[RP fermé] Welcome back to hell ...

Cathycat

[Dans une taverne à Saumur ...]

Libre ...

Elle était enfin libre après autant de temps. Gardée captive puis trimballée à travers la moitié du Royaume. Elle en voulait à Armand pour tout cela, maintenant elle allait lui prouver qu'il avait tort ... Ou finalement peut-être pas. Mais dans on esprit, c'était ainsi.
Au diable, les paroles d'Eikorc, au diable tout ce qu'il pouvait penser, lui, comme les autres. Maintenant elle était libre, à sa grande surprise, mais elle était libre. Enfin en même temps, qu'aurait fait le Colosse d'un boulet comme elle, un nid à emmerdes, ni plus ni moins. Elle était tout de même déçue que cela se termine ainsi ... Mais ainsi va la vie, ses surprises et ses retournements de situation.

Libre ...

Elle était maintenant libre de reprendre le cours de sa vie et de la mener comme elle l'entendait.
C'est d'ailleurs bien ce qu'elle comptait faire, ici même, après avoir écrit à Theo pour lui annoncer son arrivée prochaine. Mais à l'instant présent, c'est une toute autre idée qui lui trottait dans la tête ... Cet homme au fond de la taverne, le sourire qui lui est adressé et qui veut tout dire ... Ou pas ... Elle termine son repas, jetant de temps à autre un regard vers le ténébreux, dissimulé dans l'ombre d'un coin reculé de la pièce.
La brune belle avait toujours apprécié la compagnie des hommes, mais ses différentes "fonctions" l'obligeant plus ou moins à être bien sous tout rapport, elle se faisait discrète sur son goût pour la luxure ...
Sa rencontre avec Theo, l'avait rendue plus à l'aise avec cela et en sa compagnie, elle ne s'en cachait même plus du tout ou presque ... Alors sa liberté maintenant rendue, elle comptait bien en profiter et toute occasion serait bonne à saisir.

Perdue dans ses pensées, elle ne voit pas l'aubergiste arriver, choppe à la main, c'est seulement lorsqu'il s'adresse à elle, de sa voix rocailleuse, qu'elle sursaute et sort de ses songes, un sourcil interrogateur en regardant la choppe posée sur la table.

Mais je ne vous ai rien commandé ?!
C'est l'homme au fond là-bas qui vous l'offre mam'zelle .

Le brune fronce légèrement les sourcils puis regarde l'homme qui l'observe avec un sourire vissé au coin des lèvres.

Hmmm hé bien merci aubergiste.

Elle se lève, se saisit de la choppe et, tranquillement, elle se dirige vers la table de l'homme en question. Elle s'arrête à bonne distance, lui adressant un fin sourire.

Que diriez-vous de trinquer ensemble ? Je n'aime pas boire seule ...

Sans vraiment attendre de réponse, elle lève sa choppe et la tend vers lui, effaçant par là même la question qui n'en était pas vraiment une.

--Rumwald

[ On ne t'as jamais appris qu'il ne faut pas trop t'approcher des étrangers...? ]

L'ombre... Meilleur ami des dangers publics. Le bonhomme ? Connu ? Non... Et c'est tant mieux pour sa pomme. Il a arrêté de compter le nombre de jeux terminés. Oui des jeux... La vie est un ensemble de jeux après tout : il faut sourire, mentir, séduire, fixer les âtres de l'âme, jauger, effleurer, toucher, finir, rire, partir... Et recommencer. Toujours, encore et encore... Jusqu'à être repu.

De quoi ? De jouer. Des années ainsi que l'ennui ne lui ait jamais venu à l'esprit. Comment pourrait-on à regarder si jolie chose qu'une... Femme. Cette chair délicieuse qui se dandine dans un mouvement du séant que seules elles connaissent, le dessin amusant des hanches, l'éclat des filins qui dansent et effleurent le dos, la coquetterie plus ou moins présente sur ces pieds et mains taillées à la hauteur du métier et de la richesse, la prestance soulignée ou non par ces divins tissus serrés, au grand malheur de ces deux fameuses collines terminées des deux bourgeons délicats, la pulpe des lèvres, la douceur ou rigueur d'un nez, les pupilles coquines et éclatantes... L'appel silencieux aux joies des plaisirs interdits.

Ah le charme... Le premier juge de toute relation. Amusant... Tellement amusant d'en user pour parvenir à ses désirs cachés. Quand aucune pourriture humaine ne vient lui soumettre un contrat alléchant à multiplier ses conquêtes charnelles et trésors épicuriens, celui que l'on surnomme dans les bas fonds avec humour noir « Le Hibou » se laisse aller aux effluves alcoolisées d'une taverne au hasard. Son dernier travail l'avait amené en la terre des dict fous. Le lien l'avait fait rire... Beaucoup rire...

Comme toute habitude de déchet qui murmure l'esquive aux natures presque blanches comme neige, l'homme d'apparence jeune et fine s'installe au coin le plus adéquat à masquer d'ombre le haut de son visage, jambes croisées, sénestre en poing qui vient soutenir la joue la plus proche, et un sourire qui ne disparait qu'en de rares occasions. Aucun mot au tavernier qui vient quémander, seule la main droite tout comme la tête bougent en réponses communes. L'échiquier est en place, ne reste plus qu'à faire marcher matière vicieuse et de dévorer le pion de son choix.

Longues minutes d'attente... Mais cela ne le dérange outre-mesure. Patience Rumwald, patience... Rappelle toi que chaque met se délecte, comme ce houblon commandé. Rappelle toi cette lueur, merveilleuse lueur avant la fin... Elle va venir... Il en vient toujours une. Curieuse, amoureuse, interloquée, sauvage, médusée, fatiguée... Tant d'états parcourus avec autant de surprises. Des vices qu'il n'aurait jamais cru voir réalisés...
Les souvenirs s'éteignent. La porte s'ouvre. Le sourire élargi redevient léger. Les prunelles aussi grises et claires que ses cheveux mi-longs en bataille viennent se poser sur la nouvelle arrivante. La Dame fait son entrée en jeu... Pour un peu il s'en mordrait la lèvre inférieure. Patience est mère de vertu... Ou de chance.

La brune n'est pas grande mais a été gâtée par la nature et ses efforts... Guerrière pour sûr... A ne pas sous-estimer mais ne pas monter sur ses grands chevaux non plus. Le visage est rond et les traits fins, comme les lèvres qui donnent déjà envie. Il aime la danse de la longue chevelure à peine bouclée à mi-dos. La chaude couleur des vêtements est comme une invitation... L'amusement est garanti... Et elle a aisément remarqué son petit manège. Ne reste plus qu'à ferrer la curiosité, colère ou voir le dégoût. Celle qui doit faire office de compagne du tavernier passe justement servir quelques piliers de taverne... Un léger signe de sa main libre et la voilà prête à entendre le souhait murmuré du hibou.

Il ne faut pas longtemps pour que tout se passe comme prévu. Et même au beau fixe...

Que diriez-vous de trinquer ensemble ? Je n'aime pas boire seule ...

Les jambes se décroisent, le corps se lève, demi tête de plus que la femme qu'il souhaite ardemment partager une nuit infernale, et le bras droit long mais fin vient saisir la hanse de la choppe avec lenteur. Ils trinquent, l'un toujours dans l'ombre de son mystère, seule une voix claire tintée d'un fort accent pincé se fait entendre.

Rumwald. Enchanté belle inconnue... Il me tardait de rencontrer un joli brin avant de rejoindre Morphée.

Le sourire éternel vissé aux lèvres s'élargit quelque peu, laissant à peine découvrir quelques dents aussi bien tenues que le langage du jeune homme. Quelques gestes s'ensuivent, longue gorgée du nectar, comme nouvelle commande, ainsi que la courtoisie de la première assise. Enfin, le masque noir tombe, le bois de la chaise grinçant sur le parquet mal entretenu. Un blanc de peau que l'on jurerait presque albinos se découvre... Des cernes qui entourent les yeux... Enfant de la lune au sourire presque flippant... Une fourrure pour col. Le Hibou se délecte de la surprise qui vient comme à chaque voile effacé... Puis la question habituelle, toujours :

Et quelles affaires vous ont amené icelieu, sans être indiscret ?

