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[RP] On a pas élevés les cochons ensemble !

--Grolard



Il fait beau depuis le début de la journée. J'en profite pour me diriger d’un pas nonchalant vers mon bain habituel. Maintenant que le soleil est haut dans le ciel, les moustiques et autres insectes dérangeant arrivent pour tenter vainement de me piquer afin de faire de moi leur repas. Alors que j’attaque la pente habituelle qui donne sur les bains, je me dis une fois de plus qu’un petit régime ne me ferait pas de mal. C’est qu’il est dur de devoir trainer ces 150 Kg sur de si petites pattes. Mais à chaque fois que je tombe sur ces légumes, je ne peux m’empêcher de les croquer si goulument.

Alors que j’arrive au sommet, je découvre enfin les bains qui me procurent tant de plaisir. Un soupire de contentement m’échappe alors.


- « GROIIIIIIIIIIIIN ! »

Je commence à courir gaiement afin de finir en plongeon dans mon bain de boue.

- « Aaah ! Quel plaisir de pouvoir se vautrer dans cette boue si crémeuse. C’est de la bonne qui colle bien à la peau et qui est si rafraichissante. Les moustiques vont pouvoir essayer de m’atteindre, maintenant, ils n’y arriveront plus. »

Alors que cela fait quelques dizaines de minutes que je me baigne tranquillement dans ma boue et que je profite de cette belle vie de cochon, j’entends un bruit au loin. Pas d’inquiétude, ça doit encore être cette foutue vache qui ne peut s’empêcher de venir se moquer de moi. Après tout, de la boue lui ferait le plus grand bien aussi. Mais elle est bien trop hautaine pour vouloir admettre que la boue n’est pas que pour le bas peuple.

Je continue donc à m’enduire de cette substance foncée mais un nouveau bruit m’arrête soudain. Un bruit que je connais bien et qui souvent est synonyme de nourriture. Un être qui marche sur deux pattes arrive en émettant ce son si désagréable avec leur bouche. Pourquoi donc doivent-ils toujours faire ceci ?! Peut être croient-il que c’est de la musique ? Enfin bon !

Je me tourne en attendant avec impatience que l’humain arrive. Mais après quelques petites minutes, je remarque que je ne connais pas celui-ci. Bizarre, que fait donc cet être vêtu de rouge ici ? Quelques mèches noires dépassent d’une capuche et celui-ci tient un seau dans sa main. Peut-être vais-je quand même avoir droit à quelques pommes.

Je regarde donc l’humain s’approcher de mon bain et y tremper son sceau afin de le remplir de boue. Je sais qu’il m’a vu, j’ai eu droit à un regard qui en disait long. C’est celui qu’ils font généralement avant de venir chercher l’un des nôtres, un regard qui dit qu’on nous verrait bien coupés en tranches, grillés au feu de bois.


- « De la boue ?! Quoi ?! On me vole ma boue ?? »

C’est sans attendre que je me rue, ou du moins que j’essaye, ce serais plus facile sans cette boue collante et sans ces kilos en trop, sur cet animal sans gène qui me pique ma boue sans remord. Alors qu’il m’inspectait du coin de l’œil et me vit soudainement charger sur lui, c’est sans demander son reste que l’être humain partit ses jambes à son cou, le seau débordant de boue et tachant ses vêtements si rouge d’origine.

Voila, mon petit exercice de la journée étant fait, je pouvais me rouler une dernière fois dans la boue et redescendre la colline afin d’aller déguster quelques pommes et des vers bien gluants.
Griotte
Les émeraudes songeuses observaient la boue qui emplissait le seau posé devant ses bottes, couvertes de mélasse. Elle savait que ce qu'elle s'apprêtait à faire n'était pas bien et qu'elle allait s'attirer des ennuis si elle mettait son plan - foireux - à exécution, mais comme tout bon garnement à qui on interdit de toucher le chaudron au dessus des flammes, la morveuse avait envie de tendre la main et de poser ses doigts sur la marmite brûlante. Le fait de savoir qu'elle allait subir des remontrances si elle se faisait prendre ne parvenait pas à chasser son envie grandissante d'assouvir sa vengeance et de laisser jaillir la colère qui grondait en elle, tel un volcan assoupi depuis bien des années.

C'était une Corleone qui avait soufflé sur les braises éteintes pour raviver la rancœur que la petite rouge portait envers ce père absent, qu'elle n'avait jamais connu. Elle s'était résignée à ne jamais savoir son identité. C'était mieux que de se faire de fausses illusions, car il y en avait eu, évidement. Au départ, la gamine prenait plaisir à s'imaginer un homme grand et fort, du type chevaleresque, qui impressionne et incite au respect. Il vivrait loin de la misère et finirait un jour par tirer sa fille de la fosse à purin dans laquelle elle avait grandie avec sa mère. Mais ce jour n'était jamais venu. Les années d'attente avaient transformés ses espoirs en désillusions. A présent, les rares fois où elle pensait encore à lui, elle ne voyait plus qu'un minable aussi pouilleux que tous les autres gueux vivant dans la crasse et la puanteur de la Cour des Miracles. Il n'y avait plus de quoi être fier. Mieux valait l'oublier.

