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Info:
Boarf! C'est pour qu'Ingénue lise , l'est curieuse la Blondasse!

[RP] Impasse éluzate.

Mathilde , la domestique, incarné par Johanara
Je commence le rp avec l'arrivée de Jo chez elle , mais ça n'empêche pas les habitants de la rue de poster ce qu'ils veulent , en rapport direct ou non avec le rp lancé , ni même les autres habitants de passer et réagir! Ou juste passe hihi! Bon jeu



Mathilde patientait, assise, sur les marches du perron , deux lourdes tresses blondes encadrant son joli visage rond. Ses yeux noisettes suivait la poussière que les passants soulevaient à chacun de leur pas .

L’impasse était souvent fréquentée les jours de marché mais la jeune domestique n’irait pas ce matin , panier d’osier au bras, faire des emplettes et bavasser avec les braves commerçants d‘Eauze.

Eulalie, la vielle gouvernante , était allée acheter quelques fleurs et aussi quelques légumes pour le brouet du soir.

Sa maîtresse n’allait point tarder à rentrer au bercail et la missive qu’elle avait reçu d’elle la veille ne présageait rien de bon. La Baronne semblait s’être entichée d’un nobliau qu’elle leur ramenait ainsi que le domestique du seigneur.

Il avait fallu vider deux grandes armoires en prévision de cet invité encombrant. Six malles , a-t-on pas idée!


Et , l’Sergei ,t’voudrais pas aller voir à l’entrée d’la ville s’ils arrivent? Pis v’nir m’dire à quoué il r’ssemble l’nobliau pis s’il a vraiment autant de fanfreluches qu’la baronne l’dit?

Le cocher haussa les épaules , visiblement trop occupé à vider une gourde d’Armagnac au fond de son gosier.

Elle ne l’aimait pas beaucoup. Il n’y a guère que Ambi , le jeune écuyer qu’elle trouvait sympathique.
Lui au moins n’avait pas tenté à maintes et maintes reprises de la culbuter dans la grange et ne reluquait pas sans vergogne son opulente poitrine à chaque fois qu’elle se baissait pour frotter les sols de la maison.

Quel genre d’hommes était ce , cette fois… Les maroufles qui n’en avaient qu’après sa vertu , la Baronne savait les flairer et les repousser , Mathilde ne s’en inquiétait pas. Il y avait les fantômes comme le voisin , celui au turban , que sa maîtresse avait attendu parfois des journées entières sans qu’il ne daigne ni écrire ni se montrer! L’autre voisin , le roux , allait lui manquer un peu , pas de chichi comme la noblesse , toujours franc et spontané , elle aurait bien tenter de l’cajoler un peu mais elle l’avait vu au verger avec une femme brune comme les filles de ce sud qu’elle découvrait depuis peu , elle qui avait toujours servi la famille d‘Ambroise en Berry.

Ils arrivaient enfin. Nul ne pouvait ignorer la cavalière qui s’avançait dans la rue , juchée sur un étalon à la robe noir de jais et les cheveux d’un roux flamboyant.

Se levant prestement , la jeune fille aux hanches larges et aux formes épanouies, épousseta son tablier et alla à la rencontre de sa maîtresse , suivie par le cocher chancelant. Alors que ce dernier l’aidait à mettre pied à terre , Mathilde porta la main à son front pâle pour ne plus être éblouie par les rayons lumineux d’un astre bien frileux en ce rude mois de janvier afin d’observer le nouveau compagnon de sa Baronne.

Fichtre! Les pommettes de la Mathilde prirent une plaisante teinte écarlate tandis que ses mirettes s’agrandissaient devant le si beau seigneur. Elle bégaya quelques mots avant de se diriger vers le chariot , tremblante encore d’émoi devant cette tignasse auburn rutilante au soleil et ce regard aussi bleu que les cieux.

S’adossant à une malle , effrayée en voyant que sa maîtresse n’avait pas menti , la domestique s’éventa de la main pour dissiper ses ardeurs quand un mouvement attira son attention.

Tournant le visage vers l’intérieur de la carriole, elle se retrouva nez à nez avec un nain!

Se reculant vivement, elle lança un regard contrarié à sa maîtresse , mais la vue du beau rouquin la fit soupirer niaisement et oublier l’avorton au milieu des malles.
Valezy
Le voyage avait été des plus agréables. Plus en raison de la présence de sa compagne que des paysages traversés par ailleurs.

En effet, les deux jeunes gens s’étaient même payés le luxe de se faire brigander en chemin… Un soupire vint ponctuer ce triste souvenir et cette entache à sa réputation. Peut être qu’en d’autres circonstances…
Mais, cette fois ci, il n’avait point été seul et mieux valait parfois faire taire son orgueil pour mener à bien d’autres desseins. En ces derniers mots résidaient ainsi une vieille leçon qu’il avait autrefois apprise à ses dépends et qu’il n’avait, dès lors, plus jamais oubliées.

Au moins, avait il ainsi sauvé l’essentiel puisque sa douce Baronne n’avait rien. Il ne se serait, en effet, jamais pardonné s’il était arrivé un quelconque malheur à celle pour qui il avait traversé le Comté… A celle qui était tant devenu pour lui.

Quant à ses précieuses malles, loué soit Aristote pour qu’il ait eut la brillante idée, avant leur départ de la bonne ville de Lectoure, d’ordonner à son serviteur de conduire le chariot à une bonne distance d’eux…

Même si, à la base, telle mesure avait plus été dicté pour se débarrasser de la présence inopportune du nabot que pour assurer une quelconque sécurité de ses biens. Enfin, l’important étant plus la finalité que la cause. Gaspard avait pu dissimuler le chariot en apercevant l’attaque au loin. Cela ne lui avait toutefois pas éviter de se faire sévèrement réprimander par le Seigneur de Magnet pour avoir faillit, une nouvelle fois, à sa tâche de protecteur.

