Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP privé] Une question d'Honneur!

Siwenn
Sont autorisés à participer à ce RP ceux qui y seront invités sinon me contacter par MP. [Pour le Modo: Les trois premiers postes sont une copie d'un RP précédent mais c'est pour la logique de l'histoire et comprendre la suite des évènements, il n'y est plus en gargote. Un personnage devrait intervenir ici].


Samedi 16 Janvier 1458 : Un bon en arrière dans le passé.

En ce jour où le matin n'a point encore pointé le bout de son nez, l'aube se présente lentement amenant avec elle une douce bruine qui recouvre déjà la terre de son voile. Les hautes herbes même se caressent de la dégelée de cette froide journée. Le gazouillis ne se fait plus entendre en cette saison mais un courageux soleil s'avance et pousse au loin de lui la nuit. Ses rayons suivent la piste sur le sol et qu'est-ce que cela... Une longue chevelure sombre s'étend au milieu du champ enneigé. Chevelure appartenant à une tête bien faite, dont les paupières éteintes laissent entendre que l'enfant à perdue souffle. Ses cils noirs contrastent sur sa chair légèrement teintée de bronze mais malgré l'or de sa peau son visage semblait pâle de faiblesse. Cependant ses lèvres vierges de tout baiser, portaient encore la couleur rouge de la vie. L'éclat du soleil se faisant plus fort réchauffe maintenant la terre, donnant des reflets châtains aux boucles déployées sur des épaules toutes aussi teintées d'or mais froides, surement assassinées par le plein hiver présent. La Fille ne semble point avoir plus de 13 ou 14 ans voir moins mais la maigreur de son corps ne permettait guère d’en dire plus. Un vent doux et chaud s’élève alors doucement, jouant avec les boucles métissées de l’enfant endormie, il frôle sa silhouette tendrement et l’enveloppe dans un souffle protecteur et chatouille ses narines. Un battement soulève soudain la poitrine de la jeune fille qui se redresse subitement en toussant. Les yeux exorbités de terreur et les ongles enfoncés dans la neige, elle tente d'emplir ses poumons de l'air dont elle a un ardent besoin. Une fois calmée c'était maintenant le froid qui la fit trembler violemment, en effet ses guenilles ne permettaient guère de la protéger du froid glaciale. L'enfant tenta de se remettre sur ses pieds mais la douleur qui éclata dans son crâne la fit s'effondrer et elle se prit la tête entre les mains en inspirant doucement. Relevant les yeux, elle gémit doucement. Son regard rappelait les reflets de la lune sur un lac émeraude, et même dans l'état de faiblesse ou la jeune miraculée se trouvait, ils exprimaient un caractère déterminé. Même la voix qui s'éleva d’elle démontra par son ton qu'elle mandait réponse:

- Seigneur! Où suis-je?



Samedi 23 janvier 1458

Une fin de journée ou près d’une fenêtre se consume une bougie, le regard de l’enfant sans nom se perd dans la nuit qui, du jour, prend possession. Elle est assise à coté de cette fenêtre sur une chaise sans grande valeur, dans une maison sans grande valeur non plus. Elle l’avait acquise le jour même, avec un champ où elle comptait y faire pousser du blé, à un prix dérisoire mais c’était sa liberté qu’elle était en trin d’acquérir et elle en était fort bien consciente. Son visage et son corps avait reprit des formes. Ses yeux verdoyants illuminaient à la faible lueur de la bougie, elle semblait plus âgée, plus grande. Jeune fille à la mémoire effacée, quel avenir l’attendait ? Orpheline de passé, elle avait tout de même prit conscience que si elle souhaitait échapper aux rues et à ses dépravations il lui fallait travailler et malgré la misère dans laquelle elle s’était retrouvée devenir un maroufle ou larronner ne serait-ce que pour pouvoir se nourrir lui était insupportable mais en ce bat monde c’était ça ou devenir une fille de mauvaise vie. Quelque chose dans son sang l’y répugnait cependant, sa conscience l’avait conduite et la main divine l’avait porté. Son chemin s’avéra moins désespéré que pour beaucoup…
Se levant de sa chaise, elle prit sur la paillasse une couverture miteuse avec laquelle elle se couvrit. Après avoir acquit sa terre, il ne lui était resté que peu d’écus pour s’acheter un sac de graine. Elle n’avait donc pas de quoi faire un bon feu dans la cheminé. Malgré cela un fin sourire ne quittait pas le visage de la fille qui s’assit à nouveau sur sa chaise. Elle ouvrit sur la table de bois grossier une sorte de petit livre à feuillets vierges et commença à écrire tant bien que mal avec un fusain qu’elle avait taillé de son mieux :




