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Information and comments (3)

Info:
Et tandis que le Bon Roy des Français se refuse à prendre épousée, les femmes du Royaume cancannent. Les faire taire ? Il n'a qu'à se marier !

[RP] Pigeonnier et ragots de Cour.

Maeve.
Après sa défaite à ses premières joutes, Maeve avait décidé de ne pas rentrer immédiatement à Sémur, mais de profiter de son séjour dans la capitale pour mettre à jour quelques dossiers, par exemple faire reconnaitre sa brisure par la Hérauderie, ou visiter les quartiers dont lui a tant et tant causé Karyl, gamin des rues devenu frère de la rouquine. Profiter aussi un peu de ses derniers moments de solitude avant un énième voyage, avant de rejoindre le chevalier dont elle sera l’écuyère personnelle.
C’est ainsi qu’on la retrouve dans les rues de Paris, les bottes usées foulant le pavé d’une ville dans laquelle elle n’avait encore jamais erré seule. Seul l’estomac qui gronde peut forcer son regard à quitter le faîte des immeubles pour partir à la recherche d’une enseigne quelconque qui annoncerait viande rotie et pain blanc.

Ce n’est qu’une fois rassasiée, sur un banc douteux d’une auberge pas si crasseuse qu’elle aurait pu le penser, qu’elle réfléchit à ce qu’elle pourrait faire. C’est que Nore essaie désespérément de lui inculquer quelques unes des manières de la Cour, et qu’elle apprécierait de rendre fière son Etincelle après l’avoir déçue en chutant aux éliminatoires. S’armant d’un velin et d’une plume, elle débarrasse d’un mouvement de poignet la table des dernières miettes de son repas, avant de s’atteler à rédiger sa première missive « officielle ».


Citation:

A Elianor de Vergy, duchesse de Bellesme, baronne de Lesparre, Castelnau de médoc, Sillé le Guillaume et Mulsanne
A la jeune épousée,
A celle qui a permis mes premières joutes,
A la nièce de Cerridween,
Le bon jour.

Sans doute devez-vous recevoir nombre de souhaits de bonheur, et de la part de personnes bien plus illustres que moi. Sachez qu’il ne s’agit pas là de félicitations, mais plutôt d’encouragements que je vous adresse. Pour avoir croisé plusieurs Von Frayner dans mon enfance, j’ai appris que la plupart étaient fourbes, menteurs, violents et désobligeants.
Peut-être cela ne s’écrit-il pas à une jeune mariée, mais je compatis sincèrement à la déception qui doit être la votre de compter désormais parmi votre famille des membres impériaux qui ne savent ni se tenir ni tenir leur langue. Y compris votre époux, hautain, froid et désagréable.

J’ai appris à l’occasion des joutes que vous avez organisées en l’honneur de votre hyménée que vous aviez sensiblement mon âge, ce qui me fait de nouveau vous présenter mes plus sincères condol*rature*encouragements. J’ai vu au bal du Roy nombre de pucelles de haut rang qui semblaient malheureuses comme les pierres, dont une qui s’est enfuie alors qu’elle avait été désignée par le Roy lui-même… Alors un Duc, blond de surcroit, que l’on vous impose… j’espère que vous avez d’autres loisirs afin de vous distraire de ces funé*rature* épousailles.

En vous remerciant tout de même de m’avoir permis de jouter pour la première fois,
Qu’Aristote vous ait en sa sainte garde,

Maeve Alterac
Ecuyère personnelle du Chevalier Ethan Newton
Dame de Saint Sornin Lavolps.


Et de sortir dans les rues, son matériel bien rangé dans sa besace, afin de trouver rapidement coursier, sûre que sa soeur serait trop fière d'elle.
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Au revoir, Fab.
Elianor_de_vergy
[Paris - Hostel Barbette]

Duqueseta, vous avez une missive!

Regard peu amène de la poupée vers sa camérière. On n'avait pas idée de la déranger pour si peu. Une missive? Et alors? Probablement une nouvelle lettre de félicitations pour ses noces. Lettre à laquelle elle devrait répondre en trempant sa plume dans des flots d'hypocrisie, à défaut de pouvoir en toute sincérité l'imbiber de sang et de larmes. C'était peut-être cela au fond, le plus douloureux, dans ce mariage. Pas même le mariage en soi, ni même le cauchemar qu'avait été sa nuit de noces, cauchemar sur lequel elle gardait les lèvres obstinément closes pour ne pas dégorger la rancœur et la haine qui la brûlaient comme un fer chaud. Non, le plus pénible au fond était de devoir jouer la comédie. Car jamais au grand jamais la hautaine de Vergy n'admettrait en public le bris de ses rêves d'enfant et le tourment qui était désormais le sien.

Tendant sa menotte vers la lettre, elle en brisa le scel, notant au passage qu'elle ne le connaissait pas, et commença sa lecture.

Puis reposa le parchemin de longues minutes plus tard, surprise. Le ton de sa correspondante tranchait tellement avec ce qu'elle lisait depuis des jours! Et s'accordait si bien à son humeur du moment! Voilà qui allait la distraire de sa morosité...

Saisissant son écritoire, elle tailla soigneusement une plume neuve et s'attela à sa réponse.


Citation:
A Maeve Alterac, dame de Saint Sronin Lavolps ,écuyère personnelle du chevalier Ethan Newton
A la damoiselle à la plume délicieusement agile et acerbe,
Salut et dilection

Il est vrai que les félicitations ne m'ont point manqué pour mes épousailles. Cependant, c'est bien vos encouragements qui me sont le plus chers, tant ils sont ce dont j'avais le plus besoin. Constater que les travers familiaux de celui qui est désormais mon époux s'exercent avec une vigueur renouvelée en ce début de printemps est en effet une épreuve qu'il me faudra bien du courage pour affronter. L'on a beau savoir que l'on ne se marie pas pour être heureuse, la désillusion n'en reste pas moins cruelle lorsqu'on doit regarder en face les réalités du mariage. Peut-être est-ce la crainte de cette perspective qui a fait fuir comme biche effarouchée cette invitée au bal du roy...

Ainsi donc vous étiez à ces festivités? Me feriez-vous la grâce de me narrer les évènements de cette mémorable soirée? J'étais à cette époque retenue en ma lointaine province et n'ai eu que de bien faibles échos de ce bal. Qui donc s'y trouvait? Y a-t-il eu des scandales? Sait-on, enfin, sur qui se porte le choix royal? Cette pucelette en fuite a-t-elle été aussitôt remplacée par plus intrigante qu'elle aux côtés du roi ?

Je vous remercie une nouvelle fois pour votre missive et les encouragements qu'elle contenait, et espère avoir bientôt le plaisir de vous lire à nouveau.

Que le Très Haut veille sur vous

Elianor de Vergy
Duchesse de Bellesme, baronne de Lesparre, Castelnau de Médoc, Sillé le Guillaume et Mulsanne



Et de confier la lettre à un petit vas-y-dire qui traînait ses guêtres rue Barbette. Avec mission express d'attendre au cas où il y aurait une réponse.
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Armoria
Battre le fer pendant qu'il est chaud : pas sa devise préférée, mais au moins dans son top-10. Or, il y en avait un, de fer, qu'elle ne pouvait que difficilement battre à distance. Oh, elle le faisait bien par courriers... Mais un bon harcèlement se fait en personne : pour faire taire une lettre, il suffisait de ne pas l'ouvrir, voire ne pas la lire en entier. Donc, il fallait qu'une autre pénible prenne la relève.

Pénible... Paris... Nebisa ! Allez, hop.


Citation:


Arles la franche, le 23 de Mars 1458.

Le bonjour, Comtesse,

Ces quelques mots pour vous inviter à maintenir la pression que la distance m'a obligée à relâcher. Laquelle, me direz-vous ? La plus importante : celle qui a permis après de longs mois d'insistance que notre bon Roy finisse par me répondre "oui, vous avez raison, il faut que je me remarie".

Après ce qui s'est passé au bal, je crains que cette résolution, issue peut-être en partie du souhait que je le laisse en paix à ce sujet - non que je doute de son intérêt pour sa lignée - ne se soit un peu amoindrie.

Adoncques, je compte sur vous pour qu'elle conserve toute la fermeté voulue. Je suis assez bien placée pour savoir que quand il faut se montrer pénible, vous y parvenez presque aussi bien que moi. Vous noterez que ces mots sont chez moi un compliment...

Cordialement, que Dieu vous garde et vous assiste dans cette tâche,
AdM

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Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Maeve.
[Quelques temps plus tard... ]

Son escapade avait pris fin. Il avait bien fallu reprendre le cours de sa vie après cette parenthèse parisienne rafraichissante pour une demoiselle bien trop sérieuse au quotidien. La déception des joutes s'était effacée au profit d'une impatience à l'idée de commencer son apprentissage à Ryes.
Du coup, le coursier de la jeune Elianor avait mis plus de temps que prévu à retrouver la Flamme échappée des rues de la Capitale. Cependant, surement doté de la persévérance et du courage de celle qui l'avait dépêché -rappelons qu'elle est mariée à Chlo, quand même- a fini par retrouver la jeune Alterac dans une auberge bourguignonne. Remercié de quelques écus et d'un repas -Maeve est un estomac sur pattes, faut le savoir, et a tendance à nourrir tout le monde- le coursier peut donc patienter en se reposant pendant qu'elle découvre le pli remis quelques instants plus tot.

