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[RP] Quand les armes parlent...

Aldraien
[HRP : RP transferé ici cause voyage et déplacement, donc pas de possibilité de pouvoir répondre]

Lady_antlia a écrit:


[La colère est mauvaise conseillère....]


Elle avait ce caractère volontaire et flamboyant de ceux qui vont au combat sans état d'âme, de ce que la mort n'effraie pas tant qu'il y a quelqu'un à sauver. Trop même, entier, ténu, fier.... que la Licorne essayait de faire plier. Non pas pour la casser non loin de là et tout le contraire.
L'Etoile avait choisit la voie de la chevalerie, cette voie dure, faites d'embuche et de rencontre de soit, de remise en question et de chutes vertigineuses.
Elle avait choisit la voie où son caractère ne collait pas dans cet Ordre où la diplomatie était plus souvent de mise que les armes.

Justement ces armes.... Un sac de toile sur le dos, elle avançait vers une clairière. Sac de toile d'où émanait des cliquetis et des bruits de ferrailles qui s'entrechoquaient.
Ce grand sac semblait bien lourd pour ce corps que l'on pensait fragile mais si sec et aux courbes graciles.

La Blonde était vêtue sobrement : ses cuissardes de cuir marron lui couvraient presque entièrement les jambes, son pantalon fourré à l'"intérieur.
Sa chemise flottait autour de son corps mince.. une chemise d'Akron . Elle en avait gardé plusieurs et se plaisait à les mettre quelques fois, son souvenir la hantant encore.
Sa chemise à lacets de cuir était fourrée dans son pantalon et elle avait revêtu une sorte de gros gilet sans manche en laine épais .
Ses cheveux étaient retenus en une lourde natte blonde qui dodelinait en son dos alors qu'elle marchait.


Le visage de l'Etoile montrait par contre une détermination ... une expression qui avait effacé celle de la douceur quasi constante chez elle.
A cet instant, son corps se raidissait, son esprit volontaire émergeait malgré le fait d'avoir respiré comme on lui enseignait à la Licorne... Oui respirer pour ne pas commettre d'impair... respirer pour ne pas dire ce que l'on pense mais penser aux conséquences..

Arrivée dans la clairière, elle planta ses bottes en l'herbe encore gelée de ce matin là. Elle fit passer le lourd sac par dessus son épaule et le laissa choir sur l'herbe, faisant un bruit fracassant d'aciers.
Seules à présent bougeaient les volutes de fumées qui s'échappaient de la bouche de la blonde... qui attendait ....

Aldraien
Aldraien a écrit:


La peur qui décuple les forces…

Les pas légers sur le chemin de terre, elle avait pris cette habitude à présent de marcher sans faire de bruit ou presque, mais sa pensée elle, résonnait plus que jamais. Hantée par les événements récents. Il y avait quelque chose en son regard, quelque chose qui avait changé, la rousse avait changé, par la force des choses, changer pour ne plus être faible, se cacher encore et toujours derrière cette carapace de certitudes qui révélait en réalité tout le contraire, une femme faite de peur et de haine, de doutes et de faiblesses.
Une lueur émeraude, comme pour rappeler celle qu’elle était avant. Regard incisif, comme pour prévenir de ne pas s’approcher d’elle en cet instant. Elle avait du effectuer un travail sur elle avant de venir dans la clairière, elle ne savait pas encore si celui-ci avait porté ses fruits ou non.

Le soir où tout c’était passé, sa peur avait laissé la place au vide, l’amour à la colère, esprit changé et remplacé par celui implacable de la force pure, de la force des armes, de la folie pour la rouquine, louve transformée en diable…
Mais le carcan d’impassibilité qu’elle s’était imposée ce jour avait enfermé loin, très loin en elle cette folie qui ne demandait qu’à ressortir, qu’à montrer encore une fois qu’elle était bien présente, qu’elle se montrerait à nouveau si jamais elle le pouvait, plus forte que jamais et intraitable cette fois.
La Licorne restait à présent son dernier espoir de pouvoir canaliser cette folie, faire en sorte de la sceller au plus profond d’elle sans la laisser ressortir.
Quoi de plus dur pour la jeune femme d’être restée sans avoir pu rien faire alors que sa suzeraine était au plus mal. Rien. Juste, rien. Même cette enfant qui avait perdu la vie lors de cette bataille…même cela paraissait dérisoire à côté de la douleur qu’elle a éprouvé alors même que l’Etoile est toujours en vie.

Tenue simple, légère pour l’époque, elle était vêtue d’un brun foncé…chemise toute simple, braies, bottes. Une capuche rabattue sur son visage, laissant ressortir quelques mèches flamboyantes.
Serait elle de taille ?
Pourrait elle lever une arme contre Elle, sans peur ?
Pourrait elle se maitriser à nouveau avec une arme dans les mains ?
Plus le temps d’y réfléchir, premier pas sur l’herbe gelée de la clairière. Son regard retrouve le chemin, la lumière, alors qu’il était plongé dans les limbes de sa réflexion. Elle est là sa Blonde, déjà prête. Elle paraissait fragile…ce n’était qu’illusion, Ald le savait bien.
Elle arrive devant elle, léger regard sur le sac de toile, puis elle plante ses émeraudes dans les sinoples qui la regarde, regard changeant du tout au tout, déterminé, fier, prêt.
Et sa voix ferme qui lâche dans un sourire, dans un nuage de fumée…


Bonjour Antlia.

Elle n’avait plus combattu depuis un moment, mais l’art des armes ne se perdait pas, surtout quand on l’avait dans le sang, et c’était le cas de la rouquine, elle l’avait dans le sang…dans chaque partie de son corps, dans chaque cicatrice. Antlia aussi…Les deux femmes aux caractères si semblables et pourtant si différents, elles n’avaient jamais levé une arme l’une contre l’autre, même pour un duel. Ce jour était venu.
Entrainement pour se jauger, entrainement pour se mesurer et apprendre.
Juste pour évacuer ce qu’elles gardaient en elle depuis si longtemps…mais la rouquine ne pouvait pas tout évacuer, pas tout, elle devait la garder en elle…

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Aldraien
Lady_antlia a écrit:



[Prend? Prend pas? ]

Les jambes bien ancrées en terre, elle attendait, ne remarquait pas la morsure du froid sur sa peau, ses joues commençant à porter les stigmates en rosissant.


Bonjour Antlia

Petit demi tour de son corps vers l'impétrante, sans ce doux regard dont elle la gratifie si souvent. Non, ce n'était pas le jour et ce qu'elle cachait en elle ne lui aurait permis.

Bonjour Ald.

La Blonde mit genou à terre afin d'ouvrir le sac. Son contenu refléta alors le soleil naissant: diverses épées de taille différente. Sans plus de cérémonie, elle commença la description de ce qu'elle avait déniché chez un armurier.

Tu m'avais dit vouloir une épée à une main, n'est ce pas?
J'ai dans ce sac la romane et la normande.

Elle prit alors les deux armes, une dans chaque main .
La romane,arme de la chevalerie, était utilisée généralement avec un écu. La Belle passa sa main sur la lame droite à double tranchant longeant la gouttière. Elle était plus lourde et plus longue que l'épée d'archer.
La main Normande avait les tranchants parallèles en ligne droite et était légèrement plus lourde et plus longue que la romane.


Sinon j'ai la traditionnelle bastarde, épée dite à une main et demi.

Elle tendit les deux épées à une main à la Rousse puis prit la bastarde en main, bastarde parce qu'elle n'était pas souvent utilisée avec un écu, à cause de son poids essentiellement. Une main et demi parce qu'elle pouvait être maniée à une seule main mais que l'appoint de la seconde main se révélait parfois nécessaire pour certaines prises de fer.

je n'ai point pris de Claymore.... la mienne n'étant pas émoussée, je ne tiens pas à nous faire mal plus que cela.
Mon choix se porte sur la bastarde.. trop habituée à la claymore, point d'écu.... elle me va.
Pas pris non plus de rapière... je pense que nous avons besoin de ... lourd.