Aussi, se fut avec cette dernière satisfaction à l’esprit, que Valezy suivit la jeune femme dans les rues étroites et sinueuses d’Eauze. Ses yeux courant de droite à gauche, avec la plus grande des attentions, pour contempler et examiner cette cité qu’il arpentait pour la première fois de sa vie. Puis, après de longues minutes de silence, durant lesquels ses traits étaient restés figés en un masque dur et inexpressif, un sourire vint illuminer ses traits.

A toute évidence, le spectacle, que lui offraient les lieux, ne lui déplaisait point... Ce qui n’était pas une mince affaire pour un homme qui avait toujours été rebuté par le désordre et la crasse des villes, y préférant, et de loin, le calme de la campagne et de ses terres.

C’est alors que Johanara fit dévier la marche de son fier étalon, leur faisant emprunter, par la même, une petite ruelle… Nommé non sans un certain humour, rue de l’impasse. Ce constat ne manqua d’ailleurs pas d’amuser Valezy.

Mais déjà, leur voyage s’achevait… Enfin, ils étaient arrivés.

Telle fut sa première pensée lorsqu’il vit deux domestiques s’approcher de la petite compagnie pour aider leur maîtresse à démonter.

Il salua alors les deux hères avant que son regard d’azur ne se déporte alors sur la massive bâtisse de pierres taillées qui se dressait devant eux. De telle sorte qu’imposante et majestueuse furent les premiers mots qui s’imposèrent à son esprit pour la décrire…
Sans nul doute, aucun, il n’en attendait pas moins d’elle.

L’un de ses gants de cuir, qu’il ne quittait que rarement, se posa alors sur le pommeau de sa selle, peu avant qu’il ne descende de son destrier en cavalier aguerri et ses bottes vinrent ainsi claquer le pavé de la rue, tandis que le fourreau de sa lame cingla sa hanche.
Sa main libre se posa ensuite avec fermeté sur l’encolure de son cheval, le flattant avec douceur jusqu’à ce que le cocher vienne s’occuper de son fidèle Tyran.

Cocher dont il reconnu d’ailleurs les traits en un haussement de sourcil circonspect… La tête à claque… C’est Gaspard qui allait bien s’amuser avec son nouveau camarade de lutte. Il ne pu alors réprimer un sourire amusé tout en portant son attention sur le chariot qui venait de les rejoindre.

Visiblement rassuré par la bonne tenue de ses effets personnels, Valezy se rendit alors en direction de la maîtresse de maison. Le safre de ses iris se posant avec émerveillement sur la jeune femme qui se tenait devant lui. Qu’il lui était bon de voir qu’un tel saisissement s’emparait encore de lui à chaque fois qu’il entrapercevait son doux visage. De sentir ainsi son cœur comme étreint par un étau, avant qu’il ne s’emballe, presque aussitôt, de palpitements irraisonnés. D’apercevoir le monde environnant comme un mirage à peine perceptible à la frontière de sa conscience, tant et si bien, que plus rien n’existait pour lui, ni l’insupportable nain qui incarnait son fardeau, ni le cocher aux regards emplit de haine, ni les minauderies de la domestique. Plus rien… Si ce n’était elle.

Et le dernier pas qui le séparait de sa rassurante présence fut alors franchit pendant que l’homme affichait ostensiblement un sourire emplit de tendresse. Et, sa main se posa sur la sienne.


Voila une bien belle bâtisse…

Et si le chemin pour y arriver fut des plus tumultueux… Je suis ravi d’être parvenu à destination.

Il ne fait nul doute que ces jours prochains seront fort heureux.


Et son ton était sincère, tandis que son regard était rivé dans celui de la jeune noble.
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Johanara
Délestée de 150 écus! Fichtre les marauds! A quatre!

Du moins la présence de Valezy les avait dissuadé de s’en prendre à elle et la perte pécuniaire était somme toute assez négligeable compte tenu de la joie qui s’emparait d’elle alors qu’ils s’approchaient d’Eauze. Bientôt elle pourrait lui faire visiter son village et sa demeure.

Tournant sa tête vers le cavalier qui chevauchait à ses côtés , Johanara sourit ,l’air rêveur..
Avec ses cheveux auburn ondulant dans le vent et son regard azurin un rien arrogant fixé sur l‘horizon, il était beau à se damner…

Sentant son cœur se gonfler d’une certaine fierté , flattée d’avoir séduit un tel homme, ses yeux ne cessaient de caresser son profil d’éphèbe , rougissant de temps à autres lorsqu’il croisait ses prunelles emplies d’admiration.

Déjà la place du village se profilait au loin … Saluant quelques connaissances , souriant aux uns , faisant un léger signe du chef aux autres , ils eurent tôt fait d’arriver en l’impasse.

Serguei vint l’aider à mettre pied à terre. S’emparant de sa taille , il la souleva sans peine non sans laisser ses mains cagneuses effleurer avec un peu trop d’insistance le tissu pourpré recouvert d’une fine couche de poussière en raison du voyage.

Lançant un regard irrité à son libidineux cocher , elle s’empara de sa canne avant de faire quelques pas dans la rue , visiblement ravie d’être rentrée.


Mathilde , aide les à décharger les malles et prend bien garde à ce que rien ne soit abîmé!

