Sur la pyramide de Capuccino, la Lune brille toujours

[Amecameca]

Lauratacc dépérissait. Les légumes qui restaient sur les étales du marché avaient meilleurs mines que cette femme qui pendant longtemps avait été la plus belle de Tlaxcalla. Et oui ! LA plus belle, elle en était d’ailleurs fière et souvent quand elle croisait des enfants elle radotait :

Oui… j’avais une horde de mâles à ma suite… et mon mari n’avait d’yeux que pour moi.

Elle rêvait, enjolivait. Elle avait bien le droit après tout. Les gosses n’avaient par contre pas leur pareil pour dire la vérité.

T’es moche mémé !

Et ils s’en allaient en courant avant que la baffe jaillisse.

Elle dut donc bien se résoudre à affronter la vérité. Elle se faisait vieille la Laura. Et une femme vieille ça attire plus grand-chose… Parfois un homme qui avait bien bu acceptait de la prendre sur un coin de table, c’était bref ! Mais elle se rassurait en se disant que l’homme pourrait se venter d’avoir mis Lauratacc dans son hamac ! Croyait-elle… En réalité y avait plus de quoi se venter… tellement d’homme y avait passé et maintenant qu’elle était laide, ils préféraient ne pas avouer qu’ils n’avaient rien trouvé de mieux que Laura.

Mais à vrai dire elle était jalouse. Jalouse et oui ! A côté d’elle, elle voyait son mari qui allait se marier ! Et oui se marier ! C’était peut-être même déjà fait… elle en avait aucune idée. Elle ne voulait pas savoir. Autant dire qu’il l’envoyait au placard la Laura, elle le jalousait. Quelle idée de se marier à cet âge là !

Je lui ai pondu deux fils et voila comment il me remercie ! Grommela-t-elle.

Plus jeune, ça lui aurait rien fait, après tout ce n’était pas les hommes qui manquaient. Mais maintenant… elle avait pensé vieillir tranquillement à ces côtés et ses plans étaient à revoir. Le voir faire le beau, fanfaronner et parler de sa nouvelle épouse à tout va, elle l’aurait bien étripé le Batonnoir !

Elle renifla bruyamment, elle était assise à côté d’un étang et se mirait dans l’eau… elle faisait l’inventaire des nouvelles rides.

Encore des menteurs, des charlatans..

Elle avait bien tenté des décoctions à n’en plus finir, à appliquer sur sa peau pour lui rendre sa jeunesse ! Mais il lui semblait que l’effet était inverse… décidément la bouse de Lama n’était pas la solution miracle !

Elle fit gicler le bouchon de sa gourde de pulque. Elle ne buvait plus que du pulque. Elle se leva, chancelante et se rendit, imbibée, au tlatocan.

Scarlett s'ennuyait toujours à Amecameca. Elle n'avait jamais pu se remettre de ses petits soucis. Si on avait besoin d'elle, elle aidait. Mais quel pensum de continuer à faire comme si ... comme si elle avait le moral ... comme si elle existait toujours.

Elle avait gardé quand même quelques amis de sa vie d'antan mais pas beaucoup. Même son mari l'avait plaquée avec pertes et fracas. La déchéance la guettait de plus en plus près au fur et à mesure que l'âge avançait.

Elle se trainait dans Amecameca. Elle n'y rencontrait pas grand monde. Mais un jour, elle apperçu Laura qu'elle connaissait bien.

Laura ? c'est toi ?

Les deux vieilles semblaient aussi décaties l'une que l'autre. Mais, sans aucun doute, il s'agissait bien de Laura qui était là ! Scarlett se demandait si elles seraient capables de se remettre sur pied ensemble. De redevenir les femmes qu'elles avaient été un jour.

Laura ? t'as quoi dans ta gourde ? Du pulque ? Donne m'en quelques gorgées, ça me remontera !
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[Amecameca]

Laura ? c'est toi ?

Lauratacc de son pas peu sûre avançait sans réel but. Entendant cette voix bien connue, elle se retourna lentement… Son dos étant devenu fragile, elle préférait éviter tout mouvement brusque.

Laura ? t'as quoi dans ta gourde ? Du pulque ? Donne m'en quelques gorgées, ça me remontera !

Elle tendit sa gourde à Scarlett, ça faisait un petit bout de temps qu’elle ne l’avait pas revue.

Le pulque y a que ça de vrai, paraît que ça entretien et que pour le plus grand malheur des autres, on risque de les coller encore bien quelques années!

