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première vraie nuit de noce (voir livre associé)

[RP] Morale, Conscience et Devoir

Phelipe
Honoré de Balzac a écrit:
Le sort d'un ménage dépend de la première nuit. [...] La femme mariée est une esclave qu'il faut savoir mettre sur un trône. [...] (Elle) est un délicieux instrument de plaisir, mais il faut en connaître les frémissantes cordes, en étudier la prose, le clavier timide, le doigté changeant et capricieux.


Seize heures à supporter ce brouhaha incessant, ce tracas permanent d’une perfection irréalisable au profit d’invités habitués au faste des repas luxueux. L’idée même que les roturiers se font des privilèges de la noblesse : les banquets de mariage, les banquets de baptême, les banquets de réception… Manger, avaler, ingurgiter, dévorer, bouffer, engloutir, croquer dans tous ces mets et plats dont on aura oublié jusqu'à la forme le lendemain au matin. Un repas de plus, pour un mariage de plus.

A la lumière des chandelles, ils montaient les escaliers en direction des chambres. Devant, la camériste tenait une large lanterne d’intérieur. Suivait Umiko, Phelipe et enfin Maurin, qui rapportait de la salle des réjouissances les cadeaux faits au couple. Comme si le silence était resté trop longtemps muet, et qu’il rattrapait les heures que lui avait emprunté le bruit, personne en disait mot. La fatigue des serviteurs était évidente, mais le vicomte s’interrogeait sur le mutisme quasi funeste de sa femme depuis la conclusion du festin.

Les effets de la boisson s’étaient peu à peu estompés et les idées de Phelipe se remettaient doucement en place. Les souvenirs confus mais récents d’une journée qui marquerait à jamais sa vie repassaient inlassablement devant ses yeux. Mais de minutes en minutes, certains arrières plans se précisaient, des détails resurgissaient des scènes qu’il n’avait alors pas comprises. L’hésitation d’Umiko, la douleur, le sang. Il en savait suffisamment, sans en connaitre les aboutissements, pour savoir que la première fois d’une femme est un évènement au-delà de la symbolique, qui la marque en sa chair pour le restant de ses jours. Pourtant, les yeux embués par l’alcool, les idées brouillées par l’abstinence, il n’avait porté que peu d’intérêt aux sentiments de sa partenaire, à la fragilité de la confiance naissante entre eux. Elle ne s’était plaint, agissant en son devoir d’épouse de satisfaire son mari.

Etait-ce la réalité de leur relation ? Son rôle de chef de famille lui interdisait-il de considérer le plaisir d’Umiko ? Quelle étrange ironie. Il avait passé des années dans des quartiers mal famés à se bâtir une sulfureuse réputation, se voulant le chevalier des nuits de ces dames, et face à celle qui s’était unie à lui devant le Très Haut, se contentait-il d’obéir au modèle du chef de famille défini par des conventions discrètes de la noblesse.

Mais parlait-on de telles choses avec personne de bonne condition… L’acte de procréation est exempt de péché tant qu’il se contente de chercher à donner la vie. Le plaisir de l’homme peut être conséquent à l’acte, mais celui de la femme gagne à être évité. Du moins c’est ce qu’apprennent les religieux aux fidèles qui s’interrogent. Mais la gourmandise est tout autant péché, ce qui n’empêche pas ces goinfreries collectives d’avoir lieu. Le respect des vertus semblait soumis à une étrange règle de tolérance incalculable et inavouée

Il irait se confesser, cela faisait déjà bien longtemps déjà. Pour l’heure, une nouvelle épreuve l’attendait : la première nuit avec son épouse.

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Umiko
La fin du banquet, le début de la première nuit qu’elle partagerait avec son époux. Arrivée dans la chambre, Umiko ne put s’empêcher de penser que c’était là, le lieu où… Alors qu’elle suivait la camériste, Phelipe à sa suite, elle n’avait pas prononcé un mot. Fatiguée, sa voix l’aurait certainement trahie et, si elle était seulement amenée à évoquer ce qui la préoccupait, elle préférait que ce soit le cas en comité très restreint, juste elle et son époux. Une fois arrivée dans la chambre, elle se rendit dans une pièce attenante à la chambre, où la camériste défit les tresses et les maints lacets de la robe de mariée d’Umiko. Lorsqu’elle considéra qu’elle n’aurait plus besoin d’aide pour finir de se dévêtir, Umiko remercia la camériste et l’autorisa à aller se reposer.

