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[RP] Tout près de toi ...

Aymeric_de_saunhac


Cela fait plusieurs mois que nous sommes partis de Randon et pourtant seulement quelques jours que nous sommes arrivés en Béarn. Entre le mariage de Majda puis celui de notre cousine, nous avons voyagé en long et large du Royaume et même au-delà des frontières. Malgré ce long voyage ensemble, nous n’avons pas fini de nous raconter toutes nos histoires. Toi celles de la maisonnée et du Languedoc, moi celles de mes chasses et de ma vie avec tante Vanyel et mes maistres en Toulouse puis en Béarn. Dans les moindres détails nous ne nous lassons pas de nous raconter tout ce qui a pu nous arriver en six ans. De cette façon, nous pouvons imaginer avoir partagé tous ces moments où nous étions pourtant si loin l’un de l’autre.

Durant le voyage, tu m’as dit t’être sentie inutile lorsque tous nous étions armés et prêts à nous défendre contre une attaque éventuelle alors que toi tu n’avais jamais touché une arme de ta vie. Père et mère n’ont jamais jugé nécessaire de t’enseigner le maniement d’une arme. Après en avoir discuté avec le Senher Zak et avoir demandé l’accord de tante Vanyel, nous avons conclu que je pouvais t’apprendre à tirer à l’arc tandis que tante Vanyel se chargerait de quelques cours d’épée lorsqu’elle en aurait le temps.

Ainsi, aujourd’hui nous commençons l’entrainement à l’arc. L’idée d’avoir une excuse pour passer d’avantage de temps seul avec toi mais aussi de pouvoir te montrer mes talents d’archer m’enthousiasme. Bien sur, nous savons tous les deux que l’on nous surveillera, tout au moins de temps à autre. Mais que ce soit notre tante ou bien mes maistres, tous se lasseront de nous épier. Nous ferons de notre mieux pour rester vigilant en attendant qu’ils baissent leurs gardes.

Pour l’occasion, tu as revêtu une tenue adéquate du type de celles que tu portais lorsque l’on faisait ensemble nos leçons d’équitation. Te voir sans une robe me surprend toujours bien qu’il ne fasse aucun doute que tu portes tout aussi bien les tenues de ce type. À te voir ainsi je t’image aisément à la chasse avec nous. Peut être viendras tu prochainement à la rencontre des lynx dont Donà Russo souhaite se faire faire quelques manteaux.

Laissant de coté mes interrogations, je reprends mon sérieux. Très fier, je te présente mon arc, une arme très simple mais qui me convient tout à fait. Il est certes moins joli que l’épée dont m’ont fait cadeau le Senher Zak et Donà Russo mais je sais tout au moins m’en servir correctement contrairement à l’épée que je ne sors que lorsque j’y suis obligé. C’est d’ailleurs pour cela certainement qu’elle ne sort jamais de son fourreau sinon lors de mes entrainements.

Je t’explique brièvement le mécanisme de l’arc. Ce n’est pas bien compliqué, on place sa flèche, on bande la corde, on vise et on tire. L’important reste surtout la pratique. Apprendre à viser correctement une cible n’est pas chose évidente. D’autant plus qu’il convient de prendre en compte le terrain et le vent qui peuvent largement influencer le résultat du tire.

Après quelques démonstrations à peu près convenables, je te tends l’arc et te regarde te préparer. Dès que je repère une erreur de placement, de mouvement, je m’approche de toi, certainement plus fréquemment que nécessaire, et te guide pour la réalisation de ton tire en prenant tes mains agrippées au bois puis à la corde, en déplaçant te épaules ou tes hanches. Bien sûr, toutes occasion et bonne pour venir près de toi et sentir ton contact. Maintenant que nous nous sommes retrouvés, je ne peux me résigner à rester ne serait-ce qu’à plus d’un mètre de toi.


Ce RP se déroule plusieurs mois après celui de "La migration des moineaux".

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--Eliandre_de_saunhac.


Depuis que j’avais quitté Montpellier j’avais l’impression d’être comme un poisson hors de l’eau, heureusement je t’avais toi, ma bouffée d’oxygène.

J’avais enduré la route sans piper mot, sans me plaindre. J’avais parlé avec toi, ou plutôt je t’avais écouté raconter tout ce que tu avais vécu depuis que tu avais rejoint notre tante qui avait trouvé bon de te laisser devenir page chez ses amis. D’ailleurs tu étais monté en grade, tu étais à présent écuyer, ce qui après tout n’était guère surprenant lorsque j’entendais tout ce que tu avais fait. En comparaison, relater la passionnante histoire des points de broderie – le résultat final te fut-il destiné – cela paraissait terne, sans relief. Vous aviez tous l’air plein de vie et d’entrain, confiants et sûrs de vous… j’avais la désagréable impression d’être un vilain petit canard, la petite chose frêle et fragile, l’oisillon qui n’a jamais quitté son nid… Tu sentais bien mon malaise grandissant, même si je ne l’exprimais verbalement. Il est des choses qui ne changent pas et, comme avant, les mots n’étaient pas vraiment nécessaires pour nous comprendre.

De routes en chemin, de mariage en détour, nous avions fini par arriver en Béarn, là où nous allions rester, normalement. Moi j’étais sous la responsabilité de notre tante, toi sous celle du senher Zak. Au début pourtant, tante n’avait guère de temps pour moi. J’étais étonnée qu’elle soit procureur. Le tribunal, c’était là où il y avait toute sorte de brigands et voleurs, c’est du moins ainsi que je le concevais, j’avais du mal à la voir au milieu de malfrats, c’était pourtant ainsi. Je tombais carrément des nues en apprenant qu’elle était responsable de l’étendard d’une armée. Décidément, il n’y avait vraiment que moi qui devais avoir l’air d’un agneau inoffensif… Ce qui raffermissait mon envie de changer cet état de fait.

Je profitais honteusement du fait que tante soit occupée alors pour lui soutirer l’autorisation d’apprendre à tirer à l’arc avec toi. Elle m’avait aussi avoué que les arcs ce n’était pas sa tasse de tisane. Par contre j’aurais le droit de commencer à apprendre le maniement de l’épée avec elle. Mais cela viendrait plus tard. J’étais déjà plus que contente d’avoir une bonne excuse pour rester à tes côtés.

Le jour J, j’étais tendue comme la corde d’un arc (pas pu résister, désolée ^^). J’avais troqué robe et jupon contre une tenue que je jugeais plus adéquate et nous étions allés vers la lice déserte. A côté, il y avait des cibles, c’est là que nous avions posé nos affaires. Toi d’abord, tu te saisis de ton arc pour me montrer comment faire. Je t’observe avec attention. Après vient mon tour. C’est là que ça se corse. La corde est plus dure qu’elle n’en a l’air, l’encoche de la flèche glisse et est récalcitrante, et mon premier trait atterrit lamentablement bien avant la cible. Ce n’est pas grave, je recommence, tu me guides.

