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[RP] La juge d'Anjou enlevée!!!

--Majsque
RP bien entendu ouvert à tous et avec le plus grand plaisir. J'ai bien un fil directeur dans la tête, mais si ca doit amener du monde je le briserai avec plaisir. Alors n'hésitez pas.


[Dans les rues autour du tribunal]

Plusieurs jour qu'il peaufine son plan, plusieurs semaines qu'il prépare tout ce dont il aura besoin. C'est qu'on enlève pas la juge d'Anjou dans son tribunal sans un bon plan bien ficelé. Majsqué eut beau réfléchir à nouveau à celui-ci, il le trouvait parfait!
Pas la moindre chance que ca puisse tourner en eau de boudin. Il se frotta les mains et fit un sourire carnivore. Dans quelques heures il serait parti au nez et à la barbe des gardes avec la conseillère ducale dans ses sacoches.


Bien... tout est ok, le timing doit etre bon.
Allumons la torche.


Le bonhomme masqué de noir avait travaillé une bonne moitié de la nuit. Les 5 barils spéciaux qu'il avait confectionné avaient été placés aux endroits stratégiques, couvrant les embranchement de rues qui donnaient sur l'entrée du tribunal.
Ils étaient composés de 4 étages. Séparés par de fines couches de bois tandis que le reste du tonneau était plus épais. Le dernier étage ne comportait pas de couvercle, et présentait les orifices de plusieurs embouts tubulaires.
Majsqué alluma une petite torche à l'aide de son briquet d'amadou et alluma l'étage le plus bas du premier baril, chargé de combustible. Il prit ensuite les jambes à son cou pour aller allumer le plus vite possible les autres barils, puis jeta la torche.

On était en fin de matinée, la journée était douce et fraiche quand une épaisse fumée commença à gagner les rues devant le tribunal. Le deuxième étage des barils prenait feu. Les petits orifices percés sur les cotés des barils laissaient échapper la fumée et permettait au feu de prendre de l'ampleur.
Le kidnappeur grimpa sur sa charrette, près à se glisser à l'arrière du tribunal. Il était resté dans l'ombre, sa cape, son chapeau et son masque le protégeant des regards des curieux, du moins en était il persuadé puisque c'est ce que les kidnappeurs étaient supposés faire. Sauf que d'habitude cela ne se passe peut être pas en pleine journée et en pleine rue...
La diversion commençait. Certains commençaient à se demander ce qu'il se passait et du mouvement s'entrevoyait au tribunal.


Fuhuhuhu!
Un plan fameux!
Ca va marcher héhé...
--Majsque
Quelques minutes supplémentaires à attendre impatient prêt à guider la mule. Quand enfin retentit le son libérateur:

Bim! Bam! Boum! Vl'an!

Le troisième étage chargé de pomme de pin et de résine avait pris feu déclenchant des pétarades depuis chaque baril. L'interrogation due à la fumée commença à se transformer en franche agitation, partagée entre les curieux et les inquiets. Les gardes étaient prêt à en découdre, les religieux psalmodiant déjà tandis que les enfers s'ouvraient et se préparaient à déverser des hordes de démons sur eux.
Majsqué fit avancer la charrette derrière le tribunal, puis se faufila par une fenêtre. Il se glissa hors du petit bureau, jeta un oeil dans le couloir...personne...


Phase deux! trouver un uniforme!

Une corde sortie de son baluchon qu'il fixe au bouton de la porte et fais glisser le long du sol. Le kidnappeur traverse prestement le couloir, la corde à la main et entre dans le bureau d'en face, aussi désert. La porte est pratiquement refermée quand un bruit de pas arrive. Coup d'oeil jeté par l'entrebâillement. Le garde est piégé au moment ou il passe. Le bonhomme a tiré la corde et l'a arrêté net par le cou. Le garde ne suffoque pas longtemps. une anesthésie de professionnel lui vient en aide.
Le corps est tiré et mis à nu dans le bureau. C'est donc un Majsqué grimé en garde, le chapeau dans son baluchon et la masque toujours sur le visage qui parcours le tribunal pour finir devant le bureau de la juge.
Il plante le mot préparé à l'avance dans la porte avec une dague et entre avec empressement dans le bureau:


Venez avec moi! On est attaqué! Des sorciers sont avec eux!
Dépêchez vous! Je vais vous conduire à l'abri!
Linon
Très occupée à se mirer les ongles, la juge sursauta violemment quand un garde surgit dans son bureau en braillant.

