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[RP] "La plus belle couleur, c'est celle de mon sang"

Alycianne
Elle était contente, l'Alycianne.
Elle avait retrouvé son grand frère -et quel grand frère !-, s'apprêtait à rejoindre ses amis, avec la bigre de mission d'éviter que le courroux de Marie ne tombe sur Cassian, ou elle, par la même occasion. Elle avait un but, une destination, on lui avait dit "On va là, on fait ça, ce sera bien" alors elle ne se posait aucune question, si Cassian l'avait dit, c'était donc forcément ainsi.

Tout s'accordait donc à dire qu'elle allait passer une rudement bonne journée. Tôt le matin, elle avait attaché ses cheveux qui lui chatouillaient maintenant les épaules d'un ruban rouge. Mabourik n'avait pas fait de scène et avait consenti à porter ses bagages tout en avançant (et croyez moi, ça tenait de l'exceptionnel), et ils s'étaient donc mis en route vers l'Ouest. Il paraissait même que quelqu'un avait un cadeau pour elle, et un coin de sa caboche travaillait dur à trouver rapidement à rendre la pareille à son ami. Un bouquet de fleurs ? Il y avait les marguerites, mais ce n'était pas assez joli, les coquelicots se fanent vite tout le monde le sait, et puis elle craignait que des fleurs ne ravissent réellement le petit écuyer. Elle demanderait -mais cela était devenu une habitude- aux gens qu'elle croiserait bonbons, gourmandises et autres choses sucrées afin de lui en donner. Ou sinon lui écrire un joli poème. C'est ce que font les chevaliers, dans les contes.


- Karyl je suis contente de te voir
A cause que...
Rime en "oâr". Il me faut de la rime en "oâr". Noir ? Boire ? Croire ? Voir ? Ah oui, voir c'est bien... A cause que je veux te voir.


Quelques minutes plus tard, elle lance :

Elle est belle ma poésie, non ? Ça lui plaira tu penses ?
Karyl je suis contente de te voir.
A cause que je veux te voir.
Et puis avant je voulais te voir.
Sauf que je pouvais pas te voir.
Maintenant on peut se voir.
Et même que on va tous les jours se voir.
Parce que j'ai envie de te voir.


Alycianne a certaines qualités, mais en poésie, elle n'est pas douée. Aussi faudrait-il lui dire clairement, maintenant, que sa vocation de troubadour-dame-chevalier est à oublier. La gamine se voit déjà déclamant ses vers devant une assemblée ébahie de ce nouveau "pur style" qu'est la rime parfaite : même mot à chaque fin de vers. Invention qu'elle trouve digne d'un chevalier confirmé, et la gamine en est plutôt-vraiment fière d'elle.

- Cassian ?

Elle se redresse, cherche du regard par dessus les grandes herbes, avant de sourire tendrement. Le garçon, le ventre plein de leur pose déjeuner, s'est octroyé un petit somme. L'occasion rêvée pour Alycianne d'aller trouver s'il existe de jolies fleurs dans le coin. Elle se lève aussitôt, tout en prenant garde de ne pas réveiller son frère, tapote sa cape à laquelle se sont accrochées diverses brindilles et poussières, avant de commencer à s'éloigner. Rapidement, la cape lui tient trop chaud, elle s'en défait donc et la porte au bras. Une fleur par-ci, une fleur par-là, elle avance, tout droit, sans se soucier encore de pouvoir retrouver l'emplacement où ils se sont arrêtés.
D'ici quelques instants, elle fera demi-tour, se dit-elle. Les minutes passent, mais les instants restent inchangés. Encore un peu, juste trouver une fleur, encore.

Ses yeux sont soudain attirés par de la poussière, au loin.
Une menotte en visière, elle mire l'horizon où apparaissent des silhouettes. Nombreuses. Quelques instants plus tard, on distingue des épées, des boucliers.


- C'est de l'armée ! Peut-être on pourra s'entraîner à faire de l'épée avec eux. Froncement de sourcil, signe d'une intense réflexion. Ils ont des bons becs peut-être ?

Ils semblent l'avoir aperçue, elle en est ravie. Se rappelle le blondinet, l'appelle alors :


- Cassian ! Cassian, il y a de l'armée !
L'a-t-il entendue ? Elle ne sait plus bien s'il est loin, ou si c'est derrière ce bosquet qu'ils ont déjeuné. L'arrivée de l'armée a tout effacé.

Drôlement chouette ! La minette adore les les armées, l'ambiance entre les soldats, toujours chaleureuse, parfois chahuteuse à cause des "blagues pas drôles", mais avec, souvent, un esprit de cohésion qui lui sied particulièrement. On suit ce qu'a dit le chef, on ne remet pas en question.
Les soldats se déplacent vite, décidément vite.
Elle, les attend, un grand sourire aux lèvres.

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Dryk2
Dryk ayant finit de faire entrer les personnes possédant un laisser passer au Mans se dirigea avec l'armée dans les champx aux alentours.

Soudain Sim s'arreta et dit à l'armée:
Halte Soldat!
Tout les soldats se stopperent sans exeptions.
Dryk se dirigea vers Sim et lui dit:
Qu'y à t-il?Vous avez entendu du bruit?

Sim haucha la tête et dit à Dryk:

Dîte au soldat de se séparer pour couvrir plus de zones et trouver ce qui à fait ce bruit.

Dryk se tourna vers l'armée et dit ce que Sim lui avait dit de dire:
Que tout le monde se sépare et que si il entend du bruit il mette un coup d'épée!

Tout les soldat fîmes ce que l'on leur avait dit de faire.

