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Info:
Acteurs : Zazănilli, Ozomatli et Prune.

[RP] On recherche... "Un gars bien".

Zazanilli
Cette affaire l'avait ruinée. Déjà qu'elle n'était pas bien riche... Mais elle l'avait si bien planifiée en Aztéquie -il n'y avait là-bas que ça à faire- qu'elle se devait de la conduire à bien. Histoire de pouvoir se dire qu'elle n'avait pas passé ces semaines à ne rien faire, hormis éviter les sujets fâcheux avec Géricault, et prendre un calpulli.

Budget restreint implique moyens restreints. Les annonces détaillées qu'elle s'était imaginées s'étaient donc réduites à quelques mots (économie de parchemin !) et le vieil homme pouilleux qu'elle avait envoyé en Occident promulguer la nouvelle n'avait certainement pas les qualités d'un vaillant messager, mais il ferait l'affaire.

Pour l'Orient, son choix s'était arrêté sur un gamin crasseux à qui les quachtlis feraient grand bien, et qui s'excitait à l'idée de parcourir la province en distribuant donc les petites bouts de papier, sur lesquels on pouvait lire :

Citation:
On recherche !
"Un gars bien".
Contacter Zãzanilli.



La jeune fille avait donc fabriqué une sorte de table branlante -un chef d'œuvre !- ainsi que trouvé une caisse qui ferait l'affaire de siège. Installé le tout en place principale, elle était prête.


- S'cusez ma p'tite, vous gênez, vous et votre barda !


Elle se retourne, plante ses prunelles noires dans ceux de l'inconnu qui l'interpelle, et d'un ton très convaincu :

- J'ai payé ma place, triple idiot de pécari rasé ! Va t'plaindre au calpulli, si ça t'déranges ! J'bougerai pas d'un poil de moustique !


Zãzanilli est une menteuse très douée. Se désintéresse de l'homme qui la regarde maintenant l'air ahuri, pour chercher des yeux la gosse, celle pour qui elle fait toute ces histoires. Ah, la voilà.


- T'as préparés tes poux ? On en donne à ceux qu'ont pas l'air trop timbrés, histoire qu'ils aient pas trop peur de nous - si, il parait que j'fais peur -, on sait jamais.
Bon, t'es prête ?


La jeune fille s'éclaircit sa voix, avant de tenter de se faire entendre des gens qui passent.


- Ho ! Hum. Ho !
J'suis Zãzanilli. Oui, celle des p'tits papiers, celle-là même, oui, c'était une merveilleuse idée que ces annonces, je sais !

Donc, j'cherche une sorte de "Gars bien", voilà. Capable de supporter la gamine que voici.
Elle désigne la petite. Travail rémunéré !

C'est elle qui payera... Si elle trouve l'homme qu'il faut ! Elle a, dans le ciboulot, une liste de questions in-dis-pen-sa-bles auxquelles les prétendants au poste se devront de répondre, pour les départager... Mais départager un groupe à l'effectif inférieur à un consiste en une tâche assez ardue. Parce que pour l'instant, elles n'ont guère de succès.
La Décap' se retient d'insulter ceux qui la regarde fixement sans se décider à lui parler, opte plutôt pour un chuchotement à l'oreille de la Prunette :


- Si on s'met à danser, ça va en attirer, t'penses ?

_________________
Prune
Tri d'poux.
Boîte numéro 1, check. Boîte numéro 2, check. Boîte numéro 3... Check ! De la boîte avec les poux vivants près à être tués, en passant par ceux tués près à être caramélisés, puis ceux caramélisés tout court, Prune est organisée et ca s'voit. Mais n'ayez crainte, c'est seulement la dernière boîte qui sera mise à disposition, celle prête à être présentée aux n'oeils des gourmands et portés à leurs bouches. Quoi que Prune les aime nature. Toute façon, c'est son sang qu'elle mange, avec en bonus, des protéines. Son élevage la nourrit, pas entièrement, mais grâce à celui-ci, elle a pu survivre, une fois, y'a longtemps.
Ca s'reproduit vite ces bestioles, ca démange, ca gratouille, ca chatouille et ca pique parfois. Ils viennent se loger juste derrière les n'oreilles, au niveau de son occiput, de sa nuque, vers ses tempes... Mais chez Prune, vu qu'elle a une tignasse pas possible et que c'est un élevage, ben elle a permis le logement sur toute sa tête.