La Blonde regarda la Rousse un moment, lui laissa les deux armes afin qu'elle juge de celle qui lui conviendrait le mieux. Quelques pas plus loin, elle commence ses mouvements d'épaule afin de s'échauffer: moulinets sans puis avec l'épée. C'est bon, sa poitrine ne lui fait pas plus mal que cela. Essais de coups d'estoc et de taille: pas de soucis particulier
Puis quelques flexions de ses jambes afin de les réchauffer également.

Au contraire, dans sa tête, elle se préparait: le vide, canaliser ce qu'elle avait en elle. Il lui fallait utiliser la douleur qu'elle ressentait, la colère contre elle même dans le combat qui allait suivre. Utiliser sa rage pour manier l'épée.
Aldraien
Aldraien a écrit:


Du lourd...

Les deux épées dans les mains, la rousse met un peu de temps à se décider. Epée à une main, oui, mais laquelle ? Dans sa main droite, la romane, plus légère et plus courte que la normande qui, elle, était dans sa main gauche.
Elle réfléchit un instant, pendant que Tlia s’échauffe un peu. Elle avait toujours été plus à l’aise avec les épées légères, misant ainsi sur sa rapidité et sa souplesse pour toucher son adversaire. Mais ce jour…
Lève les yeux vers Tlia, songeuse. Sa suzeraine sans doute était elle rapide également, c’était souvent le cas chez les femmes. Et aujourd’hui…elle ne voulait pas être rapide, elle voulait surtout expulser tout ce qu’elle gardait en elle, et si possible, expulser la folie une fois pour toute…
Son choix se porta sur la normande, plus longue et plus lourde, plus capable de rivaliser avec la bastarde, et elle reposa l’autre dans le sac.

Pas d’écu non, pas besoin de se protéger ce jour, juste de faire tout sortir. Elle prend l’épée bien en main dans sa main droite, jauge son poids, ses mouvements. Du lourd oui, Antlia avait raison, c’était ce qui leur fallait à toutes les deux.
Dans son regard, une lueur étrange d’avoir à nouveau une arme dans les mains, émoussées, certes, mais arme tout de même. Quelques mouvements, lentement d’abord, pour chauffer un peu ses muscles, puis un peu plus rapidement. Enfin prête, elle se tourne vers Antlia et la regarde, émeraudes scrutant les sinoples…Non elle ne reculera pas, ce duel était pour elles deux quelque chose de nécessaire.


Prête ?

Elle n’attend pas de réponse, c’était juste pour la forme, mais elle l’a vu dans son regard, elle sait qu’elle est prête.
Alors lentement, prenant bien son temps afin de respirer, elle se met en garde…Pied droit en avant, bien gauche en retrait, pas sur la même ligne…Elle fléchit légèrement sur ses appuis pour se donner plus de flexibilité, empoigne bien l’épée…
Regard différent, regard de combattante qui se réveille, émeraudes qui s’enflamment.
Les deux femmes n’ont jamais combattu ensemble, Ald n’a même aucun souvenir d’avoir vu Antlia à l’œuvre, alors la jeune femme se met à tourner autour de sa suzeraine, restant à bonne distance, la jaugeant, telle une louve…
Elle connait une partie de sa force, elle a été Capitaine, Chef de Lances...Ne surtout pas la sous estimer.
Et il ne fallait pas qu'elle ne fasse pas de son mieux, Antlia pourrait se vexer sinon.
Puis le changement, et le commencement...
Un sourire de folie sur le visage de la jeune femme, puis une poussée, elle se retrouve à porter d’attaque, pied droit en avant, la lame qui fend l’air dans un coup d’estoc…Un rire qui s'échappe de Rouquine qui n'était déjà plus vraiment elle même.
Ca avait commencé, les premières étincelles venaient d’accompagner le bruit des fers qui s’entrechoquent, la rage venait de montrer le bout de son nez.

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Aldraien
Lady_antlia a écrit:


Se Jauger

Les oiseaux s'étaient tus comme s'ils percevaient la tension intérieure des deux jeunes femmes. Aldraien semblait déterminée et tant mieux . L'étoile ne souhaitait pas qu'Ald retienne ses coups, elles étaient là, dans cette clairière afin d'exorciser bien des choses , biens de maux qui les rongeaient d'ailleurs elles deux.
Ald n'avait rien à envier de la pratique des armes: elle l'avait choisi comme maistre d'armes pour son Neveu, fils d'un Seigneur des Lances, c'était pour dire. Elle l'avait eu sous son commandement durant ses mois de Capitanat, et savait très comme elle se battait. Si par malheur elle consentait à rabaisser son niveau, elle le saurait rapidement.
L'Etoile quand à elle avait passé pratiquement toute sa vie à l'Ost, où elle avait pratiqué a peu près tous les postes : de coutilier à Chef de Lances, du fourrier à l'instructeur à l'école militaire en passant par Conseiller militaire. Elle avait eu le privilège d'être capitaine durant 6 mois, mais aussi Maistre des services de renseignements pour finir Major des Compagnies Nobiliaires.

Oui une vie bien remplie, tournant autour de l'Ost. Son corps portait les stigmates des nombreuses batailles où elle avait participé. Marques qui ne cesseront d'être puisqu'elle était entrée dans un Ordre Royale de Chevalerie.

D'ailleurs, elle se rappela cette triste attaque du Château de Grenoble ... Comment expliquer ce qu'ils avaient tous vécu et ce qui s'en était découlé ?
Les barbares avaient égorgés l'enfant sous leurs yeux, une blondinette qu'elle avait cru être sa fille au tout début.... L'Etoile alors capitaine avait organisé une sortie avec Trois de ses soldats tandis que d'autres passaient par le tunnel afin de couper leur retraite.
S'en était suivi une bataille, où coups d'épée avaient fait rage, où le Bien Aimé d'Antlia avait été blessé, blessure qui lui couta la vie quelques mois de souffrance plus tard, l' enlèvement de l'étoile, des blessures ...
Les blessures du corps avaient cicatrisé, les blessures de l'âme par contre étaient intactes.

Ald en face est preste .... elle la voit se mettre en position et tourner tel un animal autour de sa proie. Voilà qui présage d'être intéressant .




Premier assaut

La voilà , elle entre dans son cercle vital : esquive ou parade ? La lame fondait sur elle et instinctivement ses sens se remirent en alerte. Tous les vieux réflexe se remettaient en place sans même y prester attention. Parade, bruit des aciers qui se rencontrent, étincelles, bruit strident qui s'élance dans la clairière, arrêté par les feuillus tout autour. Puis bruit des aciers qui se frottent,l'un contre l'autre . Son bras reste solide lors de la parade, et abattant vers le sol les deux épées, elle lança un regard de défi à la rousse.

Eh Bien Ald, c'est tout ? Tu penses t'en tirer comme ça? Pas étonnant que la petite ce soit faite égorgée, hein! Penses tu vraiment que tu puisses me sauver un jour Ald?


Ses paroles étaient dures mais elle le faisait consciemment. Oui il fallait que ça sorte , d'une manière où d'une autre. Et ce moment était arrivé.

Allez Ald Montre un peu voir . Dis moi que ce n'était que l'échauffement !


Un rictus vint sur le visage de la Belle qui figeait de ses sinoples l'azur du regard d'Ald. Et dans sa tête : allez viens donc, déverse ce trop plein d'émotions et de non dits, ce fiel qui est en toi. Et retrouve toi !