Voyant que la jeune fille ne lui répondait pas, Johanara se tourna vers elle et surprit son manège.
Allons bon! La jeune domestique si pudibonde à l’accoutumée gloussait sottement , se pâmant sans se soucier d’elle devant leur invité.

Réprimant un soupire , elle allait s’adonner à quelques brimades , quand Valezy lui prit la main , prononçant des paroles qui furent à même de l'apaiser.

Au diable la gourgandine et le cocher qui venait de mettre une beigne revancharde au nabot!


Viens…

L’entraînant à l’intérieur , elle sentit l’émotion lui serrer le cœur alors qu’il pénétrait dans le hall.
La pièce lui parut différente comme métamorphosée par sa simple présence.
Les grands candélabres semblaient jeter des lueurs plus vives qu’à l’accoutumée , les tapisseries chatoyaient d’un éclat peu commun et le parfum capiteux des grands lys immaculés embaumaient la salle à en faire chavirer l’esprit.

Même la grande tante Almodie Denyse de Pince-Alouette , pourtant fripée comme un oignon apparaissait rayonnante sur le grand tableau au dessus de la cheminée , comme rajeunie!

A ses côtés , un tableau de la maîtresse des lieux cette fois, les cheveux relevés en un chignon lâche , une longue boucle flamboyante ondulant avec grâce sur sa peau dénudée. Assise aux côtés de sa mère , tout aussi rousse, elle posait dans un large fauteuil de velours bistré , sa bouche vermeille contrastant avec son teint pâle et la dentelle blanche de sa toilette. Si Charité arborait un sourire éclatant , sa fille aînée semblait porter toute l’affliction du monde sur ses délicates épaules , ses grands yeux emplies d’une mélancolie infinie, comme torturée par un miller de regrets.

Pour cela qu’elle l’avait choisi plutôt qu’une autre toile pour orner la pièce luxuriante.
Elle n’était en réalité pas aussi belle que sur cette peinture où son âme semblait être mise à nue rendant son regard tout à fait fascinant et enchanteur.

La Baronne s’approcha d’un grand buffet d’acajou et s’empara d’un petit coffret, un sourire sibyllin étirant ses lèvres pleines et joliment ourlées.

Valezy avait vendu ses champs pour elle bien que leur idylle était encore à l’état de bourgeon, s’épanouissant de jour en jour , pleine de merveilleuses promesses.

Elle en avait fait des allers-retours épuisants entre Saint-Aignan et Bourges alors que son compagnon de l'époque refusait de se déplacer sous des prétextes fallacieux! En vérité, jamais elle ne s’était sentie aussi chérie et adorée que depuis qu’elle vivait sous le regard céleste du beau seigneur.

Prenant dans ses mains un petit écrin , elle le lui tendit les joues imperceptiblement empourprées.

Il pût découvrir un médaillon fait d’ambre viride que retenait une lourde chaîne admirablement ouvragée. Dans l’ambre , représenté symboliquement par quelques lignes gracieuses , une iris , fleur aux multiples significations : « Vos yeux m’affolent » , « Vous enchantez mes jours » , « je vous aime tendrement » , « je brûle d’amour pour vous ». Certaines s’avéraient être le reflet de la réalité , d’autres ne sauraient tarder à l’être …


Bienvenu à Eauze, tu m’as fait une immense joie en venant t’installer ici , j’ai voulu te remercier par ce petit présent…

Baissant les yeux de peur de lire dans les siens quelque consternation , elle attendit sa réaction sentant sa poitrine se soulever à chacune de ses respirations faisant s’agiter imperceptiblement le médaillon qui logeait entre ses formes voluptueuses sous le fin tissu de son corsage et qui était presque identique au sien , si ce n’est que l’iris avait des courbes plus féminines la faisant ressembler à ses grands lys qu’affectionnaient tant Johanara et qui ornait son blason.
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--Serguei
Après avoir déposé la gazoute à terre , en profitant au passage pour cajoler un peu ses courbes alléchantes, il posa l’regard sur l’nobliau qu’avait l’air aussi fiérot qu’un coquelet!

Boudiou ! Encore un rouquin!
Autant il en pinçait pour les rousses , compromis plaisant entre le piquant des brunettes et la grâce des blondasses , autant il trouvait qu’les roux étaient bien vilains!

Enfin avec sa trogne d’travers , l’allait pas se permettre de’faire l’esthète!

L’avait ramené tout son barda en plus l’baziot.

S’emparant d’une malle , il remarqua le foutu nain! Celui qui avait bien failli lui péter la rotule et l’omoplate à leur dernière rencontre alors qu’la Baronne était en goguette dans l’Comté.

Paf! Une taloche derrière la nuque.


Hep l’asticot! Va trimer ensemble vu qu’ma maîtresse a le béguin pour l’autre brelot. S’tu m’causes pas d’tracas , j’ferai un effort pour pas t’couper les artignolles et les donner à bouffer aux chiens. T’comprends? Allez aide moi l’basin ,l’en a des frusques l’bestiau!

Se saisissant d’une malle , il l’a souleva non sans peine et franchit les marches du perron.
Lorsqu’il passa près d’la Mathilde , il fit claquer sa main sur son fessier en la regardant avec envie.

Arrivé dans la chambrée du nobliau , l’cocher posa la malle au sol et s’étira un peu , pas commode d’gravir l’grand escalier chargé comme un mulet.

Il s’permit même d’se poser un peu dans grand fauteuil surmonté d'un dais en drap d'or, aux armes de l’Armagnac. Posant ses godasses sur l’bureau d’bois massif , il renifla bruyamment , agacé par l’odeur de fleurs et de propre.