Dryk partit du côter que Sim lui avait dit.

Soudain dryk entendit un bruit,le bruit se rapprocha de plus en plus vite.
Il sortit son épée et se mit en position de défence.
Puis le bruit se stoppa,Dryk attenda quelques minutes mais plus rien ne bougea.
Il se dirigea vers le buisson et vit une ombre gigantesque.
Heuresement que on lui avait dit de ne jamais avoir peur.
Il prit ses jambes à son coup et fonca vers la personnes fesant cette ombre.
Il mit un coup d'épée sur la poitrine de la chose fesant l'ombre et regarda ce que c'était.


Un enfant!Ho Aristote pardonne-moi!

Dryk eu quelque goute de pleure tomber.Il regarda si l'enfant respira encore.
Heuresement oui puis il cria.


MEDECIN!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Le medecin arriva en courant et dit.

Qu'y à t-il Lieutenant Dryk?


Dryk montra l'enfant qui était au sol au medecin.
Le medecin examina l'enfant et dit


Apporter moi de l'alcool pour desinfecter la plaid.

Dryk ayant toujours de l'alcool sur lui en sorta et la donna au medecin.

Le medecin dit à la fillette.


Ca va un peu piquer. Puis se tourna vers dryk
Parlez lui pour qu'elle ne pense pas à la douleur

Dryk se rapprocha de la fillette et lui demanda si elle voulait une sucette,la fillette haucha la tête,
Dryk lui donna la succette.

Comment t'appelles tu?

La fillette essaya de lui dire mais c'est à ce moment là que le medecin versa l'alcool et y mit un pansement.
La fillette s'évanouit et dryk se tourna vers le medecin et lui dit.

Je passerai la nuit ici car ca pourrai être dangereux de la ramené au Mans.

Tout les soldats repartirent vers le Mans mise à part dryk.
Il fit un feu pour que la fillette n'est pas froids et lui mit une couverture sur le corps.
Puis dryk se mit à regardez l'horrizon.

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Simlegrand
Depuis déjà plusieurs jours, l'armée commandé par SimLeGrand se postait aux portes de la ville pour contrôler les entrées dans la capitale. Il fallait obtenir en bonne et du forme son laisser-passer signé par le prévôt du Maine pour obtenir l'autorisation d'entrer.

Ayant entendu du bruit, il commanda à ses subordonnés de vérifiés les lieux.


Allez soldats, aucun intrus ne doit passer sans que nous l'ayons contrôlé. Du nerf!! commanda-t-il pour que ses effectifs s'attèlent à la tâche.

Puis, le lieutenant Dryk revint le voir pour lui dire qu'il avait trouvé l'endroit d'où le bruit provenait.

Prenant sa voix grave le chef d'armée déclara:


Sur ordre de SimLeGrand, chef de la 1ere armée mainoise, exécutant les directives du conseil comtal mainois présidé par notre comtesse Lysesl, je vous ordonne de vous identifiez sinon nous serons obligés de sévir.

Voyant que rien ne se produisit, il ordonna au lieutenant d'exécuter sa tâche. Ce-dernier tira son épée au clair et frappa le bosquet devant lui.

Ce n'est qu'après que tous virent que "l'ennemi" se cachant dans les bosquets n'était en fait qu'une fillette agée seulement de quelques printemps.

Le médecin fut appelé à toute vitesse sur les lieux de l'accident.

SimLeGrand s'assura tout de même que l'émoi ne gagne pas son unité et que tous et toutes restent concentré sur leur tâches respectives.

Pourtant, celles-ci n'étaient certainement pas toutes aisées. Depuis le début, ils n'avaient pas seulement arrêté des bandits et racketteurs de grands chemins mais aussi des mainois qui ignoraient l'ordre d'obtenir un sauf-conduit pour entrer dans la capitale.


C'est une dure journée...
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SimLeGrand
Capitaine Royal de l'Ost mainois
Alycianne
Ils se rapprochent, disparaissent derrière la colline sur laquelle elle se trouve. Une voix lui parvient.

Sur ordre de SimLeGrand, chef de la 1ere armée mainoise, exécutant les directives du conseil comtal mainois présidé par notre comtesse Lysesl, je vous ordonne de vous identifiez sinon nous serons obligés de sévir.

Identification. Il faut que tu t'identifies. Elle ne saisit pas. Future dame-chevalier 1er grade ? Non, puisqu'elle est la seule, du moins il lui semble, Future dame-chevalier avec un don pour le troubadourisme marqué. Alors peut-être ses titres ? Petite dame de Concèze, fille de Papa, soeur de son frère, et amie de ses amis ! Ça en jette, c'est certain.


Elle était donc plongée dans ces réflexions qui lui semblaient très importantes (l'identification, elle ne sait pas ce que ça veut dire, mais c'est forcément de la plus haute importation) qu'elle entrevoit le truc lui sauter dessus. Un soldat, en fait.
Sous le choc, elle tombe, se recroqueville sur elle-même.
Sa main est mouillée. Et rouge. Elle aime le rouge. Rouge, rouge, rouge comme du sang.

    Rouge de mon sang.
Ses habits se tachent.
    De rouge. Je devra faire de la lessive.
Le soldat s'agenouille auprès d'elle, la triture, et la douleur la submerge.
    Aie. Aiiiiie ! Je brûle...
Il crie, lui crie dans les oreilles, pourquoi crie-t-il ? Elle souffre assez, comme cela.
    De l'eau, je brûle.
Un autre arrive, ils s'agitent, s'agitent tellement !
    De l'eau, je brûle ! Et dormir, dormir...
Une tête entre dans son champ de vision. Sucette.
    Avec les bons becs ça va toujours mieux. Je pleurera pas comme ça.
Mais elle pleure déjà. Hoche la tête, attrape d'une faible main la sucette.
    Je suis molle, comme du nuage. Je vole presque, et je pourra voir mes amis et... Cassian ! Tu es où Cassian ?
Son nom, son nom, son nom... Alycianne. Mais l'autre ne verse pas de l'eau, au contrai...
    C'est du feu, du feu ! Je brûle et il me brûle encore !
Elle crie, gémit, s'évanouit.

