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Info:
La fin du Chiard.

[RP] Moi, ze voulais.

Galaad__vf
Fermé.


Moi, ze voulais… Ze voulais que maman elle est plus morte, qu’elle est pas dedans le trou. Moi ze voulais que mon presque papa il est pas mort, qu’on le mette pas dedans un trou aussi. Ze voulais faire tout plein les choses, avoir des soldats de le feu pour plus que des zens meurent dedans les flammes parce que ça fait pas zoli après quand c’est éteint, et pis… ça sent pas du bon.
Sauf que… Les soldats, c’est eux qui font le feu, z’ai raté. Ze voulais que la guerre elle s’arrête, ze m’en fiche, moi, que le Marquisat il y en a plus. Mais ça continue. Il y a les zens qui meurent. Ils vont dans le trou. Et puis même, souvent, beaucoup dans le même trou, même pas un chacun. Faut dire qu’on écrirait du quoi ? On connait pas tous les noms.
Il y a les zens qui sont pas de chez nous, ceux qui sont de chez nous mais contre nous, ceux qui… plein, trop, beaucoup du trop pour qu’on leur donne des noms sur de la pierre. Pis, en plus, on a plus assez de la pierre parce qu’il faut tout du réparer.

Moi, ze voulais que ma numéro deux elle reste ma numéro deux et qu’on continue à travailler d’ensemble. Ze voulais pas qu’elle parte avec les autres et que le Filleul (maintenant ze sais comment que ça se dit) de maman il veuille taper aussi contre ceux que z’aime bien. Quand z’apprends que ma numéro trois et ma numéro deux, elles étaient dans deux armées qui se tapaient dessus, ça me fait des tremblements de la peau. Parce que z’aime pas ça. En plus, elles s’aiment bien.
C’est pas du normal tout ça. Pas du normal. C’est pas du beau, la guerre. Ça pue et ça fait de la faim dans les ventres. On devrait pas avoir du faim comme ça. Moi, z’aime pas. Même que ça fait mal. Et pis, et pis ma numéro un, elle va pas bien, on la voit plus, elle dit plus rien et moi ze suis triste. Mais ze pleure plus. Z’en ai marre de pleurer. Pis, z’y arrive plus. Du tout.

Moi, ze voulais pas d’avoir froid. Ze voulais pas non plus, l’épée. Ze voulais pas. Il m’avait dit, tu bouzes pas. Mais z’aime pas qu’on me dit ce que ze dois pas du faire, alors z’ai bouzé. Z’ai pas fait de la bouse hein, non, z’ai bouzé, avec un Zé. Et ze suis tombé, dessus l’épée. Il était pas du beau. Ze sais parce que ze l’ai vu. Il avait la tête toute du plein des cicatrices. Et pis il marchait tout du bizarre. Il a dit que c’est la Reyne de maman qui lui a fait ça… et il a raconté tout plein les choses qu’il voulait lui faire mais qu’il pouvait plus parce qu’elle lui avait pris les bizoux de la famille. Et il a dit pourquoi qu’elle avait fait ça. Et pis il a fait un grand sourire avec des dents toutes cassées et il m’a dit dedans l’oreille qu’il était celui qu’avait fait que maman elle m’a eu.
Z’ai pas pleuré. Ou zuste un peu. Ou peut être un peu plus, ze me rappelle plus. Il m’a pas tapé. Il a parlé du longtemps, il a dit comment que maman elle avait crié, qu’elle pleurait et tout, ze voulais pas écouter, ze voulais pas entendre, ze voulais pas imaziner tout ça. C’est ça qu’on fait d’avec ce qu’on a d’entre les zambes ? Ze veux plus me marier, du tout. Zamais, zamais.

Moi, ze voulais pas savoir tout ça. Ze voulais pas qu’on me dise, ze voulais que ze sache qui c’est qu’est mon père, le vrai, celui qui m’a fait quand maman voulait pas, et ze voulais lui prendre les bizoux de la famille. Sauf qu’il les a plus, les bizoux. Ze voulais pas savoir ce qu’il avait fait. Ze voulais pas. C’est pas du zoli d’à écouter. Et pis, c’est ça qu’a fait que maman elle était folle et incendieuse et malheureuse et pis alcooleuse aussi.
D’après, il a dit que z’allais voir ma grand-mère. Mais ze veux pas. Parce que c’est elle qui l’avait envoyé faire des choses à maman. Pis l’est pas du zentille, c’est une catin, ça donne le plaisir aux monsieurs les catins, mais elle elle fait aussi des choses du pas bien. Ze crois que c’est une sorcière qu’a pas les sentiments. Ze l’aime pas. En plus, elle a les cheveux rouzes, ça fait peur. Quand elle sourit on dirait qu’elle veut me manzer.

