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[RP] Il était une fois...- Nan mais ça, c'est trop pourrav'!

Griotte
Il était une fois un Géant des Plaines du Nord, vivant dans un Royau...
- T'es sure qu'il v'nait des plaines ? Nan, pacqu'on sait pas ça en fait...
Oui, ch'uis sure !... Puis commences pas à me casser les pieds, sinon j'te fais crever !
- M'en tamponne l'coquillage ! C'est toi qui s'ra triste après ! Puis faut pas raconter n'importe quoi aux gens, hein !
Mais on s'en fiche d'savoir s'il vient vraiment des Plaines ou pas ! C'est juste qu'un "Géant du Nord" ça fait moins classe qu'un "Géant des Plaines du Nord".
- Mouai... je vois pas trop de différences, moi ! Et pourquoi y viendrait pas d'la Grotte du Nord ? Ou bien du Lupanar dans l'Nord ?
T'as vraiment aucune sensibilité... Puis c'est moi qui raconte ! Alors tais-toi maintenant ! J'disais donc : Il était une fois...
- Nan mais ça, c'est trop pourrav'! Recommences ! Et tu parles d'moi en prem's, s'non je joue pas dans cette histoire !
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La nuit étendait lentement ses voiles sombres sur le paysage printanier, chassant les dernières lueurs orangées qui baignaient l’horizon d’un halo lumineux. La lune, d’une pâleur diaphane, se détachait avec grâce des nuages duveteux parsemant le ciel nocturne. Régnant en maître sur les ombres qui prenaient doucement possession des lieux, le croissant blanc éclairait de sa lueur blafarde les silhouettes qui se découpaient sur le petit sentier s’échappant du village de Sémur, pour s’étirer jusqu’à l’orée des bois et finir par se perdre dans ses profondeurs. Les arbres biscornus, bordant le chemin, étendaient vers les cieux leurs ramures échevelées et s’élevaient au dessus des promeneurs telles des ombres menaçantes aux serres effilées. La gamine gringalette aurait du frémir en cœur avec le froissement des branchages entre lesquels la brise se faufilait, mais elle n'avait pas peur, non. - Et même si c’était le cas, elle ne l’avouerait pas ! - La présence rassurante de la rouquine et du géant blond suffisaient à la mettre en confiance et à dissiper les craintes qu’elle aurait pu ressentir si elle s’était retrouvée seule en cet instant. D’ailleurs, il y a fort à parier qu’elle ne se serait pas aventurée en solitaire en dehors de l’enceinte du village alors que la nuit pointait le bout de son nez. Pas après la mauvaise rencontre qu’elle avait faite sur les routes Limousines, alors qu'elle marchait sur les traces de la Paillasse et du Pouilleux.

La môme, encapuchonnée de rouge, rongeait son frein pour ne pas cavaler en tête, pressée qu’elle était d’atteindre la lisère de la forêt se profilant au bout du chemin. Les émeraudes, étincelantes de plaisir anticipé, ne cessaient d’aller du blond à sa compagne. Tous deux donnaient la fâcheuse impression de trainer la patte. Rien de plus agaçant pour la morveuse dont le peu de patience qu'elle possédait était mise à rude épreuve !


- Alleeeer ! Plus viiite ! On dirait des viocs tout rabougris ! Vous marchez comme des escargots ! D’vraies limaces ! Si vous vous grouillez pas un peu les miches, on va les rater ! Après y vont s’cacher dans la forêt et on les verra pu ! Et de baisser un peu le ton pour ajouter : - Moi j’vais pas dans la forêt, hein… C’est tout pourri là-bas ! Et y a des animaux ! Des biches, des renards, des gros sangliers puants ‘vec de grandes dents… brrr ! Pas question qu'elle s'aventure dans les sous-bois ! Même si c'est pour voir des elfes ou des lucioles !

- Alleeeer, Milo ! 'vec tes grandes pattes t'vas quand même pas m'dire qu'tu peux pas marcher plus vite !


N'y tenant plus, la môme attrapa la main du géant et fit mine de l'entrainer sur le sentier pour qu'il accélère un peu le pas. Ce soir, elle n'était qu'une gamine comme tant d'autres, souriant à ses rêves d'enfant, que quelques mots échangés avec un grand blond ont refait miroiter dans ses yeux désenchantés, alors qu'une vie de misère a essayé de les lui arracher bien trop tôt. Elle veut juste continuer à rêver, quelques instants encore, pour oublier qu'elle a si peu pour elle. Elle prend les petits bonheurs à la volée, avec le sourire aux lèvres et le cœur léger, comme si on lui accordait une faveur, sans trop se poser de questions ni oser en attendre plus, de peur de voir ses illusions voler en éclats. A trop vouloir toucher les cieux, on finit par tomber de haut. La gamine l'a bien compris, mais en cet instant, elle veut juste se laisser aller et tout oublier, le temps d'une soirée. Elle veut juste continuer à rêver encore un peu. C'est tout ce qui lui reste...
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Breiz24
La nuit étendait lentement ses voiles sombres sur le paysage printanier, chassant les dernières lueurs orangées qui baignaient l’horizon d’un halo lumineux. La lune, d’une pâleur diaphane, se détachait avec grâce des nuages duve... ouais, bon, ça, vous savez déjà.
La môme au capuchon rouge cavalait en tête. Derrière elle, un petit rouquin haut comme trois choppe, très content d'avoir le droit de veiller tard et d'être en plein air. Derrière ces deux là, deux autres, marchant au rythme... bin, du plus petit des mouflets déjà, et puis de sa mère surtout, qui trainait ses cinq mois de grossesse et la fatigue de ses charges politiques. Amusée, tout de même. Le blond bâtissait des rêves, et la gamine avait plongé dedans avec délectation. Le petit rouquin aussi, mais du haut de ses presque deux ans, il croyait fermement en la véracité de tout ce que Maman énonçait comme vrai. Ils allaient, donc, à la lisière de la forêt, à la nuit tombante. Pour voir des elfes.