Il finit par se l’ver mais au lieu de retourner à son office , il ouvrit la malle et fouina un peu , histoire de voir s’y avait pas un truc louche.

Foutre-Dieu! Que d’nippes! Que d’atours!

Se saisissant d’un riche mantel de velours clair, brodé d’or et doublé de satin , il l’enfila avant d’parader devant l’grand miroir.


C’te classe! Manque plus qu’un foutu Chapiau!
Valezy
Ainsi, se fut côte à côte et d’un même pas que le jeune couple pénétra dans l’enceinte de la demeure, laissant, par la même, derrière eux, les domestiques s’affairer sur les malles de l’arverne…

A peine eu t’il franchit le seuil de la porte que Valezy se retrouva submergé par d’agréables effluves, résultante du parfum des lys qui décoraient avec goût le grand hall et de la douce odeur de cire des chandelles qui éclairaient les lieux d’une lueur diffuse.

Ses yeux azurins se plissèrent alors imperceptiblement avant d’embrasser la salle d’un regard attentif, la scrutant ainsi dans ses moindres détails, comme pour mieux en ranger le tableau dans un recoin de sa mémoire. Durant son inspection, les prunelles du jeune homme s’attardèrent plus particulièrement sur les tapisseries colorées et les portraits de ceux qui devaient être, selon lui, d’illustres ancêtres de la lignée des Ambroises.

Néanmoins, Valezy se garda bien, d’interroger la maîtresse des lieux sur l’identité de ses aïeux. Et ceci, non pas par un terrible et affligeant manque de curiosité et d’intérêt pour le sujet. Mais, force lui était d’avouer qu’il avait déjà bien du mal à se rappeler des noms des différents et innombrables proches qui gravitaient autour de Johanara…
En vérité, il en était à assimiler ce problème à une longue et inextricable pelote de laine qu’il aurait convenue de dérouler en son entier mais qui demeurait récalcitrante à tous ses efforts, en raison des nombreux nœuds qui compliquaient sa tâche avec un petit plaisir malsain. En bref… Un véritable casse tête…
Aussi se décida-t-il, avec une sagesse certaine, de se taire et de ne pas aborder l’épineuse question de l’arbre généalogique pour la reporter à un autre jour qu’il espérait prochain, avide qu’il était d’informations sur sa belle Baronne.

D’autant plus qu’une autre toile fut à même d’attirer son attention et d’exacerber son intérêt.
Le peintre y avait représenté avec grand talent deux femmes dont les chevelures semblaient se disputer pour savoir laquelle était la plus flamboyante et la plus digne d’admiration. Aussi, le Seigneur n’eut il guère de mal à y reconnaître son hôtesse et celle qu’il devinait être sa mère.
La jeune femme y était certes plus jeune mais les traits de son visage n’en demeuraient pas moins tout aussi remarquables que ceux de celle qu’il avait suivit en ce jour… Tout comme le teint pâle et délicat qui rehaussait avec grâce ses lèvres purpurines et sa rousse chevelure.
A vrai dire, la seule différence notable qu’il relevait, mais aussi qui le troublait, se situé dans le regard de Johanara. Ce regard qu’il était habitué à contempler si souvent et qu’il connaissait débordant de tendresse et de gaieté… Lui apparaissait soudainement porteur d’une infinie tristesse.

A ce constat, Valezy ressentit un frisson parcourir son échine pendant que son cœur s’étreignit sous l’effet d’une glaciale étreinte. Aristote, se dit-il alors… Faites que jamais je ne perçoive un tel sentiment dans son regard... Et en son âme, il se fit le serment de tout faire pour transformer ce dernier vœu en une réalité intangible et immuable.

Mais de ses songes, il fut tiré par la mélodieuse voix de la belle jeune femme, alors que cette dernière s’avançait en sa direction tout en tenant entre ses mains graciles un petit coffret en bois.


Un présent ?
Il ne fallait pas, ma douce… Etre ici avec toi est déjà le plus beau des cadeaux.


Aussi, se ne fut pas sans un sourire quelque peu gêné qu’il s’empara délicatement de l’écrin qui lui était tendu, tout en effleurant, par la même, les mains de la donatrice. Ses doigts glissèrent ensuite sur la cassette, avant d’ouvrir cette dernière avec délicatesse, mais non sans curiosité.

C’est alors qu’il la vit…Une pierre translucide ouvragée avec goût et sur laquelle était finement représenté un iris.
Sa destre prit la chaîne en or afin de soulever le bijou et de placer ce dernier à la lueur d’un des candélabres. Le jade de la pierre y prit ainsi une lueur éclatante, projetant ses infimes reflets sur son visage… Un visage qui paraissait soudainement bien circonspect.
En effet, depuis combien de temps n’avait t’il point reçu un cadeau ? Et, plus encore, un cadeau qui ne s’apparentait en rien à un objet tranchant ou contondant ?

A cette question, un sourire ravi vint alors se dessiner sur ses lèvres, pendant qu’il ouvrait le fermoir du pendentif. Et ceci, juste avant que sa tête ne se penche, faisant par la même danser ses cheveux auburn. Et, lorsqu’il redressa son chef, le collier ornait désormais avec fierté son cou. En retour, son visage semblait ému alors que son doux regard se posa sur Johanara avant qu’il ne déclare.


Merci, il est magnifique… A la couleur de tes yeux… Oui, tout simplement magnifique.
Gage qu’il ne quittera plus jamais mon cou.


