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[RP]Quand une brune veut devenir calife à la place du calife

Rheanne
RP écrit en accord avec LJD Erwelyn.
Ouvert à tous alors n'hésitez pas à venir prendre soin de notre alcoolique préférée


Le Mans

Nouvelle ronde sur les remparts. Nouvelle nuit à veiller sur la quiétude des Manceaux. Un bâillement de brune se fait entendre avant même d'avoir pris la relève de la garde de jour.
Rheanne a pris l'habitude de ces astreintes et de ses quartiers au camp de la Licorne. Quartiers, un grand mot pour qualifier quatre pans de toile au dessus sa tête. Mais c'est son chez elle, son pied à terre à la capitale. Et elle n'est pas peu fière de traverser les ruelles du Mans suivant ses compagnons occasionnels de la Licorne. Il lui arrive même de croire qu'elle en fait réellement partie, qu'elle ne fait qu'un avec ces chevaliers ou errants. Enfin qu'un, façon de parler. Elle a déjà assez à faire avec son Licorneux brun pour lorgner sur les autres. Et avec celui-ci, elle aimerait bien faire corps, comme on dit. Elle s'imagine déjà jouer les retrouvailles à Mayenne ou au Château de Beaumont, les lèvres et les mains exprimant le manque de l'autre.
Mais c'est loin d'être d'actualité pour le moment, le Conseil préférant jouer la carte de la prudence et ne lésinant pas sur la surveillance de la capitale et des autres villages mainois. Mais quand même, pourquoi avait-il fallu qu'elle soit d'astreinte au Mans et lui à Laval ?!
Le Très Haut semblait s'amuser de faire tourner chèvre la brune, accentuant au possible la tendance paranoïaque la jeune femme. Un peu plus et elle commencerait à penser que le plan de Finam n'était pas de s'en mettre plein les poches et se moquer impunément des Mainois mais bien de mettre le boxon en Maine pour la séparer de Guilhem. Rien que pour cela, il mériterait d'être pendu haut et court.
Tout en maugréant mentalement, elle suit ses coéquipiers d'une nuit. Au vu de l'humeur de la brune, la ronde s'annonce maussade et ne souffrirait aucune remarque. Coup d'œil à Alethea, la Cheffe de la lance qui veut pas qu'on l'appelle Cheffe. L'errante donne rapidement les instructions habituelles à chacun. Rheanne en mauvais élève souffle (discrètement quand même, l'est pas folle !!! veut pas se faire chopper). Les recommandations, cela faisait des semaines qu'elle les entendait...
Rester vigilant.
Prévenir dans la minute tout mouvement suspect.
S'hydrater pour garder les yeux ouverts. Mais pas trop quand même (une sentinelle ronde comme une pelle ou rendue aux latrines toutes les dix minutes, c'est pas très professionnel).

Consignes données et reçues, chacun des défenseurs licorneux prend position et Rheanne de les imiter. Depuis son intégration à la Lance de la Licorne, elle file avec une telle perfection le train de l'ordre royal à tel point que certains au conseil semblent penser qu'elle en fait réellement partie. Vu la fierté que cela faisait naître en Rheanne, elle n'avait pas jugé bon de démentir et faisait comme si elle n'avait rien remarqué. Seul Anorion, en parfait grand frère, prenait soin de la féliciter à chaque nouvelle édition de la liste des forces des ordres royaux présents. Mais à lui, elle ne pouvait mentir et c'était chaque fois d'une moue résignée qu'elle secouait la tête de droite à gauche. Mais ça va venir, ça va venir, qu'elle lui répète chaque fois.

La pensée amenant inconsciemment une toute nouvelle posture, plus fière et plus sûre d'elle même, elle voit de loin Erwelyn venant à sa rencontre.


Tiens, Lynette est d'astreinte ce soir elle aussi…

Une Chambellan et sa vice sur les remparts. Curieux quotidien pour ces deux là, fait de diplomatie et de rondes nocturnes. A mesure que Lynette et son éternelle coiffure désordonnée s'avancent et alors que cela ne lui était pas arrivé depuis fort longtemps, Rheanne repense au plan machiavélique dont l'innocente brune avait été la cible. Plan mis au point et concocté par trois femmes, deux rousses et une dépeignée.
Timing et mise au point parfaits, Rheanne était tombée dedans telle une mouche sur la toile de trois sombres araignées. Et alors qu'elle avait compris leur manège, il avait été trop tard. Elle avait été catapultée Vice Chambellan...
La Chancellerie... Rheanne avait apprécié dans les premiers temps le confort que lui apportait sa nounou personnelle en la personne de Lynette. Plus que se reposer sur Lynette, elle se laissait vivre tout bonnement n'ayant comme seule préoccupation de jouer la potiche lors des réceptions et divers accueils des ambassadeurs étrangers. Vice Chambellan en l'état, voilà qui lui seyait à merveille.
Tout se passait bien dans le monde merveilleux de la diplomatie. Mais (parce qu'il y a toujours un mais...) il y avait eu la réunion de crise comme elle avait dit la Cheffe. Enfin de crise, c'était plutôt une réorganisation de toute la chancellerie. La vice brune avait même hérité du coup de l'affectation de 3 duchés. Et pas de ceux qui nécessitent une heure de trajet. Non la Chambellan avait bien pris soin de lui donner les régions hors du Domaine Royal les plus au Sud. Sur le coup, Rheanne n'avait pas apprécié de récolter ainsi mission au même titre que les ambassadeurs. Elle était sensée devenir calife à la place du calife et pas de devenir un énième diplojouet d'Erwelyn.

Bon, elle s'était elle même donné le surnom de petit toutou et jouet préféré de la Chambellan, s’amusant à suivre partout et passer pour la poupée dans les mains d’Erwelyn. Et alors que la Cheffe s’inquiétait de la formation de sa novice, elle prenait toujours soin de la façonner et de la préparer au mieux au rôle qui l’attendait. Dans les premiers mois, Rheanne ne cessait d’affirmer sa crainte de la tâche à accomplir et avait à chaque tentative de la Lynette de refuser tout net. A tel point que la Chambellan avait fini par ne plus poser la question, pensant certainement que le temps ferait son œuvre. Et petit à petit, le destin qu’on lui préparait avait commencé à lui rentrer dans le crâne, de force ou de gré comme disait un certain. Et elle avait fini par s‘en accommoder. Et la question n’était pas toujours pas revenue sur le tapis de la Chancellerie et la Rheanne de croire que la chambellan s'accroche à son poste comme à sa première paire de chausses. Manque de communication qui nourrit les petits non dits et finit par être assassin…
Car si Rheanne veux réellement redevenir quelqu'un en ce Comté, il lui faut prendre la Lynette par les cornes et la pousser à prendre sa retraite plus tôt que prévu si besoin. Le complot prend forme dans l’esprit de la brune. Pourquoi donc Lynette ne lui donne pas le poste promis. Sentimentale la Chambellan ? Peut-être bien. A moins que ce ne soit la perspective de ne plus voir quotidiennement Henri, l'intendant. Si ce n'est que cela, Rheanne pourrait bien lui octroyer quelques jours de visites mensuelles à la Chancellerie. Elle a soif de pouvoir mais ce n'est pas un monstre non plus !!! Elle ne va pas pousser elle même Mémé dans les escaliers pour s'en débarrasser. Quoi que...