Journal de bord,
Le Samedi 23 Janvier 1458


" J’ai enfin ma propre maison, il n’y a qu’une pièce mais elle est à moi ! Et ce n’est pas tout, j’ai aussi MA Terre. D’où me vient ce besoin de posséder, d’exister par l’ouvrage ? D’où me viennent ces valeurs emplies de trop d’honneur et l’envie de régner en maître sur mon domaine ? Cela je ne le sais mais ce que je sais c’est que je la cultiverai et elle me rendra du bon blé et cela est honorable. Mais avant tout voici mon Histoire, à défaut de me souvenir de qui je suis et d’où je viens j’ai décidé cependant de m’écrire pour ne plus oublier ce présent. Dans ma tête mon passé se résume à quelques jours en arrière, un matin douloureux mais un matin ou la mort m’a refusé et ou Dieu me porta son aide par deux villageois qui sont aujourd’hui mes amis.

Les souvenirs même de ce matin là sont un peu brouillés, je me souviens d’une voix d'homme m'interpelant d’une manière alarmée mais dont la profondeur du ton m’avait rassuré. Puis j’ai senti une chaleur humaine s'approcher de moi. « Tophe… maire… Verdun… », Les mots s’étaient entrechoqués dans ma tête et mon esprit n’avait saisit les mots qu’avec lenteur tant la brulure dans mon crâne était vive. Ensuite des bras m’ont soulevé et j’ai levé la tête vers la bonne âme, en m'efforçant de fixer mon regard dans les yeux de l'homme et de comprendre ce qu'il me demandait. J’étais bien trop incohérente et la douleur était écrasante. Je ne me souviens plus de grand-chose. Entre rêves et délires, des images me sont restées : une jeune femme aux doigts doux s’occupant de moi avec soin et de longs jours ou mes mains devaient rester plonger dans des bassines d’eau chaude pour que je ne les perde à cause du froid qui m’avait fait souffrir. Quelques jours après je me réveillais dans un dispensaire et fit la connaissance de ma guérisseuse. Elle s’appelle Ellebasi40 mais je la nomme affectueusement Isabelle ou Bella. Elle m’apprit que j’étais arrivée couverte de blessures dont la plus importante était celle à la tête. Que j’avais été découverte par le Maire même du village ou je me trouvais : Verdun. Ce monsieur, Tophe69 revint me voir, il m’apporta son aide et il devint l’un de mes plus grands amis.
Une fois remise il n’était pas question pour moi de rester à profiter des bons soins de Bella et puis je sens en moi un souffle dévastateur et parfois une colère. Je ne sais d’où elle me vient, j’ai besoin de Liberté et parfois de solitude. Mon cœur me dit d’aller rechercher de l’aide auprès de Dieu, à l’église on me guida. J’y offris mes services pour quelques jours, on me fourni du pain et un vêtement bien que misérable mais au moins correcte pour une enfant sans nom telle que moi. Puis on me proposa un travail qui payait mieux et en moi l’ardent besoin d’avoir mon propre foyer était trop fort pour ne point l’écouter alors j’ai travaillé à la mine avec acharnement et me voilà aujourd’hui dans ma petite cabane et un bout de terre qui me procure un sentiment de paix."

_________________
Siwenn
La neige mordante blessait ses pieds mal protégés par de vieilles chausses mais elle ne s'y attardait guère. Ce qu'elle devait faire elle le ferait. La jeune fille semblait encore trop mince mais elle ne s'en préoccupait pas non plus, elle laissait sa chevelure onduler le long de ses reins, rebelle et fougueuse. Tressaillant de froid, elle mena ses pas jusqu'au lieu ou on l'avait retrouvé; un champ pratiquement recouvert d’une neige nouvelle qui lui donna de la peine à reconnaitre l'endroit quand de hautes herbes sèches attirèrent son attention. C'était bien là ! La fille fouilla l'endroit longuement, poussa même jusqu'à la forêt, l'esprit emplit de questions. Elle revint ensuite sur ses pas et désemparée elle s'assit transie sur les herbes. Tombant le front dans ses mains elle resta un moment ainsi quand quelque chose attira son regard. Une sorte de chaine sortait de la neige. Elle tira et découvrit au bout un médaillon. Simple, ovale et d’or semblait-il. Une harpe était finement ouvragée sur le devant. Elle tenta de l'ouvrir mais ne réussit point. Elle le retourna dans sa main lorsqu'elle remarqua une inscription sur le dos:

    « Siwenn – 1443 »