Petit à petit, j’arrive à moins faire trembler mes mains, et donc l’arc également. Petit à petit, j’arrête de penser à la corde de l’arme comme aux cordes de la harpe que j’ai laissée à Montpellier parce que trop encombrante. Celle-ci n’est pas à caresser, elle est à maîtriser. Petit à petit, mes flèches se rapproche de la cible, jusqu’à parvenir à l’effleurer.

Ouiiiiiiiiiiiiiii et je te sautais au cou pour t’embrasser, trop heureuse de cette petite victoire. Dis Aymeric, tu crois que je peux demander un arc pour moi aussi ? Comme ça on pourra s’entrainer tous les deux en même temps. Tu crois que je peux prendre des flèches avec un empennage rouge et blanc ? Comme ça on les différenciera. Et… dis, tu auras le temps de continuer à m’apprendre ?
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Isaure.beaumont
[Pour situer l’action : Isaure revient d’un voyage en Champagne où sa belle-sœur l’a faite, de nouveau, Damoiselle de Morvilliers et où elle a assisté à l’enterrement de sa tante, Matthilde de Beaugency, qu’elle n’a jamais connue. De ce fait, elle n’a fait qu’apercevoir Eliandre de loin…]


La neige avait bien fondue, le printemps reprenait ses droits peu à peu. En quelques longues semaines, le paysage avait bien changé. Ce n’était pas pour déplaire à la demoiselle de Morvilliers. Non pas qu’elle n’aimait pas l’hiver, mais il lui tardait de redécouvrir son Béarn tel qu’elle l’avait connu quelques années auparavant.

Emmitouflée dans son manteau de loutre, solitaire, elle errait ci et là. Suivant tantôt les traces d’une biche, longeant tantôt le trépidant ruisseau. Bientôt, ses pas la menèrent vers une petite clairière d’où s’élevaient des voix. Curieuse et sauvage, la fillette, tel un prédateur, s’avança sans un bruit et se dissimula derrière un bosquet bien fourni.

D’ici la vue était parfaite. Si parfaite qu’il ne lui fallut pas plus d’une seconde pour reconnaître Aymeric ! Ainsi, sa mission si importante c’était elle ! Il avait refusé de venir se promener avec elle pour cette fille !! Ce mensonge et peut-être une pointe de jalousie réveillèrent chez la jeune fille une indignation vengeresse. Le défi qu’elle s’était lancée était mis à mal (cf la migration de moineaux) pour les beaux yeux de cette fille !

Regardez comme il la contemple, regardez comme il se serre contre elle !

C’est alors qu’un détail de plus grande importance attira la jeune fille. Cette fille : elle la connaissait. Ou plutôt, elle savait qui elle était ! Cette fille n’était autre qu’Eliandre. La propre sœur d’Aymeric. Et pourtant sa façon de la regarder, sa façon de chercher le contact de sa peau n’avaient rien de fraternel. Isaure se remémora alors d’un évènement dont elle avait été témoin quelques années plus tôt. Elle les tenait ! Ils étaient pris au piège. Elle lui ferait payer cet affront, ce mensonge, ce refus de sa propre compagnie.

Il ne voulait pas d’elle avec lui ? Et bien il n’aurait pas le choix. Il préférait la compagnie de sa sœur ? Et bien il devrait faire sans… On ne rejetait pas une Wagner ! Oh que non ! Elle userait de ses charmes naissants s’il le faut. Elle serait vile par nécessité. Tout pour arriver à ses fins, car on ne résiste pas à la fille du célèbre Duc Bleu !

Aussi silencieusement qu’elle était venue se cacher, la petite Morvilliers sortit de son repaire, et se dirigea vers les deux jeunes gens. Faisant mine d’être essoufflée, elle salua Eliandre et se tourna vers le jeune garçon.

Ah Aymeric ! Je vous trouve enfin ! C’est que vous étiez bien caché !


Ne rien laisser voir. Etre naturelle. Si elle était sûre d’elle alors on la croirait. Et puis, ils ne pouvaient pas se douter de ses attentions.

Mon Parrain m’envoie vous quérir. Messire Zaknafien est ici et demande à vous parler de toute urgence ! Il m’a été demandé de vous conduire à eux ! Quant à vous, Demoiselle, vous pourrez toujours allez tenir compagnie à votre tante qui semble bien lasse. Je vous rejoindrai sous peu afin que nous fassions plus ample connaissance !
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Aymeric_de_saunhac
La corde se tend, tu vises la cible les mains encore légèrement tremblantes, puis laisses filer la flèche droit devant. Pour des premiers essais tu te débrouilles plutôt bien, même mieux que bien lorsque ta dernière flèche frôle de près la cible. Visiblement, si l’arc me convient, tu démontres également quelques talents qui ne demandent qu’à être dévoilés.

En bon professeur d’arme, je reçois ma récompense lorsque tu me saute au cou en m’embrassant. Malgré la vague d’enthousiasme qui avait suivi mes premières flèches, je ne me souviens guère avoir exprimé ma joie de cette façon au Senher Zak. À n’en pas douter j’avais du me contenter d’un remerciement poli accompagné d’un sourire d’enfant heureux de découvrir un nouveau jouet de bois. Quoi qu’il en soit venant de toi il s’agi de la plus belle récompense que je puis espérer.

À tes questions, je devine ton impatience de renouveler l’expérience. Des arcs nous devions pouvoir en trouver. Peut être que tante Vanyel aurait quelques armes dont elle ne se servait pas. Après tout, même si elle n’utilisait jamais l’arc, elle avait du apprendre tout au moins à s’en servir un minimum. S’entrainer à deux arcs serait certainement plus simple et peut être même amusant. Comme lorsque l’on prenait nos premières leçons d’équitation, nous pourrons faire quelques compétitions. Puis si perde me valait de te recevoir dans mes bras à nouveau, je dévirai sans hésiter la totalité de mes flèches. Ce à quoi entrainait nécessairement un « OUI » à la dernière question qu’était de savoir si j’aurai suffisamment de temps pour continuer à t’apprendre le maniement de l’arc. Quand bien même le Senher Zak me distribuerait suffisamment de tâche pour une journée que je me débrouillerais pour les réaliser en deux fois moins de temps qu’il n’en faudrait pour pouvoir passer ne serait ce qu’une heure par jour avec toi ici.