Lynette devant elle. Et Rheanne d'effacer l'espèce de sourire de manigance qui doit marquer son visage. Grand sourire pour sa encore cheffe. Mais ne croyez pas qu'elle ne l'aime pas sa cheffe. Pour sûr qu'elle tient à elle mais ce ne serait que lui rendre service de de lui retirer cette lourde charge de Chambellan. Regardez la !! Les traits tirés, des valises non des malles sous les yeux, le sourire timide et las. Voilà la tête de la représentante du Maine en extérieur. Piètre image pour les diplomates étrangers. Rheanne, elle, même fatiguée, semble plus fraîche. Question de génération ? Ou de dents un peu trop longues. A côtoyer le Guilhem, il lui prend de drôles d'envies...

Discussion et babillages qui s'enchaînent. Ne pas éveiller les soupçons de la Chambellan et la faire venir progressivement à l'évidence qu'elle est épuisée et mérite de passer le flambeau. En douceur, tout en douceur, voilà comment Rheanne doit procéder.

Elles font un bout de chemin de ronde ensemble, sans oublier le coup d'oeil régulier vers l'horizon. Malheureusement pour la vice, Erwelyn semble ne pas vouloir parler de diplomatie ce soir, voilà qui n'arrange pas ses affaires. Si elle ne lui tend pas la perche, ça ne va pas être facile. Rheanne savait que la soirée ne serait pas sienne et ce sujet qui ne vient pas commence à lui obscurcir les idées. Occuper le poste de Chambellan devient une obsession. Elle ne voit que cela, il n'y a plus d'amitié qui compte. Elle DOIT être calife à la place du calife. Un point c'est tout.

Et une folie sourde semble s'insinuer dans l'esprit de la jeune brune. Elle jette de plus en plus de coups d'oeil vers Lynette. Mouvement oculaires rapides qui ne présagent jamais rien de bon. Un vent frais souffle sur les remparts. Et la démence s'exprime...

Arrête de penser, agis !! Place aux actes !! Tu as assez attendu. Il est temps. Vas y !!

La voix dans sa tête est impérieuse, froide et calculatrice. Le bon sens a quitté cet esprit pourtant sain. Folie passagère ou démence débutante ? Les gestes sont mesurés et pourtant si étrangers à la brune. Il lui semble ne pas être là, ne pas être celle qui s'approche dangereusement de Lynette, jette des coups d'oeil alentours pour chercher d'éventuels témoins...

Sourire crispé mais déterminé. Elle sait comment faire. Enfin est-ce vraiment elle ou celui qui est dans son esprit. Si elle agit, cette voix s'arrêtera, tout s'arrangera. Et un accident est si vite arrivé...

Rheanne de poser une main amicale dans le dos de la brune dépeignée. Personne alentour, c'est le bon moment. Une chute, une toute petite chute. Pour l'obliger à rester éloignée quelques temps de la Chancellerie...

Mais un semblant de raison retient le bras gauche de la vice, dernier rempart contre la folie du pouvoir. L'amitié serait-elle plus forte ?

Pas le temps de savoir à quelle tentation cédée. Un faux pas certainement dû à la fatigue ? Ou à une pression un peu trop insistante de la vice sur le dos de la supra excellence ? Toujours est-il que Lynette semble perdre l'équilibre.

Quelques bruits de dégringolade, Rheanne reste interdite, la main suspendue dans le vide. Elle voit bien Erwelyn dévaler les rudes escaliers de pierre menant des remparts à la cour de la citadelle par un moyen plus délicat que par ses jambes (comprenez en mode "roulé boulé"). Une chambellan en bas des escaliers. Une vice en haut. Rheanne est-elle enfin arrivée en haut de l'échelle diplomatique ?

Plusieurs secondes semblant durer des minutes, Rheanne reprend conscience de ce qui vient de se passer. Lynette en bas. Lynette immobile. La brune de hurler à qui veut bien l'entendre.


VITE !!!! On a besoin d'aide par ici…

N'attendant pas de réponse, elle dévale les marches pour atteindre Lynette et prendre connaissance de son état. Et si elle a fait une mauvaise chute ? Et si la tête a pris ? Et si elle s'en remettait pas ? Et pire, si elle se relève sans mal et accuse Rheanne d'avoir voulu porter atteinte à sa vie ? Ne pas s'emballer. Aller constater et agir en fonction.

Corps de Lynette en mode pantin. Rheanne s'agenouille et avance la main droite, la gauche encore coupable semble ne plus vouloir répondre. Lynette est étendue sur le ventre, les cheveux recouvrant son visage. De la main, la brune écarte les mèches désordonnées tout en parlant d'une voix mi douce mi affolée.


Lynette !!! Lynette !! Tu m'entends ? Réponds moi... Lynette…

Mais rien, aucune réaction. Elle ne l'a quand même pas tué ? Quand elle pensait que la Lynette devait prendre sa retraite, elle pensait pas la mettre en terre non plus !!!
Rheanne mesure ses gestes et tente de déceler le moindre signe de vie. Deux doigts sur le cou, pulsations lentes mais régulières se font sentir. Même si la mécanique interne du corps de la chambellan continue sa routine, le corps restait inerte.
La brune reste agenouillée auprès d'Erwelyn, elle ne sait que faire. Elle n'est pas médicastre que diable !! Et puis on lui avait toujours dit qu'il fallait éviter de bouger les corps. Et pourquoi diable personne ne vient à son secours ? enfin au secours de Lynette.

Et Rheanne de commencer à crier encore plus fort.


Mais bon sang !!! Qu'est-ce que vous foutez ?!

Lynette vivante mais encore inconsciente. Catastrophe que celle là !!! Mais au moins elle ne pourrait pas accuser Rheanne d'avoir eu un geste malheureux. Si cela vient à se savoir, elle pourrait dire adieu à l'Ordre Royal qu'elle lorgne depuis quelques mois. Et puis a-t-elle réellement poussé Lynette ? Rheanne semble dans le brouillard. Est-elle responsable ? Comme dans beaucoup de traumatisme, son esprit a-t-il occulté son acte pour limiter sa culpabilité ?
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Pour le Maine et pour sa blonde chez les nonnes
--Marechaux_du_mans
Un cri avait retenti dans la nuit. Il se passait quelque chose.

Une escouade de maréchaux passait fort heureusement dans les environs.
Rheanne n'eut pas bien longtemps à attendre.

Les 4 hommes d'armes auraient été bien démunis s'ils n'avaient été encadrés par leur responsable, un homme d'âge mûr qui en avait vu, des événements au cours de sa vie bien remplie.

Il s'approcha avec ses hommes, et, avant même de vérifier si la personne étendue au sol était en vie, donna ses ordres, stricts et sans ambiguité.

Pointant du doigt deux de ses hommes :


Vous deux, allez me chercher le médicastre de la rue des bouchers.

Désignant ensuite les deux autres gardes :

Et vous, allez me chercher celui de la rue du Lavoir.

Faites vite.


Ce n'est qu'ensuite qu'il vint voir la personne étendue au sol. Elle respirait.

Bonjour Dame, Je me nomme Jean, au service du Maine depuis des années. Cette personne a fait une vilaine chute. Il ne faut pas la bouger. Nous risquerions d'aggraver son état. Espérons que mes hommes trouvent un des médicastres rapidement.

Dans l'entremise, le maréchal ôta sa cape et en couvrit le corps de la victime.

Il ne faudrait pas qu'elle prenne froid…

Avez-vous vu ce qu'il s'est passé ? Pouvez-vous me dire ce que vous avez vu ? Quel est votre nom ? Vous connaissez cette personne ?


