Becs et ongles à la Hérauderie

Beatritz de Tapiolie

De l'Hostel Chambellan, en Dijon, où Béatrice s'était installée sur le conseil de Looÿs, son oncle, deux lettres parvinrent à la chapelle Saint-Antoine le Petit, sise en la capitale.

Citation:

A la bienveillante attention de « Sylvestre », héraut ès généalogie en charge des registres de la Maison de Castelmaure,

Paix & fortune.

Nous vous serions reconnaissante d'amender les registres de la famille Castelmaure, afin d'y porter mention de notre légitime naissance, voici déjà quatorze ans, de Lhise de Tapiolie, Vicomtesse de Chastellux, & Charles de Castelmaure, Duc de Nevers, Baron de Chablis, & désormais de Laignes, Seigneur de Castelmaure.

Icelle eut lieu lors de la retraite de notre feue mère & lors du voyage de notre estimé père à Damas, comme l'acte qu'il a édicté pour nous l'atteste sur l'honneur & devant le Très Haut.

Nous avons été baptisée lors de notre prime enfance à l'abbaye qui nous vit grandir, & nous contacterons, prochainement, un homme d'Eglise bourguignon, afin de faire profession de notre foi & confirmation de ce sacrement.

Fait pour que soit dit.
Béatrice de Tapiolie.

Citation:

Castel de Laurac,
lo dizen de octobre de la annada MCDLVI

Messieurs les hérauts,

Je viens à vous certifier le lignage de Donaisela Beatritz, issue de mon union légitime avec Dòna Lhisa de Tapiolie, Vescomtessa de Castellux.
J'eus connaissance de cette naissance dès mon retour de la riche Damas ; icelle n'étant point masculine, je n'y ai porté qu'un intérêt lointain. Désormais que ma fille, à l'aube de sa majorité, vient réclamer sa reconnaissance, je ne saurais faire plus longtemps œuvre d'ignorance.

Je vous remercie de faire le nécessaire pour mettre dûment à jour les registres de la Maison Castèlmaura.

Carles de Castèlmaura
Coms de Laurac

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Beatritz de Tapiolie

Le messager qui avait porté la requête de la damoiselle de Tapiolie avait fini par s'encanailler dans les bas fonds de Paris, désespérant de revenir sans réponse auprès de sa maîtresse.
De temps à autres, par acquis de conscience, disons plutôt les dimanches où il se rasait, il passait à la chapelle Saint-Antoine, juste pour voir s'il n'avait pas enfin un pli à porter à sa maîtresse, porteur de bonnes nouvelles.

C'est que cela commençait à durer...
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Beatritz de Tapiolie

Elle était à Paris ! Ce n'était plus qu'une questions d'heures, avant de se retrouver au Louvre. Mais avant, avant... Elle n'avait jamais revu son pourtant dévoué messager.
Cela était d'autant plus embêtant que de dévoués serviteurs, il n'y en avait pas foule, au Nivernais, à Chablis, à Laignes ou à Chastellux. Son père n'avait jamais été un très bon gestionnaire de ses terres, et d'autant plus depuis quelques mois qu'il avait quitté la Bourgogne. Pas plus n'avait-il su s'attacher l'amitié de quelque Bourguignon qui eut pu remplir l'office de sénéchal.

La jeune fille, qui n'avait pas dépassé les quinze printemps - mais le printemps serait vite là - s'en alla dans la chapelle Saint-Antoine, près de la greffe des généalogistes. Et elle fredonnait...

-Un jouuuur, Sylvestre viendraaaa...
Un jouuuur, il répondra,
Sous sa plume mon beau rêve enchantéééééé...
Deviendra réaaalitéééé...

Qu'il vienne, je l'attends....
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Beatritz de Tapiolie

Phylogène passait dans les couloirs avec un tas de dossiers sous le bras, quand elle entendit une dame chantonner. Elle s'arrêta et écouta prenant grand soin de ne pas faire choir son travail.

