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[RP] L'échappée belle ... Retour vers la liberté.

--Quitterie
RP ouvert à tous dans le respect et la cohérence du décor et de l'histoire donnée. Bon jeu.

Déplacé de la gargote poitevine pour cause de déplacement IG des différents intervenants. S'intègre à l'histoire qui veut.




[La Fuite]


Son souffle était court, le sang affluait, bouillonnant et frappant fort dans ses tempes, ses mains moites tremblaient ... Tout doucement délicatement elle faisait tourner la clef dans la vieille serrure rouillée, tentant le plus possible de ne pas faire de bruit ... Elle se retient de respirer au moment ou le "clack" fatidique, résonne ... Elle tend l'oreille, rien que le bruit assourdissant de son coeur qui cogne fort au creux de sa poitrine qui se soulève rapidement ... Perles de sueurs froides qui lui coulent le long des tempes et sur sa nuque ... Elle recouvre sa longue chevelure châtain et se couvre le visage de son châle finement tissé. Elle passe sa tête pour regarder dans le couloir, pas âme qui vive ... Elle se retient de sourire, ne pas s'emballer trop vite, elle n'est pas encore sortie ... Puis cette esquisse est vite balayée par un rictus de douleur qui lui tenaille le ventre, elle se mord l'intérieur de la joue pour ne pas gémir ...
Un dernier regard vers cette maudite chambre et c'est souliers en main qu'elle avance dans le couloir en rasant les murs ...

*Adieu mon passé ... Adieu horrible vie, oui adieu ... Si je dois mourir, qu'il en soit ainsi, mais je veux mourir libre, oui libre ...*

Des mois qu'elle projette son évasion, des mois, depuis le jour où ... En y repensant, la voilà prise de nausées ... Pas le moment de faiblir! Elle a réussi à dérober LA clef, celle qui va lui permettre de vivre, de revivre.
A pas lents elle s'avance au coeur de cette demeure maudite, celle où elle vit depuis plusieurs années maintenant, pas un seul regard sur ce qui l'entoure dans le semi obscurité qui règne, la lumière lunaire filtrant à travers les épais rideaux pendus aux fenêtres. Nuit propice ... Ou du moins elle l'espère, car le risque de se faire voir est bien présent ... Mais dans sa condition elle n'a pas d'autre choix que de le prendre ce risque ...

Elle arrive enfin aux cuisines, douce chaleur de la pièce qui caresse sa peau, des braises rougeoient encore dans l'âtre ... Elle sait qu'à cette heure de la nuit elle n'y croisera personne, elle en profite pour mettre dans un torchon quelques menues victuailles. Mais alors qu'elle s'apprête à enfiler ses souliers, assise sur le rebord de la grande cheminée, des bruits de pas dans le couloir ... Paniquée, elle attrape son baluchon improvisé mais ses souliers lui glissent des mains ... Plus le temps de les récupérer, elle s'engouffre sous la grande table en retenant son souffle et une faible lueur apparait ... Elle tremble et fait tout pour n'émettre aucun son, se mordant la lèvre à sang alors que de nouveau une douleur sourde et aigüe tenaille son ventre.

Un bruit de choc la fait trembler, un juron puis la lueur qui se fait plus vive alors que l'intrus se baisse pour ramasser ses souliers.


Crénom de non ! Qui qu'à encore laissé ça ici ! Mais c'pas vrai ça hein ! Bordel c'est pas possible ça, peuvent pas les faire sécher ailleurs ?
Tssss pis ça c'est encore l'autre là ... Elle va voir demain ce que va lui passer le Maître ... Tiens pour la peine je vais les lui cacher ...


*Non !!!!!!!!!!!*

Morsure plus vive l'empêchant de hurler, alors que résonne dans la pièce le rire tonitruant du majordome. Elle serre les poings à s'en faire blanchir les jointures des doigts. Maudite, elle doit être maudite ...
Puis un bruit d'eau, celui d'une cruche que l'on rempli à la louche et enfin la lueur s'éloigne dans un bruit de savates qui trainent au sol ... Elle reste là sans bouger un long moment, un très long moment, grimaçant à chaque douleur spasmodique qui lui tenaille le ventre.
Tout doucement elle ressort de dessous la table, le regard hagard et perdu ...

*Que vais-je faire ? Que dois-je faire ? ... C'est ce soir ... Oui ce soir ou jamais ...*

Elle s'approprie deux autres torchons qu'elle improvise sandales puis se dirige vers la porte ... Doucement, lentement, elle soulève le loquet et dans un grincement sinistre la porte s'ouvre, laissant un vent glacial s'engouffrer dans la pièce et s'insinuer dans ses vêtements. Elle frissonne de froid mais surtout de peur, ne pas se faire voir ... Fuir, courir, elle n'a plus que cela en tête.
Tout d'abord elle longe le mur jusqu'à l'appentis et se place face à la forêt qui se dresse devant elle, majestueuse et effrayante. La lumière blafarde de l'astre lunaire donnant de drôles de formes et de drôles d'ombres aux arbres tortueux dépourvus de leur parure de feuillage.
Longue hésitation ... Déjà de nouveaux flocons font leur apparition, tombant sans bruit rejoindre le manteau de neige qui recouvre toute verdure. Et c'est tête baissée qu'elle finit par se jeter vers la liberté, SA liberté, courant aussi vite que sa condition le lui permet et sans se retourner ...
Déjà les chiens aboient et grognent ... Elle doit faire vite, s'éloigner le plus possible de cet endroit maudit. La neige s'intensifie par bourrasques effaçant lentement les traces qu'elle laisse derrière elle.
La neige et la glace craquent sous ses pieds gelés, à peine protégés par la fine couche de tissu, mais la douleur n'est rien par rapport à celle qui monte crescendo au coeur de ses entrailles...

*Pas ce soir, au non ! Non ! Pas maintenant ! Aristote je t'en supplie ! Tout mais pas ça !*

Elle court, chute, criant alors que la douleur devient de plus en plus insupportable, mais elle serre les dents. Une chance, elle n'a qu'une chance et c'est ce soir où jamais.
Chaque fois elle se relève et continue, malgré le blizzard qui lui fouette le visage, la neige lui brouillant la vue autant que la douleur vive. Elle ne sent plus ses pieds complètement gelés mais elle avance encore et toujours. De longues minutes, des heures même maintenant qu'elle brave les éléments déchainés et son propre corps qui semble y mettre du sien ...