Et se fut avec une grande tendresse qu’il s’empara alors de la taille de l’adorable Baronne, l’attirant avec douceur contre lui, tandis que ses lèvres partaient en quête des siennes.
Ou quand les gestes étaient parfois bien plus éloquents que quelques mots…

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Johanara
Johanara retenait son souffle en quête d’une réaction , ses iris ancrées au doux visage du seigneur.

Faites qu’il lui plaise , faîtes qu’il lui plaise…pensait elle tandis que ses mains fines froissaient nerveusement la soie grenat de son bustier.

A la lueur des flammes ondoyantes , l’ambre rendue opalescente fit miroiter de belles clartés à son regard , mettant en valeur l’azur de ses prunelles. Si bien qu’elle se perdit dans la contemplation de ces yeux célestes, éperdue , oubliant le pendentif et le pourquoi du comment.

Si ce n’est que le l’air réservé que Valezy arbora de prime abord , la tira de ses songes et fit naître à ses lèvres une légère mou boudeuse.

Bientôt remplacé par un doux sourire à mesure que son compagnon montrait son ravissement. Il passa le médaillon avec un certain empressement qui ne manqua pas de réjouir la jeune fille.

Un doux baiser scella les remerciements. S’enivrant de leur étreinte, la jeune fille sentit son âme se soulever dans un élan de tendresse , aussi c’est l’air serein et comblé qu’elle vint poser son front contre le sien.

Ses doigts longs et fins vinrent effleurer le visage aux traits réguliers du jeune homme avant de venir s’emparer de la chaîné nichée confortablement au creux de son opulent décolleté.

Le pentacol d’un vert doux et cristallin à l’identique de celui offert vint brillanter sur le tissu moiré du corsage.

Dans un souffle, elle murmura la voix mélodieuse et caressante :


Deux pierres jumelles telles des âmes sœurs…

C’est alors que le cocher déboula dans la pièce , dévalant les marches quatre à quatre et manquant se rompre le cou.

Un simple coup d’œil suffit à la Baronne qui lui trouva un je-ne-sais-quoi de méconnaissable.
Une prestance nouvelle , un brin d’élégance peut être, ce qui relevait du miracle chez ce braillard aviné doublé d’un suppôt de sardanapale…

Battant des cils , suffoquant à moitié , la jeune fille se sentit soudain au bord de la pamoison!

Cette chemise parme! Ce tissu somptueux et éclatant!

Sanguienne! Qu’on la tonde si cette étoffe n’appartenait pas à Valezy!

Le misérable pourceau d’Épicure avait osé se servir en ses malles! Quelle rustrerie! Pour sûr si le fier noble venait à s’apercevoir du larcin , il entrerait dans une ire incommensurable!

Plaquant vivement son bien aimé contre le mur orné de belles tapisseries , elle le gratifia d’un langoureux baiser espérant que cela suffisse à faire diversion!

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Valezy
Ses yeux s’écarquillèrent légèrement, tandis qu’un ravissement certain illumina son visage en contemplant le délicat médaillon logé dans le sillon qui marquait la naissance de cette si voluptueuse et désirable poitrine…

Et là, le narrateur t’arrête tout de suite, toi… Oui, toi, jeune pervers ! Car ne va pas imaginer que l’air béat qu’affiche Valezy en cet instant est du à des pensées venues d’en dessous de sa ceinture.

Oh que non…

En effet, se fut avec un grand plaisir que le jeune seigneur se laissa bercer par les paroles de sa douce tout en appréciant de ses yeux safres la véracité de ses propos. A n’en point douter, les deux pierres se ressemblaient à s'y méprendre, si ce n’était que celle de sa baronne était ornée de courbes graciles et arrondies, là où son ambre était décoré de lignes se voulant plus masculine.

Aussi allait-il répondre à la jeune femme pour lui faire part de son accord sur la question… Ou plutôt sur les deux questions. Quand il fut tiré hors de sa contemplation et de ses pensées par un tintamarre de tous les diables provenant subitement de l’escalier du vestibule qui se trouvait dans son dos.

Et c’est ainsi que son émerveillement disparu brusquement pour faire place à l’agacement… Sa première pensée alla alors à Gaspard… Car qui d’autre pouvait être assez grossier et discourtois pour briser sans ménagement, aucun, la magie de cet instant ?

Valezy s’apprêtait donc à se retourner pour embrasser les marches d’un regard froid, tandis que sa destre se crispait… Comme prête à faire pleuvoir des gifles, ou pire encore, sur le malotru.

Néanmoins, il n’eut guère le temps d’achever son volte face qu’il sentit des mains agripper sa tunique pour le plaquer avec célérité contre l’une des tapisseries. Et, par une nouvelle fois, ses yeux s’écarquillèrent mais cette fois ci sous l’effet de la surprise. Il n’eut cependant guère le temps et le loisir d’exprimer cette dernière que déjà les lèvres purpurines de la Baronne vinrent se plaquer contre les siennes en un sensuel baiser. Et, ce dernier eut tôt fait de lui faire refermer ses yeux, comme pour mieux le laisser savourer cette surprenante et inattendue étreinte.

Se fut ainsi que Valezy resta ignorant du cocher indélicat qui saccageait sans vergogne ses toilettes par ses putrides attouchements…

Tout comme il resta ignorant de l’ombre démesurée et menaçante qui se dessina dans le contrejour qui baignait le hall de ses rayons depuis la porte d’entrée laissait grande ouverte…

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Sihaya
Au dehors se fit soudain entendre le hoquet de surprise rageuse de Mathilde qui venait d'apercevoir une silhouette familière et pourtant depuis longtemps disparue. Ladite silhouette hésita un instant sur le pas de la porte, regardant le nain porteur de malle avec étonnement, puis le dépassa résolument pour entrer dans le vestibule.