La petite rouge s'était donc efforcée de ne plus penser à son père inconnu. Elle l'avait chassé dans le fin fond de son esprit, jusqu'à ce qu'une brune provocatrice lui crache à la figure le nom de celui qui aurait du rester un mystère pour la gamine. Elle avait enfin un nom à lui donner... Eusaias, le chevalier légendaire. Le "comme-père" d'Alycianne et Cassian. Ils avaient l'air si fiers et plein d'admiration envers cet homme qui les avait pris sous son aile, les considérant comme ses propres enfants, s'assurant qu'ils ne manquent de rien, tandis que sa fille de sang vivait au loin, dans la misère.

Et elle, pourquoi l'avait-il laissée patauger dans la boue ? Combien de fois n'avait-elle pas pu manger à sa faim, alors que lui ne manquait de rien ? Combien de rossées s'était-elle prise pour avoir volé sur un étale de quoi subsister un jour de plus ? Pourquoi ? Oui, pourquoi avait-elle eu droit à une vie faite de violence et de privation ? Pourquoi n'avait-elle pas eu droit à un peu plus de chance, elle aussi ? Pourquoi ne lui était-il pas venu en aide ? Pourquoi ?


- Alycianne, pardonnes-moi...

Plongeant sa main dans le seau empli de boue, elle en ressortit une poignée de mélasse gluante. Les émeraudes furieuses restèrent un instant rivées sur la maison qui lui faisait face. Elle y avait passée une nuit. Une seule nuit. Alycianne, te souviens-tu ? Tu m'avais proposé de dormir chez toi et chez Cassian. Juste une nuit, avant que nous ne prenions la route pour aller en Lorraine avec Maeve et les autres. A ce moment là, je ne savais pas encore que c'était aussi chez Lui.

- Eusaias, je te déteste !

L'offensive était lancée. Une volée de boue s'écrasa violemment sur la façade de la maison, projetant des trainées brunâtres sur les pierres immaculées. Tiens ! Manges ça ! C'est bon la boue ! J'en ai bouffé pendant des années ! Fais moi confiance, je m'y connais, papa !

- Vas pourrir en enfer, sale raclure !

T'as vu comment qu'elle t'aime, ta fille ?
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Eusaias, incarné par Griotte



La journée s’annonçait bonne, le Balbuzard s’était rendu à la boulangerie voir si ceux qu’il employait étaient aussi doués pour faire du pain que pour lui extorquer de l’argent. Car c’était hélas bien la règle du jeu, si le « maitre » ne gardait pas un œil sur ses biens, les employés prélevaient une certaine somme sur les bénéfices journaliers. Le Balbuzard n’en faisait pas cas, il jouait à l’ignorant, c’était ainsi la « confiance » qu’ils avaient instaurée. La boulangerie était bien tenue, malgré le « prélèvement » les bénéfices restaient bons, largement bons, alors le sémurois les félicita pour leur travail avant de s’en retourner chez lui.

La demeure Sémuroise n’était pas aussi impressionnante que son château en Limousin, mais elle avait une âme, une vie. Tous ses meilleurs souvenirs étaient liés aux pierres de cette maison. Bien sur il l’avait aménagé et réaménagé afin de lui donner meilleure allure, mais elle restait dans son cœur, la petite bicoque qu’il avait achetée en arrivant en Bourgogne. Il l’avait aussi refaite intérieurement pour accueillir ses enfants.
Passant près de la maison de Jusoor, Il porta un regard voir si quelqu’un était présent. Le frison entre ses jambes marqua un arrêt, sachant qu’à chaque fois il fallait surveiller, voir si rôdeurs si trouvaient. La maison était fermée depuis bien longtemps, celle qu’il avait aimée comme une fille vivait désormais dans une auberge non loin, préférant fuir son passé, ses biens. La veille, la sémuroise lui avait fait un serment des plus acides, lui rappelant son rôle de protecteur et de père. Elle avait été virulente, lorsque le balbuzard avait dit ne plus avoir de nouvelle de ses enfants, sans douter lassés d’attendre réponses à leurs lettres.

Un sourire naquit sur son visage, Cassian, Alycianne, ses enfants lui manquaient atrocement, malgré qu’il ait décidé cette solitude. Il allait donc rentrer et leur écrire, les faire revenir aussi, peut être aussi faire revenir son aimée. Réfléchissant aux mots qu’il allait employés il remarqua la petite fille devant sa bâtisse, qui le menaçait et salissait sa maison comme s’il se trouvait à l’intérieur. Encore une personne de blessée ? Le Balbuzard avait un don pour réveiller l’animosité des gens qu’il côtoyait.

Il mit pied et à terre et d’un à pas de loup il se glissa dans le dos de la jeune fille. Il avait d’abord eu une violente envie de lui plier l’oreille, assez fort pour couper la circulation du sang. Rien de grave, rien de marquant, mais lorsqu’on lâchait l’oreille et que le sang revenait, la douleur était vive durant un court instant et arracha souvent un cri de douleur. Le châtiment était à la hauteur du crime. Un adulte aurait tenté de « l’agresser » de la sorte, le Mauvais lui aurait fait rendre gorge, mais là… une enfant. Il grimaça et saisit l’oreille entre son pouce et l’index avant de la pincer de toute sa force.


Tu devrais sans doute aller chercher de l’eau à la rivière et trouver un tissu afin de nettoyer ça. Ensuite, tu devrais me donner le nom du commanditaire, le lâche envoie une enfant, au lieu de venir de lui-même. Non je change d’idée, tu me donnes ton nom, le nom de l’idiot qui t’envoie et tu vas ensuite chercher l’eau.