Puis une douleur vive encore, sourde, plus vive que les autres, l'obligeant à se stopper en pleine course...

Contact doux et chaud entre ses cuisses ... Liquide brûlant sur sa peau glacée qui s'écoule ...


NOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN

Un hurlement retentit dans la nuit, provocant l'envolée d'une chouette. Haletante et terrassée de douleur, elle s'agrippe à un arbre. Reprendre son souffle et continuer il le faut, coute que coute ... La progression est maintenant lente et difficile, entrecoupée de longues pauses, pendant lesquelles elle étouffe ses cris dans son châle, ses ongles s'enfonçant dans la mousse des arbres ...
Et la panique laisse maintenant place à l'instinct animal ... L'issue est proche ... Du regard elle essaie de trouver un bouquet d'arbres, serrés les un aux autres, coupant ce vent glacial qui vient du nord ... Refuge trouvé, de ses mains nues elle creuse le manteau de neige pour y faire un trou ... Douleur lancinante qui ne lui laisse aucun répit, son ventre se durcit, nouvelle contraction et de nouveau ce liquide chaud qui lui coule entre les cuisses ... Hurlement animal qui monte du fond de sa gorge alors qu'elle est accroupie au dessus du "nid" formé dans la neige ... Cri bestial qui déchire la nuit ...


AAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHH
--Lycaea_la_louve


[L'appel du sang ...]

Nuit froide de clair de lune, la louve solitaire est terrée dans son refuge à l'abri de la tempête qui se lève. Museau enfouit au creux de ses pattes, l'oreille attentive au moindre bruit, malgré la somnolence apparente de la bête ... Le vent souffle fort à l'extérieur, siffle même entre les arbres. La fourrure frémit, piquée au vif par le froid mais surtout par la faim qui la tenaille.
Plusieurs jours qu'elle n'a pas mangé, des semaines qu'elle erre seule après avoir été rejetée de la meute ...

Puis d'un coup l'oreille pivote, capte un bruit lointain ... Attentive, elle se concentre sur ce bruit, faisant fit des hurlements du vent.
Des pas... Oui des pas, ceux d'un être humain ... Être qui court, qui fuit, elle le reconnait au bruit rythmé et saccadé. Sa tête se soulève alors qu'elle entend un cri, cri de douleur sans aucun doute ... Elle attend et reste aux aguets ...

Les bruits de pas se rapprochent, lentement la louve se lève et sort de sa tanière, furtive, l'oeil jaune aiguisé, l'oreille captant le moindre bruit alors que le vent violent agite ses vibrisses et lui amène nombre d'informations olfactives ... Elle hume l'air de sa truffe aguerrie ... L'odeur de l'adrénaline lui emplie le museau. La peur ... Oh oui c'est l'odeur de la peur ... Doucement la bête se met à saliver ... Nouvelle odeur qui vient lui taquiner la truffe, une odeur ô combien séduisante ... Cette odeur, c'est celle du sang ...

Machinalement les babines qui se relèvent sur les crocs acérés de la bête sanguinaire, avant qu'elle ne se pourlèche d'avance sur le festin qui va l'attendre ...

Bruits de pas de course qui se rapprochent encore, irrémédiablement vers le destin ... Destin contre lequel on ne peut rien y faire ... En théorie ...
Les oreilles s'agitent et cherchent vers qu'elle direction elle doit se diriger. Nouveau cri qui déchire la nuit, plus proche, si proche ... La bête avance en direction de "l'animal" blessé qui crie sa souffrance ... Lentement mais sûrement à pas de loup ...
L'odeur de l'adrénaline de plus en plus forte, enivrante ... Salive abondante qui coule de ses babines affamées ... Estomac qui grogne et qui se tord de faim. Les yeux jaunes et luisants captent alors enfin du mouvement à quelques mètres, à travers le rideau dense de la neige ...

ELLE est là, oui bien là ... SA proie ... Elle s'en approche doucement, la jauge, évalue les risques ... Elle semble seule ... De nouveau la truffe s'agite sous cette odeur entêtante ... Elle se met à grogner, tant par envie que par bonheur ...
Nouveau cri qui retenti tel un appel auquel la louve enjoint son hurlement lugubre ...


AAAAAAOOOOOOOOUUUUUHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

La bête approche, répondant à l'appel du sang ...
--Evade



[L'évasion...]


Le froid... et la lueur des étoiles ne permettait en rien de réchauffer ne serait-ce qu'un peu la pièce exigüe dans laquelle il était enfermé voici à présent 32 jours, exactement...
Le ciel n'y mettait pas du sien, effaçant leurs faibles lumières en les recouvrant peu à peu de nuages lourds, silencieux, mornes, comme les jours qu'il avait passés dans cette cellule, si petite qu'il ne pouvait s'allonger, et si sombre qu'il ne savait au juste s'il faisait nuit ou jour...

Il frissonnait, grelottait malgré lui, malgré sa fierté qui tentait de le convaincre en vain de ne pas leur faire ce plaisir de le voir avoir froid. L'hiver était rude cette année-ci. Et la cellule du cachot était chaque jour plus glaciale, plongée dans le noir qui déréglait tous ses sens chaque jour un peu plus.

Ils avaient reçu pour ordre de ne lui apporter à manger et à boire que tous les quatre jours, et de ne pas lui adresser la parole. Juste vérifier que son ombre était bien tapie au fond de la cellule et lui donner un coup de bâton afin de vérifier qu'il était encore vivant. Et surtout, de ne pas l'écouter, aucune de ses suppliques.
Il était de toute manière trop fier pour leur adresser la parole. Cela faisait plus d'un mois qu'aucun son n'était pas sorti de sa gorge.

Le froid... l'obscurité... la solitude... la faim... l'odeur de la pierre froide, de la poussière et des excréments... tel était son sort, désormais...
Il regrettait presque à présent les cris de la foule et les insultes de ces ignorants à son encontre lors du procès.

Presque.

Il cherchait sur le sol les marques qu'il avait gratté à même la pierre, usant ses ongles meurtris par le froid, et comptait de nouveau pour être sûr... C'était bien cela, cela faisait quatre jours depuis la dernière fois où on lui avait apporté une vieille miche de pain rassie. Ces marques étaient devenus son seul repère. Et lui permettaient d'entretenir l'espoir.

La fatigue le gagnait véritablement, et il sentait bien qu'il ne tiendrait pas un jour de plus... C'était ce soir... C'était pour ce soir...