Légèrement surprise par le ton de son épistolaire nouvelle connaissance, elle renouvelle un remerciement intérieur à sa mère qui malgré son titre n'avait pas succombé à la mode du mariage arrangé et laissait Maeve choisir son mari, tant qu'il plait aux parents. Ce qui n'est pas compliqué dans son cas, puisqu'elle va épouser le pupille de Marie-Alice. Puis elle attrape d'un geste vif de quoi répondre, et s'attelle à la tâche.


Citation:

A Elianor de Vergy,
A la tristement mariée,
A la curieuse demoiselle,
Le bon jour.

Merci de votre réponse preste et agréable. j'avais peur, après réflexion, que vous preniez mal ma première missive, je suis ravie qu'il n'en soit rien. C'est qu'il parait que parfois, certaines vérités ne seraient pas bonnes à dire, même lorsqu'une situation aussi difficile l'exigerait. Tout du moins j'espère que vous trouvez ailleurs de quoi pallier les déconvenues de ces épousailles malheureuses.

Pour ce bal, je m'y trouvais en effet. Maman nous avait proposé de nous y rendre, j'étais plus jeune à l'époque et je me faisais une joie de découvrir la Cour. Si j'ai été d'abord déçue par les mines boudeuses et hautaines de nombre de pucelles du Royaume, arrivistes pour la plupart, niaises pour beaucoup d'autres, certains évènements ont égayé la soirée en effet.
Déjà il y avait une Bretonne, Blanche d'après ma soeur qui est plus au fait des noms et charges des Grands de ce Royaume, qui paraissait dégoutée par tout ce que ses yeux exploraient. A s'en demander pourquoi elle avait accepté l'invite si elle déteste tant la France...

Le plus drole, vous en parlez vous même, c'est quand même le départ précipité de la jeune fille désignée par le Roy lui-même pour danser à ses côtés. Sa fuite catastrophique, s'emmêlant les pieds dans sa robe... Et la tête de Son Altesse, ébahi. Il n'a pas eu l'air très fin sur ce coup, notre bon Roy, j'en étais désolée pour lui.
Heureusement -ou pas- quelqu'un s'est immédiatement précipité pour prendre son bras laissé vacant. Et je vous le donne en mille, l'intrigante était la Princesse Armoria en personne ! Pauvre Altesse qui s'est trouvé délestée d'une jeune fille au teint pur pour une Grand Maitre de France qui d'après les rumeurs de taverne aurait quant à elle servi plus d'une fois...
Il a fallu que ma soeur ainée aille la remplacer dans les bras du duc Lexhor, qui lui pour le coup a gagné une jeune pucelle belle comme une journée de printemps alors qu'il venait de perdre une soirée pluvieuse d'automne.

Helas, on m'appelle. Mais si vous aviez d'autres interrogations, sur ce sujet ou un autre, n'hésitez pas à demander.
Avec mes encouragements renouvelés,

Maeve Alterac
Dame de Saint Sornin
Ecuyère personnelle d'Ethan Newton.


Et le pauvre coursier à peine rassasié de devoir repartir vers Elianor.
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Au revoir, Fab.
Aleanore
Paris, la Capitale, la Vénale, la Bacchanale. Paris, la Merveilleuse, la Gueuse, la Chieuse, oui.. Paris, tant de souvenirs accrochés à ces ruelles débordant de vices et de crasse, Paris qui étouffe sous le luxe et le stupre, Paris qu’on adore et qu’on abhorre. Paris, son spleen qui nous fait déprimer et planer. Et elle plane l’Etincelle, se souvient de Paris, sa toute, toute première fois – j’en vois qui chantent au fond, chut, je raconte – au Bal du Louvres, le très raconté/calomnié/décrié Bal où le Roy devait choisir alors une Reyne pour son Royaume – normal pour un Roy me direz vous – Bal où elle avait rencontré Sa duchesse. Paris, encore où quelques années plus tard, elle avait accompagné Sa duchesse aux Festivités de la Saint-Nicolas pour y rencontrer celle qui devait devenir par la suite, fournisseuse royale. Paris où sans Sa duchesse, elle se fait, disons le tout de go, carrément chier.

Nulle auberge miteuse, nulle chambre d’hostel prestigieuse, c’est dans une auberge tout ce qu’il y a de plus recommandable que l’ainée des Alterac, ignorante des agissements de sa cadette – toute façon, on me dit jamais rien à moi – rédige une missive à celle qui en ce jour bénit des dieux – et pas forcément de la mariée – lui manque éperdument.


Citation:
A Fitzounette de Dénéré-Penthièvre, Tridukaillonne d’Anjou, Duchesse de Corbigny et Château-Gontier, Damoiselle de la Croixille, Intendante des menus plaisir de la Cour.
A mon adorable Capricieuse et Enceinte jusqu’aux yeux,
A celle qui fait du soleil d’Anjou ce qu’il est, beau,
A mon Fruit confit doré et délicieux à souhait,


Comme Paris semble morne quand vous ne l’éclairez pas, même les festivités qui l’égayent ne semble pas vouloir lui ôter son air dépressif, et si je n’avais pu y retrouver ma mère et ma sœur, alors, mon séjour parisien aurait été bien décevant encore une fois, encore une de ces fois où je ne suis pas à vos côtés. Je vous parle de festivités, mais je ne m’explique pas, voyez dans quel état votre absence me laisse, il s’agit de l’hyménée d’Elianor de Vergy et de Chlodwig von Frayner, hyménée tenu à huis clos semble-t-il, puisque je n’ai pu apercevoir les promis bien que ma sœur ait participé aux joutes organisées à cette occasion. La mariée est une duchesse miniature, parait-il, encore plus petite vous et moi, et Dieu seul sait que nous sommes petites, mais ne dit-on pas que ce sont les femmes de petites tailles qui ont le plus grand cœur ? On ne le dit pas ? Et bien soit, moi, je le dis, nous sommes des femmes de grands cœur, et quand on entend les rumeurs qui courent sur l’homme qu’elle a épousé, il ne peut en être autrement pour elle. Il paraitrait que cet homme à l’orgueil démesuré, plus encore que la liste de titres que le mariage vient de lui offrir, serait encore plus imbu de lui-même que votre cousin machin*rature*Finam, d’ailleurs, comment se porte ce sombre idiot*rature* cet adorable homme ? Je me suis laissée dire qu’il avait pris le pouvoir dans le Comté du Maine, est-ce vrai ou est-ce encore quelques calomnies de comptoir ?

Qu’étais-je entrain de vous dire.. Donc, les festivités, où j’ai pu revoir ma mère et ma sœur, ma sœur qui est plus jeune que moi, et bien, figurez-vous qu’elle est officiellement fiancée, l’idée ne me déplait guère, le promis est de belle naissance, vicomte de surcroit, vous le connaissez surement de nom, ou du moins, sa famille : Gaspard de Nerra-Viverols, Vicomte d’Ambert, qu’aurais-je pu souhaite de mieux à ma petite sœur ? Un Duc peut être ou un Comte, mais laissons la jeunesse faire ses preuves. Je vous parlais de ma mère.. Mère que j’ai retrouvé enceinte à ses joutes, je vais être grande sœur, une deuxième fois, Vostre Grasce. Un deuxième enfant légitime de la fratrie Alterac, car vous n’êtes pas sans ignorer que je ne suis qu’une bâtarde, aimée, mais bâtarde tout de même. Toujours est-il que l’idée me fait rire, doucement sourire, la tendresse due à une mère sûrement, mais rire tout de même, rendez vous compte ! Une Mère-Pair de France, ma mère porte en son sein, le fruit de la noblesse française, dualité charmante que celle de cette femme forte et pourtant rendue si fragile par la maternité, comme vous, mon adorée. Je me languis de la naissance de cet enfant que vous portez comme d’autres se languissent de voir le Roy prendre épousée. Et en parlant du Roy !