          ... Maman ?

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Cassian_darlezac
Depuis son retour à Montmirail et ses retrouvailles avec 'Cianne le gamin se sentait enfin entier. Son caractère même avait changé pour le plus grand plaisir de Fernand. Il faut dire qu'avoir sa sœur à ses côtés le pousse à se responsabiliser. C'est lui le grand frère, il doit agir en conséquence. Alors on arrête de faire n'importe quoi. Tout est soigneusement vérifié avant le départ, a t-elle un LP? N'est-elle pas trop fatiguée? Mange t-elle a sa faim? Et le lit, l'était confortable le lit? Et on achète une tonne de bonbecs avant de partir, on chouchoute mademoiselle, même Mabourik a presque le droit à un sourire, puis en scelle Simone! Le trajet se déroule alors gaiement ponctuer par le papotage anodin des deux mômes, quoique l'intrépide râle tout de même un peu, pour la forme. On ne change pas ses bonnes habitudes. Et entre Mabourik qui n'avance pas assez vite à son goût et Fernand qui refuse de courir sans raison, faut dire qu'il a de quoi... Mais c'est un ciel sans nuage qui les accompagne, sous le gazouillis régulier de quelques piafs, et malgré tout le sourire comme le soleil est au rendez vous. Heureuse journée que voilà!

C'est donc après un frugal repas, composé de friandise pour seule entrée, d'un peu de pain et de viandes séchée pour plat de consistance et d'un supplément de friandises pour dessert, que le môme avait élu domicile sous l'ombre d'un chêne le temps d'une courte sieste bien méritée. Et, dans la quiétude d'avoir enfin retrouvé sa sœur, c'est dans les bras d'une toute autre jeune fille qu'il s'en allait passer l'heure suivante. Fantasme onirique d'un gamin de treize ans, qui de sa bouche goutait allègrement les lèvres de sa vis à vis, ses doigt se mêlant à sa chevelure brune dans un seul soupir: Isaure... Et le bruissement des feuilles accompagnait le tout.
« Monseigneur, mon jeune seigneur! », criait-elle de sa voix... Rauque?! Gamin qui se réveille d'un bond, horrifié. Isaure serait en fait un homme? A moins que...

« M'seigneur! C'votre sœur, l'a disparu! »

« Cessez donc de dire de l'ânerie de dégénéré Fernand... 'Cianne est juste là, à côté, aussi dormez et fermez là! »
« Mais non c'ben ça l'problème j'a beau la chercher... L'a vu nul part... »
« Aussi vous êtes entrain de m'avouer que vous avez perdu 'Cianne? »
« Mais non enfin, c'vous qui... enfin... Nous dormions... »
« Aussi vous êtes entrain de M'ACCUSER d'avoir perdu 'CIANNE?! »
« Mais ben sûr que non... »
« Vous voyez vous ne savez même c'que vous dites mon pauvre, vous êtes vraiment du genre inutile, hein! Mais attendez... * un gratouillagement de sourcil plus tard * vous pouvez répéter ce que vous v'nez de dire à propos de 'Cianne? »

Cinq minutes s'écoulèrent avant que le môme percute enfin sous le regard désespéré d'un pauvre Fernand exténué.


« En fait vous voulez dire que 'Cianne est perdu, du genre de ceux qu'on retrouve pas?! » Stupéfaction du gamin qui aussitôt se redresse. Son regard vole dans tout les sens, percute tantôt un arbre, sa jument, Mabourik, Fernand... Mais aucune trace de sa soeur, alors les jambes s'activent, font le tour du bosquet pendant qu'il lance ses ordres à la dérobée.

« Fernand, trouvez moi l'araignée sur le champs! »
L'araignée, le champs, le bougre était pour ainsi totalement désorienté, au gamin de préciser. « C'est du type louche par lequel nous fait suivre en permanence 'Nore. Un jour il m'a dit que quand on le cherche on le trouve. Alors allez le chercher, trouvez le et dite lui que 'Cianne a disparu. Et vous avez intérêt à cavaler si vous voulez pas que je vous fasse de la charpie! Moi je vais chercher de mon côté avec Fléance. » Fléance qui hausse d'ailleurs une timide oreille d'un air déjà plus que las. Que lui voulait-on, encore? Et voilà Fernand gambadant à perdre à l'haleine à la recherche d'un champs doté d'une araignée, mission stupide à ses yeux s'il en est.

Fernand parti, les recherches commencent alors, longues, interminables. Et une question demeure: qu'a t-il bien pu lui arriver? A t-elle été enlevé? S'est-elle juste perdu? Et l'inquiétude croit, proportionnellement au temps qui passe. Peur perverse qui s'insinue l'amène à imaginer les pires scénarios, comme les plus grotesque. Son ami le louche ne lui a t-il pas dit un jour qu'il arrivait que certains arbres enlèvent les enfants? Des regard noirs sont adressés aux hêtres dont les branches lui semble tout d'un coup menaçantes, sur l'écorce de certains chênes se dessine ce qu'il identifie comme un sourire diabolique. Et ses cris qui résonnent en vain ayant pour seul réponse l'écho de sa propre voix, n'est ce pas les feuilles qui empêchent leur propagation? La peur se mue peu à peu en panique. Panique à bâbord, à tribord, sur tout les fronts, il tangue. Mais la barre demeure pointé sur un seul objectif, retrouver Alycianne. Même Fléance semble avoir compris et y met du sien, mais les minutes passent et toujours rien à l'horizon. Pas même un indice tangible. L'oreille se désespère, le regard se brouille, peu à peu les vêtements s'imbibent de sueur. Entends et vois ton impuissance gamin, incapable de protéger ta propre sœur...

