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[RP] L'ennuyante leçon

Asdrubaelvect
C'était une belle matinée, le soleil était radieux pour cette journée d'un printemps renaissant après un hiver rigoureux. Et pourtant une jeune fille était enfermée dans une pièce richement décorée d'un château fraîchement reconstruit. Encerclée, elle l'était de quatre murs et d'un père exigeant et passionné par le sujet qu'il développait : les principes d'Aristote et la religion à laquelle il avait légué son nom. Pour compléter le tableau, nous pourrions noter la présence d'un livre des vertus épais comme un tronc de chêne et de quelques autres ouvrages du grand philosophe hellène. La voix du bourguignon emplissait la pièce :

... la Logique comme je te l'ai déjà dit est le fondement de tout raisonnement, de toute explication. Elle devrait l'être de toute loi et de toute action mais les hommes dans leur imperfection sont bien incapables d'agir avec Logique au quotidien. Le syllogisme est l'arme de la Logique et le sophisme son ennemi. Les sophistes sont les hommes les plus dangereux car ils usent de leurs mots pour faire croire à un raisonnement qui peut paraître logique à quiconque n'est point initié. A ce titre, nombre d'hérétiques usent de sophisme car autrement comment les hommes pourraient se laisser berner par leurs mensonges ?
Ma fille, tu te dois de combattre autant les sophistes que les hérétiques. Je t'ai déjà parlé de ces êtres là, saches qu'ils sont des malades mentaux et que nous devons à tout prix les délivrer de leurs maux. Notre rôle en tant que nobles est également de soutenir la Sainte Eglise et de l'aider à propager la Vraie Foi. Si l'hérétique refuse d'écouter les principes d'Aristote et de Christos ou alors si son corps est bien trop souillé de crimes et d'hérésies, alors il doit être purifié par le feu et seulement à cette condition son âme aura une chance d'être sauvée. Bien que nous l'aidions ainsi, nous aidons par extension tous les Hommes que ces malades auraient pu contaminer par leur discours fallacieux et leurs insultes à la Logique du Prophète.

Prends bien garde aux sophismes et aux sophistes car ceux-ci sous couvert d'un raisonnement qui peut nous paraître juste nous trompent et peuvent nous faire croire à toute sorte d'inepties ou autres mensonges. Ils se cachent partout, partout sur la place publique tu pourras entendre des sophistes. La seule manière pour toi de les reconnaître est de lire ce livre.
Dit-il en montrant les Réfutations Sophistiques. D'ailleurs tu le liras pour la prochaine semaine et je te donnerai un nouveau cours à ce sujet...

Et oui chers lecteurs, car cette jeune fille devrait boire le calice jusqu'à la lie. Mais cette lie était forcément issue des meilleurs vins bourguignons et à ce titre -soyons chauvins- malgré sa faible production en quantité, le vin de Sombernon était excellent ; à deux pas des cépages si connus de Beaune et de Nuits-Saint-Georges, ce vin tirait son épingle du jeu par l'attention que donnait les moines de l'abbaye de la Buissière sur Ouche toute proche.
Pourtant, c'était aujourd'hui à Avallon que le père et la fille se trouvaient car le maître des lieux avaient encore des travaux à commander sur les murs d'enceinte laissés en déshérence par le précédent seigneur des liens, l'infâme Jacknight, mais fort heureusement le Duc avait redonné vie à la belle ville à la Tour.
Alors oui, Esyllt devrait boire le calice jusqu'à la lie. A moins que...

