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[RP semi ouvert] Quand l'Infâmie est dans nos murs...

--Bienveillante_voisine
Semi ouvert, dans tout le respect de la cohérence, lieux, connaissances des persos, le rp évoluant au fur et à mesure...





Ce matin là, Marguerite, forte de ses longues heures d'observation et de réflexion, avait pris la plume. En tout bien tout honneur. Déversant son fiel de bien pensante au sujet de personnes qu'elle avait tenu à l'oeil des mois durant, sans jamais prendre la peine de les connaître. A peine un "Bonjour" claquant sur un fond de mépris lorsqu'elle les croisait dans la rue.
Pour tout dire, sa cible représentait tout ce qu'elle n'avait été.
Mal mariée à un boucher ami de ses parents, elle n'avait eu que le loisir de voir sa jeunesse s'étioler, n'ayant même pas la joie d'enfanter, son ventre restant désespéremment sec, voyant le mépris naître dans les yeux bovins de son mari.
Mais cela ne pouvait bien évidemment pas être les raisons de ce qu'elle était en train de faire...


Citation:
Votre Grandeur et Très Saint Inquisiteur,

Je vous écris parce que je crois que l’une de mes voisines est une créature du Sans Nom, vile pècheresse, ayant commis crime innommable…

Je vous explique.

Je vis à Paris, dans le quartier marchand des Halles. Il y a quelques mois deux jeunes créatures sont venues s’installer dans une grande maison dans ma rue. Déjà, deux jeunes femmes qui vivent ensemble, ça me semble louche, sans chaperon ni matrone pour les surveiller. Elles ne font qu’aller et venir, semblant jouir de fortunes gagnées de manière fort peu aristotélicienne.

Celle dont je veux vous parler en particulier se fait appeler Fourmi. Elle est toute petite et se vêt d’une bure. Pourtant je puis vous assurer que jamais, au grand jamais, je ne la vis à l’office. De plus, cette créature qui prétend se parer de l’habit respectable était enceinte jusqu'aux yeux jusqu’à il y a peu. Et c’est là que l’incident qui m’a mis la puce à l’oreille se produisit.

Un soir du début du mois de janvier, j’ai entendu du bruit dans la ruelle. Alors, j’ai glissé mon œil entre les volets et là, j’ai vu chose monstrueuse. La fille se tenait là, mains crispées sur son énorme ventre, couverte de sang. Elle semblait fuir, et c’est alors que je vis ses yeux. Un regard démentiel. Qui me fit grand peur. Un regard démoniaque. Puis elle a disparu dans les ténèbres de la nuit. Il y eut quelques cris et hurlements ensuite, mais je restais cloitrée chez moi de peur que le démon n’essaye de m’attraper.

Pendant un temps, on ne l’a plus vue dans le quartier. Et elle a reparu, comme si de rien n’était. Sans enfant.

Je crains Votre Grandeur et Très Saint Inquisiteur, que cette créature maudite n’ait sacrifié l’enfant qu’elle portait en quelque sacrifice rituel maudit dont le Sans Nom se réjouit.

De grâce Votre Grandeur et Très Saint Inquisiteur, ne laissez pas cette femme continuer d’arpenter nos rues. Qui sait de quoi elle pourrait être capable.
De grâce Votre Grandeur et Très Saint Inquisiteur, sauvez nous du Sans Nom, délivrez nous.


Marguerite, veuve, rue des Tisserands, Paris, Les Halles.



Qui sait ce qui peut bien traverser l'esprit de l'acariâtre bonne femme alors qu'elle regarde le volatile s'envoler un sourire mauvais accroché aux lèvres ?


______________
Margot, veuve, la voisine qui vous veut du bien... ou pas !
Wilgeforte_
Wilgeforte avait lu et relu la lettre qu’Odoacre avait reçue et transmise aux inquisiteurs. Une telle missive avait éveillé chez elle une certaine curiosité : en bonne Sicilienne, son enfance avait baigné dans les intrigues, les complots et la noirceur. Mais Wilgeforte était aussi une femme, et donc curieuse à la base, mais était également dotée d’une attirance vers l’inconnu plus grande que la normale.
Tous ces facteurs l’avaient poussée à se porter volontaire dès qu’Odoacre annonça qu’il n’avait pas le temps nécessaire pour se rendre jusqu’à Paris. L’accord du Grand Inquisiteur fut rapidement obtenu, même s’il fallut prendre du temps pour lui expliquer qu’un acte officiel de mission, placardé dans le tout Rome, allait être plus improductif qu’autre chose.