Moi ze voulais pas tomber. Pas dessus l’épée. Quand il est sorti, Ignitio qu’il s’appelle, pour aller la chercher, la grand-mère, ben, z’ai bouzé. Et ze suis tombé. Ze voulais pas, ze voulais zuste partir, pas tomber. Pis ça fait du mal l’épée, même que c’est avec ça qu’ils font la guerre, les grands. Pis… là, z’ai froid. Ça a commencé dedans mes zambes et ça remonte. Dedans mon sac, il est pas loin, dedans mon sac, z’ai du briquet d’amadou et un silex. Il y a un petit tas de la paille là, ze vais faire le feu. Comme ça, z’aurai plus du froid.
C’est pas du facile, mais z’arrive d’à l’attraper. Mes zambes, elles veulent pas que ze me mette debout. Z’ai réussi d’à attraper ma besace, c’est pas du facile, ze vais faire comme le ver de la terre pour aller zusqu’à la paille, ça, z’y arrive. Pourquoi que mes mains elles tremblent quand ze veux prendre les choses ? Tout l’est tombé. Ze réussis à faire le feu, ça me donne le sourire. Il fait moins froid… Ze crois. Mes dents elles claquent toutes seules, c’est pas drôle, il y a le feu qui mord ma peau, il fait chaud à mes mains, mais mes zambes, elles veulent plus, elles veulent pas d’avoir chaud, elles veulent même pas que ze les rapproche.

Moi, ze voulais pas tomber dessus l’épée. Pis, ze voulais voir Spada encore, parce que Spada c’est ma numéro un et pis ze l’aime, et z’aime aussi ma numéro deux même si elle est dedans les loyalistes, Flore qu’elle s’appelle, ça fait penser d’à les fleurs. Elle va me manquer. Et pis… et pis ma numéro trois d’à moi qui m’avait promis un autre bisou de quand elle reviendrait d’après la guerre en étant encore vivante parce qu’elle a pas le droit de mourir, c’est moi ze lui ai dit. Z’aurai pas son bisou. Doch ! Tu dois pas mourru et moi aussi ! C’est pas du drôle ! Et ze suis même pas du mort pendant la guerre, ça sert même à rien… Et pis Farwen, la belle maire ! Z’ai même pas vu son bébé. Parait qu’elle a mis bas, z’ai même pas vu ça, z’aurais bien voulu voir moi. Et pis…

Moi, ze voulais pas mentir à Zisla. Ze voulais viendu la voir dans dix ans tout rond comme z’avais promis. Ze voulais me marier d’avec elle, mais z’aurais pas fait comme l’autre d’avec maman, moi z’aurais zuste fait des bisous, même si c’est sale sur la bouche. Zuste sur la zoue. Zuste… Z’ai retrouvé sa petite boite avec ses cheveux, ze mets le collier d’avec la boucle de maman dedans. Ze veux pas qu’on me la prenne. Ze suis tout mouillé, et ze promets que c’est pas parce que z’ai pleuré du beaucoup, et pis z’ai pas fait pipi dessous moi. Non.
C’est rouze. Peut être que c’est la fumée qui fait que ze vois pas bien… Peut être… ou pas. Ze crois que c’est l’épée. Quand ze suis tombé tout dessus ça a fait du mal à mon ventre. Pourquoi ze meurs pas hein ? Z’ai froid, et pis, z’ai peur. Z’ai plein de zens que ze voudrais voir encore, ceusses qui sont zentils d’avec moi… Même l’autre qui m’a donné des claques là, le frère de mon presque papa…

Moi, ze voulais pas mentir, Zisla, ze voulais pas… Mais peut être que quand on mourre, on dit des mensonges ? Comme maman. Tu t’occuperas de mon grand vieux papé hein ? Et pis z’aurais voulu d’habiter dans le château aussi, celui de la Reyne à maman, Eavan. Ze sais qu’on dit la marraine mais c’était celle à maman, pas la mienne. Et pis mon Pas Rien à moi… même s’il crie du beaucoup, ze voulais le voir encore, boire tout du l’âme du zus de la poire… Z’aime pas la fumée, ça me rappelle quand maman elle est partie. Il y en a tout plein du beaucoup, z’ai les yeux qui piquent, c’est pas les larmes, pas les larmes ! Z’ai dit que ze pleurais du plus ! Du tout !
Ze voudrais bien m’éloigner des flammes, et pis aller à la porte mais ze peux pas. Déza, z’ai plus des forces et en plus ze l’ai bien entendu le père sans bizoux de famille, il l’a fermée d’avec la clef. En plus… le feu, il est tout partout maintenant, il mord vraiment ma peau, ça fait du mal maintenant.