Hein? Quoi?? Attaqué? Mais par qui? La Touraine, le Maine? Euh.. le Poitou??

Le dernier était le pire de tous aux yeux de Linon, car même si la position officielle de l'Anjou était une grande amitié éternelle avec son voisin et ancien ennemi, la jeune femme avait la rancune tenace et les souvenirs sanglants toujours à fleur de coeur. Jamais elle ne pardonnerait au Poitou. Pas plus qu'au Périgord-Angoûmois. Ou à la Bourgogne.

Mais le garde la tirait déjà par la main sans répondre.


Des sorciers? Des sorciers poitevins? Quelle horreur... Et la duchesse, vous l'avez mise en sécurité?

Ils étaient déjà sortis et le garde la faisait monter dans une charrette, à la grande surprise de Linon qui avait pris des habitudes un peu moins rustiques depuis qu'elle était conseillère.

Euh... on va où? À la prévôté? À la caserne?


Subitement, une idée la fit se redresser.

Oh ! La proc ! On a oublié le procureur ! Faut retourner la chercher, je ne veux pas qu'elle soit infectée par des sorciers !

Et la petite juge d'entreprendre de passer une jambe par dessus le bord de la charrette pour en descendre.
--Majsque
Le kidnappeur masqué grimé en garde essayait comme il pouvait de faire avancer la juge qui lui servait question sur question. Ce que la panique ne vous fais pas faire quand même! Elle qui présente un visage si autoritaire et maitre de toute chose pendant l'audience pétille d'interrogations plus ou moins fondées en dehors. Le mot planté sur la porte de l'enlevée était celui-ci:

Citation:
Aux dirigeants angevins:
Si vous voulez retrouver votre Délicieuse et Grandissime juge en un seul et Magnifique morceau,
ne faites rien, ne tentez rien!
Nous vous contacterons en temps voulu.
signé: un dangereux qui en veut à votre juge

Il espérait pouvoir gagner suffisamment de temps grâce à cela.
Ahhh mais voila qu'elle essaie de descendre de la charrette maintenant! Elle est insupportable comme kidnappée.
Majsqué la regarda d'un air énigmatique derrière son masque avant de grommeler d'une voix rauque tout en lui barrant le passage:

C'sont des sorciers brigands! Sait pas encore d'ou qu'y sortent pardi!
La proc suit un autre garde d'son côté.
La duchesse a prévu ces mesures d'urgences avec des procédures à suivre pour chacun.
Moi je dois vous conduire dans une place sure, saine et sauve alors restez dans la charrette ou je serai obligé de vous attacher.
Si les brigands vous attrape on m'pendra alors faites c'que j'dis.

Il grimpa à ses côtés, lui passa délicatement une cape sombre sur les épaules et rabattit le capuchon pour qu'on ne la reconnaisse pas, ses doigts effleurant ses cheveux dans une caresse retenue. Prestement il enleva son casque et fit de même, son masque toujours sur le visage. Il fit claquer les rênes. La mule hennit puis la charrette se mit en branle.
A ce moment, le dernier étage des barils prit feu dans un parfait timing. Des fusées partirent en l'air couvrant la fumée d'illuminations et les rues de détonations.
Linon
Empêchée de descendre, Linon retomba sur le banc de la charrette.

Bon, bon... si tout est prévu... je ne voudrais pas que vous soyez pendu.

Alors qu'elle tendait le cou vers le bâtiment pour essayer de voir si la procureur en sortait, voilà qu'on lui plaçait une cape sur les épaules, en en rabattant une capuche bien trop grande qui lui masquait tout le haut du visage, dont les yeux forcément. Elle renversa la tête en arrière pour essayer de voir par en-dessous. Mais elle n'aperçut qu'un morceau du garde habillé de la même manière. Bizarre quand même... pourquoi un garde se dissimulait-il?

Mais elle n'eut pas le temps de lui poser la question car alors que la charrette démarrait, de violentes détonations éclatèrent derrière eux. La petite juge poussa un cri d'effroi en agrippant peureusement le bras du garde, et se tourna à moitié vers l'origine du bruit en renversant encore la tête encapuchonnée en arrière, mais sans rien voir.

Mais... ! C'est Titou !