Paris ! Ville lumière.
Wilgeforte avait opté pour un fiacre des plus sobres : nulles armoiries familiales ni grandes armes de congrégation gravées sur les portes. Ainsi, personne ne pouvait la reconnaître, pourvu qu’elle restât à l’intérieur. La Sicilienne prit cependant le risque de soulever le rideaux des fenêtres afin d’admirer l’architecture de la capitale française. Après tout, elle n’était pas assez célèbre pour être reconnue a premier coup d’œil.

« Marguerite, veuve, rue des Tisserands, Paris, Les Halles »
Ainsi était libellée la signature de la missive qu’Odoacre reçut. Un identité bien mystérieuse, somme toute. Un prénom, un état civile, une adresse — incomplète. L’absence de mention de la numérotation établissait d’ores et déjà la première tâche de Wilgeforte : trouver cette Marguerite. Son cocher, Sicilien, ignorait où pouvaient bien se trouver cette rue des Tisserands ainsi que le quartier des Halles. Tous les espoirs de Wilgeforte étaient placés dans le plan de Paris qu’elle avait réussi à obtenir à la bibliothèque romaine.

Après un voyage sans encombre et un nombre tout à fait raisonnable de détours et d’égarements, le cocher lui annonça qu’ils se trouvaient dans la rue des Tisserands. Wilgeforte descendit et lui demanda de rester sur place.
Dès le premier coup d’œil, Wilgeforte saisit toute l’atmosphère de la rue — qui devait être un condensé de celle du quartier. Populeux sans être populaire, marchand sans être commerçant, à la population diversifiée sans être mal famé. Tout à fait agréable à fréquenter le jour, mais dangereux sans escorte la nuit. Wilgeforte avait bien fait de partir pour arriver en plein milieu de l’après-midi.

Réajustant sa capuche, laquelle masquait tout de son corps — jusqu’à son sexe, ses seins étant peu visibles dans son ample houppelande —, elle interrogea la première personne à l’air pas trop malhonnête qu’elle croisa.


Pardonnez-moi, mon brave, connaîtriez-vous une veuve se faisant appeler Marguerite ?
_________________
Morte.
--Igooor


Alors déjà, il faisait mauvais genre l'encapuchonné. Les gars qui se baladent en couverture, de toute façon, c'est dépassé. Et Igor en sait quelque chose, il s'y connaît en couverture, la sienne le quitte rarement, dans la rue. Mais avec un litron, les questions de modes et de tendances ne se posent plus.
Pour l'heure, il est sobre, se contentant de regarder les Halles s'animer comme à leurs habitudes. Les marchands marchandent, les voleurs à l'étalage qui volent sur les étals, les passants qui passent... comme quoi, le monde est vachement bien fait, tout le monde fait ce par quoi on le désigne. Ou l'inverse. Qui s'en soucie ? Igor s'en soucie, d'ailleurs, ça fait trois jours qu'il réfléchit à cette grande question existentielle : pourquoi un médicastre tue plus souvent qu'il ne soigne. Y a un morbac dans le potage, pas normal, le monde ne va plus tourner en rond. Peut-être pas plus mal, à force il commençait à en avoir la nausée.
Quoiqu'il en soit, le contemplatif regarde. ... Que regardait-il, déjà ? Ah, oui, les Halles et son petit monde, et notamment cet encapuchonné. Une allure de voyou, assurément, quelle idée de se balader ainsi.

Soudain, la situation s'aggrave d'un poil. La silhouette se dirige vers lui, visiblement perdue, et


Pardonnez-moi, mon brave, connaîtriez-vous une veuve se faisant appeler Marguerite ?


HEIN ? KESSKIDI ? PARLEZ PLUS FORT.


Vrai quoi. On a pas idée de parler aussi faiblement. Ah ces jeunes, plus aucune éducation. De son temps, on savait parler correctement, pour sûr. A moins que.. mais oui, c'est ça...
Igor plisse les yeux, et s'approche lentement de la capuche, vers son oreille, pour lui signifier dans un murmure qu'il l'a percé à jour...

JE SAIS CE QUE VOUS ÊTES. VOUS ÊTES PRÊTEUR SUR GAGES, C'EST ÇA ?

Il en était sûr.
Wilgeforte_
Wilgeforte, lorgna sur les chicots et la crasse recouvrant le visage de son interlocuteur. Pour le côté populeux, cela se confirmait. Mais l’homme n’avait pas l’air mauvais. Simplement un peu… différent, pour le dire d’une manière politiquement correcte.