J’ai appris à Paris, mais ne dites pas que c’est moi qui vous l’ait dit, j’en serai fort marrie, que la Castelmaure, celle-là même qui avait, au bal du Louvres, refusé l’insigne honneur de devenir Reyne de France, avait épousé à Aix-la-Chapelle, un .. oserais-je seulement vous l’écrire, tellement les mots me répugnent .. Impérial.. Duc, il est vrai, mais impérial tout de même, voilà où nous en sommes réduits, pauvres français, à laisser les plus belles pucelles de France quitter le Royaume pour aller se marier à l’Etranger, tandis que notre Roy préfère les manuscrits et son Louvre, aux femmes et à la chambre conjugale qui pourrait s’il daignait se donner la peine, remplir ! Vous vous rappelez tout comme moi de ce bal, cher Idole, que ne donnerais-je pas pour y revenir, revoir ce luxe, et voir notre Roy lâcher le bras de la Princesse pour choisir enfin une Reyne qui nous contenterait tous. Qu’elle soit belle, jeune et riche, par pitié, il y a en France, pléthore de jeunes pucelles qui méritent que l’on s’intéresse à elles, les filles de feue Morgwen.. Leurs noms m’échappent, à cet instant, mais elles étaient présentes aux festivités de la Saint-Nicolas, organisées par votre tante, celles-ci donc, et puis, l’héritière de l’Epine, Clémence, s’il se donnait la peine, je suis sure qu’il en trouverait une convenable, une Reyne ne serait-ce pas magnifique, des bals, ma Duchesse, des bals par dizaine où nous pourrions enfin montrer aux étrangers, toutes les merveilles de la Cour française.. Mais le Roy s’obstine et s’enferme dans une capitale qui ne doit son titre de Capitale qu’à l’obstination du souverain français à ne jamais en sortir.

Mais je vous agace avec mes bouderies alors même que je ne souhaite qu’imaginer votre sourire à l’ouverture de cette lettre, aussi, y joint-je l’utile à l’agréable, le scel qui fermera cette lettre est fait de pâte de fruit de framboise, je sais que vous en raffolez, et je raffole de vous savoir heureuse. A vous lire au plus vite, en attendant de vous revoir et de serrer dans mes bras, la mère et l’enfant à venir en pleine santé. Je reste votre dévouée.

Framboisement vôtre,

Aléanore Jagellon Alterac,
Damoiselle de Concèze.




Et comme certains passent un bâton de cire au dessus d’une chandelle, Aléanore attrape une pâte de fruit avant de laisser goûter le sucre coloré et odorant et d’y apposer son scel. Les noisettes quittent dès lors le pupitre pour ne plus fixer que la cathédrale où sa sœur se promène profitant des derniers instants avant le départ, de nouveau la séparation. Paris où déjà un coursier amène la missive vers le Louvre où il ne saurait manquer la Régnante actuelle de l’impulsive Anjou.
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Nebisa
Paris, la magnifique, la délicate, l'insoumise, la putréfiante et nauséabonde mais inaltérable capitale du Royaume, Paris ou les vertus s'inclinent devant les vices, Paris... centre des attentions, des rivalités et des Parnasse vérolé ou le blanc de céruse remplace celui de l'innocence, Paris, enfin, ou la Chieuse se tient, en son bureau du Palais des Offices, tenant en sa main dextre la missive vanillée qu'elle relit une nouvelle fois, une moue perplexe sur son visage marmoréen...

Aprés quelques instants, d'une plume la senestre se saisit alors qu'un page anonyme, parce que conter ici son nom, facies et biographie n'apporerait rien au récit, présente un parchemin sur lequel se viennent coucher les phrases déliées de la calligraphie nebisienne.




    A son Altesse Grand Maistre de France,

    Princesse, dans l'espérance que ma missive vous trouve en belle et bonne santé, recevez céans mes salutations respectueuses et l'assurance que nos priéres, sinon quotidiennes, n''ayant point habitude de prier lorsque je me met à genoux, du moins que réguliéres, car soucieuse de ceux qui me sont chers, se tournent vers vous et les nostre tenus éloignés du beau Royaume de France, avec le voeux que le Trés Haut les garde et nous les rende prestemment en tout point conforme à l'état dans lequel ils s'en sont allés.

    Partageant vos craintes, au demeurrant fort légitimes, que vostre présent éloignement ne complaise à Sa Majesté, non point car vostre présence ou le péril de nos hommes en Provence n'en soit par Elle méconsidéré, tout au contraire, mais bien car Sa Majesté se complait dans son célibat actuel, et, fort serein quant à Sa santé, le Roy étant doté d'une complexion et d'une robustesse exceptionnelle, ne Lui font repousser un projet auquel il ne souscrit que par Son sens profond du devoir et non par inclination du coeur ou du corps... car jamais je ne vis homme avec plus sainte conduite, au point que j'en vienne à en être saisie au premier instant quand Sa Majesté me fait l'heur de me quérir à son cotel.


    Aprés le terme malheureux du Bal dernier, et tandis que le couronnement de la jeune Castelmaure se semblait préparer en Province, je peine encore à saisir comment si falacieuse information se pouvait répendre si aisément, et hors de vostre vigilence, je ne peux que constater combien les projets matrimoniaux demeurrent hors des discours de Sa Majesté, non que je n'ose me permettre de considérer avoir l'oreille du Roy, mais ne pouvant que témoigner de ce que ma personne peut ouir et voir quasi quotidiennement...

    Pour le bien du Royaume, et dans l'attente d'un retour, que nous espérons prompt, de vostre personne, j'aurais à coeur, avec courtoisie et respectueuse humilité, de glisser ça et là, à Sa Majesté, un rappel discret mais constant de la nécessité, voir de l'urgence, qu'il y a aux intérêts du Royaume, de voir une Reyne bailler un héritier au Roy tant m'accablerait l'idée de voir le Trône de France ceint d'un postérieur breton, fut-il princier .

    Mon insistance et mon art consommé de la Grande Chieuserie sont, comme toujours, au service du Royaume, aussi vous fais-je promesse de ne point faillir dans cette mission, dussais-je pour cela apprendre à dire "Sire, il vous faut procréer" en plus de 20 langues.

    Avec l'assurance de l'entiéreté de mon dévouement et dans l'attente de vostre prochaine entrée en nostre capitale, puisse-t-elle être triomphale aux cotés des braves combattant à vos cotés, je demeurre, Altesse, le dévoué serviteur de la Couronne de France.

    En Paris et son Palais des Offices,
    ce jour de la Sainte Euphrosine,





    ps : Avez vous, en Arles, put voir ces arénes antiques que l'on dit si majestueuses et imposantes ? Pensez vous qu'il serait possible d'obtenir du Surintendant le financement pour un tel bâtiment prés de la capitale ? Des statues grandeur nature de Sa Majesté en bronze me semblant être idéalement en place en pareil endroit et ayant ouie grand bien d'un sculpteur florentin tout à fait raffolant.

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Kilia
Comme elle avait tendance depuis quelques mois à faire tout de travers, de ne jamais prendre les bonnes décisions la duchesse ce retrouvait ce jour dans la capitale Angevine. Tout semblait bien se passer, pour une fois. Elle avait l'impression d'avoir pris la bonne décision, sauver la terre de son Roy d'un Baron vengeur qui n'avait pas aimé qu'on fasse un scandale pour un pied armé sur une terre mainoise, et qui en avait eu tellement les oreilles rabattues qu'il décida un jour de les faire crier pour quelque chose de valable.

La Duchesse, elle, ayant été désavoué pour un acte qu'elle pensait glorieux avait donc pris les armes, pour enfin montrer qu'elle l'aimait ce Roy.

Ce matin donc tout allait bien, elle avait réussi à engager quelques angevins avec ses finances. Les avaient elle-même armé. Un angevin n'a pas souvent le cœur sur la main pour aller aider un mainois, mais la lance était remplie et ce soir, départ d'Angers pour enfin rejoindre le Maine.

Mais poisse devait être son second prénom, missive de la duchesse d'Anjou, contre ordre, une lettre de révolte circulait à Angers, et stoppe les chevaux. Il fallait défendre mairie et château.

C'est tournant en rond qu'elle se retrouva dans ses appartements à Angers et plus que furieuse décida de prendre plume afin de se calmer un peu avant de prendre son tour de garde.


Citation:
A Aléanore Jagellon Alterac,

Damoiselle de Concèze.

Ma chère Aléanore, bien longtemps que je n'ai eu de nouvelle de vous. Je souhaite que ma lettre vous trouve en grande forme et que malgré ce que nous avons partagé en Bourgogne vous ne perdiez point le sourire qui vous va si bien. Donnez-moi, de grâce, de vos nouvelles vous me manquez je dois l'avouer.

Je suis actuellement à Angers ou je peux dire que j'ai les nerfs à vif, tout ce que j'entreprends semblent ne jamais pouvoir atteindre son but. Je partais pourchasser, des terres de mon Roy, un vil Barbu angevins qui semble avoir décidé, par vengeance, de s'approprier ce territoire. Et oui, certains ne font pas dans la demi-mesure.

Je partais donc offrir de l'aide à ces pauvres Mainois, quand j'ai été sommé de rester à Angers. Je n'arriverai jamais à montrer à tel point j'aime notre Roy.

Je me permets cette confidence car je sais qu'entre vos mains elles ne s'échapperont point. Et je dois l'avouer, personne d'autre, je pense, autour de moi ne pourrait accueillir telle confidence de moi.

Je ne sais point où est ma bonne étoile, mais j'ai dû la perdre en chemin.