Alors que nous devisons sur les possibilités de nos futurs entrainements, un élément « imprévu » vint troubler notre tête à tête pourtant mérité. Isaure, oui, la jeune fille qui était arrivée peu de temps avant que nous ne partions pour la chasse aux sangliers dans le nord puis par la suite pour Randon. Si ce n’est son caractère impétueux et sa fâcheuse tendance à monopoliser la conversation j’aurais presque pu l’oublier. À peine était-elle revenue de voyage le matin qu’elle m’avait convié à une promenade en sa compagnie. Si je n’avais rien eu d’important à faire, peut être aurais je supplié le Senher Zak de m’attribuer quelques tâches supplémentaires plutôt que de subir une conversation probablement fort orientée sur sa noble personne. Comme nous avions déjà convenu du premier entrainement à l’arc, je n’avais pas cru nécessaire de chercher d’avantage d’excuses pour refuser si charmante attention.

À en croire le ton avec le quel elle s’adresse à nous, et plus particulièrement à toi, elle ne semble pas ravi de nous rencontrer ici. Enfin, y a-t-il seulement quelque chose qui puisse la contenter si elle ne fait pas partie du dessin ? T’a-t-elle seulement adressé la parole alors qu’elle ne t’a encore jamais rencontré ?

- (Isaure) : Ah Aymeric ! Je vous trouve enfin ! C’est que vous étiez bien caché !

- (Aymeric) : (…)

- (Isaure) : Mon Parrain m’envoie vous quérir. Messire Zaknafien est ici et demande à vous parler de toute urgence ! Il m’a été demandé de vous conduire à eux ! Quant à vous, Demoiselle, vous pourrez toujours allez tenir compagnie à votre tante qui semble bien lasse. Je vous rejoindrai sous peu afin que nous fassions plus ample connaissance !

L’avantage s’il en est un, c’est que sa façon de formuler les choses implique qu’il est inutile de chercher à répondre par la négative. Quoi que cette histoire concernant le Senher Zak m’étonne, je n’y laisse rien paraitre. Il est évident que notre entrainement de tir à l’arc est terminé. Quant à retarder l’heure de la séparation en trainant en chemin, nous pouvons faire une croix dessus depuis l’intruse nous a découvert.

- (Aymeric) : Le Senher Zak me cherche ? Je suppose qu’il s’agit d’une quelconque affaire de tonneaux égarés alors. Nous avons justement terminé notre entrainement, nous vous suivons tous les deux, Eliandre rentre de toute façon au manoir. Il serait… inconvenant de laisser ma sœur rentrer seule alors que nous empruntons peu ou prou la même route n’est ce pas.

N’attendant pas de réponse, je termine de ranger mon matériel consciencieusement avant de déclarer que nous pouvons y aller. Peut être pour montrer à la noble demoiselle qu’elle ne peut pas nous séparer impunément; ou tout simplement pour rester le plus longtemps possible en contact avec toi, je te prends la main et marche à tes cotés tout du long du chemin.
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Isaure.beaumont
Ce matin-là, Isaure s’était levée aux aurores, impatiente d’en découdre. Elle était décidée à faire d’Aymeric un ami. Courant sans un bruit jusqu’aux cuisines, elle avait préparé elle-même un repas champêtre sous les conseils avisés de la cuisinière. Preuve de sa volonté. Quand tout avait été prêt, elle avait placé les victuailles dans un panier de jonc et s’était rendue aux écuries afin d’y faire seller sa monture et un bel alezan pour Aymeric. Tout avait été pensé. Ils passeraient un bon moment, feraient la course, poursuivraient quelques gibiers et parleraient de leurs voyages. Peut-être même qu’elle apprécierait réellement ce garçon mystérieux. Peut-être qu’elle goûterait enfin aux joies de l’amitié.

C’est donc toute excitée qu’elle s’était rendue dans le salon d’où elle avait guetté fébrilement son arrivée au manoir. Qu’elle n’avait pas été sa déception quand il avait décliné son invitation sans qu’elle ait eu le temps de lui exposer le programme de cette journée. Elle avait senti les larmes poindre, mais comme à son habitude, elle les avait retenues. Pour pallier sa déception, elle était allée se promener, avait vagabondé sans but dans la campagne béarnaise. Toutes ces préparations, tous ces efforts pour rien. Alors le trouver ici à s’amuser alors qu’elle-même errait, seule, l’agaçait au plus haut point.

Pourquoi ne l’avait-il pas conviée ? Question stupide, elle savait parfaitement ce qui se tramait ici. Elle avait compris et elle se savait mal venue. Mais peut lui importait. Il fallait qu’elle les sépare. Et elle avait trouvé une excuse. Excuse qui d’ailleurs avait sa part de vrai : son Parrain et le seigneur Zaknafien avaient bien quelques tâches à lui confier, mais ils avaient remis leurs recherches à plus tard. Ils le feraient travailler après le déjeuner, et le laisseraient profiter de cette radieuse matinée.

Le garçon s’était enfin mis en route et au grand dam de la petite Wagner, il prit la main de sa sœur. Etaient-ils si inconscients pour s’exposer ainsi ? Ignorée des deux jeunes gens, Isaure ouvrait la marche. Elle avait accepté, sans réelle joie, de raccompagner la jeune Eliandre jusqu’au manoir. Ensuite, elle entrainerait son frère vers les écuries.

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Varden
Ce garçon l'intriguait au plus haut point. Alors qu'ils avaient passé toutes ces chasses, ces mariages, ces moments ensemble, il ne parvenait ni à le cerner, ni à situer ce qu'il ressentait réellement. Varden était il transparent aux yeux du jeune Saunhac ? Ou bien le jeune Coms repoussait il inconsciemment le jeune écuyer de par sa différence physique ?

Varden n'aurait su le dire. Il éprouvait curiosité et mal être à contempler le regard si clair du garçon et pourtant aux côtés de Vanyel, de Russo ou de Zak, il semblait s'épanouir tel un enfant normal ...

Varden n'avait eu que peu de moments à consacrer à son jeune neveu, et l'arrivée d'Eliandre allait sans doute reconsidérer encore davantage le temps offert au jeune homme.

Eliandre et Aymeric ... Fusionnels à l'envie ... Voilà qui prêtait à sourire, du moins pour le Comte, retrouvant là l'aune de la jeunesse et la magie des géminées ... Cela déplaisait pourtant fortement à Isaure. Il suffisait de regarder sa jeune filleule mener compagnie, fière comme une Wagner, vexée au possible, trois pas devant les enfants Saunhac totalement installés dans cette bulle qu'ils s'étaient confectionnés depuis leur naissance.