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Esyllt_catarina
Les rayons du soleil caressaient sa joue avec douceur, peut-être un peu trop d'ailleurs. Esyllt, réveillée aux aurores par une nourrice entreprenante, résistait mal à l'appel du large. Les quelques tartines beurrées à la confiture n'y avaient rien fait. Les choses étaient encore pire d'ailleurs, car la digestion au soleil ne provoquait que somnolence et résistance. Car oui, elle résistait !
Alors qu'elle écoutait son père dans un discours solennel, lui qui était tantôt debout, marchant pour fluidifier ses idées, puis assis, comme pour poser une idée forte, n'était pas le plus à plaindre. Bien que l'on put considérer qu'il parlait un peu seul. En effet, Esyllt luttait. Si la rhétorique était pour elle intéressante, tout comme la musique, la jeune fille souffrait de la religion. Au déjeuner, au déjeuner et au souper, heureusement son père n'assistait pas aux gouters, qu'elle ne partageaient qu'avec son frère et sa nourrice, en tout temps, chaque occasion, il n'y avait que religion ou souverainisme de la Bourgogne. Il avait des idées, et les défendait, ce qui le différenciait de bon nombres de candidats aux ducales, mais à neuf ans, un matin où le soleil brillait, les préoccupations étaient ailleurs.
Miguaël devait être encore dans son lit, ou alors s'il était matinale, peut-être avait-il réussi à soudoyer Guigone pour un tour de poney. La rouquine pestait, quand elle ne s'endormait. Et justement, là..

Les mots de son père s'enchainaient, mais Esyllt ne suivait pas le fil.

Logique ... Hérétique ... brûler
Il était logique de brûler les hérétiques ? Vous conviendrez qu'elle n'était pas si loin du but. Mais alors que ses yeux papillonnaient, que son corps ne semblait plus vouloir la tenir, que son bras n'avait le droit de soutenir sa tête, coude sur la table, là, la tête penchant en avant -elle pique du nez-, elle sursauta comme pour se redresser. Le regard plein, elle croisa celui de son père.
Il était trop tard ...

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Asdrubaelvect
Bien trop imprégné et conquis par son propre discours le Duc ne voyait pas que son élève s'endormait à feu doux -et pourtant il ne la cuisinait pas !- c'est pourquoi il continuait son interminable discours alliant la religion avec la philosophie.

Interlude digressive. Ce qu'il y avait de bien dans ce monde, c'est qu'on pouvait allier la propension de la religion à être soûlante avec la géniale et embrasante philosophie d'Aristote. La plus belle d'entre toutes, ses beaux yeux font fondre même les pires racailles fans de -encore une émission repère de pécores- "Amour Gloire et Beauté" et des "Feux de l'Amour" -voilà, je les ai placés- dont même les taupes sont admiratives. Ô joies, ô bonheur que d'être confronté aux délicieuses lignes d'un hellène qui par sa condamnation de la chrématistique aurait conchié la tentaculaire Goldman Sachs, ô oui qu'il aurait renvoyé dans les cordes les ventripotents profiteurs. Aristote saves the Greece - In Aristote we trust - Aristote t'es fort, plus fort que le roquefort.
Maudite interlude, tu ne nous auras même pas permis de sortir du contexte de vénération Aristotélicienne.

C'est donc avec entrain et force transcendance que le pieux père exposait les principes de bases de la logique et leurs répercutions sur la vie politique, sociale et quotidienne.
Toujours marchant d'un côté à l'autre de la pièce, il emplissait celles-ci de ses paroles ô combien passionnantes -pour lui du moins.


... chacune de tes prises de parole doit être construite sur les bases de la Logique que je viens de t'expliquer. Bien que tous les gueux n'entendront rien aux erreurs que tu pourrais débiter, les hommes éclairés dévalueront l'estime qu'ils ont de toi. Et même, qu'y a t-il de plus noble que d'appliquer chaque jour les principes de base du syllo... ESYLLT !!!

Il était impossible de savoir si le saut des livres posés sur la table était dû à la sèche vocifération ou bien au coup de poing que le Duc assena sur la table pour accompagner celle-ci. Du moins, il était certain que le sommeil d'Esyllt fut de courte durée.
L'inquisiteur enchaîna presque immédiatement, le niveau de sa voix s'étant abaissée :


La Logique ne t'intéresses donc pas ? Et les principes d'Aristote non plus ? Souhaites-tu finir comme ces nobles vautrés dans leur ignorance et dans la luxure, ignorant tout des enseignements titanesques que nous a transmis le Prophète ?

