Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Bourgeon, babil et mélancolie... Acte Deux

--Berthilde_la_nourrice




Des semaines qu'ils sont arrivés à Dijon. A l'aube, inquiets de savoir s'ils avaient été suivis ou pas.
Des semaines qu'elle a du faire leurs malles en vitesse, en pleine nuit.
Des semaines qu'ils ont fui, laissant derrière eux cinq années d'une existence paisible, abandonnant la propriété.
Des semaines qu'elle a peur.
Du mot qu'elle a laissé sur la table, à l'attention de la mère.
De la réaction de la mère.

L'enfant, lui, ne semble pas vraiment se rendre compte de ce que sa bêtise implique. Des conséquences.
Pour lui.
Pour elle.
Pour sa mère.

Déos lui sait à quel point Berthilde appréhende la prochaine fois que la jeune femme viendra visiter son fils.

En attendant, elle a réorganisé leur vie.
Se réappropriant une maisonnette discrète, acquisition rapide, un champ pour remplacer celui qui avait brûlé de l'autre côté de la frontière.
Il fallait retrouver une existence normale, comme si rien ne s'était passé cette fâcheuse nuit...
Et surtout ne pas se faire remarquer.

Aussi exerçait-elle une vigilance plus accrue que jamais, veillant à ce que le garçonnet ne s'éloigne plus. Même lorsqu'il allait au verger, il n'était désormais plus jamais seul un instant.
Terminées les promenades forestières avec le chiot.
Terminées les escapades dans les ruelles.

Ils allaient devoir fournir des explications à la mère. Jusque là, elle ferait en sorte qu'il n'arrive rien, quitte à ce que l'enfant s'indigne. Il était reclus à demeure, à travailler sa calligraphie. Et elle n'en démordrait pas.

Bon sang ce qu'elle peut avoir la frousse.
--Le_fourmilion



Des semaines ouaip qu'ils sont là, à tourner en rond. Une éternité pour le garçonnet.
Berthilde ne le lâche pas d'une semelle.

Pas vraiment conscient de l'énormité de sa bêtise passée, il enrage de voir les jours défiler derrière les vitres de leur nouvelle maison.
Son alan jappe piteusement, grattouille à la porte, leur jette des regards implorants. Envie de se dégourdir les pattes le chiot.

Mais Berthilde ne cède rien.
Aucune sortie sans elle.
Même la promesse d'une belle échoppe de tisserand ne réussit à la faire fléchir.
Vraiment il ne comprend pas ce qu'il a pu faire de si mal que ça.

Après tout qu'avait-il fait ?
Il avait aperçu au soir tombant une bande de gamins, certes un peu plus vieux que lui, mais quand même... La plupart n'étaient que des gosses... Il avait suivi, armé de son petit écu et de l'épée de bois que maman lui avait offert à son anniversaire.
Ces gamins n'étaient pas du coin et il avait vu là une occasion de s'amuser enfin. Les locaux étant souvent méchants avec lui. Celui qui vivait seul, en retrait, avec une nourrice. Ceux là il les détestait, mais personne ne le savait. Il n'avait rien dit des rebuffades dont il avait été la cible lors de ses querelles au marché avec les petits caïds du coin.
Ce soir là, il avait suivi les inconnus jusqu'au chateau. En quête de grande aventure. Normal quand on est en quelque sorte reclus depuis sa naissance, et que le soir notre esprit s'endort sur les lectures des grandes aventures chevaleresques des romans.

Dans le chateau peu de monde. Ils étaient entrés sans souci et avaient visité. C'était marrant de pouvoir courir dans les grands couloirs, de découvrir les richesses cachées par ces murs austères. Magnificence des tentures et tapisseries qui ornaient les murs, les ors et les vermeils qui brillaient...
Il en avait pris plein les yeux.
Et s'était mis à rêver que sa mère puisse ne plus être obligée de rester loin de lui, à travailler pour lui assurer une existence plus que confortable...