Il sait, il ne sait que trop bien que ceux qui sont restées ou qui ont fait le choix de le rencontrer détiennent un certain goût du danger... Et toi belle brune, quels sont tes secrets ?

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Cathycat

[Quand la soif de liberté occulte toute méfiance]

Le bras tendu choppe à la main, elle le regarde, caché dans son recoin d'ombre. Doucement le corps de redresse dans un bruissement d'étoffes, elle suit des yeux ses mouvements lents, presque calculés. Tintement des choppes et elle étire ses lèvres d'un sourire plus large. Un frisson imperceptible lui parcourt le corps au son de sa voix, troublante et intrigante avec cet accent particulier.

Rumwald. Enchanté belle inconnue... Il me tardait de rencontrer un joli brin avant de rejoindre Morphée.

Alors qu'elle prend place sans même en avoir demandé l'autorisation, il se redresse encore et se penche ...Suffisamment pour se laisser entrevoir dans la lumière filtrée de la fenêtre éloignée de la table, où ils siègent maintenant tous deux.
Un haussement de sourcil à peine perceptible, le souffle retenu un instant, effet de surprise devant cet homme peu commun. Une peau blafarde rappelant presque celle terreuse de la mort, des cernes creusant son visage pourtant avenant, enfin presque ... Un frisson glacial la parcourt et son sourire s'éteint légèrement à cette vision quelque peu ... Surprenante ... Ses lèvres viennent rencontrer la mousse de la bière et elle avale une grande gorgée pour réhydrater sa gorge, devenue soudain si sèche ... Ses azurs se plongent dans ses yeux perçants et pénétrants, elle repose sa choppe et sa langue vient lentement retirer la fine mousse qui est restée accrochée à ses lèvres fines et carmines.

Et quelles affaires vous ont amené icelieu, sans être indiscret ?

Elle prend une discrète et grande inspiration pour se redonner contenance, puis laisse un large sourire enjôleur éclairer son visage, laissant glisser sur lui ses deux azurs curieux et pétillants de malice ... Les instincts de chasse et les envies charnelles, reprenant le dessus sur tout sentiment de crainte et de méfiance. Après tout que pourrait-il lui arriver de pire que les dernières semaines ... On ne peut déjà pas faire confiance à ceux que l'on connait, alors à un étranger ... Et puis au point où elle en est ... Autant profiter des opportunités qui s'offrent à elle et tout oublier dans les affres de la luxure et des excès.

Est-ce réellement important de savoir le pourquoi de ma présence ici ? L'important c'est l'instant présent non ?

Elle penche légèrement le tête sur le côté et le reluque de biais, comme pour évaluer sa proie, puis elle se redresse, sourire mutin aux lèvres.

Vous parlez de rejoindre Morphée, mais il est encore un peu tôt pour cela non ? Nous sommes bien loin du couchant ...

Elle se penche au dessus de la table pour rapprocher son visage du sien, sans le lâcher des yeux. Un doux murmure s'échappe d'entre ses lèvres, la conversation se fait plus intimiste ...

Un peu d'occupation en attendant le coucher du soleil vous tente ? Il y a bien longtemps que ...

Les mots restent en suspend tandis que ses lèvres esquissent un sourire un peu plus coquin. Les mots mourant doucement entre eux, laissent comme un appel qui n'attend pas réellement de réponse, elle est certaine de la suite.
Longtemps, trop longtemps que sa peau n'a pas rencontré celle d'un homme ... Rien depuis Theo, amant de feu et de carmin, et cela fait maintenant quelques mois ... Pour une femme comme elle, cela s'apparente à l'éternité ...
Sans scrupule, elle avance sa main vers sa jumelle blafarde. Ses doigts frôlent le dessus de sa main encore accrochée à la choppe. L'attirance est plus forte que la crainte, toute barrière est abolie.
Seul subsiste le silence entre eux, à peine perturbé par les murmures de quelques clients et le souffle de leur respiration.
De ses yeux elle l'interroge silencieusement, alors qu'en dis tu Rumwald ? Ma proposition te tente-t-elle ?

--Rumwald

[ Il est pêché de tenter... Il est dangereux de jouer... ]

Une ambiance teintée d'un on-ne-sait-quoi électrique... Le jeune homme adore ce moment où chaque pupille se jaugent, s'intimident, tentent de percer à jour ce mur bâti par l'expérience... Là où, lentement, chacun abat ses cartes plus ou moins fétiches, pour le malheur ou la joie du compagnon de jeu. Oui, comme toujours... Juste un jeu.
Comme ces lèvres étirées qui ne bougent que pour laisser des canines prête à goûter à la chair... Un sourire cousu, imperturbable. Gênant... Rageant même... Pour le plus grand plaisir d'un fou.

Mais la brune guerrière semble reprendre doucement contenance. Partie qui continue donc ma jolie... Bois, bois... Ressens-tu cette délicieuse chaleur qui prend petit à petit place en ton esprit abattu de mille questions ? Tiens-tu vraiment à découvrir mon monde ou le fuir ?
La curiosité enflamme rapidement les iris féminins... Le hibou se satisfait de cette rencontre qui suit bonne voie pour le moment.
Sans un mot, il ne se lasse pas de contempler discrètement chaque geste de la femme devant lui. De cette langue presque dardée qui efface des lèvres la mousse, à cette poitrine qui gonfle sensiblement d'un souffle salvateur, à ces yeux qui ne recherchent qu'à le mettre à nu, à cette intonation de voix qui révèle bien des projets désireux... Ou les réveillent...?

Vous parlez de rejoindre Morphée, mais il est encore un peu tôt pour cela non ? Nous sommes bien loin du couchant...

Rire intérieur. S'ils étaient francs l'un l'autre... Rien ne lui ferait plus envie que de partager le peu de sommeil qu'il s'accorde... Ses paupières sombres sont les témoins de son domaine et sa tranche de « vie ». Surnom qui va à merveille après tout...
Mais, tout cela, il n'y accorde aucune pensée à l'instant.

Un peu d'occupation en attendant le coucher du soleil vous tente ? Il y a bien longtemps que ...

La manière directe est de mise, et l'étranger ne peut empêcher ses prunelles de briller d'une lueur excitée, comme son sourire déjà mystérieux de devenir presque carnassier. Pourquoi se retenir après tout ? Il n'y a jamais eu de règles... Mais que des possibilités dans ces duels séducteurs. Un murmure vaut mieux qu'un long discours... Comme une lente caresse. Quelques secondes, le jeune homme aux cheveux éclatants de la vraie couleur des âmes fixe ce geste avant de revenir à ce regard azuré pétillant. La malice dégouline... Et elle a faim. Trop faim.
La fine dextre vient effleurer, de ses doigts frais, avec lenteur mesurée, la peau satinée du cou ; Tandis que le visage de cire s'approche, laissant l'intimité de la parole totale. Une réponse au souhait... Enfin.

Qu'aucun homme ne t'ait caressé ?... La chambre est à l'étage, loin de tout curieux, porte sénestre du fond.

L'invitation est lancée. Fin de la discussion et des premiers touchers. Le hibou se relève et entame une marche lente vers le seul escalier visible, sans jamais jeter un regard en arrière. Dans son esprit pervers et dérangé se multiplie idées animales comme alléchantes... L'échine vibre déjà du futur nuptial. Car il sait, il est certain qu'elle viendra, comme de faire cette surprise juste bonne à faire bouillir d'impatience les bien lotis...
Elle l'a déjà rattrapé et dépassé. Comme prévu, l'ascension à son antre est un régal pour tout friand de croupe et de démarche chaloupée... Bien des avantages charmeurs à être née femme.
Le temps passe vite jusqu'à cette porte grinçante de l'entretien aussi mauvais que l'hygiène des gérants... Très vite ?... Il s'en fiche. Elle est entrée la première, elle commet la dernière erreur. Loquet scellé. Pour le fou, le destin de l'inconnue est un compte à rebours fatal.

Il ne reste bien qu'une seule question avant la délivrance...

Et comment dois-je te nommer ma jolie...?

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--Cathycat.

[A trop jouer ...]

Premier contact ...

Etrange, particulier ... Glacial et pétrifiant ...