Elle se mit à secouer le bras du garde.

Faites demi-tour ! C'est le Maje Letiti qui fait tout ce boucan, pas un sorcier poitevin... C'est sa majie blanche, j'la reconnais très bien. C'est très beau normalement... Allez, demi-tour !
--Majsque
La juge obtempère tant bien que mal. Mieux vaut tard que jamais. Et s'accroche même à son bras lorsque que les explosions retentissent. Pas pour déplaire à notre kidnappeur ca.
Sauf que le plaisir est de courte durée puisqu'elle commence à le secouer comme un prunier.
La charrette est bien éloignée du tribunal maintenant, mais la juge trouve encore le moyen de lui brailler dans les oreilles. Quelle femme énergique! Jamais le temps de s'ennuyer. Une vraie merveille.
Majsqué se tourne vers elle et ôte sa capuche. Il allait lui répondre quand un fou rire le prend. La petite juge accrochée à son bras, la tête penchée en arrière pour voir quelques morceaux de la pièce qui se jouent tout en commandant des ordres. C'est trop pour lui.


Oui!
Je crois bien que vous avez raison!
Ce ne peut être que lui pour faire un coup pareil.
C'est pas de la Majie de bas niveau ca.


Les rênes sont gardées dans la main gauche, puis d'un mouvement il ôte son masque et entoure la belle de son bras, récupérant les rênes au final. la serrant tout contre lui, il reprend sa voix normal et lui adresse un baiser sur la joue suivi d'un éclatant sourire. La charrette continue sa route comme si de rien n'était.


Heureusement que je me suis dépêché.
On te trompe pas longtemps mon Trognon.
C'est ton Titou qui te kidnappe justement.
J'ai quelque chose de très important à te montrer et je te veux rien qu'à moi pour quelques heures.
Aussi j'ai du organisé une petite mise en scène.
Linon
Elle le secouait encore quand le garde partit dans un formidable éclat de rire. En voilà des manières ! Encore un qu'il faudrait faire pendre... à ce rythme soutenu de consommation de gardes, toute la garnison allait y passer.

Linon se débattit avec sa capuche pour foudroyer du regard l'impudent, et tomba nez à nez avec le merveilleux Maje lui-même alors qu'il lui entourait la taille pour la presser contre lui. Elle resta un instant stupéfaite.


Oh... Titou... !


La surprise laissa place à un sourire radieux et la petite juge oubliant sur le champ les affaires urgentes du tribunal, s'abandonna contre son ravisseur, le très bien nommé.

Un enlèvement? Je sais bien que je suis très prise, mais j'aurais certainement réussi à m'échapper quelques heures ... la nuit par exemple. Et euh... tu ne crains pas d'avoir alerté toute la garnison avec ton tonitruant stratagème?


Linon jeta un coup d'oeil en arrière avec inquiétude et prit conscience de la route qu'ils suivaient.


Faut vraiment qu'on aille dans le Poitou pour que tu me montres ...? C'est quoi d'ailleurs, une nouvelle invention?


Heureusement, la charrette finit par s'arrêter avant de passer la frontière dont Linon était sûre qu'elle était gardée par des tas de poitevins sanguinaires guettant son arrivée.
Letiti
Le sourire du philosophe s'agrandit alors qu'il garde sa victime contre lui.

J'adore te dérober du temps la nuit, mais j'ai besoin d'un petit peu de jour.
En tous cas, j'espère bien qu'on a du monde à nos trousses.
Enfin aux miennes surtout.
C'est important pour le côté épique!


Le Maje profitait de la journée fraiche mais belle et sa dulcinée entre les bras.
Nouvelle protestation de Linon, cette fois sur la direction. Il rit intérieurement une fois de plus devant son caractère. Mais les voila arrivé.
La tour carrée se dessinait entre les arbres... plus que quelques mètres, ponctués par les cris des corneilles. Il stoppa la charrette...enfin il essaya..jura un coup, puis vint à bout de la carne récalcitrante.
La mine bougonne fut vite effacée et il sauta a bas du véhicule tendant la main pour aider Linon à descendre.


Regarde!
Nous voila arrivé!
Devine ou on est.
Voila les terres dont Kilia veut m'offrir la charge: Lenay
Une vieille et grande tour avec quelque chose de confortable à la base...et de noirs volatiles non loin...même s'il y a quelques moineaux dans le tas.
Suis sur qu'il y a une salle intéressante en haut de la tour, et regarde la profonde forêt par la.
Qu'est ce tu en pense?
...Vivre ici...je..