HEIN ? KESSKIDI ? PARLEZ PLUS FORT.

Cela se confirmait. Wilgeforte était en train de réfléchir à un moyen de se faire comprendre sans pour autant provoquer un attroupement autour d’elle quand Igoor renchérit :

JE SAIS CE QUE VOUS ÊTES. VOUS ÊTES PRÊTEUR SUR GAGES, C'EST ÇA ?


Il allait falloir être fine. Wilgeforte retira sa capuche, se disant que cela allait créer une proximité qui plairait certainement au vieil homme. Elle se pencha jusqu’à n’être plus qu’à quelques centimètres de l’oreille du vieillard et dit, détachant très consciencieusement ses syllabes :

Pas du tout, l’ami. Je suis une simple voyageuse venue visiter sa tante. Elle est veuve, se fait appeler Marguerite et habite par ici. Pouvez-vous me dire où elle réside ?
_________________
Morte.
--Igooor


Ah tiens donc, le voyou s'avéra être une voyelle !! Ou une voyeuse, il ne savait plus trop le terme exact.
A vrai dire il s'en fichait, notre homme était plutôt occupé à regretter de ne pas être plus jeune de quelques années et de quelques dents lorsque la donzelle s'approcha de lui.


AH.

Il la connaissait bien, la Marguerite. Mauvaise comme la gale, elle devrait se trouver un amant, ça lui ferait du bien, ainsi qu'aux voisins. Sauf qu'il s'agissait de la famille, il allait falloir être diplomate.
Et pour une fois, il murmura vraiment. Ce qui revenait à parler correctement.

Vous lui ressemblez pas, z'êtes ben plus mignonne, si je peux me permettre. Et l'air moins hargneux, je veux dire, hardiment résolu, pour sûr m'dame.
Bon, vous voyez la première ruelle à droite ? Ben c'est pas celle-là qu'il faut prendre, c'est celle d'après.
Puis vous prenez le pont, et vous verrez une rue à gauche. Ben faut prendre celle d'après, la deuxième à gauche, voilà. Et vous y serez. Pas ben dur, si vous voyez des yeux derrière une porte, c'est elle.


Et il ne put s'empêcher d'ajouter, lorsqu'elle le quitta pour reprendre sa route..

BON COURAGE.
Wilgeforte_
Vous lui ressemblez pas, z'êtes ben plus mignonne, si je peux me permettre.

Wilgeforte, imperceptiblement, banda les muscles de sa jambe afin de pouvoir opérer un prompt retour vers son sculptural cocher. Elle tenait à sa virginité plus qu’à sa vie même. Mais la suite lui prouva qu’elle eut tort de penser que l’homme était un mauvais bougre ; En définitive, en dépit de son caractère un peu rustre sans doute forgé par une vie fort simple, il était une fort bonne personne.

Et l'air moins hargneux, je veux dire, hardiment résolu, pour sûr m'dame.


Ah. Ça, c’était nouveau. Les pièces du puzzle arrivaient au compte-gouttes, mais elles arrivaient. Wilgeforte commençait à cerner quelque peu la personnalité de cette veuve dont elle avait lu et relu la lettre.

Bon, vous voyez la première ruelle à droite ? Ben c'est pas celle-là qu'il faut prendre, c'est celle d'après. Puis vous prenez le pont, et vous verrez une rue à gauche. Ben faut prendre celle d'après, la deuxième à gauche, voilà. Et vous y serez.

Pas si viiiiiiiiite ! eut envie de hurler Wilgeforte. Mais ses propres cris associés à ceux que le vieil homme ne manquerait pas de pousser pour lui demander de répéter qu’elle lui demandait de répéter et ceux qu’il pousserait ensuite en recommençant ses explications allaient la priver de toute discrétion.
Wilgeforte se répéta trois fois les paroles du vieillard afin de ne pas les oublier, puis le remercia et le salua. Alors qu’elle se dirigeait vers son fiacre afin de donner des instructions à son chauffeur, elle failli éclater en sanglots en entendant l’autre beugler :


BON COURAGE.

Et voilà tant d’efforts pour rester discrète réduits en fumée. Réduits en fumée ? Voir… Il lui restait une chance de s’en tirer : l’esbroufe.

Merci mon brave ! Je vais en avoir besoin pour aller porter à manger à ma tante aux plaies purulentes et suintantes !