Brièvement, il prit un livre sur la table comme pour le lire et aussi rapidement il le reposa, compulsivement. Son regard noir signifiait bien mieux qu'un long discours syllogisé qu'il était temps que la jeune fille s'explique...
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Esyllt_catarina
La jeune fille aurait encore pu papillonner un moment. Il faut dire que c'était de saison. Mais son état ne fut que de courte durée lorsque dans la pièce raisonna un puissant et vibrant "ESYLLT".

Son sang n'avait fait qu'un tour, sa tête relevée dans la précipitation lui avait semblé tout à coup légère, ses esprits étaient clairs, et le poney rose qui l'accompagnait dans son rêve n'avait prit la peine de lui dire au revoir.
Un instant hébétée, son regard se posa sur son père et à son attitude, toujours aussi énergique mais pour une chose bien moins plaisante que la devise, et ses paroles, autoritaires, froides, elle comprit qu'elle s'était mise dans de beaux draps.

Que dire ? Que faire ?

Une seconde, la petite princesse rousse avait songé accuser Guigone ou la cuisinière d'avoir versé une potion dans son lait du matin. Mais nul ne l'aurait cru.
Affronter le courroux de son père semblait être la dernière option qui lui était offerte.
De ses lèvres fermées, la gorge asséchée durant son état second, une voix frêle et mal assurée se fit entendre.


Mais .. Non .. Esyllt n'était que peu sûr d'elle, et au bout de deux mots, elle comprit de suite qu'elle empruntait le chemin qui la conduirait au gibet. Assise à son pupitre, la rouquine se ressaisit, tenta de reprendre un certain aplomb, une attitude nécessaire pour se défendre avec vigueur.
Utiliser les cours antérieures peut-être ? Et se lancer dans un exercice de rhétorique pour se sortir de là ? Vaine affaire, ce n'était sans doute pas la première fois qu'elle rejoignait Morphée pour se distraire.
La franchise alors. Au moins aurait-elle l'honneur qu'il manquait à ces nobles sus-cités.


Non !
Non, je n'ai pas envie de finir comme tous ceux là.

Mais comprenez que par ce temps, une jeune fille comme je le suis a plus de plaisir à étudier la flore, explorer les domaines sur une monture, monture qu'elle aimerait pouvoir chevaucher seule après quelques leçons toujours manquantes.
Quel serait mon plaisir si je savais faire tout cela pour me consacrer d'ici quelques années au maniement des armes, pour devenir à mon tour chevalier, comme ma mère.

Ce flot de paroles débitées à vive allure lui sembla alors encore bien pire. Esyllt en était venue à évoquer sa mère sur un ton de reproche qu'elle regrettait déjà. Son souvenir, chez elle comme chez Asdrubaelvect, était toujours aussi vivant et douloureux. Son visage, ses traits souriants, sa main douce caressant ses joues roses avant le coucher. C'étaient tout autant de choses qui lui manquaient.
Une larme glissa sur son visage, cependant cette dernière n'eut le temps de se répandre car déjà d'un geste décidé Esyllt l'avait essuyé d'un revers de main.
Quitte à tout dire, elle reprit alors.


Et je dois aussi vous avouer que depuis cette visite à Avallon mon esprit est troublé.
Là, toujours assise, sans armure et sans arme, la petite attendait son châtiment. De tout cela, rien n'avait été prémédité. Nul farce, nul manigance orchestrée pour obtenir les faveurs d'un père. L'expression d'un cœur, aussi et surtout d'une insouciance de neuf ans.
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Asdrubaelvect
Elle s'expliquait, qu'y avait-il de mieux que d'essayer de mettre en pratique les leçons pour savoir si elle les avait retenues ? Peut-être malgré le sommeil les mots et les idées entraient-ils dans l'entendement de la jeune fille ? Peut-être même était-elle naturellement douée pour la rhétorique et l'explication.