Voyez, lorsqu'Aurélien me parla de son idée de prendre le château de Dole, j'ai sauté sur l'occasion. Les Franc-Comtois fort peu aimable lors de la croisade et leurs paroles injurieuses pour nous et la France m'avait déjà bien échauffée, me venger d'eux, les mettre au plus bas, afin de les empêcher de nuire en France me paraissait une bonne idée. De plus, je me suis convaincue que je pourrais faire cadeau des terres à Notre Roy. Aurélien voulait l'argent, et moi j'avais les terres.
Après le fiasco de notre croisade, enfin une idée pour prouver ma valeur.

Bien mauvaise idée que ce fût celle-ci. A peine ai-je décrété que la Franche Comté était terre royale, qu'Armoria envoya un pigeon niant ce cadeau. Elle m'en envoya un autre me mettant hors de la Pairie, même plus un seul espoir de croiser sa Majesté.

Moi qui pensait au sourire de celui-ci, si triste à l'habitude, face à ma donation, il n'en fût rien. Je ne sais même pas si sa Majesté eut vent de mon présent. Mon enthousiasme était complètement insensée, je ne comprends toujours pas comment j'ai pu être si convaincu que le Roy serait touché par mon geste. Enfin bon, j'en ai gros sur le cœur je dois vous l'avouer. Ce jour, je devais partir combattre le mécréant sur terre Royale et me voilà ce soir devoir faire des tours de ronde autour d'une Mairie.

Je dois l'avouer tout ne tourne plus rond en moi depuis quelques temps. Mon ami de toujours, le Duc Ficus 1er, a décidé sans rien m'en dire de se mettre en méditation chez les moines, lui ce grand homme. Je devais, je ne sais si vous le savez, l'épouser. Depuis bien longtemps, j'avais réussi à chasser de mon esprit ce jour où durant un bal au castel angevin je l'avais croisé. Oui, lui, Notre Roy. Si j'ai fait ma candidature à la Pairie alors qu'à mes folles jeunesses j'avais clamé l'indépendance cela n'est point une coïncidence, mais une révélation. Ce jour de bal masqué il a tenu ma main, oui, je vous l'affirme ma main. Durant la soirée nous avons dansé, et discuté. Moment divin comme il n'y en a peu. Mais l'homme conduisant la danse je ne le connaissais point, derrière un masque point facile de savoir et je me suis laissée aller à nos discussions comme s'il était homme commun. Il m'a charmé. N'ayant qu'une envie le lendemain, celle de le revoir, mais ne sachant toujours pas qui il était je me suis rendue au cortège du Royal. Scrutant de droite et de gauche si je pouvais le reconnaître. Mais là, Sa Majesté, prise à partie dans la foule sur son peu d'apparition, déclara qu'il était bien au bal, et donna le nom de la personne avec qui il avait passé une grande partie de la soirée. Et oui, ma chère enfant, vous avez dû le comprendre c'était avec moi. J'en ai eu des vertiges et des nausées. Cela fût un choque pour moi. Cet homme si humain, si gracieux, si galant, avec qui j'avais passé une danse angélique c'était le Roy. Cet homme in-approchable, tant convoité que je ne pourrais plus jamais approcher. Ce jour, je pense, mon existence a basculé. Le temps fit son oeuvre, j'ai réussi à continuer à vivre, enfouissant mon secret au plus profond de moi. Mais je suis devenue par la force de mon travail et dans un objectif inavoué Pair de France. Le servir...j'en étais fière croyez-moi.
J'ai fait de mon mieux. Et durant les bals, les allégeances, je pouvais le voir et en bonne place!

Mais c'est en Franche Comté que tout remonta à la surface. Mon ami de toujours semblait vouloir ne plus refaire surface, là-bas, je me suis retrouvée si seule et la suite...la demande d'Aurélien, je vous l'ai raconté.

Pardonnez-moi de m'être épanchée ainsi, je vous écrivais bien au départ afin d'avoir de vos nouvelles.
Maintenant, je connais votre secret et vous connaissez le mien...l'inavouable. Ne me jugez point trop, je ne suis pas faite différemment que toutes les autres femmes.
Quant à vous, avez-vous retrouvé un peu de joie ? Que faites-vous de vos journée ? J'espère que vous reprenez goût à la vie, il le faut Aléanore, vous vous le devez. J'attends avec hâte de vos nouvelles.

Avec toute mon amitié,

Kilia de Chandos Penthièvre
Duchesse de Chasteau-en-Anjou




Elle cacheta la lettre, le temps que la cire fonde elle eut des doutes sur l'envoie ou pas de celle-ci, ce confier ainsi semblait assez ridicule. Elle mit son sceau. Prit la lettre afin de la donné au majordome, puis se ravisa, fit demi-tour et la lança sur son bureau, avant de claquer la porte.
Le lendemain, au réveil la lettre n'était plus sur la table... elle pesta quelque peu sur le zèle de son majordome, puis n'y pensa plus.

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[Décloisonnez les Fofos!]. Pair de France, Mère d'anjou
Elianor_de_vergy
Les voyages, dit-on, forment la jeunesse. A coup sûr au train que prenaient les choses, notre petit messager allait avoir une jeunesse des mieux formées, et des jambes avec un galbe à faire pâmer toutes les servantes d'auberge. Voilà qui ne manquerait pas de le consoler quelque peu de devoir repartir si vite vers Maeve, chargé d'une nouvelle missive.

Citation:
A Maeve Alterac
A la diseuse de bonne vérité
A la distrayante épistolière
Salut et dilection

La vérité n'est mauvaise à entendre que pour ceux qui se voilent la face, et même avec beaucoup de bonne volonté il me serait difficile de ne pas savoir désormais que la vie conjugale n'est pas un lit de roses. Ma foi, à défaut de roses je me consolerais avec des diamants, dussé-je ruiner mon époux à ce petit jeu. J'ai découvert à Paris un orfèvre des plus habiles, dont les créations me ravissent, je sens que je vais lui être d'une pratique fidèle. D'ailleurs, je vous le recommande vivement si jamais vous avez un jour besoin ou envie de bijoux, de vaisselle précieuse ou de tout autre ornement de joaillerie. Je gage que vous trouveriez vite votre bonheur chez Watelse!

Ainsi donc, il y avait une buveuse de chouchen au Louvre? Et qui se permettait de prendre de grands airs? Ces gens-là viennent d'un coin perdu battu par les vents, parlent un patois des plus rustres et se permettent donc de faire la moue quand le roi de France leur fait l'honneur de les inviter? Ils devraient décidément se contenter de garder leurs cochons, c'est là une compagnie à leur hauteur!

Votre récit m'enchante ma chère, et j'en viens à regretter de n'avoir pu être là! Assurément, la tête de notre roi devait valoir le détour à se faire ainsi abandonner. Voilà une réaction à laquelle il ne doit guère être habitué! Et il est vrai qu'il a perdu au change, l'on dit les hommes de son âge bien plus enclins à courtiser des tendrons que des matrones, si bien conservées soient-elles, ce qui n'est pas toujours le cas... Sans doute craint-il moins les comparaisons désobligeantes en octroyant ses faveurs à des pucelles qui doivent le changer de l'entourage féminin habituel du Louvre. Il se dit après tout que ces dames des grands offices ont un passé chargé et ne sont pas des plus farouches... Si cela est, un peu d'innocence a du paraître bien rafraîchissant à notre monarque!

Mais tout ceci ne nous dit décidément pas si nous aurons ou non une nouvelle reine! Etant pour encore quelques temps dans la capitale, je crois que j'irais laisser traîner mes oreilles du côté du Louvre. J'y trouverai bien des nouvelles à vous rapporter en échange de votre croustillant récit du bal!

Cancanièrement vôtre

Elianor de Vergy


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Fitzounette
[Ca balance pas mal à Paris !]

Paris, qu’elle avait du tant de fois arpenter par obligation, qu’elle avait surtout fuit par déraison.
Paris à l’odeur fétide, et à la misère nauséeuse.
Paris, l’écœurante par bien des aspects pour la petite Angevine élevée au grand air, sur les bords de Maine.
Mais aussi Paris l’intrigante, qui recèle de bien des secrets.
Paris l’enivrante, tant les fêtes qui avaient pu lui être donné d’organiser étaient arrosées des plus rares et délicieuses liqueurs.
Paris la sulfureuse, qui dissimulait en son sein un monde d’immoralité, tout aussi attrayante pour une Buse à la morale toute relative, qu’effrayante, tant les jeux de pouvoirs sont complexes et en ont laissé sur le pavé.
Paris où il faut voir, être vu, distiller les ragots les plus croustillants, peu importe leur véracité, tant qu’on accroche l’intérêt de son interlocuteur, qu’on le marque de manière indélébile comme une compagnie de qualité, et que l’on s’en trouve rassasié.
Un délice, quand on est joueuse.