Rictus mauvais sur le visage du Balbuzard avant de relâcher l’oreille.
Griotte
Malgré l'assaut lancé par la gamine furieuse, la porte de la maison s'évertuait à rester close, tout comme les fenêtres donnant sur la scène qui se jouait dans la rue. Le Balbuzard ne montrait aucun signe de vie. Rien n'aurait pu indiquer qu'il était présent chez lui, et pourtant, la morveuse continuait de balancer rageusement des mottes de boue sur la façade en pierre, persuadée qu'elle parviendrait à le faire sortir de son antre à coups d'injures et de provocation.

- T'as peur d'une pauv' gamine ou quoi ?

Question risible pour qui connaissait un tant soit peu le Légendaire, mais justement, la môme ne le connaissait pas! C'était bien là tout le problème. Pourtant, si elle avait prêtée une oreille un peu plus attentive aux commérages qui se colportaient autour d'une chope en taverne, elle aurait su qu'Eusaias était un duelliste hors paire, et qu'il valait mieux ne pas le croiser au détour d'une lice ou d'un champ de bataille, à moins d'avoir l'envie soudaine de se faire passer une lame au travers du corps. Ses prouesses au combat avait fait sa renommée, mais la morveuse ne semblait guère s'en inquiéter, bien que Cassian et Alycianne n'aient eu de cesse de lui vanter les exploits chevaleresques de leur père. Tout ça, c'était juste de la fanfaronnade de toute façon !

- Sors de ton trou à rats ! 'spèce de lââ-aaïe ! Lâches-moi ! Enflure !

La main crasseuse laissa tomber la boue qu'elle contenait pour se porter instinctivement sur les doigts qui maltraitaient son oreille. Essayant de les écarter, elle se débattit légèrement en grognant de fureur. Ses gesticulations ne faisant qu'accentuer la douleur qu'elle ressentait, elle cessa bien vite de bouger et serra les dents en écoutant attentivement les paroles prononcées par l'homme se trouvant dans son dos. S'agissait-il de son père ? Certainement...

Dès que les doigts lâchèrent leurs prises et la libérèrent, elle s'écarta d'un bond et fit face à l'inconnu, le toisant d'un œil aussi mauvais que le rictus peint sur les traits masculins qui l'observaient. La gamine retint un frisson en voyant l'air menaçant du Balbuzard, mais il était hors de question qu'elle flanche ! Griotte, c'est pas une mauviette ! Et puis en plus, c'était lui le vilain dans l'histoire ! Si ! Si ! C'est vrai ! Ou tout du moins, c'était ce que la morveuse s'était mis en tête. Elle allait quand même pas se laisser intimider par ce vaurien... En plus, il la sous-estimait ! Il croyait qu'elle était envoyée par quelqu'un. Comme si elle était pas assez grande pour prendre ses décisions elle même - et se foutre dans la merdouille aussi, soit dit en passant.


- Y a pas de commanditaire ! J'obéis à personne ! J'fais c'que j'veux !

Reprenant du poil de la bête, la morveuse balança un coup de pied dans le seau qui trainait à présent entre eux, l'envoyant valdinguer près des bottes du Mauvais. Provocation ultime, il était hors de question qu'elle fasse la boniche ! Et encore moins pour lui !

- J'irais pas chercher de l'eau. T'as cas y aller toi-même, PAPA !

Le dernier mot est prononcé avec colère et insistance, presque crié par la gamine impulsive, bien incapable de le garder plus longtemps pour elle. Était-il au courant, qu'il avait une fille ? Allait-il la croire et la prendre au sérieux, ou bien allait-il éclater de rire en s'imaginant qu'il avait affaire à une boutade ? La môme guettait sa réaction d'un œil mauvais.
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Eusaias, incarné par Griotte



Le balbuzard porta son attention sur ses doigts souillés par la boue, que le souillonne avait étalée en tentant de se dégager. Il secoua la main avec énergie afin de détacher de ses « serres » cette immonde offrande. Son œil onyx aussi perçant que le regard d’un oiseau de proie, passait de la main salie à la gamine salissante. La première réponse donnée, fit grimacer le Balbuzard : « Pourquoi, foutre-dieu, il faut toujours qu’on cherche à se mettre en avant pour effacer le commanditaire. La gamine avait du courage, de l’audace… Mais était une paria et Dieu savait que les parias n’avait pas la vie facile dans ce bas monde.

La rouge, lança une patte rageuse contre le sceau et le lui envoya aux pieds. Le contenu se déversa lentement au sol, quelques gouttes néanmoins virent s’inviter sur le mantel du sémurois. La journée n’allait, visiblement, pas être aussi bonne que prévue. Le pied gauche se posa sur le dessus du sceau et d’un geste appuyé et lent il le fit rouler dans la direction de la petite. « T'as cas y aller toi-même, PAPA ! » Lui sifflait encore aux oreilles. Voilà le souci… La petite avait visiblement croisée Alycianne, vu qu’elle portait sa cape rouge et sa fille adorée avait du lui vanter les mérites de son père. Jalouse, la boueuse, était venue réclamer elle aussi un père. Il la regarda gravement, songeur un court instant avant de reprendre la parole.


Tu vas à la rivière chercher de l’eau pour laver ce que tu as sali.

Il plaça sa main près de la tête de Griotte, paume vers le bas.