Beaucoup de questions auxquelles la jeune dame allait devoir répondre sans tarder et avec franchise, si elle ne voulait pas attirer les soupçons du vieux garde de la ville...
Ballard, incarné par Rheanne
Le Mans - Ruelle des bouchers.

Le vieux médicastre plisse et se fatigue les yeux sur ses parchemins. L’âge avançant, sa vue lui fait de plus en plus défaut. Et ce n’est pas le seul désagrément de sa vieillesse grandissante. Même son caractère semble être affecté. A ses débuts d’office, il a été très tôt réputé pour ne pas faire dans la dentelle. Un malade mourant ? Eh bien, il lui annonçait tout bonnement la chose. Et alors que les familles ou les proches s’en offusquait, lui répondait tout simplement que le mensonge n’avait jamais guéri personne.

Mais ces dernières années, il était devenu de plus en plus aigri. Le dernier assistant en date avait pris la poudre d’escampette 3 mois auparavant et ce n’était pas le premier à abandonner le médecin grabataire. Même la pauvre vieille femme qui venait s’occuper sporadiquement de sa masure, il ne la souffre plus. Mais elle est coriace la bougresse.

Mais plus d’assistant, donc obligé de se faire lecture lui-même. Non pas qu’il entretienne une conséquente correspondance mais le vieux médicastre délaissé de toute clientèle a jeté son dévolu sur l’étude des plantes. Il est en pleine révision d’un de ces derniers essais sur le romarin et ses effets revitalisants. Espère-t-il ainsi donner une seconde jeunesse à ce corps et cet esprit qui s’endolorissent chaque jour passant ?

Soudain, coups de bourrin frappés à sa porte. Une voix forte et masculine se fait entendre côté rue.


Sur ordre de la maréchaussée, ouvrez !!

Loin d’être paniqué, le vieil homme se lève nonchalamment et se dirige vers la porte.

Encore un garde qui a bu plus que de raison et qui git dans un des fossés de la capitale.

Car ces dernières années, il n’y a plus guère que les soldats de passage qui viennent encore à sa porte et toujours pour leur faire passer migraines alcooliques et autres nausées de biture. Alors, il ne se presse pas l’ancien. Il ouvre la porte et salue froidement les deux gardes lui faisant face.

C’est pour lequel ?

Les maréchaux de se regarder d’un air incrédule.

Vous êtes le médicastre ? On a besoin de vous sur le rempart sud.

Si c’est pour une gueule de bois, pas besoin que je me déplace. J’ai l’habitude ! Je vais vous donner ce qu’il faut et vous le ferez ingurgiter de gré ou de force à votre saoulard.

Non mais le vieux, vous comprenez pas, là. Ya vraiment besoin. C’est une dame. Elle a fait une chute apparemment et on nous envoie vous cherchez.


Un regain d’énergie semble arriver d’un coup dans les veines du vieil aigri. Enfin, un patient qui semble plus intéressant que sa clientèle alcoolisée habituelle. Ni une ni deux (enfin, pas si rapide non plus, il a quand même l’âge de ses artères), il prend une pelisse et sa sacoche qui ne sort plus beaucoup mais contient tous ses échantillons d’herbes et de plantes.

Je vous suis.


Quelques minutes plus tard, les trois hommes arrivent au point de chute. Le médicastre s’approche de ce qui semble être sa future patiente. A moins qu’il n’y en a deux. Une première étalée de tout son long et la seconde penchée sur le corps. Chute suivi d’un évanouissement de témoin ? Pour sûr que là ça devient intéressant et puis il avait tout ce qu’il faut pour réanimer le vieux. Et là il ne pense présentement pas qu’aux herbes et huiles…

Il s’adresse donc à l’homme debout à côté des deux femmes, lui saurait le renseigner.


Qu’est-ce qui se passe ? Vous m’avez appelé pour laquelle ?

Il n’a pas de doute sur la réponse de celui qui semble être chef maréchal car au vu de la position apparemment délicate et désordonnée de la chose allongée, celle-ci ne requiert plus ses services. Il s’occupera donc de l’autre…

Mais Rheanne dès la remarque du vieux médicastre s’était retournée. Le regard affolé, elle semble perdre pied, jetant des coups d’œil tantôt au Chef Maréchal, tantôt au corps gisant.


C’est Lynette... Elle est tombée de là haut. Nous discutions tranquillement quand… quand elle a trébuché. Je… J’ai pas pu la… retenir. Faites quelque chose. Je vous en prie.

Le ton de la jeune femme intrigue le vieil homme. Certaines se seraient mises à pleurer, à se jeter dans les bras du premier venu en criant au drame. Mais celle là non. Et c’est bien dommage. Elle est affolée certes mais il y a autre chose dans le regard comme… comme une angoisse.

Mais lui n’est qu’homme de soins et non un fin limier.

Il s’approche et s’agenouille auprès de ladite Lynette. Face contre terre, elle n’esquisse aucun mouvement. Point positif, la malheureuse n’a pas été bougée. Il vérifie le pouls et bien qu’étonné se rend à l’évidence qu’elle vit encore. Du moins, le cœur bat encore… Mais pour combien de temps. Au vu de la chute… Il ne lui en donne pas pour très longtemps. Il ne prend même pas la peine de soulever le mantel pour ausculter les plaies ou fractures.

Il se relève et se dirige directement vers le Chef Maréchal


Bon, alors c’est pas folichon. Je ne lui donne pas grand espoir de s’en sortir. Tout au plus quelques jours, à peine une semaine. Je peux pas l’examiner comme ça et vérifier ce qui n’a pas encore été brisé par la chute.
Il faudrait la déplacer mais je doute que le transport ne lui soit fatal. Où peut-on l’emmener ?
--Marechaux_du_mans
Le chef des maréchaux ne se départit pas de son flegme. Il en avait vu d'autres.

L'hôpital me paraît être le meilleur endroit pour ce genre de cas.

Il se tourne vers ses hommes :

Vous deux, allez y donc, à l'hôpital. Revenez avec deux infirmiers et un brancard. Faites savoir qu'une dame va leur être menée, qu'elle a fait une très mauvaise chute et est mourante. Allez prestement !

Plusieurs minutes passèrent ...

...

...

Et le brancard arriva enfin.

Toute l'équipe donna un coup de main aussi délicat que possible pour déplacer la blessée sur le brancard. Cela prit quelques instants qui parurent bien longs.

L'hôpital de la ville n'était pas bien loin, mais le trajet dura une éternité.

Il n'y avait plus qu'à espérer que, contre toute attente, la victime de cette chute s'en remettrait.

Jean, le chef maréchal, qui avait accompagné jusque là, s'adressa alors à Rheanne.


Dame, je suis désolé pour votre compagne. J'espère sincèrement que le médicastre se trompe. Il y en a d'autres en ville, qui passent souvent par ici. Demandez-leur un avis complémentaire. Sait-on jamais. Bon courage à vous. Nous devons reprendre notre travail sans tarder. Le bonsoir à vous, si je puis dire.

C'est ainsi que Rheanne et Ballard se retrouvèrent seuls devant une Lynette bien mal en point...
--Ballard
Le chef des maréchaux prend le commandement des opérations. Voilà ce qui différencie un vieil homme de science d’un autre vieux, expert en défense. L’un propose et l’autre exécute.