Il se tourna vers Linon lui tenant toujours la main. Sa voix se figea tandis qu'il allait enchainer, brusquement stoppé par ses yeux bleus.
Le temps de retrouver contenance, de reprendre son courage à deux mains, il lui lâche la main doucement et attrape les provisions et la toile qu'il avait entreposé à l'arrière de la charrette.


Oh! euh..
j'ai..pris de quoi faire un petite pause gastronomique aussi...


Le trac lui clouant toujours la gorge, il déplie d'un geste fébrile la toile au sol et dépose le panier.

_________________
Linon
Elle posa la main dans la paume tendue et descendit de la charrette. Le regard bleu sombre balaya les alentours, partagé entre incrédulité et ébahissement, avant de s'illuminer de joie en revenant au visage joyeux de l'homme qui lui tenait toujours la main.

Oh ! Titi... ! Mais c'est immense ! J'pensais pas que ça serait si grand. Et tu as vu? il y a une tour carrée ! ça mange quoi les corneilles à ton avis?

Elle regarda plus attentivement autour d'elle alors qu'il perdait ses mots.

Oui... c'est un vraiment un très bon endroit pour toi. Kilia te connaît vraiment bien pour l'avoir choisi. Je t'imagine tout à fait en seigneur des lieux. Avec l'enfant quand je ne serai plus là, ajouta-t-elle en pensée, serrant un peu la main de Titi.

Celui-ci installait un pique-nique improvisé qui rappela à Linon qu'elle mourait de faim. Elle se laissa tomber avec plaisir devant la nappe et sourit tendrement à Titi, oubliant ses pensées tristes.


T'as pas trouvé des fraises? Ou des pêches? Mmhh... il doit y avoir des mûres dans ce bois, non?
Letiti
Il était content... elle semblait trouver l'endroit à son goût. C'était indispensable pour lui. Un vagabond ne laisse pas ses fiers chemins sans bonne raison. Et cette raison s'est imposée à lui.
Finalement il est plus égoïste que vagabond le Maje. Il fait ce qui lui plait, il calque sa vie sur ses désir. Les grandes idées n'auraient qu'à suivre. Pas question d'être un suiveur, il voulait être un meneur. Il était et resterai le guide de sa propre vie.
C'est peut être pour ca qu'il avait la gorge sèche. Des choses qui étaient complètement sans importances pour lui avant en prenaient.


Tout à ses réflexions pour sortir de sa tétanie, il butta sur un mot de Linon une main dans le panier.
Des fraises?!
Euh...Oh si j'ai trouvé quelque chose mon Trognon.


Il fourrage prestement le panier, le trac envolé. Un grand sourire aux lèvre il sort un bocal.

Des prunes qui macèrent dans l'alcool.
C'est sucré au moins! Enfin pas que, mais c'est tout ce que j'ai pu trouvé pour la saison.


Le petit bonhomme se relève, ouvre le bocal et recommence à parler... regardant ses pieds d'abord puis relevant les yeux vers elle au fur et à mesure que les mots sortent. Le bocal se déplace de droite et de gauche avec ses mouvements.

Tu vois cette tour... ces terres... j'aurais jamais cru que j'en aurai un jour, j'étais comme le petit joueur de fluteau. Et je t'ai rencontré. Et pour toi j'ai envie de posséder un domaine, de nous mettre à l'abri du besoin.

Le petit bonhomme se tourne. Il montrait la tour, cette fois, il montre l'horizon.

Je n'aurai jamais pensé non plus me baptiser un jour... Tu sais les réticences que j'ai eut...Tu sais mes anicroches avec les religieux. Et je t'ai rencontré. Me voila baptisé, oubliant les fausseté des curés... pour toi.

Il revint vers elle et senti le besoin de tourner encore une fois autour du pot (pas celui qu'il avait dans les mains! Le pot métaphorique... z'allez me plomber mon ambiance). Se perdant cette fois dans les deux abimes de ses yeux.

Beaucoup de choses ont changées... énormément... et j'en suis très heureux... j'en suis très fier... Et j'ai encore besoin de toi...