Je suis navré de te le dire, mais ma fille est Alycianne. Visiblement tu ne l’es pas, elle est un peu plus grande, elle ne met pas les mains dans la boue, elle est gentille, légèrement timide, extrêmement bien élevée et si tu étais elle, tu aurais une poignée de cailloux entre les mains mais…. J’aimerai savoir comment cela ce fait que sa cape soit sur tes épaules.

Il scrutait soigneusement le visage de la petite, cherchant à percer ses origines en confondant les traits de son visage avec quelques images de visage connus. Pâle tentative, il ne vit rien, ses cheveux ébènes suscitaient tout de même son attention… un vague souvenir. S’il avait passé un peu plus de temps devant un miroir, le Balbuzard aurait pu voir que ceux de la souillonne étaient les même que les siens tout comme ce menton légèrement prononcé.

Je vais t’accompagner à la rivière, au moins je sais que tu ne prendras pas la fuite ainsi. Nous en profiterons pour bavarder, trouver punition à ton méfait et surtout à ta tentative de mensonge.

Il s’approcha d’elle au rythme de ses paroles et posa une main sur l’infantile épaule. Ses onyx plongèrent dans les yeux qui lui tenaient tête.

Tu pensais vraiment pouvoir te faire passer pour Alycianne ?

Car c’était cela, il en était convaincu !

Par contre, jeune fille, il ne va pas falloir mentir si tu souhaites que je t’aide à trouver une famille. Si tu es orpheline, Sémur regorge de bons cœurs, prêt à accueillir et à élever une enfant … POLIE. Il insista sur le dernier mot. Nous te trouverons des parents, ce n’est pas un problème, mais il faut être certain que tes parents ne sont hélas plus de ce monde. Sinon, je ne te raconte pas la bourde qu’on ferait. Allez ramasse le seau on va à la rivière.
Griotte
Vexée par les paroles du Balbuzard, la gamine se redressa fièrement en observant en biais la main placée à coté de sa tête pour jauger sa taille et la comparer à celle d'Alycianne. Torse bombé et bec en avant, la morveuse ressemblait à un jeune coq pavanant fièrement dans une basse-cour. Crasseuse, les cheveux en bataille et les vêtements parsemés de boue, il n'y avait pas de quoi faire la belle, mais sa remarque l'avait tout de même piquée au vif. La collectionneuse de cailloux n'avait que "six doigts de printemps", comme elle aimait à le clamer, alors que Griotte n'avait pas moins du double de son âge. C'était une grande, elle !

- Alycianne l'est plus p'tite que moi !

C'était une évidence. Tout comme l'une avait les cheveux courts et bien peignés tandis que l'autre avait la tignasse longue et pleine de nœuds - avec peut-être quelques poux en prime. La plus jeune aimait les rubans, portait des vêtements de bonne qualité et une cape rouge bordée de fourrure. L'ainée plissait du nez en sentant de l'eau de rose, portait de vieilles braies aux poches trouée et la cape rouge qu'elle avait reçue était à présent aussi sale qu'un paillasson qui aurait trainé sur le seuil d'une porcherie pendant plusieurs jours.

Alycianne et Griotte avaient bien un point commun : elles portaient toutes deux du rouge, bien que chez l'une, la couleur commençait sérieusement à se ternir et risquait fort de devenir indéfinissable si elle n'était pas bientôt lavée... - Hum non... ça va pas, je reprends ! - Alycianne et Griotte avaient bien un point commun : elles aimaient toutes deux le rouge, ce qui n'était pas une ressemblance assez poussée pour que la morveuse tente de se faire passer pour son amie. Cela ne lui avait jamais traversé l'esprit. Les deux gamines étaient bien trop différentes ! Alycianne voulait devenir "dame-chevalier" pour couper les jambes des méchants, tandis que Griotte voulait devenir "mercenaire-fauché-mais-bientôt-riche" et serait bien obligée de couper les jambes des gentils - J'exagère à peine !

Entendre Eusaias lui demander si elle essayait de se faire passer pour Alycianne, laissa la morveuse complètement déconcertée. Elle s'attendait à tout, sauf à ça ! Croyait-il vraiment que c'était ce qu'elle essayait de faire ou bien était-ce une façon de se moquer d'elle ? Bizarrement, il avait l'air on ne peut plus sérieux, ce qui était encore plus perturbant.


- Je... euh... mais, nan ! J'essaie pas de ressembler à 'Cianne ! N'importe quoi !

La môme gesticula vivement des épaules pour se dégager de la main posée sur elle. Faisant un pas en arrière, elle garda les yeux rivés sur son père en resserrant autour d'elle les plis de sa cape, comme s'il s'apprêtait à lui demander de la lui rendre.

- C'est elle qui m'a donnée sa cape pacqu'elle en avait une nouvelle encore mieux et qu'la mienne était toute abîmée. Je l'ai pas volée ! Elle est gentille 'vec moi. J'l'aime bien et j'crois que elle aussi elle m'aime bien...

Oui, Alycianne était surement ce qui ressemblait le plus à une amie, qu'elle avait d'ailleurs laissée il y a quelques jours, en compagnie de son frère et des Fauchards, sa presque nouvelle famille - presque - pour en faire entièrement partie, faudrait déjà qu'elle arrête de provoquer Burrich en lui disant à tout bout de champ qu'elle n'était pas l'une des leurs et qu'elle ne lui obéirait pas. N'empêche qu'elle a quand même suivi ses instructions et qu'elle est allée en Bourgogne...