Elle se dirigea vers elle doucement

Bonjour Ma Dame.

Je vous prie de bien vouloir excuser mon confrère et époux Sylvestre qui a eu quelques soucis avec son destrier qui ne voulait plus avancer et il a dû faire appel à son Fournisseur d'Avoine Itinérant (il a eu des soucis de connexion)

Sibella appela un page immédiatement et lui demanda de porter à la dame quelques boissons froides et chaudes et des petits biscuits au miel pour la remercier de sa patience

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Beatritz de Tapiolie

N'ayant pas eu de réponses du héraut ès généalogie, le Père Lyonis décida de se rendre directement à l'hérauderie, il espèrais alors avoir des réponses.

Bonjour à vous nobles hérauts ès généalogie,
Je viens directement ici car je n'ai pas eu de réponse de SYLVESTRE, à propos d'une modification de fiche généalogique. Déjà à propos de mon prénom, c'est "Lyonis", et non "Lyonnis", de plus il manque mon baptême, comme je vois qu'il y est fais mention pour les autres, et enfin je ne comprend pas pourquoi je ne suis point marqué comme "Lyonis d'Appérault dict p27kw", comme ma demi-soeur, elle-même de la branche illégitime.
Je vous remercie.

Beatritz de Tapiolie

La jeune Béatrice avait ravalé la fierté qui lui aurait commandé de faire esclandre. Il n'était pas encore temps de manifester son caractère tout hérité de son père. A sa différence, elle avait une certaine acuité et finesse d'esprit, qui lui poussait à ménager ceux qui pouvaient lui être utiles. Elle avait apprécié la jeune femme qui lui avait répondu, et mangé les petits gâteaux au miel.

Elle aurait pu dire qu'elle avait pourtant eu audience avec Sylvestre en sa MaiSoN, qui lui avait assuré que cette formalité serait très vite remplie. Même, pour être certaine que les généalogistes ne prendraient pas trop de leur précieux temps à ajouter une ligne dans les registres, elle lui avait remis une copie au propre, à simplement vérifier avant d'enregistrer.
Et pourtant, rien, et le messager venu à Paris n'avait pas davantage de réponse...
Le pauvre avait dû mourir, ivre mort, dans un caniveau.

Mais lorsqu'elle avait voulu se présenter au Louvre, à la sortie de l'auberge à laquelle elle était descendue, son valet - un incapable de Chablis, mais au moins avait-il des oreilles - lui fit part de la rumeur qui courait en ville, qui compromettait, pour sûr, son projet : le Duc de Romorantin avait péri, foudroyé, au cours de la nuit, tout comme sa grand-mère.

Béatrice avait de la peine, oui, énormément.
Fort peu pour les Chéroy, qu'elle connaissait pour ainsi dire fort peu ; mais pour le sésame vers le Louvre qu'elle perdait par là. Quelle raison devrait-elle trouver désormais pour s'y rendre, et peut-être y résider ? Voilà ce qu'elle ruminait, lorsque n'ayant rien à faire, elle revint à la Chapelle de Saint-Antoine.

Juste à temps pour entendre que l'on s'enquerrait encore de 'Sylvestre'. Et bien... La pénurie d'avoine durait, c'était certain.
Elle soupira, posa un regard fier sur l'homme qui parlait là. "Appérault".
Avec une once d'amertume dans la voix, elle dit alors :

-« Estimez-vous au moins content d'être dans ces registres... Leur demander d'être exhaustif est peut-être trop. »
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Beatritz de Tapiolie

Le Père Lyonis qui attendait toujours une réponse des hérauts, fut abordé par une femme, quand elle lui fit une remarque il sentit tout de suite que ce n'était pas un ton accueillant.

Il répondit alors sur un ton plus doux.

Oui en effet c'est déjà bien que je sois dans les registres, mais demander d'avoir au moins le nom écrit correctement et un monimum d'information me paraît indispensable pour une bonne fiche.

De plus et j'y pense actuellement, ils ont oubliés mon fils adoptif.