Pitoyable.

Et c'est la chute. Une racine. Fichtre de saloperies d'arbres qui, non contents d'avoir enlevé Alycianne, s'acharnent à présent sur lui. Affalé sur le sol, la cheville douloureuse, le gamin tente de se calmer, réfléchir de façon rationnel pour trouver sa soeur. Mais un autre problème se pose, il est perdu le gamin. Désorienté par sa course il est incapable de localisé l'endroit où il s'était arrêté. Et c'est un aboiement de Fléance, chose aussi rare qu'improbable qui le sort de sa léthargie. Ni une, ni deux l'intrépide se remet debout, et c'est boitillant et grimaçant à chaque pas qu'il rejoint enfin son chien. A quelque pas d'eux non loin d'un feu un homme fixe l'horizon immobile. Bien qu'il soit de dos, un seul coup d'oeil permit au môme de comprendre qu'il s'agissait d'un homme d'armes, mercenaire, brigand ou plus probablement soldat ou garde. Mais de l'homme le gamin en a déjà cure, son regard obnubilé par la petite chose inerte allongé non loin de lui. Les azurs glissent avec effroi sur la chevelure brune que retient un délicat ruban de couleur rouge. Tout ce que la couverture laisser apercevoir, bien assez qu'en deux trois mouvement le môme se retrouve au chevet de sa sœur.


« Alycianne? » Un murmure, la voix s'étrangle, muant légèrement sur la fin. Avant même que l'homme n'est le temps de réagir la couverture est levé sur un affreux spectacle. Du sang, beaucoup de sang, trop de sang... Et le regard se pose sur l'individu, un regard accusateur alors que lentement il se redresse pour lui faire face.

Sa cheville douloureuse n'est plus qu'un mauvais souvenir quand les tremblements commencent. Tremblements de colère, il canalise son énergie le gamin, pour ne pas sauter au cou de l'homme sans savoir ce qui s'est passé. Est-il responsable? Il n'en sait rien, et pourtant à l'instant présent il a juste soif de vengeance. On vient de faire couler le sang le plus précieux de cette terre à ses yeux, et ce n'est pas celui d'un seul homme qui pourrait payer cette dette. Non, il doit d'abord savoir, il se contiendra. Mais la tension est là, raidissant chacun de ses muscles, dans chaque veine il peut sentir battre son pouls. Les jointures de ses mains blanchissent, crispées sur le pommeau de l'épée alors que les azurs sont devenus sables et qu'ils le dardent d'un regard noir, sans vie, un regard désespéré. Celui d'un môme qui a déjà connu bien trop de mort à son goût pour laisser aujourd'hui partir celle qui compte le plus à ses yeux. Comment pourrait-il exister sans elle? Impossible. Folie qu'un corps tente de contenir envers et contre tout. Les mots sortent difficilement, susurrés entre les dents, forment une phrase, une question. De la réponse dépendra la suite...


« Qu'est... il... arrivé... A MA SŒUR?! »
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Erwelyn
Une paupière qui s’ouvre, difficilement. Une autre qui essaie de suivre, laissant apparaître un fin rayon de soleil entrecoupé de l’ombre des feuilles au-dessus de sa tête. Quelle heure était-il, elle n’en avait aucune idée. Longtemps, elle reste allongée là, à observer le feuillage qui tangue au-dessus de son visage, les nuages continuant leur course dans un ciel aux couleurs de soleil couchant. Sur ce tapis de mousse, l’odeur de l’humus lui chatouillant les narines, elle s’imagine encore une fois fermer les yeux, espérant que cette fois-ci Aristote lui accordera enfin ce qu’elle demande depuis des semaines. Mais inexorablement, chaque assoupissement est suivi d’un réveil, toujours plus douloureux.

Fianchtre, voilà que ses idées noires la reprenaient, comme souvent depuis qu’elle était revenue à elle…

Ce corps abîmé par cette chute, Lynette ne le supporte plus. Parce qu’il la diminue, elle ne se sent plus que l’ombre d’elle même. Impossible de marcher sans canne, ne pas sortir sans ce foutu foulard qui recouvre et cache son crâne encore rasé et cette cicatrice encore rouge et boursouflée, impensable de montrer à qui que ce soit cette main gauche amputée de deux doigts, et ces maux de crâne insupportables qui la tenaillent. Elle avait chuté une fois de trop, victime de sa maladresse continuelle, mais cette fois-ci les conséquences avaient été beaucoup plus graves. Elle fixe sa main, longuement. Celle-ci est gantée de noir, depuis son retour à l’auberge. Et pour toujours, elle le restera.
Le regard des autres est bizarrement devenu insupportable à celle qui auparavant, n’avait cure de tous les racontars et autres billevesées. En fait, ce sont les regards compatissants et empathiques qui la rendent malade. L’envie de crier son dégoût à ses visages qu’elle essaie de croiser le moins souvent possible est latent. Boulangers, meuniers, marchands de tissu, gardes, forgerons, paysans, vieilles peaux qui passent leurs journées à commérer sur leurs bancs… tous, tous lui donnent envie de hurler.