L’hôpital. L’idée semble bonne, il pourra ainsi se débarrasser du fardeau qui n’a pas beaucoup d’avenir et retourner à ses petits essais dans sa masure. Parce que si l’exercice n’est pas commun, lui plus habitué à traiter les lendemains de cuite, cela ne lui plaît plus guère. Il sait pertinemment que la malheureuse ne survivrait qu’une nuit, voire deux si Aristote (ou le Sans Nom) se mêle de cette histoire.
S’il n’y avait que lui, il aurait tôt fait d’abréger cette vie qui ne tient plus qu’à un filin. Mais le chef des maréchaux ne semblent pas de cet avis. Mais la demoiselle saura peut-être plus amène d’entendre raison, enfin d’entendre SA raison et de mener le pantin vers d’autres cieux.

Pendant que deux des maréchaux partent en direction de l’hôpital, le vieux médicastre scrute le visage et les formes de la brune. Elle semble au bord d’un précipice et le trépas de son amie saurait l’y pousser pour de bon. Et lui d’en profiter pour redécouvrir des joies de jeune homme… Il lui faut juste accélérer un peu les choses… Et il a tout ce qu’il faut pour cela…


Quelques dizaines de minutes plus tard, les hommes armés reviennent accompagnés de deux autres et d’un brancard qui est aussitôt posé à terre parallèlement au corps désarticulé. Il donne les instructions pour déplacer le corps tout en espérant que l’un des bourrins ne comprendraient pas ses recommandations et fasse le geste malheureux…


Retournez-la doucement… Vous là, tenez la tête et suivez le mouvement… Oui comme ça… Et oh !! Attention !!

Mais malheureusement, tous suivent les conseils du médicastre et voilà la Erwelyn contemplant le ciel (si elle avait pu être consciente…) allongée sur son lit mobile. Il vérifie l’état de l’accidentée. Pouls encore palpable, respiration régulière mais purement mécanique.

C’est bon. Vous pouvez y aller.

Et l'étrange équipée de se mettre en route. Etrange procession : brancard suivi de quelques proches. Curieuse sensation prémonitoire ? Le médicastre trouve que cela répète à merveille une mise en terre. Alors pourquoi se donner ce mal ?! L’issue est connue d’avance.

Mouvement brusque d’un des infirmiers et une jambe, la gauche apparemment, se met à pendre curieusement sur le côté. Le membre aurait dû se plier au niveau du genou et se balader parallèlement au brancard. Mais là, le mouvement est plutôt circulaire et anarchique. Une jambe cassée, une !

Arrivée devant la bâtisse de l’Hôpital. Le chef maréchal prend congé en s’adressant à Rheanne. Parfait, il sera donc seul à s’occuper de la jeune femme (comprenez de la bien portante, lui les mortes, ça n’a jamais été son truc). Il fait mine de ne pas entendre le conseil de Jean sur la pluralité des avis médicaux. Il sait qu’il ne se trompe pas, c’est juste une question de temps, c’est tout. Et lui il va l’y aider le destin.

Le voilà seul avec Rheanne, les infirmiers et le pantin. Il prend la jeune femme par le bras et l’entraîne à l’écart.


Dame, vous pouvez me faire confiance, j’en ai vu des chutes et celle-là ne doit pas vous laisser espérer grand-chose. Elle ne s’en sortira pas. C’est bien triste à dire mais c’est ainsi. La seule chose que vous pouvez faire pour elle, c’est lui épargner bien des souffrances…

Prenant un ton de confidence alors même que les infirmiers ne peuvent l’entendre, il murmure perfidement tel le serpent sifflant à l’oreille d’Eve.

Je connais des herbes qui la feront partir sans souffrance et si rapidement que personne ne se doutera de notre concours. Si vous tenez à elle, offrez lui ce départ sans tarder.
Rheanne
Pendant le chargement et le transport de la comateuse, Rheanne suit les mouvements et les événements telle une marionnette. Elle assiste impassible au convoi de la Lynette jusqu’au parvis de l’hôpital. Alors que son corps suit une mécanique de logique, son esprit est en ébullition. Les circonstances du malheur se répètent inlassablement. Qu’a-t-elle fait ? Est-elle responsable de l’état de sa Cheffe ? Mais Lynette est d’une nature assez maladroite pour avoir réussi à vaciller toute seule. Et si quelqu’un avait vu quelque chose ? Et si elle devait un jour en payer de sa réputation ?

Le Chef Maréchal la sort de ses turpitudes. Elle regarde sa bouche s’ouvrir et se fermer semblant s’articuler dans une suite logique pour former quelques mots mais son esprit n’entend rien. Il est trop préoccupé des hésitations, incertitudes et autres inconstances. Se débarrasser du vieux Jean, il semblait quelque peu suspicieux tout à l’heure. Elle hoche de la tête à mesure. Puis il prend congé. Ouf, un danger potentiel de moins.

Mais où sont-ils ? Revenir au présent, reprendre le fil de la conversation pour reprendre le contrôle de la situation. Sa tranquillité sera à ce prix. Léger lancinement au niveau des tempes. Et le médicastre de l’entraîner à l’écart en la prenant par le bras. Etrangement, elle se laisse faire et essaie de se concentrer sur lui et ses paroles perfides comme siffle le serpent.

Curieux discours que celui-ci. Soulager les souffrances de Lynette ? L’idée au premier abord est tentante… enfin non, l’idée au premier abord est très aristotélicienne. Et pourtant, pourtant cela règlerait bon nombre de ses problèmes. Lynette vers la Lumière, c’est donc une Lynette qui ne pourra accuser personne… Mais la souffrance… Mais oui elle doit affreusement souffrir la pauvre avec une telle chute… Ce ne serait que lui rendre service… Et à la Rheanne aussi par la même occasion.

Son esprit semble s’éclaircir tout à coup. La solution est là devant elle et un médicastre sur le retour la lui offrait. Et il propose même de se charger de tout. Voilà que les choses tournent à son avantage.


Elle souffre tant que ça ? C’est sûr après une telle chute… Et si elle se réveille, enfin si tant est que cela soit possible bien sûr, aura-t-elle des séquelles ?

Elle a voulu aller plus loin mais ne pas trop se confier, elle ne veut pas avoir à se débarrasser d’un homme de soin qui serait devenu trop suspicieux à son goût.
Elle jette un coup d’œil en arrière, elle cherche des yeux le corps inerte et le trouve. Corps reposant sur une civière, une jambe pendant sur le côté et les deux infirmiers semblant attendre des instructions. Elle baisse d‘un ton pour n‘être entendu que du vil médicastre.


Je crains que vous n’ayez raison. Et puis après tout, vous devez en savoir plus que moi sur ces choses là. Mais je ne pense pas que l‘endroit soit approprié…

L’hopital, s’il est un endroit où la tranquillité n’est pas de mise, c’est bien celui-ci. Entre les allées et venues incessantes des infirmières, médicastres et autres préposés de la santé, ils n’auraient pas le loisir d’épargner définitivement les terribles souffrances endurées par la comateuse. Donc non, pas besoin de s’encombrer d’autres témoins.

Donc pas d’hôpital. Et puis aussi se débarrasser des infirmiers et s’assurer du soutien sans faille du médicastre. Elle scrute le vieil homme pour savoir jusqu’à quel point elle peut se fier à l’homme. Et à ce moment là, elle remarque ses yeux de fouine parcourant les courbes de sa chemise. Ainsi donc, elle pourra aisément user de ses charmes pour s’assurer de la discrétion du vieux…
Léger sourire tout en finesse. Trouver un endroit plus à même d‘abriter leur machiavélique plan.

Dans une auberge ? Hum, pas sûr que le tenancier accepte une demie morte dans son établissement. Histoire de superstition.