- J'ai une famille ! Pas b'soin d'en trouver une autre. J'avais juste envie d'voir la tête d'mon vrai père. Puis j'voulais savoir si Sadnezz m'a pas menti. C'est elle qui m'a dit qu'ch'uis la fille du Duc empoisonné. Ma mère l'a pas été foutue d'le faire. Elle disait juste que la Cerise avait un noyau dans le bidon et qu'un jour, il s'est transformé en Griotte...

Haussant les épaules, elle ramassa le seau vide avant de suivre Eusaias sur le chemin menant à la rivière. Nettoyer la façade de la maison, ce serait chiant, mais elle l'avait cherché. Puis c'est toujours mieux que de recevoir une raclée !
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Eusaias, incarné par Griotte


Cerise… Griotte… Sadnezz… Rien ne le percuta vraiment. Il avait beau chercher ce que la petite voulait réellement il ne voyait pas. Elle avait une famille, alors pourquoi l’appeler « papa ». Elle rêvait d’une vie meilleure ? D’être la sœur d’Alycianne peut être, hélas il se devait de lui prouver qu’elle n’était pas sa fille. Il scruta la petite en rouge, la griotte comme elle le disait. Elle devait bien avoir 10 ou 12 ans. Fronçant les sourcils il chercha à se rappeler ce qu’il avait fait il y a 10 ou 12 ans, rien de bon, vu que ça remontait à peu près avant son arrivée en Bourgogne. Ah ça y est…

Tu sais, je ne suis pas ton père pour une seule et bonne raison : il y a douze ans j’étais dans la capitale. Avec trois de mes amis, Mathurin, le Bouc et tête de pioche on avait eu la chance de… il choisit son mot « trouver »… une jolie bourse pleine d’écus. On menait donc la grande vie dans la capitale, on avait même prévu de devenir honnête après cela. Puis j’avais une compagne qui avait un regard perçant et de belles boucles brunes. On menait la parfait vie jusqu’à ce que « face-de-crapaud » se rende compte qu’il lui manquait justement une bourse pleine d’écus.

Il grimaça à ce souvenir. Face de Crapaud était un petit seigneur corrompu jusqu’à la moelle. Il dirigeait une partie des bordels de la cour des miracles, nombreux tire-laines et contrebandiers travaillaient aussi pour lui. C’est lors d’une soirée bien arrosée qu’un indiscret parla de la cargaison d’étoffes et de pierreries qui arrivait d’Afrique. Les quatre compères s’étaient glissés sur le bateau et avaient aidé les dockers à décharger la cargaison, prélevant une bonne partie de pierre de ce magnifique bleu qu’on appelait : Saphir. Oh ils avaient bataillé pour trouver acheteur et se faire un bon paquet mais leur vie prenait un autre tournant. Hélas « Face-de-Crapaud » avait vite retrouvé leur trace en questionnant à l’aide de pinces sorties du brasier un joaillier qui écoulait des saphirs dans toute la ville. Les hommes du Seigneur accompagnés de gardes du guet en manque d’action et à la patte bien grasse avaient pris position dans le quartier des compères. En moins de temps qu’il fallu pour le dire, Bouc et Tête de Pioche, assis à une table devant l’hôtel où ils résidaient, n’avaient pas eu le temps de finir leur chope, percés par une multitude de flèches des « miliciens ». Mathurin lui avait eu la chance de conter fleurette à une jeune fille non loin de là. Voyant ses amis se faire cribler, il opta pour une course effrénée et plongea dans la Seine afin de se sortir de cette souricière. Le Balbuzard lui finissait sa nuit dans les bras de sa brune quand les gardes le tirèrent du lit par les chevilles. Il avait fini l’année en geôle et perdu sa brune ainsi que sa fortune.

Eusaias sortit de ses songes pour regarder la fillette ramasser le seau.

Tu es une brave fille, mais après avoir nettoyé ma maison, de grâce accepte de prendre un bain chez moi. Nous ferons redonner aussi des couleurs à tes habits….

Il huma l’air avant de reprendre.

Je ne suis pas un fervent admirateur des bains et autres trucs de filles, mais là… tu ressembles plus à un cochon de lait qu’à une petite fille. Tu verras, ce n’est pas aussi désagréable que ça d’être propre. Je parie que sous toute cette crasse tu es une jolie fille.

Il prit la route de l’Armançon en scrutant la petite. C’est vrai qu’elle était jolie avec ses boucles brunes et son visage fin. Mais la chose la plus accrocheuse était bien son regard émeraude, il lui rappelait sa compagne… Les tripes se nouèrent comme s'il avait pris un coup. Il stoppa sa marche et regarda plus attentivement. Des boucles noires jais comme elle et lui, un regard émeraude comme elle, un menton légèrement prononcé… il toucha le sien, comme lui. D’un geste irréfléchi il posa sa main sur le bas du visage de la petite, comme pour le masquer. C’était elle, bien plus jeune…

Foutre dieu…
Griotte
Comment ça, il n'était pas son père ? Sadnezz aurait donc menti ? La môme écoutait le Balbuzard avec attention, le doute l'envahissant de plus en plus au fur et à mesure des explications qu'il lui donnait. Et si elle s'était trompée de personne ? Et si la brune moqueuse l'avait lancée sur une mauvaise piste, juste pour se jouer d'elle ? Après tout, le jour où la Corleone lui avait révélé le nom de son père, elle lui avait aussi collé son pied dans la face. Ce n'était pas de la gentillesse qui semblait habiter cette femme au regard mauvais. Peut-être s'était-elle amusée à faire ressurgir les doutes et les interrogations de la gamine dans l'unique but de la tourmenter.