Mais bientôt des voix colériques s'étaient élevées. Lointaines. Rumeur qui grondait et enflait au loin, comme la tempête qui s'annonce dévastatrice. Alors oui, le gamin avait paniqué. Il avait saisi deux petits sacs d'or sonnant doux à l'oreille, histoire de donner un air de concret à son rêve éveillé, puis avait couru jusqu'à la maisonnette. Berthilde avait été effarée de ce qu'il lui apprenait. On le serait à moins en étant réveillée en sursaut.

Mais elle n'avait rien dit, avait bouclé les malles et chargé le tout dans la charrette en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, puis la mine fermée et le regard réprobateur l'avait assis à ses côtés et ils avaient pris la route.
Un dernier regard sur la vallée, et l'adieu à la Franche Comté.

Aujourd'hui, il attend. Le Fourmilion veut tant que sa mère soit fière de lui... Et peut-être que lorsque son père reviendrait de sa croisade qui le retenait au loin, en ces terres sauvages et inconnues il serait fier lui aussi...
Oui, le Fourmilion est plein d'espoir et de rêves.
--Berthilde_la_nourrice




Il l'avait fait, ce coquin.

Malgré ses récriminations il avait acheté cette échope. Tentative de l'amadouer qui fonctionnait d'ailleurs.
Elle qui n'avait jamais connu que les travaux durs et épuisants des champs, voilà qu'elle pourrait enfin s'assoir à la douceur du feu, sentir la laine glisser sous ses doigts lorsqu'elle donnerait du rouet.
Elle s'imaginait déjà filant, tissant des étoffes fines et soyeuses. Des motifs chamarés, du pourpre, de l'or sur des bleus profonds. Toute la palette des couleurs en tête, modèles de chasubles, de pourpoints défilent, invisibles.

Tandis qu'elle achève la préparation du ragoût et que le fourmilion débarrasse la table de l'amoncellement de parchemins qui lui servent de base à l'étude orthographique, elle sourit, temporairement déchargée du fardeau d'angoisse qu'elle porte depuis plusieurs semaines.
Le matin même, un ramier avait apporté nouvelles fraîches et après en avoir pris connaissance, elle s'était sentie plus détendue déjà.


Ta mère va bientôt venir...

Timbre de voix neutre, elle ne laisse transparaître aucune émotion vive en lui annonçant.
Berthilde le dévisage un court instant, cherchant une réaction chez l'enfant.


Allez, presses-toi de ranger ta tablette et d'aller te débarbouiller.
Le repas sera bientôt prêt.
--Le_fourmilion



La nouvelle de l'arrivée prochaine de sa mère l'avait surexcité. Repas avalé à grandes cuillerées, et une oreille rarement aussi peu attentive à la lecture du soir.

D'ailleurs il n'avait réussi à trouver le sommeil cette nuit là.
Trop d'émotions envahissaient son petit coeur d'enfançon, et bien qu'il s'en défende, se disant grand, c'est bien ce qu'il était.

"Maman va-t-elle être fâchée ?"

La question avait trotté dans sa tête durant ces très longues heures nocturnes. Sans trouver réponse. Il ne saurait que lorsqu'elle serait enfin là.

Le lendemain, Berthilde avait malgré elle relâché un peu sa surveillance, et, accompagné de son chiot, il en avait profité pour aller faire un tour.
Sur la gran'place venait d'être placardée plusieurs annonces de la duchesse elle-même.

Il mit du temps à prendre connaissance de la déclaration, et lorsqu'il avait eu fini, des larmes coulaient sur ses joues pâlies et ses lèvres tremblaient. Un léger tremblement avait saisi tout son corps au fil de sa lecture hésitante, puis l'air inquiet il avait parcouru du regard la place et s'était enfui en courant.

De retour à la maison, il se jeta sur Berthilde, cherchant réconfort, hoquetant, tentant d'expliquer par à coups, entre crise de larmes et reniflements, l'air complètement terrorisé.


Ils veulent me tuer...