Moi, ze voulais pas mourir. Z’ai peur du trou, ze veux zuste aller rezoindre maman et mon presque papa. Et pis comme ça, z’aurais même pas peur. Et plus zamais mal, d’abord.

Ze vais rezoindre le Ristote. Ça, ze voulais, mais pas déza.

Tant pis.

Faut garder les poires hein…
--La_mathi


Aujourd'hui était un grand jour : il allait voir l'avènement de Marthe, elle en avait la certitude. Confortablement installée dans un fauteuil du salon de sa demeure toulonnaise, elle passait en revue les évènements qui l'avaient menée jusqu'en cet instant.

Son Philippe, maudit soit ce nom de Von Frayner, lui avait préféré la guerre, qui le lui avait enlevé. Elle était restée seule en Lorraine, avec sa fille Yunette. Le pécule qu'il lui avait laissé s'était vite envolé, Marthe n'était guère économe. Elle choisit alors de se vendre et peu à peu, prit un goût certain à cette vie. Son commerce se développa et elle décida d'en faire profiter sa fille. Oh, elle était très jeune, et les sommes proposées pour son dépucelage suffisamment élevées pour ôter à Marthe la moindre velléité de remords.

Mais la punaise s'était enfuie et Marthe demanda à son âme damnée de la rechercher et lui faire subir ce qu'elle avait refusé. Gratuitement. Ignitio s'en était fort bien acquitté puisqu'il laissa un souvenir à Yunette : Galaad.

Marthe avait quitté la Lorraine l'an dernier et s'était rendue à Toulon où elle avait acheté une maison, au 69 rue des Mésanges, accompagnée de Lambda. Elle avait retrouvé sa fille, l'avait trompée sous des airs de repentir, elle l'avait droguée, ensorcelée pour la donner de nouveau en pâture à Ignitio. Son plan lui avait échappé, s'était transformé en un maelström de flammes.

La Mathi caressait pensivement, du bout des doigts, la fine cicatrice que lui avait laissée sur le visage la marraine de Yunette, Eavan. Ce jour-là il avait aussi été mis fin aux capacités de reproduction d'Ignitio. Tous deux s'en étaient remis, physiquement, mais Ignitio avait sombré dans de noires fantaisies, que même Marthe n'osait imaginer.

Mais aujourd'hui, elle aurait son petit-fils. Ignitio était allé le préparer : il devait tout lui raconter, tout. Et à sa manière, sans délicatesse, sans gants, du brut de la part d'une brute.

Ses pensées furent interrompues par son sbire qui revenait, manifestement satisfait : son oeil unique frétillait.La Mathi se précipita vers lui, l'embrassant à pleine bouche, se plaisant à s'avilir, sentant sa langue caresser les chicots, tandis que de la main droite elle caressait le néant de son entrejambe, se procurant le plus étrange des plaisirs. Puis elle le repoussa :


- Alors? Il est prêt? Où l'as-tu mis?

De la tête, Ignitio lui indiqua l'étage.

- Là-haut, dans la chambre de ta fille...

- Allons-y!

Prenant les trois fioles qu'elle avaient préparées et posées sur la table, elle suivit Ignitio dans l'escalier. Arrivés à la moitié de celui-ci, on pouvait sentir une fumée âcre qui provenait de l'étage. Non! Pas lui! Le feu ne lui prendrait pas son petit-fils!

- Vite, brute! va voir! Cria-t-elle, le poussant violemment pour le faire avancer.

L'homme monta les marches quatre à quatre, se précipita sur la porte de la chambre où était enfermé le mioche et l'enfonça brusquement, laissant s'échapper de la pièce les flammes qui commencèrent aussitôt à s'attaquer aux tentures qui masquaient les murs.

Ignitio s'enflamma près de son fils.

Tétanisée, la Mathi se tenait telle une statue. Toute vie s'était retirée de sa figure déjà blanchie par le fard. Elle ne fit pas un geste pour les secourir, fascinée par les hurlements qui s'échappaient de leurs corps, respirant l'infâme odeur des chairs brûlées.
Elle resta là quelques instants, avant de se tourner, descendre l'escalier, sortir de la maison.

Elle s'arrêta de nouveau, se retourna vers la demeure qui se laissait rapidement gagner par les flammes. Alors seulement elle réagit. Un nouveau rôle était à prendre.

- Au feu! Au feu! Aidez-moi! Galaad! Au feu!

Elle arrêta de crier, tandis que les premiers badauds se pressaient.

Plus rien. Elle n'avait plus rien, ni personne. Et où était Lambda?

Ses yeux rougis par la fumée scrutaient les flammes, guettaient un signe. N'était-ce pas Galaad, cet enchevêtrement d'étincelles colorées qui s'échappait d'une fumerolle?
Elle le salua une dernière fois.


- Petit con!