On cause sérieux maintenant

A cette pensée, la Blonde serra ses deux mains sur la fusée de l'épée, touchant à peine le pommeau de ses mains. Ces épées forgées pour des hommes aux mains plus larges en faisaient pratiquement des épées à deux mains pour les femmes.
Par contre sa main était sure et emprisonnait l'épée sans faille.
Appuis fléchis pour la facilité des gestes et l'amplitude des mouvements ainsi que la réactivité, épée qui se relève légèrement à dextre pour le deuxième assault qui sera sien.
La Bastarde qu'elle avait prise avait une lame lourde plus courte pour les coups d’estoc, bien plus courant pour les combats à pieds .
Bras fléchis elle se déplace faisant glisser un pied après l'autre sans que ceux ci ne quittent le sol. L'Etoile ne quitte point la rousse du regard, elle s'approche doucement, la contourne tout en la toisant.
Visage fermé, machoire contractée, muscles bandés, elle délasse ses doigts sur l'épée quand, sans prévenir son corps se détendit, ses doigts se font étau autour de l'épée, sa lame part en avant dans un mouvement droit, accompagné par un cri rauque et libérateur. Un coup mais elle ne part pas en avant lorsque la rousse l'esquive et de suite sa lame repart à senestres trouver la lame d'Ald.


Aldraien
Aldraien a écrit:


Lame contre lame…Et ce regard.

Elle se stoppe aussi nette, la regarde, pourquoi ce regard…? Pourquoi…Sa lame s’abaisse, elle se recule, se remettant en garde avec toujours cette question en tête, pourquoi ? Pourquoi la défiait elle !
Elle se fige une seconde…se fait transpercer par ses paroles, elle aurait pu prendre un coup d’épée que ça lui aurait fait le même effet.
Dans sa tête, les images d’une bataille qui reviennent la hanter, elle qui les avait enfouit si profondément celles-ci aussi…
A l’époque Coutilier, elle avait suivit Deb dans le tunnel avec d’autres soldats afin de défendre Grenoble. Ald l’avait fait, sans réfléchir aux conséquences, jeune femme naïve et prête à tout pourvu qu’on lui donne sa chance, et elle n’avait pas fait long feu sur le champ de bataille avant d’être touchée…Mais elle avait vu.
Elle avait vu cette petite fille se faire tuer sous ses yeux alors qu’elle venait tout juste d’être mère…qu’Antlia aussi.
Sa suzeraine savait ce qu’Ald avait ressenti à ce moment là, tout comme elle-même savait ce qu’Antlia avait ressenti. Alors pourquoi l’attaquer là-dessus…

En une phrase…elle venait de faire tout ressortir. Tout…Ne pas pouvoir la sauver, sa pire peur, ce qui pouvait le plus la toucher.
Et elle mettait le doigt dessus comme on met le doigt dans une blessure encore ouverte.
L’échauffement…l’échauffement…Les yeux émeraudes virent au gris…la folie est de retour.
Elle la dévisage, un instant, puis sa main se resserre sur l’épée et son regard se fait froid, haineux. Elle avait touché où il ne fallait pas, elle n’aurait pas du…mais à présent il était trop tard.
Dans son ventre une douleur sourde s’est réveillée et la bête ressurgie une nouvelle fois, une dernière fois…Lui montrer…
Elle fléchit à nouveau sur ses jambes, la regarde, la suit de son regard…Viens…Viens je t’attends…Je vais te montrer qui elle est cette rouquine…qui elle est vraiment. Viens la rencontrer et l’apprendre…

La rage se dévoile.

La blonde tourne autour d’elle, la rouquine la suit du regard et se prépare à l’assaut, Ald, non, plus vraiment Ald.
Soudain l’assaut, elle esquive sur le côté prête à contre-attaquer et levant sa lame, elle sourit en coin…sourire rageur, elle n’est plus elle-même.


Toi non plus tu n’as pas réussi à la sauver cette petite fille ! Toi aussi tu l’as regardé mourir sans rien faire, comme tu as laissé mourir Akron !!

Elle ne sait plus ce qu’elle dit, rongée par la fureur, la folie qui détruit tout.
Alors son épée vient percuter celle d’Antlia dans la contre-attaque, force, deux ou trois fois plus puissante que l’attaque précédente.
Lame contre lame, regard contre regard…Folie contre…
Elle pousse sur la lame pour la faire reculer, pousse à nouveau sur ses appuis et fonce sur elle…porter un coup de taille cette fois, viser le bras droit…l’épaule. Peu importe les protections, elle donne tout cette fois. Même à cet instant, elle aurait pu aller jusqu’à la blesser, chose qu’elle n’aurait jamais pu faire, préférant mourir plutôt que de lui faire du mal. Et pourtant…

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Lady_antlia




[Porté- touchée : Viens que je te titille encore! ]

L'Etoile savait ce qu'elle faisait, savait qu'elle avait touché à cette impuissance qui blessait tant Ald. Elle savait aussi qu'il fallait que tout cela sorte et n'explose pas un jour ou finisse par ronger la Rousse.
Mais les mots qu'Aldraien prononça firent leur effet.

Citation:
Toi non plus tu n’as pas réussi à la sauver cette petite fille ! Toi aussi tu l’as regardé mourir sans rien faire, comme tu as laissé mourir Akron !!
Sans qu'elle ne le montre, l'Etoile fut touchée par ces mots puis l'image fugace d'Akron, de son blondinet, de cet être qui avait su trouver le meilleur d'Antlia en la sortant d'une spirale qui l'aurait tôt ou tard détruite.
sa mèche folle, son sourire en coin, son image, tout lui serre le coeur. Il était toujours si présent en elle... toujours là en son coeur. Cette place si particulière ...
Elle balaya l'image qui occultait sa vision avec une volonté certaine , de celle dont elle faisait preuve en ces moments critiques. Elle serra la machoire discrètement, sa poitrine se souleva dans une inspiration douloureuse faisant taire .. oui taire ses douleurs. Les siennes n'étaient pas à l'ordre du jour, elle s'occupait de celles de la Rousse.

Corps repoussé en arrière par le mouvement de la Rousse, elle eut juste le temps de se remettre comme il fallait avant que la furie qu'était devenue Ald ne fonde sur elle à nouveau.
L'épée de la Rousse s'abattit avec une force considérable sur la sienne qui venait en parade. Sa lame se mit à vibrer doucement mais la souplesse des poignets le long de ses bras aux muscles bandés empêcha l'onde d'atteindre son corps et d'ainsi la destabiliser.
Mais la force dont elle faisait preuve, la fit reculer : un pas en arrière afin de ne point chuter et garder la maitrise.
Les lames fondirent vers le sol dans un mouvement de laisser aller, regards qui se croisent, durs, froids. Elles pointèrent croisées, pointes vers le sol.
La Blonde retira sa lame promptement, se recula reprenant des appuis corrects et ce fut un coup de taille à l'opposé qui partit. Elle en retint pas sa force, bien au contraire. Cela aurait été faire offense à Ald. La blonde y mit tout ce qu'elle avait, ses tripes, l'accompagnant d'un cri de rage .
Aucune pensée ne traversa son esprit, rien n'arrêta son coup qui vint s'abattre sur l'armure de cuir de Aldraien au niveau des côtes.

Toujours pas de chants d'oiseaux aux abords de la clairière. Seuls les paroles colériques, le cri de la Blonde, se faisaient entendre aux environs. Mais c'est le bruit des épées qui se percutent, celui du métal qui vient rebondir sur les troncs d'arbres des environs. Bruit sordide, froid.

Il va peut être falloir que je te donne des cours, non ? le dédain fut le ton employé ... allez Ald, il faut que ça sorte, il faut qu'il sorte !

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Aldraien


Touchée ? Le duel n'est pas fini.