J'ai rien fait de mal...

Ils veulent me tuer...


Avant de repartir dans une crise semblant ne jamais pouvoir finir.
--Berthilde_la_nourrice




Des heures durant il avait pleuré le pauvre enfant.
Jamais elle n'avait été si paniquée. La peur de comprendre ce qu'il lui disait, non, c'était impossible.
Cela ne pouvait être.

Lorsqu'enfin il fut calmé, reposant sur son lit, les yeux bouffis d'avoir versé toutes les larmes de son corps, la décision de la nourrice était prise. Il fallait qu'elle sache.


Tu ne bouges pas d'ici...

Lui avait-elle intimé avant de refermer la porte.
Et dire que la veille elle était heureuse....
Direction la gran'place bourguignonne.
--Le_fourmilion





Des jours maintenant qu'il se terre, tremblant de peur à l'idée que les soldats viennent le chercher.
Même si aucune description des "ennemis de la Bourgogne" n'a été donnée, s'ils citent son nom... Lui qui avait pensé que trouver refuge dans la ville natale de sa mère était une bonne idée est complètement anéanti.
Comme on peut l'être à cet âge là.

Il erre en trainant les pieds, passant d'une pièce à l'autre dans la maison, son jeune chien aux basques. Même Berthilde semble être découragée, elle qui avait tenté d'aller réclamer quelques explications s'était heurtée au mur du silence.
Une affiche posée et rien d'autre.

Alors il reste là. En attente. Comme le temps s'était arrêté et espérait quelque chose.
Lui espère.
Que sa mère vienne et lui dise que ça ira.
--Berthilde_la_nourrice




La nourrice était rentrée comme elle était partie.
Furibarde.
Et plus les jours passaient, plus à cette colère se mêlait la peur. Et le remords.

Elle qui n'avait su protéger le fourmilion, ni n'avait su l'empêcher de commettre son énorme bêtise.
Evidemment Berthilde ne sait pas quelles furent les motivations de l'enfant.
Bien qu'elle l'ait en charge depuis son plus jeune âge, il reste secret. Comme sa mère. Avec quelque chose de plus sombre parfois dans le regard, comme s'il sentait toute la méchanceté de ce monde. A l'âge où il n'aurait du se préoccuper que de jouer.
Sans doute l'éducation rigoureuse que la jeune femme avait voulu donner à son fils avait-elle influé sur le caractère renfermé de l'enfant. L'isolement, les règles, les visites mensuelles qui le laissaient chaque fois plus triste.
Et elle n'avait su compenser.

Les jours passaient, et la routine avait repris, en plus tendue. Elle sursautait à chaque bruit. Hésitait à laisser l'enfant l'accompagner au marché, surtout depuis que l'avis avait été placardé aussi au poste de police de la ville.

Jusqu'à ce qu'enfin, le martellement des sabots d'un cheval se fit entendre devant la porte, et qu'apparut à la fenêtre le visage de la mère.
--Juste_une_fille.



[Quelques temps auparavant en Franche Comté]


Elle avait chevauché à bride abattue depuis la Savoie où lui était parvenue cette foutue liste. Sur le coup, elle n'avait voulu y croire. Cela ne pouvait être. Cela ne devait être.
Mais lorsqu'elle était arrivée aux abords de la maison, qu'aucun jappement joyeux ne l'avait accueillie elle avait compris que cette chose avait du arriver.

La lecture du mot laissé par Berthilde ne laissait place au moindre doute.
La jeune femme avait blêmi. Et s'il n'y avait eu de siège à portée alors qu'elle sentait un gouffre sans fin s'ouvrir sous ses pieds le sol l'aurait réceptionné quand elle s'était effondrée. Trop anéantie pour même pleurer.

Longtemps abasourdie elle avait cherché, tourné et retourné toutes les solutions. Mais n'en avait entrevu aucune. Aucune d'acceptable. Et les loups comtois semblaient affamés, au point de vouloir le sang de tous, sans discernement. Elle aurait pu envisager de tenter de rembourser, sur ses propres deniers, mais les sommes réclamées étaient... tout bonnement hors de ses moyens, qui pourtant n'étaient pas moindres.