A peine savais-tu marcher que je t'avais assise sur un poney. Je ne crois pas que tu t'en souviennes mais ainsi était-ce.

Quelle drôle de défense se disait le Duc, elle commençait par des reproches puis poursuivait en exposant son rêve d'armes et d'armées pour finir en parlant de ses histoires de cœur. La Logique n'était pas encore parfaite -doux euphémisme- et les mots pas du tout assurés, mais au moins elle osait parler c'était un bon point.
Asdru répondit à sa rouquine de fille d'une voix mi-paternaliste mi-énervée, car il l'était toujours un peu.


Comment peux-tu aimer après une rencontre ? Tu ne sais rien de ce garçon et le simple fait qu'il t'est offert deux ou trois cadeaux sape donc toutes tes méfiances ? Puisque tu veux prendre l'exemple de ta mère, prends le dans tous ses détails. Elle a beaucoup souffert de ses mariages. Crois-tu donc qu'amour soit synonyme de cadeaux et de visage angélique ?
Dieu sait que je ne pourrais guère te faire entendre par les mots ce que l'amour provoque comme maux et comme chagrins, tu es aussi têtue que ta mère.


Il se tourna quelques instants, bien que l'habitude de ne plus voir son épouse prenait le pas, chaque évocation de celle-ci n'était pas sans lui faire revenir des souvenirs mélancoliques. Après quelques pas en direction de la fenêtre le Duc se tourna vers sa fille.

Esyllt, je ne te dis pas que tu ne dois point aimer car l'amour est comme l'amitié, ce sont les seules voies qui mènent au bonheur vers lequel nous devons tous tendre comme nous l'expliquait Aristote dans Ethique à Nicomaque. Mais je t'enjoins à la plus grande prudence et retenue. Saches que les sophismes sont d'autant plus efficaces si la personne qui les reçoit est captivée.

Il tourna et vira sur quelques pas dans la pièce puis s'assied en face d'Esyllt.

J'entends bien que tu veuilles faire autre chose que les leçons que je t'enseigne et même si je te guidais sur les activités qui te plaisent, tu trouverais le moyen d'exiger de nouvelles choses. En un mot, tu ne voudras jamais faire ce que je te demande.
Mais saches que si je t'impose la rhétorique, l'éthique, la logique et l'enseignement religieux ; c'est pour la simple et bonne raison que ce seront tes armes pour réussir ta vie, trouver le vrai bonheur et plaire au Très-Haut.
Je t'ai recueillie et considérée comme ma propre fille alors que tu n'avais guère que quelques mois. Qui serais-je si je ne cherchais point ton bonheur ?


Il regardait à présent sa fille dans les yeux, c'était au moins une partie de tout ce qu'il voulait lui dire.
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Esyllt_catarina
Cet ajout lui serait fatal. Parlait de l'héritier Trunois à son père, après avoir évoqué sa mère et autant de souvenirs bons mais douloureux, ne pouvait qu'être une idée de mauvaise facture. Mais soit, puisque le sujet était lancé, Esyllt écouta avec attention, préservant ses joues de larmes qui pourraient poindre à leurs tours. Puisque les deux s'étaient lancés dans la confidence, pourquoi arrêter. Le regard de son père plongé dans le sien, avait-il déjà lu en elle ce que la jeune fille souhaitait lui dire ?