L'enfant était surexcitée, trop, pour la rouquine épuisée.


Griotte crénom, tais toi! tu vas les faire fuir! Ça, c'était dit. Bonne combine... Ou pas, la gosse revenait déjà à la charge, et saisissait la main du blond, l'entrainant vers l'avant. D'un geste, elle fait signe à Milo de suivre la gamine, elle restera en arrière avec son fils à la vitesse d'escargot - de Bourgogne ça va de soi - et les rejoindrait à la lisière de la forêt, royaume des elfes s'il l'on en croyait le blond.
Elle saisit la main de son fils, et ils continuèrent d'avancer, elle claudiquant, lui s'arrêtant tous les deux pas pour observer un caillou, un insecte ou une fleur printanière.
Cahin caha, la mère et le fils s'aventuraient sur le sentier. La gosse était attachante. Comment avait-elle réussi à jalouser la gosse, la veille, alors que Milo lui contait des histoires d'elfes? Foutu grossesse qui lui détraquait les humeurs! Enfin, le blond s'était appliqué à lui faire comprendre, patiemment, qu'elle n'avait aucune raison d'être jalouse, lorsque la gamine avait quitté la taverne. Un léger sourire flotta sur les lèvres de la rouquine, qui s'arrêtait pour la dix-huitième fois regarder un joli caillou sur le chemin.

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C'est vous qui choisissez la déco à L'atelier des Doigts d'Or !
Milo
Parfois , il est des rencontres que l'on ne s'attend pas à faire. Soit parce qu'elles sont trop impromptues, soit parce que tout simplement, le caractère des deux protagonistes est tel qu'il est tout bonnement impossible d'imaginer la moindre alchimie entre les deux. Pourtant, c'était ce qu'il s'était passé avec cette gamine. Quelques paroles échangées, un soir plutôt banal, à première vue. De gueules cassées en âmes déchirées, il en était venu à raconter une partie de son passé à cette gamine aussi paumée que lui, en son temps. Parce qu'il connaissait le regard des autres, sur toute la crasse et la saleté qui semblait recouvrir la presque-adolescente comme une seconde peau. Parce qu'il savait que la réalité était trop dure, trop implacable pour qu'elle puisse se permette d'espérer de nouveau.

Alors, au fil du temps qui s'égrainait, il avait usé, sans réellement s'en rendre compte, de ce qui le rendait si particulier aux yeux de certaines. Une touche de gaminerie, un brin de sérieux, une pincée de rêverie, le tout accommodé de ce clignement d'yeux qui accentuait cet air gamin lorsqu'il parlait d'elfes, de fées et de légendes en tout genre. Il n'y croyait pas, ou plus. Mais, ravi de voir les étincelles briller dans les yeux d'une gamine, il n'avait pu s'empêcher de jouer le jeu jusqu'au bout, sans tabous.

Suite à cette soirée, il avait été dès le lendemain à la recherche d'un endroit où l'on pouvait voir des lucioles. Tricherie peut-être, mais il savait que la môme faisait partie de ceux qui prenaient les petits plaisirs de la vie comme ils venaient et qu'ils les chérissaient dans un coin le plus secret de leur esprit.

Et le voici donc, accompagné de sa famille, sur les routes caillouteuses et poussiéreuses d'un sentier sortant de Sémur, en direction de l'endroit qu'il jugeait parfait. Près d'une rivière, dont le léger roulis se faisait entendre par moment, accompagnant leurs pas d'une mélopée qui avait tendance à le rendre somnolent. Quelques cris d'animaux par-ci, par là, pour une nuit relativement calme. Même la lune semblait aux aguets, pâleur plus sombre que de coutume, comme si elle voulait participer à la découverte éphémère qu'ils allaient faire.

Il hocha la tête en direction de la rouquine, puis suivit d'un bon pas – ou plutôt se laissait tirer – par Griotte. Gamine impatiente, Emeraudes brillantes comme un firmament à son apogée un soir d'été, au diapason des Azurs amusées.

- Mais nan, t'es trop impatiente, c'pour ça. Pis fait attention, pourraient pas s'montrer, si tu gesticules trop. Sont timides t'sais.

Il n'en savait foutre rien, mais c'était ainsi qu'il se les imaginait, du peu qu'il se souvenait. D'une taille incertaine, beaucoup plus petits que les hommes, graciles et frêles. Et donc, tiré plus que libre de ses mouvements, il suivait la brunette sur la route tracée par des milliers de pas la façonnant chaque jour.

A mesure qu'ils approchaient du bois, l'air se faisait plus frais, aidé parfois par les légers embruns s'échappant du cours d'eau mitoyen, qui veillait sur eux comme un guide silencieux. Le perdant souvent de vue, mais l'entendant à chaque pas, il trouvait cette présence rassurante, dans ce silence troublé uniquement par le murmure du vent entre les branchages, les pattes d'un rongeur grattant la terre à la recherche d'une pousse tendre et croquante, ou bien l'envol d'une chauve-souris perturbée par leur approche.

Il se retournait de temps en temps, prenant le temps de ralentir sciemment le pas, afin de ne pas se faire perdre de vue par la rousse et le bambin. Car ils avaient beau ne pas être trop loin de la ville, il ne savait pas trop ce qui pouvait traîner dans les parages, et préférait rester groupé en cas de problèmes.

Il claqua de la langue, tirant d'un geste léger sur la main de la gamine, pour lui intimer l'ordre de ralentir, alors que l'endroit qu'il avait repéré hier n'était plus très loin. Une berge caillouteuse, bordée par quelques arbres aux articulations rabougries. Il montra du doigt l'endroit à la petite, avant de chuchoter à voix basse.