Varden caressa doucement l'arc qu'il venait de confectionner pour Eliandre. L'archer, dans la maison d'Arezac, c'était lui. Non pas qu'il ne savait pas manier l'épée, mais il était moins dextre que Vanyel à ce jeu là et il préférait toucher de loin ses proies de chasse, user d'un arc que d'une lame aussi fine et légère soit elle.

Il avait un jour promis une partie d'arc en sa compagnie au jeune Aymeric. Il serait temps d'honorer cette promesse et d'apprendre à mieux connaitre, à mieux comprendre cet enfant ...

L'arc d'Eliandre était fin prêt. Plus souple, plus petit qu'un arc normal, elle n'aurait aucun mal à en user correctement après quelques leçons de la part de son frère. Peut être même qu'elle y trouverait là son arme de prédilection.

En l'occurence, l'arme d'Isaure était surtout sa langue, et ses mots toujours choisis sans aucune faute de goût ... Sortant de l'atelier, où il réparait généralement les flèches abîmées, Varden se mit en quête d'arrêter la petite troupe, de façon raisonnablement prudente tant l'ambiance semblait à brûle-pourpoint ...

Hola ! Mais quelle noble procession à cette heure !

Où vous rendez vous donc tous trois à pas si ... empressés ? Vous n'allez pas vous échapper à notre compagnie tout de même ?

N'oubliez pas jeune Aymeric que Zaknafien et moi même comptons sur votre aide aujourd'hui.

L'association des trois semblait presque surréaliste. A dire vrai, même Isaure ne semblait pas ravie de son intervention, chose assez rare tant il l'aimait et tant elle le lui rendait bien.

Son regard s'attarda sur sa filleule donc, avant d'accrocher celui de sa nièce.

Jeune Eliandre. Il paraitrait que votre frêre serait devenu votre maître d'armes et qu'il vous initierait à l'arc. Croyez bien que si j'aime tant en utiliser moi même, je ne saurais vous permettre de ne pas user de votre bien propre.

Acceptez celui ci, confectionné, autant que possible, pour votre personne.

Varden chercha le regard de sa filleule du coin de l'oeil, guettant une réaction quelconque ... Puis revint vers sa nièce, lui tendant l'arc prévu pour son usage.

Que ce fut Aymeric ou Isaure, que ce soit Mathilde ou Grace, chacun des membres de notre famille est ici chez lui et dispose à sa guise des biens de notre maisonnée.

Ne l'oubliez pas Eliandre, par Vanyel et la volonté du Très-Haut, vous êtes ici chez vous au même titre que tous ceux qui y demeurent.

Toutefois, ce bien sera votre et uniquement votre. Qu'il vous plaise d'en user à votre guise, de le conserver ou de l'offrir, de l'utiliser ou de le détruire, nul ne saura vous le reprocher.

Finissant dans un murmure à l'oreille de la jeune demoiselle ...

En dépit d'une trop grande peine pourtant, si vous veniez à choisir cette ultime option.

Varden se détacha de l'oreille d'Eliandre, lui laissant l'arc entre les mains. Puis il se redressa et regarda les intéressés de toute sa hauteur.

Isaure ? Les tâches d'Aymeric risquant de le retenir loin d'Eliandre un temps, peux tu t'assurer que Vanyel peut s'occuper d'Eliandre ? Auquel cas elle ne le pourrait pas, je te charge de la remplacer. Qui donc mieux qu'une jeune Demoiselle Champenoise pour lui faire découvrir les joies d'une après midi entre jeunes femmes ?

Varden plongea son regard dans celui de sa jeune filleule, au demeurant fort courroucée du parti pris par son parrain. Avait il fait là une erreur regrettable dans l'univers tout "Isaurien" de la Demoiselle de Morvilliers ? Il était pourtant convaincu que pour s'attirer les amitiés de l'un des enfants Saunhac, il fallait que l'autre l'accepte ... Or Isaure aimait l'exhaustivité, l'exclusivité et il lui fallait apprendre que tout ne s'obtenait pas par la manière forte ou la ruse, quoiqu'en dise la famille Wagner ...
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--Eliandre_de_saunhac.


La leçon de tir à l'arc avait pris fin de manière un peu trop abrupte à mon goût.. enfin si notre oncle et ton maître te faisait quérir, mieux valait nous plier à cette volonté. Nos quelques affaires furent promptement rassemblées avant de nous mettre en chemin.

Je regardais curieusement le dos de celle qui était venue nous chercher, sa démarche semblait impatiente, y avait-il donc tant urgence ? Ces pensées m'échappèrent lorsque je sentais tes doigts prendre doucement ma main. Après tout peu importait, je rentrais avec toi, cela m'allait.

Nous n'étions pas encore arrivés qu'oncle Varden venait à notre rencontre. Je le saluais poliment avant de l'écouter. Rien de nouveau de prime abord. Je hochais la tête avec un sourire ensuite. J'avais le meilleur maître d'arme qui puisse être, j'en étais convaincue.
Je me demandais où il voulait en venir après. Il n'y avait pas de risque que j'oublie que si j'étais ici, c'était parce que tante l'avait bien voulu et peut-être que les prières que j'avais adressées si souvent au Très-Haut avaient été entendues également, cela ne pouvait qu'avoir aidé. Savait-il que j'avais plus que conscience de la fragilité de ma nouvelle situation ? Savait-il que si je souhaitais ardemment que mère aille mieux je redoutais ce que cela pourrait avoir comme conséquence pour moi qui serai alors sans doute rappelée vers Montpellier?
Plongée dans mes réflexions je n'entendais que distraitement la suite de mots prononcés et faillis sursauter lorsqu'il se pencha vers moi. N'ayant pas prêté assez attention à ses propos, je n'arrivais pas à trouver un sens à ce qu'il me chuchota et je restais interdite en me retrouvant avec un arc dans les mains.. mon arc, cela j'avais tout de même réussi à le comprendre.

Merci oncle Varden fut tout ce que j'arrivais à répondre lors.

Tante était occupée ce jour... je le savais elle me l'avait dit plus tôt. Léger toussotement.

Ce n'est pas la peine d'aller voir tante Vanyel aujourd'hui, elle aura à faire jusque ce soir, c'est ce qu'elle m'a dit ce matin.

Puisqu'il fallait que l'on se sépare, je t'embrassais sur la joue avant de reporter mon attention sur Isaure.

Les après-midi champenoises sont spéciales ? Je la regardais avec curiosité. Jusque là je ne connaissais que les après-midi en ta compagnie ou à Montpellier, entourée d'Ida, Maurin ou quelque précepteur à la voix parfois trainante, parfois nasillarde, ou douce comme celle de mon professeur de harpe.