Il surveillait la porte avec insistance, d'une froide détermination. Il guettait le moindre bruit qui indiquait que l'on venait. Il était calme. Comme si au fond cela lui était égal si son évasion échouait ou non.

Des bruits de pas qui résonnèrent, et des murmures, des grognements, qui approchaient. C'était enfin le moment. Il rassembla la rage qu'il gardait en lui, pour lui donner un surplus d'énergie, lutter contre la fatigue. Dans un long grincement, la porte en fer s'ouvrit enfin... Il plissa les yeux, la faible lueur des torches lui brûlant ses pupilles qui n'étaient plus habituées à la clareté d'une lumière.
Il distingua une longue silhouette sombre s'entrecouper devant lui... Il vit un mouvement... Un bras brandir un bâton... pour l'abattre sur lui.

Tout se jouait à cet instant précis. Il jeta toutes ces forces pour attraper le bâton avant qu'il ne le frappe, un peu à l'aveugle... Il se mordit la langue et les joues pour ne pas crier sous l'effroyable douleur en parant le coup dans la paume de sa main gercée et gonflée par le froid, puis tira violemment sur l'arme de toute sa rage.
Il entendit un craquement mou... le visage du garde avait percuté un des murs de la cellule et s'effondra mollement sur le sol.

Essoufflé par son effort, il repoussa le corps, et le déshabilla prestement, sans perdre de temps... Le garde n'était pas mort... juste assommé. C'était parfait.
Il enfila les habits du garde, lui prit le bâton et les clés... et referma la porte sur lui sans un regard.
Dans quatre jours, un autre garde viendra donner à manger à ce nouveau prisonnier qui avait pris sa place, après lui avoir donné un coup de bâton et après ne pas avoir fait attention à ses suppliques qui sembleront mensongers sur son identité.
Lui, en attendant, serait loin.

Il tenta de reprendre son souffle... ce n'était pas le moment de paraître suspect. Puis il recouvrit son visage de la longue capuche de ses habits d'emprunt, et laissa ses yeux s'habituer un peu à la lueur des torches.
Il se glissa le long des couloirs, restant toujours dans l'ombre, marchant et saluant les autres gardes lorsqu'il en croisait. Il prenait son temps, sortir calmement, ne pas se précipiter, pas encore.
Ce fut presque trop facile. Il passa inaperçu aux yeux de tous, et sortit enfin du bâtiment, en s'emparant d'une torche, plus comme une source de chaleur que pour l'aider à voir dans l'obscurité.

En se retrouvant à l'extérieur, enfin, il fut pris d'un grand vertige... Un horizon infini semblait se dégager devant lui, et un sentiment de liberté le grisa de l'intérieur, l'effraya. Il avait oublié à quel point, dehors était vaste. Il prit sur lui pour ne rien laisser paraître, bien que la fatigue et la faim n'arrangeait pas les choses.
Il déambula dans les ruelles, se forçant avec douleur et réprimant des grimaces, à marcher droit. Il aurait été dommage d'attirer l'attention maintenant.

Lorsqu'il fut enfin à l'extérieur de la ville, et après quelques pas encore, il se relâcha et se courba, s'aidant du bâton pour porter son corps, ce que ses jambes qui furent longtemps inactives ne semblaient déjà plus pouvoir...
Il se sentait à bout de force, las, fatigué, la faim et le froid accentuait une douleur diffuse qu'il ressentait à l'intérieur de chaque parcelle de son corps...
Pourtant il ne devait pas s'arrêter maintenant. Il luttait et puisait dans ses dernières forces quitte à mourir d'épuisement. C'était la seule chose à faire pour se mettre à l'abri, loin de cette ville, loin de cet homme qui l'avait fait jeter en prison.

Le chemin vers la liberté ne faisait que commencer.
--Quitterie


[Nuit Blanche ... Nuit de sang ...]

La douleur est vive et pénétrante, bien plus que ne l'est le vent glacial qui lui pique la peau à travers ses vêtements, maintenant trempés de sueur et de neige qui fond sous la chaleur de son corps ...
Sourde douleur qui envahit tout son être, tous ses muscles se crispent, son corps s'arcboute sous la violence des contractions ... Celle-ci sont plus fortes, plus rapprochées... Son ventre se durcit chaque fois un peu plus, provoquant de fortes coulées de ce liquide chaud entre ses cuisses ... Elle halète comme un animal à l'agonie, elle hurle sa douleur chaque fois que l'étau de ses muscles lui tenaille le ventre et la fige dans un rictus de souffrance qui déforme son si doux visage ...


HHHHHHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

Douleur insupportable qui lui scie le dos et le ventre ... Elle le sent descendre petit à petit ... Temps infiniment long. Douleur qui fige l'espace et le temps. Douleur qui emprisonne son esprit dans une bulle ... Elle se concentre maintenant sur cette douleur pour tenter de l'apprivoiser pour mieux la maitriser ...
Elle tente de contrôler sa respiration et de la caler sur chaque contraction, toujours plus puissante. Inspirant lors des moments de relâche et expirant longuement à chaque fois que la douleur sourde lui ceinture le ventre ... Elle le sent qui continue à descendre, qui s'insinue dans ses chairs. Chairs, qui jusque là, le berçaient au coeur de ce cocon chaud, celui de son ventre ...
Nouveau hurlement bestial, tant la brûlure est intense. Tremblements incontrôlables de ce corps frêle et fragile, malmené par la terrible magie de la nature ... Magie réelle pour certains mais magie maudite pour d'autres, celle de la naissance ...

Et de nouveau son cri déchire la nuit, alors que ses larmes de désespoir et de souffrance inondent ses joues rougies par le froid.


HAAAAAAAA
HHHHHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

Fines perles d'eau salée qui se cristallisent sur sa peau, laissant de fins sillons nacrés lui barrer le visage. Sa respiration est redevenue rapide. Cette brûlure atroce qui lui broie les chairs ... Elle souffle fort, dégageant de gros halos de vapeur. Ses yeux perdus dans le vague essaient de se poser sur un point fixe et elle choisit un trou dans un tronc pour y accrocher ses perles grises légèrement azurées.
Au bord de l'évanouissement, elle lutte encore, le sentant enfin glisser hors d'elle et dans un geste instinctif, elle vient le cueillir dans ses mains ... Puis dans un geste maternel et tendre, elle le ramène contre sa poitrine et l'enveloppe dans son châle, tombant à genoux d'épuisement.
Enfin libérée, elle reprend peu à peu conscience du monde qui l'entoure.