Je ne l'ai pas vu une seule fois...
Il y a eu Avallon, puis une première lettre à la suite des révélations de l'AAP sur le futur Concordat Royal, les manigance d'Ylfan pour salir le sang que je porte. S'en est suivi une rencontre inopinée à l'Epine lors de l'enterrement de Beaugençy et enfin, encore le hasard qui nous a réuni à Saint Andrée.
A chaque fois ce fut une sensation étrange, des rougeurs survenues avec malice pour teinter mes joues. Il y avait aussi bien gène que plaisir.
Je ne me refuserais pas exprimer ce que mon cœur semble me dicter.


"Pas comme vous avec Auxerre !"
Cette phrase était restée dans sa gorge, coincée. Le manque de salive qui avait asséché ses cordes vocales, l'obligeant à s'arrêter.
Pourtant, lorsque tout revint à son état normal, la jeune fille éluda cette réplique de son récit. Crever l'abcès sans doute, nuire aux sentiments partagés cela était sûr. La cadette de la Louveterie ne le souhaitait en rien. Aussi, reprit-elle sur un autre sujet, peu sûre d'elle dans une discipline qu'elle découvrait tous les jours.


Comment ignorer la place que vous occupez dans ma vie ? Vous êtes le père que je n'ai pas eu, j'en suis bien consciente.
Mon bonheur vous y pourvoyez chaque jour que le Très Haut nous donne. Me faire grandir avec Miguaël, m'offrir pour résidence Avallon ou tout simplement la Bourgogne, apprendre de ceux qui l'ont construit sont autant de choses que nul autre n'aurait pu m'offrir. Vous dépensez, si ce n'est en écu, votre énergie ou vos compétences, sans compter pour notre bien. Bien peu ont cette chance et je devrais en redemander, m'estimer heureuse. Mais...


Car oui il y avait un mais. Comment l'exprimer.. Le laisser deviner peut être.
Il leur offrait tout ce dont ils pouvaient rêver, cependant il y avait un manque qui se faisait sentir. La discipline martiale, la morale religieuse l'oppressaient lorsqu'elle souhaitait se confier. Et aujourd'hui, elle espérait un brin de changement.

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Asdrubaelvect
Que ceux qui pensent qu'Esyllt en fait trop dans la catégorie de la fille reconnaissante envers son père appuient sur le 1... 111111111111111 Merci !

Ainsi donc, elle avait revu le jeune homme sans en avertir son père... Quelle honte ! pourquoi se cacher ainsi alors que ledit père était si tendre, si affectueux et si ... froid !
Pendant qu'Esyllt racontait ses péripéties avec le jeune Amaël, la moue du Duc se faisait de plus en plus renfrognée. Comment avait-elle pu cacher tout cela ? Quelle sale petite !! (vous pouvez même imaginer Homer qui étrangle Bart pour avoir une idée assez précise de l'océan dans lequel naviguait le gentil Duc)

Asdru se releva alors de son siège et s'approcha de sa fille. Elle était bien plus lourde qu'avant, lorsqu'elle n'était encore qu'une fillette, mais les forces du bourguignon ne s'étant pas totalement évanouies avec l'âge, il la souleva de sa chaise et la prit dans ses bras avec tendresse. Quel retournement de situation mais n'en était-il pas coutumier à force de fréquenter des femmes au caractère si trempé ? Nul besoin de dresser une liste pour savoir de qui il est question.


Dis-moi donc ce qui te manque, ce qui te chagrine. Je n'ai point la prétention d'être parfait car seul le Très-Haut l'est.

A ce stade, deux remarques s'imposaient. D'une part Esyllt n'avait pas usé de la bombe atomique, de l'arme absolue "Pas comme vous avec Auxerre !", Dieu sait que le Duc aurait été mal à l'aise d'entendre cela, et ce quelque soit les mots utilisés. La seconde est que la méthode utilisée par Asdru est expérimentale, nul n'est protégé des effets secondaires et aucun dédommagement des victimes collatérales ne pourra être exigé.
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Esyllt_catarina
La leçon, devenue séance de confession -il ne manque au papa que les cheveux crêpés blonds pour remplacer Mireille, Ô Mireille- prit encore de drôles d'allures lorsque la petite, transportée de sa chaise à des genoux ducaux paternels, se retrouva dans une position imprévisible.