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Isaure.beaumont
Telle une prédiction, plus le petit groupe se rapprochait du manoir, plus Isaure avait l’impression de s’en éloigner. Pourtant, dans quelques minutes, ce qui lui semblait être dans une éternité tant l’allure de ses compagnons était lente, Isaure aurait enfin la satisfaction de se défaire de cette intruse pour un temps. Mais sa jubilation fut de très courte durée car au détour du chemin…

- Holà ! Mais quelle noble procession à cette heure ! Où vous rendez vous donc tous trois à pas si ... empressés ? Vous n'allez pas vous échapper à notre compagnie tout de même ?

Voyant son Parrain s’avancer vers eux, le cœur d’Isaure s’emballa. Elle était prise au piège. Jamais le comte n’aurait dû se trouver là. Isaure reprit rapidement contenance et l'air effarouché, qu'avait un instant affiché son visage, disparut. Elle offrit un sourire serein à son Parrain ; mais qui la connaissait bien aurait reconnu le froncement singulier de son petit nez retroussé. La venue de son Parrain la contrariait. Et pas qu’un peu !

-N'oubliez pas jeune Aymeric que Zaknafien et moi même comptons sur votre aide aujourd'hui.

Voilà qui la soulageait un peu. Ces paroles justifiaient qu’elle n’avait été qu’une simple estafette. Cette intervention n’était peut-être pas si mal tombée. Du moins c’est ce qu’elle se disait jusqu’à ce qu’elle voit Eliandre recevoir un arc par SON Parrain qui, en plus de simplement le lui offrir alors qu’il en faisait déjà beaucoup, l’informait qu’elle était ici chez elle, au même titre qu’elle-même. C’en était trop. Pourquoi fallait-il que cette fille, en plus de venir troubler leur tranquille quotidien, soit en plus considérer comme un membre de la maisonnée ? Une invitée passait encore… Surtout quand elle n’était qu’une étrangère.

Isaure aimait l’exclusivité. La présence de Vanyel ne lui posait plus de problème, Varden ayant assez d’amour pour les deux. Sans lui montrer d’affection, elle lui adressait maintenant la parole et lui adressait même des sourires sans une once d’hypocrisie. Cette rivalité, qu’elle avait pensé exister entre elles deux, se matérialisait réellement cette fois-ci mais avec Eliandre. C’était elle la réelle menace, pas Vanyel. Sous ses petits airs d’ange, c’était le Sans Nom qui agissait. Elle essayait de l’évincer dans le cœur du champenois. Sa gorge se serra. Il ne fallait pas qu’elle se laisse aller. Elle ferait tout pour que son Parrain l’aime encore. Tout pour qu’il n’aime qu’elle. Et tout pour qu’Aymeric soit à elle aussi.

-Isaure ? Les tâches d'Aymeric risquant de le retenir loin d'Eliandre un temps, peux tu t'assurer que Vanyel peut s'occuper d'Eliandre ? Auquel cas elle ne le pourrait pas, je te charge de la remplacer. Qui donc mieux qu'une jeune Demoiselle Champenoise pour lui faire découvrir les joies d'une après midi entre jeunes femmes ?

-Ce n'est pas la peine d'aller voir tante Vanyel aujourd'hui, elle aura à faire jusque ce soir, c'est ce qu'elle m'a dit ce matin. Les après-midi champenoises sont spéciales ?

Isaure crut qu’elle allait s’étouffer. Passer l’après-midi avec cette ennemie qu’elle venait de se trouver ? Il en était hors de question ! C’était avec Aymeric qu’elle voulait aller ! Il était différent des autres, comme elle l’était elle-même. Et puis, l’idée. La bonne. La révélation. Elle l’aurait sa victoire !

Mais bien sûr MON Parrain. C’est volontiers que je tiendrai compagnie à Eliandre.

Se tournant vers sa compagne, Isaure étira sa bouche, en d’autres termes elle s’intima l’ordre de sourire.

Spéciales ? Exceptionnelles vous voulez dire ! Excepté, bien sûr, quand votre précepteur vous retient pour une leçon complémentaire de latin ! Aimez-vous les chevaux Eliandre ?

Puisque son expédition avec Aymeric était compromise, autant que ses efforts ne soient pas vains. Elle se rapprocherait d’Eliandre ainsi, elle contenterait son Parrain qui ne verrait qu’elle et, en se mettant la sœur dans la poche, elle aurait le frère !

Si cela vous sied, nous pourrions nous faire un repas à la champenoise. Laissez-moi aller aux cuisines chercher de quoi manger, et retrouvons-nous aux écuries d’ici une dizaine de minutes ! Avec un peu de chance, ils auront sellés quelques chevaux… Ca leur arrive parfois… Comme ça… Pour rien ! Voulez-vous ?
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Aymeric_de_saunhac
Avancer doucement, le plus doucement possible. Profiter encore quelques instants de ta compagnie qui m’a tant manqué. Devant, Isaure tente de nous faire forcer l’allure. Qu’importe, nous avons le temps. Le Senher Zak sait pertinemment que nous nous entrainions à l’arc, tout comme tante Vanyel. Pour cause, nous leur avions demandé permission. Quoi qu’ils aient à me faire faire, cela peut attendre un peu. De temps à autre, lorsqu’Isaure ne se retourne pas pour s’assurer que nous sommes toujours à sa suite, j’attire ton attention et fait des grimaces en sa direction. Nous rions silencieusement jusqu’à (…)

- (Varden) : Hola ! Mais quelle noble procession à cette heure !
Où vous rendez vous donc tous trois à pas si ... empressés ? Vous n'allez pas vous échapper à notre compagnie tout de même ?
N'oubliez pas jeune Aymeric que Zaknafien et moi même comptons sur votre aide aujourd'hui.

Oncle Varden s’interposer devant nous. Bien sûr que je n’avais pas oublié mes devoirs d’écuyer. Comment l’aurais pu d’ailleurs ?

- (Aymeric) : Bonjorn oncle Varden ! Si je puis vous être utile, je serai bien entendu ravi de pouvoir vous aider. Le Senher Zak m’a en effet averti ce matin lorsque je m’apprêtais pour l’entrainement à l’arc qu’il aurait des tâches à me confier après mes exercices. Je ne les ai guère oubliés. DONÀ (petite insistance sur ce mot) Isaure s’en est d’ailleurs déjà assurée.

Si oncle Varden a une affaire urgente à me confier, il n’en fait rien savoir. Au lieu de cela, il s’adresse à toi pour t’offrir ton propre arc. Lorsque tu m’as demandé à la fin de notre entrainement si tu pouvais avoir ton arc, j’avais imaginé pouvoir te l’offrir moi-même. Bien que ravi pour toi, je tente de dissimuler ma peine de ne pouvoir te contenter moi-même. L’arme semble joliment travaillée et parfaitement adaptée pour toi.