Une seconde, ou peut-être une demi seconde, durant laquelle la Rousse vit le regard de son adversaire devenir vague, mélancolique, nostalgique. Elle sait qu’elle a touché en face, elle ne veut pas le montrer, mais elle ne se trompe pas, ce regard ne ment pas, même s’il n’a pas duré. Mais elle se reprend bien vite celle qui dans un autre endroit, à une autre heure, est la suzeraine de la Rouquine.
Elle se reprend avant même que le lourd coup d’épée ne s’abatte dans un bruit métallique.
Oui, à cet instant, c’est bien un adversaire qu’elle a en face d’elle, de ceux qu’on épargne pas, de ceux qui veulent votre peau comme vous voulez la leur.
Rage, haine…colère sourde qui monte de son estomac pour retentir dans son épée, la faire vibrer. Mais l’éclat est encore trop faible, elle peut faire mieux, beaucoup mieux que cela avec toute cette colère qui la consume encore de l’intérieur.
Pourtant, en face de la Blonde, ce n’est plus Ald qui combat, c’est une ennemie prête à tout, c’est un monstre qui pourrait blesser la personne qui est la plus importante dans sa vie.
Prendre des coups pour faire sortir et oublier ? Pourquoi pas.
Elle allait lui montrer, la Blonde oublierai avant elle. Promesse intérieure, comme pour marquer la valeur de ces paroles.

Pourtant, malgré ces pensées, c’est elle qui se prend le premier coup.
Pourquoi sa main ne l’a donc pas paré ? Elle aurait pu le faire, ça aurait été un jeu d’enfant pour elle, d’ailleurs c’est cela pour la Louve, un jeu.
Et prendre ce coup en fait partie.
Souffle coupé par le résonnement des ondes de l’attaque dans son corps, à peine atténué par la légère armure de cuir qu’elle portait, la folie met un instant à reprendre le dessus…Instant durant lequel Ald, celle cachée derrière tout ce qui la rongeait, avait refait surface, observant de ses émeraudes le visage dur et froid en face d’elle. C’était Tlia, elle ?
Elle n’en savait rien et n’avait pas eu le temps de continuer sa réflexion quand à nouveau on la fit se taire, au profit d’un rire résonnant dans la forêt. Sur le visage de la Rousse, un sourire était apparu, large et provocateur.
C’était tout, tout ce dont tu étais capable, toi qui te dis Etoile ? Ridicule…


Toi me donner des cours ? Laisse moi rire, ton coup n’aurait même pas fait mal à un enfant !
Tu pionces ou quoi ? Réveille toi ! J’suis plus une gamine, faut arrêter d’me chatouiller !
Allez montre ce que tu peux vraiment faire avec ton épée de bois ! Je vais la bruler…


La douleur dans ses côtes est bien là pourtant, mais la provocation lui montrait que cela ne l’atteignait pas, plus ?
Elle avait affronté des barbares qui l’avaient à moitié tuée, ce n’était pas pour faillir devant une jeune Blonde qui tapait aussi fort qu’un enfant avec une épée de bois.
Ah tu veux être dédaigneuse…
Le sourire ne quitte plus ses lèvres alors qu’elle se remet sur ses appuis et reprend une garde plus ou moins correcte, en fait elle n’y fait plus vraiment attention, du moment qu’elle fait mal.
Et ce qui a de bien, quand on connait tellement bien une personne, c’est qu’on sait comment la blesser vraiment, même sans armes, pourtant Ald n‘aurait pas fait cela, jamais elle n‘aurait voulu la blesser, oui mais là, ce n‘était pas Ald...


Il ne faut pas t’étonner, s’ils t’ont tous abandonné…tu es tellement faible !

Dans ses yeux, fenêtre de l’âme sur le monde extérieur, on pouvait y voir des larmes. Tristesse de la blesser ainsi alors même qu’elle ne le souhaite pas, qu’elle ne souhaite que faire partir cette folie destructrice. Mais sur son visage, cette expression de jubilation ne l’a pas quitté, elle est toujours là.
De la déstabilisation, elle en profite, oubliant totalement la douleur aux côtes.
Elle revient à la charge.
Larmes de rage, elle se jette à corps perdu sur celle qu’elle aime, relâchant enfin toute sa haine en la déversant à grandes eaux sur son amie. Elle attaque par le haut, coup d’estoc…
Parade de l’Etoile, étincelles…
Coup d’épaule ensuite pour la faire reculer, elle se lance contre elle en oubliant la douleur qu’elle éprouverait lorsque la lame adverse entrerait en contact avec la fine couche de vêtement qui protégeait son bras, juste pour l’étonner, pour lui montrer qu’elle est prête à tout.
Elle se remet rapidement sur ses appuis, se lance à nouveau, deuxième coup d’estoc, paré à nouveau…Mais cette fois, elle continue d’exercer une pression sur la lame de son adversaire…Et pied qui s’envole avec force vers l’estomac de l‘Etoile, cri de rage de la Louve l’accompagnant avec détermination.

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Lady_antlia



[Le gout du sang]


L'Etoile la provoquait, l'attendait. Bien que les paroles d'Ald la blessait dans ce qu'elle avait de plus profond, cicatrices qui ne se refermeraient pas, elle était là afin que son amie sorte ces démons qui lui gachaient la vie, l'empechaient de vivre en fait.
Alors, elle ne sourcilla pas aux paroles blessantes comme plusieurs coups de poignards en son ventre, non elle resta stoique.
Mais l'attaque suivante ne se fit pas attendre, violente, coup d'épaule qui destabilisa la blonde jusquà venir frapper de son talon en plein dans son estomac .
Certes elle avait bien senti que sa lame avait touché ... était ce intentionnel ou pas? Elle ne le saurait pas. Son esprit n'était préoccupé que par la douleur qui irradiait de son corps, projetée en arrière, baissant garde sous la violence du coup.
Oui toute la hargne avait du passer dans sa jambe pour lui administrer ce coup sans retenue.
Antlia chuta lourdement, sans retenue aucune sur le sol, l'herbe encore verte n'amortissant aucunement sa chute. Sous le choc, elle se mordit l'interieur de la joue,et un filet de sang coula du coin de sa lèvre. Blessure aucunement grave, mais ce qui se passait en son interieur l'était beaucoup plus.
Mais elle trouva dans le goût du sang une saveur qu'elle n'avait jamais décelée auparavant: la détermination.
Elle ne pouvait plus respirer la belle, le souffle coupé, douleur insoutenable au niveau du plexus : bloquée, elle était comme bloquée dans ce qu'elle faisait si naturellement respirer!
Il lui sembla suffoquer quand enfin l'air s'engouffra dans ses poumons en un sifflement qui aurait pu faire froid dans le dos.
Elle ferma les yeux et reprit sa respiration du plus calmement qu'elle put, ne songeant même plus au duel, songeant juste qu'il lui fallait garder conscience. Celle ci se fit alors de plus en plus naturellement alors la Blonde ouvrit les yeux et son visage fermé, en un masque de douleur se montra à Ald. Elle en était où la Rousse? allait il fallair qu'elle donne encore plus afin que les démons de son amie sortent?
Antlia, l'errante, la Blonde planta la pointe de son épée dans la terre gelée pour y prendre appuis et essaya de se relever lorsqu'une pointe se fit sentir sur le côté droit de son corps , à peine plus loin que le coup qui lui avait été administré.
Une main gantée se porta sur ses côtes, une grimace caractéristique sur son visage, elle se remit droite, essayant d'oublier la douleur .

Respira calmement ma belle, calmement...

Ses yeux se fixèrent alors sur la rousse. Elle remonta sa garde tant bien que mal, les yeux dans les siens. Elle ne savait quelle serait l'issue du duel mais elle savait qu'elle irait jusqu'au bout de ce qu'elle s'était fixée .

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Aldraien


Quelque part, entre l’obscur et la lumière.