Après tout, la Cerise avait toujours vécue dans un bordel, passant de l'un à l'autre quand elle se faisait mettre dehors avec sa parasite de fille. De toute évidence, elle ne pouvait être la compagne d'Eusaias, avec qui il avait mené la grande vie. L'idée que sa mère n'ait pas toujours été une catin n'avait jamais effleuré l'esprit de la gamine, mais il disait avoir vécu dans la capitale... peut-être qu'il se rendait au bordel de temps en temps et qu'il n'osait tout simplement pas l'avouer. Et si c'était quand même lui le menteur, finalement ?

Oui, peut-être que c'était Eusaias qui mentait pour ne pas avoir à assumer son rôle de père... Pourtant il devait surement apprécier les enfants, puisqu'il avait pris Cassian et Alycianne sous son aile. Il n'avait peut-être pas envie d'avoir une autre gamine dans les pattes. Encore moins une pouilleuse comme elle. Elle connaissait la chansonnette. Parce qu'elle ne sentait pas bon les fleurs bleues, on la foutait dehors à coups de pieds dans le derrière. C'était toujours la même histoire. Fallait s'y attendre... mais est-ce-qu'elle attendait vraiment quelque chose de son père ? Qu'espérait-elle d'Eusaias en se pointant chez lui, persuadée qu'il était la figure paternelle qu'elle n'avait jamais connue ? Rien. Comment attendre quelque chose d'un homme qui a laissé sa fille vivre dans la misère ? Elle n'attendait rien de lui. Du moins, c'était ce qu'elle croyait, jusqu'à ce que le Balbuzard lui dise qu'il n'était pas celui qu'elle cherchait.

La déception lui noua la gorge. Elle se mit à avancer à sa suite, acquiesçant distraitement à la proposition de prendre un bain. Les paroles rentraient dans une oreille et sortaient de l'autre. Un poids s'était abattu sur ses épaules, qu'elle s'efforçait de garder hautes pour ne pas montrer ses regrets à cet inconnu. Oui, sans même s'en rendre compte, elle avait secrètement espéré, qu'il serait cet homme protecteur qui lui tendrait la main et l'aiderait à sortir de sa vie de misérable vagabonde, mais tout ce qu'il lui proposait, c'était de prendre un bain avant de lui trouver une famille. La famille qu'elle voulait, c'était celle avec Alycianne et ... un bain ! Il voulait lui faire prendre un bain !

Réagissant enfin, elle interrompit sa marche et se tourna vers lui pour l'observer en fronçant les sourcils de mécontentement.


- J'veux pas prendre un bain ! C'est pour de la chochotte ! J'suis pas un légume qu'on fait tremper dans une marmite !

Pas de réaction à ses propos... Le Balbuzard semblait ne pas l'avoir entendu. Il avait l'air plongé dans ses pensées. Lorsqu'il s'approcha d'elle avec cet air absent sur les traits du visage, les sourcils de la gamine se froncèrent encore un peu plus. Les émeraudes l'observaient avec méfiance quand il approcha sa main pour la poser sur son menton. Surprise par ce geste inattendu et l'esprit chamboulé par des émotions contradictoires allant de l'espoir à la déception, teintée de colère, elle ne put s'empêcher de réagir par réflex et de planter ses dents dans la main posée sur le bas de son visage, balançant brusquement le seau qu’elle tenait par la anse, contre le flan du Légendaire.

- Me touches pas ! J'ai dit qu'je voulais pas prendre de bain ! Et comme t'es pas mon père, j'fais c'que j'veux !
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Eusaias, incarné par Griotte



Une grimace trahissant surprise et douleur s’afficha sur le visage du sémurois. Elle le mordait, lui le Légendaire, mordu par une enfant ! Son enfant de surcroit ! Le temps de tirer sur son bras afin de récupérer sa main coincée entre les dents de Griotte le seau vint lui « caresser » les cotes. Le Balbuzard venait d’être repoussé par une fille.

Ouvrant de grands yeux plein de surprise : « Foutre Dieu ! On n’a jamais vu ça ! Comment oses-tu me faire ça ? De quel droit ? » Grimaçant désormais : "Tu mériterais que je prenne la cravache et que je te fasse rosir les fesses !" Un sourire sadique pris forme sur son visage avant de reprendre : "Oh non j’ai mieux, je vais te jeter moi-même dans le bain et je vais te faire astiquer, briquer et reluire par les servantes. Et une fois que tu seras séchée… On te replongera dans le bain, je vais te faire passer l’envie de me mordre et de me frapper ! Oh oui on va te transformer en légume qu’on plonge dans une marmite pour le faire bouillir !"

Il se pencha vers elle, ses onyx dans les émeraudes.

On ne frappe pas et on ne mord pas son père ! Jamais !

Les glas avait sonné, il était désormais trop tard pour la petite, la sentence était prononcée ! Il n’avait jamais su qu’il avait une fille, désormais le temps serait rattrapé, surtout en matière de toilette. Une fille qui avait pris le meilleur de ses parents pour constituer son visage. Même si le Balbuzard aimait son appendice nasale, il fallait bien avouer que le bec crochu aurait était une tache sur le tableau de sa fille. Les idées se bousculaient dans sa tête.