Et La petite Duchesse Blonde avait quant à elle dégoté une perle en la matière. Sa damoiselle de compagnie qui lui manque tant. L’on ne sait jamais à quel point on peut aimer avant d’être séparé de l’objet de son affection. Et en cette période difficile où elle avait été pour la troisième fois couronnée et où elle subissait les petites chicaneries de ses conseillers, sa compagne lui manquait plus que jamais. Mais une lettre vint, scellée d’un papillon, comme une réponse à ses prières, une lettre d’Elle.

Citation:
A toi, Aléanore Jagellon Alterac,
A mon petit papillon de lumière aux ailes irisées,
A ma douceur piquante aux flaveurs de miel épicé,
A mon aurore boréale, à celle qui illumine ce crépuscule déprimé
Ab Imo Pectore, Salut !

Que l’Anjou semble triste depuis que tu es partie. J’ai du me remettre au travail pour oublier, comme tu l’as très certainement appris. Et me voici Duchesse… Encore… A materner des conseillers ingrats qui font caprice sur caprice… Encore… Comme si je n’avais pas déjà assez à faire avec mon fils qui a réapparu et l’enfant(e) bondissant (e) que j’abrite en mon sein.
Si tu savais, je suis obèse de gravidité, et je n’ai fait qu’une bouchée de la délicieuse gourmandise qui scellait le pli qui a vu courir ta plume acérée, guidée par tes mains si graciles. Ahlala, ma Douce, j’ai bien du souci… Je vais tenter de te livrer le fruit de mes tergiversations le plus brièvement possible, tant chaque jour apporte son lot de nouveautés.
Tout d’abord, j’ai revu mon époux, chez les Feudataires. Ses yeux dans mes yeux, mes mains dans les siennes, quelle félicité, un moment d’éternité… Tout du moins, jusqu’à ce que la réalité, cruelle, se rappelle à nous. La Bourgogne a osé insulter ma Tante… Encore ! Ils l’avaient fait mettre, ainsi que le jeune Leandre, sur une liste de morts en sursis. Alors j’ai du me fâcher toute rouge. Encore… La vie est un cycle, et je commence à avoir la tête qui tourne, à ne plus parvenir à distinguer le ciel de la terre.
En parlant de ma Tante. Elle m’inquiète. Je sens qu’elle dissimule quelque chose, que son cœur déborde d’un trop lourd secret, et pourtant, elle se refuse à me le livrer. Etrange. Je suis comme sa fille, je pourrais tout entendre et tout comprendre ! Du moins, dans les limites de la bonne moralité. Et de l’honneur de la Famillia, bien sûr. M’enfin, tu me connais, je ne la jugerais pas ! Enfin, pas trop…
Et puisque nous parlons de bonne moralité, figure toi qu’un Feudataire me fait du pied. Un Comte bourru et barbu, chevelu comme un sauvage, un viking des mers du Nord, de ceux qu’on nous dépeint dans les fables. Un mâle, un vrai, s’il en est (du moins, je le suppose, ne vas pas te faire d’idées). Le Comte Artésien. Je ne sais pas s’il me trouve réellement séduisante (parce qu’avec mon tour de taille, cela parait saugrenu) ou s’il tente de me séduire pour pouvoir par la suite me manipuler à sa guise. Que les hommes peuvent être naïfs !
Enfin, et puisque tu l’as évoqué dans ta missive, mon cousin Machin (qui n’est pas de ma famille, soit dit en passant) a fait des siennes. Mossieur voulait se venger du Maine, une vieille histoire de tirage de barbiche(tte), et du coup, il me fiche dans la panade. Je n’avais pas déjà assez à faire, qu’il faut que je gère son cas. Je ne suis pas une bonniche ! Je ne peux pas sans cesse rattraper toutes les bêtises et nettoyer derrière ces vandales !
Que les hommes peuvent être fatiguants, aussi !

Mais las ! Laissons donc là mes jérémiades, et intéressons nous à ta divine personne.

Un mariage me dis-tu ? Le Chlodwig ? L’enfant de malappris ! Ne pas m’inviter moi, ne pas t’inviter toi, et ainsi, se priver de la crème de notre Royaume ! Quelle manque de goût, mon amie. Mais comme tu le disais à propos du Duc de la Castelmaure, après tout, ce ne sont que des Impériaux, le Très Haut leur pardonne. Dire que le Roy a refusé le cadeau de ma Tante Kilia, et, malgré sa grande mansuétude, n’a daigné sortir ces sauvages de leur fange putréfiante et de leur crasse ignorance… C’est à n’y rien comprendre, mon petit cacatoès mordoré… A moins qu’ils n’en vaillent pas là peine. Ce qui clos là notre raisonnement. Tu vois, ce n’est pas toi qui est boudée, féerique damoiselle, c’est eux qui sont trop lourdauds pour pouvoir apprécier ta gracieuse compagnie. Je ne manquerais pas de dire une prière pour la jeune épousée, qu’elle ne souffre pas trop de cette fin en soi que représente l’hyménée, la fin des illusions et de la pureté. Qu’elle soit rapidement embellie du fruit des œuvres de ce vaurien, les enfants étant la seule vraie gratification à en attendre.
Et donc, tu me disais que ta mère est de nouveau enceinte ? Mais c’est une magnifique nouvelle ! Ta mère, même si nous ne nous sommes jamais comprises, du fait de nos cultures trop antagonistes, est une très belle personne, et la joie de donner à nouveau la vie doit la rendre encore plus rayonnante. Une grande sœur, une femme, qu’importe la bâtardise. Ne suis-je point bâtarde moi-même ? Ce qui n’a pas empêcher la vie de m’aimer, à moins que ce soit moi qui aime la vie. Oh, tu vois, je m’égare ! Ce que je peux être nombriliste ! (en même temps, en ce moment, on ne voit que mon dit nombril tant la ronditude de mon ventre est à son apogée).
Ta sœur. Ma foi, ne la jalouse pas. Je me doute de qui est le Nerra. Je connais bien son père, puisqu’il faisait parti de ma famille, jadis. Sois patiente, petit scarabée de mon cœur, j’ai moi-même pesté d’être mariée si tard, mais tu vois comme j’ai fait belle et prestigieuse hyménée ! Rien ne sert de se précipiter ou de te faire du mourrons, tu n’y récolteras que des rides d’amertume, ce qui n’est pas charmant et donc, pas digne de toi, mon adorable. Ton heure viendra, étincelante et redoutable.
Peut être est ce que le Roy te choisira ? Ou alors ma future fille, vous êtes les seules a le mériter réellement. Quoique parfois, je me questionne. Le prestige vaut il que l’on s’oublie, et devienne une potiche ? Je n’en suis pas certaine. Vous méritez mieux, d’être veuve et Reyne. Morbleu, je viens de commettre un régicide en pensées ! Ce ne sera pas pire qu’une certaine Plantagenest !

Je vais te laisser sur ce bon mot, je suis sûre que tu as autre chose à faire que de lire si longue et indigeste missive. Paris a le bonheur de te contempler, et je serais bien injuste de l’en priver.

Blondement tienne.
Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Duchesse d’Anjou.

PS : Mon scel est cassé, alors j'ai enroulé cette missive d'un fil de soie, et puis voilà !

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En mémoire des joueurs de Fablitos et Zoko33.
Grimoald
En Provence, si ça continuait ainsi, il y allait avoir plus de français que de provençaux. Il allait bientôt partir, le jeune Grimoald. Il n'avait plus de cannes, ni de bandages, mais il boitait encore un peu. Alors il marchait doucement pour que ça ne se voit pas. Si tout se passait bien, il devrait partir le lendemain. Tout était près... mais l'était-il vraiment? Il avait peur... Très peur. La dernière fois qu'il avait essayé de passer Aix, il s'était fait massacrer par une armée de fous... Des Provençaux, quoi...

Pour ne plus penser au lendemain, donc, le jeune homme se mit à écrire. A qui? 'Nore, quelle question ! Il voulait lui écrire depuis longtemps, mais il n'avait pas eu le temps. Vélin blanc crème, plume aiguisée, encre de qualité. Il n'écrivait pas à n'importe quoi... Et déjà, la plume vient chatouiller le papier.



Citation:


    A Aleanore Jagellon Alterac,
    A cette belle poupée qui,
    Même si sa tête serait coiffée un sac,
    Semblerait toujours aussi jolie,

    Belle Dame,



    C'est de la mortifiée Brignoles-la-morte que je t'écris cette modeste lettre. Comme tu le sais, je me trouve en Provence, où la guerre fait rage, où nous tenons bon. J'ai été blessé... Ce sont les aléas de la vie, me diras-tu. Mais, sans prétention, je pourrai te dire que j'ai tenu bon. En pensant à ceux qui me sont proches, j'ai tenu, j'ai tué, je suis tombé... Mais laissons là ces folles aventures, qu'il me tarde d'ailleurs de recroiser. Demain, je quitterai cette ville qui, hantant mes nuits, me donne plus de peur chaque jours. Demain, je serai en cambrousse. Je marcherai aux côté d'Ewaele de la Boesnière, une Comtesse venant du Limousin, que tu dois connaître. Je l'avais rencontré lors de la croisade, celle là même où nous avions pris un bain dans la même bassine... Et celle là même où j'avais vu le dessous des jupes de Clarisse... Enfin, je n'avais pas regardé ! C'est juste que... Si tu vois une belle parure, tes yeux seront attirés par celle-ci... Et bien elle avait une belle parure.