Un instant éblouie par la clarté de la ruelle, clignant des yeux dans la pénombre, pour finalement voir... sa baronne enlaçant passionnément un parfait inconnu ! Diantre !

Pâlie jusqu'à paraître diaphane, d'une minceur extrême, de larges cernes violets soulignant son regard sombre, la jeune fille qui se relevait manifestement d'une longue et douloureuse maladie laissa échapper une exclamation choquée quoiqu'assourdie par sa faiblesse :


Oh ! Ma Dame !
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Dame de Compagnie de Johanara d'Ambroise, Baronne de Lignières et Dame de Saint Lys
Johanara
Oubliée la délicate chemise parme et l’énergumène aviné qui se pavanait sans vergonde.

Toutes ses pensées étaient entièrement tournées à présent vers son compagnon et ses lèvres singulièrement douces. Leurs deux médaillons d’ambre s’entrechoquaient dans un plaisant tintement tandis que l’étreinte se prolongeait , tendre et passionnée , étourdissant la jeune fille.

Il aurait fallu une tempête , quelques violentes bourrasques ou tornades pour lui faire quitter les bras rassurants de son homme et l’extraire à cet affolant baiser.

Ou le timbre d’une voix familière par trop peu entendue ces derniers temps…

Se détournant de son beau Seigneur sans lui accorder un regard , elle se planta devant sa dame de compagnie les yeux emplis de stupeur.


Ciel!Vous êtes revenue!


L’état d’extrême fatigue dans lequel semblait se trouver la jeune femme , les sillons violacées à ses grands yeux d’un noir profond, sa pâleur lunaire et sa frêle silhouette arrachèrent à la baronne une exclamation suivie d’un long soupir.

Lui prenant les mains avec douceur , elle lui confia avec un sourire rassurant :


Vous m’avez tant manqué! J’ai mille choses à vous conter mais d’abord on va bien s’occuper de vous. Que vous repreniez quelques formes et quelques couleurs! Mais venez que je vous présente le Seigneur de …

Hélas! Elle ne finit jamais sa phrase! Déjà le cocher reconnaissant sa compagne de jeu favorite se précipitait vers la pauvre Sihaya pour lui administrer une tape amicale dans le dos , bien qu’il laissa très certainement courir sa main le long de son échine.

Ce geste ne fit qu’entrouvrir davantage les pans de son pardessus usé, dévoilant un peu plus le tissu soyeux de sa mise. Pourvu que Valezy ne remarqua rien…

Johanara , prudente, recula de quelques pas. Si les mains baladeuses de l’ivrogne n’allaient certes pas être appréciés , c’est l’ire de son bien aimé qui était le plus à redouter tant il semblait attaché à ses soieries et à ses fanfreluches , qui, force est d’avouer , lui allaient divinement bien!

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Valezy
Merveille parmi les merveilles…
Fugitive pensée voyant le jour dans l’esprit d’un homme qui ne saurait que goûter de tout son saoul au fougueux baiser de sa dulcinée et à la chaleur de son étreinte.

Néanmoins, comme tout un chacun se plait à le dire si souvent, les meilleures choses ont une fin et visiblement un tel instant de plaisir ne dérogeait en rien à la sagesse que recelait ce vieux dicton... Mais après tout, n’était ce justement pas là le propre d’un dicton ?

Aussi, se fut avec un air quelque peu hagard que le Seigneur d’Antras contempla le hall qui s’était si soudainement peuplé… Et si de prime abord, son attention ne s’attarda guère sur le répugnant cocher berrichon, il n’en alla pas de même avec la jeune femme qui avait précédemment interrompu sans aucun remord leur baiser.

Allons bon, qu’avait-elle celle là à les regarder fixement comme si ils étaient deux repris de justice ? Se demanda-t-il alors.

Certes, Valezy et sa compagne possédaient toutes les qualités et formaient, par la même, le plus beau des couples… Certes leur divine beauté avait de quoi rendre jaloux le commun des mortels…

Mais, ce n’était en rien une raison pour les dévisager ainsi.

Il n’eut cependant guère le loisir de faire part de son mécontentement à l’assemblée que déjà la maitresse des lieux s’empressait d’aller saluer son impromptu convive, talonnait de près par Sergueï qui, pour sa part, accueillit la damoiselle avec beaucoup moins d’élégance.

Et soudain… Se fut le drame.

Cette chemise, pensa t’il… Non ! Ma chemise…

Un de ses sourcils se haussa tout en dévisageant fixement le scélérat.
Il se souvenait bien de cette chemise, car à vrai dire l’homme se souvenait bien de tous ces atours.
Mais, celle-ci avait la particularité d’être l’une des dernières créations de l’ancien maître tisserand qu’il avait été. En outre, elle était l’un de ses plus grands chefs d’œuvres, car il y avait mis d’autant plus de cœur à l’ouvrage que la soie, avec laquelle il l’avait conçu, lui avait couté une véritable petite fortune. Comment s’appelait d’ailleurs ce drapier génois qui la lui avait cédée en ce 18 mars de l'an passé? Bartolomeo ? A moins que ce ne soit Luciano ?

Après tout, peu importait désormais… On la lui avait volée… Non, pire encore, on la lui avait souillée !

Et à cette idée son corps fut parcouru d’un violent tremblement…
Ce n’était pas de la colère qu’il ressentait, ni même de la haine…
Non, c’était tout simplement la fureur qui s’emparait de son corps et consumait son cœur, lui faisant ainsi perdre toute raison.