Elle vit passer à côté d’elles un jeune guerrier, tout beau, tout brillant, tout plein de muscle. La Laura ne put retenir sa main qui vint tâter la marchandise… Elle descendit sa main vers le pagne du guerrier bien appétissant et arracha la gourde de pulque accroché à la taille du jeune homme.

Confisqué ! On ne boit pas quand on se bat et si t’es pas content va voir mon époux on verra bien ce qu’il te dira.

Le jeune homme lui lança un regard empli de fureur mais souhaitant éviter les problèmes avec le chef du clan, il préféra se tirer, rapidement. Laura observa Scarlett.

Avec ça on aura assez de boisson pour la soirée. Elle rigola.

Son petit regard méchant à celui-là n’était pas dénué d’intérêt. Elle fit un clin d’œil à sa compagne et but goulument le liquide volé. Puis, pendant un moment de lucidité, elle cria au jeune guerrier qui marchait d'un bon pas.

Sors pas trop tard en taverne, maman Laura va venir te donner une correction. Elle gloussa de plus belle.

Alors quoi de neuf Scarlett ? Toi aussi tu t’accroches pour rester dans le coup… ?

Scarlett regardait amusée Laura embêter le jeune guerrier. C'est vrai qu'il était pas mal du tout. Grand, jeune, beau, musclé, fort, hâlé juste à point ...

Pppfffiiiooouuu Laura, encore un peu de pulque s'il te plait, j'ai une grosse bouffée de chaleur là !!!!

Elle riait à gorge déployée, ce qui ne lui était pas arrivé depuis un sacré bout de temps.

M'accrocher pour rester dans le coup ? Tu parles, je m'accroche pour carrément ne pas crever oui !!!! Mais je dois dire qu'un petit guerrier comme ça, ça te réveille une bonne femme hein !!! Fais voir sa gourde à lui, que je vois si c'est d'la bonne au moins qu'il a chez lui... faudrait pas qu'il empoisonne ses potes à leur faire boire des trucs frelatés ...Doivent être pas mal aussi les potes, faudrait pas qu'ils s'abîment prématurément. ça serait dommage ! C'est que ça peut encore servir !
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[un peu plus loin, près de l'étang]

Cey était assis sur l'herbe, le dos calé a une pierre, il regardait Tao courir partout sa mini massue sur l'épaule, poussant ses cris de petit guerrier, partant a la chasse aux mouches, c'est fou ce qu'il avait grandit depuis qu'il était né en aztéquie.

Zia dormait paisiblement dans les bras de son père, Cey se mit a l'observait, elle était si belle cette petite puce, tout le portrait de sa mère, a cette pensé il se mit a soupirer, elle était si absente, qu'il finissait par se dire qu'il n'avait plus de femme, ce qui semblait visiblement être le cas.

d'un coup un grand SPLASHHHH se fit entendre, il releva la tête pour voir Tao, l'eau jusqu'au genoux tentant de frapper les poissons a coup de massue, celui la il en raté pas une, il le laissa dans l'eau sans le quitter des yeux, quand son fils plongea sa main et la ressorti tenant un gros poisson a moitié assommé.

eh bien bravo fils, tu viens de pêcher ton premier poisson, allez sort de la et vient le poser, on le mangera ce soir au repas.

il lui sourit et le regarda venir vers lui, tenant le poisson, sur son visage on voyait bien qu'il était content de lui, mais a peine Tao avait il posé le poisson qu'il repartit en courant, Cey le regarda sans rien dire, après tout il avait besoin de se défouler.

puis il se mit a penser, a sa vie, un long soupire s'échappa, ses deux mois au conseil l'avait anéanti, comme quoi il avait toujours eu raison en disant que chez certain, le pouvoir rendait fou.

il chassa ses pensés, il avait besoin de s'évader un moment, loin de la pyramide, juste lui et ses deux mioches.
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[Amecameca]

Elle lui tendit la gourde du jeune homme.

C’est de la bonne !

Elle ria, rayonnante comme rarement depuis bien quelques temps !

Oh Scarlett, ils pourraient être nos fils ! Mais qu’est-ce que ça peut faire, nos hommes ça les dérange pas de se consoler dans les bras de gamines ! Pourquoi pas nous !

A trop rire, elle finit par s’étouffer avec un peu de pulque et ne put retenir une toux acre qui la prit soudain. Reprenant son souffle, elle invita Scarlett à s’asseoir sur une pierre au bord de l’eau.