Elle en avait trop vu déjà, trop…d’un duel qui jamais dans des conditions normales n’aurait du avoir lieu et qui les avait toutes deux blessées. Alors elle était retournée se cacher dans cet abri que la folie avait préparé tout spécialement pour elle, un petit cocon retiré de tout, ou elle pouvait tout oublier la rouquine.
Il faisait beau ici, il faisait chaud, pourquoi partir ?
Elle était assise dans l’herbe de son petit monde parallèle alors que dans le présent, le combat faisait rage. Mais Ald, du moins son esprit, ne cherchait pas à se battre, elle ne voulait plus voir à nouveau ce qu’il se passait là-bas, à l’extérieur, elle voulait tout oublier, tout.
Les déceptions, les erreurs, les horreurs.
Tout.
Juste être vide, reposée, sans rien dans la tête, juste ça.
Plus de larmes, plus de douleurs, plus de questions sans réponses.
Oui mais…

Il y a toujours un mais…
Sa tête n’était pas vide. Il restait les rires, les souvenirs, ceux qu’elle aimait. Sa filleule, ses amis, ceux qui étaient partis aussi, sa marraine…Tout ceux qui la faisaient sourire encore. Malgré le reste. Malgré ses démons, ceux qui la rongeaient.
C’était eux, sa vie.
Et au centre…L’Etoile, qui brillait en lui souriant, comme elle savait si bien le faire, comme elle savait si bien chasser tous les nuages du cœur de la rouquine qui machinalement tend la main vers elle en rigolant comme une gamine, en même temps l’environnement s’y prêtait.
Mais…
Une douleur, le temps qui s’arrête. Les yeux émeraudes qui se ferment en une grimace et s’ouvre à nouveau sur le bras tremblant sous le choc alors que la douleur cuisante qui l’avait déjà submergée plus tôt revenait à l’assaut. Que se passait-t-il ?


Que fais-tu ? Petite voix intérieure de la rouquine, interrogation normal, lorsqu’on a mal et qu’on ne sait pourquoi.
La ferme ! Voix qu’elle connait et qu’elle a trop souvent écouté, celle de la folie pure, qu’on ne peut contrôler.
Pourtant la rousse a toujours été trop curieuse et, la douleur aidant, elle réussit à se frayer un petit chemin pour observer, à travers ces fenêtres qu’étaient son regard, ce qu’il se passait au dehors. Juste assez tôt pour voir la chute d’Antlia, violente, sur le sol, alors que le pied criminel se reposait sur l’herbe et qu’un rire victorieux s’élevait d’elle-même.
Les yeux écarquillés, elle regardait son amie, sa sœur de cœur, étendue là par terre, se débattant pour trouver de l’air…mais qu’avait elle fait ?! Ce duel était une folie…
Elle ne pouvait rien faire, la rouquine, écrasée par ses démons, pourtant elle aurait voulu courir vers elle pour l’aider à se relever, pour s’excuser.
Et pourtant, chose peu probable vu l’intensité du coup, la Belle se releva, avec difficulté, et elle réussit en faisant preuve d’une détermination sans précédent à se remettre en garde.

Elle souffrait, ça crevait les yeux. Abandonne Tlia ! Mais non, elle ne l’entendrait pas, et puis…si elle avait dit à Ald d’abandonner, elle lui aurait rigolé au nez…Antlia ferait pareil sans aucun doute.
Le regard reprend son allure neutre, mais la rouquine est toujours là, derrière le masque de rage. Tout près derrière.
Ainsi elle voulait continuer ? Soit.
Un sourire étire le visage de la rouquine, crispé par la douleur au bras et aux côtes mais elle se met en mouvement vers le petit corps abîmé qui fait front à quelques pas d’elle, épée en main, prête à l’affronter encore et encore s’il le fallait.
Plus de garde pour la Louve, elle avance d’un pas sur d’elle, épée prête à frapper lorsqu’elle serait à la hauteur de ce corps de femme endolori et sans doute encore sous le choc du coup. Elle y est presque, presque, encore un tout petit pas et elle y est.
Ca y est.
De toute sa hauteur, elle observe le corps courbé sous la douleur mais debout et là, elle ne lâche pas son regard, la présence guerrière toujours belle et bien là. Et aux raisons du sourire sadique de la jeune femme se rajoute le fait qu’elle sait que ce n’est pas fini, qu’elle en a encore à donner, encore beaucoup plus…
Elle s’approche encore, prête à frapper, lueur de jubilation dans les yeux de la rouquine alors qu’elle scrute les réactions de son adversaire, émeraudes qui se posent sur le filet de sang qui coule le long du menton.
Figée…geste qui se stoppe. Regard pétrifié. Du sang…C’est elle, elle qui l’a faite saigner !
Le mouvement reprend son droit…


Liberté !

NON !!
Cri du cœur, cri qui cette fois transperce le lourd silence de la forêt, faisant s’envoler plusieurs oiseaux ça et là.
VA-T-EN !!
Et la Louve, la vraie, qui reprend le dessus…
SORS DE LA !!
Combat intérieur qui commence. Elle tombe à genoux en lâchant son arme, prends sa tête dans ses mains. Dernier effort.
C’EST MA VIE !
Hurlement de l’âme puis le silence perturbé uniquement par les sanglots de la Rousse enfin libérée.

Pardon…Pardon Tlia…je ne voulais pas dire tout cela…je ne voulais pas te faire de mal.

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Lady_antlia


[ Et advienne que pourra .... ]

La Blonde était dans un état d'esprit autre que celui de Ald. Non ce n'était pas terminé, oui il fallait continuer sur cette voie qui pointait le nez, aller au bout des choses, au fond de ce que l'on était pour en faire sortir tout , bon ou mauvais .
Devant l'état de la Rousse, elle comprenait alors ce qui se passait. Mais elle n'en avait pas fini avec elle.
Elle essuya le sang qui coulait de sa bouche du revers de la main, essayant de respirer calmement afin d'atténuer la douleur sournoise qui se faisait ressentir au niveau des côtes. Cela lui cuisait, douleur sourde et continue qui la tenait et l'empechait de soulever comme il le fallait son épée.

Postée sur ses jambes aux genoux légèrement pliés, elle fixiait Ald qui lui exprimait son regret. Mais c'était l'image d'Akron qui lui prenait le corps entier, elle ne pouvait s'en débarasser depuis que la Rousse l'avait évoqué, se débarasser de son fantôme, de son visage devant elle. Elle en aurait pleuré tellement la douleur de son souvenir était vive et cruelle. Seul être qui avait reussi à la comprendre et à apaiser ses tourments si ancrés en elle. Cela bouillonnait en elle, bien qu'elle laissait sa figure d'albatre s'imposer à Ald. Visage impassible, calme cachant toujours ses émotions, ses tourments, son volcan. Elle la défiait encore, se positionna, puis attendit sans faire un mouvement vers une Rousse qui lui demandait pardon. Seule une voix forte, profonde et dure vint briser le calme apparent de l'Errante:

Si tu veux vraiment faire quelque chose , bats toi ! Va jusqu'au bout des choses! Tu as commencé, tu finis !


Presque de la colère en elle et ces mots qu'elle avait posés quelques temps auparavant sur un vélin afin d'apaiser la trop lourde charge de son coeur et de son âme.
Citation:
Je hurle à la vie
je hue mon passé.

Je mords dans l'avenir alors que le passé me hante.
Que faut il donc faire pour que cela passe, que cela cesse?
Envie de m'endormir et de ne plus me laisser assaillir par ces tourments, ces douleurs et cette solitude qui ne me vont pas.
Envie d'en finir pour apaiser tout cela ...
Envie de bonheur, de bonheurs même.

Alors que faire? Continuer ainsi? Payer mon passé pour un avenir d'une tristesse infinie?
Envie de bras autour de moi, envie de rires et d'éclats de rires.
Des envies, des désirs, un cri à la vie.
Je hurle à la vie, Je hue mon passé.


Ces mots, c'était elle la Blonde. Ces tourments, c'était elle l'Etoile. Prête à être pour quelqu'un mais pas pour elle même. Peut être alors avait elle elle aussi besoin de cette rixe pour sortir ses démons à elle. mais cela faisait tellement longtemps que sa vie était ainsi.
Elle vrilla son pied gauche dans la terre, prenant appuie pour un nouvel assault. Son épaule se contracta, ses cuisses se firent dures sous la tension qui prenait place en elle.
Le vent soufflait brise qui soulevait les quelques méches blondes sans faire sourciller l'Errante. Mobilité dans un tableau figé, comme en attente. De quoi? Elle ne savait pas encore.