De telle sorte que se fut une voix rauque, presque éraillée, qui se fit entendre dans la grande salle.


Oh, j’en connais un autre qui ne va pas tarder à prendre des couleurs…
Du bleu au rouge… Et en passant par le violet.


Et son regard se détourna alors vers la porte avant qu’il ne reprenne avec plus de force encore.

GASPARD ! AU PIED !
DÉTRUIT MOI CE BOUGRE D'ÂNE !

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--Gaspard_le_nain


Le vaillant petit Gaspard était toujours sur son chariot, veillant comme un cerbère sur les nombreuses malles de son maître… Et surtout, se remettant tant bien que mal de sa déconfiture. N’était ce pas un monde de se faire ainsi humilier par ce stupide cocher ? Et ceci sous le regard même d’une petite domestique dont il aurait bien fait son quatre heures !

Certes, il aurait pu, sans mal, aucun, réduire en miette son tortionnaire… Trouvant ainsi une solution acceptable à tous ses soucis du moment. Mais, Valezy avait été bien clair… Ne pas provoquer d’esclandres tant que la Baronne serait dans le coin.

Et, mine de rien, le domestique de poche préférait de loin subir quelques violences de la part de l’indélicat, plutôt que d’attiser la colère de son cinglé de maître.

C’est alors que cette dernière considération fut ponctuée par un hurlement de fureur… Un peu comme si les pensées du nain se voyait, en cet instant, cautionnées par le Très Haut en personne.

GASPARD ! AU PIED !
DÉTRUIT MOI CE BOUGRE D'ÂNE !


En retour, la figure hirsute du concerné s’éleva un instant vers les cieux avant qu’il ne pousse un profond soupir. Dire que c’est lui qui provoque un esclandre en même pas une heure… Pensa-t-il alors.

Il ne prit cependant guère le temps de s’attarder plus avant que déjà il sauta à bas du chariot et s’engouffra à toute vitesse, bien relative d’ailleurs à la vue de ses courtes jambes, dans la grande bâtisse. Tout en déclarant, en bon petit soldat qu’il était :


Oui maître ! Bien maître !


Et c’est ainsi que, sous le regard incrédule des deux jeunes femmes, Sergueï n’allait pas tarder à se transformer en malheureuse victime de la sauvagerie aveugle des hommes, et ceci quelque soit leur taille.

En effet, fort de son élan, le nain, spécialiste de lutte gréco-romaine à ses heures perdues, profita de l’aérodynamisme, offert par sa petite stature, pour se propulser sur sa proie, saisissant ce dernier au col pour le faire retomber lourdement au sol sous son poids.
Puis, profitant du fait que son adversaire se retrouve misérablement à terre, et faisant ainsi preuve d’une grande célérité, Gaspard fit peser tout son corps sur le torse du malheureux, tout en immobilisant ce dernier par une habile clé de bras.

D’ailleurs, ses efforts ne tardèrent guère à être loué par leur commanditaire.


Parfait Gaspard… Tiens le bien.


A ces mots, les iris du nain se portèrent sur Valezy qui avait retroussé ses manches et enfilé ses habituels gants de cuir, avant d’avancer à pas lent vers les deux lutteurs.

Pour sur, ça va saigner se dit alors Gaspard…


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--Serguei
Enragés! L’maître comme l’domestique!

Bougre d’âne? Lui ? Nan mais oh! L’allait se calmer l’baziot à rubans! Tout ça pour une frusque !

Ses réflexions cessèrent alors qu’il poussa un hurlement de douleur et que la rage envahit ses petits yeux noirs!

Foutu nabot! L’avait l’Sans Nom au corps! Pas possible autrement!

Et tout ça sous l’œil des donzelles! C’te honte! L’allait payer pour cet affront!
Face contre terre , il grognait , pestant et maudissant et son agresseur et le nobliau qui s’approchait l’air menaçant.


Il allait se faire rosser sans nul doute , ça l’amusait guère , il préférait les belles mains blanches d’la rouquine .

Mais pas avant d’avoir d’leur avoir donné du fil à retordre!


Boudiou! Lâche moué l’brelot! M’en vais t’fendre la cabèche ! Toué et le jeune jau! Face de vruge!

Saisissant le bras du nain , Serguei y mordit de toutes ces forces avant de se réussir à se redresser , le nabot toujours accroché à lui .

Trépignant de rage , le cocher fou de fureur -pauvre baronne entourée d’hystériques et d’hurluberlus!- se mit à couiner tout en lacérant la chemise qui bientôt fut en lambeau, dévoilant un torse velu et grisonnant.


Vla c’que j’en fait ta guenille! Et ça aussi! Tiens les manches! Et tiens le col! Foutre-Dieu , j’vais t’en faire des confettis d’ta soie!
Valezy
Malgré, ses innombrables talents dans le domaine du pugilat, Gaspard avait eu tôt fait de se voir défait par les morsures du cocher.

Tout en jetant un regard méprisant sur le nain, qui venait d’essuyer un bien humiliant revers, en se tenant le bras et en poussant un imperceptible juron, Valezy lui fit un geste évasif de sa main gantée de cuir et en retour, son plus fidèle serviteur se recula presque aussitôt.

Décidément, il fallait tout faire soit même, pensa le seigneur de Magnet en reportant ses iris céruléens sur l’objet de son courroux.