Après le bain, on te trouvera un précepteur et un confesseur. Ma fille tu vas devenir la fille modèle, autant aimée qu’Alycianne et tu seras intelligente comme Cassian. Pendant que le précepteur t’apprendra à lire, écrire et compter, moi je t’apprendrai l’escrime, à monter et la diplomatie. On trouvera bien une jeune fille, pourquoi pas Jusoor, pour t’apprendre à séduire les hommes et à danser, chanter, dessiner, tricoter… les trucs de filles quoi. La cuisinière t’apprendra ses recettes et le valet de ferme te montrera comment on change une roue de coche. Tu seras parfaite ma fille.

Il ne cessait de parler, ne faisant même pas attention à ce qui se passait autour, ne faisant non plus attention à elle, celle qui venait de le rendre un poil idiot. Il avait toujours aimé ses enfants, il était fier d’Alycianne et Cassian, mais de savoir que quelqu’un portait son sang était une chose qui le troublait. Il gratta négligemment sa barbe de trois jours et reprit.

Pour le savoir vivre… il vaut mieux que je confie ton éducation à quelqu’un. Car mon sens de la noblesse rime avec duel en lice en peu trop souvent… Il réfléchit. Tu iras à Concèze voir la Dame au Framboise… Fais moi plaisir, là bas tu l’appelleras : belle maman.

Il imagina un court instant la tête d’Aléanore en voyant Griotte débarquer et l’appeler « Belle Maman » avant de revenir à la réalité.

Mais avant on va te décrotter de la tête aux pieds ma fille ! Ce qui inclus aussi, les cheveux, les ongles et les habits !
Griotte
La gamine ouvrit la bouche en grand, s'apprêtant à riposter avec vigueur face aux menaces proférées par le Balbuzard. Il était hors de question qu'elle prenne un bain ! Qu'il décide de la punir, soit. C'était une réaction justifiée. Qu'elle se laisse faire sans broncher était une chose impensable pour qui connaissait un tant soit peu la morveuse. Dès que le Légendaire aurait le dos tourné, elle prendrait les jambes à son cou. C'était décidé ! En attendant, elle pouvait toujours lui casser les pieds et les oreilles en poussant des jérémiades durant le reste du chemin qui les mènerait à la rivière. Avec un peu de chance, elle lui tapera tellement sur le système, qu'il finira pas lui dire de foutre le camp pour se débarrasser d'elle et être à nouveau tranquille.

La chieuse avait la bouche ouverte, oui, mais elle n'eut pas le temps de prononcer le moindre mot. Son bec fut cloué aussi sec par les paroles de remontrances qui suivirent les menaces : "On ne frappe pas et on ne mord pas son père ! Jamais !"... Son père. Cet homme était son père ! Sadnezz n'avait pas menti ! Lui qui avait commencé par dénier les dires de la morveuse, semblait à présent affirmer le contraire. C'était à ne plus savoir à quel Saint se vouer. La gamine était complètement abasourdie par ce retournement de situation. Incapable d'émettre le moindre geste, elle resta plantée en face de son père, tétanisée par la nouvelle. Sa seule réaction fut de pousser un hoquet de surprise qui s'échappa de ses lèvres restées entrouvertes, la faisant ressembler à un poisson hors de l'eau. Alors que le Balbuzard se transformait en véritable moulin à paroles sous l'effet de l'émotion, sa fille était devenue muette comme une carpe.

La petite rouge restait les bras ballants le long de son corps, sa main droite relâchant lentement son emprise sur l'anse du seau vide. Elle se sentait devenir de plus en plus molle. Son visage perdant peu à peu de ses couleurs, elle luttait pour ne pas se noyer dans le flot de paroles et de projets qui s'abattait soudain sur elle, la souillon qui venait de se trouver un père, son père. Qu'allaient-ils faire maintenant, tous les deux ? Était-il vraiment son père, cet inconnu qu'elle cherchait depuis toutes ces années ? Était-il cet homme dont elle ne pouvait qu'imaginer les traits en espérant le rencontrer en jour ? Peut-être n'était-ce-qu'un rêve dont elle n'allait pas tarder à s'éveiller.


Dis moi que ce n'est pas qu'un rêve, papa. J'en veux plus ! Tellement plus ! Est-ce-que je vais rester ici avec toi ? Est-ce-que tu vas m'aider et me protéger ? Je ne veux plus être seule. Est-ce-que tu vas m'aimer ? Je ne suis pas aussi bien que Cassian et Alycianne. Je ne suis qu'une souillon, mais ne me laisses pas. Je ne te connais pas, mais j'ai tant besoin de toi, papa...

Les doigts de la gamine finirent par lâcher le seau vide qui s'échoua à ses pieds et roula à terre, la sortant de la torpeur qui s'était emparée d'elle. C'est d'une voix hésitante et les émeraudes rivés dans les onyx qu'elle lui posa la question qui allait sceller son avenir :

- Alors, ça veut dire que je vais rester ici ? Je vais rester... avec toi ?

Elle avait peur de la réponse qu'il allait lui donner. Elle avait peur d'avoir mal compris ou d'avoir mal entendu ses propos. Voulait-il vraiment la garder près de lui et s'occuper d'elle ? Tout cela semblait si improbable et tellement irréel...
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Eusaias, incarné par Griotte



Et le paternel qui, après avoir ravalé un peu sa salive reprenait bon train :

Tu verras Aléanore est une peste, mais elle est douée pour faire des chocho… choses bien pour les filles. Je parierai presque qu’elle a réussi à apprendre le tricot à Cassian.