- On va s'mettre là-bas, on verra mieux. Mais faut faire silence, s'non ils partiront, compris la mouche ?
Griotte
Le Géant blond n'était pas une mule bornée se refusant à avancer, mais la Griotte impatiente trouvait qu'il ressemblait étrangement à la vieille carne mollassonne qu'elle s'était coltiner lors de son premier cours d'équitation avec la Jarretière. La môme en gardait un mauvais souvenir et une inquiétude viscérale qui la faisait paniquer dès qu'on lui proposait de monter à cheval. Elle avait pourtant retenu quelques brides de la leçon - traumatisée qu'elle était, c'est normal, me direz-vous - Elle savait que cravacher sa monture à coups de bois sec permettait de la faire avance, mais si elle appliquait cette méthode avec Milo, il risquait bien de lui en retourner une, et une bonne! La môme n'était pas de taille face au Géant des Plaines - Oui, des Plaines! Z'allez pas vous y mettre vous aussi, hein !- Restait la solution de la carotte qu'on agite devant le nez du canasson, mais la Griotte n'avait pas de carotte - ni de cerises, n'allez pas croire! - et puis de toute façon, l'était pas sure que la méthode fonctionnerait avec le blond. A la limite elle aurait pu essayer avec de la gnôle, ce qui aurait surement remporté un franc succès avec Princesse Rodriguette, alias Burrich pour les intimes - Un jour, faudrait qu'elle essaie pour voir. Promis, je vous dirais si ça a marché...

N'ayant d'autres choix, la gamine tirait Milo de toutes ses forces - bien maigrelettes, il faut le dire - tandis que lui trainait la patte sur le chemin caillouteux. C'était tout du moins l'impression qu'elle avait, mais elle parvenait à le faire aller d'un bon pas, bien qu'il lui arrivait de ralentir de temps à autre pour jeter un regard en arrière et s'assurer que la rouquine et le marmot les suivaient toujours de loin.

Un claquement de langue suivi d'une légère résistance de la part de sa montu... du géant blond, la poussa à s'arrêter pour lui lancer un regard curieux. Les émeraudes s'illuminèrent alors qu'il lui indiqua l'endroit où ils allaient s'installer pour observer les lucioles. Elle hocha la tête en silence pour lui montrer qu'elle avait bien compris et qu'elle allait essayer de faire preuve de discrétion - mais avec elle, c'est pas forcement gagné! - Ses yeux se tournèrent alors vers la berge caillouteuse, essayant de percevoir un léger scintillement flottant au dessus du sol ou se reflétant dans l'eau de la rivière. Elle cherchait des indices de la présence des petits êtres recherchés, mais ils se trouvaient encore trop loin de l'endroit indiqué, et elle ne vit qu'obscurité.

Alors que les deux retardataires les rattrapaient enfin, la morveuse lâcha la main du blond et se précipita à leur rencontre en franchissant rapidement les quelques pas qui les séparaient encore. Dans un sourire ravi, elle croisa le regarde de la rouquine et s'exclama en chuchotant:


- On arrive !

Et de s'accroupir devant le marmot qui l'accompagnait pour se mettre à son niveau et lui donner quelques instructions à voix basse, histoire qu'il ne fasse pas foirer leur petite excursion nocturne. Nan mais oh! Faut s'attendre à tout avec les nains brailleurs en culottes courtes!

- Gauvain on est tout près des fées lucioles, mais si on veut les voir faut pas faire de bruit. D'accord ? Faut pas crier, pas pleurer et faut parler tout doucement, sinon elles vont s'enfuir. T'as bien tout compris ? On va ensemble ?

La gamine lui adressa un sourire chaleureux avant de lui tendre sa main droite pour l'inviter à s'en saisir. Ce soir, elle a envie de partager son bonheur et les merveilleuses découvertes qui l'attendent.
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Milo
Azurs contre Emeraudes, il sourit. De voir la curiosité scintiller comme milles étoiles, de la voir si sérieuse face à ce qu'il ne considérait que comme un instant volé au reste du monde, hors du temps et de l'espace. De ce que l'on pouvait considéré, à demi-mots, comme un mensonge, énoncé pour ne pas voir l'innocence s'étioler. Mais il s'en moquait, bien que la culpabilité l'avait rongé, tout au début. Les rêves, c'était tout ce qu'ils leur restait.

Il se retourna ensuite vers le point de destination de la jeune fille, dont il avait déjà pu sentir l'impatience peu de temps auparavant. S'il s'était laissé faire, il se serait fait traîner par terre comme une vulgaire sac de patate. Ce qui, à n'en pas douter, aurait été du plus bel effet comique. Les Azurs se plissèrent légèrement, afin de mieux distinguer les silhouettes encore lointaines de la rousse et du bambin, uniquement éclairés par une lueur faiblarde.

Il se rapprocha à son tour, massant sa senestre, plus par habitude que par réelle douleur. Là encore, il y avait des hauts et des bas, et si la plupart du temps ce geste était dû à la douleur, il n'était quelques fois dû qu'aux vieilles habitudes, comme un geste rassurant pour apaiser une quelconque crainte qui n'existait que dans sa tête.

D'un signe de tête, il indiqua à la rouquine de ne pas faire de gestes malencontreux en direction de la petite brune, alors que celle-ci esquissait un geste en direction de Gauvain. Habitué aux moindres gestes que la jeune femme exécutait si jamais son rejeton se faisait toucher par quiconque. D'ailleurs, il s'était toujours demandé, lors d'une de ses moqueries, pourquoi Breiz ne cherchait pas à fendre les éléments, puisqu'ils osaient toucher son fils, chose hautement improbable et assurément impensable.