Elle aurait presque envie de retirer sa main et fuir ... Mais son autre instinct est plus fort, celui qu'elle n'a jamais su maîtriser, celui qui chaque fois lui vrille le ventre et lui fait perdre toute raison. La Faim ... Celle de l'autre, l'appel de la chair et du stupre ... Ses doigts glissent machinalement sur le dos de sa mains en de fines arabesques, remontant jusqu'au poignet pour revenir vers ses phalanges fines dont elle essaie déjà d'imaginer les mille et un délices ... Des doigts aussi fins sont forcément agiles, sans aucun doute. Elle en frissonne d'avance tout en se mordillant l'intérieur de la joue.

Et c'est à son tour d'entamer une douce découverte. Ses doigts l'effleurent, la frôlent, remontant doucement le long de son bras pour finir dans son cou. La pulpe froide de ses doigts glissant sur le satiné de sa peau ... Son souffle s'arrête, seules les pulsations dans son cou témoignent de l'émoi qu'il fait naître chez elle ... De nouveau la gorge s'assèche tandis qu'il glisse lentement sur la soie de sa peau, ses doigts glacés laissant pourtant un sillon brûlant après leur passage. Un long frisson la parcourt, elle ferme malgré elle les yeux, l'espace d'un instant, retenant un gémissement que les sensations antagonistes provoquent.
Les azurs, alors maintenant enflammés par ce simple touché prometteur, se réouvrent et se fixent dans le regard indescriptible de l'homme étrange, aussi effrayant qu'attirant ... A nouveau son souffle se coupe alors que son coeur manque un battement. Il approche son visage du sien et lui murmure la fin de sa phrase restée en suspend, doublée d'une invitation sans détour.

Elle a donné le ton, il est sur la même longueur d'onde ...

Pas le temps de tergiverser, la phase d'approche est rapide, concise mais efficace ... Lentement sa main se retire et il se lève. Fin du premier acte, il se dirige à pas lent vers l'escalier. Elle se lève à son tour, un pas plus vif, enjoué. Elle le jauge un moment, le regardant marcher, puis elle prend les devants et s'engouffre dans l'escalier avant lui.
Léger regard en arrière, sourire aux lèvres et elle entame une lente et aguichante ascension. Jouer de ses charmes pour faire fondre les hommes, elle sait faire, elle en use et en abuse, sans complexe. Le vieux plancher du couloir de l'étage grince sous son poids pourtant léger, elle avance dans la pénombre des méandres de cette ancienne bâtisse. Les portes se succèdent jusqu'à celle désignée. La main se pose sur la poignée, la clenche émet son déclic, puis c'est la porte qui grince de façon lugubre.

Envie de faire demi-tour, mais il est trop tard. Elle sent sa présence dans son dos, ses yeux qui glissent sur elle, qui la détaillent et la déshabillent déjà ... Elle avance et pénètre alors dans son antre.
Une chambre miteuse qui colle avec le reste de l'auberge, une petite lucarne avec un rideau tiré qui ne laisse filtrer qu'une faible lumière pour une ambiance intimiste. Curieuse, elle scrute la chambre d'un regard circulaire. Pas de chichis, rien, tout est rangé et sobre, rien qui ne laisse deviner un quelconque loisir ou indice sur la personnalité de l'homme.
Une léger sursaut lorsque le bruit du loquet retentit. Ces dernières semaines de captivité lui reviennent en mémoire, soudain une légère angoisse monte, une sensation d'étouffement l'assaille.

Et comment dois-je te nommer ma jolie...?

Elle déglutit avant de se retourner, un sourire au coin des lèvres, pour masquer son trouble, puis lui répond d'une voix suave :

Cathy ... Appelez moi, Cathy.

Elle reste immobile un court instant, le temps pour ses yeux de s'habituer et mieux cerner les traits de l'homme. Puis lentement, elle approche à pas de velours, tel un félin, un sourire charmeur, vissé aux lèvres. Elle s'arrête ensuite à bonne distance, retire le col qui voilait son décolleté et le jette négligemment sur un chaise.
Pas un mot, juste des regards appuyés qu'elle laisse glisser sur lui tandis que ses mains s'enfoncent dans sa crinière brune pour la relever et la laisser retomber en pluie sur ses épaules et son dos. Elle penche à peine la tête sur le côté comme une invitation, un appel silencieux ...
Viens Rumwald, viens me découvrir ... Si tu en as envie ... Et laisse moi te découvrir en échange ...

Elle recule d'un pas puis un autre, les azurs malicieux, sourire toujours aux lèvres, un peu plus coquin.

--Rumwald

[ Même cette gourmandise a un prix à payer... Quand tu es abusée... ]

La Peur... Merveilleux sentiment qui le tient en haleine devant sa proie. D'une lueur excitée, les yeux gris démontrent folie perverse, soif inassouvie. Et malgré le sang battant déjà dans les tempes, le jeune fantôme laisse les secondes couler pendant le petit manège féminin. La lenteur des gestes de la guerrière ne fait qu'accentuer un sourire pourtant tellement mauvais sur le visage à la peau blafarde... Seulement, elle n'a pas fui de cette différence. Pire, elle n'a pas écouté son propre cœur. Et maintenant... Il est trop tard pour faire marche arrière...

Cathy ... Appelez moi, Cathy.

Il la ressent. L'angoisse de l'inconnu... Tellement... Humain. Le masque suave ne berne pas l'expérience douteuse du hibou. Pourquoi ne pas avoir écouté tes premiers instincts chère Cathy ? Pourquoi t'être laissée aller aux envies gourmandes ? Tu as perdu belle brune... Tu as passé la mauvaise porte. Désarmée, abusée par ton péché capital... Un met de choix pour moi, un étranger rencontré par pur hasard. Qui a dit qu'il fait bien les choses d'ailleurs... Un fou ? Possible... Fort probable même.
Il en ricane, longuement, regard pourtant vissé sur cette muse qui n'attend que quelques pas du sexe opposé.

Puis, le silence, réflechissant à la meilleure approche... Il choisit. Corps masculin qui s'élance soudainement sur celle qui a laissé ses cheveux en cascade. Au profit de l'élan et de sa force, il l'emmène contre le mur le plus proche qui hurle le choc sourd. Sentir le parfum du cuir chevelu, narguer la membrane du cou d'une langue de serpent, yeux brillants des projets à venir, mains baladeuses qui dessinent des arabesques sur les hanches. De la surprise découle apparemment le plaisir d'un gémissement… Gentille chose… Tu auras plusieurs heures devant toi donc…

La caresse humide dans le cou devient croc de vampire, porcelaine jouant avec les veines, tandis que la sénestre vient saisir le manche d'un poignard à la ceinture. La lame déchire sèchement le carcan de tissu aux couleurs chaudes, dévoilant deux monts voluptueux, blessant à peine le ventre qui pleure une larme écarlate. Le hibou ne laisse aucune seconde de répit et étouffe la nouvelle surprise d'un baiser langoureux... Danse serpentine qui réchauffe enfin cette peau d'habitude si froide.
Les serres de la dextre flatte une rondeur sans douceur... Folie qui devient petit à petit le flux de ses perversités... Surtout à la vue de cette femme sans gêne de cette domination qui demande plus en se cambrant.
Le vœu est exaucée de la même manière que pour le corset, large ouverture faite au niveau de la première porte du plaisir, braies qui deviennent insignifiantes... Et doigts vicieux de la dextre qui quittent les collines pour les chairs veloutées si fragiles et nerveuses... Le fer de l'ombre revient à sa place, puis la main gauche vient enfin effleurer la peau rebondie tant démontrée aux escaliers.

L'envie l'absorbe, le martyrise presque... Et fermement il la saisit aux bras, abandonnant les premiers gestes... Trop impatient, il la jette sur le lit, comme un vulgaire objet. Un sourire vorace et satisfait toujours présent sur le visage presque blanc. Tu peux garder les bottes ma jolie, peu m'en chaut... Mais le reste est à Moi !
La robe sombre est retirée tout comme la chemise, dévoilant un torse lunaire squelettique. Rien d'un roc, mais agile et rapide, les muscles dans la longueur. L'intimité se dévoile dans la même rapidité. Braies et ceinture jetés pourtant méthodiquement près de la place où tout érotisme est permis. Hibou excité qui se jette à nouveau sur sa proie qui le fixe d'un regard enflammé... Assaut brutal sans plus de détour, il vient prendre possession d'elle. Fièvre et désincarnation mêlées, tous les sens en exergue. La rencontre du feu et de la glace dans une étreinte animale, que seules les pulsions contrôlent. Épée de chair qui vient de nicher encore et encore au cœur de son chaud fourreau de velours, s'y plantant jusqu'à la garde, le tout scellé par de longs râles et rires dignes d'un pervers sadique.