Les derniers mots sont la seul mention au bébé qui grandit en son sein. Elle qui préfère s'exiler au couvent plutôt que de vivre sous l'opprobre de la population. Il ne voulait pas qu'elle s'en aille.
Ces mots furent les seuls parce qu'il ne souhaitait pas que cet état de fait fut la raison de son geste. Même si ses mots allaient pouvoir apporter une solution, il les aurait dit sans le fruit de leur passion interdite.
Prenant une dernière et profonde inspiration...


Ma Linon, pour toi j'ai encore envie de faire quelque chose que je n'aurai jamais pensé faire.
Mon aimée, accepterais tu de devenir ma femme devant Dieu?
Veux tu m'épouser?

Le philosophe tout tremblant tend les mains vers elle pour lui montrer la bague rituelle... sauf qu'il a toujours le bocal de prunes alcoolisées dans les mains, et c'est celui ci qu'il avance vers elle en offrande. Les yeux rivés dans les siens, le sang battant à ses tempes, il n'en a rien remarqué.
_________________
--Klesiange



Enfin… le voilà arrivé à sa première destination après plusieurs jours d’une chevauchée farouche depuis les Flandres. Le marchand anglois qui l’avait convaincu de choisir ce pur sang andalou venait de redonner un peu de cote à cette île pourrie qu’il déteste tant. C’est donc un Kles satisfait qui flatte l’encolure de l’animal avant de confier les rênes à un garçon d’écurie. Les bras croisés, admiratif, il s’accorde un bref instant de repos, juste le temps d’observer la succession de tours grises du château du Roi René. Puis il commence la pêche aux informations.

Il ne tarde pas à apprendre qu’elle est juge d’Anjou. Ca ne l’étonne qu’à moitié. La bourse un peu plus légère, il prend aussitôt la direction du Tribunal.

Un bâtiment d’une belle architecture… dont la contemplation est aussitôt gâché par de bruyantes détonations. Ca bouge dans tous les sens, certains paniquent. Alors ses puissantes épaules jonchent le chemin qu’il se fraye de badauds propulsés. Arrivé sur les marches de l’enceinte judiciaire, il observe. Les gardes sont sur les dents, ils ne laisseront personne rentrer. Son regard est attiré par une scène qui semble leur échapper. Il s’avance un peu, les yeux rivés, l’acier perçant… Une longue natte, la peau pâle, ces petits gestes bien à elle… il l’a retrouvée. Un garde est en train de la faire monter dans une charrette. Mais l’attitude de celui-ci et les apparences de l’évacuation sèment le doute dans son esprit, quelque chose cloche. Nouvelle série d’explosions… son attention vient d’être détournée, le géant blond les a perdu, ils ont filé.

Pestant et courant dans les rue d’Angers, il récupère aussi vite qu’il le peut son destrier. Le martèlement strident des pavés rythme sa course jusqu’à l’endroit du faux bond. Au loin, par-delà des portes de la ville, il aperçoit une élévation de poussière. Les bottes durement enfoncées dans les flancs intiment l’ordre à sa monture de partir au triple galop.

Le nuage de poussière était formé par un groupe de sentinelles montées. Il a bien fait de les suivre, ils ont probablement flairé la même entourloupe. Dépassant sans peine la petite troupe abasourdie, il poursuit le même chemin…

…lorsque soudain il aperçoit le véhicule qui l’avait semé. Il est à l’arrêt et personne ne semble l’occuper. Un imperceptible rictus de dégoût traverse le visage de Kles. L’imposteur a dû passer à l’acte. S’il arrive trop tard, le molosse n’aura plus qu’à transformer les environs en vraie boucherie.

Les semelles claquent au sol, le flamand s’avance d’un pas vif et puissant en direction de la charrette, la main sur le pommeau de son épée.


Je vais le rosser… je vais le dérouiller… je vais l’éclater… la pression sur le pommeau augmente… la lame sort lentement du fourreau en un geste glacial, il est à la hauteur de la charrette et ne voit toujours rien… Ca le stress, il fallait le faire et ça le met dans un état second… ses bottes s’enfoncent lourdement dans la terre, tous les muscles de son corps prêts à exploser….

Je vais le saigner ! Je vais le découper ! Il va les bouffer ! Après je vais le refroidir, l’anéantir, l’humilier, l’empaler, le crever !