Finalement, nous en revenons à nos activités de l’après midi. Quand je serai occupé avec mon Senher et oncle Varden, tu te promèneras à cheval en compagnie d’Isaure. Je me doute que cette promenade ne doit pas t’enthousiasmer au plus haut point. Pourtant, tu n’y laisse rien paraitre. Aurais-tu quelque chose en tête ? Malgré ton air serein, je ne peux que m’inquiéter du résultat. Sans connaitre parfaitement la demoiselle de Morvilliers, je sais tout au moins qu’elle ne peut s’empêcher de parler d’elle et… d’elle… puis peut être même encore un peu d’elle…

Par une dernière embrassade sur la joue, nous nous séparons pour le reste de la journée. Alors que je te regarde partir, le dernier commentaire d’Isaure me laisse pantois. Décidément DONÀ Isaure ne doute de rien. Les palefreniers ne s’amusent pas à longueur de journée à préparer les chevaux pour une petite promenade sans qu’on les en ai informé. Je suppose que la tâche de les prévenir me revenait alors. En y réfléchissant, peut être même qu’il était préférable que je les prépare moi-même. Avec un peu de chance, j’aurai le temps de glisser un petit quelque chose, peut être bien un mot à ton attention. Avant de me diriger rapidement vers les écuries je demande l’autorisation à oncle Varden. Le travail pouvait m’attendre encore quelques instants. Puis équiper les chevaux m’entraine également.

Aux écuries, je reste dubitatif devant les deux chevaux préparés. L’un est d’ailleurs le mien. Chose étrange, je n’ai jamais demandé à ce que l’on prépare réglisse. D’ailleurs, je ne le fais jamais préparer, je m’en occupe moi-même comme me l’ont appris le Senher Zak et Donà Russo. Bien sûr, le matériel utilisé n’est même pas le mien. La chose n’est pas étonnante puisque je garde ma scelle et tout le reste dans ma chambre. Le plus rapidement possible, mais également en prenant le plus grand soin, je débarrasse réglisse puis le raccompagne à son box avant de faire sortir caramel. Dans les écuries, je ne vois pas ton matériel. Qu’importe, je comptais de toute façon préparer ton cheval avec le mien. En toute vitesse, je fais l’aller retour de la demeure de mes maistres aux écuries puis termine le travail. Satisfait, je regarde Caramel équipé de mes couleurs. Me reste quelques instant pour griffonner un petit mot que je glisse pas trop en évidence, entre la scelle et l’encolure de façon à ce que tu le vois uniquement une fois montée.

Citation:

Prends soin de toi petite sœur. Si je le peux, je te rejoindrai lorsque les gens de la maisonnée seront tous couchés…

P.S : Fais attention à la langue d’Isaure, elle est certainement plus pendue et peut être même plus retorde qu’une corde de potence.

Aymic

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Russocarine
[Aux écuries]

Depuis leur retour en Béarn, Russo avait deux activités essentielles: explorer les environs à la recherche de traces de lynx pour son prochain manteau, et entrainer son cheval Tambourin pour la course organisée par les Ecuries Royales à Paris. Zak et Aymeric avaient choisi de ne pas concourir, mais seraient là pour l'encourager et surveiller la buvette. Après une matinée à parcourir la montagne environnante, elle ne rentrait pas bredouille, cette fois. Elle avait trouvé un mouton égorgé, et des traces qui n'étaient pas un loup, mais surement un lynx.
Descendue de cheval, elle entra dans les écuries du Comte d'Ossau, où leurs chevaux occupaient tranquillement quelques box le temps de faire construire les dépendances nécessaire à leur nouvelle propriété. C'était une des joies des déménagements, d'autant qu'une absence pour "affaires" en Languedoc l'avait empêchée de suivre les travaux. Et les travaux, quand on ne les surveille pas, ont une facheuse tendance à ne pas se faire.

Russo remarqua 2 chevaux sellés, dont un portant les couleurs d'Aymeric. Il faudrait qu'elle lui dise de faire attention au lynx, tout en pensant qu'il n'irait pas tout seul si haut dans la montagne. Puis s'affaira à débarasser Tambourin. Sauf urgence extrème, ou si Aymeric était dans les environs, elle préférait s'occuper elle-même de sa monture.
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--Eliandre_de_saunhac.


[Dehors, vers l'entrée du domaine]

Spéciales ? Exceptionnelles vous voulez dire ! Excepté, bien sûr, quand votre précepteur vous retient pour une leçon complémentaire de latin ! Aimez-vous les chevaux Eliandre ?

Je haussais imperceptiblement un sourcil à cette affirmation un tantinet pompeuse, peu importe de quelle façon on la tournait. Le latin n'avait pas (encore) eu l'heure de faire parti de ce que l'on m'avait enseigné, mais je supposais que la lecture en profondeur de certains textes poussiéreux et abscons devait bien être équivalent.

Si cela vous sied, nous pourrions nous faire un repas à la champenoise. Laissez-moi aller aux cuisines chercher de quoi manger, et retrouvons-nous aux écuries d’ici une dizaine de minutes ! Avec un peu de chance, ils auront sellés quelques chevaux… Ca leur arrive parfois… Comme ça… Pour rien ! Voulez-vous ?

Je vous y retrouverai donc ... nous verrons bien pour les chevaux, on pourra toujours demander si jamais ils ne sont pas prêts.

Je te lançais un dernier regard accompagné d'un sourire avant de rentrer prestement prendre quelques affaires.

[Dans la demeure]

Arrivée dans ma chambre, j'avais à peine eu le temps de poser l'arc que venait de m'offrir oncle Varden quand... une boule de poil me sauta dessus et je riais en l'attrapant.

Chaton! tu n'as pas fait trop de bêtises hein dis?

Je caressais la petite bête avec affection. C'était mon Chaton. Tante me l'avait donné et après avoir bien cherché au moins 3 jours un nom qui pourrait lui aller, je n'avais pas réussi à trouver autre chose que "Chaton"... j'appelais un chat un chat, au moins. Manifestement, il y a avait eu quelques sottises de faites, je ne pouvais que constater quelques feuilles soigneusement mastiquées ou griffées, un pot d'encre renversé et une petite marre qui en découlait... je pouvait m'estimer heureuse que les petites pattes n'aient pas été patauger dedans, sinon j'aurai pu suivre à la trace tous les déplacements de Chaton...
Je le prenais par la peau du cou pour l'amener devant mes yeux et le réprimandais d'un air très sérieux en agitant un index presque menaçant.