Les heures s'écoulent. La nuit tombe... La fatigue vient après avoir touché plusieurs fois les étoiles, multiplié les folies... Volcan calmé... Rasséréné... La symbiose et le cadeau de la petite mort. Unique souvenir à chaque fois... Mais si peu de temps à s'en délecter...
Qui le ressent le mieux, le masculin ou le féminin ? Ah la bonne question... Question qui l'a toujours taraudé comme un million d'autres. Mais est-ce tellement important ? Non. Il a eu son dû... Presque repu. Oui...

Presque.

Avec lenteur, il vient mettre le point final, abattre sa dernière carte, l'ultime plaisir... Le squelettique au sourire narquois ne quitte pas des yeux cette femme qui reprend ses esprits et son souffle. Profite, profite bien de ces soupirs belle plante. Tu vas adorer la suite...
La sénestre vient toucher presque avec tendresse ce compagnon qui ne l'a jamais trahi, le gris des yeux habituellement clair devient sombre... Et de sa voix à l'accent si particulier, Rumwald vient briser le silence, tout en libérant secrètement de l'étui de cuir la récompense de la naïveté.

Sais-tu quelle est la seule perfection ?...

Aucune réponse sonore de la muse, qui se contente en retour d'un bête sourire de la femme rassasiée de désir, se postant même de côté pour mieux voir l'inconnu fantôme qui a partagé sa couche.
Pauvre de toi... Tu ne t'auras donc jamais vraiment écoutée...

La Mort.

Avec souplesse, le hibou vient se coller sur le corps merveilleux, genoux écrasant le haut des bras, cuisses serrées pour calmer la bête, poignard qui passe à la dextre tandis que la gauche scelle la bouche avec force. Les yeux ahuris puis flamboyants de haine le mène au « Paradis des Fous ». Oh oui... Fixe moi ainsi... Ne t'arrête pas...
La malice atteint son paroxysme dans un ricanement démoniaque, arme pointée sur un des bourgeons. Le fou s'exalte face à sa victime...

Combien de coups veux-tu...?

Juste pour jouer, s'émerveiller de ces quelques secondes de pure peur... Puis planter... Sans une once de regret... Écouter la douleur... Se décaler... Et recommencer... Profiter de chaque cri étouffé... L'Art de porter des taches carminées sur une œuvre naturelle de beauté... Jusqu'à la perfection : Le Silence de l'Ankou.

Extase...

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--Cathycat.

[...On perd ... Même la vie ...]

Que le jeu commence ...

Décor planté, invitation lancée. Tu veux jouer avec moi ? Alors jouons ...

La voilà la brune belle, telle une équilibriste sur son fil, qui fait confiance et n'a peur de rien ou presque ... Enfin qui ne pense pas au danger ... Douce naïveté.
Patiente ... Elle patiente et le nargue en même temps ... Soudain il se jette sur elle furieusement, elle lâche un léger cri de surprise qui se meurt en gémissement lorsqu'il entame son torride corps à corps ... Serpentine de chair humide et chaude qui parcourt son cou et la fait frissonner dans un profond soupir.
Il est entreprenant mais elle aime ... Elle aime se prêter à ce jeu de domination qu'ont les hommes et pour elle c'est un simple et banal jeu qui commence comme chaque fois ...

Ou presque ...

L'amusement est de suite sauvage, brutal et même bestial ... Le froid et le tranchant d'une lame qui vient ouvrir le fin carcan de tissu qui dévoile ses atours voluptueux qu'il s'empresse de flatter de ses mains glacées ... Frisson de cette sensation de froid sur sa peau brûlante. Gémissements étouffés par un baiser gourmand, lèvres scellées qui ne laissent aucune place aux revendications. Il s'impose à elle, ne lui laissant aucun choix ...
Prise au jeu et excitée par la chaleur qui monte en elle, malgré ce corps glacial qui la plaque, elle remonte une cuisse le long de la hanche de son amant et enroule sa jambe autour de la sienne, se cambrant pour coller son bassin au sien, ondulant ses hanches pour réveiller au mieux ses instincts virils.
Plaisir et vice mêlés ... Le carmin s'écoule et aiguise les appétits mutuels. Ultime coup de lame qui la libère entièrement de sa dernière barrière de tissu et une main qui s'engouffre sous l'étoffe qui glisse doucement sur sa peau soyeuse. Bouche vorace qui la laisse à peine respirer et ses mains avides qui explore le doux velours de sa peau frissonnante et réactive. Elle se cambre encore, réussissant à s'arracher de ses lèvres pour basculer la tête en arrière, laissant échapper un long soupire d'aise. Et s'offrant à ses nacres qui viennent se planter dans la chair délicate.
Elle laisse ses mains courir sur le corps de son amant, fouissant sous le tissu pour rencontrer à son tour sa peau ...

Un sourire narquois étire ses lèvres, le jeu monte encore d'un cran ... La domination est de mise, il l'empoigne sans ménagement avant qu'elle n'aille rebondir sur le lit miteux qui grince sous le choc. Confort spartiate, mais pour le moment elle s'en moque bien ... Azurs fiévreux et enflammés qui se fixent sur son amant et le regardent se dévoiler à elle sans complexe. Le corps sec et pourtant puissant, une peau blafarde qui colle bien à cette sensation glacée qui s'en dégage et qui laisse cette sensation de brûlure sur sa peau diaphane. Mais pas le temps d'admirer les atours de l'homme étrange et attirant que déjà il se rue sur elle comme un affamé.
Assaut brutal sans plus de détour, il vient prendre possession d'elle ...

Le vice laisse peu à peu place au sadisme, il la malmène sans précautions et à son étonnement, elle y prend plaisir. Un plaisir vicieux et sournois qui ne fait qu'attiser la hargne de cet amant peu commun, réchauffant même sa peau d'albâtre.
L'odeur du stupre plane, la pièce miteuse se remplie de râles, de gémissements et de cris ... Quelques passages de calme, rythmés par les respirations fortes et animales avant que le ballet torride ne reprenne encore et encore, jusqu'à plus soif ... Au bord de l'épuisement, haletante, la peau recouverte de fines perles de sueur, elle lui sourit béatement,reprenant lentement son souffle et ses esprits après cette explosion de plaisir qui vrille le corps et l'esprit. Se laissant lentement flotter sur la plénitude qui succède à l'enchevêtrement des corps. La chaude moiteur de plaisir et le mélange de leurs sèves au creux de son ventre, qui s'insinue ... Long soupir d'aise ...

Il brise le silence de sa voix étrange. Une simple question innocente aux yeux de la belle qui tourne d'abord la tête et le fixe, puis c'est le corps entier qui se tourne pour lui faire face, le visage posé sur sa main, les yeux encore pétillants.

Sais-tu quelle est la seule perfection ?...

Un court silence s'installe, elle prend le temps de redessiner le contour de son visage d'un regard encore embrumé des volutes de l'extase. Elle ne voit pas le danger qui arrive, cette ombre qui plane et qui va bientôt s'abattre sur elle. Elle ne voit pas le geste dissimulé de l'homme dont elle ne se méfie plus. Puis un mot, un simple mot qui claque ...

La Mort.

Lueur de stupeur qui se lit dans les azurs alors que le mot fait son cheminement. Mouvement de recul que son instinct lui dicte, mais il est déjà trop tard, l'oiseau de proie s'abat sur elle, la plaquant au lit.
Les prunelles grises virent alors à l'anthracite sombre, il n'y a plus rien d'humain dans ce qu'elle y perçoit.
Lentement les lèvres se décollent et la bouche s'ouvre, mais une serre se plaque et se scelle avant que tout son ne puisse franchir ce dernier espace. La terreur se lit maintenant dans les azurs qui s'écarquillent alors qu'elle tente de se débattre sous son poids. Mais il la bloque, ne lui laissant aucune défense malgré son gabarit peu imposant. Ses hurlements se font gémissements derrière cette barrière qui lui cimente la bouche.