- T'as préparés tes poux ? On en donne à ceux qu'ont pas l'air trop timbrés, histoire qu'ils aient pas trop peur de nous - si, il parait que j'fais peur -, on sait jamais.
Bon, t'es prête ?


Prunette pose sa boîte numéro 3 en évidence et écrit une petite pancarte qu'elle met devant.

Citation:
PoUs. pour mangé si vous avé fin.

Fière de sa petite pancarte, elle sourit à sa Décap'. Oué, j'suis prête !

Elle avait fait attention de se laver la figure avant de venir, parce que la route ça fait de la poussière et pis la poussière ça se colle sur la figure et pis oui, c'est sale. Mais bon, ca aide à bien s'camoufler quand on est sur les ch'mins. Surtout la nuite. Et pis sans la crasse, ca fait ressortir ses n'oeils marrons, nickel pour séduire.

Se tenant droite, ses p'tites mains dans l'dos, elle attends en se balançant doucement d'avant en arrière en souriant et clignant des n'oeils aux inconnus qui passent.


Un pou, t'y veux ? Gratos ! Gratos qu'il est mon pou caramélisé !

Puis à d'autres :

J'suis la reine des poux caramélisés, t'y veux pas m'épouser ?

Prune se marre intérieurement en voyant la tête des gens, mais tente de rester impassible au dehors. Oui, c'est du sérieux.

[...] j'cherche une sorte de "Gars bien", voilà. Capable de supporter la gamine que voici. Travail rémunéré !


Oué, c'est vrai, depuis quelques temps, elle devient un peu teigneuse. Surtout d'puis que sa soeur a rejoint les Dieux. Et puis elle grandit la p'tite, y'a pas à dire. Les centimètres, elle en prend et vite. Les hormones commencent à la travailler aussi.

- Si on s'met à danser, ça va en attirer, t'penses ?


Danser ? Oué, ca, y'a pas d'problème, elle sait y faire. Elle a apprit sur l'tas, en observant. Et pis avec la musique, ca va tout seul. P'ti popotin à gauche, p'ti popotin à droite, et hop, on claque des doigts. Facile.

Oh qu'oui que ca va attirer du monde ! T'as un instrument d'musique ? Un sac de haricots secs ? Un récipient pour taper d'ssus ? Comme ça, ça résonnera dans les ruelles et pis ca ameutera l'monde et les mâles ! hihi !
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Soeur de Kalamité, fille de la Vieille Pouchka
"In otin ihuan in tonaltin nican tzonquica"
Ozomatli, incarné par Zazanilli


L'orient.
Un immense terrain de chasse inexploré.

L'éphèbe avait accompagné une caravane de marchands, suivit par deux esclaves femelles ainsi que son lama blanc, qui répondait au nom de Saphi. Le voyage s'était passé sans encombres, exception faite des crachas incessants du lama, et des habituelles rebellions de l'esclave muselée. D'ailleurs, ces deux là s'entendaient à merveille.

Ils ne s'étaient pas attardés dans les villes qu'ils avaient traversées, prenant juste le temps de dormir dans des abris de fortune et s'arrêtant dans les marchés pour trouver de quoi se sustenter. Quatre jours de marche s'étaient ainsi écoulés, sous la ronde brûlante du disque solaire.

Enfin ils arrivèrent dans l'Autre Province.

Le jeune mexicatl ne cessait d'arrêter les passants pour leur poser une question récurrente : Où se trouvait celle qu'on appelait Zãzanilli ? Au fur et à mesure qu'il avançait, les réponses se faisaient plus précises : il y avait de l'argent à gagner, il était question d'une fille, l'affaire semblait facile. Ozomatli avait un don pour renifler les richesses, il avait ça dans le sang. Là en l'occurrence, un délicieux fumet de quachtlis venait lui chatouiller les narines...
Ce Singe là ne vivait que pour l'or.
La nature l'ayant doté d'un physique faible, il ne pouvait accomplir de tâches monumentales. Mais il était rusé comme un chacal, et savait se servir de sa tête de stratège pour exercer tous type de métiers lucratifs. Il vendait tout ce qu'on proposait de lui acheter. Jusqu'au corps que les dieux lui avaient façonné.