A la chancellerie ? Elle y passait beaucoup de temps. Bonne idée. Mais non. Bah non. Le Henry !! Mais oui, le vieil intendant ne portant déjà pas Rheanne dans son cœur ne la laisserait plus approcher de Lynette après l’avoir intégré à la chancellerie.

Il lui faut un endroit calme, sûr et où elle n‘éveillerait pas les soupçons. Un endroit où les passages des uns et des autres est légion et où elle a ses propres quartiers… Bingo !


Je sais où nous allons mettre notre patiente en attendant de connaître le meilleur remède pour elle.

Sourire entendu au médicastre puis elle revient vers les infirmiers.

Messires, je ne peux souffrir de laisser mon amie seule dans une chambre d’hôpital où je ne pourrais pas la veiller et prendre soin d’elle. Vous comprenez, j’étais avec elle lors de son accident et je me sens responsable d’elle. En plus, elle n’a pas de famille ici…

Comédie ou sincérité ? A mesure qu’elle prend mesure de la gravité de sa cheffe, son esprit vacille, sa raison essaie de se rappeler à elle mais la folie du pouvoir résiste encore.

Suivez-moi, nous allons l’emmener à mes quartiers, dans ma tente au campement de la Licorne.

Rheanne prend la tête du cortège et les infirmiers de lui emboiter le pas sans protester (en même temps, ils ont rien à dire eux, ils sont pas médicastres…) et le vieux médicastre fermant la marche. La Lynette ainsi encerclée débarque au campement de la Licorne. Elle qui voulait y pénétrer de son vivant… euh pardon du temps où elle était encore consciente… Rheanne lui fait un beau cadeau.

Quelques mots échangés avec un des deux balourds de l’entrée du campement. Il reconnaît Rheanne et laisse entrer le convoi. Depuis les rondes et son emménagement au campement, elle a ses habitudes et peut faire à sa guise.
Arrivée à la tente. Elle indique une paillasse aux infirmiers. Le déchargement du paquet se déroule comme le chargement, avec le plus de précaution possible. Rheanne se dirige vers sa malle, l‘ouvre et après quelques instants de fouille, en ressort une petite bourse.


Voilà pour votre obligeance. Et merci pour votre aide. Vous pouvez disposés.

La brune prend en main une couverture de laine qui trainait dans un coin et l’étala sur la Lynette endormie. Précaution inutile quand on sait les desseins de la vice chambellan à l’encontre de sa Cheffe presque plus cheffe. Mais peut-être que la raison a chassé la folie…

Et maintenant ? Ne devrions-nous pas faire un inventaire de ses blessures ?
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Pour le Maine et pour sa blonde chez les nonnes
--Ballard
[Campement de la Licorne - Tente de Rheanne]

Le voilà enfin seul avec la minette. Enfin seul pas vraiment ! Mais est-ce qu’une quasi morte compte ? Si cela ne tenait qu’à lui, il l’aurait expédié l’inconsciente de vie à trépas dans la minute mais la brune semble hésitante. Remords ? Culpabilité ? Voilà qui pourrait arranger ses petites affaires au médicastre s’il s’avère que la Rheanne n’est pas aussi blanche et innocente qu’elle essaie de faire croire.

Se pourrait-il qu’elle y soit pour quelque chose dans le malheureux incident ? Il regarde la jeune femme s’affairer, bordant l’inconsciente. Se peut-il qu’une jeune femme au visage si doux puisse être en réalité une vile manipulatrice quelque peu impatiente ?

Le médicastre commence à se frotter les mains. Voilà que la jeune femme lui plaît de plus en plus et les rhumatismes qui sont son lot quotidien à chaque déplacement semble s’effacer aux multiples pensées peu chastes qui éclairent l’esprit du vieux vicieux.

Et si ses soupçons se confirment, il saura la convaincre de soulager le pantin et tourner la situation à son avantage pour avoir un moyen de pression sur la jeune femme. Il s’imagine déjà renvoyant la vieille Rosalie pour mettre une toute fraîche brune à la place. Et celle-là, elle ne fera pas qu’agiter le plumeau sur les étagères…


Et maintenant ? Ne devrions-nous pas faire un inventaire de ses blessures ?

Et défection, la bougresse semble vouloir lui faire perdre du temps. Un examen médical ?? Pfff mais quelle ânerie !!! Elle est ptêt fraîche et appétissante mais elle est loin d’être très éveillée, la poulette. Elle a pas encore compris que jamais elle ne se réveillerait sa blessée ? Que la seule solution pour elle est un coquetelle de sa composition !!

Il soupire et regarde Rheanne. Que ne faut-il pas faire pour retrouver quelques instants de vigueur…


C’est inutile. Nous ne pouvons plus grand-chose pour elle. Tout au plus, elle tiendra cette nuit et se sera éteinte au petit matin. Franchement, épargnez vous une veillée pré mortuaire.

Peut-être que vous avez raison mais je ne peux pas faire cela. Pas encore…

Elle semble hésitante mais le vieux perd patience et monte soudainement d’un ton.

Mais bon sang, vous ne faites que repousser l’inévitable. Je vous dis qu’elle ne passera pas la nuit.

Le médicastre commence à être agacé de ne pouvoir passer aux choses plus sérieuses. Non intéressantes pour sa virilité renaissante. Mais la jeune femme le regarde d’un air suppliant, de ce regard dont les femmes, manipulatrices ou non, savent user avec talent.

Je vous en prie, je serai plus tranquille si je pouvais savoir exactement ses blessures. Cela m’aiderait certainement à prendre ma décision. Peut-être…

Vous voulez pas prendre des notes non plus ?

Nouveau soupir du vieux. Elle veut un examen ? Eh bien elle va l’avoir. Sans attaquer de suite, il sait déjà qu’une des jambes est cassée pour l’avoir vu se balader curieusement lors du transport. Mais c’était laquelle au fait ?

Il s’approche de la chose et retire la couverture. Vu son état, elle ne saurait se plaindre d’avoir froid, alors autant se mettre à l’aise pour le passage en revue.
Donc les jambes. Rien qu’à regarder la position des jambes, il voit aisément laquelle ne se trouve pas à sa place.


Jambe gauche cassée.

La braie correspondante est maculée du sang, c’est donc une fracture ouverte. Avec un peu de chance, une grosse veine serait tranchée et la perte de sang emporterait la malheureuse un peu plus rapidement que prévu. Ses mains déchirent le tissu sanguinolente qui laisse apparaître une large ouverture béante et un os tentant de se faire la malle.

Fracture ouverte. Faudra réduire et recoudre.

Le ton est froid et méthodique. Pas question pour lui de mettre ses menaces à exécution. Il ne compte pas perdre son temps à rafistoler ce qui ne mérite que quelques planches de bois.

Bon apparemment, seule la gauche a pris. Les bras maintenant. Pas de tâche ni de position suspecte.


Membres supérieurs, rien à signaler.

L’abdomen, alors là, certainement le plus délicat. Autant la jambe, même un gamin aurait bien vu que ça clochait, autant pour l’abdomen, rien de plus difficile que de conclure à des déchirures si le malade ne peut pas vous orienter avec ses douleurs. Reste plus qu’à y aller à tâtons…

Il remonte la fine chemise de la blessée jusque sous la poitrine, lui laissant le ventre en champ de vision. A première vue, rien de bien folichon. Plusieurs contusions, plus ou moins étendues. Les marches avaient laissé quelques petits souvenirs… Mais est-ce vraiment superficiel ? Il tâte de ses mains rugueuse le ventre plus violet que chair. Si une cote est cassée, il y a une chance qu’il puisse le sentir. Bon il n’y pourrait rien mais la jeune elle veut savoir, eh bah elle va savoir !