Elle s’en veut, la mainoise, cette chute, elle ne l’a pas vue venir. Mais il lui faudra vivre avec.

Un renvoi de bile la fait se lever. D’abord la main droite posée sur le tapis mousseux, qui relève le haut de son corps. Puis celle-ci tâte le vieux chêne contre lequel elle s’est assoupie des heures auparavant. L’écorce est accrochée, la main gauche, diminuée, mutilée, l’objet de tous ses dégoûts, vient rejoindre sa jumelle. Se lever est à chaque fois tout un exercice alors que tout était si simple avant. Avant…
Avant n’est plus, elle se le répète encore et encore :

Il faudra vivre avec
Il faudra vivre avec…
Il faudra… vivre…


Son estomac ne tient plus et la mainoise se tord en deux, laissant échapper le frugal repas ingurgité le midi avant de filer en forêt. Le mélange de plantes qu’elle utilise pour faire passer ses maux de tête lui retourne le ventre, mais c’est soit l’un, soit l’autre. S’essuyant d’un revers de manche, elle récupère enfin son panier rempli de sa récolte du jour. Le temps que ses pas la ramènent au Mans, la nuit serait sans doute tombée, vu l’allure de son pas.
Le petit chemin n’est d’ailleurs pas loin de cette clairière où elle s’est assoupie, il lui sera beaucoup plus facile de marcher une fois sortie de cet enchevêtrement de racines et de ronces qui commencent à envahir le sol.

Plus que quelques pas et…


Qu'est... il... arrivé... A MA SŒUR?!

Un sursaut. Lynette tend l’oreille, battements de cœur redoublés. Il lui semble que la voix qui a crié est une voix d’enfant. Le sentiment de panique qui l’envahit alors assèche sa bouche. Doucement, la mainoise passe sa langue sur ses lèvres, pour reprendre ses esprits, s’invectivant elle-même : bon sang, sale trouillarde, t’as perdu toute ta gouaille et ton courage ? Espèce de couarde !
Mais quoi ? Que faire avec une jambe en morceau, une moitié de main, un tambourin qui joue toute la journée dans sa tête, hein ? Que faire !
Mais Lynette, c’est un môme… et s’il était en train de se faire attaquer par des brigands, et si c’était des loups, et si c’était…

La bataille interne prend fin, après une grande respiration. Même si elle sait qu’elle ne pourra pas être de grande utilité, il lui faut y aller, rien que pour vivre ensuite avec sa conscience, déjà assez torturée comme ça. Lâchant l’hêtre contre lequel elle s’était appuyée, elle essaie de se déplacer le plus vite possible en direction du cri qu’elle vient d’entendre. Le pas s’accélère, et dans un regain d’énergie, Lynette essaie de se mettre à courir. Mais…
Courir avec une canne, vous avez déjà essayé ? Ben c’est pas facile, d’autant plus quand on se trouve en plein milieu de la forêt.
Et plaf, étalage de Lynette, qui essaie tant bien que mal de se relever. L’énervement la prend, elle le sent qui monte en elle, incontrôlable.


Bordel de cornefianchtre ! Saleté de caaaaaaaaaaaaaaaanne !

Larmes aux yeux de ne pouvoir se dépêcher plus que ça, ses mains s’accrochent encore une fois à un arbre pour pouvoir se remettre debout. Canne en main, elle continue son chemin, grimaçant lorsque le poids de son corps se porte sur sa jambe gauche.
Et enfin, ses prunelles se posent sur un spectacle inattendu. Un enfant, main sur la garde de son épée, visage levé vers un soldat mainois, dont elle reconnaît l’uniforme pour les avoir côtoyés depuis fort longtemps. Pétrifiée, elle ne peut retirer ses yeux du jeune homme et son regard défiant l’homme en face de lui. Et enfin, son regard glisse vers le corps allongé au sol, couverture chiffonnée sur le côté. Et évidemment, ce sang, tout ce sang sur ses vêtements. C’est seulement à ce moment là que sa langue se délie pour former ces quelques mots :


Qu’est-ce que…

Avant de s’agenouiller doucement près de la fillette, l’observant longuement, immobile.
En vérité, une pointe de jalousie la submerge. Pourquoi cette gamine aurait droit de mourir et pas elle ? Je te donne ma vie si tu veux. Prends-là, prends-la, je n’en veux plus. Débarrasse-moi de ce corps, de ces démons, de moi-même. Prends, je te la donne.
Alors que cette litanie tourne dans son esprit, elle entreprend des gestes sûrs pour vérifier toutes ces blessures, réfléchissant déjà aux différentes mixtures qu’il lui faudrait préparer pour s’occuper de l’enfant. Des années qu’elle n’avait plus soigné, mais tout lui revenait en mémoire à vitesse folle.
Plissant les yeux, elle murmure, ne pouvant que constater la boucherie qui a été faite sur ce petit corps frêle.


Saleté de médicastres à la noix, z’ont jamais appris à travailler proprement les porcs !

Une main passée sur le front de la gamine.

T’en fais pas p’tite, on va te soigner.

Et enfin, un regard noir vers le soldat, en sentant la colère, la haine l’envahir.

Mais enfin, qu’est-ce que vous avez foutu ici ? Répondez, soldat !
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L\'araignée, incarné par Fauconnier


Sans limite cette liberté octroyée par le nouveau départ, et cette promesse qui touche à sa fin, il va rentrer en Anjou, il va la retrouver et lui ramener les deux petits en un seul morceau, c’est tout à cette certitude, que l’assassin se promène dans la campagne mainoise, cherchant à s’occuper l’esprit, les mains, cherchant une raison pour échapper aux regards trop purs des deux enfants, aux phrases sans cohérence dont eux seuls ont le secret, à croire qu’ils inventent un langage dont eux seuls peuvent déchiffrer toute la complexité et pour lui, peut habitué aux enfants, ces enfants-là sont un véritable mystère.