Un sentiment étrange gonfla son cœur. Un souffle bienfaisant comme un vent de printemps, doux comme un lit de plume et chaud comme un semblant d’amour. « Ce nom serait-il mien ? Et… Cette date ?... ». Comment pouvait-il en être autrement ? Qui d’autre qu'elle aurait pu perdre un tel objet en plein champ. Et elle avait été retrouvé icelieu dépouillée et perdue. Elle fit rapidement le compte pour calculer son âge actuel et un sourire éclaira ses douces lèvres. Maintenant elle avait un prénom et un âge, et si ce n’était pas les siens il était certain qu’il avait un lien avec elle et elle saurait déjouer les énigmes une à une. Enfin elle voyait son avenir se profiler sur l’horizon et malgré qu’il lui manquait un nom pour lui rendre son honneur, l’espoir qui gonflait son cœur la rassura. Elle passa la chaine autour de son cou et le métal glacé contre sa peau tiède la fit frissonner. Elle se leva et dit à une personne imaginaire sur un ton plein de fierté:


- Je m’appelle Siwenn, Siwenn la Sans Nom. Appelez-moi ainsi, La Sans Nom et j’ai 15 ans !

Puis en sautillant elle couru jusqu’à sa maisonnette pour inscrire dans son journal de bord tout ce qu’elle avait sur le cœur, elle ne voulait plus rien oublier. Bien des projets elle avait en tête, Siwenn voulait assurer son avenir au cas ou elle ne retrouverait ni la mémoire ni quelqu’un pouvant la guider vers son Histoire. Et malgré quelle la retrouve un jour, le temps passait et la jeune fille ne se permettrait pas d’errer comme une malpropre.
La Sans Nom aimait lire, les seules choses qui lui revenaient lorsqu’elle discutait en taverne et avec ses amis c’était un savoir qui lui semblait bien inutile comme des nom de poètes, des écrits… Et des matières comme les langues, la géographie, l’histoire et même les armes mais rien sur SON histoire. Elle ressentait une aversion pour ce savoir, une personnalité rebelle combattait en elle contre un irrésistible reflexe à l’obéissance et au calme comme si son tempérament fougueux et libre étouffait sous une éducation imposée. Ainsi parfois Siwenn se montrait insolente et impétueuse, d’autres fois un silence profond l’envahissait et elle ne savait encore comment y échapper.

Pénétrant en trombe dans la maison, elle secoua ses sabots sur le planché en bois. Juste après avoir fouiné au champ, elle était finalement passée à l’église puis sur la place du marché. Elle avait gagné assez à la mine pour acheter quelques petites choses comme un pigeon voyageur, du parchemin, de l’encre, des plumes… Et grâce au ciel, de quoi faire un bon feu. Siwenn déposa la cage du pigeon sur la table et les paquets qu’elle tenait dans l’autre bras. Elle ressorti en courant et revint les bras chargés de buches qu’elle jeta par terre près de la cheminé. Elle alla refermer la porte puis s’activant, elle entreprit de faire naître le feu mais n’ayant aucunement l’expérience de cela, elle mit beaucoup de temps. Cependant elle réussit à générer quelques flammes et le cœur battant, Siwenn tenta de les faire survivre. Quelques secondes plus tard un feu flamboyant dansait dans l’âtre et commençait à réchauffer la pièce.
Siwenn dépaqueta les objets lentement et passa ses doigts avec délicatesse sur le parchemin neuf. Puis se retournant vivement elle alla attraper une couverture qu’elle étala devant la cheminée, sur une planche de bois elle déposa l’encrier muni d’une plume et son journal, elle-même s’installa et commença enfin à écrire ses pensées :