____________

Fleur fanée.
Spadachocolat
Elle n’avait pas la grande forme, Spada. Elle restait souvent chez elle, couchée sur son lit à fixer les poutres du plafond. Pathétique, hein. Oui. Mais bon.

Elle avait complètement abandonné la vie politique. La guerre, c’est quelque chose qui vous pourrit de l’intérieur, vous et le système. Elle détestait ça, vraiment. Tout lui passait alors, comme on dit, complètement par-dessus la tête. Elle avait tout de même déjà pris les armes, histoire de ne pas rester les bras ballants pendant que sa ville était livrée aux mains des Français. C’est qu’elle l’aimait, sa ville. Aussi bête que cela puisse paraître.

Mais depuis quelques jours, et là c’était un véritable éclat qui chassait toute cette maudite grisaille dans sa tête, Galaad était rentré à Toulon. Son filleul, qu’elle aimait plus que tout, ce petit brunet de six ans et demi, avec ses deux grandes billes noires qui lui rappelaient tant celles de Yunette, son Galaad, enfin, était revenu. Alors Spada s’était remise à sourire, elle avait trouvé le courage de remettre au prévôt sa démission du poste de lieutenant – il était temps, elle n’assumait plus ce rôle depuis des semaines-, et elle avait recommencé à sortir un peu.

Ce jour-là, elle se rendait au lac. Pour regarder l’eau avec le soleil qui scintille au-dessus et les poissons qui nagent au-dessous, et peut-être en pêcher quelques uns, bref, pour ce genre de niaiseries qu’on fait quand le printemps revient. Arrivée non loin du dispensaire, elle entendit crier. Et sentit cette odeur de brûlé qu’elle abhorrait tant.


- Au feu! Au feu! Aidez-moi! Galaad! Au feu!

C’était cette sorcière aux cheveux rouges, la Mathi. Que son bordel brûle, Spada en aurait été bien heureuse, cependant son cœur rata un battement en l’entendant hurler le nom de Galaad. Il était à l’intérieur ? Son Galaad ?

Ne réfléchissant plus, elle se rua dans la demeure, poussant la maquerelle au passage. Celle-ci était peut-être tombée, peut-être pas, de toute manière elle pouvait bien avoir la tête explosée dans sa chute ou crever dans les flammes, Spada n’en avait rien à faire. Elle toussa. On n’y voyait rien dans le brasier, rien, sauf de la fumée et des étincelles. Elle voulait appeler son filleul, crier son nom, l’entendre répondre, savoir qu’il était vivant, enfin, foutredieu !

Quelque chose s’écroula à côté d’elle, manquant de l’écraser. Son bras replié sur son visage, la bouche enfouie dans le pli de son coude, elle enjamba l’obstacle, donna un coup de pied dans ce qui restait de la porte de la chambre d’où était parti l’incendie, et pénétra dans la pièce. La brute de la Mathi était là, embrasé comme s’il était de paille. Et à ses pieds gisait Galaad.

Il faut savoir que, lorsqu’on meurt, on ne voit pas sa vie défiler devant ses yeux. C’est un mensonge, une légende, une idée qu’on aime à croire. Spada ne se vit pas âgée de trois ans, jouant avec une petite statuette en bois, ni arrivant à Toulon vers sa quinzième année, elle ne se vit pas non plus le jour où elle trouva son chien, ni même quand elle reçut son diplôme de lieutenant, celui d’avocat, quand elle se fit élire maire - aucune des quatre fois, ni encore le jour où elle devint procureur. Elle ne vit aucun moment de joie en taverne, il y en a eu beaucoup pourtant, aucune heure de peine ou d’ivresse, aucun visage aimé. Ni Farwen, ni Paquita, ni Yunette, ni Doch, ni Eavan, ni Kylah, ni le vieil Aymé, ni Yueel, ni Gisla, ni Elisabeth, ni Darkbrice, ni Seven, ni Elsas, ni Pedro, ni Tancrel, ni Flore, ni Rico, ni Saens, ni Delta, ni les gitans, ni aucun autre Provençal, ni personne d’autre. Seulement Galaad, dont le sang autour de lui bouillait comme de l’eau en cuisine.

Elle tomba à genoux. Une poutre en pleine chute venait de la frapper derrière la tête, et les pans de sa houppelande étaient déjà plus que roussis. Ses yeux se fermèrent d’eux-mêmes.

Sa dernière pensée fut qu’elle n’avait même pas répondu à toutes ses lettres.

C’est con.
Eavan
Eavan travaillait à son bureau. Celui de la Garde. C'est à dire dans un batiment proche de l'Eglise. Et la jeune femme était enterrée sous la paperasse ... Surtout en cette période de guerre.
Un Cadet fit irruption. Chose rare est il besoin de le préciser, puisqu'à la Garde on frappait avant d'entrer.