La peur fait place à la haine, la rage que provoque l'instinct de survie. Tout se bouscule dans sa tête.

Théo ... Yohan ...

Non elle ne peut pas mourir, pas comme cela ... Pas maintenant ... Pas après tout cela ...

La lame luit. Le corps se tend, s'arcboute pour tenter de se dégager du fou qui la couvre de toute son envergure. Et ce rire démoniaque qui ne fait que la rendre encore plus folle de rage. Puis une dernière question qui finalement n'aura, sans nul doute, aucune réponse ...

Combien de coups veux-tu...?

Et la dague de venir flirter avec ses monts vallonnés, le froid de la lame sur la peau encore brûlante, le fil de celle ci qui laisse un fin sillon vermillon avant de venir s'y enfoncer presque avec tendresse ... Amoureusement ... Insidieusement ... Habilement ... Elle s'insinue sournoisement dans les chairs, laissant s'écouler le chaud fluide carmin qui tranche sur la peau diaphane de la belle. Et le hurlement se fait plus fort et tente désespérément de franchir cette main qui obstrue sa bouche.

Elle voit la folie grandir dans ses yeux maintenant noir de mort. Douleur fulgurante qui lui tenaille les entrailles tandis qu'il se laisse aller à sa sauvagerie mortelle. Les coups pleuvent les uns après les autres.
Le fluide vital s'écoule et quitte peu à peu le corps pris de soubresauts et qui lutte ... Pour quelques instants seulement ... Crispé et tendu, il devient peu à peu poupée de chiffon et choit doucement sur les draps maintenant auréolés de rubis ... Derniers souffles gutturaux, les yeux écarquillés se figent et fixent ce que lui ne verra pas. Le sourire d'un ange. Petit ange bien veillant qui a toujours été là pour elle, pur fruit de son imagination, pure invention de son esprit qui matérialise la chair de sa chair, perdue il y a longtemps de cela.

Kiryo, son petit ange qu'elle va maintenant rejoindre...

La peur s'est effacée et fait place à la sérénité devant cette vision angélique. Cette douce lueur qui l'appelle, qui la guide vers cet autre monde paisible, sans plus aucune souffrance. Lentement les azurs s'éteignent et laissent place à un regard vitreux, sans vie, leur flamme définitivement éteinte. Dans un bruit de gargouillis sanglant, le dernier souffle est lâché, un dernier spasme du corps alangui. La brune belle n'est plus ...

Un jour comme un autre dans la ville de Saumur. Une taverne miteuse pour linceul, la brune belle s'éteint à quelques lieues de chez elle, dans la plus grande ignorance et dans les mains d'un fou.

Ultime contact lorsqu'il vient embrasser ses lèvres entrouvertes. Le baiser de la Mort.

--Rumwald

[ Feu & Carmin ne stopperont jamais la morsure fatale du Froid... ]

Oui un baiser… Voleur de dernier souffle… Avide de ce trésor qu’il croit divin… A ce moment précis où la voie vers le véritable inconnu commence. Lèvres fines qui se gorgent une dernière fois de ces jumelles devenues écarlates, l’animal assassin disparaissant petit à petit de ses pupilles. Puis un dernier ricanement, toujours, pour félicitations personnelles de sa nouvelle réussite. Et enfin le véritable silence… L’odeur du sang… Sens meurtriers qui se délectent du travail bien fait…

Nu, l’artiste apprécie son œuvre, d’un œil critique, sourire enfin disparu, sérieux… Car oui, on ne rit pas avec l’Art ! Les doigts blancs parcourent la peau ensanglantée, soulignent les formes transpercées, portent au nez le dernier parfum de cette victime parmi tant d’autres… Une centaine… Une mort unique pourtant qui se déroule sous ses yeux à chaque déchainement démoniaque. Le sourire cousu revient aux souvenirs… Certaines voyaient comme un monstre, d’autres comme un être longtemps pleuré et quelques unes demeuraient presque impassibles. Oh bien sûr il a déjà tranché des gorges d’hommes, mais bizarrement il n’éprouvait aucun intérêt à décrire leur mort… Surtout lors des contrats, le temps jouant contre lui.

Pour le fantôme, c’est un jeu salvateur… Combien souhaitent au plus profond de leurs âmes connaître ce parfait repos ? Rejoindre un aimé, ne plus souffrir, ne plus subir les affres de la Vie, ne plus… Ressentir. Hinhinhinhinhinhin… Oui, il les libère de leur existence amère… L’on devrait le remercier ! Chasser… Tout ce que les autres ont trouvé de mieux à faire à son égard, lui, une personne de la gangrène de ce monde des âmes grises. Rumwald aime… Non. Non non… Il adore ça. Il ne s’arrêtera pas.

Les âtres de l'âme fixe le fer la Camarde, avant de laisser sa serpentine de chair goûter à ce met délicat. Délicieux... Mais il ne faut pas trainer et se faire oublier. Alors il profite d'un coin du drap, que l'on jurerait propre, pour premier nettoyage de son compagnon, avant de le replacer en l'étui de cuir. Une toilette ? Seul le visage parsemé de marques carminées y a le droit. Plus vite il sera parti, meilleures seront ses chances de tromper sur la direction de sa fuite... Chemise, robe et braies sont revêtues, le tout voilé par la suite d'une longue cape noire munie d'un capuchon à nouer au cou.
Un dernier regard à cette guerrière aux longs cheveux bruns, morte dans la beauté de la jeunesse, étouffée par ses propres atouts, puis les bottes cloutées entament leur marche mortuaire sur le plancher mal entretenu, suivi des pavés des rues aussi sales que dangereuses, pour finalement fouler le sol de la liberté.
Aucun garde qui ne l'a hélé, aucun attroupement à l'auberge crié durant la marche... Son existence peut donc encore couler des jours heureux sous la bannière des hommes de l'ombre.

Le peuple du royaume évite les ténébreux... C'est une loi universelle en ces lieues... Comme de ne pas aider son prochain ou faire semblant de ne rien avoir vu. Pathétiques français... Ils facilitent tant la tâche...
Sur le chemin du prochain village, où il pourra se dégoter un canasson, le Hibou se souvient d'une proposition alléchante parisienne. Dans son esprit, les projets pervers et riches de récompenses se multiplient, comme un courrier à absolument faire parvenir...

Paris pourra bientôt compter une nouvelle vérole... Encore...

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--Alfred_l_aubergiste

Bas-fonds de Saumur, Taverne d'Alfred, dict le soiffard avare

Une soirée comme une autre dans le bouge saumurois. Franches rigolades, bières et cervoises qui coulent à flot. Son lot de clients quotidiens. Habitués, comme étrangers, se côtoient, se croisent.

Plus tôt dans la journée, un joli brin de fille est arrivé se faisant offrir un verre par l'homme étrange qui loge là depuis quelques jours, seul client actuel de l'auberge d'ailleurs. Ce dernier ayant même payé d'avance son séjour. Etrange ... Oui et non. Dans le milieu on voit de tout et plus rien ne choque le vieux rustre d'Alfred. Il préfère même ce genre de clients, il est sûr d'avoir son dû.
Il ne prête donc pas vraiment attention au couple fraichement formé, ayant bien remarqué le manège de la brunette ...

La nuit est maintenant tombée, les clients plus rares en cette heure avancée et sont, surtout, eux aussi, dans un état avancé sous les effets de l'alcool. Une bonne heure plus tôt, il a vu l'étranger à la peau blanche sortir, comme il le fait chaque soir. Alfred n'y prête donc guère plus d'attention, pris dans une franche rigolade avec les habituels piliers de comptoir. Germaine sa femme, sort de la cuisine, ayant terminé la vaisselle du soir et terminé le plat pour les repas du lendemain. Elle salue les derniers clients et embrasse son bon vieux barbu pour lui souhaiter une bonne nuit.

J'va coucher mon Alfred. Traine pas d'trop hein, d'main y a le livreur qui vient avec ses tonneaux d'bière. Faudra l'aider et donc q'tu sois en forme.

T'en fais donc pas la Germaine, t'connais ton taureau ... Toujours en forme !