Les cuisses avaient de ce confort indescriptible qui manque à son banc d'étude, un peu de gras... Enfin de muscles, on va pas le brusquer, pas trop de vérités à la fois. La tête contre son torse, blottie, à l'abri de toute menace extérieure grâce à ses bras protecteurs qui l'entouraient chaleureusement, au moins en apparence, car à l'intérieur il fulminait sans doute encore.
Esyllt écouta son père lui demandait ce qui n'allait pas. Le dire ou pas ? Minauder ou parler si vite qu'il ne comprendrait rien, mais elle, serait au moins soulagée, débarrassée d'un poids.


Et bien .. Euh .. C'est à dire queuhh .. Je ne voulais pas vous le dire .. Enfin, pas comme cela, pas là, pas tout de suite, mais ... Euh ..

Enfin, comme Denevy le dit un peu partout, vous avez sans doute tâté plus souvent le fer d'une épée que le jupon d'une femme.
Non pas que vous ayez les mains rugueuses, non, elles savent guérir bien des maux, mais il est certain que depuis le départ de notre mère, chacun de nous est triste, mais vous plus encore, vous semblez vous priver du bonheur.
Vous ne renierez pas cependant que votre goût pour la chasse ne m'aide ni en musique ni en couture ou que votre voix n'est peut être pas la plus appropriée pour chanter à Miguaël une comptine pour s'endormir.


Ca y est, elle l'avait dit. enfin en substance ; Il devait se marier ! Esyllt avait évité Auxerre, c'était toujours cela de gagné. Même si l'entrée en matière n'était pas forcément fine, car se dédouaner sur Dennevy, ce rat, n'allait pas l'adoucir, au contraire.
Il fallait étoffer son propos, lui donner de la consistance, la jeune fille essaya d'ajouter une fiche couche encore.


Aristote ne nous a-t-il pas dit que l'Amour était la clef du bonheur ?

Avec cette touche de religion, la rouquine était sûre de faire mouche. Pour autant, elle espérait que son père ne reparte pas dans un long discours soporifique.
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Asdrubaelvect
Bien qu'il fut totalement apaisé au moment où il avait enserré Esyllt dans ses bras, il lui sembla que sa fille fit tout pour rompre cette belle harmonie à coup de blessantes et crues vérités
Pendant qu'elle parlait, il manqua deux ou trois fois de s'étouffer. Que voulait-il ce scélérat ? Fallait-il que le Duc enterre sa mélancolie toujours vivace ? Qui aurait-il bien pu épouser ?
C'était à peu près les interrogations qui se mêlaient à son irritation et qui lui provoquaient sur l'instant une céphalée naissante. Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !*
Il ne voulait guère montrer son agacement c'est pourquoi il lâcha doucement sa fille et se retint de la congédier. Ses années d'expérience en relations humaines lui avaient appris à cacher ses émotions. Pourtant, sa voix trahissait ce que son corps ne montrait point.


Ah ! ce gueux ne tient point encore sa langue ? Lui qui a plus souvent mangé la poussière qu'effleuré la gloire !
Il en aurait dit bien davantage si sa jeune fille n'avait point été là : comment lui apprendre les valeurs aristotéliciennes s'il ne les respectait pas lui-même ?

J'ai effectivement beaucoup souffert suite à la disparition de ta mère... Je ne me suis jamais senti ni la force ni l'envie de la remplacer mais pourtant... le devrais-je ? Suis-je capable d'aimer à nouveau une autre personne que Miguaël, Ellesya et toi ? Existe t-il une femme en capacité de remplacer feue ta mère auprès de vous sur cette terre ?