Beatritz de Tapiolie

Sibella s'apprêtait à rentrer chez elle, afin de retrouver son fils et son époux légèrement souffrant, quand elle vit des gens attendre.
Elle retrouva à nouveau la dame, puis un nouveau Messire.

Ma Dame, Messire, je suis confuse de votre attente. Mais soyez persuadés que le généalogiste Sylvestre fait son possible pour venir icelieu, étant retenu actuellement en dehors de Paris.

Sinon, je vous conseillerai, si je puis me permettre, de passer ces fêtes tranquillement en vos terres et je suis persuadée qu'à la rentrée notre Héraut sera revenu pour répondre à vos interrogations.

Une nouvelle fois, le page arriva suite à un signe de main de Phylogène, apportant pâté ressemblant au foie de canard, pain chaud, biscuits, gâteaux au chocolat, hydromel et hypocras ainsi que jus de fruit et eau.

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Beatritz de Tapiolie

Etrangement, ce furent ces mots, plus que tous ceux précédemment dits, qui mirent réellement Béatrice hors d'elle.

-« En nos terres ? En nos TERRES ? Mais avez-vous conscience de ce que vous dites ? Je vis sur les terres de Sa Seigneurie mon père, je n'ai pas de terres en propre. Je n'ai pas de terres !
Sa Seigneurie mon père prévoit de me léguer, et de léguer à mon frère, ses terres bourguignonnes, dont il ne s'occupe plus. Mais vos statuts, que vous devez bien connaître, disent :

"Pour céder un ou l'intégralité de ses titres de son vivant à son enfant, il y a plusieurs conditions :

* que le mariage du couple soit valide ;
* que la descendance légitime du couple soit enregistrée par les Hérauts ès Généalogie."

Le mariage de Leurs Seigneuries mes parents était valide. Et cela fait un mois, oui, un mois, que j'attends que l'on renseigne une ligne dans la fiche des Castelmaure pour être reconnue par la Hérauderie, lors que je suis déjà reconnue en bien d'autres endroits, en Bourgogne, au Louvre ! N'est-ce pas une chose que vous pourriez faire, vous, Dame de Vissac ? Car enfin, vous m'envoyez fêter la fin d'année, la Saint Noël et la Nativité de Christos sur mes terres, mais si je n'en ai toujours pas, c'est bien la faute de la Hérauderie ! »

Et sur les blanches joues de la jeune fille d'une quinzaine de printemps, c'était le courroux, la colère et l'amertume qui s'étalaient en plaques rouges.
D'un geste rageur elle attrape un petit pain chaud et le décomposa minutieusement en petites boulettes avant de les enfourner dans sa bouche.
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Beatritz de Tapiolie

Damoiselle, plutot qu'elever la voie et exprimer courroux, légitime ou non j'avoue ne pas avoir mis mion nez dans cette affaire. Gagez que de calme et qu'un de vos charmants sourrires seraient largement plus efficaces.

Le rouge des joues est ceans, mais les rides de colère alterent votre beauté naturelle.
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Beatritz de Tapiolie

La jeune fille fronça le nez d'un air désapprobateur :

-« Il n'est pas, Monsieur, dans mes habitudes de supplier à genoux les yeux baignés de larmes. Ma requête est légitime, et les institutions du Royaume sont tombées bien bas s'il faut plus d'un mois pour dire simplement "Cette fille est la fille de cet homme".

Mais de calme je ne saurai garder quand je me fais renvoyer sur "mes" terres, lors que c'est bien par la faute de mon interlocuteur que je ne puis encore en avoir en propre.

Quant à ma beauté, je la sers à ceux qui me plaisent et ne suis pas dérangée d'en priver ceux qui me privent de mes droits. »
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Beatritz de Tapiolie

Après 4 mois d’attentes , Johanara qui n’avait point envie de voir sa famille enregistrée lorsqu’ils seraient tous morts , ramena sa jolie personne en la Chapelle des Hérauts comme sa Grandeur la Comtesse de Ségur le lui avait conseillé.