Il se remémorait souvent les sages paroles d'Acatla, riche bienfaitrice qui l'avait entretenu : "Trouve-toi une femme qui a des diamants aux oreilles, use de ta beauté pour l'épouser et vis à ses dépends.".
Mais les princesses ne couraient pas les rues, et encore moins les rues que fréquentaient Ozomatli. C'est pourquoi il avait vu comme une aubaine cette pluie de papiers, soufflés par une inconnue mystérieuse à la recherche d'un compagnon. A en juger par les moyens déployés pour trouver le mâle idéal, c'était à n'en pas douter une reine orientale, une déesse à la jupe d'or, terriblement esseulée... à qui il devait porter secours.

La joie inondait son esprit.
Il plongea ses mains dans l'eau d'un puits et s'en aspergea le visage pour se décrasser de la poussière du voyage. Il ordonna à l'Esclave Pure de lui démêler les cheveux, puis frotta ses dents avec une branchette fibreuse et passa une huile fine sur ses épaules. Une coupelle d'eau lui renvoya l'image d'une tête jeune aux traits aussi doux que ceux d'une femme, sabré par deux yeux rieurs et sournois.

Il attacha le lama ainsi que les deux esclaves l'entrée d'une taverne, suivit une dernière indication et se rendit sur la place du Clan.

Perdu au beau milieu des étals où se pressaient les acheteurs et les caissons de marchandises bariolées, il pensa ne jamais parvenir à son but.


... Travail rémunéré !

Il percuta la bedaine d'un homme en se retournant. Après avoir essuyé une pluie d'injures, il put se dégager de la masse et se présenter au comptoir. Le temps de reprendre son souffle, il s'appuya sur le bord de la table et articula :

C'est toi.. Zãzanilli ?

Redressant la tête, ses yeux vifs passèrent de la femme qui lui faisait face, à la gamine boudeuse qui l'accompagnait. Il attendit la réponse, sceptique, sur le point de reprendre sa recherche ailleurs. La princesse ne devait pas être loin...

Zazanilli
- Un truc pour taper d'ssus, euh, ouais !

La jeune fille tourne dans tous les sens, vite, quelque chose... Ah, si seulement elle avait le huehuetl du Géant ! Eh bien non, elle ne l'a pas. Alors, elle claque maladroitement dans ses mains, avant d'abandonner complètement. Danser sur cela est humiliant. La Vérole est habituée à bien mieux. Et se promet d'acheter un huehuetl... Pour se produire en spectacle avec la gamine. En l'honneur des Dieux, quelque chose d'organisé, de vraiment bien, où tout le monde pourra s'assurer qu'elle est bien la meilleure danseuse tlaxcaltèque.
On fera ça, oui.
Dès que les quachtlis referont surface.

Une main rentre dans son champ de vision, qui se pose, s'appuie sur la table. Elle grimace. Quand bien même elle est plus que fière de son chef d'oeuvre -ce meuble est magnifique-, elle n'en perd pas moins son ciboulot : il est très, très fragile.


C'est toi.. Zãzanilli ?

Elle tourne la tête, scrute le visage de son interlocuteur. Sa première pensée ne fut pas : "Ouah. Beau." Mais, plutôt : "Ouah. Riche. Propre, jeune, et surement riche."
Après seulement, elle se fit la réflexion qu'il n'avait pas vraiment un physique ingrat, mais Zãzanilli ne s'intéresse pas à ses choses là -presque pas. Les hormones la travaillaient fort, mais elle s'était fermement implanté dans la tête certaines restrictions, auxquelles il ne fallait même pas penser. Si elle se liait avec un homme, ce serait pour l'épouser illico, et seulement s'il était roi ou empereur, on est fille de Rose, ou l'on ne l'est pas. Elle avait donc fait sa liste de rois et d'empereurs : un timbré qui se croyait roi d'une province inexistante et un Aztèque, et les aztèques, ça ne compte pas. Personne donc à l'horizon, et après tout, cela lui convenait plutôt.