Le débit cathartique s’arrête aussi net que ses jambes. Il n’en croit pas ses yeux. Linon est face à lui, toute souriante, un panier en osier la sépare du faux garde qui lui tend un bocal de prunes alcoolisées de ses deux mains tremblantes.
Linon
Elle ouvrit de grands yeux surpris puis ravis en découvrant le bocal de prunes. Son aimé était décidément parfaitement attentionné et toujours prêt, quelles que soient les circonstances. Il se leva et ouvrit le bocal que Linon dévorait des yeux, mais voilà qu'alors qu'elle tendait déjà la main pour se servir, Titi oublia qu'elle était affamée et se mit à aller et venir bocal en main.

D'abord, elle suivit le bocal des yeux en écoutant un peu distraitement le discours, mais son attention fut détournée par les paroles de son philosophe quand il évoqua son baptême. Cette affaire avait été tellement mystérieuse pour elle, mise au courant au dernier moment... Titi lui avait tenu de longs discours sur sa conception du monde et de la vie, la religion et ses codes n'en faisaient pas partie. D'où sa grande surprise de le trouver baptisé. Elle avait même un peu espéré... mais non, aucune proposition n'avait suivi .

Alors peut-être maintenant allait-il lui expliquer la raison de ce baptême... Les yeux de la jeune femme se mouillèrent légèrement quand il évoqua sa décision de se retirer du monde une fois ses couches faites. Elle secoua un peu la tête car elle savait bien qu'elle n'aurait jamais pu le quitter volontairement, même pour sauver son honneur.

Son regard marine s'élargit encore en même temps que ses lèvres s'entrouvraient en comprenant le sens de ses mots. Le bocal lui était tendu comme une offrande, Linon baissa le regard dessus un instant, puis le prit des mains de Titi pour le poser au sol et les mains dans les siennes, se releva. Un pas lent la rapprocha tout près de lui.

Elle devrait dire non. La peur de le voir lui aussi mourir lui commandait de lui dire non pour l'épargner. Mais quand on n'a que l'amour, peut-on lui dire non? La réponse était si évidente qu'un lent sourire lumineux éclaira le visage de la jeune femme qui mêla ses doigts à ceux de Titi.


Titi, mon tendre aimé... je suis tienne depuis cette première nuit que nous avons passée ensemble. Toute entière, corps et âme. Même sans sacrement puisque tu n'en voulais pas. Enfin... je le croyais.

Elle resserra un peu les doigts sur ceux de Titi et rose d'émotion et de bonheur, reprit en murmurant presque


Mais puisqu'aujourd'hui tu veux...

Un mouvement lui fit tourner la tête. Un homme se tenait là. Gigantesque. Et qui la dévisageait. Elle n'en connaissait que trois des grands comme ça. Et un seul blond.

Kles... la voix était à peine audible. Le sang semblait avoir totalement reflué du visage de Linon qui fixait l'homme comme si elle voyait un fantôme.
Letiti
Mais pourquoi je tremble comme ca?! Le mariage... c'est rien...et puis au fond c'est surtout pour elle... Enfin sauf si elle dit non. La elle dit pas non qu'au mariage mais à moi aussi. Non! te rentre pas ca dans la tête! non elle ne peut pas dire non. Sauf si elle fais non à mon non parce qu'elle voudrait dire non. Raaaaaa

Les pensées du philosophe étaient pour le moins confuses. Il avait déjà la fâcheuse tendance à compliquer des situations simples et à s'embrouiller lui même. Le trac le rendait encore plus compétent dans ce domaine.
Il s'aperçut de son erreur quand elle lui prit le bocal des mains. Des prunes de fiançailles?! Mais qu'est ce je fous?! Heureusement les doigts de son aimée se mêlent au sien, lui permettant de garder contact avec la réalité. Son cœur manque un battement tandis que le silence - quelques demi-secondes - s'éternise. Un magnifique sourire se dessine enfin sur ses lèvres, les mots le rassurent, tout va aller pour le mieux, plus besoin de s'...
Linon a tourné la tête, le petit bonhomme au chapeau rouge en fait de même, suivant son regard. Il n'avait pas entendu arriver ce géant blond, suspendu aux lèvres de son trognon. Frustré de n'avoir pas eut la fin de la phrase de linon, il se méprend au premier abord:


Milo! C'pas l'mom...