Avec un sourire en coin, il resserra sa lanière de cuir puis sa senestre gantée se cala dans la dextre de sa femme, pour l'empêcher de rompre ce moment qu'il jugeait important, aussi bien pour la petite que pour lui-même. Car cela faisait longtemps que personne ne l'avait suivi dans ses délires homériques, où l'enfant qui sommeillait en lui se réveillait à grand renfort de bêtises et de cris joyeux.

Le géant déposa un baiser sur le front de la rouquine, observant la scène avec ce sourire ironique qui le caractérisait si bien. Prise au jeu, la gamine semblait aux anges et prenait son rôle de guide très au sérieux. D'un mouvement de la tête, il montra à Breiz l'emplacement qu'il avait repéré le matin même, alors qu'il s'était mis en quête de ramener un peu de viande à faisander et à garder dans ses fontes.

Une berge caillouteuse donc, avec en son centre une énorme souche d'arbre, pourrie par endroit, mais pas assez pour que quelques adultes puissent s'asseoir sans risquer de se retrouver les quatre fers en l'air. Quelques roseaux éparses, d'où s'échappait quelques fois des ploufs quasi-silencieux, gage d'un repère de quelconque animal amphibien dans les parages.

Et, surtout, ce qui l'intéressait, un peu plus haut, à l'orée du bois, un endroit d'où les lucioles sortiraient, si ce n'était pas déjà le cas. Les sous-bois, d'où sortaient toutes ces odeurs qui le rassuraient et avaient tendance à le bercer. Terre mouillée, monticule d'humus fraîchement retourné, légère humidité qui s'infiltrait dans les vêtement, mouillait la peau et rendait les cheveux hirsutes.

Oui, il espérait réellement que les lucioles, ou les fées, comme aimait à les appeler la gamine, daigneraient se montrer.
--Gauvain.


Non mais, pour qui elle le prenait, la grande? D'abord, lui, il avait peut être des plus petites jambes, et pas encore les supers chausses rouges qui courent vite qu'il avait vu au marché ce matin, mais il était pas neuneu hein.
Maman elle lui avait bien dit : "Ce soir on va avec Milo voir des elfes". Déjà, il savait pas qu'il y aurait une grande avec eux. Il voulait être que avec Maman et Milo lui.
Puis en plus la grande elle le prenait pour un bébé. Il était plus un bébé, eh, il savait courir sans tomber maintenant! Même que des fois Maman elle râlait qu'il allait trop vite, et toc! Maman elle râlait un peu trop souvent en ce moment, surtout quand il courait trop vite. C'est depuis qu'elle avait le gros bidon ça. Elle arrivait plus à l'attraper pour lui faire des chatouilles comme avant, il fallait qu'il ralentisse pour la laisser gagner. Bien sur, il faisait semblant de plus arriver à courir pour que Maman le rattrape. Mais n'empêche, c'était plus un bébé!

Elle croyait quoi cette grande là! "Faut pas faire ci faut pas faire ça!" non mais oh, c'est plus un bébé hein, il a pas peur! Comme s'il allait pleurer, peuh! Elle va voir la grande, si y'a des montres, en rondelle qu'il va les couper! Il a une super épée d'abord! Même que Maman elle lui a cousu un fourreau et une ceinture pour la ranger comme un vrai chevalier, comme ça il la perd plus!
Il le sait lui qu'il faut pas parler pour pas faire peur aux Elfes. Il en a déjà vu une fois même. Il était très très très fatigué et Maman l'avait mis dans son lit et il avait vu un elfe puis après c'était le matin.

Mais là, il était même pas fatigué, même en marchant comme un grand avec Maman!
Ah, y'avait Milo qui était reviendu aussi! Un jour, quand il serait grand, il serait fort comme Milo. Mais avec une épée en plus. Un vrai chevalier, pour défendre sa Maman contre les méchants.

N'empêche, elle était bête cette grande. Il savait qu'il fallait se taire pour voir les elfes.
Mais quand même elle était gentille aussi un peu, elle voulait lui donner la main pour marcher, et ça c'est gentil hein!
Alors, il mit toute sa joie de partager ce moment avec la grande dans un vibrant et sonore :
Uui! avant de glisser sa main dans celle tendue, avec un regard pour Maman, regard très clair : "Désolé, mais avec le bidon du petit frère tu vas pas assez vite", accompagné d'un sourire protecteur tandis qu'il l'abandonnait avec le Milo très fort. C'est sur, Milo pourrait défendre Maman contre les monstres si jamais y'en a qui arrivaient. Lui, il défendrait la grande. Elle avait des jolis yeux cette grande d'ailleurs...
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Griotte
Un sourire rayonnant éclaira le visage de la gamine lorsque la menotte enfantine se glissa dans la sienne, signifiant par ce geste, pourtant si simple, que le petit rouquin acceptait de partager avec elle ce moment de rêverie et d'émerveillement, qu'ils attendaient tous deux avec une impatience certaine. D'ailleurs, il n'était pas question de s'attarder plus longuement au près du couple de traine-la-patte! Griotte en avait assez de ronger son frein, surtout maintenant qu'elle avait vu l'endroit où ils allaient s'installer pour observer les fées-lucioles! C'était comme si on lui agitait une poignée de fruits confis sous le nez en lui demandant d'attendre pour les manger. Elle en salivait d'avance! - Façon de parler hein! Si la môme se mettait à saliver en pensant aux fées qu'elle allait voir, y aurait de quoi se poser des questions!

- Aller ! Viens ! C'est partiii !

Se redressant vivement, la gamine resserra légèrement sa main sur celle de Gauvain avant de l'entrainer à grands pas sur le sentier en direction de l'endroit que lui avait indiqué le géant blond quelques instants plus tôt. Du haut de ses petits jambes, le rouquin devait presque courir pour suivre son allure, mais cela ne dura pas bien longtemps. La môme se mit à ralentir d'elle même lorsqu'ils approchèrent de la vieille souche se trouvant à quelques pas de la rivière.