A Auch , capitale de l’Armagnac et Comminges , on n'avait daigné accordé ne serait ce qu’un regard à cette fiche qu’elle avait mis des heures à dresser , ses illustres ancêtres ayant tous des noms à rallonge!

Bien le Bonjour. Je vous souhaite à tous de très bonnes fêtes.

J’aimerais faire enregistrer ma famille, « Sylvestre » n’étant jamais passé au bureau des Hérauts en Armagnac je me permets de venir faire ma demande icelieu.

Elle fit un petit sourire poli à la jeune fille brune qui semblait patienter depuis quelque temps.
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Beatritz de Tapiolie

Baronne de Lignières, je suis ravie de vous revoir ici.

En effet, vous avez déposé votre demande d'enregistrement de fiche le 28 septembre, donc pas 4 Mois encore mais 3 à ce jour.

johanara a écrit:

on n'avait daigné accordé ne serait ce qu’un regard

Je suis venue vous accueillir le 29 en vous indiquant le nom du généalogiste qui prendrait en charge votre famille, donc Sylvestre, j'ai porte un regard sur votre fiche, oui, oui, je vous assure.

En effet, Sylvestre n'a pu venir rapidement (problème de connexion et maladie) mais croyez bien Baronne, que nous accordons un grand intérêt à votre demande. Sylvestre va être de retour très prochainement et je suis persuadée, que votre visite retiendra toute son attention.

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Beatritz de Tapiolie

Un charmant sourire étira les lèvres purpurines de la Baronne tandis qu’elle inclina le chef avec respect.

Bonjour Dame , je suis ravie également , vous êtes toujours aussi souriante.
Vous m’aviez accueilli très aimablement il est vrai mais personne ne m'a renseigné. Peut on au moins me dire si tout est conforme ? Les certificats de baptême sont ils indispensables?

Je vais donc attendre le retour du Héraut mais sincèrement ça commence à être long…Un autre Héraut ne pourrait pas s’en charger? Enfin je suppute que tous doivent être débordés de travail…
Merci tout de même.

Se demande si elle doit sortir son tricot …
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Beatritz de Tapiolie

Festivités de la Nativité mes dames
Je comprends votre impatience et vos grondements, si fait je vous assure.
Gagez que c'est un contre temps (oui pour l'une d'entre vous un sacré contre temps c'est vrai). Tout ce que je puis faire en l'attente d'un héraut généalogistes qui viendrait avec vos esperances ecrites c'est de vous faire patienter dans les meilleures conditions.

Vous avez donc eu tout a fait raison toutes les deux de venir en personne. Je vais voir a arracher à leur poularde et autres goseries un héraut compétent en matiere héraldique, dusse je le faire moi même si demain personne ne vous a porter réponse.

J'ai donc pris sur moi de vous faire porter un bon repas et une dive bouteille de ma cave personnelle ainsi que chouquettes et macarrons proverbial en Royaume de France.

Qu'on ne puisse pas dire que si l'attente est longue (ce qu'elle est) vous ne futes point acceuillis et choyés pendant cette période festive.
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Becs et ongles à la Hérauderie

Beatritz de Tapiolie

De l'Hostel Chambellan, en Dijon, où Béatrice s'était installée sur le conseil de Looÿs, son oncle, deux lettres parvinrent à la chapelle Saint-Antoine le Petit, sise en la capitale.

Citation:

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Beatritz de Tapiolie

Baronne de Lignières, je suis ravie de vous revoir ici.