Journal de bord,
Dimanche 24 Janvier 1458


« J’ai retrouvé un bout de ma vie… Enfin, je crois. Mais c’est décidé, qu’à partir d’aujourd’hui on m’appelle Siwenn La Sans Nom puisque c’est ce que je suis. J’ai certainement 15 ans et… Je crois, êstre d’une famille pour qui la connaissance des choses du monde et des livres est importante. En tout cas je prends plaisir à la lecture et à apprendre, malgré le fait de rester assise enfermée qui me semble aussi insupportable. Il est vrai cependant que l’hiver ne donne pas l’occasion de lire au milieu de la nature.
J’ai obtenu ma pastorale avec le Premier Archidiacre Uriel d’Anderny comme Maîstre et professeur. Peut-êstre ai-je déjà été baptisée enfant, mais ce n’était surement pas sur ce continent. Je suis allée à l’église et les archives du pays ne contiennent aucune Siwenn recensée à ce jour. Alors pour exister et honorer ma Foy j’ai décidé de prendre le baptême et c’est une bonne chose. Enfin… Je crois. Isa sera ma marraine.
J’ai aperçu à Trêve lors de ma Pastorale une affiche appelant la population à la milice, cela a attiré mon attention alors peut-êstre… J’ai lu qu’un homme gagnait sa véritable identité par la renommé et la bonté de son épée. Je me demande si une fille comme moi pourrait…
En taverne j’ai eu ma première vision, mon premier souvenir remontant à avant, avant… Nous appellerons ce matin là, le jour de mon Réveil. A avant mon Réveil donc. Je me suis vue marchant dans une forêt magnifique, si bien rengorgée d’eau qu’elle apparaissait émeraude. Je tenais un arc, je devais certainement chasser. Saurais-je tirer à l’arc ?! Je dois absolument vérifier cela au plus vite. Puis je me suis entendu appeler et c’est là qu’un loup sortit de l’ombre mais je n’ai pas ressenti de la peur, je crois qu’il était mon ami au contraire car… j’ai ressenti de la tendresse pour lui.
J’ai oublié de dire que j’ai trouvé mon prénom et ma date de naissance sur un médaillon que j’ai retrouvé dans la neige, pile à l’endroit de mon Réveil. Ce ne peut-être que le mien ! Enfin j'espère de tout mon cœur, c'est... C'est juste une question d'Honneur! »


Passant sa main dans son habit, Siwenn retira le médaillon. Elle le regarda longuement comme s'il pouvait lui révéler une chose qu'il tenait caché entre ses lèvres. Distraitement elle le tournait et retournait dans sa main, c'est alors qu'elle découvrit sur le dessous un petit trou dans lequel on devait certainement insérer une sorte de clé pour l’ouvrir. L’enfant soupira frustrée car elle se demandait comment elle allait pouvoir un jour ouvrir l’objet puisqu’elle ne possédait point la clé. Abandonnant les questions pour ce soir, elle remit le médaillon à sa place. Siwenn s'allongea et laissa son regard se perdre quelque part au loin, au delà du plafond qui faisait barrière à ses rêves d'enfant .

_________________
Siwenn
Munie d'un arc qu'elle avait fabriqué la veille, Siwenn marchait au milieu de la forêt de Verdun. Un carquois, bizarrement construit avec les moyens du bord, pendait aussi à son coté gauche grâce à une corde qui le retenait à la taille fine de la jeune fille. Dès qu'elle avait fait quelque pas les senteurs environnantes et la mélodie du lieu l'avaient envouté. C'était là un endroit où elle se sentait étrangement chez elle et qui lui procurait un sentiment de réelle liberté, comme si rien ni personne n'aurait pu lui ôter cela tant quelle se réfugiait ici. S’arrêtant enfin, elle endossa l’arc et détailla le lieu puis s’approchant d’un arbre, y fit glisser ses mains sur l’écorce, elle s’approcha d’un autres ou elle déposa ses deux mains pour tenter d’y sentir la sève qui y coulait. Siwenn s’enfonça encore entre les broussailles à la recherche de trace fraiche de gibier, se baissant de temps en temps pour enfouir ses doigts doucereux dans la terre et la porter à ses narines. Il était fort difficile de chasser en cette saison d’hiver, la neige à la fois perturbait les odeurs et trahissait ou recouvrait le passage de certains êtres mais Siwenn s’habituait de plus en plus au froid, elle ne ressentait plus la morsure et apprenait à retourner à la chaleur quand il était temps. En ce qui concernait le tire à l’arc, l’enfant c’était entrainée l’après-midi d’hier et ce matin là même. Il s’était avéré qu’elle était plutôt douée et même si son tire n’était pas suffisamment puissant pour porter aussi loin qu’un homme, il était fort précis et ne déviait en rien de sa trajectoire, du moins très rarement. Cependant aujourd’hui il lui fallait éprouver si cela était un véritable talent ou un simple jeu qu’on lui avait enseigné par le passé, un passé d’ailleurs toujours oublié.