A l'abattement avait fait place à une colère sourde. Contre Berthilde, contre son fils et son inconséquence, foutue hérédité, contre les Penthièvres. Et surtout contre elle-même.

Car elle devrait supporter la plus grande faute.



[Dijon]


Retour à la case départ.

Des années qu'elle n'était revenue. Pas depuis qu'elle avait décidé de laisser la Bourgogne loin derrière et de tenter d'enfin vivre sur une terre riche de promesses... Gascogne avait été un formidable leurre pour la foule de rêveurs qui s'y étaient rués. Et un fort sentiment d'échec pour un grand nombre.

Le pas lent de sa monture résonnait à ses oreilles alors qu'elle cherchait la demeure. Personne ne la connaissait ici. Elle avait toujours fait partie de ces anonymes qui déambulaient sans se démarquer. Et il y avait si longtemps qu'elle était partie.

D'une rue à l'autre, sans en reconnaitre aucune, elle trouva enfin sa destination. Elle resta un instant sans bouger, restaurant un calme tout relatif. S'énerver ne servirait à rien, et elle voulait des explications. En tout premier lieu. Elle démonta, attacha la longe de son cheval au volet, puis après avoir jeté un oeil au travers du carreau se résolut à entrer.


Le bonjour Berthilde...

Le timbre de voix reste neutre. Et le regard bienveillant.



__________________________
--Le_fourmilion



Il n'avait pas vu l'échange de regards entre sa nourrice et sa mère au travers de la vitre. Par contre il vit la poignée de la porte tourner, et l'espace d'un instant, il lui sembla que l'univers alentour retenait sa respiration. Seul bruit qui parvenait à ses oreilles, le battement affolé de son coeur. La peur des soldats...

Alors quand il vit la silhouette de sa mère se dessiner dans l'encadrement de la porte et qu'il entendit le son de sa voix, toute la tension à laquelle il était soumis depuis des semaines fit qu'il fondit en larmes, en même temps qu'il s'élançait vers elle, se jetant dans ses jambes et les plis de sa longue robe couleur terre.



Maman...

Articula-t-il entre rire et larmes.
Il n'osa en dire plus, à vrai dire, il avait tant à dire qu'il n'aurait su par où commencer. Et puis quelquepart il savait qu'il valait mieux attendre que sa mère engagea elle-même la discussion.
Elle était là, tout contre lui, et c'était le plus important.
--Juste_une_fille.



Et son fils lui atterrit dans les jambes, en larmes.
Elle le garde longuement contre elle, sans bouger, interrogeant du regard la nourrice, inquiète. Une main caressante tente de le rassurer en se perdant dans ses cheveux, puis d'un geste lent, elle relève la frimousse de son fils pour mieux le voir.
Décontenancée.
Jamais encore elle ne l'avait vu dans un état pareil. Une telle détresse se lit dans les yeux de l'enfant et tant d'autres choses que ça l'effraye.


Viens, montre moi chambre !


Le besoin de s'isoler en tête à tête avec lui. Que rien ne puisse interférer. Elle le laisse l'entrainer par la main et lorsqu'ils sont enfin dans la chambre de l'enfant, la porte se referme sur eux.

Assis sur le bord du lit, le fourmilion regarde le bout de ses bottes tout en achevant de renifler. Sa mère s'approche, s'accroupit devant lui, dégage ses yeux d'une mèche tombante en lui souriant.


Il faut que tu m'expliques ce qui t'es passé par la tête...
Tu avais tout...
Pourquoi tout gâcher ?



Elle qui avait tout fait pour le préserver des aléas foireux de cette vie d'errance. Qui voulait pour lui autre chose. Du mieux. Du plus grand. Son regard se fait plus inquisiteur, traque chaque émotion retransmise par ce visage aimé. Et pourtant ne se dépare pas de cette inquiétude qui lui vrille le ventre depuis des semaines.