Quittant le chemin caillouteux, elle se dirigea vers celle-ci et lâcha la main de Gauvain pour s'y installer en lui faisant signe d'en faire de même. Sa tête se tourna un instant en direction du chemin, où elle aperçut les silhouettes rassurantes du couple qui approchait, à leur rythme - Faut-il encore préciser qu'ils étaient lents ? - Souriant légèrement, elle les quitta des yeux pour observer la lisière de la forêt. Milo avait dit que les elfes se montraient parfois en bordure des bois. C'est donc cet endroit que les émeraudes se mirent à scinder dans l'espoir d'y voir apparaitre des formes mouvantes ou les lueurs féériques des lucioles.

Toute à son observation, elle sursauta lorsqu'un gros "plouf!" suivit d'un froissement d'herbes se fit entendre sur la berge de la rivière, à quelques pas à peine. Était-ce la brise qui faisait bouger la végétation où bien y avait-il une créature étrange en train de les guetter ? A moins que ce ne soit son imagination qui lui jouait des tours...


- Tu... Tu as entendu ? Je crois qu'il y a quelque chose par là...

Et de reprendre la main du gamin dans la sienne. Hésitant entre inquiétude et curiosité, elle observait les herbes hautes qui bordaient la rivière, ne sachant si elle devait craindre ce qui s'y cachait.
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--Gauvain.


Il avait couru avec la grande, pfiou, elle allait vite, il était grand et fort mais co même, elle allait vite !
Un peu essoufflé – mais pas trop ! – il s’assit près d’elle, tout content. C’était bientôt l’heure des Elfes ! Il se hissa donc sur la souche, et remua son petit fessier pour se caler contre elle. Tant qu’à en profiter, hein, pas fou le mouflet !

Soudain, un bruit, dans les roseaux. Et la voix de la grande, inquiète. Ravi, il saute sur ses pieds, l’épée déjà au clair. Glissant sa petite menotte dans celle de sa nouvelle amie, il brandit l’épée de bois.


A pas peu’ ! Ch’est a cana’d ! ‘Iens !

Tirant sa nouvelle amie par le bras, il s’avança vers le bruit, prêt à pourfendre le monstre, si jamais ce n’était pas un canard… On ne savait jamais ! Un pas, deux pas, trois pas… Qui était là ? Un canard ? un elfe ? Ou … un dragon ?
Plaçant son index devant sa bouche, il fit signe à la grande de se faire silencieuse, et se mit à marcher sur la pointe des pieds, écrasant toutes les brindilles sur son passage, et cramponné à la main de son aînée… C’est que c’était pas facile de garder son équilibre !


’Tention ! chuuuuuuuuuut !

Il fit un sourire de connivence à la Grande, puis, lâchant sa main, poussa un hurlement d’attaque, un « yaaaaaaargh ! » bien lancé, et fendit la touffe de roseaux de son épée, provocant un cancanement indigné. Le canard battit des ailes tout près de son visage en s’envolant, lui arrachant un hurlement de terreur, suivi d’un pas en arrière et d’un plouf sonore, dans les eaux peu profondes et vaseuses du bord de la rivière.

Paniqué, il agita ses bras à toute vitesse, hurlant, ne se rendant pas compte qu’il était simplement assis, la couche dans la vase…


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Milo
Il plissa les yeux, scrutant encore une fois les sous-bois à mesure qu'ils approchaient de la souche où il comptait bien les faire profiter du spectacle. Soulagé que les deux gamins s'entendent si bien, venant pourtant de deux horizons différents, quoi que semblable dans leur histoire. D'après ce qu'il avait retenu, Griotte avait été élevée par sa mère, sans connaître son vrai père. Un peu comme Gauvain, jusqu'à présent.

Secouant la tête, il allongea un peu le pas, tirant la rouquine dans la direction souhaitée, un oeil toujours rivé sur les exactions des deux mômes. Sait-on jamais, si près du bord, ce n'était pas lui qui ne savait pas nager, ni la rousse en cloque qui allaient pouvoir aider qui que ce soit. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres, tandis que le petit rouquin s'amusait à fendre l'air, devant l'air plus ou moins inquiet de la môme.

Et ce qui devait arriva tout naturellement. Un rouquin le cul en l'air, un canard s'échappant en émettant des cris outrés et indignés, suivis par un hurlement à s'en faire glacer le sang. Sifflant un juron, le blond lâcha la main de son amante et se dirigea presque en courant vers les deux enfants. Avant d'éclater de rire, devant le vent que brassait le mouflet rusé. En tout cas pour la discrétion, c'était raté. Il se pencha et pris le petit homme dans ses bras, tentant de le calmer en attendant que sa mère n'arrive pour le rassurer.


- Décidément Lillä rav, t'es aussi discret qu'ta mère quand tu t'y mets ! Puis, avec un regard d'excuse pour la brunette, il se pencha, parlant tout bas, comme un aveu. Désolé p'tiote, chez les rouquins, la discrétion, c'est pas l'mot maître. Mais chut hein, la rousse va pondre avant l'heure sinon.

Clignement d'yeux alors qu'il calait Gauvain sous un bras, sachant que cela l'apaiserait plus ou moins. Il aimait bien se faire porter ainsi, s'amusant, lorsqu'il ne hurlait pas de trouille, à fendre l'air de son épée de bois. Le géant se pencha une fois encore, fouillant la vase à la recherche de l'arme tant aimée, réprimant une grimace de dégoût, à la fois parce que la couche du gamin gouttait sur ses vêtements, certes plus très propres, mais aussi parce que fouiller dans ce marasme gluant avait de quoi en dégoûter plus d'un.