Elle repéra alors une piste qu’elle suivit, puis se devint une traque. La jeune fille allait vite, se faufilait avec dextérité à mesure que la trace se faisait plus chaude. Puis elle s’arrêta brusquement et avec un silence étonnant attrapa la branche au dessus d’elle, se issa et observa l’animal qui broutait tranquillement une rare et très petite parcelle d’herbe. Siwenn attrapa d’une main son arc et de l’autre une flèche et banda, ses gestes étaient précis et drôlement expérimentés. S’en apercevait-elle ? Non. Elle était bien trop concentrée sur sa cible. Son regard n’exprimait rien, il demeurait impénétrable. C’est alors qu’elle tira puis, trop vite pour qu’un œil puisse se rendre compte distinctement des mouvements, une seconde flèche vint de figer dans la chair de la biche qui s’écroula. Siwenn se précipita sur la bête et sortant son Canivet l’égorgea pour qu’en lui ôtant net la vie, la biche ne souffre point. Ses mouvements étaient propres et toujours aussi expérimentés. Elle retira les flèches et observa l’animal, une chance que la bête fut encore très jeune car Siwenn pouvait mieux la transporter ainsi. Endossant la biche, elle se remit debout et décida qu’il était temps de rentrer à la maison ou elle dépècerait l’animal et ferait un bon ragout.
Un bruit la fit arrêter un instant, Siwenn tourna sur elle-même mais ne vit rien, elle reprit alors sa route en direction de son chez elle.



Journal de bord,
mardi 26 janvier 1458


« Aujourd’hui en chassant j’ai entendu quelque chose qui devait être la caresse du vent sur la nature. Cela m’a rappelé l’image du loup que j’ai eu… Si ce loup m’est amical alors il me retrouvera, c’est certain. Son instinct le conduira jusqu’à moi et il me conduira vers un véritable chez moi et surement… surement vers les miens ! Une famille… Le mot même de famille brise mon âme. Mon sang et ma chaire, des traits empruntés aux miens… Et si je découvre un jour que ma famille n’est pas de celle que je peux me montrer fière ? Et si je découvre que j’étais moi-même une personne dont je ne puis êstre fière ?
Mais il ne s’approchera jamais de la ville ! Il va me falloir passer beaucoup de temps en forêt ou en campagne, au cas il voudrait venir à moi. Ce ne sera pas un déplaisir pour moi, j’aime cet endroit et un jour je m’y construirai une maison. La chasse était vivifiante, excitante … Je n’oublierai jamais ce que j’ai ressenti, le sentiment d’être moi, pleinement moi ! »


Verdun, Lorraine:

Il faisait encore nuit noire mais il était très tôt encore. Siwenn était cependant debout prête pour le départ. Elle vérifia une dernière fois qu'il ne lui manquait rien pour les quelques jours de voyage car c'est vers la Citadelle Franche qu'elle s'en allait. A voix basse elle fit une courte prière pour que Dieu la bénisse non seulement durant la route mais aussi une fois là bas. Elle ne savait point du tout ce qui l'attendait mais elle avait observé combien il avait veillé sur elle. Siwenn était convaincue que jusqu'ici elle s'était conduite comme il l'attendait d'elle et que tant qu'elle suivrait ce chemin il serait auprès d'elle. Bien conduite, sauf peut-être à propos de ses quelques divagations en taverne mais ca, il ne lui en tenait certainement pas rigueur se disait-elle amusée. Même, cela devait le faire certainement sourire. S'il était en effet l'autorité suprême, elle ne pouvait en effet concevoir un Dieu sans humour. Pour elle, tous les êtres intéressant et plein de sagesse en faisait preuve. Lentement, elle se pencha et souffla la bougie avant de sortie et de s'éloigner de sa maisonnette. Il faisait froid, alors pour se donner du courage elle commença à chantonner quelque chant paillard qu'elle avait entendu proférer en taverne.
_________________
Tinuviel
Au cours de l’année 1456 de notre ère, sur l’île Savai’i.

Le bruit apaisant des vagues, les parfums frais et sucrés flottant dans l’atmosphère, des sourires et parfois même des pleurs, une chaleureuse pression sur le dos, des paroles réconfortantes chuchotées à l’oreille, des embrassades. Et le reste se déroule d’une lenteur ahurissante. L’ancre qui émerge pour s’enrouler sur elle-même, les voiles qui se déploient majestueusement, le navire qui part au large poussé par le vent puis… plus rien. La Solitude.

Eté de l’année 1457 sur l’île Savai’i, au port de la ville côtière Asau.

Voilà plus d’un an qu’elle n’avait plus eu aucune nouvelle de sa famille. Pas une seule lettre, ni même des rumeurs. Rien. Ayant perdu tout espoir de les revoir un jour sains et saufs, la jeune femme, isolée sur une petite île au beau milieu de l’Océan Pacifique, ne supportait plus cette attente désespérée. Orpheline de sa mère depuis bien longtemps, elle se sentit obligée d’admettre que maintenant elle avait aussi perdu son père et sa sœur cadette. Plus rien ne la retenait sur ce bout de terre entouré par les flots. Elle se devait de continuer d’avancer, à aller de l’avant pour elle-même, mais aussi pour tous ceux qu’elle chérissait et chérira à jamais. Parmi des cargaisons en tout genre, en passant par des marchandises et babioles exotiques en partance pour les Grandes Terres, la jeune femme a dû se travestir pour pouvoir être enrôlée en tant que jeune mousse, faute de moyens, afin de traverser l’immensité qui séparait son but de son île.