Une fois seule, elle eut un petit soupir en regardant la baignoire remplie d’eau tiède préparée à son intention, y entra doucement et effaça les traces de ce qui s’était passé quelques heures auparavant. Si son corps était tout à cette tâche puis à celle de se sécher et de passer sa chemise de nuit, son esprit lui se remémorait certains passages à propos du mariage.


Citation:
Le mariage est indispensable à l'amour incarné, car il fonde une communauté de vie qui débouchera sur la mise au monde d'enfants et la fondation d'une famille, afin de rendre présente la fécondité de l'amour. C'est un engagement ferme et fort, dans lequel les époux se promettent de lutter ensemble contre les germes de haine et de désordre, par delà les difficultés de la vie quotidienne.
[…]
La sexualité est le moyen choisi par Dieu pour rendre présente sur terre la fécondité de l'amour, pour assurer la fondation d'une famille unie et pour souder par les gestes intimes l'affection des époux.
Cette sexualité ordonnée ne doit pas aboutir à des dérèglements ou la satisfaction bestiale des sens prendrait le pas sur la volonté d'exprimer l'amour commun et de le transmettre à une possible descendance. Le premier but du mariage reste donc de participer à la création divine par la mise au monde d'enfants. Contrevenir à cela serait saper les fondements mêmes de l'amitié aristotélicienne dans le mariage.


Il leur fallait désormais, à Phelipe et elle, concevoir un enfant (au moins). N’était-ce pas le plus grand devoir d’une épouse ? Mais… serait-ce toujours ainsi ? Des sensations plaisantes suivies d’une autre… beaucoup moins plaisante ? Que ne s’était-elle renseignée avant... Mais si les femmes pouvaient également tomber dans la luxure, c’est qu’il devait bien être possible d’éprouver du plaisir à un point que cela rendait la douleur négligeable, non ? Hum… pas forcément très réconfortante comme pensée.

Et il y avait ce silence pesant qui les avait accompagnés jusqu’à la chambre. Avant ce jour, elle n’avait pas souvenir d’une fois où le silence avait été pesant en présence de l’homme qui était désormais son époux. Cela resterait-il ainsi ? Si elle avait accepté en son âme et conscience d’épouser Phelipe, ce n’était certes pas pour que leur mariage et les devoirs qui l’accompagnaient fassent obstacle à l’amitié et la complicité qu’ils avaient développée ces derniers temps. Une petite voix dans son esprit lui disait qu’elle devait être au moins en partie (si ce n’était totalement) responsable dudit silence. A force d’être troublée par ce qui était arrivé, Phelipe avait certainement ressenti qu’elle n’était présentement pas vraiment dans son état normal…

Gifle mentale, sursaut de conscience : « Voyons Umiko, ressaisis-toi un peu. Vas-tu rester passive face à la situation présente ? Bon, tout ne s’est pas passé comme tu pouvais l’espérer, et alors ? Est-ce une raison pour laisser s’installer un certain malaise entre toi et Phelipe ? Non ? Alors agis en conséquence. »

Cette pensée s’imposa à son esprit alors qu’elle finissait de brosser sa longue chevelure miel qui gardait par-ci par-là quelques mèches plus ondulées que d’autres, traces des tresses qui les avaient maintenus ensembles la journée durant. Respirer profondément… Un coup d’œil dans un petit miroir, le soulagement de voir le reflet d’un regard qui lui correspondait plus que celui qu’elle devait avoir lorsqu’elle était entrée dans la pièce, il était grand temps d’aller retrouver Phelipe.

Et il était là, son ami, son époux, désormais son amant. Lui aussi avait apparemment quelque chose qui lui occupait l’esprit et le fait qu’il ne la regarda pas dans les yeux lorsqu’elle entra dans la chambre…


-« Mon ami, si vous le voulez bien, j’aimerais que nous discutions un moment… sans artifices ni pudeur. Nous avons uni nos vies aujourd’hui alors oui notre relation devra évoluer en conséquence, mais je refuse qu’un quelconque malaise s’installe entre nous ou que nous cessions de deviser comme avant, en toute franchise. Aussi, je vous propose de me dire ce qui vous préoccupe ou me demander ce que vous voulez et j’en ferai de même. Qu’en pensez-vous ? »

Alors qu’elle parlait, elle s’était approchée de lui, rivant son regard dans le sien et attendant sa réponse.
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Phelipe
Elle était partie prendre un bain dans une pièce voisine. A cette époque de l’année, l’humidité dégagée par les bacs d’eau chaude était néfaste à la santé. L’air se chargeait de vapeur pour ensuite se loger dans les tissus et les matelas de la chambre. Aussi encore pour quelques mois, se lavait-on dans la salle exposée plein sud, au premier étage du château. Lui s’était contenté de se nettoyer rapidement, à l’eau juste tiède, et il flânait maintenant autour de la couche conjugale, laissant ses gestes lents et mous lui faire gagner du temps, patientant pour le retour de sa femme. Il s’était mit en tenue de nuit, mais ne voulait se coucher avant qu’elle ne revienne. S’il s’allongeait maintenant, il n’oserait plus faire un mouvement en sa direction. S’il restait debout, elle pourrait prendre peur, se sentant tel une proie piégée par son prédateur jamais rassasié.