Plusieurs tâtonnements plus tard, le médicastre s‘avoue vaincu.


Bon apparemment pas de côtes fracturées. Mais cela n’exclue pas un épanchement d’humeur à l’intérieur. On ne peut pas encore savoir.

Il lui reste quoi maintenant ? La tête, bah oui, bien sûr la tête !! Alors au vu de la chute et de l‘état de la Lynette, il est évident pour le soigneur qu‘elle s‘est pris un choc au niveau de la caboche. Si encore il a de la chance, une belle fracture du crâne, et là il pourra signer l‘acte de décès…

Examen de la tête… Le vieux lâche un juron. Une vraie jungle de cheveux bruns !! Emmêlés et collés par endroit de sang. Pour sûr quelque chose se trame sous cette épaisse tignasse dépeignée. Mais en l‘état, il ne peut rien ausculter…


Mais je vois rien là. Arrangez moi ça pendant que je m’occupe de mes instruments.

Il se relève et se tourne vers Rheanne les mains ensanglantées après avoir fourragé dans la chevelure du pantin. Il regarde la brune lui donnant la charge de faciliter la suite de l’examen.
Anorion2
Anorion avait décidé de rendre visite à son amie et quasi soeur, Rheanne.
Il s'était rendu à cheval jusqu'au campement de l'Ordre Royal de la Licorne. Anorion ne savait trop si son autorisation d'entrer sur le site était dû à son titre de Prévôt du Maine ou à celui d'Homme d'Armes de l'Ordre.
Peu importe, il était entré.
Il fut rapidement devant la tente de Rheanne. De Rheanne seule ? Bonne question ? Mais de Rheanne, certainement.

Impossible de frapper à la porte ... puisqu'il s'agit d'une tente.
Anorion est obligé de faire savoir qu'il est là par d'autres moyens


Rheanne ? Tu es là ? C'est Ano ! Je peux entrer ?

Un moment d'hésitation ... puis une voix s'élève de l'intérieur ...

Anorion ? Oui, entre donc !

Et le frérot de coeur d'entrer dans la danse ... oups ... dans la tente ... Pour y découvrir Rheanne, bien évidemment, mais également un étranger, qu'il ne connaît pas, sans quoi il ne serait pas un étranger, ainsi que, à son plus grand étonnement, le corps de son amie Erwelyn.

Ano se précipite au chevet de son amie et s'inquiète de son état de santé


Lynette ?

Se tournant vers Rheanne, et ignorant le vieillard :

Que s'est-il passé ? Elle est vivante, mais dans un état pitoyable. Rheanne ?

S'adressant enfin à l'homme d'un âge avancé :

Je suis Anorion, Prévôt du Maine et ami de ces deux dames. Et vous ? Qui êtes-vous, je vous prie ?
Erwelyn
Elle flotte…
L’impression d’être emportée par une brise, d’être une feuille morte bringuebalée par un vent d’automne, au milieu d’un Royaume dont elle reconnaît parfois les chemins et quelquefois les gens qu’elle croise dans son rêve. Non pas éthylique pour une fois, mais qui s’apparente plus à une petite mort. Une fois, cette sensation l’avait envahie. Une fois… Des images floues ou plus précises dansent dans son esprit. La vie… sa vie lui revient comme un coup de fouet.
Sous les pupilles de Lynette, tout une vie se déroule. L’esprit est ailleurs. Le corps, lui, ne ressemble plus qu’à une poupée de chiffon. Les os brisés en certains endroits, les hématomes se formant ici et là, une vilaine entaille sur le crâne. La vieille brûlure à l’intérieur de sa main droite est recouverte d’égratignures. Plus rien ne bouge, mais un torrent se déverse à l’intérieur de sa tête.

L’inconscience…

A peine son corps touche le sol, à peine a-t-elle dégringolé les marches des remparts, que son esprit perd toute véritable conscience. Les cris de Rheanne se font de plus en plus lointains, et bientôt elle ne distingue plus rien de ce qui se déroule autour d’elle.

Elle flotte…

Et enfin, revient à elle. Grimaçante, elle se relève, secouant la poussière et la boue accrochées à ses braies et à sa cape. Auscultation des gambettes, rien à signaler. Manches de chemise intactes. Levé de bras et tâtonnement du crâne, aucune bosse à l’horizon. Hé hé, une pro de la chute qu’elle était deviendue au bout de toutes ces années. Toute fière de s’en être sortie indemne, la mainoise se retourne vers la brune, de garde tout comme elle ce soir là sur les remparts. Cette même brune qui l’accompagne depuis plusieurs mois maintenant dans ses missions diplomatiques, et qu’elle espère voir prendre sa place un jour. Et toute fière encore, elle s’apprête à prendre la parole, pour lui prouver qu’une Lynette, ça retombe toujours sur ses pattes.
Sauf que la première syllabe meurt sur ses lèvres.

La première chose qu’elle aperçoit est une Rheanne penchée au-dessus d’une forme qui ressemble à un être humain, mais dans une position bizarre. Toujours silencieuse, elle s’approche du corps et de la brune. Avait-elle embarqué quelqu’un dans sa chute ? Elle n’en avait pas souvenir. Un pas de plus et la voilà tout près. Assez près pour remarquer que les cheveux du pantin désarticulé sur le sol ressemblent drôlement aux siens. Et que ses frusques aussi, d’ailleurs.
Et avant qu’elle n’ait pu dire un seul mot, avant qu’elle n’ait vomi son dégoût et sa peur de se voir allongée là, comme morte, elle le voit, lui. Gras, une carotte fichée dans sa patte droite – tiens, ça mange des carottes un cochon ? – , et un gilet lui enserrant la taille. Fianchtre… une pure hallucination. Pourtant, elle n’avait pas souvenir d’avoir avalé de ces champignons dont les ponettes sont friandes…
Le cochon violet la regarde d'un air buté. Il allait falloir qu'elle grimpe sur l'abreuvoir. Mais avant toute chose, elle veut savoir.


Dis c’est moi par terre ?

Quelle idée, comme si le cochon allait lui répondre.
Mais d’une voix de cochon, c’est bien ce qu’il fait, faisant remuer son petit groin violet et rose au rythme de ses paroles.


Ouep, c’toi ! M’est avis que tu vas pas te relever de si tôt.

Un cochon qui parle. Est-il réel ou plutôt le résultat d’un de ses rêves bucolique ? Il n’empêche qu’il semble avoir raison, le bougre. La cape, tâchée par endroit, les braies qu’elle se trimballe depuis de nombreuses années, et les cheveux, cette grande tignasse étalée par terre… oui, à n’en pas douter, c’est bien elle qui se trouve là, sur le sol.

La vache, je m’ai pas loupée sur ce coup là…

Phrase à peine murmurée et les prunelles qui se tournent à nouveau vers le regard porcin.

Je… j’vais mourir ?

Un haussement d’épaule lui répond. Après avoir croqué dans sa carotte, Porcinet reprend la parole.

Ptêt ben qu’oui, ptêt ben qu’non. Ça dépend si t’es bien accrochée ou pas. T’as envie de vivre ?

Ouah, sacrée question ! D’un air sceptique, elle continue à le fixer.

Me dit pas que t’es ma conscience ou un truc du genre ! Ou qu’on m’a filé un ange gardien déguisé en cochon violet ? Tsss, c’est toujours sur moi que ça tombe ce genre de truc ! On aurait pas pu me filer… chais pas moi… un vigneron ! Ouais, un vigneron, ça aurait été pas mal, au moins il m’aurait servi du bon vin.