Un grognement sur sa droite lui fait tourner la tête. La tempête se calme. Ses perles grises croisent alors ces yeux jaunes perçant qui la fixent. La bête est là, babines retroussées et prête à bondir.
Elle l'enfançon dans les bras, tétanisée, elle est incapable de bouger.

Et ce petit cri libérateur, celui des poumons qui s'ouvrent dans ce nouveau monde, qui retentit dans la nuit et suspend le temps ...


Ouuuuiiinnnnn Ouinnnn Ouuuiinn
--Evade


[Les droits de la vie...]


La neige se mit à tomber à gros flocons, voletant comme de petites lucioles qui recouvraient peu à peu ses habits, et rendant chacun de ses pas encore plus difficile.
Il avait le souffle court... La protection que lui offrait la torche qui flambait toujours contre le froid n'était plus suffisante...
Il marchait de façon presque mécanique... il ne se rendait plus compte de ses pas. Il marchait, tout simplement.
Chacun de ses geste était douloureux.
Pourtant, il continuait à avancer dans cette forêt qui lui semblait interminable, malgré la lassitude. C'était tout ce qu'il avait à faire pour espérer survivre. Trouver un abri. Trouver à manger.

Les bruits étaient feutrés par la neige... il lui semblait entendre des bruits, mais il n'y faisait pas attention, il n'avait pas la tête à cela.
Soudainement, il s'arrêta pour écouter un cri plus perçant que les autres qui déchira le silence nocturne et vibra dans tout son être. Celui d'un loup. Les battements de son coeur s'accélérèrent. Non pas parce qu'il avait peur. Mais son intérêt fut aussitôt attiré.
La faim se mêla à ses pensées. Aucun animal se baladerait en cette nuit neigeuse, ou alors très peu. Et si un loup hurlait ainsi... c'était qu'il avait trouvé une proie.
Il se dirigea dans la direction d'où semblait provenir ce cri, pressant le pas, avec l'espoir irraisonné de pouvoir s'emparer de la proie avant l'animal.

Cependant... était-il si épuisé que son imagination commençait à lui jouer des tours ?
Après avoir écarté quelques basses branches dénudées par le froid, il entendit un autre cri... un tout autre cri.

Celui d'un petit être.

Ses pas finirent par le mener à un étrange tableau auquel personne ne s'attendrait à trouver en pareil endroit.
Il s'approcha encore et s'aida de la torche afin de percevoir la silhouette d'une jeune femme emmitouflée dans la neige, l'air effrayée, perdue, exténuée...
Et dans ses bras, un petit enfant qui poussait des pleurs, et semblait encore relié à la mère par son cordon...
Il ne croyait pas ce qu'il voyait... et le temps d'un instant, ses pensées se bousculèrent.

Ce fut d'une courte durée, un grognement sourd attira leur attention... la lueur malsaine des yeux de l'animal brillait dans la nuit que la neige rendait moins sombre.
Il regarda la louve dans les yeux. Il se rendit compte soudainement qu'il n'était pas en état de se battre contre une telle créature, il n'avait aucune chance. Il lut, dans le regard de l'animal, la faim... et il sut que la louve ne lâcherait pas sa proie.

Un nouveau vertige le prit. Il ne savait que faire. Dans un sens, il ne pouvait pas laisser la louve dévorer le nouveau né et la mère... mais de l'autre, il ne pouvait que comprendre parfaitement la bête qui ne voulait qu'assouvir sa faim, lui dont l'estomac le tiraillait depuis plusieurs jours.
Et puis... il ne tenait pas à mourir...

Il se dit soudainement que c'était dans l'ordre des choses, que les forts mangent les faibles, c'était naturel... et qu'il n'avait pas à si opposer...
Il se sentait si las... si fatigué... il avait si mal de partout...
Il n'avait pas envie de lutter contre l'ordre des choses, il n'était vraiment pas en état pour cela. Peut-être valait-il mieux pas s'en mêler... C'était peut-être cruel, mais ainsi allait la vie.

Il prit alors sa décision, sans vraiment être sûr de lui-même, sans être en état de savoir si c'était une bonne décision.
Il jeta la torche à quelques pieds de lui, dans la neige qui étouffa la flamme. Puis il fit quelques mouvements prudents et lents, tout en faisant face à la bête.

Puis il s'agenouilla, se plaçant entre la louve et et la mère... et écarta les bras...

Il attendit ainsi.
C'était tout ce qu'il était en mesure de faire.
--Lycaea_la_louve


[Court tête à tête ...]

Sournoisement la louve approche, babines retroussées sur des crocs acérés. La lueur de la faim enflammant ses yeux jaunes et perçants qui ne lâchent pas la proie du regard. Le poil est hérissé sur le dos de la louve gonflant son pelage et la rendant encore plus impressionnante.
Impression visuelle de bête énorme mais au fond, tout n'est que cache-misère de son allure efflanquée de crève la faim.

La louve se rapproche encore, la neige craquant sous ses pattes puissantes aux griffes tout aussi aiguisées que les crocs. Bête puissante, malgré sa maigreur qui toise sa proie affaiblie par la délivrance.

Et toujours cette odeur enivrante de sang qui lui taquine la truffe, aiguisant toujours plus son appétit ... Tellement absorbée par ce festin qui s'offre à elle, la bête ne voit pas l'intrus arriver tout de suite ...
C'est uniquement la lueur de cette torche, qui lui arrache un nouveau grognement plus menaçant. Bête agacée d'être gênée dans son approche, alors qu'elle allait attaquer.
Elle jauge le nouvel individu qui n'a l'air guère plus aguerrit que le jeune femme et son enfant. Le voilà qui s'approche, la bête est méfiante et recule d'un pas lorsqu'il jette vers elle cette torche qui s'éteint quand il tombe à genoux.

Lueur chaude du feu qui laisse entièrement place à la lueur froide de la lune. Les armes sont rendues, place à l'animal qui domine l'homme.
--Quitterie


[Nuit des anges ...]


Elle ne l'avait pas vu arriver et maintenant elle lui faisait face, hypnotisée par son regard perçant et carnassier ... Perles grises, épuisées, contre les ambres luisantes et sournoises ...
Les deux femelles s'affrontent silencieusement. L'affamée contre l'épuisée. La déterminée contre la résignée. La force contre la faiblesse. C'est dans l'ordre des choses, la loi du plus fort et du plus faible. Le prédateur et sa proie ... La sélection naturelle et son oeuvre ô combien violente dans son cheminement.