Sans doute le vieux n’avait-il rien entendu, mais elle espérait ardemment que les autres l’auraient entendu. Cela allait décourager les éventuels curieux de la suivre, si par hasard quelqu’un avait été intrigué par les vœux du vieux.

Wilgeforte indiqua à son cocher où elle se rendait, précisant que les rues étaient trop étroites pour s’y aventurer en fiacre. Se remémorant les indications du vieillard, elle se mit ensuite en route. Qu’allait-elle pouvoir découvrir deux ruelles, un pont et deux rues plus tard ? Seul Dieu le savait.

_________________
Morte.
Le_Pont, incarné par Cymoril
Il enjambe un bras de Seine noire, charriant les immondices de la ville. Un peu branlant, ses fondations rongées par l’érosion tremblotent parfois sous le coup des crues et décrues, mais il ne cède pas encore comme beaucoup des autres ponts parisiens sous le poids de bâtisses construites à demi sur lui, s’accrochant à lui comme la misère s’accroche à bien des âmes.

Impassible, ses pierres crasseuses subissent les roues de carrioles lourdement chargées tirées par les bras tantôt faméliques d’enfants besognant contre une miche rassie tantôt grassouillets de marchands aux affaires florissantes et trop pingres pour déléguer et partager la moindre parcelle de profit aux plus miséreux d’entre tous.

Le carrosse qui se présente n’échappe que de peu à la règle. Grincements de roues sur le pavé cahoteux et claquement du fer des chevaux, il atteindra le bout sans guère pouvoir avancer plus avant.

Ici, la ville est aux piétons. Bottés jusqu’en haut des cuisses ou va-nu-pieds.

Le passage suivant trop bas et exigu pour que l’on songe même à s’essayer d’y faire passer un fiacre. Il faudra que la passagère s’ose à descendre de l’écrin protecteur qui lui fournissent les parois fragiles de sa bulle à roulettes.
Wilgeforte_
Wilgeforte avait d’ores et déjà décidé de poursuivre son chemin à pieds, jugeant ce mode de locomotion bien plus discret qu’un fiacre, fut-il exempt de toute arme et de toute mention de l’identité de sa propriétaire. Arrivant devant le pont, elle se félicita de cette idée : elle aurait de toutes manières dû abandonner son carrosse sitôt passé le pont.
Elle le passa, s’étonnant du peu d’écus que l’administration royale semblait vouloir investir dans les travaux d’urbanisme de la capitale du royaume de la Lys, et poursuivit son chemin.

Regardant avec émerveillement la foule hétéroclite des Halles, tellement différente d’une autre foule hétéroclite, celle de Rome, la jeune préfète avança à un rythme bien plus lent qu’à l’accoutumée à travers les rues parisiennes. Se remémorant les indications du vieux Igoor, elle tourna à la deuxième ruelle sur sa gauche. Observant les diverses bâtisses qui se trouvaient dans cette rue qui devait sans doute être celles des Tisserands, elle comprit qu’elle allait à nouveau devoir interroger quelqu’un.

Elle demanda ceci à la première personne à la tête pas trop malhonnête qu’elle trouva :


Pardonnez-moi, mon brave, suis-je bien rue des Tisserands ? Connaîtriez-vous une veuve se faisant appeler Marguerite ?
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Morte.
Le_vieillard_tranquille, incarné par Cymoril
Comme chaque jour, il s'était assis sur le banc devant sa maisonnette. Regardant les allées venues des porteurs et marchands, savourant toute l'animation frétillante de son quartier. Depuis longtemps déjà il n'exerçait plus. Ses doigts rongés par l'arthrite le faisaient trop souffrir pour qu'il put encore manier le rouet ou tisser le lin fin comme il le faisait autrefois, et ses yeux s'étaient éclaircis, signe du temps qui passe et de la vieillesse qui gagne peu à peu les corps qui ont déjà trop vécus.

Et pourtant il sourit. Toujours. Heureux d'être encore là, chaque jour surpris de s'éveiller à nouveau. Veuf, il n'a guère d'autres passe temps que celui là, sauf d'échanger quelques mots, ça et là, avec les habitants de sa rue, ou encore quelque nouveau friand de conseils sur la gestion de son échoppe, de débattre du cours de la laine si fluctuant.
Tout cela lui donne une énergie suffisante pour continuer.

Appuyé sur sa cane, il sourit aux passants.


Pardonnez-moi, mon brave, suis-je bien rue des Tisserands ? Connaîtriez-vous une veuve se faisant appeler Marguerite ?