Et tout en lui parlant, il lui colle sa grosse main sur la croupe, pinçant fermement les rondeurs de la matronne, riant grassement avec les convives, partis du même éclat de rire.
Et c'est une Germaine bougonne qui monte à l'étage, vérifier les lampes à huile, cérémonial du soir avant de regagner leur appartement au dernier étage de l'auberge. Harassée par sa journée, elle monte lentement l'escalier étroit. Arrivée sur le palier, elle constate que la porte du fond à gauche est entrouverte, une faible lueur se faisant voit par l'entrebaillement.
Elle s'y dirige donc, frappe à la porte.
Pas de réponse.

Doucement elle pousse cette dernière qui comme à son habitude émet un grincement lugubre. Mais ce qu'elle va découvrir au même instant va la pétrifier d'horreur. Les yeux s'écarquillent devant le tableau macabre qui se dessine sous ses yeux.
Le blanc crasseux des draps parait alors immaculé tant il tranche avec le vif carmin du sang. Du sang ... Partout du sang. Sinistre tableau de mort. La bouche s'ouvre pour laisser surgir un cri de terreur qui fait trembler les murs de la vieille auberge.

Alfred alerté par les hurlements de la Germaine, monte quatre à quatre le petit escalier, évitant même la chute malgré son fort taux d'alcool. C'est interdit, aux côtés de sa femme, qu'il reste planté devant la porte de la chambre, éberlué.

Foutre dieu !

Estomaqué, il ne peut que venir poser sa main de façon rassurante sur l'épaule de sa Germaine. Ses pensées se bousculent dans sa tête.
Pas question de faire débarquer la maréchaussée ici ... La rumeur d'un meurtre dans son établissement, le forcerait à mettre clef sous la porte et la situation était déjà assez difficile comme ça ... Que faire ...

Des bruits de pas dans l'escalier, grinçant, le font sortir de ses songes. Rapidement il referme la porte, lance un regard à Germaine et lui murmure :

Tu montes et tu ne t'occupes d'rien, j'me charge de tout et surtout pas un mot d'tout ça ou on va se retrouver sans l'sous. File, j'm'occupe des autres.

Puis d'une voix plus forte destinée à l'arrivant.

Hé ! L'Léon ! T'en fais pas, y a rien d'grave, c'est juste la Germaine qui a peur d'une p'tite bête de rien. Pis d'ailleurs il s'fait tard. Je vais m'charger d'ça, mais avant, j'vais te racompagner en bas et fermer après toi et les autres.

Ne laissant aucun droit de réponse au Léon, il l'empoigne par l'épaule tandis que celui-ci jette un regard suspicieux à la Germaine, blanche comme un linge et tremblante comme une feuille. Mais devant l'autorité du grincheux d'Alfred, il se tait et se laisse entrainer. Enfin entrainer ... Arrivé dans la salle de l'auberge, c'est presque comme un mal propre qu'il se fait mettre dehors, ainsi que les autres, avec tout juste un au revoir du tenancier des lieux.

Enfin seul, la porte fermée à double tour, Alfred remonte au premier étage et se dirige vers la chambre du fond. Lentement, il ouvre la porte et ne peut que constater qu'il n'a pas rêvé. La jolie brune qu'il avait servit plus tôt dans la journée est bien là, allongée sur le lit et baignant dans son sang, entièrement nue, la bouche ouverte, les yeux restés grands ouverts et où, non sans surprise de la part du delcatti, une lueur de paix se lisait. Murmurant pour lui même alors qu'il se saisit dans l'armoire de deux paires de draps :

C'bien ma veine tiens ... Pauvre fille va ... J'aurais jamais du l'accepter l'autre ... L'était louche et me v'là dans de beaux draps maintenant.

Alors qu'il parle seul, il emballe précautionneusement le corps sans vie dans les draps avant de le soulever et de le descendre. Puis il sort dans l'arrière cour et se dirige vers les écuries. C'est avec calme qu'il va atteler son bon vieux cheval et charger son fardeau dans la charrette.
Dans la nuit noire et froide, il prend alors la direction du lac de Saumur où il a décidé de se débarrasser de son encombrant chargement.

Yoyo_le_rouble

[ Matin bleu... ]

Brusque réveil.

Les yeux qui s'ouvrent, comme surpris d'être ainsi éjecté de la frontière du sommeil, et que l'on retrouve le réel.. loin des rêves, des souvenirs. Et reprendre là on l'on s'était arrêté la veille, reprendre sa vie après cette pause, aussi pénible que cela peut-être parfois ...

Cela faisait quelques jours que j'étais à présent à Saumur. Voilà près d'une semaine que j'avais quitté ma Nerine et les dames blanches au campement du Mans, et que je bivouaquais à travers l'Anjou pour observer les mouvements des uns et des autres, discrètement, anonyme, surtout après ce qui s'était passé récemment à Craon..
Je ne me sentais pas à ma place au campement des blanches.. trop inexpérimenté, maladroit... j'étais bien plus utile ainsi à jouer les espions pour elles, sur les routes.
Je n'étais plus qu'à un jour de marche de Thouars. De chez moi. Mais pour une raison que j'ignorais, je tardais à rentrer.. sans doute le sentiment de culpabilité d'avoir laissée Nerine, ma fiancée, seule, là-bas, même si elle était entourée de ses soeurs... Et quelque part l'envie de faire demi-tour pour la retrouver de nouveau me tenaillait, tout en sachant que ce n'était pas raisonnable et que je ne ferais probablement que les gêner. Et aussi l'envie de revoir cette amie que je n'avais pas vue depuis longtemps... je fouillais machinalement la poche pour y trouver du bout des doigts le petit mot qu'elle m'avait envoyé quelques jours plus tôt. Je souris. Rassuré. Le petit mot était toujours là. Il me sauvait de la solitude que j'éprouvais.

Si seulement Marraine était là.. Elle m'aurait conseillé, ou tout simplement trouvé les mots qu'il faut me dire pour me décider, comme souvent.
Sa présence à elle seule me rassurait, et je me sentais en sécurité lorsque je la savais non loin. Je pouvais faire toutes les erreurs que je voulais, elle m'aiderait toujours à les réparer, à apprendre. Je lui devais tant.. j'ai toujours pu compter sur elle, et loin de m'invectiver, elle me souriait toujours, bienveillante.

Mais cela faisait plusieurs mois que je n'avais plus de nouvelles d'elle... "Dame Cathycat a soudainement disparue après son mandat au conseil comtal du Poitou".
On ne s'était pratiquement jamais quitté depuis que l'on s'était rencontrés à Millau.. à présent je ne savais même pas où elle se trouvait. Elle n'avait rien dit à personne.

J'avais décidé la veille de finalement rentrer à Thouars, aujourd'hui même... mais en me réveillant ce matin, je n'en étais plus aussi certain..
Les yeux mi-clos, allongé et emmitouflé dans une de mes couvertures de laine sur la terre molle et froide près du lac de Saumur, où je passais mes journées à pêcher sans hameçon, je regardai le ciel au-dessus de moi.
La nuit s'en allait sans un bruit, laissant le ciel s'éclairer et troquer l'encre noir qui l'habillait d'un reflet bleu sombre qui s'illuminait peu à peu.
Le soleil ne donnait encore aucun signe d'apparition sur la ligne d'horizon tandis que les oiseaux s'étaient mis à entamer leur tour de chant, d'un air triste, comme las de chaque matin encore et encore respecter les mêmes rituels.
Je finis par me redresser, comprenant que je n'arriverais à me rendormir. Je lorgnais, en me frottant les yeux, les cheveux ébouriffés, l'eau du lac reflétant la lumière blafarde de l'aube dont la surface se ridait sous la froide brise des matins de printemps, survolée par un léger brouillard éthéré.

Miaou...

Je tournai la tête vers la cause de mon réveil précoce. Un chat se tenait là, assis calmement, fixant l'eau du lac d'un air mystérieux, la longue queue ondulant de manière souple de gauche à droite. Et quelques miettes de sablés autour des babines. Visiblement, il s'était un peu permis de fouiller dans ma charrette...
Lorsque nos regards se croisèrent, le félin se leva et tourna sur lui-même pour me faire face, les jambes repliées, près à bondir. Il commença à faire des pas lents, sans bruit, se rapprochant de moi, ne me quittant de son regard difficile à déchiffrer, méfiant. Je penchais la tête de côté, l'observant.. et tout aussi méfiant.. après tout chat échaudé craint l'eau froide...
Il referma lentement ses dents sur une petite bourse de cuir contenant des bonbons au miel et solidement refermé par un cordon, continuant à me regarder... puis bondit en me tournant le dos et s'enfuit à vitesse folle.