Rhaaa tais-toi la donzelle, tu parles déjà trop ! Aller, approche-toi et grimpe.


Bras croisés, Lynette fixe pendent quelques instants l’animal, toujours perché sur son abreuvoir. Il n’a toujours pas répondu à sa question. Mourir, vivre, après tout, quelle importance… Finalement, elle n’avait pas si mal vécu la Lynette. Pas mal de voyage, des amants cachés connus quasiment que d’elle-même ou de ceux qui avaient réussi à déceler quelque chose, des amis, des proches, dispersés un peu partout dans le Royaume. Elle s’était même retrouvée maire des mois auparavant, chose complètement inattendue. Sans compter le beau parcours qu’elle avait fait au sein de la Chancellerie depuis son arrivée. Bon, y avait peut-être certaines choses qu’elle n’avait jamais connues, à cause de la peur au ventre qui l’empêchait de se lancer. Mais dans l’ensemble… mouais, ptêt qu’elle pouvait casser sa pipe, tirer sa révérence, dire au revoir à ce monde à qui elle ne pouvait sûrement plus rien apporter. Suffisait juste de se laisser partir, ne pas se battre, et tout serait terminé en un instant…
Si elle montait sur cet abreuvoir, le petit cochon allait sûrement lui montrer toute sa vie. Paraît qu’on voit sa vie défiler quand on est sur le point de crever, mais elle n’aurait jamais imaginé que celle-ci serait montrée par un cochon violet mangeant une carotte… De toute façon, l’expérience ne pouvait pas être si mauvaise, sa vie, elle la connaissait, et pensait se rappeler de chacun de ses souvenirs. Et après, enfin, elle pourrait s’en aller et laisser ce corps qui commençait à se fatiguer rejoindre le soleil. Ben ouais, le soleil, elle n’allait quand même pas atterrir sur la lune non plus, avec tout ce qu’elle avait fait ! Finalement, ses jambes semblent répondre à son esprit et elle se met en marche, jetant un dernier coup d’œil au couple Rheanne/Lynette au sol. Sacrée brune que celle-là, elle allait lui manquer.

Enfin, Erwelyn se retrouve devant l’abreuvoir et s’apprête à y grimper. Mais avant, elle se penche et regarde son reflet dans l’eau. Une dernière fois. Voir son visage une dernière fois. Mais ce qu’elle y voit la laisse perplexe.
Son visage est bien là, les cernes des trop longues nuits blanches aussi. Par contre, elle a une couronne fichée sur la tête. Un air interrogateur se tourne vers l’animal violet.


Cornegidouille, c’est la couronne du parrain ? Dire que c’était moi qui l’avais depuis tout ce temps, j’pensais que c’était Rani.

Encore une fois, ses prunelles se penchent vers son reflet, un air soucieux sur le visage.

Est-ce que ça veut dire qu’il est mort ?

Mais une nouvelle fois, cochonou lui donne une réponse évasive.

Ptêt ben qu’oui, ptêt ben qu’non… Tu crois qu’il est encore vivant ?

Aucune idée à vrai dire… Des mois qu’elle n’avait pas eu de nouvelles du vieux. Elle savait qu’il s’était rendu en Bretagne au début de l’hiver, sa soif de vengeance toujours pas éteinte. Tout ça l’aurait finalement poursuivi toute sa vie… Mais était-il encore vivant… C’est une question qu’elle avait cessé intentionnellement de se poser, tellement la réponse lui faisait peur. Secouant la tête, son doigt vient frôler l’eau, effaçant son reflet d’un geste. S’il était mort, elle irait enfin le rejoindre, c’était au moins une bonne chose. Et s’il ne l’était pas, et bien elle l’attendrait sur le soleil le temps qu’il faudrait.
Devant elle s’avance une patte violette – tiens, ça a des ongles orange un cochon ? – qui l’invite à monter. Sa main recouverte d’une fine cicatrice à l’intérieur de la paume s’y pose, et elle se laisse enfin embarquer. Le baquet en bois s’ébranle, Lynette s’accroche au rebord, fixant à nouveau son regard sur la brune et la non-chuis-pas-blonde-chuis-chatain-foncé-j’vous-dis. Tout doucement, la vision s’éloigne, l’abreuvoir s’élevant dans les airs. Voilà, un dernier au revoir au Mans, à la brune, aux remparts qui furent sa deuxième maison durant ces derniers mois. L’abreuvoir file sur la droite, passant non loin du clocher. Un dernier au revoir à la cathédrale, un dernier au revoir à la grand place, celle où elle avait lancé les signatures de la liste Ivrogne, pot d’encre rose en main. Un dernier au revoir à tous ces souvenirs qui restent derrière elle. Bientôt, c’est la forêt qu’ils survolent. Cette forêt qu’elle a parcouru mainte et mainte fois. Et enfin, elle s’émerveille, il n’est plus temps d’avoir des regrets.


Ouah, un abreuvoir qui vole ! Tu peux faire pareil avec des tonneaux ? Non, parce que ce serait vachement plus pratique pour aller voir les poneys plutôt qu’à dos de canasson.

Porcinet la regarde d’un drôle d’air mais ne répond pas. Tant pis, le silence n’a jamais empêché Lynette de prendre la parole.

Tu sais ce qu’il manque ? Des popeuh… et flambés, ça serait encore mieux…

Devant le silence qui s’en suit, Erwelyn continue tout de même son babillement. Le baquet rempli d’eau file à une vitesse incroyable, les champs, les villes, les lacs et les rivières défilent sous leurs yeux. Et enfin se dessine une province qu’elle a commencé à bien connaître pour l’avoir parcourue ces derniers mois. La province des ponettes.

La vache ! Regarde Porcinet ! C’est Orka et Maoooo !

Sourire en coin de l’intéressé. Bien sur qu’il sait, il savait même déjà avant même qu’elle ait pu s’en douter. Un retour en arrière, à commencer par la fin…
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Rheanne
Tandis que le médicastre procède à l’examen complet d’Erwelyn, Rheanne reste légèrement en retrait. Le bougre a déjà l’air contrarié, pas question de l’irriter encore plus à rester dans ses pattes.

Bilan plutôt positif quand on connaît le nombre de marches dévalées. Mais légère ombre au tableau. Peu de blessures signifiait un rétablissement possible de la Cheffe plus en état d’être Cheffe. Et là, ce n’est pas forcément pour arranger les affaires de la nouvelle. Grain de folie soufflant dans son esprit, elle ne sait pas, ne se rappelle pas. Est-elle réellement capable de pousser quelqu’un pour le pouvoir… ?
Il est vrai que ces derniers temps, elle semble avoir changé. Elle prend plus d’assurance, certaines ambitions s’aiguisent… Mauvaise fréquentation diraient certains.

Rheanne laisse le médicastre opérer ne pouvant résolument pas approcher de la blessée. Elle est soulagée que le vieil homme soit là. Et puisqu’il s’occupe de Lynette, il ne pose pas son regard vicelard sur elle.
Et celui-ci de se mettre à grogner. Elle reporte donc son attention sur lui. Il se retourne vers elle et la regarde l’air contrarié en lui montrant ses mains rouges.

Arranger ça ? Mais elle n’est pas infirmière. Certes, la vue du sang n’a pas sur elle l’effet nauséeux qu’un canasson a. Mais faut pas trop lui en demander quand même. Ballard la regarde de façon insistante. Elle manque d’ouvrir la bouche pour protester mais son regard dévie vers le corps allongé et une bouffée de culpabilité l’assaille.