_____________________________
--Le_fourmilion




L'abattement que ressent le garçonnet n'en finit pas de s'accroitre. La déception qu'il lit dans les yeux de sa mère. Mais elle sait pas tout... Puisqu'elle était toujours sur les routes.

Maman...

Ils étaient méchants les enfants là bas... Chaque fois qu'on allait au marché avec Berthilde, j'ai essayé de jouer avec eux....


La voix se brise un peu. Il contient de son mieux le flot d'émotions qui le submerge à nouveau. Colère. Désespoir face à une méchanceté gratuite.Enfantine.

Ils m'appelaient le bastard de la vallée... Celui qui n'a ni père ni mère... Ils se moquaient de moi, parce que j'étais mieux habillé qu'eux, parce que je savais lire... Et que je ne n'avais pas de nom.

Comment pourrait-il lui expliquer ? Comment pourrait-elle comprendre ? Malgré les présents qu'elle lui avait fait chaque mois, malgré les longues promenades éducatives en forêt, les jeux d'escrime et de chevaliers... Il était le bâtard de la vallée.

Il baisse la tête, reniflant pour se contenir. Mal armé devant la situation qui l'a pris de plein fouet. Devant la vie.
--Juste_une_fille.



Les propos de son fils font l'effet une claque magistrale à la jeune femme. Elle aussi était mal préparée à cette situation semblait-il. Décidemment et résolument nullissime en choix de vie, que ce fut pour elle ou pour son fils. Une pointe de colère grondante l'empêche de céder à l'auto flagellation qu'elle serait sur le point de s'infliger.

Bâtard...

Comment ont-ils osé ces fils de rien ?


Elle siffle plus qu'elle ne parle. Blême comme si le sang n'affluait plus jusqu'à son visage.


Tu es tout sauf un bâtard...

Une main tremblante vient carresser le visage de l'enfant. Elle contemple ce visage tant aimé, retenant non sans peine les larmes qui tentent de la submerger à son tour.

Aussi difficile que cela puisse être, tu dois apprendre à ne pas prêter attention à toute cette méchanceté gratuite qui habite notre monde... Sinon elle te dévorera tout cru.

Quant à cette marmaille puante qui t'a insulté, pure jalousie de te voir si beau et bien portant.


Et commence à germer l'idée qu'il va falloir l'armer ce petit, face à toutes les vilénies de la vie. Qu'il grandisse, encore plus vite, sinon il finirait comme elle, par être affecté par tout. Et il ne ferait que souffrir plus.


___________________________
--Le_fourmilion




Le garçonnet scrute le doux visage de sa mère, et y découvre des émotions qu'il n'avait encore jamais vu. Certes il l'a déjà vue fâchée quand il faisait des bêtises à la maison, mais la colère qu'il devine contenue est sans précédent.

Il ne sait pour l'instant si elle est dirigée contre lui d'avoir agi de la sorte, ou contre les petits comtois insultants.


Maman...

Ils disaient que j'étais sans nom...


Vrai. N'être que le Fourmilion, devoir taire l'identité de sa mère parce qu'elle lui avait dit que cela ne lui apporterait rien de bon, ne pas connaître celui de son père n'avait guère aidé à l'intégration.
Là-bas ils étaient tous fils de... Même le sale rejeton du meunier se vantait.


Et pis ils disaient que j'étais une mauviette, parce que c'est les mauviettes qui sont bien habillées et instruites.

J'en ai rossé un comme tu m'as appris... mais ils étaient nombreux.


Il avait caché ses bleus à Berthilde et maman n'en avait jamais rien su.
--Juste_une_fille.




Elle accuse le coup encore une fois. Même si elle le fait de plus en plus mal. Blêmissant à mesure des paroles de son fils. Culpabilisant encore plus qu'il ait été si malheureux par sa faute.

La jeune femme lui porte un regard interrogateur. Sans nom ?