- Monseigneur ! Un feu en ville !

La jeune femme fronca les sourcils. Le Cadet essoufflé reprit son souffle avant de poursuivre.

- C'est au bord... enfin chez La Mathi ...

La Baronne resta de marbre, et d'une voix neutre elle demanda s'il y avait des gens à l'intérieur.


- Il semble que .. Galaad Von Frayner y soit.

- QUOI ?!


Cette fois Eavan avait bondit sur ses pieds et elle se jeta dehors. Tandis qu'elle détachait son cheval attaché là, le Cadet la rattrapa.

- Envoyez des Gardes pour éteindre le feu. Il ne faut surtout pas qu'il se propage.

Sans en ajouter davantage, la Vidame sauta en selle et lanca son destrier au galop en direction du brasier dont on pouvait désormais distinguer la fumée.
Son esprit militaire réfléchissait même si en cet instant, si elle exhortait son cheval à aller aussi vite, c'était uniquement parce que Galaad était en danger. Il n'y avait pas de mistral .. Une chance ..
Lorsqu'enfin elle arriva, elle comprit immédiatement que c'était fini. Le feu dévorait entièrement la maison. Des images pas si lointaines lui sautèrent au visage. Lorsqu'elle arriva, elle compris que c'était sans espoir et pourtant elle sauta de son cheval et se précipita jusqu'à la porte d'entrée. Là, un mur de chaleur la stoppa net.
Elle cacha le bas de son visage dans la pliure de son coude et se forca à avancer. Dans cette maison, il y avait Galaad ... Un cri dehors attira son attention.


- N'y allez pas Monseigneur, le Lieutenant de police y est déjà !

Spada ?
Eavan continua sa progression dans le brasier. Mais elle fut forcé de constater qu'elle n'avancait pas vite. La chaleur était intense et insupportable, la fumée épaisse ... Soudain un craquement ... Une partie du plafond commenca à céder et la jeune femme du reculer. Au final, la rage au ventre, elle du se résoudre à sortir du brasier.
Si ses yeux n'avaient pas été si secs à cause du feu, des larmes seraient visibles sur son visage.
Galaad .. Spada ... Ce n'était pas possible ... Pas juste ... Elle avait trahit sa promesse à Yunette ...

Après une douloureuse quinte de toux, son regard balaya les badauds dont la plupart s'activaient à éteindre l'incendie. Et ses yeux se posèrent sur Elle. Cette sorcière. Ce monstre.
La Mathi.
Il y avait beaucoup de questions qu'elle voulait lui poser ... Et pas que.
D'un pas décidé elle se dirigea vers la mère maquerelle qu'elle vit commencer à s'éloigner ...

Coincidence ?

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armes et bannière en réfection ...

Vidame de Provence
Baronne de Salon de Pce
Dame de Barjols, vassale de Rians & Dame de St Antonin sur Bayon
Héraut es Joutes du MAO & Officier de la Croix Provencale
Gisla
Z'étais drôlement bien là, assise sur le bord de l'eau, à penser à mon avenir. Ze me voyais dézà avec Galaad qui était comte et pis moi à côté de lui entrain de lui faire des calins. Z'était drôlement z'oli comme image, zurtout que de Galaad, et ben z'étais crès z'amoureuze de lui. Il faizait parti des zens qui prenaient crès beaucoup de place dans mon coeur, mais lui, il en prenait encore plus. Au début, ze l'aimais comme mon frère, et pis apprès, quand il arrivait vers mon, z'avait mon coeur qui faizait « Booum,Booum ». Z'est sa d'être crès amoureux ze crois. En tout cas, zi c'est sa, ben z'aime beaucoup être amoureuse de Galaad.

- Au feu! Au feu! Aidez-moi! Galaad! Au feu!


Oh non ! Z'aime pas le feu. Enfin, ze crois bien que z'a vient de là où il y a la méssante dame avec les z'eveux rouze. Qui fait des z'oses avec les z'homme ... Ze crois. Alors zi elle devient cramé, z'est pas du tout grave. En plus, Spada et Galaad, ze crois qu'ils l'aimaient pas du tout, du tout.
Galaad ! Elle a dit Galaad ! Galaad il va être cramé aussi ?! Nooon. Alors là, à ze moment, ze me suis mise à courir. Vite, crèès vite. Ze voulais pas perdre Galaad. Ze l'aime trop. A fur et pis à mezur que z'arrivait, z'avais des gouttes d'eau qui tombait sur mes z'oues, Z'essayais de les enlever avec la main, mais ça coulait. Ze pleurais. Pour la première fois depuis que Galaad il était parti.