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Aldraien


Quand ça fait mal…

La rouquine avait finalement repris le dessus sur la folie qui avait encore peu de temps auparavant le contrôle total sur elle, mais il y avait une fin à tout, même à la violence. A genoux sur le sol, elle tentait de reprendre ses esprits, ne se préoccupant presque pas de ce que faisait Tlia en face d’elle, bien trop occupée à remettre ses idées à l’endroit, à revoir clair et enfouir une partie de ce qui venait de se passer au fin fond de son cœur. Mais comme tout, si le duel s’était fini ainsi, ça aurait été bien trop facile, il fallait plus, beaucoup plus pour que le destin laisse les deux femmes tranquilles…pourtant Ald y avait cru, à la fin de tout cela…mais visiblement elle allait devoir faire face à une Tlia bien remontée…Elle s’était excusée, avait demandé pardon, mais il allait falloir assumer ses dires…même si elle n’était pas elle-même.
Alors elle passe sa main sur son visage afin d’essuyer les larmes qui encore humidifiaient ses joues puis lève son regard émeraude sur l’Etoile devant elle qui encore la défie tant du regard que de la posture. Quoi Tlia…Tu n’as donc pas fini. Oh bien sûr, son visage ne laissait passer aucune émotion, mais Ald connaissait Tlia bien mieux que n’importe qui, elle avait vu dans son regard…elle avait vu la rage et la colère transparaitre dans les sinoples posés sur elle. Elle connaissait bien cette expression…les excuses ne suffiraient pas, loin de là. Cette voix par contre était étrangère à la rouquine…jamais elle n’avait entendu un ton si dur, si froid, dans la voix de sa suzeraine, elle d’ordinaire si posée et calme.


Si tu veux vraiment faire quelque chose , bats toi ! Va jusqu'au bout des choses! Tu as commencé, tu finis !

La phrase tombe comme un couperet alors que de la rouquine s’est évadée toute envie de se battre, toute la colère qu’elle avait emmagasiné pendant de nombreuses années…mais le regard et la voix de Tlia étaient sans appel : elle allait devoir se battre encore. Lasse et fatiguée, elle se devait de le faire, ne serait-ce que pour ne pas la décevoir, pour honorer son serment. En tant que vassale, elle n’abandonnerait pas devant elle, elle irait jusqu’au bout…mais était-elle prête à payer le prix de ce geste qu’elle s’apprêtait à faire ? Rien n’était moins sûr…Pourtant il allait falloir le faire, pour les conséquences on verrait plus tard.
Elle allait le faire oui…mais c’était plus facile à dire qu’à faire, encore fallait il se relever…
Devant elle, son épée, celle avec qui elle avait fait du mal à sa sœur…ça ne tiendrait que d’elle, elle ne la toucherait plus jamais, mais autre chose était en jeu cette fois, ce n’était pas que d’elle dont il s’agissait…c’était bien plus. C’était l’Etoile qu’il fallait libérer.
D’une main légèrement tremblante, elle attrape le pommeau de la lame et prend appui sur ses deux mains afin de se redresser, le tout en grimaçant…restes des coups qu’elle avait reçu tant aux côtes qu’au bras. Pour souffrir…oui elle avait mal, mais ce n’était rien, pour sa sœur elle n’hésiterait jamais à souffrir. Debout…elle y était presque, un dernier effort encore et…ça y était.

A nouveau elle fait face à sa suzeraine et sur son visage elle colle une expression déterminée, de celle qui surpasse la douleur et même la folie, non par envie…mais par devoir. Parce qu’elle ferait tout pour elle, pour son bien, y compris continuer à se battre contre elle pour qu’elle se libère de ses démons. Tlia avait pris plus ou moins les mêmes coups qu’elle et devait donc subir les mêmes douleurs à quelques détails près…difficile donc pour les deux de continuer le combat, mais l’Etoile ne céderait pas et par conséquent la Louve non plus.
Toujours ces mots qui trottent dans sa tète, tu as commencé, tu finis…mais finir quoi au juste ? Lui faire vraiment mal…non, lui prouver qu’elle avait plus que ça à montrer, oui. Je vais t’aider à t’apaiser Tlia…et j’en assumerai les conséquences…
Ald savait bien quels tourments Tlia combattait dans son cœur, elle-même en avait vécu parfois des similaires…sauf qu’elle faisait tout pour oublier son passé, même si celui-ci la rattrapait sans cesse bien contre son gré. Seulement Tlia ne pouvait pas oublier son passé…il faisait partie d’elle, intégralement.
Debout face à elle, elle s’était redressée et la fixait de ses yeux émeraudes, lisant en elle tout en essayant de canaliser les douleurs qui lui traversaient le corps pour pouvoir s’élancer et se battre encore. En face d’elle, une Tlia prête à parer n’importe quelle attaque, prête à y faire face…les pieds ancrés au sol et un regard plus qu’éloquent. Soit.
Moment d’arrêt sur image, les deux femmes s’observent sans bouger, même la nature se tait devant le spectacle et seule une légère brise vient briser le silence de plomb…Les larmes de la rouquine ont séché et la source s’est tarie, à présent il est temps pour elle de se reprendre. La réflexion est terminée, place à l’action…La voix qu’elle utilise à cet instant est elle aussi différente de celle de d’habitude, celle-ci est plus…plus sure d’elle, plus forte. Plus déterminée à réussir, réponse à la question qu’implicitement Tlia lui a posé de par son regard…


Comme tu veux…Montre moi ce que tu sais réellement faire en ce cas, tu as été capitaine non ? Tu dois bien être capable de tenir tête à quelqu‘un comme moi qui sait à peine manier l‘épée...

La main de la rouquine se resserra alors sur le pommeau de son épée alors que les jambes, elles, se fléchirent jusqu’à pénétrer presque dans le sol. Il fallait maintenant trouver comment faire…elle voulait lui faire tout sortir…mais sans lui faire de mal…pas trop de mal.

Imagine que je suis celle qui a poignardé Akron…tu te rappelles…ce fameux jour…déverse ta haine Tlia, sinon un jour peut être ça se reproduira.

En ajouter encore un peu pour la pousser à réagir…avant l’assaut, et s’élancer…Pied arrière de la garde qui se contracte pour servir d’appui et la Rousse lance son pied droit en avant en même temps que tout son corps…Elle n’a pas vraiment réfléchi à ce qu’elle allait faire et il allait falloir qu’elle se décide rapidement au risque de prendre une attaque avant d’avoir pu faire quoi que ce soit…Elle l’attend. Devant elle, c’est une Tlia prête à parer et répondre à n’importe quel coup qui attend…il fallait donc faire dans l’original.
Ses yeux alors se posent sur l’endroit des cotes qui déjà a été atteint par l’un des coups de la folie…fragilisé donc cet endroit, un deuxième assaut juste là et alors elle la mettrait à terre…c’était certes lâche, mais c’était nécessaire. Et il y avait de fortes chances qu’elle réussisse à l’esquiver. La Louve s’élance alors, tous crocs dehors, prête à mordre…

Lame en avant, c’est un coup de taille qui vient frapper l’arme adverse dans un fracas métallique…Oui, il était volontairement facile à parer…en prévision de la suite. Un simple coup de taille pour revenir rapidement en garde et envoyer un coup d’estoc au niveau de la tète…lente elle l’était oui, enfin un peu, elle voulait juste la jauger pour le moment…parade à nouveau mais ça n’allait pas durer….avec cette parade, l’épée de Tlia s’était retrouvée légèrement relevée, découvrant ses cotes de sa protection…
Un rictus douloureux de Ald plus tard et elle s’était avancée pour la déstabiliser de ses pieds…une simple menace de croc-en-jambe, et elle n’avait fait que balayer un peu la jambe avant de Tlia mais ça avait visiblement suffit…surement qu’elle ne s’y attendait pas. Léger déséquilibre de la blonde et la rouquine qui en profite…coup d’estoc qui se profile…cette fois direction les cotes de son amie déstabilisée par le balayage.
Bien sur elle y avait mis de la force bien qu’elle n’y avait pas mis le maximum et le silence qui s’ensuivit…c’était la nature qui retenait son souffle, même Ald n’avait pas bougé, observant sa suzeraine alors que l’écho du coup qu’elle avait donné résonnait encore dans ses bras… Qu’allait il se passer à présent, y avait elle été trop fort ?