Oui, c'est moi, Zãzanilli.

C'est l'moment d'étendre son ascendance, ses titres ou surnoms en tous genres, impressionner l'interlocuteur ? Elle décide que non.


Et elle, Prune.
J'imagine que tu viens pour l'annonce ?


Coup d'oeil qui essaie de faire passer le message "T'en penses quoi de celui-là ?" à la gamine. Espère qu'elle a capté... La Décap' est douée pour parler, mais dès qu'il s'agit du langage des yeux...
Elle repose ses prunelles noires sur le nouvel arrivant.


Ça consisterait à supporter la Prunette un certain temps, lui t'nir compagnie. Temps d'arrêt. Voire l'épouser, quand elle aura l'âge. On a encore l'temps.

Croise ses bras et hausse un sourcil, le jauge. Finit par lâcher :


Et... J'serais toi, je ne m'appuierais pas sur ça. Petit signe de tête en direction de la chose bidouillée qui ressemble à une table.
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Prune
Moué, taper seule dans les mains, en rythme binaire, c'est chiant et ça donne même pas envie de danser.

Oué, euh... j'vais aller zieuter un coup dans l'échoppe d'à côté pour... mmh... subtiliser, nan, demander qu'on m'prête un instrument. J'crois que c'est une bonne idée. Prune enfourna rapidement trois poux caramélisés dans la bouche et quitta quelques instant sa Décap'. Elle croisa devant l'entrée du magasin, un gros mâle se tenant les reins en respirant fortement, ventilant sa grosse face rougeaude, dégoulinante de sueur. Erf, c'est pas à lui qu'elle irait faire de l'n'oeil, ça nan.
Tirant l'rideau à l'entrée, elle jette un oeil dans l'antre, clignant un peu les n'oeils pour s'habituer à l'obscurité. Sac d'haricots, sac de feuilles à fumer, sac à farine pour tortilla, poisson salé, légumes frais du matin, mangues, papayes, prunes sauvages. Son ventre, en voyant toutes ces choses appétissantes, lui rappella douloureusement qu'elle n'avait pas mangé depuis un moment. Prise d'une envie subite, elle zieuta à gauche, à droite... derrière elle... tendit une main, bouga ses petits doigts pour attraper la chaire pulpeuse du fruit et puis se reprit violemment. Elle risquait d'être sacrifiée pour ça. Un vol, c'est signer son arrêt de mort si on la surprend. Alors elle se rappelle rapidement le pourquoi elle est venue là. Ah oui, l'instrument de musique. Après un dernier coup d'n'oeil, elle s'arrête tout à coup sur une flûte à 6 trous. Là. Elle recula et avanca vers le comptoir, levant les n'oeils pour voir le vieillard à la peau tellement ridée, qu'elle ne savait si elle arrivait à distinguer ses yeux. Il avait l'air assez sympathique, c'était de bonne augure.


- Mixpantzinco vieux mâle.

- Ximopanolti, -à ton service- que puis-je pour toi jeune fille ? dit-il en lui faisant un sourire édenté.

- J'aimerais savoir s'il était possible de vous emprunter ou d'échanger des biens contre la flûte à six trous que je vois là-bas. Elle désigna l'instrument du doigt puis reporta son regard sur le vieillard, qui semblait-il, avait plissé ses yeux, ce qui rajoutait des rides supplémentaire.

- C'est que c'est un instrument qui coûte passablement cher, ma petite. Et l'homme qui me l'a fournie n'est pas du clan. Il se gratta la barbe mécaniquement -les 3 poils qui restaient- en tournant la tête vers elle. Te la prêter reviendrait à l'utiliser, donc à l'user et je ne pourrais plus la revendre au prix original... Par contre, qu'as-tu à m'offrir contre cet objet ?

La p'tite annonça d'un coup :

- Un pécari aux fines herbes, tué et préparé par mon amie Zazanilli.

La phrase était sortie toute seule, sûrement son estomac qui parlait, et elle n'avait même pas demandé à sa Décap' si elle savait cuisiner.