En effet, vous avez déposé votre demande d'enregistrement de fiche le 28 septembre, donc pas 4 Mois encore mais 3 à ce jour.

johanara a écrit:

on n'avait daigné accordé ne serait ce qu’un regard

Beatritz de Tapiolie

Alors qu'elle avait trouvé une occupation fabuleuse en salle des caducées - compter ses doigts, mais ne le dites pas au Roy d'Armes - la Blonde prêtait une oreille distraite au tapage que donnaient deux jeunes femmes dans la greffe des héraut ès généalogie. Ces deux femmes quémandaient Sylvestre...Pourquoi auraient-elles Mnémosyne ? Elles voulaient un homme et non pas une Blonde ! Alors, se sentant peu concernée elle s'était occupée de ses familles tranquillement après avoir vérifié une bonne quinzaine de fois qu'avec ses deux mains elle pouvait se targuer d'avoir dix doigts. Et puis... Tourraine était venu demander à ce qu'une des deux généalogistes présentes s'en occupe ; Mnémo s'était proposée... C'est donc de bonne humeur qu'elle passe la porte ô combien protégée de la salle des Caducées pour se rendre à la greffe et y trouver... La rousse ! Cette rousse qui s'était acoquinée avec son frère ! Seigneur devait-elle vraiment traiter avec une rousse ? Alors qu'elle envisagait de faire demi-tour son serment passa en boucle entre ses deux oreilles... Abnégation.

- Bonjour mes dames ! Je suis Mnémosyne, pour vous servir. Comme l'a demandé l'homme qui va faire le bonheur de vos palais, je vais m'occuper de vos requêtes. Sans trop prêter d'attention aux dames et en essayant de ne pas trop faire attention aux cheveux de la baronne de Lignières elle s'empara des documents puis, avec une légère inclinaison du buste les regarda avant de s'éclipser ; vite fait bien fait, pas trop de roux dans le regard. Je vais remplir vos demandes le plus rapidement possible et vient vous voir dès que ce sera fait. En attendant, je vous laisse vous régaler avec les merveilles de notre Maréchal.
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Beatritz de Tapiolie

Froncement de sourcil rageur, du côté de la Tapiolie.

-« Ah oui, festivités de la Nativité ? Il y a un mois aussi, c'étaient les festivités de la Nativité ? Ce n'est pourtant pas sorcier... Dans sa MaiSoN même, Monseigneur Azdrine de Vissac m'avait dit que cela serait fait dans les meilleurs délais. Ajouter une ligne dans un registre, grand dieu ! Est-ce donc si long ? »

Mais Béatrice de Tapiolie finit par s'arrêter de pester. Somme toute son interlocuteur venait de l'assurer qu'il allait chercher un héraut compétent pour cela, et qu'importait que ce fût "Sylvestre" ou un autre.
A l'ouïe des mots "poulardes", "chouquettes", "macarons", ses yeux brillèrent, même si elle tâcha de les garder dans leurs orbites. Gourmande, hélas pour ses hanches, qui devaient devenir dans les années qui suivraient plus larges que celles de sa mère ne l'eurent jamais été.

Alors arriva une blonde qui avait déjà vu passer bon nombre d'années, en regard de la jeune Béatrice de Tapiolie.
Malgré sa hauteur et sa prétention, face à cette femme qui prétendait régler, enfin, son problème, la jeune fille aux cheveux de jais s'inclina.

-« C'est un honneur, dame Mnémosyne, de constater que là où les hommes se font désirer, les femmes sont à l'œuvre et les suppléent mieux qu'il n'auraient fait. »

Et une flamme de fierté toute féminine s'était allumée dans son cœur. Oui, son père l'avait préférée à son frère, pour l'héritage, lors qu'il l'avait si longtemps négligée dans son couvent, sans même un regard, dans l'attente de cet héritier mâle qu'il voulait tant.
Elle l'avait emporté sur son frère... Et les généalogistes lui donnaient lieu de penser qu'il n'y avait vraiment qu'aux femmes que l'on pouvait se fier. Ses doigts se fermèrent sur une chouquette, et elle la porta à ses lèvres purpurines.
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Beatritz de Tapiolie

Alors qu'elle venait juste de classer le testament du Castelmaure la Blonde s'empara d'un velin, d'une plume et d'encre pour coucher son écriture si petite que peu lisible a l'attention de la demoiselle de Tapiolie. Tandis que son buste se penchait sur la table de chêne, son esprit voguait vers la jeune femme ; enfin une jeune noble montrait cette prestance si caractéristique due aux augustes familles de grande noblesse. Le nouveau cru d'héritiers était-il plus raffiné que le précédent ?