Je clignais des yeux... interdit un instant.

Hééé mes bonbons !!!

Je me levais d'un bon bond également et courus à sa poursuite, pied nus, omettant de me chausser pour le botter, ce chat.

Hééé toi lààà !

Je le hélais, un peu paniqué à l'idée de perdre mes bonbons, en accélérant ma course sur la terre froide et glissante des berges, afin de ne pas le perdre de vue. Etrangement, au lieu de s'enfoncer dans les bois, le chat fuyait en longeant les abords du lac.

Hééé, arrête-toi, toi ! Si tu veux on peut négocier, on fait moitié moitié.. euh... flûte comment on dit encore "arrête-toi" en chat... euh... Miouuu... miou.. et euh.. Méheeuuuhaaaaaaouuu*... quelque chose comme ça....

Il tourna alors brusquement à droite, manquant de me faire trébucher. Puis je m'arrêtai tout aussi soudainement, après l'avoir suivi.
Je repris lentement mon souffle, regardant l'impasse que représentait les eaux du lac...
Je balayai les berges des yeux, cherchant en vain la silhouette du chat qui semblait avoir disparu sans laisser de trace.
Je repérai tout de même la petite sacoche de cuir abandonnée sur la terre molle, et effleurée par une main.

Celle d'une jeune femme.
Le corps d'une jeune femme, brune, était allongée là. Les sombres cheveux lourds et humides recouvraient son visage et le sol autour de lui. Elle était alanguie, sur le ventre, la moitié du corps dans l'eau, dont le poids retenait encore le long tissu dans le lequel elle était drapée et qui flottait à la surface de l'eau, donnant l'illusion de danser dans le vent. Les gouttes ruisselait sur sa peau claire et nue, et quelques débris de vase retenue sur son dos et ses hanches dévêtus contrastaient avec sa troublante beauté.
Je rougis. Et détournai les yeux.
Cela ne se faisait pas de regarder ainsi une dame, une inconnue qui plus est, qui... je ne savais au juste ce qu'elle faisait...
En temps normal je serai parti rapidement, et en m'excusant, mais quelque chose me retenait. Quelque chose n'allait pas.

Elle ne bougeait pas.
Malgré l'eau glacée, malgré ma présence, malgré la brise froide.
Elle avait sans doute besoin d'aide.

Je ravalais ma pudeur et fis quelques pas vers elle, pieds nus sur la terre mouillée et glacée. Je m'agenouillai et entrepris de la retourner, doucement.. lentement... Sa peau était aussi glacée que l'eau et le sol... et aussi bleue que le ciel qui continuait à s'éclaircir goutte à goutte.

J'émis un hoquet de surprise et d'horreur, pris soudainement par un tourbillon vertigineux et un frisson violent et insupportable qui me frappait, m'arrachant des larmes et me laissant momentanément sans force, en la reconnaissant...
Je l'avais posée sur mes genoux, et repoussé doucement ses cheveux pour découvrir son visage et lui permettre de mieux respirer.
Mais elle ne respirait plus.
Et je connaissais ce regard... ce regard immobile, qui ne cille pas, vide... de lueur, d'expression... de vie...

Je sentis une douleur intolérable me tordre le coeur lorsque je prononçai enfin son identité...

.. Marraine...

Tremblant de tout mon corps, secoué par le chagrin et les larmes qui pleuvaient sur elle, j'effleurai son visage du bout des doigts, comme pour vérifier que c'était bien elle.. que je ne me trompais pas...
Je regardais avec horreur les nombreuses plaies qui zébraient sa poitrine, son corps, d'où plus une goutte de sang ne s'écoulait, une boule se formant dans ma gorge.

Mon Dieu... qu'est-ce qui s'est passé Marraine .. ?... Qu'est-ce qui t'es arrivée... ? Ma Marraine... non... non...

Ma voix était faible, tremblotante d'un sanglot qui cessait d'augmenter...
Je le savais... Je savais qu'elle n'était plus... mais je ne voulais pas le croire.. je ne voulais pas le croire...
Je ne comprenais plus rien de ce qui se passait... Tout autour de moi me paressait soudainement vide... Vide de sens, de raison...
Je pris une inspiration pour essayer de me reprendre. Je la regardais de nouveau dans les yeux. Je ne voulais pas le croire... je ne voulais pas...

Marraine... réponds-moi s'il te plaît... réponds-moi... Marraine.. oh, Marraine.. s'il te plaît... Marraine...

Marraine !...

Je finis par me pencher et la serrer fort contre moi, emporté par mes pleurs qui déchiraient le silence du lac déserté, et qui mourraient sans écho, le ciel lui-même restant d'un bleu indifférent, insensible, froid, ignorant ma détresse alors que le soleil ne voulait toujours pas se lever...

Je ne voyais même pas à côté de moi, un papillon posé sur une fleur, qui s'était mis à s'envoler.

Yoyo_le_rouble

[ Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi*... ]

Yoyo revenait de la ville de Saumur. La vie y reprenait, et ses habitants commençaient à s'activer selon leurs habitudes en ce nouveau jour, ouvrant leurs échoppes ou remplissant les étalages du marché, piétinant les pavés des ruelles. Un nouveau jour.
Pas pour tout le monde.

Le jeune thouarsais n'avait pas traîné... Il était entré dans la première échoppe tisserande ouverte aux premières lueurs du matin. Presque sans parler, le visage fermé, il avait juste pris une bobine de fil fin, une aiguille à recoudre, une brosse à cheveux, ainsi qu'une robe verte pâle, et paya en s'en allant sans se retourner, sans attendre sa monnaie.

Il était rapidement revenu auprès de sa Marraine qu'il avait portée jusqu'à ses affaires, près de sa charriote, là où il avait passé la nuit.
Yoyo était comme dans un état second. Étrangement il se sentait calme. Les larmes avaient séchés sur son visage devenu inexpressif, perdu dans ses pensées, imperméable à ses émotions dont il voulait se protéger.
Mais malgré tout, ses gestes étaient doux, attentionnés.
Il refermait patiemment et soigneusement les plaies parsemées sur le corps de Cathycat d'où plus aucun sang ne s'écoulait. Ses paupières étaient à présent fermées, et elle reposait sur une couverture de laine, près des berges du lac où seuls les clapotis de l'eau sur la terre molle venaient perturber le silence du lieu. Yoyo avait une impression d'irréel. Un voile de douceur apparaissait sur ses yeux tandis qu'il scrutait le visage de la brune belle, s'attendant à tout moment à ce qu'elle se réveille tant elle semblait juste apaisée, endormie. Puis il reprit une expression fermée en recousant une autre entaille du corps massacré de la jeune femme...

Qu'avait-il bien pu se passer ?.. Comment... qui pourrait s'en prendre ainsi à sa Marraine ?

Il ne comprenait pas.. il ne le voulait pas, et d'ailleurs il s'empêchait de se poser ces questions. Et il s'appliquait à refermer toutes les blessures de cette femme qu'il considérait comme sa famille. Il remarquait que certaines blessures étaient antérieures aux autres, et déjà en voie de guérison.
En faisant lentement et avec douceur la toilette de Cathy à l'aide d'un savon et d'un linge blanc humide d'eau, il ne put s'empêcher de murmurer :

... Pardon Marraine... Pardon... Je t'ai abandonné...

Le temps d'un instant, Yoyo se rendit compte de tout ce qu'elle devait avoir dû vivre durant ces longs mois où ils avaient été séparés... Il ne savais rien, mais ne pouvait que se douter que ce ne fut pas des jours paisibles pour elle... et qu'il n'avait pas été là pour lui être d'une quelconque aide, elle sur qui il avait toujours pu compter...
Après avoir séché les longs cheveux bruns de Cathycat, le jeune charpentier la brossa longuement, le coeur qui se serrait de nouveau derrière la façade impassible de son visage inexpressif, perdu dans ses souvenirs.
Les souvenirs qui la faisait encore vivre.. et qui contrastait terriblement avec le corps inerte qu'il tenait dans ses bras et dont il prenait soin, une dernière fois.