Une grimace se figea sur la face du piaf. Cassian, son fils, une chochotte… Impossible, il reprendrait le petit en main et en ferait un vrai bourguignon avec du poil où il faut ! Le doute passé, il continua mine de rien.

Après la roue du coche, faudra qu’on t’apprenne à ferrer un cheval, tuer le cochon et en faire de la charcuterie. Il serait bien aussi, que je t’apprenne à survivre en t’enseignant la chasse, la pêche et à dégoter une taverne ou l’on sert du vin.

L’index de sa main droite se dressa et pointa le ciel dans un geste coulé, afin de marquer sa nouvelle idée.

Je t’apprendrai à reconnaitre un bon vin de Bourgogne, un vin bourguignon moyen afin que tu ne te fasses pas berner par ces piquettes de Champagne, du Rhône, de Bordeaux ou d’Anjou ! Interdiction de boire ces vins là, ils sont mauvais pour la santé, ils donnent trop de flegme se penchant à l’oreille de Griotte et ils ramollissent le fessier autant que la cervelle… tu verras sur la dame aux Framboises, elle a trop vécu là-bas.

Clin d’œil entendu afin de terminer la confidence. Ce fut à ce moment qu’il put lire dans le regard de sa fille, qu’elle n’avait visiblement pas tout suivi. Il plissa les yeux et scruta les lèvres qui, à peu de choses près, faisant penser à celles d’un poisson.

- Alors, ça veut dire que je vais rester ici ? Je vais rester... avec toi ?

Sourcil qui s’arque sous la double question. Tout était remis en cause… à moins que la question n’était qu’une manière polie de dire, « je veux rester là, mais arrête de me saouler avec tes idées bancales ». Ceci pouvait aussi être une simple demande de confirmation, mais…. Le doute, terrible doute, lui fit ouvrit les mâchoires à la manière Griottesque avant de reprendre :

Baaaaaaaah…. Oui ? Non ? Tu ne veux pas…

Trouver des arguments choc vite ! Tu ne vas pas la laisser partir ! C’est bon trouvé :

Si tu veux oui, moi ça me ferait plaisir tu sais. Ta maman t’a assez eu pour elle, un peu à papa… Puis je ne te forcerai pas à prendre un bain tous les mois, puis si tu restes je t’offrirai un couillard*… Je t’apprendrai des gros mots… Tu veux hein ?

Bon dieu elle n’allait pas le planter là ! Elle portait son sang en elle ! C’est un sourire crispé qui prit place sur le visage du Balbuzard.



*Wikipedia à dit : Le couillard est un engin militaire offensif, utilisé au Moyen Âge pour détruire les fortifications.

Cet engin est composé d'une longue perche placée sur un axe. A l'une de ses extrémités, on trouve deux huches ou bourses (d'où son nom) servant de contre-poids. Les projectiles sont placés à l'autre extrémité de la perche, dans un réceptacle rappelant une fronde.
Griotte
Les yeux de la gamine s'écarquillèrent de surprise. Son père voulait bien la garder avec lui ! Et contre toutes attentes, il semblait vraiment en avoir envie ! Il n'avait pas l'air d'accepter à contre cœur, uniquement pour se donner bonne conscience en assumant son rôle de géniteur. Comble du bonheur, il lui proposait de faire pleins de choses des plus amusantes ! Cassian et Alycianne avaient surement raison, le Balbuzard devait être un papa exceptionnel ! Le regard émeraude s'illumina soudain. La mine radieuse, elle s'empressa de répondre :

- Ben oui ! J'veux rester 'vec toi si t'es d'accord ! Ch'uis sure qu'ce sera bien !

Considérant l'affaire réglée, la morveuse ne se posa pas plus de questions. Tous les doutes qui l'habitaient quelques instant plus tôt s'étaient évaporés en fumée. Elle ne pensait plus qu'à la nouvelle vie qui l'attendait et aux propositions que le Légendaire venait de lui faire.

- C'est quoi un couillard ? Moi j'connais que des couillons. C'est la même chose ? Et j'suis sure que moi aussi j'ai des gros mots que tu connais pas ! Si tu veux on pourra s'amuser à faire un concours pour voir qui en sait le plus ! J'sais pas c'est qui qui gagnera. J'en connais plein !

Continuant à parler, c'est une Griotte au cœur léger qui ramassa le seau vide trainant à terre.

- Dis, tu voudras bien qu'on écrive à Cassian et 'Cianne pour leur dire de rentrer ? Ça sera bien quand on sera tous ensemble ! Tu crois pas ? Moi j'suis sure que si !

De sa main libre elle agrippa avec enthousiasme celle de son père. Tout sourire, elle l'entraina à pas vifs en direction de la rivière, continuant à parler, encore et encore pour rattraper le temps perdu. Elle avait les yeux emplis d'étoiles et des projets communs plein la tête. Le Balbuzard était adopté par la gamine sans plus de cérémonie. Ou peut-être était-ce l'inverse ? Cela a-t-il vraiment une importance ? Ils étaient deux inconnus liés par le sang. Un père et sa fille se découvraient enfin. Ils allaient vivre ensemble et tracer tranquillement leur bonhomme de chemin...
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