Enfin, soulagé, il sorti l'épée dégoulinante de bave verte, pour la poser dans l'herbe, à côté de la souche. Plus par commodité que par réelle coquetterie, sa main ira elle aussi caresser les brins tendres pour répandre un peu de cette semence marine qu'il ne voulait pas. L'enfant toujours sous le bras, qui se calmait peu à peu alors que sa mère entrait dans son champ de vision, il se retourna et eu un léger sourire.

Là, tout près, parmi les arbres, on pouvait voir de petites lueurs vertes qui dansaient dans la pénombre. Etranges et fascinantes, elles entamaient une danse languide, sous les Azurs ravies de tel spectacle. Colonie assez conséquente pour nimber d'un éclat intriguant les arbres alentours, envahis par la mousse, le lichen ou tout simplement un quelconque champignon parasite.

Sa dextre se posa sur l'épaule de la gamine, la pressant légèrement, autant pour attirer son attention que pour vérifier que lui non plus n'avait pas rêvé. Qui sait, des fois qu'ils deviennent réalité.
Breiz24

Gauvaaaaaaaiiiin !

Cri de terreur de la rousse, en écho à celui de son fils, une demi fraction de seconde avant le sien, même. Le sang se glaçant dans ses veines lorsque le canard surgit – qu’est-ce que c’est, quelle est la chose qui agresse mon bébé ?! - le temps de reconnaitre l’animal – il va lui crever un œil avec son bec ! – puis de voir l’enfant basculer vers l’eau – mon fils est mort – elle courrait déjà vers les lieux du drame.

Elle maudit, de toute son âme, celui qui lui avait rendu goût à la vie. Le géant blond, qui l’avait éveillée de la mort dans laquelle elle vivait pour lui rendre la joie, venait de la lui retirer à tout jamais. C’était lui qui l’avait tirée de sa torpeur, c’était lui qui avait pris possession de son âme, et de son corps, y implantant son enfant. Son enfant à lui, l’empêchant de rejoindre le sien. Tuant son bébé à elle pour ne voir vivre que celui qu’il lui avait planté dans le ventre, et qui l’handicapait un peu plus jour après jour. Oui elle le maudit de toute son âme. L’espace d’une seconde. Celle d’après, il était auprès de son fils, couvert de la boue verdâtre qui enduisait l’enfant.

Encore quelques grandes enjambées, et elle saisissait son fils, le pressant contre elle malgré la vase qui dégouttait partout, sanglotant sans bruit, à l’unisson avec les dernières larmes du petit garçon.
Absente à son entourage, de longues minutes, jusqu’à ce qu’elle sente l’enfant frissonner contre elle. Elle leva les yeux pour entr’apercevoir la lente balade des petites lueurs vertes, et la main du géant se poser sur l’épaule de la gamine.
Elle entreprit de déshabiller son fils, laissant les vêtements trempés tomber au sol, près de l’épée de bois, dans un fort peu ragoutant bruit, et l’enroula dans sa cape de laine noire, avant de le caler sur sa hanche du mieux qu’elle le pouvait, murmurant quelques consignes à l’enfant, index levé doctement.


Tu fais pas pipi Gauvain hein ! T’as plus de couche comme un grand là, et t’es dans la cape noire de Maman hein. La noire, la plus précieuse ! Interdit de me la crader en faisant pipi ou caca dedans je te préviens ! Si t’as besoin tu demande à Maman ! D’accord ?

Et l’enfant de répondre par un « Uui ! » sonore, comme à son habitude, confortant sa mère dans l’idée qu’il avait compris sa tirade de bout en bout. Puis il tendit la main vers l’essaim vert, et la rouquine finit par se rapprocher de son mari et de la cerise, en silence, pour se couler contre le blond, coté senestre, la tête contre son torse, encore plus secouée par l’incident qu’elle ne le laissait paraitre.

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Griotte
Était-ce vraiment le canard qui avait effrayé la gamine ou bien était-ce le cri perçant de Gauvain déchirant le silence de la nuit ? C'était peut-être bien les deux. Tout s'était enchainé si vite ! Saisie d'effroi, la môme sursauta et fit un pas en arrière, puis deux. Courbant instinctivement l'échine, elle se protégea le visage d'un coup éventuel. Prise de surprise, elle n'eut même pas la présence d'esprit de venir en aide au petit rouquin qui continuait à hurler de terreur en s'agitant dans la rivière. Était-il entrain de se noyer ? Griotte ne pouvait pas le sauver. Elle ne savait pas nager, bien qu'une brune aux semelles de vent lui avait proposé de lui apprendre la brasse dès que le temps serait plus clément et les eaux moins froides.

C'est le géant blond qui se précipita vers eux pour aider Gauvain à s'extraire de la boue poisseuse, sous les yeux effarés de la gamine. Elle mit un certain temps à réaliser que l'enfant n'avait pas encouru un grand danger. Les émeraudes inquiètes observaient le rouquin dans les bras de Milo, cherchant le moindre détail qui aurait pu témoigner d'une blessure. Le petit semblait idem. Il en serait quitte pour une grosse frayeur, qui avait fait voler en éclats leur discrétion, comme le souligna le nordique sur le ton de la confidence. Ses paroles arrachèrent un sourire à la gamine et finirent de la rassurer. Retrouvant son habituel aplomb, elle râla pour la forme :


- Ben là, avec tout l'bruit qu'on a fait, on a dû faire fuir les elfes. Maintenant on verra surement plus que les fées-lucioles. Pfff !