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Lady_antlia


[ ça fait mal. Echec.]

Prête, elle l'était. Si les épées n'avaient pas été émoussées, elle l'aurait été tout autant. Une rage féroce en elle qu'elle tentait de canaliser, rage qui réduisait sa sensation de douleur, rage qui la maintenait prête à de nouvelles passes, de nouveaux mouvements, défense attaque ...

Comme tu veux…Montre moi ce que tu sais réellement faire en ce cas, tu as été capitaine non ? Tu dois bien être capable de tenir tête à quelqu‘un comme moi qui sait à peine manier l‘épée...
Qu'est ce qu'un capitaine en fait? Rien qu'un Conseiller Ducal comme un autre qui a eu la charge d'un Ost. Est ce que cela veut dire que l'on sait manier l'épée alors qu'Ald avait été soldat? cela ne voulait rien dire, et elle aurait bien eu envie de lui dire. PLutot le fait qu'Antlia était ancien soldat, section d'élite ... des combats elle en avait menés, des entrainements également par tout temps et avec toute arme.
Là oui, elle avait le répondant en tant qu' ancien soldat... mais Capitaine...Combien de capitaines n'y connaissaient rien lorsqu'ils arrivaient au poste dans le maniement de l'acier?

Imagine que je suis celle qui a poignardé Akron…tu te rappelles…ce fameux jour…déverse ta haine Tlia, sinon un jour peut être ça se reproduira.

La Blonde ferma un instant les yeux, non pas pour l'imaginer en tant que la sœur d'Akron mais -Flash Back :

Une nuit de fin d'été, un lac et la lune qui s'y reflète. Deux êtres qui se frôlent, qui se touchent et font connaissance l'un de l'autre sans un bruit. Seul le clapotis de l'eau que l'on dérange et qui vient râler d'être ainsi importunée. Un carré d'herbe verte sur la berge et des bras pour l'entourer, et cela jusqu'à sa disparition. L'entourer de sa force et de son Amour comme elle lui rendait, de son réconfort à cette âme torturée. Une petite Blondinette a qui il apprenait à marcher dans la boue, à courir parmi les tentes des soldats et à dire des gros mots dans une langue qu'eux deux seuls connaissaient en Dauphiné, une douce enfant qui dormait dans ses bras en attendant le retour d'un capitaine débordé de travail, souhaitant adopté cette dite enfant qui n'était pourtant pas de lui et aimait tel un père.... Il était tout cela.
Et ce jour, ce fameux jour où le château de Grenoble fut attaqué.... La vision de cette arme lui entamant les chairs et leur regard échangé lui chutant vers ce qui serait sa perte et elle sombrant dans les abîmes d'un coup porté à la tête. S'en suivi une longue attente, des mois durant au cours desquels elle était restée à ses côtés dans ce monastère. Lui parler, caresser cette main qui n'avait pas d'écho jusqu'au jour fatidique où il rendit son dernier souffle . Atterrée, elle était restée le regarder, ce visage qui perdait ses couleurs et tout signe de vie. Atterrée elle était sortie du monastère pour s'enfuir en courant dans la campagne jusqu'à ne plus pouvoir. Elle tomba alors à genoux, serrant les poings et pour la première fois, elle hurla: un cri déchirant frappa le calme de la campagne et des larmes d'une colère naissante commencèrent à glisser sur sa peau. Une colère toujours présente, toujours en elle, sourde comme elle gagne..
Ald remuait le couteau dans la plaie, elle le savait..... Elle y allait trop fort et aurait pu avoir la réaction inverse de ce que cette Rousse souhaitait: voir Antlia s'effondrer les genoux dans la terre et pleurer toutes les larmes de son corps. Mais jamais depuis la mort du Blond elle n'avait versé de larmes sur sa disparition, juste des larmes de colère. Même lorsqu'à Grignan, la Belle allait se recueillir sur sa tombe , elle lui parlait, caressait la pierre mais jamais de larmes. Souvenir de sa mèche indomptable et de ce sourire, ce petit sourire en coin qui la faisait tant craquer. Souvenir de son humour, la façon dont il pouvait tout dédramatiser, alors que l'Etoile était une anxieuse née. Elle ne souhaitait en rien déverser quoi que ce soit, non. En son fort intérieur elle pensait que si elle laissait aller sa tristesse, il partait d'elle et l'Etoile ne pouvait le concevoir. Antlia le gardait avec elle, en elle.

Alors quels sentiments en la jolie blonde qui rouvre les yeux?
Un mélange de douleur et de peine, mélange de colère et de sentiment d'injustice émanaient de son regard et les coups commencèrent. Tout s'enchaina alors rapidement, trop rapidement. Les coups résonnèrent en son bras, en elle , contractant la mâchoire et laissant un cri rauque accompagner ses coups et ses parades. La Rousse y allait , cela sentait le dernier assaut, envie certainement d'en finir. Elle avait cet éclat dans les yeux, celui qu'elle connaissait d'avant. Pour elle tout allait. Pour la Blonde cela ne serait être le moment. Coup d’estoc qui se profile…cette fois direction les cotes déstabilisée par le balayage. Antlia plie son corps en deux afin d'éviter le coup, mais trop tard, trop peu : le contact a lieu, sourd, inévitable. Un moment suspendu, un temps arrêté, souffle coupé, douleur aiguë, pointue qui entre en sa chair puis se propage aux environs.
L'épée lui échappe des mains sous la douleur puis c'est le corps de la Belle qui suit, tombant un genou à terre lourdement laissant filer un long râle. La main se porte alors à ses côtés alors qu'une grimace de douleur vient déformer son visage. Elle halète car respirer lui fait mal, elle ferme les yeux un instant : ça va passer, ça va passer se convainc t elle.
Oui mais bon, on a beau être tout ce que l'on veut , on en reste pas moins humain avec ses faiblesses qu'elles soient physiques ou morales.
Elle lève alors son regard vers Ald lentement, puis murmure :
Forfait.
Ce sera son seul et unique mot, tendant la main vers son amie afin qu'elle l'aide. Oui forfait, elle ne peut plus, elle le sait. Tout est terminé … oui mais jusqu'à quand?


NDLJD Tlia La suite d'evenements de ce duel a été tirée aux dés.

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Aldraien



« Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours »*

C’était en fait cela qu’avait décidé le temps alors qu’au ralenti Ald avait regardé sa suzeraine tomber au sol, son dernier coup l’ayant touché bien plus que ce qu’escomptait la rouquine. Trop fort, elle y avait été beaucoup trop fort et s’en rendait compte à présent, une fois qu’il était trop tard pour y changer quoi que ce soit. Quelle idiote elle avait été d’accepter ce duel ! Une erreur de plus qui risquait de couter bien trop cher à sa Tlia. C’était elle et elle seule qui avait décidé de l’issue de ce duel, pourquoi n’avait elle pas tout simplement refuser de poursuivre à la vue du mal qu’elles avaient déjà toutes deux à tenir sur leurs jambes ? L’orgueil de la rouquine avait encore été le plus fort. Et quelle vassale elle était pour avoir mis celle à qui elle tenait le plus dans cet état, à terre à souffrir alors qu’elle-même regardait la scène sans rien y comprendre. Moment de remords et de culpabilité pour la rouquine…Antlia avait tenu à tout faire pour l’exorciser de ses démons et au final c’était les siens qui avaient refait surface, un prix trop élevé aux vues des résultats. Comme elle aurait aimé revenir en arrière la rouquine et ne pas se battre avec Antlia, ne pas la blesser, quitte à garder ce mal en elle qui peu à peu la rongeait, tout pourvu que l’Etoile tienne encore sur ses jambes et puisse lui sourire en ce moment au lieu de souffrir.