J’ai jamais été une bonne mère ni une bonne épouse, j’ai toujours tout donné à cette province et maintenant je vieillis… on veut l’éjecter la vieille… je comprends !

Elle sourit.

Me reste plus grand-chose… j’ai vu mourir un de mes fils, des amants. Je me suis jamais pour autant arrêtée et je ne les ai jamais pleuré.

Et voila que la vieille radote !

Elle regarda Scarlett.

Drôle de vie… on m’a donné tous les noms ! Mais je suis certaine d’une chose… je ne regrette aucun de mes actes.

Elle but goulument le liquide alcoolisé, appréciant de sentir ses idées vagabonder.

Alors on s’accroche au précipice… en se disant que non… on va quand même pas crever ! ça serait trop bête de leur laisser la voie libre…

Elle rit et se tourna vers Scarlett

Et toi ? Jardo ? Ta famille ?

Elle était souriante mais répondit à Laura.

Rassure toi, moi, j'ai été une bonne mère et une excellente épouse, enfin je pense, bah c'est pareil !!! Virée !!! Jardo s'tait éloigné lorsque j'étais au Tlatocan car il ne voulait prendre le parti de personne, il avait raison, sauf que depuis je n'ai plus jamais eu de nouvelles de lui. Je ne sais même pas s'il est mort ou vif, mes autres enfants sont morts, quant à mon cher mari ... n'en parlons pas !!!!

La morale de l'histoire c'est que bonne épouse et mère ou pas, t'es éjectée quand même !!! Quand la date limite de fraîcheur est dépassée, c'est direction la poubelle !!!

Ceci dit j'ai toujours fait ce qui me plaisait au moment où ça me faisait envie mais bon ... Si cétait à refaire, je recommencerais tout pareil !!

Scarlett suivait Laura pour aller s'asseoir près de l'étang.

On est bien près de l'eau tu as raison .... Dis ? On va pas les laisser nous enterrer vivantes quand même ? si ?
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[Amecameca]

Elle écouta les paroles de Scarlett tout en continuant d’ingurgité du pulque : élixir de jeunesse…

Nous enterrer vivante ?

Elle réfléchit à l’idée, pesa le pour et le contre.

S’oseront jamais nos chers époux, s’osent déjà plus nous toucher.

Elle rit mais on sentait de la rancœur. Elle revoyait son époux écrire à sa dernière promise, sourire niais sur les lèvres. Elle lisait dans ses yeux l’amour qu’il avait pour elle… aussi loin que remontait ses propres souvenirs, jamais il ne lui avait porté autant d’attention. Elle lui avait fait des gosses parce qu’après tout c’était son boulot. La Laura l’avait suivi partout, fait tout ce qu’il demandait, jusqu’à le suivre dans le moindre de ses coups tordus si cher à la famille Loxetla.. Mais jamais, jamais il n’avait eu ne serais-ce qu’une once de tendresse pour sa femme légitime.

Elle se rendit compte qu’elle grimaçait et observa Scarlett.

Non… ils vont pas nous enterrer vivante, je déciderai de ma mort.

Elle n’ajouta pas que son époux se souviendrait de ce jour là ! Mais une lueur étrange se lisait dans son regard. Elle se releva.

Scarlett ! J’ai été heureuse de te revoir… Garde la gourde !

Elle lui montra le pulque.

Et va rejoindre nos jeunes guerriers, ils doivent être suffisamment éméchés pour ne plus savoir ce qu’ils font.

Elle rit de plus belle et salua sa compagne avant de continuer sa route.

Pyramide Loxetla - Amecameca










Peu à peu, il marchait vers sa direction.


Les visions s'étaient intensifiées ces derniers jours, malgré qu'il ait réduit sa consommation de peyotl, Batonnoir ne comprenait décidemment pas le sens caché de ce qu'il voyait lorsqu'il fumait.


Il la voyait: la pyramide construite par Capuccino Loxetla, avant qu'Aeled se décide à en faire une cité un peu plus étendue. La pyramide Loxetla était la plus élevée de toute la région et accueillait, en son sein, le conseil du Tlatocan. Ainsi, c'était à partir d'ici que les affaires étaient menées. Cette pyramide conférait le statut de capitale à Amecameca.



C'était perturbé qu'il se dirigeait vers la pyramide construite par son grand-père. Il savait qu'il n'y avait que là que réponses à ses questions, il trouverait.