14 Avril 1458 sur le continent occidental, Chambéry.

Après avoir parcouru un long chemin, épuisant et jonché d’embuches, la jeune femme arriva dans un village appelé Chambéry, en Savoie. Elle s’y installa, espérant recommencer à zéro une vie paisible et simple, en solitaire. Elle y rencontra des personnes attachantes et chaleureuses qui l’ont tout de suite accueilli à bras ouverts, lui proposant leur aide si cela s’avérait nécessaire. Tout se passait de la meilleure façon qu’elle pouvait espérer. Cependant, vivre ainsi ne la convenait pas. La souffrance de l’immense perte qu’elle a subit tantôt lui torturait encore l’esprit. Pour calmer sa tyrannie, elle prit l’habitude de tenir fermement dans ses mains une clé qu’elle possédait depuis sa tendre enfance. Dessus cette clé étaient gravés son prénom et une date.

« Tinuviel – 1438 »

Deux petites gravures qui lui rappelaient sans cesse qui elle était et pour qu’elle raison s’est elle exilée dans ces terres, loin de son peuple. La pression glacée de ce métal tout contre sa peau avait le don de l’apaiser, sans s’illusionner d’une improbable guérison.

Un jour, alors qu’elle allait au marché afin de prendre quelques provisions, des rumeurs arrivèrent à ses oreilles. La jeune femme ne prit d’abord pas attention, ne se risquant pas d’être indiscrète, mais un seul mot la figea, interdite, comme si le monde se dérobait sous ses pieds.

« Siwenn »

Elle eut des vertiges par la seule pensée que l’un des deux êtres, les plus précieux à ses yeux, était encore en vie. Son cœur s’affola, ne voulant pas croire qu’une telle coïncidence pouvait exister.

Arrête de rêver, tu te fais plus de mal que de bien, se dit-elle plaquant une main sur un cœur affolé, essayant de se persuader qu’un tel espoir ne pouvait naître.

Les jours passèrent et l’existence de Tinuviel pris un rythme monotone, mollement traîné par le temps qui s’écoule. Elle se décida donc de casser ce rythme en allant faire un tour en taverne, siroter une tisane afin de se relaxer et profiter d’une ambiance feutrée et joyeuse. Au fond de la pièce, de braves gaillards riaient à gorge déployée, se racontant des histoires évènementielles lors de leurs nombreux voyages et tours en gargote.

Non mais si ! J’te jure sur mon âne qu’c’est vrai,dit l’un des deux hommes.

Bah arrête un peu d’divaguer, c’pô possible ! C’est une gamine tout’ maigrichonne. Elle n’a pô pu faire ça, se moqua son compagnon de chope.

Et si j’t’le dit ! Je l’ai vu de mes yeux vu ! Hurla presque le premier en montrant d’un doigt son œil.

Elle a donné une sacrée raclée à l’aut’ bouseux boiteux et a même failli lui arracher les yeux. Comme ça, ajouta-il en mimant le geste avec deux doigts en croché.

Tinuviel écouta discrètement cette histoire avec un petit sourire amusé, essayant de réprimer un rire.

Ha ! Il n’a pô dû êt’ très frais pour s’faire avoir par une ptit’ pousse de trois centimètres, s’esclaffa le deuxième homme.

Tsss, siffla le premier entre ses dents en croisant les bras sur son torse.

Et comment s’appelle ta terreur ? Lui demanda-il, lui taquinant les côtes par des petits coups de coudes.

Euh … Siwenn j’crois bien. Siwenn La Sans Nom qu’elle s’fait ap’lée, lui répondit-il en fronçant les sourcils.

Le sourire amusé laissa place à une expression dénuée de toute émotion. Cela faisait deux fois que ce nom cher à son cœur réapparaissait depuis qu’elle mit pieds sur ces terres. Une chaleur lui monta aux joues, son pouls s’accéléra comme pour la première fois. Elle ne pouvait plus contenir son envie d’en savoir plus, de creuser un peu plus loin ces informations qui lui redonnaient espoir. La jeune femme se leva d’un bond et rejoignit les hommes vidant à l’union leur chope respective. La voyant s’approcher, ils arrêtèrent leur geste en un même mouvement, laissé en suspend, la bouche entrouverte.