    Je ne sais pas trop ce que je pourrai te raconter de passionnant, mis à part le fait que j'ai été au mariage de la Castelmaure et du Von Frayner. Je dois dire qu'il n'a guère la présence de notre si beau Roy, et qu'il n'a pas de si riches tapisseries. Mais soit, laissons là les comparatives. De toutes façons, ils ne sont pas comparables... Pour ainsi dire, Bolchen serait comme une seigneurie, par rapport à notre Royaume qui serait alors une Principauté. Lors de la cérémonie, j'ai faillit m'endormir... Non pas que la Sublimissime fasse des cérémonies ennuyantes, mais il n'y avait pas grand monde. Pas grand monde que je connaissais, en tous cas. Au bout de moment, après le Credo que je ne connaissais pas, je croyais que nous en avions fini, et je me suis levé. Heureusement, j'ai feinté et j'étais caché par un large pilier. Louons les pierres... J'ai alors écoute Nevers dire quelques paroles. Je te raconte pas ce qu'elle a dit... On aurait dit une Agnès ne savait pas à quoi servait le trou du milieu... Hum, pardonne mon langage si cru.

    Elle a dit quelque chose comme:
    « Guise Von Frayner, je te prends de tout mon cœur, mon sauveur, de toute mon âme, pour époux et mari, de t'avoir et te garder, pour le meilleur et le pire mais il n'y aura jamais de pire parce que tu es bon et gentil... Ta chère personne aimable... »
    Voilà un bref résumé... Je ne t'en dis pas plus, le reste pourrait te faire défaillir, et surtout, je ne m'en souviens plus...
    Mais je ne t'ai pas dit que les frères du Von Frayner étaient sous? Enfin, ils n'était pas dans leur état normal. Et vas y que je beugle dans l'église, que je rote, pète... Enfin, des gueux.

    Ensuite, nous sommes rentré en Provence. Les 45 sont arrivés, avec la Princesse. Cette femme a de charmantes idées. Elle a dit qu'elle se déshabillerait a chaque fois que l'armée ennemie aurait un mauvais plan tactique. Elle est folle ! Mais bon, si elle dit ça, c'est que ça doit être un plan tactique, non?

    Mince, moi qui devait faire court, voilà que je t'écris un vélin entier.


    Je t'embrasse,

    Ton dévoué,
    Grimoald de Montmorency.



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Navigius


Reclus dans une aile de l'Hostel Saint-Denis, le Grand Aumônier de France rumine de noires pensées. Un vélin, une plume, le grattement sur le papier et l'encre, en quelques minutes les mots sont choisis, et un valet portant la livrée de l'ecclésiaste s'élance à cheval hors de Paris, portant missive pour son Altesse Armoria, dans la lointaine Provence pleine de dangers.

Citation:
À l'attention de Son Altesse Armoria de Mortain,
Princesse de France,
Grand Maître de France,


Vostre Altesse,

À l'heure où nous écrivons ces lignes à vostre attention, nostre coeur est prit de multiples tourments quant aux mois à venir. Nous espérons, tout d'abord, que notre missive vous trouvera en bonne santé et hors de tout danger. Il nous est douloureux de penser à ce que serait un monde sans vous, ainsi donc, préservez-vous de tout danger, pour le bien être du Royaume.

Nous arpentons les corridors du Louvres, tourmenté, depuis plusieurs jours, le coeur déchiré par la question des diverses hérésies qui rongent la fibre morale du Royaume tout entier. Au moment où de nombreux duchés se sentent de moins en moins unis à la Couronne de France, remettant en question son autorité à de nombreux moments, il nous apparaît que la Foy, qui unissait tous les joyaux ornant la Couronne du Lys soit en train de se désagrégée sous l'action impunie, et même protégée, des héritiques de toutes sortes, pensons ici aux spinozistes, aux averroïstes ainsi qu'aux cathares.

Pendant longtemps, ces hérésies ont proliféré sous la protection du Concordat de Paris, édicté sous la plume de vostre Prédécesseur, Son Altesse Juliano di Juliani. Nous atteignons toutefois un point critique, un moment de crise, car nous avons l'intime conviction que désormais, l'hérésie s'est implantée autant dans le coeur du Royaume que dans l'Esprit de ses habitants. L'Église est vertement critiquée pour être trop dûre et intransigeante envers cet ennemi qui ne cherche qu'à nuir au Royaume, et sa position s'affaiblie virtuellement en chaque province.

Il nous est inutile de vous rappeler que l'autorité de Sa Majesté tient bien plus au statut divin qui est conféré à son règne qu'à la puissance de ses armées, qui ne sauraient être partout à la fois. L'affaiblissement de l'Église ne peut que porter grave préjudice à sa Majesté et à son pouvoir, sabordant de façon incisive l'unité déja ébranlée du Royaume. Nous estimons que dans les prochains mois, la situation religieuse du Royaume sera telle que des hérétiques pourront se liguer afin de renverser les autorités traditionnelles dans divers duchés, comme nous l'a déja démontré l'épisode tragique du Béarn.

Il nous apparaît crucial d'adopter dès maintenant un ton plus solennel contre ces hérésies mais surtout, de sensibiliser les régnants du Royaume sur les dangers que représentent les hérésies montantes, qui n'offrent aucune garanties sur le dogme et les procédures de leurs rites, contrairement à la Religion Aristotélicienne, dont l'Église est construite avec un soucis constant de la protection des fidèles.

Nous joignons à nostre lettre un chapelet fabriqué en bois de rose, faict à Modène, qui nous fut d'un grand réconfort lors de la Seconde Guerre d'Artois. Nous espérons qu'il vous aidera dans vos prières et vous protégera de l'infortune.

Aristotéliquement vôtre,

Monseigneur Navigius di Carrenza,



Grand Aumônier de France
Archevêque Métropolitain d'Auch
Vice-Primat de France

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Maeve.
Partie sur les chemins... C'est qu'il lui faut maintenant rejoindre le Maine, et quand elle voit arriver le brave coursier, elle compatit grandement à sa peine. Cela ne doit pas être évident pour le jeune homme de la poursuivre comme ça un peu partout dans le royaume. C'est que la rouquine a tendance à avoir le sabot voyageur...
De quoi en apprendre un peu partout sur ce qu'il se passe et développer une passion épistolaire qu'elle se découvre, elle qui rechignait tant à prendre sa plume il y a encore peu. A croire qu'Elianor réveille des vocations.


Citation:

A Elianor,
A la rafraichissante duchesse,
A la libératrice des paroles enfouies,
Le bon jour,

Tout comme vous je crois, je prends gout à cette correspondance. Voilà évènements dont je n'ai que peu l'occasion de discuter sans subir les regards courroucés d'adultes avec lesquels il est malaisé de discourir de telles choses, et puis en tant que future licorneuse, il est des choses qui ne disent pas !

Mais si vous saviez comme j'ai acquiescé à certains de vos propos ! Lorsque j'étais encore enfant, j'ai eu l'occasion de croiser et la Princesse et certaine Grand officier avant même ce bal dont nous échangions quelques nouvelles... Et en effet, même si je ne m'étais pas autorisée à le penser sous cette forme, je conçois aisément que le Roy ait eu envie lors de cette occasion de poser les yeux sur de fraiches et jeunes jouvencelles non encore abîmées par les années, les luttes, et surtout les grossesses.
Voyez vous, Elianor, c'est une des choses que je ne vous souhaite pas immédiatement. Certaines que j'ai croisées dans des mondanités ou proches des institutions ont plus qu'enfanté, elles ont simplement pondu à en croire leur descendance ! Un véritable miracle, je ne vois pas d'autres mots, pour expliquer leur survie à tant d'accouchements, quand on sait que certaines meurent à la première mise bas. D'autant qu'elles se comportent toujours comme si elles avaient leurs vingt printemps, la taille fine alors que leurs décolletés débordent, et quand on sait la mode aux poitrines menues c'en est désolant. Ma soeur a cet égard est d'ailleurs ravissante, si vous la voyiez !

Comprenez-vous la raison qui poussent les femmes les plus haut placées à s'adonner ainsi à l'enfantement ? Surtout qu'il se murmure et se raconte un peu partout qu'avec autant de pères différents, cela a quitté depuis bien longtemps les commandements d'Aristote... L'on me disait l'une ou l'autre fois que peut-être elles souhaitaient prouver ainsi qu'elles restaient femmes dans un milieu d'hommes, pour avoir vérifié avec Maman cette assertion -vous connaissez Maman ? elle est Pair de France, alors elle les voit souvent à Paris- il y a quand même beaucoup de membres féminins dans les hautes institutions. Donc ça ne tiendrait pas... Si vous trouvez explication, n'hésitez pas à me tenir au courant.
C'est là sujet qui je vous le confesse me préoccupe ces derniers temps. C'est que pour ma carrière de chevalier, je serais bien embêtée de devoir refuser des missions plusieurs mois par an pour mettre au monde une petite armée, et comme je me marie dans quelques temps...