A court d’idées tordues, l’Araignée se hisse en haut d’un arbre, adossé à une branche, le plaisir absolu de se dire qu’en cet instant rien ne pourrait troubler ce calme typiquement rural, un silence pareil ne saurait naître à la Cour des Miracles. Un silence tel que rien ne pourrait le troubler, rien ?


Cassian ! Cassian, il y a de l'armée !


Voix enfantine et étouffée, à peine retenue, il ferme les yeux et bascule la tete en arrière, et pourtant d’autres voix se font entendre, traversant les limbes du sommeil paradoxal dans lequel il entre. Soudain, une voix plus forte que les autres hurle un mot, l’Araignée se redresse, les aciers fouillent la campagne et tombent enfin sur la petite rouge. Ce ne peut-être ça .. Ils ne peuvent pas s’attaquer à des enfants, n’est-ce pas ? Ce sont des soldats, pas des mercenaires, pas des tueurs .. Et pourtant, pourtant, l’un d’eux est penchée sur la fillette.

La peur ancestrale, celle qui pousse à vouloir protéger les petits quoiqu’il arrive, celle qui est pire que la peur de la mort, celle qui pousse l’homme à descendre de son arbre, à courir en direction de la petite rouge, de la fillette, de sa fillette à elle. La peur au ventre, une boule dans la gorge, en proie à une indicible terreur : Et si ..


_ Non ! Ôtez vos pattes d’elle ! Immédiatement !

La voix a sifflé, froide, cruelle, il pourrait tuer, oui, il pourrait tuer le premier ou la première qui porterait la main sur la petite Rouge, si rouge… Rouge d’un sang qui tache même la robe rouge, la cape rouge et inonde la prairie ..verte. Les aciers foudroient la femme à ses côtés mais il ne la touchera pas, toucher une femme hormis pour la tuer, quel intérêt, il n’en voit plus. Las quand il regarde le petit Paon, meurtrier quand son regard se pose sur le valet du premier, et sans un mot et avec une délicatesse de mère, les mains viennent cueillir le petit corps pour le serrer contre le torse sec. Un regard en direction du garçon.

_ Je vais la soigner, faites ce que vous voulez. Pensez juste que l’Etincelle n’aimerait pas vous savoir loin de votre petite sœur.

Et déjà, l’Araignée de s’éloigner à grandes enjambées pour rejoindre leur campement et tenter de sauver la petite Rouge.

_ Nous allons vous soigner et quand vous irez mieux, nous retournerons à Concèze, où il vous plaira, mais ne mourrez petite demoiselle, elle ne le supporterait pas.
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Cassian_darlezac
Tout s'enchaîne très vite. Des bruit de pas, lents, hésitants. Le regard enfantin glisse vers l'imprudente. Il est prêt à la défendre sa frangine, l'intrépide. Maintenant qu'il est là plus personne ne lui fera de mal sans le tuer auparavant, c'est inscrit dans sa paume, inscrit dans son cœur. Cependant il ne tentera rien, un coup d'œil lui fait comprendre que la femme ne semble pas être un danger: vieille avant l'age, infirme jusqu'à la canne, le regard plein de bonnes intentions... Aucune raison de t'inquiéter gamin. Peut être commet-il une erreur, mais il la laisse alors approcher. Et son regard se pose à nouveau sur l'homme. La tension est toujours présente, petit corps en ébullition qui attend le verdict. Du paon il ne reste plus grand chose, il n'est alors plus qu'un frère. Au diable les apparences ,que la lune les dévore et que le soleil enfin fasse le jour sur cette affaire, il veut savoir ce qui s'est passé, un coupable n'importe quoi, n'importe qui. Que l'inquiétude et le désespoir aillent se faire voir, c'est la colère et l'incompréhension qui le guide pour l'instant.

De nouveaux pas, rapides et silencieux cette fois. Nul besoin de tourner la tête, il les connait, a appris à les reconnaître. L'araignée... Ainsi les suit-il toujours comme il le présageait ; ainsi ne lui fait-elle toujours pas confiance pour les protéger ; ainsi vient-il de lui prouver une fois de plus qu'elle a bien raison. On ne peut pas dire qu'il apprécie l'homme le gosse, pas envie de se savoir suivi et heureusement celui-ci respecte sa volonté en se faisant discret. L'araignée est pour lui le miroir de sa jeunesse, la preuve que même Aleanore le considère trop petit pour s'occuper de lui et de 'Cianne. Mais il se veut grand le paon et ne supporte pas d'être mis devant le fait de son impuissance. Alors oui, sans raison il est souvent désagréable avec l'homme ; alors oui il l'écrase de sa suffisance tandis que celui ci demeure éternellement de marbre ; alors oui il maudit ce pantin sans émotion, qui n'arrive qu'à l'exaspérer d'avantage. Cependant il est question de 'Cianne et pour l'heure le morveux est content de le savoir présent. Et une fois de plus tout s'enchaine: la femme est écartée, la petite emportée, le gamin rassuré et la réponse est lâchée.