Z'arrivais vers la maizon et ze bouzculait une dame, ze me retournait et m'excusais un petit peu. La dame, ze crois que z'était Eavan, ze zuis pas sûr. Mais ze m'en fisse, ze cours à l'intérieur de la maizon, z'a pique les yeux beaucoup, il y a tout plein de crucs qui tombe du haut, ze saute partout, ze met ma robe sur ma bouze et pis mon nez. Z'arrive vers un porte où il y a beaucoup de feu rouze, ze vois un grand monsieur, et pis à côté ... Z'écarquille les yeux.


« NOOOOOOOON  Galaaaaaaaaaaaaad !»


Et pis là, z'uste devant, ze vois une dame, zé z'eveux, ze les connais, ce sont ceux de ... Z'ai encore beaucoup, très beaucoup de larmes qui coulent.

« Spada', laisses moi pas ! T'as pas le droit de laizzer Zizla ! »

Z'ai la tête qui tourne, ze pleure, z'ai les deux personnes que z'aime le plus dans tout le monde qui z'ont entrain de faire le feu. Ze pourrait plus faire des câlins à Galaad. Il m'apprendra pas à lire, ze deviendrais pas za femme. Et pis Spada, Z'aurais plus de ma deuzième maman, plus de câlins d'elle.

Ze pleure encore plus, z'ai plein de noir partout, z'ai la tête qui tourne, z'ai plus d'oyzène. Ze cours en direczion de la grande porte, et pis z'uste avant ze tombe à zenous. Z'essaye de ramper, z'usqu'à dehors, z'ai bon, z'y suis. Ze suis dans l'air, petit à petit, ze ferme les z'yeux, ze commence à voir Galaad. Z'ai bon, ze sais, z'étais entrain de faire un crès gros cauzemard. Ze crie, ze veux me réveiller.


« Gaalaaaaad ! Z'paaaadaaaa ! NOOOOOOOON ! »


Z'ouvre un oeil, à côté de moi, la maizon, en plein dans le feu, ze me lève difficilement. Peu de temps z'est écoulé, la grand dame, Eavan ze crois, est entrain de partir, elle est triste, et fassée, ze crois qu'elle va vers la dame en rouze, ze la suis, ze vais tuer la dame en rouze. Elle a tué Galaad et pis Z'pada, z'en suis sûr, ze le sais. Z'y z'est pas maintenant, z'est bientôt, mais ze veux pas qu'elle reste dans la vie.
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« C'est quoi ce gros trou dans ma poitrine qui ne se referme pas depuis qu'ils sont parti ?»
Eavan
Les pas étaient des enjambées ... Et bientot le pas militaire céda à un pas de course. La maquerelle avait bien compris, sans doute, que la Baronne souhaitait s'entretenir avec elle. S'entretenir, voilà un mot qui n'était absolument pas en accord avec la situation. Il n'y avait plus rien de civilisé chez cette femme, ainsi Eavan avait grand mal à penser à un "entretien" ... Il était plus que temps d'oublier la courtoisie.
Quelques rares pécores s'écartaient au passage de cette course poursuite étrange où les deux femmes semblaient refuser de courir. Refuser peut être d'admettre qu'il s'agissait d'une traque.

La Vidame ne sentait que deux choses : l'odeur acre qui s'était incrustée dans son palais et sa gorge, qui provoquait de douloureuses et rauques quintes de toux, et la colère qui tenait son estomac, ses tripes et qu'elle maintenait là inconsciemment ... Elle ne voyait qu'une chose : cette chevelure flamboyante comme les flammes qui finissaient d'engloutir la demeure.
Elle n'avait plus conscience du lieu, ni de son apparence. Masque de froide détermination porté par une jeune femme à la chemise roussie et noircie à l'image de ses braies. La demoiselle était désarmée, étant partie sans son épée, sans même s'en rendre vraiment compte étant donné les circonstances.

La maquerelle allait vers les ruelles étroites et sales, dans l'espoir d'y perdre Eavan. Peine perdue. Elle oubliait une chose essentielle : cette ville, Eavan la connaissait mieux qu'elle ne se connaissait elle même. Chacun recoin, aussi sombre, aussi glauque soit il, chaque recoin, elle le connaissait.
Ainsi la Mathi finit elle par se perdre elle même en entrant dans une sombre impasse mal éclairée et sans issue.

La Baronne s'avancait implaquablement, voyant Marthe reculer. Lorsqu'elle fut à portée de main, Eavan l'attrapa au col avec une violence irréfléchie. En vérité à cet instant, seule l'incompréhension régnait dans l'esprit de la jeune femme. Pourquoi. C'était la seule question qui lui venait. Aussi après avoir plaqué la Mathi contre le mur en lui enserrant la gorge, la Baronne questionna d'une voix hachée :


"Pourquoi lui hein ? Que faisait il chez vous ? N'en aviez vous pas eu assez avec votre fille ? Pourquoi ? Que vous avait il fait ?"