Chaton... il va falloir que tu apprennes à rester sage, mes feuilles ne sont pas des jouets... il va falloir que je te trouve des vrais jouets, comme ça peut-être que tu laisseras mes affaires tranquilles. Je m'en occuperai plus tard, je dois me préparer pour l'instant.

Avant toutefois, je ramassais le flacon défait et épongeait l'encre avec une serviette. Je démêlais ensuite mes cheveux avec une brosse pour les relier en une natte, c'était plus pratique lorsque l'on veut monter à cheval, et puis ça évitait une pléthore de nœuds récalcitrant à défaire ensuite. Ceci fait, je pris mes gants et une veste avant de ressortir avec Chaton dans les pattes, littéralement.

[Aux écuries]

J'arrivais tranquillement vers les écuries... il y avait quelqu'un. La personne était trop grande pour être Isaure. C'était dame Russo. Je m'approchais sans chercher à être particulièrement silencieuse, en remarquant que Caramel était non loin, et tout prêt avec tes couleurs, ce qui me fit sourire.

Bonjorn dame Russo, comment allez-vous?

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Russocarine
[Aux écuries]

Le cheval débarrassé de son harnachement, Russo le bouchonnait vigoureusement avec des poignées de paille. Tambourin avait encore son poil d'hiver, et l'excursion en montagne l'avait fait transpirer. Une petite voix lui fit lever la tête de son ouvrage.

(Eliandre) Bonjorn dame Russo, comment allez-vous?

Tiens donc.. Eliandre... Aymeric ne serait sans doute pas loin, lui qui voulait faire de sa soeur une parfaite sauvageonne. Ceci dit, les activités au grand air ne lui faisaient pas de mal, et Russo n'était pas parmi celles et ceux qui pensent que la broderie, la lecture, et la messe sont les seuls activités dignes des jeunes filles nobles.

Bonjour Eliandre. Je rentre d'une excursion en montagne, et ma foi, je crois avoir trouvé des traces de lynx. Nous pourrons bientôt aller chasser, je pense.
As tu suffisamment progressé à l'arc pour te joindre à nous, ou préfères tu rester au village avec Isaure ?

Russo n'ignorait rien des entrainements de tir à l'arc. Certains soir, Aymeric faisait même croire qu'ils faisaient des entrainements de nuit, ce qui était faux, ou qu'il dormait avec son arc, comme si c'était confortable. En tout cas c'était mieux que son idée d'avoir un castor comme animal familier, sous prétexte qu'Eliandre avait un chaton. Un castor.... une de ces sales bêtes l'avait mordue à la chasse au sanglier, et elle en avait été quitte pour des points de suture et une saignée. Et la vermine mangeait le bois des tonneaux, en plus.
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Isaure.beaumont
Isaure s’était hâtée de rejoindre les cuisines. Le panier qu’elle avait préparé le matin-même n’avait pas bougé. Elle aurait pu repartir de suite, mais autant feindre jusqu’au bout une expédition improvisée. Justement, un tabouret, tout à côté d’elle, lui faisait les yeux doux. Se poser un peu, se calmer, reprendre ses esprits et préparer ses plans d’action.

- Eh bien Mademoiselle Isaure, vous n’êtes pas encore partie ? Vous avez bien de la chance que le soleil ait pointé le bout de son nez aujourd’hui ! Lui qui se faisait timide, c’est un honneur qu’il vous fait là… Vous semblez bien songeuse Isaure. Et quelque peu soucieuse.

Isaure esquissa un pâle sourire. Madeline venait de rentrer dans la cuisine et s’était assise à côté d’elle. Cela faisait maintenant plus de six ans qu’elle était au service des Wagner, depuis l’arrivée de la petite Isaure sur les terres de Brienne en fait. Compréhensive, elle savait se faire oublier en public, mais dans l’intimité, une tendre familiarité s’installait entre elles. Isaure avait ses défauts, certes. Mais les gens ne la comprenaient pas, ou plutôt ne voulaient pas. Il était plus simple de la mépriser que de chercher à comprendre pourquoi elle-même les méprisait. Pourtant, c’était simple. Elle les enviait. Ils avaient une famille, des amis. Elle, elle n’avait rien, ou plutôt elle était seule. Il y avait bien quelques proches, mais qui ne suffisait pas à combler ce manque, cette solitude. Il était certain que son attitude n’avait rien d’attirant, qu’il était difficile de s’attacher à une enfant en apparence nombriliste. Pourtant, quand on pénétrait sa carapace, on comprenait. Elle se cherchait. N’ayant jamais connue la stabilité ; ballotée de maisons en châteaux, de duchés en comtés, et surtout de mains en mains, elle avait difficilement pu prendre ses marques. Ne restant jamais longtemps dans un lieu pour créer ne serait-ce qu’un lien, les enfants de son âge était pour elle une espèce rare, difficile à appréhender. Que faire ? Que dire ? Elle avait choisi la simplicité. L’échec était la pire chose, autant atteindre le même résultat, mais volontairement… Cette tactique l’avait jusqu’à présent toujours contentée. Pourtant, depuis la mort de ses frères, depuis son installation chez son Parrain, cette solitude, imposée par elle-même, lui pesait. Valère avait d’autres occupations. Certes, il prenait toujours plaisir à passer un moment privilégié avec elle, mais ceux-ci se faisaient rares. Isaure ne lui en tenait pas rigueur, elle comprenait, Catheolia aussi était souvent occupée, et ses frères, n’en parlons pas. Pauvre petite.

Quand Isaure, la veille, lui avait exposé son intention de faire du jeune Saunhac un ami, Madeline avait souri. Elle aurait vraiment souhaité que la petite Wagner y parvienne, mais elle savait très bien ce qui motivait l’enfant. Elle ne s’intéressait pas au garçon, du moins pas comme l’amitié l’entendait. Elle voulait un ami, peu importe qui, tant que son rang soit élevé et qu’il lui soit soumis ; or, c’est là qu’elle se trompait. En amitié, il n’était pas question de force mais plutôt d’entraide, de compréhension et de tolérance. Qualités qui faisaient défaut à la damoiselle. Et pourtant, ce matin, elle avait fait montre d’une grande motivation. Tous ces efforts ! Dommage qu’ils aient été motivé plus par le désir de réussir que de faire plaisir. Mais qui sait. Peut-être que cette journée serait-une révélation pour sa jeune maîtresse.