Il se souvenait de leur première rencontre, à Millau, sous les premiers rayons printaniers. Elle était radieuse, et son rire cristallin ne pouvait qu'attirer les gens qu'elle haranguait joyeusement alors qu'elle animait un jeu près de la place du village... lui venait d'arriver dans cette ville, et était affamé. Yoyo se demanderait toujours si ce jour-là celle qui allait devenir sa Marraine ne l'avait pas laissé gagner exprès, afin qu'il remporte un goujon au jeu du coffre-fort.
Quelques jours après, d'un commun accord, Cathycat devint la marraine de Yoyo, un de ses innombrables fillots. Mais ce dernier eut la chance de pouvoir la suivre, et de voyager avec elle, quittant Millau à la recherche d'un paradis.

Le jeune thouarsais se souvenait de leurs longues après-midi et longues soirées à se tenir compagnie en taverne, la patience de sa Marraine pour lui enseigner tout ce qu'il sait à présent aujourd'hui, la lueur qu'elle avait dans les yeux lorsqu'elle expliquait et partageait ses connaissances. Il se souvenait également de ses mots d'encouragements au tout début de sa rencontre avec Nerine, de ses éclats de voix lorsque quelque chose lui paraissait absurde, injuste, elle n'hésitait jamais à le faire savoir, et aussi de sa douceur et de la tendresse qu'elle réclamait, dont elle avait besoin, derrière son apparence parfois froide et dure.

Yoyo se souvenait aussi du regard de sa Marraine lorsqu'elle aimait, toujours sans condition.. Elle rayonnait lorsqu'elle était amoureuse. Elle aurait tout fait pour chaque homme qui avait su la charmer et ravir son coeur. Il se souvenait aussi de son regard triste, lorsque leurs chemins se séparaient pour diverses raisons. Mais toujours elle gardait la tête haute, et continuait à assurer ses nombreuses fonctions pour le bien des autres, avant le sien. Il se répétait, il entendait de nouveau sa voix lorsque parfois ça n'allait pas, il lui disait qu'il était là pour elle, qu'elle était sa famille et que toujours il s'inquièterait pour elle qu'elle soit heureuse ou triste... et qu'elle répondait toujours
"Je le sais... et c'est ce qui me tient..."

Le charpentier ressentit un pincement au coeur en se remémorant ces paroles... et en voyant le corps meurtrie de sa Marraine... Quoiqu'il se soit passé... il n'avait pas été là...

Serrant le poing et ravalant de nouveau son sanglot, chassant de son esprit cette pensée qui pourtant demeurait au fond de lui, il posa la brosse pour habiller la brune belle de sa robe verte pâle, qui adoucissait la couleur bleutée de sa peau devenue glacée... Il savait qu'elle aimait cette couleur, et que cela lui ferait peut-être plaisir...
Il la regarda encore. Il était soulagé d'avoir pu rendre à sa Marraine sa dignité en refermant ses plaies et en la lavant. Peut-être était-ce subjectif... mais il lui sembla lire de l'apaisement et de la sérénité sur le visage de jeune défunte...

Il se rappelait enfin, la soif de liberté de Cathycat, grande voyageuse, qui aura connu plusieurs vies, toujours avides de rencontres, de connaissances et jamais n'acceptait de croiser les bras pour ne rien faire, elle qui voulait toujours aider, et tout vivre...
Mais aussi pour cacher une blessure dont elle ne s'était jamais relevée et qui l'aura profondément marquée dans plusieurs aspects de sa vie... celle de la perte de son enfant... celui dont elle ne parlait jamais mais pensait à lui chaque jour, et que jamais le thouarsais rencontrerait... Kiryo...

Même s'il n'arrivait pas à le formuler, Yoyo sentait que si sa Marraine semblait si sereine et calme à présent, c'était sans doute parce qu'elle avait pu retrouver ce qu'elle avait perdu et qui lui a tant manqué dans sa vie, et pouvant à présent s'occuper là-bas de celui dont son souhait avait toujours été le plus cher de prendre soin. De son petit ange... de son enfant.

Yoyo installa sa marraine confortablement à l'intérieur de la charriote, avant de se mettre en route vers Thouars.
Il envoya juste un court message à l'amie à laquelle il tenait tant et qui l'attendait là-bas, accrochant un petit bout de vélin à la patte du pigeon qui s'envola dans le ciel.

Ma Cali,

J'arriverai demain à Thouars.
Je ne ferai pas le voyage seul.

Je t'embrasse fort.

Ton Yoyoy

Avant de prendre la place de conducteur, Yoyo déposa doucement un baiser sur le front de sa Marraine. Il lui chuchota doucement ... :

Rentrons chez nous...

*titre du roman de Mathias Malzieu, parlant du décès de sa mère.

.. Immense plaisir et privilège, LJD Cathycat

--Esprits_sibyllins

[L'insoutenable légèreté de l'être]

Néant. Flottement.

Alors que l'âme s'envole loin de son enveloppe charnelle, qu'il reste quelques soupçons de sensations qui ne sont que le fruit des souvenirs. Ou quand l'immatériel se souvient du matériel.

De là où il est, l'ectoplasme regarde son corps sans vie, sa coquille vide se faire jeter comme un vulgaire déchet. Drôle de spectacle que de se voir finir ainsi.

Et puis le destin ... Celui qui fait que la boucle est bouclée. Qui fait aussi que le monde est si petit, que les chemins se croisent et s'entrecroisent sans fin.

Là où elle est, il n'y a plus ni jour, ni nuit. Une seule et unique continuité. Mais elle observe ce qui se déroule là d'où elle vient, dans le monde des mortels.
Et alors qu'elle flotte seule devant la providence, elle est rejoint par celui qu'elle attendait de revoir depuis si longtemps. Celui qui avait été la chair de sa chair, son sang ...
Et les deux mains éthérées qui se rejoignent. Communion de deux âmes.

C'est ensemble que les deux irréels vont suivre le spectacle de la destinée ...

Libération.

Alors que le jour se lève aux abords de Saumur, une scène terrible se joue. Un jeune homme sur les berges du lac qui trouve ce qu'il redoutait sans doute le plus de voir un jour. Le corps sans vie de celle qui avait été tout pour lui.
Les flots d'eau salée qui ravagent ce visage qu'elle connait si bien. La tristesse qui submerge celui qu'elle avait sans doute sauvé d'une mort certaine lors de leur première rencontre. C'était aujourd'hui lui qui affrontait d'une façon des plus brutale, l'oeuvre de la Faucheuse.
Et les deux êtres vaporeux de venir l'entourer dans cette terrible épreuve, le soutenir et lui insuffler la force nécessaire pour que cette atrocité soit effacée par un amour indéfectible. Rendre un visage humain à ce qui est l'oeuvre du Sans Nom.

Alors avec la douceur et la minutie qui le caractérise, il va consciencieusement redonner forme humaine au corps mutilé de la brune belle. Les deux êtres séraphiques guidant chaque geste. Et une fois le travail terminé, le corps déposé dans la charriotte pour effectuer son dernier voyage, la brume matinale se retire sous une légère brise odorante, aux fragrances rappelant le jasmin, et sous un doux soleil printanier qui réchauffe l'atmosphère.

Dernier signe annonçant le repos d'une âme torturée enfin apaisée. Puis le bruissement des herbes et des roseaux, comme un doux murmure au creux de l'oreille du jeune homme et qui semblerait lui dire : "Merci ... Et je serais éternellement là pour toi."

[RP fermé] Welcome back to hell ...

Cathycat

--Rumwald

Cathycat

--Rumwald

--Cathycat.

--Rumwald

--Cathycat.

--Rumwald

--Alfred_l_aubergiste

Yoyo_le_rouble

Ma Cali,

J'arriverai demain à Thouars.
Je ne ferai pas le voyage seul.

Je t'embrasse fort.

Ton Yoyoy

Avant de prendre la place de conducteur, Yoyo déposa doucement un baiser sur le front de sa Marraine. Il lui chuchota doucement ... :

Rentrons chez nous...

*titre du roman de Mathias Malzieu, parlant du décès de sa mère.

.. Immense plaisir et privilège, LJD Cathycat

--Esprits_sibyllins

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