Perdue.
Eavan était perdue.
Pas de volonté de vengeance, pas encore. Pour le moment le trou créé engloutissait tout son être. Galaad mort ... Spada aussi ... Et puis quoi ? Encore la Mathi ? Pourquoi ...

La jeune femme avait son visage à quelques pouces de celui de la maquerelle. Elle était couverte de poussière, à cause de l'incendie. Ses yeux semblaient vouloir chercher une réponse au tréfond de l'âme de cette sorcière. Une raison à ce drame ...
Il n'y avait pas de volonté. Simplement ses doigts qui se refermaient autour du cou, pour être sure que la Mathi ne s'enfuie pas.


Son étreinte autour du cou de Marthe était trop forte, mortelle même. Mais de cela Eavan n'avait nulle conscience. La peur était dans chaque fibre de la maquerelle mais cela Eavan n'en avait nulle conscience. Ni même que la Mathi ne pouvait répondre puisqu'aucun air ne passait dans sa gorge.
Une quinte de toux prit alors la Baronne. La jeune femme crut que ses poumons allaient s'arracher, tant cela la brulait. Mais plutot qu'à la poitrine, ce fut au ventre qu'elle sentit une brulure quasiment familière. Aussitot elle fit un bond en arrière, par réflèxe, esquivant la fin du geste de Marthe.
Stupéfaite, Eavan regardait sa chemise se tacher du sang versé par le coutelas que Marthe tenait en tremblant. La blessure n'était pas grave. La lame avait entaillé la Vidame au sortir du fourreau. Sans doute la maquerelle avait elle profité que l'étreinte se deserre pour tenter sa chance ...

La jeune femme regarda alternativement la tache sur son vêtement, puis Marthe. Bêtement. Et soudain, l'incompréhension laissa la place à un sentiment bien plus implaquable. Comme une évidence il lui apparut que la mère maquerelle était une menace. Sur le moment cela s'appliquait au fait qu'elle était armée, terrorisée et capable du pire. Mais au fond d'elle, Eavan savait que c'était vrai de façon plus générale. Une vraie menace. Quelqu'un qui ne cesserait jamais de causer des drames. Et dans les yeux d'une Marthe terrifiée, Eavan vit une lueur de plaisir. Comme si cette vulgaire entaille était une victoire sur la Baronne. La jeune femme sentit un haut le coeur venir. Tout n'était que venin chez cette vieille catin.
Pensait elle réellement pouvoir gagner quoi que ce soit face à elle ?
La Mathi passa à l'attaque, tentant de se sauver en frappant la première, mais c'était trop tard, les doutes d'Eavan s'étaient évanouis et c'est sans difficulté qu'elle arracha le couteau à sa propriétaire et le planta en bas de son ventre.
Froidement.
Violemment.
Jusqu'à la garde.
Remonter d'un coup sec.
L'acier buta contre le sternum et Eavan lacha le tout.
Sa victime hoqueta, tituba, s'effondra. Le masque de douleur était affreux. Cela ne géna pas Eavan qui contemplait la mort prendre ce monstre. La blessure ne mettrait que quelques secondes à la tuer. La Baronne savait tuer. Et bien. Ce n'était pas dans ces circonstances généralement, mais sur un champ de bataille. Mais après tout, c'était cette femme qui avait fait de Toulon un champ de bataille ... Elle qui avait déclaré la guerre.

Tandis que Marthe rendait son dernier soupir, Eavan entendit une quinte de toux, semblable à la sienne mais plus fluette, plus jeune, celle d'un enfant, d'une enfant ... Gisla. La Vidame se resaisit, après une seconde d'étonnement. La gamine l'avait suivie, depuis le brasier, à quelques dizaines de mètres de là. D'un coup de pied Eavan poussa le corps de sa victime dans un coin et le cacha ainsi des yeux de l'enfant qui devait n'être pas loin de la ruelle désormais. Sans un regard en arrière, la jeune femme sortit de la ruelle. Elle n'avait pas de regret, mais le spectacle n'était pas pour une enfant de l'age de Gisla. Il lui fallait le lui éviter à tout prix.

Une main plaquée sur sa plaie au ventre pour tenter d'arrêter le faible saignement, la Baronne émergea des ruelles sombres de Toulon pour aller au devant de Gisla ...
La lueur du brasier était présente, la fumée aussi et Eavan se sentit soudain vide. Une tristesse infinie ayant effacée toute colère ...

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armes et bannière en réfection ...