A ce propos, je tiens à vous remercier grandement pour l'adresse de ce joaillier, Watelse -vous voyez, j'ai retenu le nom. Aleanore, mon aînée, sera ravie de l'adresse, puisqu'à coup sur, c'est elle qui organisera mes noces. Elle est douée. Quoique je prendrai peut être le temps de revenir à Paris me rendre compte par moi même, je pense qu'il est temps que je me préoccupe de mon allure... Peut-être nous y croiserons nous.
En attendant, si vous avez entendu quoique ce soit qui me prépare à la vie mondaine, n'hésitez pas à me tenir au courant,

Pipelettement vôtre,

Maeve Alterac


Et de donner un supplément de monnaie et de jambon au pauvre coursier qui déjà repart. Les saphirs ne s'attardent pas sur le fessier et pourtant y'aurait de quoi... Elle devrait peut-être se mettre à transmettre des plis, la rouquine, vrai que ça entretient de courir partout comme ça...
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Au revoir, Fab.
Aleanore
Concèze, Concèze, cinq minutes d’arrêt, veuillez dégager la bordure du quai, s’il vous plaît ! Admirez donc ces luxuriants vergers où commencent déjà à poindre les petits bourgeons qui donneront naissance à de jolies fleurs – c’est beau les fleurs, hein ? -, admirez aussi, les champs entiers remplis de plants de framboisiers – admirez, je vous dis ou je vous taloche ! – framboisiers qui sont la fierté de la damoiselle des lieux et enfin, le manoir. Et si nous suivions ce valet qui vient de récupérer les plis qu’un coursier vient d’amener dans les confins du Limousin natal d’une Etincelle. Admirez l’intérieur impeccablement décoré de ce manoir, le goût raffiné de la maitresse des lieux, et cet escalier lustré qui mène à la chambre de la jeune fille. Jeune fille qui était sagement assise devant sa coiffeuse, entrain de se laisser coiffer par Clarisse, avant l’arrivée du messager .. Oui, avant, car alors qu’à l’instant d’avant, elle était sagement assise, la voici entrain de sauter à pieds joints sur son lit, missives en main, en riant.

-« Elle m’a écrit ! Elle m’a écrit ! Ma duchesse ne m’a pas oubliée ! Elle m’aime ! Oui, oui ! Oui ! »


Et sous le regard attendri d’une Clarisse qui regarde les tresses fines se défaire lentement à chaque saut de la jeune fille, l’Etincelle de décacheter la missive avant de prendre connaissance du contenu, en continuant de sauter, toute à sa joie, en sautant des lignes, en relisant celles qu’elle a sauté et leurs voisines, et puis la lettre dans son intégralité avant de se laisser tomber assise sur le lit pour lire la deuxième lettre, venant de Grimoald, un sourire qui s’étire au fur et à mesure que les lignes sont dévorées, et sans un regard pour sa camériste, la jeune fille de cavaler à quatre pattes sur son lit avant d’en sauter pour cavaler jusqu’à une porte dans le fond de la chambre puis de l’ouvrir et d’aller s’attabler finalement devant son secrétaire où une autre lettre attend, plus inquiétante parce que plus sérieuse, celle de Kilia. Et déjà, la plume est noyée dans l’encre, pendant que Clarisse reprend la coiffure là où elle en était.


Citation:


    A vous, Fitzounette de Dénéré-Penthièvre,
    A mon délicieux macaron à la framboise,
    A celle qui éclipse le doux soleil de mon Limousin chéri,
    A la source de mon bonheur du jour,
    Tout d’abord le bon jour,


    J’espère que ma lettre vous trouvera en excellente forme et que votre beauté reste égale sinon plus éclatante que dans mes souvenirs, oui, mes souvenirs, mon adorée.. Comme vous le dites si bien, cela fait si longtemps déjà que mes pieds n’ont pas frôlé le sol angevin et je me languis de lui comme je me languis de vous, de votre rire, tout semble triste et morose loin de la cour angevine, même mon limousin natal n’a réussi à me faire revenir le sourire que vous parvenez si bien à faire naître, mais mon absence ne va pas durer plus longtemps, je reviens ma Duchesse, je reviens vers vous, où est ma place. Ma place que je n’aurais jamais du quitter, d’après ce que vous me dites, fouettez donc ces conseillers s’ils ne vous obéissent pas.

    Si vous saviez comme ces quelques lignes que vous taxez d’indigestes, me remplissent de bonheur, savoir ce que vous vivez alors même que je suis loin de vous, me rassure un peu, comme si j’étais tout près de vous, à vous épauler, à vous aider de mon mieux. Vous me voyez ravie de savoir que vous avez revu le duc, ainsi donc, votre époux n’ignore plus rien de votre état, et c’est bien mieux comme cela, il ne faudrait pas que de mauvaises langues lui mettent des idées en tête, ne vous en faites pas pour la Bourgogne, je connais le duc actuel et ce n’est qu’un odieux individu qui ne mérite même pas l’honneur que les bourguignons lui font en le choisissant comme Duc. Et même si cela me navre de le dire, quelque soit le crime commis par lui et encore qu’une invasion du Comté Franc de Bourgogne n’est pas un bien grand crime à mon sens, il serait dommage qu’on nous occise Léandre, il reste l’ancien fiancé de ma sœur et à ce sens, je pense qu’elle doit y attacher quelque importance si futile soit-elle, la jeunesse, belle idole dorée, la jeunesse .. Et en parlant de ma sœur, oui, je sais, je vous en parle beaucoup, mais comme certaines aiment à se gargariser de leur progéniture bien trop nombreuses, j’aime moi parler de cette sœur qui fait ma fierté à de nombreux égards, et je voudrais revenir sur son fiancé – qui est en tout point délicieux comme ma petite sœur, quels beaux enfants, ils nous feront – ainsi donc vous connaissiez le Vicomte d’Ambert, le père de Gaspard ? J’ai rencontré très peu de personnes pouvant m’en parler, puisque j’ai bien sur entendu parler de sa mère qui était dit-on la sœur d’Eikorc de Nerra, d’ailleurs, en parlant de lui, je me demande s’il s’est amusé au Maine en suivant votre cousin Machin qui n’est pas vraiment votre cousin, même si je trouve que l’appellation lui va assez bien, si bien d’ailleurs que je vais la garder, donc, revenons en à ce brave Alayn de Viverols, enfin brave, je n’en sais rien, mais quand on voit le fils, on ne peut pas douter que le père soit différent, j’espère que vous m’en direz plus à son sujet, si vous le connaissez. Mais trêve de curiosité, je vais plutôt tenter de combler la votre.

    Concernant votre tante, je pense que ce qui la chagrine tant que cela, est un problème de reconnaissance et d’amour, voyez-vous, j’ai parlé à Sa Grasce, et elle me disait qu’elle aimait, qu’elle avait aimé, j’ai entendu parler d’une promesse de mariage entre le Duc Ficus Ier et elle-même et n’ait jamais reçu d’invitation, et donc, même si l’idée peut paraître déplacée pour une femme de son rang, de son envergure, je pense qu’enfin de compte notre douce Kilia souffre d’un manque d’amour récurrent, mais mon éclatante, si ce n’est avec Vadikura, je ne vois guère avec qui nous pourrions la marier, quel homme digne de son nom, quelle couronne assez belle pour parer sa chevelure, vous nous vouez, votre future fille, fasse le ciel que ce soit une fille, et moi-même au Roy, moi, je vous dis ma merveilleuse, que ce devrait être le Roy cet homme qui pourrait la combler. Et de quoi aurait-il à se plaindre ? Plutôt qu’une pucelle, on lui offrirait une vraie femme qui a déjà fait ses preuves en matière d’enfantement, qui sait tenir sa langue et sa tête sur ses épaules, et quoi de mieux en vérité pour réconcilier la Royauté avec l’Anjou que de lui offrir un de nos plus beaux trésors : Kilia Chandos de Penthièvre. Oui, en vérité, je vous le dis, la Mère d’Anjou a besoin d’amour et notre Roy a besoin d’une femme, pourquoi aller chercher plus loin, pourquoi nous encombrer d’une pucelle tête en l’air et bête comme ses pieds.