Ce n'est pas Milo. Linon a laché un nom, il se tourne vers elle. Le merveilleux sourire a quitté son visage, le sang a suivi. Le philosophe classe donc automatiquement le nouvel arrivant dans la catégorie ennemi. Déduction renforcée quand, tandis qu'il passe l'épaule devant Linon en un geste protecteur, il réalise que l'étranger à l'épée au clair.
Le diable n'a pas son bâton, mais il en faut plus pour le décourager. Comme à son habitude, il va jouer sur l'illusion pour se défendre:


Je suis Titi! Le plus Grand Maje du royaume!
Lache ton épée sans quoi je prendrais tes yeux avant que tu ne fasse un pas!


La main droite s'est glissée dans sa poche. Il reprend confiance en sentant que le petit bout de miroir qu'il cherchait s'y trouver.

_________________
Klesiange
Les données s'amoncèlent, se croisent, se mélangent... la pétarade, la fuite en charrette, les gardes à leurs trousses, et maintenant ce bocal de prunes ! Bon sang, un bocal de prunes... Tout ça n'a aucun sens. Quel foutu cirque...

De toute évidence, la jeune femme n'est pas en danger. Il ne sera pas son sauveur cette fois encore. Son apparition semble en tout cas gravement la chambouler. La veille, il l'a prévenue de son arrivée. Un "je viens reconnaître ce que je vous ai fait" tout ce qu'il y a de plus simple et clair. Mais il a sans doute envoyé son message trop tard et la dernière fois qu'ils se sont vus, c'était il y a huit mois.

L'homme qui se trouve à ses côtés finit par prendre les devants. Le géant des Flandres fait l'effort de le regarder tout en affichant un air méprisant...


Citation:
Je suis Titi! Le plus Grand Maje du royaume!
Lache ton épée sans quoi je prendrais tes yeux avant que tu ne fasses un pas!


Maje... et peut être aussi comique, prend il le temps de penser. Son attention se reporte aussitôt sur Linon et ses yeux s'adoucissent... le velours prend le pas sur l'acier. Sa mémoire défaillante avait fini par ôter les traits du visage de l'avocate des souvenirs du flamand. Il la retrouve comme il l'avait laissée, là bas en Bourgogne. Jusqu'à son irruption, elle semblait épanouie, loin de l'état dépressif dans lequel il l'avait rencontrée la première fois. En tous les cas, ce n'est certainement pas le moment d'évoquer avec elle ce pourquoi il est venu en Anjou.

La main se saisit du haut du fourreau puis il range son épée.


Navré d'avoir interrompu votre petite collation... nous nous reverrons un peu plus tard.

Il commence à faire demi tour et suspend son geste un instant.

Par contre, semblerait que d'autres invités impromptus pourraient faire leur apparition.

Et de rejoindre sa monture sans rien ajouter...
_________________
Dégage encore et toujours, je peux de nouveau te maraver.
Letiti
Le regard du grand bonhomme se porte sur Linon ce qui ne plait vraiment pas au philosophe qui resserre le morceau de miroir dans sa main. Alors qu'il s'apprête à le brandir bravement, son vis-à-vis rengaine finalement le fer. Soupir de soulagement intérieur et sourire de fierté qui s'affiche sur le visage: si la plume est plus forte que l'épée, c'est bien l'illusion qui les rétame tous. Maintenant qu'il voit son dos, le petit Maje peut pavoiser tout son saoul:

C'est ca! Et à jamais!
T'as bien raison de craindre ma puissance.
Nul Guerrier n'arrive à la cheville d'un Maje.
Et ne t'approche plus de Trognon!


La dernière pique est elle beaucoup plus sérieuse, le visage pâle de la juge passant devant ses yeux.
Il se tourne vers elle rassurant maintenant que la menace est passée.

Tout va bien mon trognon.
Ce brigand a fui sans demander son reste.
Y a rien à craindre.
...
Argg les invités?! Il doit causer des gardes à ma poursuite le fourbe.


Coup d'œil jeté par dessus son épaule avec un rictus avant d'en revenir à Linon souriant, c'est qu'il attend toujours une réponse, réponse relayée au second plan à cause de ce gredin.
Sourire qui s'efface bien vite et rides d'inquiétudes qui se dessinent sur son front tandis qu'il la voit toujours aussi pâle.


Ma douce? C'est fini...

La main qui tenait le miroir, glisse maintenant jusqu'à sa joue pour la rassurer dans une tendre caresse.
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