Il grimpa la pyramide alors que le soleil se couchait et fixa la ligne horizontale de l'horizon, obnubilé. Il sentait, à cet instant même, ce qu'il allait en advenir. Il sentait que c'était le moment.


La prêtresse-astrologue de la pyramide, en réalité "Langue de pécari", sa fidèle "esclave", en fait pas si esclave que ça. La petite a toujours eu des dons de clairvoyance et la capacité à deviner ce que pensaient les dieux. De tout Tlaxcalla, ça en faisait une personne exceptionnelle...ou une cible de choix. Sa vie avait donc consisté à se cacher.


Vous voilà mon bon maitre. Manq' plus que la vieill' bik


Il grimaça. Il n'aimait pas quand Langue de pécaris nommait sa femme ainsi. Elle, la mère de ses enfants, dont Mittys, l'éphémère seigneur de Tlaxcalla.


Bon, on résume? Seigneurie en lambeaux, aztèques se trimballant en vainqueurs, quelques égos ici qui empêchent l'union, coups fourrés de la famille...


De l'autre côté de l'horizon, la lune se levait. Situés tout en haut de la pyramide, ils pouvaient ainsi contempler le cosmos. Il s'écarquilla les yeux, presque en adoration. Puis intima à Langue de descendre de la pyramide.


Il est temps que Laura vienne, nous avons quelques points à mettre au clair.

[Le facteur sonne toujours deux fois]

Comme dans un rêve….

Une pyramide… enfant elle avait demandé à son père.

Dis Papa pourquoi on fait des pyramides ?

Son père, simple paysan, avait regardé sa petite fille.

Pourquoi ça t’intéresse, c’est pas pour nous les pyramides !

La petite fille était retournée aux champs sans savoir. Mais en grandissant elle avait constaté que ces pyramides avaient diverses fonctions… lieu de sacrifice, passage de vie à trépas, lieu de réunion des religieux et tlatocanis… Elle s’était dit que les dieux devaient entendre mieux depuis là-haut et elle avait envie de leur parler !

Elle avait donc entrepris laborieusement à 13 ans l’ascension de la pyramide… mais s’était vue rattrapée à mi-hauteur par un garde qui lui avait dit :

C’est pas un lieu pour les gamines comme toi ! Rentre chez toi !

Fachée, elle avait rétorqué :

Et toi tu vaux plus que moi peut-être ! Un jour je serai là-haut et personne ne pourra m’en empêcher.

Elle vivait chez les aztèques, son peuple avait été asservi mais l’adolescente n’oublia jamais son rêve.

….

Lauratacc avait reposé sa couronne, dégagée de toute obligation, il était temps pour elle d’affronter ses démons, son démon.

Elle avait entrepris cette ascension, consciente d’être ici exposée et jugée, réalisant que telle une fourmi dans sa fourmilière elle n’était rien.

Le « vieille bique » claqua dans le silence et raisonna à ses oreilles.. une voix de femme.. la voyante

Montant encore, elle l’aperçu dos à elle. Sa formation de guerrière lui permit d’avancer sans bruit. On ne la remarquerait pas, IL était là à sa disposition ! Batonnoir...

Elle était proche de lui. Elle aurait pu se venger, laisser parler sa colère et sa rancœur mais elle ne put.

Ils avaient tout partagés ensemble, grâce à lui elle était devenue quelqu’un. Sans lui elle serait restée paysanne à jamais. Elle lui devait trop !

Elle le frôlait, elle pouvait entendre sa respiration régulière. Lauratacc prit son souffle et lui dit :

Tu voulais me voir… ?

Tu voulais me voir...?



Sa femme était parvenue au sommet de la pyramide, en gravissant les marches une à une. Batonnoir était dans un état frôlant la quatrième dimension: il avait fini tout son stock de peyotl et se sentait différent, un peu comme un être surnaturel. Il voyait lauratacc en double, et se demanda secrètement si elle avait une soeur jumelle.


Tu es en retard


Il fixa l'une des deux images en espérant que ce soit la bonne.


Avant que tu ne t'exprime, j'ai quelques injonctions auxquelles je te somme de me répondre!

Il est de notoriété publique maintenant que tu m'as trompé avec kusco, te souviens-tu? Et il paraitrait maintenant que tu as remis le couvert avec....*roulement de tambours* avec Alexius...


Sur sa face, une mine dépitée. Un dégoût profond se faisait sentir sur son visage, une impression de trahison.