Et bien ma bonne dame, vous y êtes presque. Voyez, du pont jusqu'au bout de l'impasse là bas, c'est le quartier des Tisserands, mais la rue des Tisserands elle, c'est la prochaine...

Quant à Margot...


Il se tut un instant.
Il la connaissait bien Margot.
Quand son mari était mort, elle avait essayé de se trouver nouvel époux, mais elle était déjà sèche. Comme si elle était incapable de prononcer un mot gentil à l'égard de qui que ce soit, si cela ne pouvait lui rapporter une faveur.
Si loin de ce qu'avait été sa propre épouse, la douce Brunaulden morte en couches trente ans plus tôt en donnant naissance à leur huitième enfant. Une fille. Leur seule fille. A croire que Deos avait donné et repris le même jour.
Sortant de ses vieux souvenirs, leur regard bleu pâle, effacé et humide, revint à son interlocutrice.


Vous la trouverez devant sa porte, à n'en point douter. Avec son vieux cabot tout pelé sur ses genoux.
Wilgeforte_
La Sicilienne observa un temps le vieillard. Il avait l’air un brin plus civilisé que les autres habitants de ce quartier. Ses indications prononcées, Wilgeforte le remercia et se dirigea dans la rue des Tisserands, dans laquelle elle s’engouffra.
Elle s’amusa à songer que la formation offerte aux inquisiteurs préparaient à bien des situations mais nullement à un périple à travers les quartiers populeux de Paris. Elle ne manquerait pas d’en faire part aux cardinaux inquisiteurs : les missi devaient être prêts à tout.

Arrivée dans la rue des Tisserands, elle ralentit son pas afin de chercher des yeux une femme sur le seuil de sa maison avec un chien sur les genoux, suivant fidèlement les indications du vieillard. Elle aperçut une mégère qui correspondait plutôt bien à la description et s’avança vers elle.


Veuve Marguerite ?
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Morte.
--Bienveillante_voisine



Marguerite, comme de coutume, avait pris place devant son perron. Assise dans sa vieille chaise à bascule, elle guettait. Parce que oui, c'est bien ce qu'elle faisait. Elle guettait, épiait, critiquait en murmurant la tenue de celle ci, la qualité du travail de celui là. Avait un avis bien défini et les idées très arrêtées et très courtes, sur à peu près tout. Chuchotant à l'oreille de sa vieille pelure puante de clebard.

Veuve Marguerite ?

La vieille au visage asséché dévisage sans vergogne la femme qui l'interpelle. Son regard acéré scrute, cherche... Inconnue. Et de commencer déjà à se faire une idée sur la personne qui s'adressait à elle.

Oui...

C'est bien moi !


Elle ne rajoute rien de plus. L'air pincé, et le ton légèrement arrogant, le timbre empreint malgré lui de cette méchanceté latente, de cette jalousie colérique qu'elle suinte par tous les pores de sa vieille peau frippée. Elle attend de voir ce qu'on lui veut. Telle le serpent prêt à mordre la main qui s'approche.
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Margot, veuve, la voisine qui vous veut du bien...ou pas !
Wilgeforte_
Bingo. Wilgeforte avait péché le bon numéro du premier coup. Elle se réjouit de cela, car son périple s’achevait par la même. Elle n’avait jamais désiré se déplacer escortée, mais ce n’est pas pour autant qu’elle appréciait d’errer seule et pendant des heures dans des quartiers mal famés.

Elle réfléchit à ce qu’elle allait faire. Il était préférable de ne pas se faire remarquer par des gens de l’extérieur. Elle se passerait donc du rituel baiser d’émeraude épiscopal.


Monseigneur Wilgeforte de Torretta-Granitola, préfet du Saint-Office romain, vicaire archidiocésaine de Vienne et inquisitrice. Pouvons-nous nous entretenir à l’intérieur ?
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Morte.
--Bienveillante_voisine



Son front d'une blancheur maladive se plisse quand elle entend la femme énoncer son titre, puis un sourire malsain fait lentement son apparition sur son visage émacié.

Enfin...

La vieille harpie prend son temps, savoure cette première victoire... Ses doigts s'attardent dans le pelage du vieux cabot, se crispent de ce bonheur qu'elle ressent. L'animal est déposé au sol, précieusement. Ridiculement tant la chose est laide. Elle sourit encore, poursuivant le détail du faciès de son vis à vis, cherchant à y déceler on ne sait quoi. Et enfin, elle se lève.

J'ai cru que l'on ne s'occuperait pas de cette engeance maudite...