Bonjour Messieurs. J’ai entendu par hasard lors de votre conversation un nom, Siwenn. Est-ce que vous la connaissez ? Leur demanda-t-elle.

Les deux amis se lancèrent un regard durant trois secondes puis posèrent leur chope devant eux.

Non pas vraiment. Juste de rumeurs, lui répondirent-ils d’une même voix.

Vous disiez tout à l’heure que c’était une fillette. Puis-je vous demander quel âge aurait-elle environ ? Continua-t-elle.

Bah… la dizaine. J’pense quinze ans à tout casser, répondit l’un d’eux en réfléchissant, se grattant le menton.

Je vois. J’aurai encore une dernière question si vous me le permettez. Savez-vous dans quelle ville habite-t-elle ?

Hmm… Verdun. Oui c’est ça Verdun en Lorraine, répondit l’autre imitant le comportement de son voisin.

Tinuviel leur sourit chaleureusement, ravie d’avoir rencontrée ces personnes lui indiquant le lieu où elle pourrait peut être, si c’est bien elle, retrouver sa petite sœur Siwenn.

Je vous en remercie du fond du cœur ! Passez une bonne journée Messieurs, leur dit-elle en s’inclinant et se dirigea vers la sortie après leur avoir offert une autre chope à ses deux informateurs.

Tinuviel n’avait plus qu’une seule idée en tête : aller à Verdun. Plus rien ne comptait à ses yeux. Elle abandonna tout derrière elle, n’emportant avec elle que le strict nécessaire et partit à travers les chemins, accompagnée par un brave chevalier la protégeant en cas d’attaques.
Tinuviel
Mardi 24 Avril 1458, début d’un long voyage jusqu’à Verdun.

Cela ne faisait que dix jours qu’elle était arrivée à Chambéry en pleine Savoie. Et pourtant, la revoilà écumant les chemins pour rejoindre sa dernière famille. Dernière famille elle en était sûre. Elle n’avait ouïe que quelques rumeurs concernant sa sœur, mais rien au sujet de son père. La jeune femme eut un pincement au cœur à l’idée de ne plus jamais le revoir, mais la seule petite étincelle d’espoir de revoir Siwenn sa protégée, envahit tout son être et l’entraîna vers d’autres lieux. Le chemin fut long certes, mais aucun réel danger n’apparut. Elle y croisa d’autres voyageurs - comme elle l’était de nouveau - elle aperçut aussi quelques confrontations un peu plus en avant, mais rien de fâcheux ne lui arriva.

Lundi 03 Mai 1458 arrivée à Verdun, en Lorraine.

Un peu plus d’une semaine de voyage, puis enfin le premier pas sur les terres du renouveau. Après s’être présentée à la Tour de Garde - comme il se doit pour chaque nouveau venu - Tinuviel s’installa dans une maisonnette accueillante, et chaleureuse afin d’y passer au moins ses premiers moments à Verdun. Après avoir fait sienne sa nouvelle demeure, la jeune femme ne pût plus rester en place et partit à la recherche de nouvelles informations afin de retrouver sa petite sœur.

Tinuviel, déambulant de-ci de-là à travers les nombreuses rues s’entrecroisant les une avec les autres, chercha du regard la silhouette gracile de Siwenn. Ne la voyant pas, elle porta une oreille attentive mais discrète aux discussions menées dans un marché bondé de marchandises en tout genre. Rien. Cela en devenait désespérant. Epuisée pour si peu de résultat, la jeune femme s’assit dans un coin tranquille afin de reprendre son souffle et réfléchir un instant où elle pourrait bien trouver un semblant d’indices.

Au bout de quelques minutes, regardant vaguement devant elle, l’illumination lui tomba dessus sans crier garde. La Taverne ! Lieu tout indiqué pour ce genre de recherche, il n’y a pas mieux au monde. Ahurie par une telle évidence, elle resta quelques secondes bouche bée, assise juste en face d’une enseigne placardée au dessus d’une porte en bois : « Aux Angelots Buveurs ». Comme guidée par une main invisible, Tinuviel entra dans cette taverne. A l’intérieur étaient installées deux personnes discutant tranquillement, profitant d’un des rares moments de tranquillité autour d’une bonne chopine. Tinuviel s’installa non loin d’eux et commanda une tisane.

La nouvelle qui bouleversa son monde.

