belle-mère, trouvant que si eux pouvaient se promener en pleine nuit, ben... lui aussi ! Il renonça néanmoins à argumenter et profitant de l'invitation, se laissa tomber sur la couverture contre Linon.

Celle-ci lui caressa les cheveux en souriant puis lui colla une bise sur la tempe.


Yira, je vous présente Marko mon beau-fils, qui ne me quitte plus d'un pas depuis... que nous nous sommes retrouvés.

Marko? Si tu disais bonjour? Pour voir l'effet que ça fait d'être poli...?


L'enfant se renfrogna mais finit par murmurer un vague
« 'jour » qui fit sourire la jeune femme.

C'est vrai, on regardait les étoiles... tu veux les voir?

Mais Marko en avait soupé des étoiles de sa belle-mère, elle n'avait que ça à la bouche depuis l'attaque... Il se contenta de grommeler tout en se collant à elle et en dévisageant l'homme qui lui parlait de son épée. Il la sortit de sa ceinture et la montra fièrement


C'est mon père qui l'a faite... c'est pour tous les tuer !


Linon l'entoura de ses bras, brusquement inquiète de le retrouver si absolu à son âge...


Je préfèrerais te voir jouer à des jeux plus calmes parfois.. il faudrait que je t'apprenne à jouer aux dames...mmmhh... je tâcherai de trouver un jeu...

Un frisson la parcourut... La nuit était fort avancée, ils étaient assis depuis longtemps. Yira n'était même plus sur la couverture...

Pardon Yira, mais il est très tard, et il fait vraiment froid maintenant... Je pense que nous devrions rentrer.

Elle poussa doucement le dos de l'enfant pour l'inciter à se lever, qui une fois debout aida sa belle-mère à se remettre debout.

Linon se tourna vers Yiralyon et lui sourit aimablement


Merci Yira de m'avoir accompagnée jusqu'ici. Votre compagnie est toujours aussi agréable... Vous nous raccompagnez?
--Jacouille_la_fripouille
Jacouille qui en a des grosses se réveilla et vit tout un troupeau agglutiné non loin. Sa curiosité, car Jacouille est curieux, l'attira tel du miel pour un moustique. Justement cette bande de loustic, non loin mal famé était allongé dans l'herbe verte et marron à quelque endroit. Jacouille s'approcha et attendit de voir...
Yiralyon
L’avait elle invité sur la colline pour lui faire comprendre qu’il n’avait rien à espérer ? Impossible, elle lui avait assuré qu’elle n’était pas cruelle, que son attitude vis-à-vis de lui serait toute autre si elle était certaine qu’il n’y aurait jamais rien entre eux.

Et pourtant, quelque chose n’allait pas… D’abord, il n’était pas parvenu à se concentrer sur ces maudites étoiles, trop perturbé qu’il était par les dernières paroles de la jeune femme avant qu’ils ne s’allongent. Et voilà maintenant qu’elle lui adressait un sourire convenu et disait trouver sa compagnie « toujours aussi agréable ». Comment pouvait elle conclure cette soirée par une telle distanciation tout en ayant connaissance de ses sentiments. Il avait tellement misé sur cette invitation à partager cette expérience sur la colline. Il l’avait envisagée comme une nouvelle étape dans leur relation.

Sournoisement, une hypothèse se fit de plus en plus présente dans son esprit : elle était en train de le rejeter, comme un félin gavé lâche sa proie une fois celle-ci suffisamment martyrisée. Un goût amer dans la bouche annonça la profanation intérieure d'évènements qu’il croyait avoir enfoui a jamais au plus profond de sa mémoire. Linon s'était jouée de lui comme d'autres avant et comme l'avaient fait certains de ses amis plus récemment.

Tout en se relevant pour raccompagner la jeune femme et le garçon, il fut pris d’un soudain vertige. Il était en train de perdre ses repères, un sentiment de profonde solitude l’envahit aussitôt. Etait il destiné à être un pantin pour tous ceux à qui il disait s'attacher ?

Et Keyfeya qui venait de lui annoncer dans une lettre qu’elle sombrait sous le coup de la fatigue et des dilemmes. Elle allait se retirer dans un monastère, il avait sa part de responsabilité. Cette fois-ci, il ne pourrait pas se tourner vers celle qui avait toujours été là pour lui depuis son passage par Périgueux... cette perspective fut tellement douloureuse qu’il oublia l’existence de la prétocorienne de façon aussi brutale que durable. Plusieurs jours après, il relira ses lettres et cherchera en vain à savoir qui est cette femme qui lui avait écrit si souvent...

Yiralyon ramassa ses béquilles et attendit que Linon et son beau fils se lèvent pour prendre les couvertures. Il les laissa passer devant et entreprit la descente de la colline sans dire le moindre mot.


Mais tandis que des repères s’effondraient, de nouveaux se construisaient, dans l’urgence, afin de rattacher désespérément sa conscience à une réalité plus commode.

Il fallait qu’il revoit Calicia... sa sœur… Une voix dans sa tête raisonna : « Elle n’est pas ta sœur Yiralyon, c’était une couverture, rien de plus » . Il secoua la tête, une sœur ça ne trahit pas, ça reste toujours à vos côtés, quoiqu’il arrive, il ne voulait pas se retrouver seul, il lui fallait sa soeur...
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