Non, la meilleure solution était encore de faire mine d’être tout juste prêt à se coucher au moment où elle franchirait le seuil de la chambre. C’est tandis qu’il s’arrangeait machinalement les boutons de la manche de son chemisier qu’il revint enfin. Elle semblait un peu plus vivante que l’heure passée. L’eau avait ce pouvoir de purifier tant le corps que le cœur.

Mais il n’eut pas le loisir de disserter plus longtemps sur les vertus thérapeutique des liquides sur l’organisme. Umiko avait déjà entamé la conversation.


Citation:
-« Mon ami, si vous le voulez bien, j’aimerais que nous discutions un moment… sans artifices ni pudeur. Nous avons uni nos vies aujourd’hui alors oui notre relation devra évoluer en conséquence, mais je refuse qu’un quelconque malaise s’installe entre nous ou que nous cessions de deviser comme avant, en toute franchise. Aussi, je vous propose de me dire ce qui vous préoccupe ou me demander ce que vous voulez et j’en ferai de même. Qu’en pensez-vous ? »


Sans artifice ni pudeur ? Les mots étaient justes.


-« L’esprit contrôle-t-il toujours le corps ? Suis-je habité du péché ? Ou nos religieux sont-ils juste méconnaissant, frustrés et inapte à comprendre certaines choses ? Vous fait-je peur ? »

Sa voix était mal assurée, et il s'assit, afin que nul ne voit ses articulations trembler. Un vieux démon du passé s'était réveillé aujourd'hui, un démon qui sentait l'alcool et les femmes.
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Umiko
Citation:
-« L’esprit contrôle-t-il toujours le corps ? Suis-je habité du péché ? Ou nos religieux sont-ils juste méconnaissant, frustrés et inapte à comprendre certaines choses ? Vous fait-je peur ? »


Peur ? Non, elle n’avait pas eu peur… Elle s’en voulait plutôt à elle-même.

Habité du péché ? Comment pourrait-elle le juger ? Elle ne l’avait pas connu pendant la période où il avait goûté à la chair et au vin, apparemment plus que de raison. L’homme qu’elle avait appris à connaître et à apprécier n’était en rien habité du péché pour elle. Et puis ils n’avaient pas abordé cet aspect du passé de Phelipe pendant leurs discussions passées. C’était un pan de sa vie qu’il avait choisi de tourner aussi avait-elle fait le choix de respecter sa volonté et de ne pas remuer les démons du passé.

Umiko n’était pas habituée à entendre une voix mal assurée sortir de la bouche de son époux. Le sujet qu’il venait d’aborder avait certainement de l’importance pour lui, peut-être qu’il n’avait pas encore réussi à tourner totalement la page finalement…


-« Si vous me faites peur ? Non, ce n'est pas le cas. Devrais-je craindre quoi que ce soit ? »

Elle s’assit alors à côté de lui et posa une de ses mains sur les siennes tandis que son regard ne lâchait pas le sien. La vérité, voilà tout ce qu’elle pouvait lui donner, et peut-être qu’exprimer ce qu’elle ressentait à voix haute l’aiderait elle aussi à y voir plus clair.

-«Mais je ne vous mentirai pas en vous disant que l’alcôve dans laquelle nous a enfermé votre mère était l’endroit auquel je rêvais… Elle a sciemment réuni des tentations de votre passé et je ne puis me mettre à votre place et comprendre ce que vous ressentiez alors. Toutefois il est certain que j’ai ma part de responsabilité. »

Elle ajouta plus bas, presque dans un murmure.