Et ce petit être qui gigote dans les bras de sa mère. Petit être fragile qui ne demande qu'à vivre, survivre dans ce monde hostile dans lequel on vient de le jeter corps et âme. Oui, lui le petit être qui jusque là ne connaissait que la douce chaleur du ventre de sa mère. Bercé et protégé au coeur de ce cocon maternel ... Il se fait entendre de son petit cri tout d'abord faiblard, lui aussi épuisé par l'épreuve de la délivrance. Puis le froid et la peur qu'il ressent chez sa mère font que sa voix devient de plus en plus forte. Lui, ce petit ange emmitouflé blottit contre le sein de sa mère, fouissant le tissu de nez car instinctivement attiré par le sein nourricier. Cri qui devient plus fort, attisé par la faim et l'envie de réconfort auprès de sa mère ...

Mais pour le moment, le destin en a décidé autrement et va le laisser crier et hurler, dans les bras d'une mère épuisée et décontenancée.

Mais parce que les anges s'en vont toujours par deux ...

Elle s'attend à l'attaque, priant pour que ce soit vif et rapide ... Sans douleur serait trop demander, elle le sait ... Elle sert son enfant tout contre elle. Bien que cet enfant, elle n'en ait pas voulu, bien qu'il soit le fruit du péché, elle le protège et le protégera jusqu'à son dernier souffle.

C'est alors que la bête tourne la tête. Grognement plus menaçant. La jeune femme suit le regard et voit devant elle, un homme d'un aspect presque fantomatique tant sa maigreur est visible. Le visage pâle, les joues creusées, le regard hagard, il s'avance vers elle.

Lueur d'espoir ... Mais elle le sent prêt à fuir. Voix frêle qui brise le silence.


Je vous en supplie aidez moi ...

Elle le regarde, implorante, tremblante de peur et de froid dans son nid de neige, glacée et trempée jusqu'aux os ... Elle regarde qui lance sa torche en direction de la louve.

Non !!!!!!!

Trop tard ... Flamme qui s'éteint et les replonge dans la lumière blafarde de la nuit froide. De nouveau la bête avance d'un pas et l'homme avance aussi avant de tomber à genoux, bras écartés se jetant en pâture à la bête ... Image surréaliste d'un homme s'offrant à une louve. La jeune femme observe, hébétée.
Son regard balaie les alentours à la recherche d'une "arme" mais rien ... Rien, si ce n'est son petit baluchon de victuailles, emporté à la va-vite.

*Mais oui ! Nous sommes sauvés !*

D'une main elle se saisit du baluchon et le jette doucement vers l'homme.


Donnez lui cela, il y a de la viande séchée dedans.

De quoi détourner son attention, faites vite, je vous en conjure ! Sauvez nous !
--Quitterie
--Hubert.de.la.Rocquetaille a écrit:
[Aux naissances de la colère]

Les deux prunelles métalliques fixaient le lit vide comme le ferait un ours en voyant qu'un chasseur avait pris son ourson laissé à la tanière le temps d'aller chasser. Quoiqu'à bien y regarder, le regard d'Hubert était beaucoup plus froid même si il recelait autant de colère.
La Dame de compagnie, qui avait pour rôle de veiller sur la gamine, se tenait dans le coin, debout en se tordant les mains. Elle n'avait plus croisé le regard de l'homme depuis qu'elle lui avait annoncé la funeste nouvelle et n'osait pas mener ses yeux vers lui, de peur du châtiment.

Il retira ses yeux de la couche désertée après près d'une longue minute de fixation. Une minute où il avait eu l'occasion de ruminer sa colère.


Vivianne ! Amène-moi Maurin et Eudes!

Les mots n'avaient pas fini de tomber que la pauvre femme était déjà partie, sans doute pour échapper à de tels mots plus violents que des coups. Resté seul, l'homme ne pouvait n'empêcher de maudire cette catin qui était partie en pleine nuit ! En fourbe qu'elle était, engeance de la gent féminine ! De toute façon, elle ne pourrait pas aller loin.

La vieille femme revint avec le Maurin et l'Eudes en question. Le premier, borgne et fourbe, et le second, cupide, étaient les hommes à tout faire de Hubert et il savaient bien en user quand le besoin s'en faisait ressentir.
Il ne se retourna pas, donnant des ordres secs à ceux qu'il venait de faire mander.


Maurin ! Tu la mènes dans sa chambre et tu l'y enfermes ! Sa trahison et son incompétence comme Dame de Compagnie seront jugés d'ici peu !

Eudes, tu réveilles la garde et tu fais regrouper les hommes et les chiens dans la cour !


Nouveau ballet, où un borgne sadique menait une vieille femme grassouillette qui était tellement sonnée qu'elle se laissait faire tandis qu'un cupide corpulent descendait les escaliers menant au donjon en pensant déjà au magot qu'il y avait moyen de se faire.

La nuit risquait d'être longue et l'homme aux yeux vairs resté dans la chambre n'en avait cure. Il retrouverait cette trainée et lui ferait payer son manque de valeurs !
--Evade


[Le choix de la vie...]


Non !!!!!!!

Le jeune mère poussa un cri lorsque l'évadé jeta au loin la torche, laissant la neige éteindre leur seule arme qui pouvait un tant soit peu inquiéter la bête...

Puis le silence régna de nouveau, un silence pesant, indissoluble, à peine perturbé par les grognement de l'animal et les petits pleurs de l'enfant étouffés par l'air froid et lourd qui les entourait.

Ce cri ne changeait rien à la décision de l'homme de toute manière.
Il savait que c'était la plus juste.
Contenter la louve affamée, sauver la mère et l'enfant...
Échapper à cette vie à laquelle il n'y tenait plus tellement, en fin de compte, se demandant pourquoi au juste il s'accrochait ainsi, lui qui n'avait plus rien...

Chacun y trouvait son compte.

Autant mourir pour une bonne raison. Au moins ça. Que son passage sur terre n'ait pas servi à rien. Que sans doute était-il né pour mourir à cet instant précis... ainsi était-il écrit quelque part.