Tu as donc profité de moi, de ce que je pouvais te procurer, d'un statut social inégalé. Tu as ensuite été faire mumuse à droite à gauche, volant d'homme en homme selon tes humeurs.... féminines!

La femme doit rester à la place qu'est la sienne: à la maison, à élever les enfants, à faire la cuisine, à faire le ménage!

Bon cette dernière t'es dispensée, nous avons toujours eu des larbins pour faire le travail. Mais tu dois bien avouer que...tu me dois tout!


Il ricana. Il sentait la folie monter en lui. La Lune brillait haut désormais dans le ciel nocturne.


Notre éternel règne au tlatocan...jeu de dés pipés ahah....sans moi, tu ne serais pas allée loin.

Tu sais, il faut être très intelligent pour se manoeuvrer auprès d'une bande d'imbéciles qui ne comprennent rien à rien, à qui il faut toujours tout expliquer. Une bande d'ingrats qui te crache au visage dès qu'ils se sentent pousser des ailes et croient que tel un oisillon, ils peuvent s'élancer de l'arbre pour faire leur premier vol mouahahah...


Il donna un coup de coude à langue de pécari, qui se mit elle aussi à rire. Sans s'arrêter.


Et personne...*rire de folie* et personne se demande pourquoi l'Occident est si fort, si puissant, inégalable, alors que toutes ses voisines ont connu et connaissent le chaos! Ahah...les pécaris répondront cohésion du peuple et d'autres balivernes qui sont autant de couleuvres que le peuple avale volontier pour flagorner dans les ruelles!


Il finit de rire. Moment de vérité.


Une nation ne se construit pas en deux jours, ni avec des bons sentiments. JE SUIS celui qui a donné à l'Occident ses lettres de noblesse, celui qui a découvert le Tonalamatl et l'a conservé et toi Lauratacc, par tes frasques, tu me craches dessus!


Il était ivre de colère. Ne se sentant plus, ses yeux s'ouvrirent en grand et Batonnoir entra en transe.

Je te dois rien….

La voix de Laura était sifflante, elle tremblait.

Je t’ai trompé… et encore tu n’as aucune idée de tous les hommes qui sont passés dans mon hamac mais je ne regrette aucun !

Elle le regarda avec déception.

Je t’aimais !

Elle se tut attendant une réaction.

Mais tu m’as détruite….

Quand je t’ai épousé, j’étais prête à être cette femme parfaite ! Je me faisais belle pour toi, me fardait et t’attendait chaque nuit… désespérément !

T’as juste daigné poser les yeux sur moi pour que je te fasse deux fils !

Elle baissa les yeux se rappelant de la brutalité de son époux. Elle tenta de cacher son trouble.

Mais la tendresse c’est à tes esclaves que tu l’offrais ! Esclaves qui riaient de moi !

J’en ai eu marre d’espérer, d’attendre… j’étais jeune et j’avais des besoins…

Elle sourit aux souvenirs de ces hommes qu’elle avait séduits… Elle sentit son corps être traversé de désir et elle releva les yeux sur Batonnoir… et si… et si elle lui faisait mal comme il lui avait fait mal ! Comment pouvait-elle le désirer alors qu’il lui crachait ces horreurs aux visages…

Ta… nouvelle victime… connait tes penchants ? Tu lui as dit que t’irais rarement rejoindre son hamac préférant ceux de tes esclaves particuliers ? Qu’elle aurait la joie de voir les attentions et démonstration d’amour que tu leur offres pendant qu’elle-même souffrira à t’attendre et espérer de ta part de la tendresse ! Tu lui as dit que tu l’aimais pas et l’aimerais jamais mais que tu veux simplement te servir d’elle !

Elle cracha devant lui et rigola.

Mais… tu as raison pour une chose ! Tu m’as donné le statut dont je rêvais ! Je suis devenue tlatoani grâce à toi…

Tu ne me manipulais pas… je t’ai simplement utilisé ! Comme cette foutue famille pourrie…

Elle ria de plus belle.

Tu le pensais pas hein… t’espérais avoir une femme suffisamment faible qui se laisserait utiliser ! Mais ouvre les yeux… Regarde ! Moi on me respect ici ! Mais toi….

Elle voulait le faire souffrir

Tu n’es plus rien…

Et je suis ravie de te cracher dessus.

Pourtant Lauratacc souffrait. Elle ne le lui dirait pas, mais elle le respectait, l’aimait…..