Sussure-t-elle. De sa voix sifflante elle poursuit, poussant sa porte d'un bras maigre sortant de son habit de veuvage :

Entrez... Votre Luminescente Sainteté... Ne restez pas à portée du Malin...

Puis elle suit refermant la porte sur leurs deux silhouettes.

L'intérieur est sombre, les volets clos ne laissent percer qu'une lueur amoindrie par ces jours d'hiver. Et le feu est éteint en dépit d'un beau tas de bûches déposé à côté de la cheminée. Un sou est un sou, et Margot est... économe.

Un briquet est frotté et, une à une, les bougies sur le candelabre tremblant de la table commencent à dispenser une lumière dansante. Maintenant une ambiance feutrée, une réalité en mouvement.
Alors qu'il aurait été si simple d'ouvrir le volet de bois.

Elle invite son hôte à prendre place sur l'un des bancs autour de la table.


Vous prendrez bien de quoi vous revigorer par ce froid !

Alors qu'elle se défait de son châle qu'elle abandonne sur un coin de banc.


_______________________
Margot, veuve, la voisine qui vous veut du bien... ou pas.
Wilgeforte_
Enfin... J'ai cru que l'on ne s'occuperait pas de cette engeance maudite... Entrez... Votre Luminescente Sainteté... Ne restez pas à portée du Malin...

Cela avait le mérite de poser le décor. L’acariâtre femme semblait avoir attendu la venue de Wilgeforte depuis fort longtemps. Elle lui donnait des titres pompeux : elle avait donc besoin et foi en elle. Elle lui intimait de vite entrer : elle était paranoïaque. Les mots de la lettre qu’elle avait écrite prenaient à présent un autre sens.

Wilgeforte entra dans la sombre maison. Les volets fermés, le soin à tout dissimuler renforçait l’impression que la Sicilienne avait eue : Marguerite était diablement paranoïaque. Quelque chose faisait penser la Sicilienne qu’elle s’était embarquée dans une bien drôle aventure.

Elle s’assit sur un banc et sourit afin de détendre la veuve.


Un laid chaud serait un réconfort des plus bienvenus, ma fille, je vous remercie.

La lettre que vous avez écrite a été reçue par monseigneur Odoacre de Corinthe qui, ne pouvant se déplacer sur Paris en ce moment, m’a demandé de prendre l’affaire en charge. Me voici donc.
J’aimerais que nous reprenions tout depuis le début, si vous le voulez bien.
_________________
Morte.
--Bienveillante_voisine



Du lait...

Si elle était étonnée de la requête elle n'en montra rien. Elle se serait attendue à plus de normalité, un pichet de bière ou de vin, boissons populaires par excellence en raison de leurs nombreuses qualités nettoyantes face à l'eau porteuse de miasmes. Du lait.


Mais bien sûr votre grâcieuse luminescence...

Ne bougez pas.


Elle se rua chez sa voisine, tambourina fortement à sa porte, et lui réclama un pot de lait. Sans ambage.
La pauvrette s'exécuta, bien plus dans le but de préserver une paix fragile avec la harpie que par générosité. Mais la veuve s'en contrefichait, elle en tirait même certaine fierté, aimant à tyranniser son entourage.

Revenant prestement en sa demeure, elle fit chauffer le lait et le servit à l'envoyée de Rome.


Voilà votre grandeur céleste...

...

Du début.


Obséquieuse à souhait. Prête à tout pour arriver à ses fins la veuve Margot. Elle s'interrompt un instant, cherchant sur le visage de la romaine écclésiaste ce qui pouvait ne pas être clairement exprimé dans son pli.
Elle reprit :


Il y a quelques mois, deux donzelles ont emmenagé dans la rue. Là bas, en haut des marches.
Déjà, deux jolies filles sans mari, ni duègne pour les surveiller, cela laisse augurer une vie de péché.


Mais l'une d'elle en particulier a attiré mon attention. La plus petite. Certainement parce que c'est le genre à ne pas vouloir l'attirer.
Elle se vêt d'une bure, mais j'ai bien vu qu'elle menait un train de vie loin d'être celui d'un représentant de l'église.
Nombreuses marchandises vont et viennent soigneusement cachées dans les charrettes de ces demoiselles.
Et puis, je ne l'ai jamais vu, ô grand jamais à l'office dominical. Ni à un autre.


Elle s'arrête. Laisse en suspens le reste de ce qu'elle a à dire. D'un geste lent elle se sert un godet de vin aigre, attentive aux réactions de l'inquisitrice.
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