Citation:

A la Dame Béatrice de Tapiolie,
Salut et Paix.

Par la présente missive, je vous informe que vos souhaits quant à la généalogie Castelmaure ont été réalisés. Désormais, vous tenez votre place légitime dans la fiche généalogique de votre famille et de même, le titre d'héritière. En outre, le testament de votre père que vous nous avez transmis est aussi duement classé dans nos resgistres du Scriptorium.
Toutefois, pour plus de légalité je ne saurais que trop vous conseiller de nous faire parvenir rapidement votre certificat de baptème. Dès que nous l'aurons, il sera ajouté à nos dossiers.

Encore de nombreuses excuses pour l'attente que ces simples démarches ont occasionnées,
Qu'Aristote veille sur vous et votre famille.

Estelle de Varenne - Mnémosyne.

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Beatritz de Tapiolie

Citation:

Sous l’œil du Très Haut,

Ce jour d’hui, le vingt-troisième jour de décembre de l’an mil quatre cent cinquante six, nous, Carles de Castèlmaura, sain de corps et d’esprit, mais conscient de la brièveté de la vie, dictons notre testament au notaire de aurac, en présence de Phelipe de Saunhac, notre frère, Jehanne de assagnes-Begonhès, notre mère, et Bernard, notre fils.

S’il nous restait des dettes, au jour de notre décès, qu’elles soient payées.

Qu’ensuite tous nos biens, meubles et immeubles, nobiliaires et honorifiques, soient légués à notre aînée, Beatritz, issue de notre union légitime avec feue Lhise de Tapiolie.

Qu’il soit rendu à Beatritz de Tapiolie tous les égards dus au prestige de la maison de Castèlmaura que nous représentons, et qu’elle soit bénéficiaire par quiconque, administrations royales comme interlocuteurs, des honneurs qui doivent être rendus à ceux membres d’une famille qui s’est illustrée dans le service du bien de la Couronne au sein de la Pairie de France ;

Qu’ainsi ladite nouvelle Duchesse du Nivernais, Comtesse du Lauraguais, Vicomtesse de Chastellux, Baronne de Chablis et de Laignes, Dame de Castèlmaura, Béatrice, prenne la direction de la maison Castèlmaura et la tutelle de son frère, Bernard, issu de notre union légitime avec feue Maialenn de Mazerolles, jusqu’à sa majorité, et que durant toute sa vie, elle veille à pourvoir aux besoins de notre fils.

Qu’à ces fins, notre héritière octroie une seigneurie sise en Nivernais audit Bernard, son frère, et que la non application de cette clause soit motif de dénonciation du présent testament, au profit dudit Bernard, notre fils.

Que pour veiller à la bonne application de nos dernières volontés, Phelipe de Saunhac, notre frère, soit fait exécuteur testamentaire.

Suivant la coutume, révoquant tous autres testaments que nous pourrions avoir faits avant le présent testament ci-devant et même ceux que nous pourrions ci-après faire, à moins que ces mots, in cana domini, n'y soient insérés par clauses et marques de révocation du présent testament.

Lequel a été ainsi dicté et nommé par nous, Carles de Castelmaura, Duc du Nivernais, Comte du Lauraguais, Vicomte de Chastellux, Baron de Chablis et de Laignes, audit notaire et en présence desdits témoins sans suggestion d'aucune personne, lu et relu par le notaire de Laurac susdit en présence aussi desdits témoins, que nous avons dit bien entendre et voulons qu'il soit exécuté selon sa forme et teneur.

Fait et passé au château de Laurac, signé desdits témoins et de nous.

Carles de Castelmaurà

Phelipe de Saunhac

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