« Je ne fais pas ce que je veux mais ce que j'ai à faire. Pensez juste que 'Nore maudirait votre incompétence si vous lui rameniez ma sœur dans cet état sans l'ombre d'une explication. Mais attendez moi, j'arrive... »

Froideur d'un môme qui n'a de conseils à recevoir de personne surtout quand il est question de 'Cianne. Remise en place soufflée entre les dents, l'autre l'a sans nul doute entendu. Cet homme entend tout. Et le regard se pose une nouvelle fois sur la femme qui -comme lui- n'a toujours pas eu de réponse à sa question. Cette fois il prend le temps, pas un regard compatissant non, pas non plus de condescendance. Il la détaille tout simplement. Vieille avant l'age c'est le cas de le dire. Chacun de ses mouvement semble douloureux et le visage du gamin se crispe. Est-ce cela le prix de la vie? Tu ne finiras pas comme ça mon exquis joyau, par la sale perlotte, faites que non... Il imagine le gamin, oui imagine sa sœur infirme canne à la main, tout comme Karyl à Saumur. Mais comme ça pour toujours, à jamais. Et l'esprit digresse, se laisse aller à des considérations égoïstes. ..Au moins l'aurait-il à ses côtés éternellement. Oui, il se rendrait indispensable et la garderait pour lui seul, la chouchouterait, la protégerait jusqu'à la mort. L'idée lui apparaît tout d'un coup plus séduisante, mais l'image d'Isaure lui vint à l'esprit comme un rappel. Non tout deux doivent faire leur propre vie. Alycianne s'en sortira et tel le phénix, n'en reviendra que plus rougeoyante pour couper les jambes de tout les vils brigands.

Et après quelques secondes d'inspection, il consent enfin à récompenser d'un bref sourire timde celle qui était prête à les aider. Sourire qui s'évanouit aussitôt alors que l'attention se reporte sur le dit soldat. Alors pour se donner un peu de contenance la parole est reprise, souvenance de lectures épique, la phrase est lâché. Et le môme, rassuré de savoir sa sœur en sécurité, se laisse aller éprouver une certaine fierté à l'égard des quelques mots qui s'extraient de sa bouche avec cette fois plus d'assurance.


« Parlez maintenant ou taisez vous à jamais! »

Diantre! C'est quand même fichtrement classe comme sortie, faudra qu'il pense à la réutiliser...

*Edit: Remplacagement de "attention" par "intention" et plein de vilaines coquilles du genre...
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Alycianne
On refait surface, entrouvre les yeux, pour ne vouloir que n'avoir jamais regardé. Du sang, le soldat, Cassian... Cassian la protègera, il annoncera encore que tout va bien, et ce sera donc ainsi.

Alycianne ?


Oui, oui, tout va bien Cassian, hein ? Dis-moi que tout va bien... Dis-le moi... Silencieuse supplication. Mais il s'énerve, ajoute encore à la déroute de la fillette. Elle a si mal.
Une femme arrive. Elle n'a pas l'énergie de se demander qui elle peut être. C'est entre ses mains qu'elle réalisa qu'elle allait mourir. Ce serait d'ailleurs mieux, elle ne souffrirait plus ainsi. Et Aristote est gentil, à ce qu'on dit. Mais, les choses ont changé depuis le temps où une gamine se cognait le front à Sémur en appelant la mort. Elle se rappelle brusquement tout ce qu'elle quitterait. Non, elle ne veut pas mourir.
Mais je vais mourir...

Chaque goulée d'air est un supplice. Ils parlent, autour d'elle, mais elle ne comprend pas ce qui se dit, elle perçoit tout comme un brouillard sonore fort agaçant. Elle aimerait se concentrer sur ses pensées, ce qu'elle aurait dû faire, ce qu'elle aurait aimé faire, ceux qu'elle ne veut pas décevoir, ceux qu'elle veut revoir. Elle n'y parvient pas, la sourde et tenace douleur de son buste la privant de ses forces.

Poupée de chiffon qui passe de mains à d'autres. Elle ne se soucie plus de rien, aimerait chuchoter à son porteur : "Je vais mourir, vous savez ? Et j'ai peur..."

Cette peur qui enfle dans sa poitrine, la ronge de l'intérieur. Ses forces semblent canalisées par la terreur, une de ces terreurs qu'elle n'a jamais connues. Toujours elle fut la confiante et naïve Alycianne, qui n'eut jamais à s'effrayer de rien, puisque rien ne pouvait lui arriver de mal, "tout allait bien". Mais maintenant...


_ Nous allons vous soigner et quand vous irez mieux, nous retournerons à Concèze, où il vous plaira, mais ne mourrez petite demoiselle, elle ne le supporterait pas.


C'est son Héros. Le Décousu. Elle gémit. On va se soigner ? Et aller mieux ? Puisqu'il le dit, lui qui a eu tant de ble... Blé ? Elle a perdu le fil de sa pensée. Sa caboche bourdonne. Elle est secouée par l'allure rapide de l'Araignée.

Et j'ai si peur... Je suis désolée... De ne pas être forte, comme elle pense que le voudraient Maman et Eusaias.

Ses yeux tombent sur le pansement grossier qu'on lui a posé et qui se teinte de rouge. Son gémissement se mue en cri d'horreur aiguë. Qui dure. Dure. Et se clôt sur un sanglot douloureux qui la plongera dans l'inconscience pour les prochaines heures.

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Cassian_darlezac
[Maman? J'ai mon cœur qu'à besoin de mercurochrome...]

Alors que tes yeux continuent à fixer l'homme, que tes oreilles attendent réponse et que tes autres sens sont également aux aguets, ton esprit commence à virevolter. Le temps faisant, l'inquiétude l'emporte, rapproche un passé et un présent. Les sentiments sont les mêmes, la peur, la culpabilité. Le tout se mêle, méli-mélo d'émotions qui t'entraîne vers un instant de folie. Dicte la peur, dicte lui tes règles, mène le dans ton monde, prend le tout entier et laisse lui entrevoir ses pires craintes. Jouons, le veux-tu?