Il ferma les yeux, les bras étendu de chaque côté de son corps, agenouillé. Il ne tremblait plus, comme si le froid ne l'affectait plus. Il attendait, simplement.
La pensée saugrenue, qu'il y avait encore quelques heures il ne pensait qu'à s'évader, enfermé dans cette minuscule cellule, lui traversa l'esprit et faillit même lui arracher l'esquisse d'un sourire. Il ne se serait jamais douté un seul instant se retrouver dans cette situation, une fois à l'air libre, la même nuit...

Il attendit. Ce qui lui semblait durer indéfiniment, mais aussi ce qu'il redoutait, à la fois... Etait-ce une délivrance ou une condamnation ?
Il attendit. Dans le silence de cette nuit, blanchie par la neige qui le recouvrait peu à peu. Il sentit soudainement quelque chose heurter son dos et tomber sans bruit derrière lui dans la neige.
Il ouvrit les yeux par réflexe, sous la surprise.


Donnez lui cela, il y a de la viande séchée dedans.

Sans se retourner, l'homme compris qu'il s'agissait d'une besace ou d'un baluchon, que la jeune dame avait sans doute emporté avec elle.
Malgré lui, son estomac se réveilla à l'idée qu'il y avait à manger... mais il n'y fit pas attention, trop préoccupé à savoir ce qu'il allait faire.

Si cela marchait, si la louve se contentait d'une viande séchée plutôt que d'une viande saignante... cela signifiait qu'il aurait la vie sauve.
Le voulait-il vraiment, être sauvé ? Lui qui s'était résolu à mourir ? Lui qui n'avait plus aucune raison de s'accrocher à la vie ?
Il se sentait si las... si fatigué...


De quoi détourner son attention, faites vite, je vous en conjure ! Sauvez nous !

La voix de la jeune dame était douce, sincère, avec un ton inquiet. Il en fut surpris.
"Sauvez-nous" ?... Il se demanda pourquoi cette inconnue s'inquiétait de son sort... alors qu'il reportait déjà le danger sur lui, qu'il détournait déjà l'attention de la louve...

Il replia un bras lentement dans son dos, regardant l'animal dans les yeux. Il se mit fébrilement à chercher à l'aveugle au sol et dans le baluchon, toujours en faisant face à la bête, sans détourner la tête.
Le froid lui avait ôté la sensation au bout des doigts qui lui aurait permis de reconnaître la viande séchée. Ses mains gonflées étaient même douloureuses, à la limite du supportable. Il ne devait pas se tromper et montrer à la louve quelque chose qui ne l'intéresserait pas, ce devait être du premier coup, sinon l'effet serait moindre.

Il soupesa un objet ou deux, ses doigts ne lui indiquaient en rien ni la forme, ni la texture de l'objet... le poids était la seule information dont il pouvait se servir, afin d'identifier la viande séchée...

Lorsqu'il fut sûr de lui, il tendit le bras vers la louve, lentement, avec dans ses mains l'offrande qu'il cherchait à l'aveugle.

Il fit tout cela s'en sans rendre vraiment compte, de manière presque mécanique.
Sans s'en apercevoir, il avait fait le choix de la vie.

Et c'était avec angoisse à présent, qu'il guettait la réaction de l'animal, avec la crainte que le plan ne fonctionne pas.
La bête renoncerait-elle au plaisir de tuer au profit d'un si maigre butin ?
Son envie que l'animal ne se contente que de ces morceaux de viande séchées fut telle qu'il prononça presque malgré lui quelques mots. Les premiers mots depuis plusieurs semaines qui sortirent de sa gorge enrouée.


Allez... approche... c'est pour toi...



Les dés en étaient jetés. Il ne pouvait pas faire plus.

C'était au tour de la bête de faire son choix à présent.
--Lycaea_la_louve


[L'appât ... Tentation ou raison]

Le grognement se fait de plus en plus hargneux, tant la faim tenaille la bête. Et cette odeur de sang omniprésente, douce effluve alléchante à la truffe du canidé, ne fait qu'accentuer cette férocité qui caractérise la bête sauvage.
Les babines soulevées sur les crocs menaçants, tremblent et luisent de salive. Léger renâclement de la bête, lorsque la légère fumée dégagée par la torche vient lui taquiner la truffe.
Elle s'avance alors légèrement, menaçante, prête à bondir. Les muscles amaigris, bandés, prête à l'attaque ultime. Lueur sauvage qui danse dans les ambres luisantes, où se reflète le clair de lune. Le vent glacial agitant le fourrure épaisse, cachant l'extrême maigreur de la bête efflanquée.
La faim la tenaille. Bête emprise de folie meurtrière. Bête dirigée par son instinct le plus primaire, celui de se nourrir coûte que coûte.
Elle observe et jauge sa proie, calculant son angle d'attaque. Elle s'approche encore, sournoise, penchant la tête sur le côté pour observer les gestes de l'homme qui lui fait face, aussi maigre qu'elle ne l'est. Elle stoppe, humant les odeurs qui viennent agacer sa truffe. Nouvelle odeur alléchante, la bête se pourlèche dans un grognement sourd. Sa tête se penche sur le côté, intriguée par ce que fait cet homme. Elle se tapit prête à bondir et le voilà qu'il lui tend quelque chose. Les babines s'abaissent sur les crocs acérés et la truffe s'agite et hume.

Le regard change, les oreilles pivotent comme si la bête revenait à une toute autre réalité. Les cris de l'enfançon lui font pivoter la tête. Bête intriguée et curieuse, instinct maternel qui naît dans les ambres où s'étiole cette flamme de folie.
Elle hume encore et se pourlèche de nouveau, s'approche doucement puis recule, hésitante. Affamée, la bête mais pas stupide non plus. D'instinct elle sait qu'il ne faut pas faire confiance à l'homme, alors pourquoi le ferait-elle ici et maintenant alors que ses proies sont si faibles ... Mais l'odeur est si tentante ... Les oreilles s'abaissent et la bête grogne, aboie comme le ferait un chien. Elle danse sur ses pattes allant de droite et de gauche. Voilà la bête perdue entre tentation et raison.
Aussi tentante soit l'attaque, le risque est là. La bête est affaiblie et que vaut la peine de perdre le combat, alors que là on lui offre pitance ...
--Evade


[Entre acceptation... et persévérance]


La douleur revenait, lancinante et diffuse à travers son corps dans cette position inconfortable, les genoux plantés dans la neige. Le froid s'insinuait de nouveau à travers sa peau, coulait à travers ses veines et colorait ses lèvres et l'extrémité de ses doigts bleuis.
Pourtant il ne s'était jamais senti aussi vivant. De nouveau. Son envie de vivre était douloureuse, mais elle chassait peu à peu la fatigue et la faim, et puisait dans les ressources de son corps et de sa volonté pour lui donner un regain d'énergie.