Un pécari de lait alors. Et aux fines herbes, c'est très bien. Tu me l'apporteras encore chaud lorsque le jour déclinera à l'horizon, comme ça je pourrais le partager avec ma femme.

Prune jura, désigna la table avec son amie installée par l'ouverture des rideaux pour qu'il sache où elle se trouvait, s'inclina, prit délicatement l'instrument et après un dernier sourire, retrouva sa Décap', déposant l'instrument sur la table branlante, avec un sourire mi-figue, mi-raison, quant à l'annonce du repas qu'elle se devait de faire le soir-même pour le magasinier. Elle ouvrit la bouche pour parler mais s'arrêta en voyant un mâle se rapprocher d'elles. Elle sourit largement, fit un p'ti clin d'n'oeil à l'arrivant et passa ses mains derrière son dos.

Ayyo mâle !

Elle jeta un rapide coup d'n'oeil à sa Décap', qui regardait le mâle et reporta son regard sur lui.
Zazanilli posait des questions et elle se réjouissait d'avoir les réponses, positives ou négatives, elle s'en foutait. C'était le premier qui arrivait et elle espérait que cela ne soit pas le dernier.
Pour Prune, l'mâle lui paraissait un peu âgé, car elle n'avait eu qu'un copain officiel, Castor., un poil plus âgé qu'elle.
Prune souriait toujours, elle pensait qu'une fois elle allait rester coincée, trouvant le mâle encore à son goût. Peut être un peu trop glabre pour elle, mais bon, si ce n'était que ça.
Doucement, elle croisa les doigts derrière son dos.

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Soeur de Kalamité, fille de la Vieille Pouchka
"In otin ihuan in tonaltin nican tzonquica"
Ozomatli, incarné par Zazanilli


L'esclavagiste retira prudemment sa main du bois vermoulu qui faisait office de table. Cette dernière avait probablement été confectionnée avec une épave de pirogue qui datait d'avant la naissance de son arrière grand mère. D'ailleurs, maintenant qu'il y pensait, il reniflait comme un parfum d'algues en décomposition qui flottait aux alentours. Une vraie table de mendiants, ouais.

Oui, c'est moi, Zãzanilli.

Non ? Si. Non... Mais si, c'est elle. Alors la fameuse princesse aux mille sacs de quachtlis, dont l'or coule par les mains et la bouche, la fille de roi à la robe de jade qui se baigne dans les rubis, celle qui siège sur un trône plus haut et plus brillant que le soleil... C'est elle ? C'est cette femelle à peine sortie de l'enfance, vêtue comme un sac, accoudée à un attirail dégoté sur un tas de fumier ?

L'homme ne prononce pas un mot, mais la déconvenue se lit très clairement sur son visage. Une main invisible vient se saisir de son rêve de grandeur, et en faire de petites miettes balayées par un grand vent plein de cruauté.


J'imagine que tu viens pour l'annonce ? Ça consisterait à supporter la Prunette un certain temps, lui t'nir compagnie. Voire l'épouser, quand elle aura l'âge. On a encore l'temps.

Un oeil très sceptique se tourne lentement vers la demi-portion, et s'arrête sur la morve qui lui barbouille le nez. Un silence énorme s'installe, comme une grosse chape de métal qui statufie tout ce petit monde. Par derrière, le bruit du marché comble heureusement le creux de la conversation, et une mouche entame un solo en bourdonnant en tourbillons au dessus de la tête d'Ozomatli. Sans trop savoir pourquoi il adresse un sourire rigide à la gamine, extrêmement embarrassé, tandis qu'il tente de trouver une réponse adéquate à formuler pour vaincre le ridicule. Une foule de questions se presse à la porte de sa bouche, parmi elles :

Mais c'est qui cette mioche ? C'est payé combien ? Pourquoi vous engagez pas une nounou ? Ca serait pas plus honnête de lui dire que vous l'abandonnez ? A la rigueur, je peux épouser la grande soeur ? C'est une impression ou elle a un oeil qui louche ? Elle est malade, c'est ça ? Je peux voir un responsable ?