Aux mots gesticulés par Sergueï, il n’y accorda que l’intérêt qu’ils méritaient…
En effet, Brelot… Cabèche… Jau… Vruge… L’auvergnat ne comprenait rien à ce charabia immonde que les berrichons affectionnaient tant. Et en cela, seule la douce et suave voix de son aimée avait le don de lui faire trouver un charme certain à ce dialecte.

Il en alla cependant bien autrement des faits et gestes du rustaud qui déchirait, sans vergogne et sous ses yeux, la précieuse soie de sa, non moins précieuse, chemise

Rouge… Telle était la couleur du voile qui assombrit son regard devant cet insoutenable spectacle.

C’est ainsi que la soif de vengeance le consuma… Et le fit passer à l’acte.

Il y avait quelques choses de félin dans les mouvements de Valezy tandis que ce dernier franchissait avec vélocité les derniers pas qui le séparaient encore de son adversaire.
Ses poings étaient alors fermés prêt à frapper… Ce qui tombait bien puisque c’est ce qu’ils firent tandis que sa destre percutait avec violence et conviction, car oui un poing peut être convaincu de son bon droit, le ventre de l’ignoble tout en déclarant d’une voix qui n’était pas sans dissimuler un brin de folie :

« Assassin… Tu vas me le payer ! »

En même temps sa senestre, qui pour une fois portait bien son nom, heurta la mâchoire proéminente du berrichon, faisant par la même trébucher ce dernier sous la brutalité de l’assaut.

Deux prunelles d’un bleu de glace quittèrent alors un instant le malheureux pour parcourir avec fièvre les alentours. Peu avant de se poser sur ce que Valezy cherchait… Une petite statuette équestre représentant un quelconque et inconnu chevalier prônant sur le meuble le plus proche… En bref, un objet contondant à sa portée.

Il s’en empara alors à pleine main, poursuivant par la même son pétage de plomb en bon et due forme…

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Sihaya
Après le fugitif instant de bonheur éprouvé en retrouvant sa chère Johanara malgré l'évident déplaisir manifesté par son nouveau soupirant, Sihaya vit avec un dégoût mélangé de fureur le répugnant Serguei fondre sur elle. Fichtre ! Elle n'était même pas en état de le châtier de son audace inopportune d'un bon coup de bâton !

Elle vacilla sous l'assaut, le foudroyant du regard, trébucha en reculant de quelques pas, quand soudain tout se déchaîna autour d'elle... le hurlement du soupirant, un nain jaillissant sur Serguei pour le plaquer au sol, des fragements de soie effilochée volants en tous sens, le soupirant jouant des poings sur le cocher...

Un peu ébahie, la jeune fille contempla le réjouissant spectable de la rossée du cocher, toisant le nouveau soupirant de sa Dame d'un air dubitatif, sans pouvoir se décider de prime abord entre sympathie ou antipathie.

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Dame de Compagnie de Johanara d'Ambroise, Baronne de Lignières et Dame de Saint Lys
Johanara
Ce fut tout d’abord l’effarement qui arracha quelque faible clameur à la jeune baronne.

Si la folie de son cocher ne lui était pas étrangère , et si le dénommé Gaspard lui avait déjà prouvé toute l’étendue de sa vésanie, le comportement du jeune Seigneur la laissa interdite et les bras ballants!

Marbleu! Où donc était l’homme impassible au visage grave qui ne quittait ses dehors marmoréens que lors de leurs merveilleuses soirées emplies de tendresse et de complicité?

Rivant ses iris véronaises à celles de son bien aimé, elle fut consternée par l’ire qui assombrissait l’azur à l’accoutumée si pur , tel un ciel que ne vient troubler aucune nue.

M’enfin! Un tel courroux pour une fripe! Rose en plus! Pour sûr le sac à vinasse de cocher venait de l’exempter à quelques vexations sur sa virilité.

Elle s’adressa d’abord à son domestique sur un ton qui ne souffrait aucune réplique:


Serguei! Il suffit! Suint de limace! Verrat libidineux! Il t’en cuira sois en certain! Point de gage jusqu’à nouvel ordre et tu seras de corvée d’écurie six mois durant! Obstine toi à porter le ridicule sur le nom d’Ambroise et tu seras fouetté jusqu’à t’en faire oublier le goût de l’Armagnac!

Le sang de la jeune femme commençait à lui battre les tempes. Se tournant vers le nain , les mains à ses hanches chaloupées , elle le réprimanda à son tour :

Quand à vous! Cessez d’effrayer mes gens où je vous boute hors de chez moi à coups de pieds au séant!

Comment osaient ils! Tous!

Son havre de paix , son petit nid douillet…. Une foire ! Ils en avaient fait une foire!

Furibonde , l’œil sombre et étincelant , elle fulminait. Ils avaient tout gâché. Elle aurait tant désiré que tout soit parfait , que l’homme de sa vie garde un souvenir aussi doux qu’impérissable de sa première journée en son nouveau foyer.

Au lieu de ça c’était un véritable champ de bataille!

C’est alors qu’elle manqua suffoquer! Johanara venait d’aviser la statuette que brandissait le farfelu qui lui servait de compagnon!

Philippe Côme! Son illustre grand père! Une Oeuvre d’art qui avait traversé les années sans encombres jusqu’à tomber sur un auvergnat! Forcément…


Magnet! Vous allez me faire le plaisir de reposer cela immédiatement! Non mais! Rudoyez là et j’assiège Antras! Ne vous restera que vos cavernes!

Malepeste! Dans ses colères le vouvoiement était de mise et tudieu , pour l’heure il s’imposait!

La lèvre boudeuse , elle riva son regard au sien , attendant qu’il recouvre la raison.

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