Il regardait la bête, dont le comportement changeait, d'abord à peine perceptible, puis hésitant... L'homme ne lâchait pas la louve du regard, le bras tendu vers elle, tenant comme il pouvait la viande séchée dans ses mains endolories dont la sensation de préhension avait disparu... il ne sentait que le froid comme autant d'échardes glacées et brûlantes à la fois, plantées sur toute la surface de sa main.

Mais il ne lâcherait pas. Sa détermination était revenue. Survivre. Essayer en tout cas. C'est tout. Peu importe ce qui allait se passer après.

Il voyait la louve tentée mais hésitante, tournant de gauche à droite devant lui, au prise avec un intolérable doute, un choix à faire à son tour.
Il se redressa un peu... Il sentait qu'il prenait l'ascendant sur l'animal.
De moins en moins, il se sentait en danger... Il sentait la bête sur le point de craquer et d'accepter sa proposition silencieuse.

Tout en ne quittant pas la louve des yeux, il se pencha un peu en arrière, et chercha à l'aveugle de nouveau dans le baluchon dont le contenu s'était éparpillé sur le tapis de flocons blancs. Il trouva d'autres morceaux de viande séchée, et tendit son autre bras également en direction de la bête, offrant de manière un peu spontanée, chaleureuse, un surplus de nourriture pour l'aider plus vite à faire son choix vers lequel elle semblait pencher.

Sa respiration était forte, mais posée. Il regarda la louve qui lui semblait si effrayante il y avait encore quelques instants... Son chasseur prenait un air presque attendrissant, abandonnant sa panoplie meurtrière au profit d'une trogne moins agressive, par à coup...

Il savait que l'animal pouvait lui arracher les bras à tout moment. Mais il lutta contre l'envie de protéger ses mains, et resta ainsi immobile, les bras toujours tendus en sa direction.
Ce n'était pas le moment de bouger. Pas encore. Surtout pas.

Il était conscient que la bête restait avant tout un animal sauvage, un prédateur dont la réaction était imprévisible. Il restait méfiant, et ne baisserait pas sa garde jusqu'au bout.
Pourtant, étrangement, il commençait à éprouver peu à peu un sentiment amical pour la louve, qui ne lui semblait plus si impressionnante que cela... Peut-être avait-il tort de penser ainsi.

Rester immobile, encore quelques instants. Le chasseur se laissera-t-il apprivoiser ?


Soudainement, un souvenir s'éveilla en lui... Il se revit soudainement, il y a un peu plus d'un mois, les bras enchaînés, devant la foule, lors de son procès... Tout avait été dit... même s'il savait que personne ne l'avait vraiment écouté. Il était dans l'espérance impossible d'une relaxe, mais il s'apprêtait à accepter son sort de finir en cellule...
Il ne pouvait rien faire de plus. Il ne pouvait qu'attendre le verdict du juge.


Il ne lâchait pas le regard de la bête, et restait immobile dans cette position inconfortable, les genoux plantés dans la neige, les bras tendus en sa direction, tenant dans ses deux mains endolories et gercées les viandes séchées. Et il ne devait surtout pas bouger.
Il ne pouvait rien faire de plus... Il ne pouvait qu'attendre le verdict du prédateur.
--Quitterie
--Hubert.de.la.Rocquetaille a écrit:
[Quand la colère se mue en action]

Quelques minutes s'étaient passées avant que le bruit d'un castel en réveil ne tire l'homme de ses sombres ruminations face au lit vide. D'un geste sec et colérique, il s'arracha alors à la contemplation contemplative dans laquelle il était pour descendre voir les hommes d'armes et leur promettre la lune.
Il fut rattrapé dans le couloir par Maurin, tout miel, qui le rejoignit sans mot dire, encore empli de contentement d'avoir pu aller enfermer la vieille et d'avoir pu se délecter de la douleur qu'il y avait dans ses yeux. Qu'importe, Hubert avait d'autres choses à faire que de regarder son féal ou de lui demander comment cela avait été. Il savait tout à fait comment cela avait été et n'avait de plus nulle envie de le demander.

Ils arrivèrent en bas, après avoir pris une volée d'escaliers lugubres et taillés dans la pierre et le borgne s'avança pour ouvrir la porte à l'homme.

Eudes avait bien fait les choses ... un bon groupe d'hommes était présent dans la cour et deux chiens tiraient sur leurs laisses comme enragés. A cette vision, il sourit, la nuit s'annonçait bien.

D'une voix métallique, encore plus froide que ses yeux ne pouvaient l'être quand il était fâché, il entreprit d'expliquer aux hommes ce qui les attendait tout en leur montrant ostensiblement une bourse emplie.


Je vais être bref parce que je ne vois nulle raison d'être long ...

Celui qui me la ramène aura droit à cette bourse.


D'un mouvement de doigts, il fit tournoyer lentement la bourse de tissu, pour qu'elle soit bien visible.

Gardez bien à l'esprit que celui qui l'abime, je le ferai abimer au décuple ...

Il leur fit volte face et retourna vers la demeure. Il n'avait pas besoin d'en ajouter plus pour qu'ils sachent que si ils ne trouvaient pas, ils pouvaient prendre leurs affaires et chercher un autre maître.
--Lycaea_la_louve


[Trois petits tours et puis s'en va ...]

Elle continue d'hésiter en dansant d'une patte sur l'autre, tout en se léchant les babines. Avance d'un pas puis se recule, résistant encore à la tentation.
La louve et l'homme s'observent ...

Puis soudain un bruit dans le lointain qu'elle seule perçoit de son ouïe fine. Des chiens, une meute de chiens ... Pourtant la nuit il n'y a pas de chasse ... De nouveau les oreilles qui pivotent, cherchant à évaluer la distance. Pour le moment ils sont loin mais semblent se rapprocher. Le stress monte chez la bête, les oreilles s'agitent, elle se remet à grogner.

Prendra, prendra pas ... Prendra, prendra pas ... Elle avance de deux pas et s'arrête.