Et bouge toi Ald au lieu de te morfondre, tu la regardes devant toi, au sol et qui ne peut plus bouger alors que dans ton esprit seul résonne le mot « Forfait » qu’elle vient de prononcer devant toi. Si Tlia abandonnait, c’est que ça ne devait vraiment pas aller. C’est la première fois depuis toutes ces années qu’elle la voit renoncer à se battre, les autres fois c’était simplement parce qu’elle n’était plus consciente et ne pouvait plus se battre, cette fois c’était différent.
Elle n’était pas fière d’elle la rouquine, n’osait même pas imaginer ce qu’elle avait réveillé dans l’esprit de son amie, car elle le voit, elle n’est pas celle d’avant le duel : son regard a changé, au-delà de la douleur physique.
Elle lui a rappelé ce temps, ce temps où elle était comblée, heureuse et où rien ni personne n’aurait pu lui retirer son sourire et cet éclat dans son regard. Un temps lointain où tout allait bien pour elle, où elle aimait et était aimée. Elle lui a rappelé que tout cela était fini, que l’homme qu’elle avait aimé par-dessus tout était mort, avait rejoins les étoiles pour veiller sur elle de là haut.
L’homme de sa vie, il n’y en a qu’un, et le sien était parti à jamais, seul subsistait son souvenir.

« Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ? »*

Non. Le passé est le passé et ne reviendra jamais excepté dans nos mémoires où il continue de vivre, éternellement. Le passé ne rend pas heureux, il rend nostalgique, désireux de retrouver un temps ancien où l’on était plus heureux qu’au présent, revivre des instants éphémères mais agréables. Il nous empêche de nous élever, nous réduit à de simples êtres existants sans vivre, sans avancer et en voulant au contraire reculer. Et pourtant on s’y accroche à nos souvenirs, désespéramment. Pourquoi ?
Une question qui n’a pas vraiment de réponse, ou plutôt, qui est propre à chacun…Peut-être parce que se rappeler nos souvenirs fait que l’on ne pense pas aux douleurs du présent, parce qu’un moment même lointain de chaleur et de bien-être est mieux qu’un présent fait de désespoir et d’envie que tout s’arrête.
Nous ne vivons pas dans le présent, nous vivons dans le passé et l’avenir. Le regret et l’espoir. Que les choses s’améliorent, vite, très vite, mais elles ne s’améliorent pas. Malgré tout, nous continuons d’espérer en se rappelant comme c’était bien, avant que tout ne nous tombe dessus. On touche le bonheur du bout des doigts sans jamais l’atteindre, mais on y croit. Et Ald veut continuer à le croire, pour elle, pour Tlia aussi. Un jour, elle trouvera l’amour, quelqu’un qui la comblera comme la comblait Akron, la rouquine y croyait dur comme faire, parce qu’il ne restait que cela, l’espérance.

Ald avait aimé, de tout son cœur, de tout son être et n’avait jamais été comblée, sans doute l’homme de sa vie ne s’était pas encore manifesté. Aujourd’hui, elle aimait, différemment, elle donnait tout sans recevoir en retour et ça lui allait très bien, sans réciprocité pas de douleurs…encore fallait il être conscient des choix que l’on faisait. Elle l’était. Elle savait ce qu’elle faisait parce qu’elle y avait réfléchi, elle s’était penchée sur son âme pour savoir quoi faire de sa vie…et elle avait trouvé, trouvé une raison de vivre pour se battre encore et toujours, pour ne pas abandonner.
Pour ne pas mourir.
On lui avait dit bien sûr, de trouver quelqu’un d’autre à défendre, elle y avait songé, mais quand l’évidence est sous ses yeux, difficile d’en détourner le regard. Et justement…

« Ils marchent devant moi, ces Yeux pleins de lumières,
Qu'un Ange très savant a sans doute aimantés ;
Ils marchent, ces divins frères qui sont mes frères,
Secouant dans mes yeux leurs feux diamantés. » **

Elle est là devant elle, lui tendant la main pour qu’elle l’aide, son regard croisant le sien, regards similaires et pourtant différents. Allez Ald, arrête de penser, et va l’aider.
Le temps a réellement passé au ralenti…beaucoup de choses ont été pensées, et pourtant il ne s’est écoulé que quelques secondes entre le moment où son amie a tendu la main et celui où la rouquine s’est approchée d’elle pour l’aider. Elle a aussitôt lâché son épée au sol, avec dans l’esprit la certitude que plus jamais elle ne la toucherait, bien trop de mal fait avec…Libérée de ses démons Ald, oui, mais à quel prix ?
Elle s’agenouille alors près de Tlia et prend sa main dans la sienne, l’inquiétude augmentant en même temps que passaient les secondes. Que lui a-t-elle donc fait ?
Son autre main va alors se poser au niveau des côtes de son amie, sans appuyer elle la regarde et lui fait un sourire qui se veut rassurant même si de l’extérieur il devait paraître bien crispé, il fallait qu’elle regarde ce qu’il en était, et qu’elle la soigne.


Laisse-moi regarder…

Elle glissa sa main sous la chemise de la Belle pour se rendre compte de l’étendue des dégâts et son air inquiet s’accentua encore lorsqu’elle posa sa main sur la zone des côtes, non seulement brûlante, mais qui provoqua une protestation de douleur de la part de son amie. Elle retira sa main puis se redressa, sa main venant se porter à ses propres côtes douloureuses elles aussi bien que sa propre douleur fut bien moindre. Dans quel état elles étaient toutes les deux…Pourtant il allait bien falloir rentrer. Première chose à faire, ramasser les armes et les ranger dans le sac. Ca semble facile mais vu l’état de la rouquine ça prit bien plus de temps que nécessaire, elle faisait très attention à ses mouvements pour ne pas aggraver les douleurs de ses côtes et de son bras. Le rangement fait, elle prit le sac sur son épaule, le tenant d’une main, et retourna auprès de son amie pour la deuxième chose à faire, plus compliquée.
La rouquine prend donc son courage à demain pour aider Tlia à se relever en faisant bien attention à ses côtes, heureusement encore qu’elles n’étaient pas trop loin du village sinon c’eut été encore plus laborieux…


Prends appui sur moi Tlia…il va falloir marcher jusqu’à l’auberge, je ne vais pas pouvoir te porter.

Tant pis pour ses propres douleurs, elle verrait bien plus tard pour ça, l’important était de conduire Antlia au chaud pour pouvoir la soigner. S’agissait surtout de contrôle de soi en fait…serrer les dents pour ne pas montrer qu’elle a mal et avancer en visualisant l’image de l’auberge dans sa tête. Le sac sur un bras, son amie sur l’autre et droit devant.
Sa plus grande inquiétude résidait maintenant dans les côtes de la Blonde, arriveraient elles à guérir complètement ? Y aurait-il des séquelles ? Tout ce qu’elle pouvait faire pour le moment étant prier, elle s’y attela avec ferveur, espérant de tout cœur que les blessures qu’elle lui avait infligé ne laisserait aucunes traces sur elle.
C’était le moment de se rappeler de ses cours de barbier chirurgien alors qu’elle était à l’Ost, les cataplasmes…elle en avait déjà fait, peut-être cela serait-il adapté pour la soigner, sinon, dans le doute, Ald trouverait bien un médicastre au village…village qui d’ailleurs était en vue alors qu’elles continuaient à marcher, lentement mais surement…



* Extraits du poème "Le Lac", de Lamartine.
** Extrait du poème "Le Flambeau vivant" de Baudelaire.

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