Des mots qui résonnèrent comme la mort. Des frissons montèrent en lui. Des frissons d'excitement, dus à la colère, et aussi car il entrait à ce moment même en transe. Tout se confondait, mais l'homme était...méconnaissable.


Petite..p..profiteuse. Tu aimes ça hein, utiliser les gens?


Il reparti en fou rire. Langue de pécari, elle même, recula.


Les femmes? Toi? Mais sais-tu pourquoi je t'ai fait deux fils? Tu sais, HEIN! J'ai été obligé par mon père à te...copuler...J'ai été obligé à me marier avec TOI! Je t'ai supporté tout ce temps, et voilà comment toi, tu me remercies, tu remercies ma famille!


Son regard se figea. La couleur de ses yeux tourna au rouge sang.


TU devrais me bénir CHAQUE JOUR de ta misérable vie pour tous les bienfaits que je t'ai apportés! C'est MOI qui t'ai sorti de ta routine plan-plan, de ta vie à la pente raide mouahahahah


Tout à coup, retournement de situation. Il s'approcha rapidement de Lauratacc et la saisit par le cou.


Je vais en finir avec tout ça...Je vais en finir avec toi...Le monde s'écroulera une fois que ce sera terminé...Car je suis TOUT...Je suis le roi-dieu SOLEIL!

Ses mains plongées sur le cou de Lauratacc, le couple s'avanca tout doucement vers les marches du sommet de la pyramide...

Et voila qu’il lui faisait le coup de la transe… je suis le roi nianiana, le plus beau et re nianiana…. Typique ! Monsieur n’affronte pas le conflit conjugal, monsieur évite d’assumer ses paroles alors inévitablement monsieur se met en transe avec l’espoir de l’impressionner.

Tu vas quand même pas me refaire encore le coup des yeux injectés de sang ! A chaque dispute j’y ai droit… Gamine encore ça m’impressionnait mais maintenant…

Elle rigole franchement.

Lui et ses transes… transes de rien du tout d’ailleurs ! Simplement une consommation trop importante de peyotl, pulque ou dieu sait quoi encore !

Laura se retourna vers langue de pécaris. La femme avait peur ce qui accentua encore son fou rire…

Ah non ! me dis pas qu’il te fait peur ! Y a vraiment plus de guerrier dans ce pays !

Puis se tournant vers son mari qui toujours s’acharnait à lui faire peur, Laura lui répondit :

Copuler est effectivement le bon mot… on peut pas franchement dire que tu m’aies fait découvrir la tendresse et l’amour, heureusement que d’autre y ont remédié ! Je me demande même si tu sais ce qu’est la tendresse… mais il est vrai que j’ai pas les attributs que tu recherches.

Elle le regarda durement puis rit de plus belle, mais Batonnoir s’avança brusquement et la chopa à la gorge. Elle n’avait pas vu le coup venir…. Il lui sembla que la force de son mari était décuplée, ses doigts s’étaient refermés sur son cou comme une serre d’aigle. Elle tenta de ses mains de le repousser, le griffant au visage mais il ne lâcha pas, resserrant d’autant plus sa prise.

Elle eut peur de son mari…

Elle n’avait plus connu cette peur depuis bien des années… depuis le jour ou il l’avait prise de force… toujours pendant une de ses transes.. qui avait conduit à la conception d’un certain Mittys… Elle se souvint de la douleur, il voulait la faire souffrir, elle l’avait lu dans son regard. Une fois l’acte fini, il l’avait laissée là. Elle avait saigné, vomit, pleuré ne comprenant pas pourquoi il ne voulait pas d’elle. Elle était jeune, trop jeune peut-être, mais elle s’était jurée que, plus jamais, il n’arriverait à prendre le pouvoir sur elle.

Pourtant…

Il serrait, elle sentait l’air lui manquer… elle ne voyait plus clairement, sa force diminuait. Il en profita pour l’entrainer

Laura incapable de tenir sur ses jambes, sentait la pierre des marches lui érafler les jambes. Elle avait mal, mais aucun son ne sortait de sa bouche…

En haut, il la contempla, elle lut de la haine dans son regard. Elle, elle sentait des larmes couler sur ses joues…

Lache moi…

Elle redoutait le pire... Laura ne voulait pas mourir… elle voulait encore profiter des plaisirs de la vie ! Elle ne voulait pas quitter les personnes qu’elle aimait.

Mais Batonnoir la tenait toujours….