Aymeric ne m’aime pas ! C’est sa sœur qu’il aime, mais moi, il me méprise. Il a décliné mon invitation ce matin… Je me suis donc vengée : j’ai interrompu sa leçon de tir avec Eliandre. J’ai invoqué comme prétexte que je devais le conduire à mon Parrain, malheureusement nous avons croisé celui-ci, qui a bel et bien réquisitionné Saunhac mais je dois maintenant passer la journée avec Eliandre. Je ne peux pas me défiler. Mais ce n’est pas d’elle que je veux …

Cette attirance pour Aymeric, Madeline ne la comprenait que trop bien pour en avoir abordé le sujet avec elle. Ce garçon était étrange. Peu ordinaire. Pas ordinaire du tout même. Le regard des gens ne devait pas toujours être facile à supporter. Et Isaure, en lui, devait se reconnaître plus ou moins. Non pas qu’ils se ressemblaient, mais elle devait penser qu’à ses côtés, elle serait moins différente des autres. Et qu’en même temps, elle ne serait pas si éloignée de lui.

Et en même temps, je me dis que si je fais des efforts avec elle, si j’arrive à lui plaire à elle, alors peut-être qu’Aymeric finira par m’aimer ! Mais je ne sais pas comment m’y prendre, ni ce que je dois lui dire. Les filles se racontent leur secret ! Mais je n’ai pas de secret ! Enfin si ! Mais si je lui disais tout ce que je viens de te dire, ce serait pour le moins étrange…

- Assez parlé Isaure, il est grand temps que vous la rejoignez. Faites-vous confiance. Vous savez être intéressante parfois…

Isaure, mi-figue mi-raisin, se mit en route pour les écuries, le panier pendu au bras après un dernier regard vers sa jeune servante. Eliandre était déjà là, bavardant avec Russo qu’Isaure n’avait fait que croiser à son retour de Champagne. La jeune fille prit une bonne inspiration et s’avança.

Vicomtesse, je vous souhaite le bon jour !

Petite révérence élégante. Sourire poli. Puis se tournant vers sa jeune compagne et avec un enthousiasme presque non feint.

Eliandre, je vous prie de bien vouloir m’excuser, je vous ai fait attendre. Je ne savais que choisir ! Il y avait tellement de bonnes choses, et ignorant ce qui vous ferait plaisir, j’ai pris un peu de tout. Peut-être un peu trop d’ailleurs !

Sans faire plus grande attention aux chevaux, la Morvilliers ne s’aperçut même pas que l’une des montures n’était pas celle qu’elle avait choisie… Elle se contenta d’attacher le panier sur la selle de sa jument, s’assurant qu’il était bien fixé et qu’il ne blesserait pas sa monture.

Et bien me voilà fin prête, je vous laisse donner le départ !
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Russocarine
[Aux écuries]

Ainsi c'était la jeune Isaure qui partait chevaucher avec Eliandre. Etrange. Russo ne dit rien, mais n'en pensa pas moins. Elle n'avait que vaguement croisé la filleule de Varden, assez cependant pour trouver l'enfant fort peu ... enfantine dirons nous. Une grande personne en miniature par ses expressions et son maintien. Et si elle en croyait Aymeric, une vraie peste, un vipereau. Que lui avait elle dit l'autre jour ? Qu'elle voulait épouser le Roy Lévan pour faire d'Aymeric son valet... Pure méchanceté enfantine ou arrogance déjà bien enracinée ?

Et de scruter attentivement le visage de la petite Dame de Beaumont tandis qu'elle la saluait

Le Bon Jour jeune Isaure.
Et de lancer sans préambule aucun
Savez vous qu'il reste encore des places au Collège Saint Louis de France pour les jeunes nobles soucieux de recevoir la meilleure éducation qu'il soit dans le Royaume ? Le neveu du Grand Aumonier de France est inscrit, ainsi que plusieurs fils et filles de Ducs et Comtes.

Inutile à se moment là de parler de la vie en collectivité, ni du lourd programme d'enseignement.

Ne vous éloignez pas trop du village pour votre promenade. J'ai vu des traces de lynx ce matin, et les ours ne devraient pas non plus tarder à sortir, tout affamés de leur hibernation.
Geste machinal du revers de la main sur sa peau d'ours, pour enlever quelques brins de paille. Tambourin était étrillé, quand les enfants seraient partis, elle s'occuperait des pieds de son cheval, lui donnerait une bonne ration d'avoine, rangerait son harnachement et rentrerait chez elle.
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--Eliandre_de_saunhac.


Citation:
Bonjour Eliandre. Je rentre d'une excursion en montagne, et ma foi, je crois avoir trouvé des traces de lynx. Nous pourrons bientôt aller chasser, je pense.
As tu suffisamment progressé à l'arc pour te joindre à nous, ou préfères tu rester au village avec Isaure ?


Lueur d'intérêt qui brille dans mes yeux. Vrai ? une chasse ? comme celle dont je ne cesse d'entendre parler? Que j'ai suffisamment ou non progressé à l'arc d'ici là, il est hors de question que je rate cela. J'allais répondre lorsqu'Isaure arriva avec un panier assez.. très.. ventru. C'était un festin qu'elle y avait caché, pas un pique nique. Jamais nous n'arriverons à en venir à bout, à n'en pas douter, mais après tout il y aura du choix.

Pourquoi dame Russo parlait subitement d'un collège, fut-il de France.. Je comprendrais peut-être plus tard. En attendant je hochais la tête lorsqu'elle nous enjoint à la prudence. La chasse ce n'était pas pour aujourd'hui.

Nous ferons attention dame Russo. Pour la chasse je viendrai avec vous avec plaisir.. j'ai trop entendu parler de ces aventures pour ne pas avoir envie d'y prendre part.

Je fis ensuite un léger geste à Isaure, puisqu'il semblait le signal du départ m'incombe. Je menais Caramel vers la sortie des écuries, mis le pied à l'étrier et l'enfourchait. Quelque chose attira mon attention.. un bout de papier. Curieux. Sentant quelque chose à cacher je le prenais discrètement et souris tout d'abord lorsque les mots s'imprimèrent sur ma rétine avant de voir la fin. Je retins un soupir. S'il en était ainsi, je me montrerai prudente. Je n'avais aucune envie d'ouvrir la porte aux ennuis. Au bruit d'Isaure légèrement derrière moi je glissais la note dans un des gants que j'étais en train de passer avant de me retourner vers elle.
Considérant le panier-repas prendre le trot voire galoper n'était sans doute pas une bonne idée.

Vous savez à quoi ressemble des traces de lynx Isaure? Peut-être que nous en verrons également. Vous viendrez chasser vous aussi ?

J'essayais de trouver un terrain de conversation aussi neutre que possible, suivant ta mise en garde. Il allait bien falloir que nous parlions de quelque chose. C'était quelque chose d'assez nouveau pour moi. Une après-midi avec une autre personne qui n'était ni toi, ni un professeur, mais juste une fille comme moi. Une fille avec qui je vivais désormais, et qu'il me fallait apprendre à connaitre.

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