-« Auriez-vous préféré que je vous repousse ? Vous me demandez si l’esprit contrôle toujours le corps ? Mais si l’esprit est indécis ? Une partie de moi aurait préféré attendre le moment que nous vivons actuellement, seuls dans notre chambre, mais une autre partie…*elle rougit alors et détourna un instant son regard* souhaitait que vous continuiez. C’est pour cela que j’étais troublée, je…*Elle prit une inspiration et le regarda alors de nouveau.* Vous m’avez fait découvrir des sensations qui m’étaient jusque là inconnues et mon indécision ainsi que... ma réaction ensuite m’ont surprise. Je ne me connaissais pas ainsi. Et puis…(sur la fin…), elle baissa alors le regard, je ne peux m’empêcher de penser que vous avez certainement été déçu et que j’ai dû vous sembler bien maladroite. »

Elle se tut alors, un peu gênée par ce qu'elle venait de dire.
Phelipe
Quel meilleur moyen pour flatter et rassurer un homme que de le placer en victime de l’histoire ? D’autant que les murmures timides et les joues empourprées de la Vicomtesse laissaient peu de doute sur la sincérité de ses révélations. Ragaillardi par ces paroles, le jeune marié se décida à prendre pour vérité les explications de son épouse et laissa de coté ses considérations existentielles.

Et s’il n’y avait en réalité qu’amour pieux dans l’amour-pieu? A la condition expresse de rester fidèle, l’Homme n’était-il assez évolué pour mettre de coté ses appétits bestiaux au profit d’une passion intemporelle ?

On doit se nourrir pour manger mais la gourmandise est un péché. Nul cependant n’interdit de préférer un plat succulent à une soupe passée de plusieurs jours…

-« Vous êtes une épouse exemplaire, et je me félicite d’avoir unis ma vie à la vôtre. Je vous prie de me pardonner pour mes divagations bien égoïstes et éloignées de mes devoirs. »

L’opposition morale de Phelipe s’était maintenant totalement dissoute, et son choix était fait.

-« Je crois que nos enfants gagnerons à naître d’un plaisir plus que d’un moyen, et certainement que notre relation conjugale n’y sera point perdante… Mais n’ayez crainte Umiko, le temps ne nous fait défaut.»
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Umiko
Phelipe a écrit:
-« Je crois que nos enfants gagnerons à naître d’un plaisir plus que d’un moyen, et certainement que notre relation conjugale n’y sera point perdante… Mais n’ayez crainte Umiko, le temps ne nous fait défaut.»


Ainsi elle ne s’était pas trompée, son époux avait connu… mieux comme relation. Cela n’était pas très étonnant aussi, considérant la sulfureuse réputation qu’il s’était forgé par le passé. Et de toute façon, elle, à côté, totalement inexpérimentée, comment, par Aristote, aurait-elle pu le combler tout en lui offrant sa défloraison ? Et puis…

-« Mon cher et tendre époux, il est peut-être un peu tôt pour me qualifier d’épouse exemplaire alors que cela fait moins d’une journée que nous sommes unis, » dit-elle avec un petit rire. « Non, je ne suis qu’une simple femme qui pense que si la relation qu’elle partage avec l’homme qui est devenu son époux peut s’épanouir jusque dans les moments les plus intimes qu’ils partageront, cela ne pourrait être que bénéfique. Nous avons bien évidemment des devoirs à remplir, aussi, autant le faire de bon gré et avec plaisir si cela est possible, vous n’êtes pas d’accord ? »

Elle se leva alors, fit face à Phelipe et ajouta, sur un ton taquin :

-« Désormais, mon doux seigneur, je m’en remets entièrement entre vos mains… expertes. Si vous daignez m’enseigner votre art, ne doutez pas que je serai votre élève la plus assidue. »

Sur ces paroles, elle lui fit une révérence moqueuse, sans le lâcher des yeux.
Phelipe
EPILOGUE

Si l’histoire, toute prude qu’elle soit, ne raconte pas les détails des nombreuses nuits qui suivirent le mariage de la vicomtesse Umiko de Prume et du vicomte Phelipe de Saunhac, les murmures de couloirs véhiculèrent d’étonnantes rumeurs, et le bouche à oreilles des servants du château se révèle à lui seul trop indécent pour être rapporter entre ses lignes.

Maurin s’amusait à répéter lorsqu’il savait ses maîtres loin des lieux, qu’il n’eut jamais connu d’époux plus désireux d’engendrer héritiers que ceux là.

Un jour d’hiver où le gel rendait hasardeuse la pratique des terrasses de pierre entourant la demeure, un audacieux (bien que forcé) médecin vint au chevet de la dame. Tous ici attendaient l’évènement avec une fébrilité sensible, transmise par la sujette au reste de la maison. Son diagnostic ne fût point loin à s'établir.


-« Vous êtes enceinte, Madame la Vicomtesse, de trois mois »

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