Elle s’approche doucement du corps inerte et de la masse de cheveux. Elle n’est qu’à l’autre bout de la tente qui n’est pas si grande que ça. Une tente personnelle de future cuillère ça n’est pas aussi vaste qu’une salle de bal mais il lui semble que la traversée en est tout aussi longue. Cela étant dû à un pas lent et revêche.

Rheanne se trouve devant la forêt de cheveux dont une grande masse est collée par du sang séché. Il semble évident qu’une autre blessure se trouve à cet endroit là et elle comprend aisément qu’un examen en l’état peut s’avérer impossible. Rheanne avait souvent maugréé devant la tignasse de la Lynette, la dépeignée qu’elle l’appelait… Cette pensée la fait sourire. Elle va enfin pouvoir s’attaquer à la tignasse et se trouve par là même avec un très bon alibi.

Elle se dirige vers son coffre et en ressort une petite dague en en vérifiant l’aiguisage. Celui-ci est parfait pour couper quelques crins. En même temps, elle n’en possède qu’un. Elle n’allait quand même pas utiliser son épée pour rafraîchir la coupe d’Erwelyn. Elle revient dague en main et approche de la tête. Et si jamais la blessée venait à se réveiller pendant la coupe et qu’elle la surprenne dague à la main. Pour sûr qu’elle prendrait peur et penserait de suite à une tentative d’assassinat. Et une deuxième pour être plus précise. Enfin peut-être…

Rheanne doit s’assurer que l’inconsciente ne feint pas. Elle doit vérifier qu’un véritable sommeil profond s’est emparé d’elle. Elle jette un œil au médicastre plongé dans sa sacoche. Pas question de lui demander son avis, elle doit vérifier par elle-même. Il se pourrait bien que le vieux essaye encore de la convaincre d’en terminer et de l’envoyer ad patres. Elle regarde tour à tour la femme allongée et le couteau. Si elle lui pique les orteils, sûr que la supercherie ne durerait pas si c’était le cas. Mais de nouvelles blessures fraîches apparaitraient et cela n’arrangerait pas le cas de la Chambellan. Mauvaise idée. Il lui faut autre chose qui ne laisserait pas de trace. Mais elle doit faire vite avant que Ballard ne s’inquiète de ce qu’elle fait.

Les yeux noirs qu’un léger voile commence à obscurcir parcourent la tente, les quelques meubles puis le sol. Quelques brindilles y sont éparses. Jeter du foin, cela pourrait créer la surprise mais elle sait que la Lynette ne se laissera pas aussi facilement berner. Les prunelles noires semblent sourire (si si c’est possible), elles viennent de tomber sur une brindille plus épaisse, presque un petit bâton. Elle se penche et la saisit de la main gauche. Elle a trouvé l’arme qu’il lui faut et commence à murmurer tout en tapotant à l’aide du bâton de ci de là le corps de la blessée.


Lynette… Lynette… Tu m’entends ?

Plus les réactions du corps allongé sont nulles, plus les tâtonnements deviennent pressants et la voix criarde, répétant inlassablement les mêmes mots.

Lueur de folie, elle est persuadée que tout cela n’est qu’une vaste comédie pour la faire tomber. Mais pourquoi Lynette lui fait-elle cela ? Profite-t-elle de la situation pour donner une leçon à Rheanne ? Celle n’y tenant plus et la voix dans sa tête lui murmurant d’étranges questions… Tu vois pas qu’elle te fait marcher ? Tu comprends pas qu’elle veut te faire porter le chapeau pour gagner du repos ? Et toi tu tombes dans le panneau. Comme d’habitude... Mais qui m’a foutu une humaine pareille !!!

Réaction quasi immédiate, le bâton lui tombe des mains et Rheanne attrape vivement la Lynette par le colbac et se met à la secouer comme un prunier.


Mais tu vas te réveiller bon sang !!! Réveilles toi !!!

Apparemment dérangé dans ses recherches d’instrument, à moins que la voix criarde de la brune ne lui ait trop chatouillé les tympans, le médicastre arrive rapidement (enfin comme un vieux peut le faire…), se poste derrière Rheanne et la retient dans un énième élan.

A ce moment là, une voix se fait entendre de l’extérieur. Anorion. Douche glacée pour la brune qui se ressaisit et regarde Erwelyn en vrac sur le lit, ne comprenant pas ce qui vient de se passer et pourquoi le vieux pervers l’enserre par derrière. A-t-il tenté de la violenter ? Elle n’en sait rien, elle sent juste que son cœur bat fort, trop fort pour qu’il ne se soit rien passé.

Mais Anorion est là et une nouvelle fois, il vient la sauver. Comme la première fois où ils s’étaient rencontrés et comme d’autres fois suivantes. A croire qu’il était son ange gardien. Coup de coude bien placé et Rheanne se dégage de l’étreinte du vieux moisi.

Elle reprend contenance, la folie ne laissant plus aucune trace ni lueur dans ses yeux.


Anorion ? Oui, entre donc !

Anorion entre et se précipite dérechef vers la couche de fortune. Rheanne n’a pas bougé de place et se trouve toujours tout près de la blessée, bras le long du corps. Afin de trouver occupation, ses yeux cherchent quelque objet et tombent sur la dague. C’est ce qu’elle s’apprêtait à faire avant son trou noir, couper les cheveux de l’inconsciente…

Et d’un air d’une banalité déconcertante pour la situation, Rheanne se met à l’ouvrage et joue à la coiffeuse. Les poignées de cheveux agrémentés de sang séché sont retirés de la tête de la malheureuse.


Tu connais notre Lynette ? une vraie maladroite !!! Eh bien sa dernière bourde en date, c’était dans les escaliers pendant notre ronde sur les remparts. Et t’as vu dans quel état elle s’est mise !!! Non mais je te jure… C’est pas possible de voir ça…

Rheanne continuait de maugréer et de râler contre la maladresse légendaire de l’inconsciente. Et aussi de couper les cheveux. La tignasse est impressionnante, elle enlève des touffes et il lui semble qu’il y en a toujours autant. Mais comment faisait-elle pour venir à bout de cette jungle ? Enfin, euh, comment fait-elle… Elle est pas morte… Bah non. Oh et puis si maintenant, on peut dire « faisait » puisqu’elle n’a désormais plus un cheveu sur le caillou.

Rheanne admire son œuvre mais l’œil est attiré par la vilaine coupure qui serpente sur la tempe gauche. La brune fait une grimace, ce n’est pas très joli à voir et le sang s’écoule en quantité. Elle prend un linge et l’applique sur la plaie en attendant que Ballard vienne prendre le relais. Ce qu’il ne tarde pas à faire.

Entrainant Anorion avec elle, Rheanne s’écarte pour lui laisser le champ libre.


C’est le médicastre de la rue des Bouchers. Ballard qu’il s’appelle. C’est le Chef des maréchaux qui me l’a conseillé.

Adoptant un ton modéré pour ne pas risquer d’être entendu par le vieil homme.

Tu le connais vraiment pas ? Tu crois qu’on peut lui faire confiance ? Il est un peu bizarre. Il a un regard inquiétant parfois.

Elle observe l’homme de médecine recoudre la plaie de la tête puis s’attaquer à la fracture de la jambe. Apparemment, il se débrouille très bien sans elle. Elle n’aurait pas à jouer les assistantes… Et cela la réjouit.
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