    Car en vérité, je ne parle pas en vain quand je vous dis cela, à l’heure même où votre lettre m’est arrivée, celle d’un ami la succédait de près, et cet ami m’apprend que la Castelmaure si digne, et si sûre d’elle-même pour avoir refusé le trône de France et aller courir l’impérial, s’est tout bonnement ridiculisée à son mariage en prononçant des mots d’une mièvrerie finie, que je n’oserai même pas imaginer de la bouche d’une enfant de bonne famille, mais il semble finalement qu’elle se trouve dans une famille correspondant à son « genre » puisqu’il parait que les frères Von Frayner étaient ronds comme des tonneaux au mariage du Patriarche, mariage qui du coup n’était pas très fréquenté d’après mon ami, à peine quelques têtes couronnées, une exilée, voilà ce qu’elle est devenue la fille prestigieuse des deux pairs de France, la noblesse, ma douce.. La noblesse, on pourrait en pleurer, mais quand on sait que les dirigeants ne font rien pour montrer l’exemple, et ne dites pas d’avance que je médis sans savoir, car j’ai déjà peine à vous narrer ce que j’ai appris d’autre.. La Princesse, la bru du Roy, celle-là même qui est Grand Maitre de France et conduisait les Croisades, et conduit actuellement nos soldats dans les méandres de la Provence, Armoria de Mortain, elle-même, aurait décidé d’ôter un vêtement à chaque erreur militaire de la Provence, une princesse qui se déshabille voilà ce qui montre l’exemple à la jeunesse noble de France, je remercie ma mère certains moments de nous avoir protégées ma sœur et moi-même en nous confiant à des hommes et femmes d’église de moralité sure, que serait-il advenu alors, le pire, j’en ai bien peur. Qu’on ne s’étonne pas alors d’avoir des résultats comme ceux dont je vous parle, et je dirai même que je préfère le comte artésien dont vous me parlez qui à au moins pour lui d’être honnête dans ce qu’il est et de ne pas nous présenter plusieurs facettes comme certains le font.

    Prions mon trésor, prions pour que jamais vos enfants présents et à venir ne connaissent de telles errances, nous ferons en sorte qu’il n’en soit rien, je vous le promets, prenez soin de vous et de l’enfant, ne m’oubliez pas, je joins à cette lettre, la petite pâte de fruit dont vous raffolez et vous embrasse.

    Framboisement vôtre,

    Aléanore Jagellon Alterac,
    Damoiselle de Concèze.





Un sourire flotte sur les lèvres de la jeune fille tandis que la camériste récupère la lettre pour la donner au coursier entrain de se rafraichir aux cuisines, mais déjà dans les mains de la jeune fille, la lettre d’une autre duchesse, froncement de nez perplexe en lisant les lignes de la Mère de l’Anjou, plus tard, oui, plus tard, il faudra y répondre, mais l’instant est aux rires en imaginant la Castelmaure transformée en amoureuse transie et niaise.
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Calyce.
Saumur. Une gamine, une plume qui gratte un parchemin propre pour changer. Écrire à Maeve. Bien longtemps qu'elle en avait l'idée... Elle le faisait enfin. Assise au bureau du barbu spinoziste chez qui elles squattaient avec sa soeur...
Citation:

Maeve,

Ça fait très très longtemps que je ne t'ai pas écrit. En fait je ne t'ai jamais écrit mais ça ne veut pas dire que je pense pas à toi. Et souvent je me demande comment tu vas depuis la Lorraine. Quand j'y pense, je suis désolée de ne pas t'avoir écrit plus tôt en fait. Mais nous avons fait beaucoup de choses depuis le temps avec Clélie tu sais. On a rencontré des gens, des bizarres et des moins bizarres.

Nous avons beaucoup marché, traversé tout plein de duchés, de comtés. Nous sommes même passé en Bourgogne encore, dans l'espoir de t'y rencontrer, mais tu y étais pas. Alors on est reparti en Anjou, en Touraine aussi et puis en Franche Comté.

En Franche Comté, j'étais avec Léandre. Il a tapé son père et volé le château. Parfois je me dis que c'est parce que tu n'es plus à ses côtés. Il tourne mal. Ou peut être parce qu'il est sous influence angevine, je ne sais pas. Mais il a grandi, il est fort, riche et presque beau.

Il est riche parce qu'on a visité le château de Franche comté. Il était même pas bien fermé alors qu'il était drôlement rempli. Donc on s'est servi avec politesse mais ils étaient pas contents les comtois. Des intolérants. Et puis il y avait la duchesse Kilia avec nous. Elle a fait ça pour la gloire de notre Roy mais il paraît que sa bru au roy, une princesse et bah elle a pas aimé. Elle est jalouse parce que Kilia aurait été la préférée je suis sure.

Et toi dis moi, tu es devenue grande chevalière ? Tu as retrouvé ta famille ?

J'espère que l'on se reverra un jour.

En attendant je garde le petit coquillage que tu m'as donné et qui m'a porté bonheur jusque là.

A bientôt, prend beaucoup soin de toi.

Calyce.


Parchemin enroulé soigneusement puis accroché à la patte d'un pigeon qu'elle regardera voler jusqu'à disparaître dans le ciel... Direction là où se trouve la jeune rousse Alterac...
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Dame d’Aillevillers-et-Lyaumont et Déesse-Dahu.
Aleanore
[Sur un banc, rien d’autre à faire]

Oui, car le banc de fer forgé a remplacé le secrétaire, et la lettre joyeuse, au ton persiflent de la blonde duchesse de Château-Gontier cède son tour à la missive aux allures de confession de la brune gracieuse de Chasteau-en-Anjou, comment prendre la mesure des mots déposés sur le vélin, comment saisir toute l’importance des lignes qui dansent sous les noisettes perplexes, inquiètes. Le museau se relève, baigné par le soleil printanier du mois de mars, tandis que les paupières se referment sur les fenêtres de l’âme de l’Etincelle limousine. Qui est-elle pour conseiller une femme qui a été trop souvent éprouvé, qui est-elle pour percevoir l’amour d’une autre alors même qu’elle ne sait se contenter de celui des siens à son égard ? Un soupir s’échappe des lèvres de la jeune fille avant de fixer le vélin vierge sur ses genoux, et la plume est trempée dans l’encrier.

Citation:
A Kilia Chandos de Penthièvre, Duchesse de Chasteau-en-Anjou ..
A Ma Grâce,
A celle qui sait.


Pardonnez-moi mon absence de nouvelles, elle n’est due qu’à de trop longs voyages, épuisants, éprouvants, amusants pour certains, marquants pour tous. Il y a tant à vous raconter que j’ai peur de vous assommer de nouvelles. Je vais mieux, je vais bien, l’oubli a pris la place de la douleur, ne reste que la haine à Son égard, le reste n’est que rires, découvertes, rencontres.

Je suis rentrée chez moi en Limousin après mon passage en Anjou, puis je suis allée à Lectoure en Armagnac et Comminges, ma vie se résume maintenant à des projets fous, irréalisables pour certains, fous comme cette révélation que vous me faites, mais qui suis-je pour juger de la folie de quelqu’un quand on connaît les limites de la mienne. Et comment vous juger sur cet amour quand on sait où le mien m’a menée.. En vérité, Ma Grâce, je ne sais que vous dire à cela, si ce n’est que si la chose était possible, je serai une des premières à vous aider à tout mettre en œuvre pour que cet amour soit récompensé, ne voyez dans tous ces obstacles que le résultat de la jalousie de certains ou certaines, et Dieu punit ceux qui pèchent par envie. Je l’ai rencontré moi aussi, j’ai dansé avec lui, tout comme vous, dans une situation toute autre, dans un cadre moins intime, souvenez-vous de ce bal, il y a de cela quelques années, au Louvres, alors même que je vous croisez pour la première fois. Mes quatorze ans semblent si loin, comme les rires dont résonnait la salle de bal, tous ces commérages innocents nés de l’imagination fertile de la noblesse française et bretonne. Et pourtant, je n’ai pu oublier sa grâce, et son élégance, et oui, Ma Grâce, s’il en fallait un pour vous combler, je pense que ce serait lui, sans hésitation, n’êtes-vous pas la Mère de l’Anjou ? Alors pourquoi pas la Mère de la France ?

Guider les français, les rassurer comme vous avez su le faire pour moi, comme ce rôle vous irait bien, et comme nous aurions une belle reine.. Une femme forte, voilà ce qu’il nous faudrait.. Ne perdez pas espoir Ma Grâce de briller un jour aux yeux de notre Roy, cela ne serait que justice..

Je vous garde dans mon cœur et je prie pour que le Très-Haut et Aristote vous aient en leurs saintes gardes, qu’ils vous préservent des sottises de certains, gardez vous de céder au péché de colère en ce qui concerne l’incompétence de chacun, restez vous-même, celle qui sait et que j’aime.

Avec toute ma tendresse.

Aléanore Jagellon Alterac,
Damoiselle de Concèze.




Lettre scellée, comme leurs destins du reste, et la lettre est déposée à ses côtés sur le banc avec le nécessaire à écrire, tête renversée en arrière pour fixer le soleil à s’en brûler les yeux. Radieux, le ciel rend cet enfer confortable, en fin de compte quand on regarde, combien montent ? Combien tombent.. Inutile de le dire aux gosses..
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