La main du géant se posa sur son épaule et provoqua le levé d'un visage curieux vers les traits masculins. Les azurs étaient tournées en direction des bois où devaient apparaitre les êtres enchantés. Les yeux de la môme s'écarquillèrent d'émerveillement à la vue des petites lueurs vertes dansant autour des arbres. Leurs ramures semblaient irradier une mystérieuse brume aux éclats magiques et étonnants.

Un sourire illumina le visage de la gamine, charmée par la vue qui s'offrait à elle. Elle les observa un moment en silence, éblouie par la beauté de la scène. Elle avait l'impression de se trouver dans un rêve dont elle n'allait pas tarder à s'éveiller.
Sa curiosité grandissante à la vue des lucioles, elle se tourna finalement vers le couple debout à ses cotés.


- On peut s'approcher ou bien ça va les faire partir ? Et quand on voit des fées on peut faire un vœu comme pour les étoiles filantes ?
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Milo
Il n'a guère prêté attention à son babillage avec l'enfant, tant il sait qu'elle est toujours, à son goût, dans la démesure concernant son fils. Flirtant parfois avec l'hystérie, quand ce n'est pas pour tomber dans ses bras. Et il sait que rien, à part le temps, ne peut la calmer lorsqu'elle est dans cet état. Aussi se contente-t-il d'entourer de sa main gantée ses épaules, Azurs tournées vers les Emeraudes, celles qui dansent à quelques pas d'eux et celles qui brillent juste à côté.

Azurs qui scrutent, détaillent, s'interrogent. Souriant quand la peur laisse place aux grognements, amusé lorsque la curiosité prend le pas sur le silence. Ravi, il l'est lui-même. Car plus il y repense, plus il se dit que cette petite et lui ont beaucoup de choses en commun, bien plus qu'on ne pourrait le croire. Peut-être est-il dans l'erreur, mais l'âme d'enfant qui ne le quitte jamais veut croire que non.

Il a su trouver en Griotte la résonance d'une envie commune, celle de rester encore en enfance, pour profiter de ce qui s'offre à eux. Se foutre du reste, balayer les préjugés, oublier les castes, les habits sale, les cheveux gras, la poussière incrustée dans la peau comme un tatouage vivant. Juste rêver, encore un peu, avant que la dure réalité ne se rappellent à eux.

Lentement, sa dextre se retire de l'épaule de la gamine pour venir exercer une légère pression dans son dos avant de retourner contre son flanc. Clignement d'yeux, suivis de sa voix aux sonorité profondes de basse
.

- Pour sûr, mais pas trop non plus. Ca risque d'les effrayer.

Lui aussi, sans se l'avouer, aimerait bien frôler le halo mystérieux. Mais, comme tout rêve, il sait qu'il ne pourra que le toucher des yeux, rétine dévorant chaque lueur jusqu'à s'en brûler, souvenir tatoué au plus profond de son être.

- T'peux faire un vœux, oui. Et il t'faudra l'formuler silencieus'ment.

Il avance de quelques pas, entraînant la jeune femme rousse avec lui, fixant toujours intensément l'étrange lueur dansante, subjugué lui aussi par un spectacle qu'il n'a vu que trop peu de fois pour l'oublier.

Et qui sait, Griotte, peut-être les elfes qui ont veillé sur moi quand j'étais à peine plus vieux que toi accepteront-ils de s'occuper de toi.
Griotte
Un sourire ravi étira les lèvres de Griotte. Elle était irrésistiblement attirée vers les minuscules lueurs vertes flottant aux pieds des arbres. Le géant blond avait à peine fini sa phrase que l'entière attention de la gamine était à nouveau accaparée par le ballet des lucioles. Elle s'avança silencieusement en direction des bois, ses émeraudes étincelantes ne parvenant pas à se détacher de la scène qui se jouait là. Elle était captivée par les petits êtres lumineux au point d'en oublier la présence du couple à ses cotés. Elle freinait son ardeur pour ne pas courir à grandes enjambées jusqu'aux lucioles pour essayer de les attraper et les regarder briller entre ses mains. Il faudrait faire attention qu'elles ne s'échappent pas. Mais peut-être que ça ne brille plus, une fée en captivité. Ce serait comme tenir un oiseau en cage ou enfermer une gamine aux semelles de vent, elle perdrait de sa fougue et se flétrirait lentement.

N'empêche que la môme avait quand même envie de les attraper, juste pour pouvoir les observer au creux de sa main et sentir leurs ailes battre et s'affoler contre ses paumes recourbées. Les sentirait-elle ? Les fées-lucioles ont l'air minuscules. Bien qu'ils se soient approchés, ils se trouvaient encore trop loin pour les voir en détails et s'avancer plus en avant risquerait des les faire fuir. Mieux valait s'arrêter là.


- Les fées, elles font la même taille qu'une libellule ?

Peut-être que c'est encore plus petit. Tellement petit qu'on pourrait n'en faire qu'une bouchée. Hop ! D'un geste vif de la main on en goberait une toute ronde, comme on avale une cerise avec gourmandise. Ça doit avoir un goût sucré aussi savoureux qu'un fruit bien mûr. Elles doivent fondre sous la langue et glisser dans le gosier avec la douceur d'une caresse.

- Ça se mange une fée-luciole ? C'est surement meilleur que les cheveux... Et peut-être qu'ensuite, on brille de l'intérieur.

Mais impossible de vérifier si c'était vraiment le cas, à moins d'en manger tellement que la lueur finirait par se voir même à travers la peau, comme les rayons du soleil filtrant à travers un voile léger.

- Surement qu'ça doit être très beau, mais si on veut qu'les lucioles exhaussent nos souhaits, c'est ptèt mieux d'pas essayer !

Les émeraudes se tournèrent vers le géant et la rouquine, cherchant leur approbation avant que les paupières ne les recouvrent et que la môme n'émette un vœu silencieux en espérant de tout son cœur, qu'il se réaliserait un jour : J'aimerais que le Légendaire soit vraiment mon papa et qu'un jour on forme une vraie famille avec Alycianne et Cassian, tout comme celle de Milo, Breiz et Gauvain.