Des voix d'hommes se mêlent aux chiens, le danger se rapproche.
Vive comme l'éclair la louve se saisit des morceaux de viande séchée, manquant d'arracher les doigts gourds du jeune homme amaigri. La viande dans la gueule, elle le jauge une dernière fois, jetant un oeil à la jeune femme derrière lui. Dans un dernier grognement qui n'a rien de menaçant, la bête fait volte face emportant son butin sans demander son reste. Le léger bruissement de la neige qui craquèle sous ses pattes, faisant progressivement place aux aboiements des chiens dans le lointain ...
--Quitterie


[Soulagement mais de courte durée ...]

La jeune femme observe la scène sans mot dire. Cette espèce de discours sans parole qui se joue devant elle par de simples regards, de simples, gestes, des attitudes. L'homme est un animal ...
Conversation silencieuse sans pour autant être dénuée d'intérêt puisque leur survie en dépend.
Les minutes passent, interminables ... Et les douleurs la reprennent, elle se mord les joues pour ne pas crier, ne pas attiser la faim de la bête, son envie viscérale de tuer. Elle sent le placenta s'insinuer entre ses cuisses, lentement. La libérant du lien qui la retenait encore à ce tout petit être qu'elle tient dans ses bras et qui remue.
Elle le serre et tente de le garder au chaud aussi bien qu'elle peut.

La conversation de l'homme tombé du ciel et de la louve s'éternise, elle grelotte de froid, maintenant agenouillée dans la neige. Myriade de lames glacées qui lui lacèrent la peau. Elle prie, elle prie de toute ses forces pour que cette louve les laisse en paix. Elle qui a souffert pendant de longs mois, des années même, sous la coupe de ce tyran qui la séquestrait. Elle prie oui, elle prie ...


Aristote, je vous en supplie, entendez ma voix, sauvez-nous, je vous en supplie, sauvez-nous ..

Puis son regard se relève vers la louve pour la fixer, elle note la différence d'attitude de celle-ci et finalement la voit fuir avec son butin.

Oh merci ! Merci ...

Mais à peine ces quelques mots ont-ils franchis ses lèvres que dans le lointain, résonnent les aboiements des chiens, lâchés pour la recherche ... Pas le temps de savourer cette petite victoire que déjà une nouvelle bataille se profile.

Oh non ...

Vite, vite fuyons !!!! Fuyons ou il nous tuerons !


Implorante, elle regarde son sauveur inconnu, son nom pour le moment elle n'en a cure. Ce qu'il faut c'est se sauver et sauver le bébé.
--Evade

[Un danger encore plus grand]


L'homme grimaça et ses doigts tremblèrent après que la bête lui ait arraché les morceaux de viande séchée de sa main engourdie par le froid et de les avoir tenu si fort contre sa paume si longtemps.
Pourtant une bouffée de soulagement l'envahit. Il garda les yeux ouvert un instant, ayant un peu de peine à réaliser que l'animal avait finalement choisi de les laisser en vie et de se contenter de ces quelques menues nourritures. Cela avait marché. Ils étaient sauvés...
L'attente du choix lui avait semblé si long, interminable, et finalement, tout cela se passa si vite. Tout ça pour ça.
*Ce n'était pas si terrible que cela en fait* était-il presque tenté de se dire.


Il regarda la silhouette de la louve s'effacer à travers les bois. Presque à regret. C'était comme si un lien s'était tissé entre eux après avoir lutté tous deux silencieusement pour leurs vies, l'un contre l'autre. Un tel adversaire ne peut s'oublier ainsi.
Il ferma les yeux, soulagé, l'esprit libéré de peur et de doutes et pencha légèrement vers l'avant.

Mais il rouvrit rapidement les yeux, et une sueur froide le parcourut le long du dos en entendant les échos de chiens aboyer à travers la forêt qui qui se rapprochaient de plus en plus et à bon rythme. A cette heure-ci et par un temps pareil, personne ne penserait à chasser...
Etait-ce pour lui ? Les gardes s'étaient-il rendus compte de son évasion et avaient-ils organisé une battue pour se mettre à sa recherche immédiatement ?
Il fut pris d'un léger vertige. Il avait puisé dans ses ressources pour faire face à la louve, et voilà qu'un danger encore plus grand venait à lui. Il n'avait aucune chance de s'en sortir cette fois-ci, il le savait...


Vite, vite fuyons !!!! Fuyons où il nous tuerons !

L'homme se retourna et regarda la jeune mère, implorante... Il fronça les sourcils et ses pensées se bousculèrent...

Non, c'était impossible qu'ils découvrent si rapidement son évasion, personne n'irait voir dans sa cellule avant quatre jours...
Et la jeune femme qui le regardait, réclamant son aide...
Il baissa imperceptiblement les épaules et chuchota dans un souffle :


... ils viennent pour vous...

Cela lui apparaissait clairement à présent. Le fait qu'elle soit là en pleine nuit, qu'elle est mise au monde seule, dans un tel endroit... Et ce regard suppliant... et même elle savait à l'avance ce qu'ils feraient lorsqu'ils les trouveront.
Il ne savait pas de quoi, ni pourquoi, mais elle avait fui, et ils la recherchaient...

Cela leur donnait une chance... un chance infiniment mince, mais il y avait une chance qu'ils leur échappent. Tous les trois. Car il ne tenait pas non plus à être retrouvé, par qui que ce soit. Il pourrait être immédiatement reconnu.

Il se releva et détacha la cape de son uniforme avant de le tendre à la jeune mère.


Tenez, prenez ceci afin de couvrir l'enfant. Et retirez vos vêtements, immédiatement, les chiens vous pistent à l'odeur et si nous laissons vos affaires et vos vêtements ici, ils nous serviront de leurres et j'espère que cela les retardera suffisamment pour nous donner de l'avance pour les semer.
Enlevez vos vêtements et dépêchez-vous !!


Sur ces mots qui coupaient court à toute discussion, l'homme se retourna et ôta le manteau de l'uniforme qu'il avait pris au garde, qu'il jeta en direction de la jeune femme, comme habit de rechange.
Il se retrouvait face au froid de nouveau en haillons, mais qu'importe, ils n'avaient pas le choix et il n'allait pas faire la fine bouche.

Il ramassa les morceaux de viande séchée restant et les éparpillait à une distance calculée, en espérant que cela retardera également les chiens.

Vite, il faut y aller.

Il repéra enfin une longue branche torturée aux terminaisons multiples qui allait sans aucun doute leur être bien utile.
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