Après réflexion, il juge qu'il n'a pas fait tout ce chemin pour revenir bredouille. S'il y a quelques chose à gagner, il faudra qu'il l'obtienne. Son instinct de négociant reprend le dessus : d'abord, allez dans le sens du client. Il reprend une figure humble et ouvre les mains pour se proposer :


Et... qu'est ce qu'il faut faire pour être choisit ?

Zazanilli
Déçu. Il semblait déçu. Mais à la grande surprise de la jeune fille, il resta. Soit il avait besoin d'argent, soit il avait besoin de plus de quachtlis qu'il n'avait déjà.
Elle redresse le menton.


Répondre à ces questions.

Décap' qui déplie un doigt. Comment tu t'appelles ?
Deuxième doigt. Tu viens d'où ?
Un autre. Les poux au caramel, t'aimes ?
Encore. Tu sais t'battre ?
Qu'est c'qui te fait peur ?
T'es vraiment un "gars bien" ?
Et... Si tu devais m'donner un surnom, ce s'rait quoi ?


Elle s'arrête, esquisse un fin sourire. Voilà là l'interrogatoire parfait, avec une préférence pour la dernière question.
La jeune fille se trouve partagée entre la curiosité de savoir les réponses, et l'envie, finalement, de n'en rien connaître : si les réponses s'avèrent satisfaisantes, on serait obligé de parler rémunération. Sujet difficile.

Sauf s'il y a de la concurrence... Ses prunelles noires balaient les environs.
Personne d'autre ne veut s'arracher l'adorable et pouilleuse Prune ?

Ils ratent quelqu'chose, c'est certain.

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Ozomatli, incarné par Zazanilli


Parler, ça il sait faire.
Il a même un mal fou à contrôler sa langue, qui transgresse avec joie la frontière de la vérité pour céder à des mensonges éhontés. Ca lui vaut une certaine réussite en tant que canaille du négoce, il saoule l'esprit des acheteurs avec des paroles qui leur font voir de la qualité, là où il n'y a que du toc. Sa besace regorge de soit-disant fioles de sang d'aztèque pour les offrandes aux dieux (des bouteilles remplies avec du jus de lapin), de colliers de métal peint en or et d'un monticule de babioles prétendument miraculeuses que les vieilles femmes lui arrachent, en l'écoutant réciter son flot de boniments sur les vertus du produit.


Mon nom est Ozomatli.

A chaque fois qu'il parle, ses mains accompagnent les mots par habitude.

Je suis né dans les collines de l'Orient, aux abords d'Huamantla. Et j'ai grandit dans les steppes d'Occident, au clan de Cuamantzingo.

Petit frottement de nez.

Jamais mangé de poux. Quand j'étais gamin je me régalais avec des fourmis, en revanche.

Bon là vient la question ennuyeuse. Ozomatli ? Se battre ? Son physique de fillette lui ôte même la possibilité de soulever une jarre de pulque. Il n'y a qu'à voir ses épaules minces et les creux de maigreur qui se fichent entre ses côtes quand il soulève le bras. Si la nature ne l'avait pas doté d'un immense instinct de survie ainsi que d'une tactique à toute épreuve (à savoir : fuir le danger), il n'aurait pas fait long feu parmi ses pairs. Heureusement il a cessé d'être rudoyé par les mâles de son âge maintenant que sa renommé de marchand d'esclaves s'est étendue dans le pays, lui assurant la protection de quelques grands dignitaires.

Il tente une réponse raisonnée.


Je maîtrise bien la sarbacane.

Qu'est-ce qui lui fait peur... Une foule d'images lui passent en tête... Les guerriers mangeurs de cervelle, les araignées, le tonnerre, Saphi l'albinos cannibale, les jaguars, les malédictions divines, devenir pauvre, les pénuries de pulque, les nymphomanes, les tremblements de terre...

J'ai peur... des dieux, ô Zãzanilli, eux qui peuvent nous éteindre le soleil.

A tout hasard il tente la carte du fervent adorateur, ouvrant ses deux mains vers le ciel, pieux comme un prêtre.