Et de rouvrir les yeux en souriant, confiante, avant de les refermer brusquement, d'un air paniqué : J'ai oublié le "s'il vous plait" !
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Milo
Le sourire s'étire, devant une curiosité toute enfantine. Même pour une fille qui s'approche plus de l'adolescence qu'elle ne s'en éloigne. Elle s'est prise au jeu, peut-être y croit-elle. De l'extérieur, on dirait bien. Juste une gamine qui a besoin de rêver quelques instants, loin de sa vie et de ses tumultes grandissants.

Il se tait, lui aussi, observant d'un oeil absent les lucioles indolentes. Perdu dans ses propres pensées, comme il le sera souvent dans un futur proche, à se demander si la mère aime vraiment sa fille, s'il doit continuer de rester et former une famille, ou bien s'il n'a d'autre choix que de prendre l'enfant avec lui et s'éloigner de la rousse et de sa vie.

Mais l'heure n'est pas à ces questions et c'est avec un sourire amusé qu'il écoute la cerise déclamer les siennes. Il est un peu surpris, car il ne la savais pas aussi curieuse A dire vrai, lors de leur première rencontre, elle était plutôt silencieuse. Peut-être par crainte de se faire rabrouer, peut-être parce qu'elle était en phase d'observation.

- Non, elles sont beaucoup plus p'tites. Il lâcha un instant la rouquine, le temps de rapprocher son pouce et son index si près l'un de l'autre, qu'il les sentait se frôler. Et plus rapides aussi. Les libellules, c'trop grand. Pis c'pas très joli. Les lucioles non plus, lorsqu'elles ne sont pas allumées, mais il se garde bien de lui faire la remarque. Si ça s'mange ? Et sa voix de s'élever doucement en un rire grave et doux. Rire aux éclats vaudrait à la magie de s'échapper. Certain'ment pas malheureuse, t'veux pas qu'ils t'foudroient sur place non plus ? Le sourcil se fronce, la mine se fait grave et sérieuse, un peu trop pour les âneries qu'il déblatère derrière et l'index se veut professoral. Parc'qu'vois tu, leur lumière sert pas seul'ment à nous rendre un spectacle agréable à l'oeil. Ca sert aussi à s'd'fendre cont'les malheureux qu'essayeraient d'les manger. C'qui est normal, t'voudrait toi, qu'un homme t'r'garde pis qu'ques s'condes après qu'il veuille t'manger ? Ba elles, c'pareil. Surtout, garder son sérieux. Ne pas se mettre à rire, ni à pleurer de rire. Garder son sérieux. Après j's'rais toi, j'essay'rais pas. Certains l'ont fait, ben sont en train d's'en mordre l'peu d'doigts qu'ils leur reste.

Aucun rapport mais qu'importe. Dans le flot, ça passera sûrement inaperçu. Il penche la tête sur le côté, remettant son bras autour des épaules de la rouquine après avoir resserré sa lanière de cuir bleue. Redevenant pensif aux dires de la petite vagabonde. Il sait que sa vie n'est pas simple. Mais de là à manger des cheveux pour seule pitance... Il est choqué, plus qu'il ne veut bien se l'admettre. Puis, pris d'une idée de génie – de son point de vue – il tapote l'épaule de la petite brune.

- Ba, t'mang'ras pas d'ch'veux c'soir. J't'pai'rais une bonne tourte dégoulinante d'jus. T'en penses quoi, rouquine ?
Breiz24
Que je suis fatiguée et que Gauvain a froid.

La rousse grimace, puis sourit, pour adoucir sa remarque. Son ventre lui pèse ce soir, et l’enfant calé sur sa hanche provoque de douloureux pincements dans ce dernier. Elle ne l’avouera pour rien au monde. D’autant que l’enfant ne doit pas naitre avant deux bons mois, peut être un peu plus.
Elle n’a rien écouté du monologue de la gamine, encore moins celui du blond, concentrée sur sa vie intérieure et sa fatigue. Centrée sur elle-même, comme elle le sera rarement dans sa vie.
Consciente que la gamine a encore soif d’émerveillement, et qu’elle a visiblement trouvé en Milo une image de stabilité – si elle savait ! – une sorte de grand frère ou qu’en savait-elle, elle ajouta :


Restez regarder les fées encore un peu, ptet que quand on sera parti comme y’aura moins de bruit les elfes arriveront. Nous on rentre à l’auberge commander la tourte pour ce soir et prendre un bain. Gauvain pue la vase.

Elle sourit à Griotte, changea Gauvain de hanche, et caressa le creux de la main du blond de son pouce en s’éloignant de lui. Vêtements de bébé crados ramassés, avec un geste de dégout, elle sourit une nouvelle fois à la gosse et à son mari, avant de s’éloigner lentement, son fils blotti contre elle, pesant lourdement sur son ventre.
Un bain chaud avec des huiles pour décontracter ses muscles noués, une bonne soupe de légumes et des tartines de pâté, voilà ce qui lui faisait envie.
Quelques minutes de marche, un sourire enjôleur à la tenancière de l’auberge qui commençait à connaitre ses habitudes, et avait donc déjà mis de l’eau à chauffer pour un bain, et elle se plongeait avec délectation dans le baquet d’eau chaude avec son fils et deux ou trois animaux de bois sculptés qui allaient surement finir par être projetés au dessus du baquet par les nombreux remous provoqués par l’enfant.

Elle ferma les yeux et appuya se tête au rebord du baquet, brusquement épuisée. Peu importait. Quand Milo et Griotte rentreraient, le diner serait prêt et la gamine mangerait à sa faim.

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