Tu as un nom... mais je ne sais si le dire serait de bon augure.

Forme de résignation qui s'installe, comme si tout était malgré tout inscrit dans les gènes de l'enfant, qu'il ne pouvait y échapper quoi qu'elle y fasse. Elle se penche à son oreille et lui murmure le nom, avant de reculer à nouveau, scrutant levisage de son fils.

Alors qu'il s'imprègne d'un simple nom, elle croise son regard. Déjà si frappant. Qui la troublait chaque fois. Clair et pourtant elle savait qu'avec l'âge viendrait cette sévérité et ce côté si intimidant... Le regard de son père. Le croiser était presque douloureux, ne pas le croiser avait quelque chose d'insupportable. Un court instant elle se laisse aller mais sentant elle une violente montée lacrymale, elle s'ébroue et se relève.

Sans un mot, elle saisit au col le chiot assis au pied du lit et sort de la pièce en fermant la porte. Lançant à l'enfant l'ordre de ne pas bouger.

Dans la pièce à vivre elle croise le regard de Berthilde. Etonnée la nourrice ne pipe pas mot en la regardant sortir dans l'arrière cour.
Là elle enferme le chiot dans la réserve, lui balançant un os à rogner pour qu'il la ferme. Puis elle rejoint sa monture que Berthilde n'a pas dessellée.

A l'arrière de la selle, un panier ni gros ni petit. Sans intérêt quelconque. Mis au sol et ouvert il met au jour un sac remuant. La jeune femme dont le visage est maintenant éclairé d'une pâle froideur enfile ses gants de cuir, le regard vague sur le sac. Elle s'accroupit pour délacer le cordon qui le maintien fermé, avec soin et lenteur. La main leste et ferme, elle se saisit de ce qu'il contient. Un chiot, quasiment identique à celui de son fils. De la même portée, il n'avait pas eu la chance d'avoir maître généreux ou aimant. Mordu par un renard il avait été infecté par sinistre maladie. L'oeil injecté de sang, écume aux babines, il tente de la mordre, mais les mâchoires claquent dans le vide.
Au fond du panier, une chaîne, qu'elle lui passe autour du cou, avant de le tirer au fond de la cour et de l'attacher à un piquet.

Ce sera jour funeste. Jour d'apprentissage. Après les leçons de choses, le fourmilion passe aux leçons de vie.
Elle retourne dans la maison, ôte ses gants qu'elle pose sur la table avant de s'asseoir.


Berthilde, pourriez vous me servir à boire je vous prie ? Et après allez chercher mon fils dans sa chambre...


______________________________________

--Berthilde_la_nourrice



Elle n'avait pas bougé. Assise à la table, elle avait attendu.
La tension qui régnait dans la maison était palpable, lourde. Comme jamais.
Sa maîtresse venait de confirmer que plus rien désormais ne serait comme avant.
Et le petit devait le comprendre.

Berthilde regarda la jeune femme passer devant elle, l'alan du fourmilion en main et le regard sombre. L'espace d'un instant elle envisagea le pire pour l'animal. Qu'il serve d'exutoire. Elle resta interdite, incapable de bouger. D'ailleurs, elle voyait mal ce qu'elle aurait bien pu faire ou dire en l'état actuel des choses.


Oui, madame...

Furent les seuls mots qui sortirent de sa bouche lorsque cette dernière revint dans la pièce. Puis elle s'exécuta. Un godet d'eau fraîche fut déposé devant la jeune femme pui elle se rendit dans la chambre.

Là, le garçonnet était assis sur son lit. Les yeux secs mais encore gonflés d'abord pleurés. Elle réprima son envie de le cajoler. Ce n'était pas le moment. L'heure pour la nourrice qui connaissait parfaitement son rôle était à se maintenir en retrait et à n'être que l'observatrice silencieuse de ce qui se passait.


Ta mère t'attend, viens.

Lui dit-elle d'une voix douce, un sourire d'encouragement au visage.
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)