La dernière phrase qu'avait prononcé Esyllt attira son attention. D'une part celle-ci avait semble t-il acquis une leçon sur la morale aristotélicienne et avait su la rendre dans son contexte en usant d'une rhétorique certes simple mais efficace. Ce fut la raison de son sourire au moment de passer la main -la parole en fait- à la jeune fille.



*Thanks to Corneille
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Esyllt_catarina
Cette leçon n'avait décidément rien d'habituelle ou de normale. Tout était surprenant, une succession d'état, de sentiments, l'on passait du coq à l'âne, on se perdait en paroles, ou plutôt on se retrouvait enfin. En effet, ni le père, ni la fille, n'avait discuté aussi librement, n'avait partagé peut être tant de franchise depuis un moment.

A présent qu'on avait quitté la pente glissante nommée Amaël, voilà qu'on en était arrivé à parler d'un mariage du paternel. Hier encore, elle n'en aurait jamais eu l'idée, mais l'audace était venue aujourd'hui. Comme la fatigue plutôt.


Je ne sais qui pourrait vous rendre le sourire, non !
Du courage, du courage, du courage ... Ce n'est pas son ami, la Grande Sophie qui allait la contredire. Elle trouvait souvent les mots justes, aucune raison qu'en cette occasion elle se trompe. Esyllt déclara alors.

Je n'ai pas de nom, c'est vrai. Mais avouez que ce serait assez drôle de savoir que le Duc et la Duchesse d'Amboise soient tous les deux en quête de moitié.

Nebisa de Malemort, un bon parti, mais trop royaliste et trop chieuse.
Armoria de Mortain, elle était Bourguignonne, certes, mais encore plus royaliste.
La Princesse de Montmorrençy, elle était toute jeune neuve, mais en tant que fille de Fauville de Cheroy, elle devait encore être royaliste.
Rhoo, mais qui alors ? Aucun parti ne semblait assez bon pour son paternel, elle n'allait pas le brader à une petite baronne angevine non plus, autant le garder pour elle que de faire cela.

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Asdrubaelvect
La manœuvre organisée par sa fille pour dévier de ses propres sentiments à ceux de son du père semblait bien rodée... Avait-il par mégarde déjà été dupé par sa fille ? Non, cela ne se pouvait car du haut de sa Logique toute-puissante, le Duc ne pouvait avoir perdu une joute verbale et son entendement ne pouvait l'avoir égaré au point de laisser passer une telle manœuvre. Voilà, il venait de se convaincre que cela était purement et simplement impossible.
Il regardait donc Esyllt s'exprimer et en profita pour tenter de reprendre une position plus adéquate à la confrontation filiale qui s'annonçait. En effet, il n'avait jamais appris à ses enfants comment parler à leur père d'un sujet qui le troublait ou le mettait mal à l'aise ou bien même le fâchait : sûrement cela serait-ce l'occasion d'une prochaine leçon.


Une telle affiche serait en effet... hem... amusante. Mais penses-tu que je puisse ainsi brader mon amour ? Et même qu'Ellesya le puisse ? Nous serions à la merci de tous les vautours qui ne cherchent qu'une occasion pour glaner un peu plus de titres. Et que penses-tu de l'affront fait à ta mère et à notre famille ?

Contrairement aux mots qu'il prononçait et l'attitude qu'il aurait raisonnablement eue en les disant, son attitude était calme et il cherchait plutôt à ouvrir des pistes de réflexion à sa fille plutôt qu'à la réprimander pour les mots qu'elle avait tenus.
Il clôt sa prise de parole par un ingénieux :

Contrairement à ce que tu dis, je suis certain que tu as des idées derrières la tête. J'aimerai vraiment les entendre.

Fallait-il préciser qu'elle serait responsable de tous les mots qui sortiraient de sa bouche ? Non bien évidemment ! Et le sourire complice qu'il lui offrit cachait -à peu près- bien sa réaction probable à des noms un peu trop exotiques.
Non il n'essayait pas de séduire sa fille... simplement de la persuader.

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