Ces deux personnes se montrèrent très sympathiques et accueillantes. Tinuviel les apprécia dès leurs premiers mots échangés, les trouva tous deux attachants, chacun avec leur propre personnalité. Des liens, bien que minces, se formèrent et la jeune femme sût qu’elle pouvait leur faire confiance. Quelques instants plus tard, l’une des deux personnes due partir pour affaire et laissa Tinuviel et son nouvel ami discuter en taverne. La discussion tourna de telle sorte que la jeune femme lui posa l’éternelle question :

Connaissez-vous une certaine Siwenn par hasard ?

Le jeune homme acquiesça d’un bref hochement de tête et d’un « Oui, en effet ». Ces simples mots la remplirent d’une sensation réconfortante, une vraie goulée d’oxygène. Enfin quelqu’un qui connaissait Siwenn personnellement ! Elle ne pouvait espérer mieux. Ne tenant plus le flot de questions qui venaient s'entrechoquées dans sa bouche, la jeune femme voulut avant tout savoir si sa petite sœur se portait bien. Un autre « Oui » répondant à sa question ne fit qu’augmenter le soulagement que la grande sœur protectrice ressenti. Cependant, pour une raison qu’elle ignorait elle-même, elle ne voulut point dire le lien de sang qui la liait à Siwenn. Un étrange pressentiment l’en empêchait. Ce sentiment troublant la poussa à demander à son informateur si la fillette lui avait conté, lors de leurs nombreuses discussions, des éléments concernant sa famille et tout ce qui touchait son passé.

Un violent choc se percuta contre Tinuviel. Elle eut l’impression que tout autour d’elle s’effondrait comme un château de carte, balayé par le vent. Un mot, un seul et unique mot resta gravé dans sa tête un bon moment.

« Amnésique »

La jeune femme, recouvrant peu à peu ses esprits, ne pût s’empêche de penser que c’était une blague qu’on essayait de lui faire gober. Une très mauvaise blague. Cependant, l’expression que renvoyait le jeune homme ne dénotait aucune envie de faire ce genre de plaisanterie. Interdite pendant quelques minutes, la jeune femme lui pria de ne jamais dévoiler à Siwenn qu’elle la connaissait. Il ne comprit naturellement pas pourquoi et refusa de mentir à son amie. Toujours bouleversée par la nouvelle, Tinuviel l’intima vivement de garder cela pour lui, que c’était un secret que personne - et surtout pas la concernée - devait prendre connaissance. Pour le convaincre complètement, la jeune femme lui prétexta que c’était pour le bien de son amie, qu’il en allait de sa vie. Mensonge à demi vrai. Tinuviel ne voulait pas que sa jeune sœur découvre la vérité par quelqu’un d’autre. Elle ne voulait pas que Siwenn se braque par le choc que pourrait impliquer une telle vérité. La grande sœur s’obligea elle-même de ne rien lui dévoiler et se décida qu’elle devrait restée une inconnue pour Siwenn jusqu’à ce qu’elles fassent connaissances, comme n’importe qui d’autre, et petit à petit l’aider indirectement à recouvrir sa mémoire perdue.

Promenade au clair de lune.

La nuit tombée, la jeune femme quitta la taverne pour retourner chez elle. L’atmosphère fraîche qu’offrait cette paisible obscurité apaisa son esprit, mais elle ne pût s’empêcher de retourner tous les éléments récents dans sa tête. Savoir que sa sœur était saine et sauve, mais qu’en plus elle était en bonne santé et entourée de nouveaux amis, la ravie. Mais savoir que Siwenn l’avait oublié l’attrista profondément et lui donna que plus de raisons de tout faire pour lui rendre la mémoire, sans être trop brute et directe. Tout près de sa chaumière, elle se sentait beaucoup trop agitée pour penser à aller se reposer. Elle se décida alors d’aller faire une promenade dans la nature, comme elle avait coutume de le faire sur son île.

Trottinant parmi les hauts piliers touffus, la gaité reprit le dessus sur tous les autres sentiments négatifs. La Nature avait toujours - aussi loin qu’elle s’en souvienne - cet effet apaisant et revigorant, balayant tous les doutes, toutes les souffrances de son être. Le sourire aux lèvres, elle s’engouffra toujours un peu plus chez elle, là où elle trouva enfin un peu de calme et de sérénité. C’est alors qu’elle déboucha dans une clairière. La lune, haute dans les cieux, transperça de ses rayons tout ce qu’elle touchait, leur donnant des lueurs argentées et mystiques. La jeune femme avança jusqu’au centre de la clairière, toujours admirant l’astre blanc et la nature qui l’encerclait. Elle ferma les yeux et inspira longuement afin de remplir chaque cellule de son corps par une nouvelle force, lui donnant le courage d’aller de l’avant et de franchir tous les obstacles et épreuves se mettant sur sa route.
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)