Évidement que je suis un gars bien. Je n'ai jamais été traîné devant la justice, je ne connais pas la prison, je n'abuse jamais du pulque ni des drogues. J'ai pour moi l'honnêteté et la soif de réussir. Tu sais, je ne suis pas un paresseux. Mon ardeur au tâche est grande, d'autant plus si le travail est bien payé..

Aïe. Est-ce qu'il en a trop fait ? Il en a trop fait. Son oeil légèrement anxieux sonde celui de la jeune femelle, avant qu'il ne se presse de reprendre le fil.

Si je devais te surnommer... Ce serait... Je t'appellerais... Huitzilin* !

Il découvre une rangée de dents nacrées en la désignant du doigt.

Car tu es comme l'oiseau-mouche en apparence. Minuscule.. Haute en couleurs. Et ton bec m'a l'air piquant.

Il retient un éclat de rire tout en jetant un coup d'oeil à l'enfant Prune qui est restée silencieuse durant l'échange.

*Colibri


Zazanilli
Ozomatli.
Vient de Cuam', un bon point.
Fourmis... Zãzanilli n'en a jamais gouté. Araignées, poux, sauterelles, escargots, oui, mais fourmis, non.
Peur des Dieux. Basique. Ça passe.

Maitrise la sarbacane. Elle étouffe... Non, en fait, n'étouffe pas un gloussement. Avant de se dire qu'au final, c'est mieux que rien. Et amèrement de se rappeler qu'elle, ne sait pas utiliser une sarbacane. Bon, la suite !
Gars bien, qui, note la jeune fille, garde bien les pieds sur terre et parle du salaire. Au moins, cela marque son bon sens. Elle remarque tout de même une certaine hésitation.

Huitzilin. Elle hausse un sourcil, étonnée. Pas de Zaza, pas de surnom marquant sa tendance à être la plus chieuse au possible...
Minuscule. Minuscule, elle ? La Vérole est très sensible à propos de sa taille. Il la provoque, là ? Il va se prendre une tatane dans la face et aller faire un tour dans la boue des pécaris, ouais ! Non mais z'avez vu ça ? Réplique sanglante qui pointe son nez, non mon p'tit, tu n'seras pas pris, cass'toi et qu'on s'revoie...
Haute en couleurs. Ah oui ? Il se rachète, le bougre...
Bec piquant. Le "minuscule" est presque oublié. Elle se fend même d'un joli sourire.

Ben... J'suis pas minuscule.
Il fallait qu'elle le dise.

C'était donc si facile que ça à trouver, un "gars bien" ? Gars bien, ou sinon sait assez bien mentir pour se dire tel. Ce qui revient au même après tout : dans les deux cas, il est jugé apte à s'occuper de Prune. Savoir mentir est un atout, vous dirait-elle.

Et zut. Elle en avait potentiellement trouvé un, ce qui impliquait un potentiel allègement de la bourse. Elle qui comptait sur la faible proportion de gens personnes "bien", pouvant passer le cap des questions sans faire de faux pas, pour annoncer à la Prunette "Écoute mon Piment, j'suis désolée, mais tu vois, y'en a aucun d'assez bien pour toi"...
Elle tapote des doigts sur la table.


Hum. Temps de concertation.


Elle tire la gamine vers elle, s'éloigne de quelques pas du jeune homme avec un sourire gêné -elle, gênée ? pourquoi gênée ?- et chuchote :

T'en penses quoi ? Niveau réponses, ça va, à part qu'il doit voir trouble, je ne suis pas minuscule. Mais c'est répandu, ce problème de vue.
Y'a pas l'air d'avoir d'autres prétendants... J'pense quils savent pas lire, c'pour ça. Les annonces, z'ont rien capté. J'te jure, que des ignares, ces mâles.
Tu peux m'dire s'tu l'aimes pas.
Ca arrangerait mes quachtlis, en fait. Il est un peu maigrichon, quand même. J'ai envie de manger à ma faim, ces prochains jours, Prunette. J'ai aucun problème à lui dire de s'barrer...

Mais s'tu veux aussi, j'peux marchander avec lui l'salaire. De toute façon, mon p'tit PimenTueur, si ça te f'sait sourire, je n'mangerais qu'un jour sur deux.
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