Vidame de Provence
Baronne de Salon de Pce
Dame de Barjols, vassale de Rians & Dame de St Antonin sur Bayon
Héraut es Joutes du MAO & Officier de la Croix Provencale
Gisla
Z’avais des larmes qui coulaient sur mes zoues. Z’ai essayé de me relever, ze suis retombée. Moi ze voulais pas perdre de vue Eavan, ze voulais la suivre, voir si elle allait faire des z’ oses pas bien à la dame en rouze. Cette dame qui avait tué Spada, et pis Galaad. Pourquoi les avait-elle choisit ? Ze ne comprenais pas. Pourquoi Galaad ne m’avait rien dit du tout ?! Si il était en danzer, il devait me le dire, ze lui disais tout moi ! Ze l’aimais moi ! Tout les deux, on aurait pu tuer la dame, et le méssant monsieur. Maintenant, il était parti et ze me devais d’accomplir ze qu’il n’avait pas voulu me dire. Tuer cette dame.

En penssant à mes deux z’amis, ze me relève d’un bon et ze commence à courir. Ze cours tellement, que z’ai l’impression de ne plus porter mes z’ambes, c’est bizarre.La grande dame court après celle aux z’eveux rouze et tout un coup, toute les deux, elles z’arrêtent. Ze vais vite me casser derrière un mur, et pis ze regarde, silencieuse. Eavan attrapa la dame et commenca à crier contre, ze sursautait, z’avais peur. Ze pouvais percevoir de la peur du côté de la méssante et de la haine du côté de la grande dame qui faizait tout pour contrôler la situation.


Une pensée me vint à Spada’, ze l’avait peu vue avec le sourire et z’a me rendait encore plus triste. Et puis ze pensais à Galaad. Toutes ces z’oses que z’avais rêvé de faire avec lui. Tout ces soir où il habitait mes rêves et n’en sortait qu’une fois que Spada’ me réveillait. Ze me rappelle de quand il était parti. Galaad aimait beaucoup faire mal au cœur à nous, nous, les femmes et les petites filles aussi comme moi. Z’étais triste, mais nous, on continuait de l’aimer.

A mezure que le temps il avancait, mes yeux ils devenaient de plus en plus grand. La méssante dame venait de mettre quelque z’ose de pointu dans le ventre de Eavan. Ze m’apprêtait à courir vers la grande dame pour l’aider, mais ze me rézonnai. Ze n’était pas censée voir cette scène qui se déroulait directement devant moi … La dame aux z’eveux rouze essaya de s’enfuir, mais la grande dame attrapa son couteau et le lui planta dans le dos.

Un cri voulu z’ortir de ma bouche mais rien. Ze préférai reculer de quelques mètres et m’appuyer contre le mur. Ze voulais attendre que Eavan vienne vers moi, me console. Me dise que même si ils étaient parti, ils étaient dans mon cœur et que ça rien ne pourrai le changer. Que maintenant, ils z’étaient parti et que le « Très-Haut » en prenait en soin. Ze voulais qu’elle me dise qu’elle était là, qu’il ne fallait pas que je pleure. Ze voulais lui dire combien mon cœur me faisait mal, que un gros trou s’était formé et que rien, rien du tout, n’arrivait à le boucher. Z’avais beau crier, prier, ne pas y penser, ze n’arrivais pas. Comme zi, dès maintenant, ze devais vivre avec ce trou et que quoi que ze fasse, rien ne guérirai ma blessure.

Quand Eavan sortit, ze baissait la tête et m’approssai de elle, en trainant les pieds. Des larmes coulaient zur mes z’oues. Mon vizaze était noir de suie, mes z’yeux rouze, mes mains étaient ensanglantée, tout cela, du à mes quelques chutes.La grande dame avait mal elle aussi et z’arrivais à le sentir. C’est pour ça, que ze m’approssais de elle, doucement et la serra fort contre moi. Toutes les deux, on était presque pareil, on avait mal, crès mal. En plonzeant mon dans ses yeux, ze lui sussota.


- Z’ai mal … Crès terriblement mal


Et ze me reblottis dans ses bras. Ze ne voulais pas qu’elle sache tout, ze ne voulais pas, préférais pas. Z’étais mieux que ze le garde pour moi de toutes façon, mes nuits étaient maintenant remplie de mauvais rêver et ze s’avais que maintenant, ze n’aurais plus personne.

Personne pour me regarder dans les yeux et me dire de ne pas partir maintenant de Toulon. Personne de mon aze pour jouer avec moi et me protézer. Personne pour m’héberzer et me faire à manger. Personne qui même étant petit ne me dirait tout de la vie. Personne pour me raconter comment était ma grande z’oeur. Personne, plus personne. J’étais maintenant z’eul, sans avenir, z’ans maman ni amoureux. Z’eul avec ma solitude.

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« C'est quoi ce gros trou dans ma poitrine qui ne se referme pas depuis qu'ils sont parti ?»
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