Gamin qui flanche, la stupeur imprègne ses pupilles, le jeu commence...

*Maman, Père, Edwinna et... Papa? Alycianne?*

La lame est lâchée. Non. Elle est balancée, balancée violemment sur le sol dans un cri rageur.


« Foutredieu! Pourquoi? Pourquoi tu réponds pas?! T'as pas l'droit d'pas répondre! T'as pas le droit... »

La voix se perd et se brise alors que le regard s'embue, cherche à s'ancrer dans celui du soldat. C'est à cause de lui que tu vois ça. Tu perds la raison? Pourquoi ne te rassure t-il pas? Elle est tombée, une éraflure, un petit bobo... Et hop, on en parle plus! *Mais parle, parle, dis quelque chose... S'il te plait...*

Réaction gamine, certes. Après tout tu n'es qu'un môme... Un môme inutile et incapable. Un môme qui voit défilé devant ses yeux -implacable supplice- ses morts.

Implacable, incapable.

Viennent s'y mêler un par un -vision d'horreur- ceux que tu aimes et dont tu as crains pour la vie. Ronde funeste. Tu les reconnais n'est ce pas? Oh comme c'est amusant! Regarde gamin, ne serait-ce pas Papa qui danse avec ta mère? Et Alycianne discutaillant avec ta sœur? Morts?

Et la vision s'évapore...

Ton regard se pose sur l'épée. Pourquoi? Pourquoi n'en es-tu pas capable? Pas faute de le vouloir. Il serait si facile de noyer tout cela dans le sang. Mais le sang n'efface pas tout, tu le sais morveux et n'en fera rien. L'épée demeurera ici. Tu en as ni la force, ni le courage. Tes genoux déjà rejoignent le sol. Incapable... Il est si facile de mourir, de laisser les autres derrière et de s'en aller sans avoir le temps de leur dire au revoir. Tu le sais ça gamin. Est-ce ça qui te fait peur? Qu'elle n'ai pas le temps de te dire au revoir?

Vas-tu fuir une nouvelle fois comme pour Papa? Ne pas oser aller la voir, ne pas oser, ne pas vouloir garder comme dernier souvenir celui d'une soeur agonisante. Non, les derniers souvenirs doivent être bon, caresser ta pensée d'un sourire chaque fois que tu y songe. Mais le mal est fait ; le sang est là. Tu l'as vu ; il est trop tard. *Papa... Excuse moi Papa, je le sais, j'aurai du viendre en Bourgogne, j'aurai du mais j'avais trop peur... Et j'ai encore trop peur Papa...*

Et tes yeux larmoyant se pose sur la femme toujours présente, regard vide, presque désolé. S'en suit une question, une simple question murmurée ; question d'un môme déboussolé.


« Pourquoi la vie parfois ça veut faire si mal... ? »

Car c'est la vie la coupable, ça tu en es certain. Celui qui n'a pas vécu ne peut appréhender la mort. C'est la vie qui te garni ta tête de bons souvenirs, de bons moments, et laisse la mort te les arracher au moment le plus inopportun. Mais ressaisi toi jeune paon, ta sœur n'est pas encore morte et elle a besoin de toi. * Mon cœur pour ne plus voir coulé le sang de 'Cianne, mon cœur pour ne plus savoir Papa empoisonné, mon cœur pour que Marie et 'Nore retrouvent à jamais le sourire, mon cœur pour eux tous, mon cœur pour qu'ils vivent éternellement.*

Si au moins tout pouvait se dérouler comme une simple promesse, un simple pacte... Tu as voulu y croire gamin, t'y croit encore. T'as raison va, c'est important de croire.

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Erwelyn
Il était arrivé sans un bruit, et d’une voix sifflante lui avait intimé de ne pas toucher l’enfant. Étonnée, ses yeux accrochent ceux de l’homme. Son père, peut-être, ou en tout cas un protecteur. Une vraie louve protégerait ainsi ses petits. Malgré le regard acier, malgré la froideur de sa voix, ses gestes se font tendres alors qu’il ramasse délicatement le corps de la fillette. Erwelyn le laisse faire, toujours assise là, à côté de la petite
A quoi bon résister ? A quoi bon lui dire de ne pas la toucher ? A quoi bon lui crier : mais où étiez-vous alors que cette gamine se faisait charcuter par ces couillons en uniforme ? OU ?! C’est bien beau de jouer les grands sauveur et d’arriver après la bataille, mais si vous aviez été là, elle ne serait pas dans cet état là. Longtemps, elle le fixe, se demandant si son regard parle pour elle.
Et enfin, il file aussi vite qu’il est venu, faisant retomber la clairière en un silence pesant.

Un bref sourire caresse le visage du garçon, mais elle n’y répond pas. Sourire lui est devenu difficile, voire impossible ces derniers temps. L’envie de disparaître reste la plus forte. L’Erwelyn pleine de vie s’en est allée elle ne sait où. Peut-être s’est-elle envolée pendant sa chute, pour ne jamais revenir. Un simple signe de tête, donc, pour répondre à ce regard et ces lèvres la remerciant silencieusement.

Toujours au sol, ses prunelles observent la scène qui continue à se dérouler. Il veut savoir, il veut comprendre pourquoi sa sœur s’est retrouvée dans cet état. Même si la question est posée cent fois, la réponse suffirait-elle au garçon pour vraiment admettre ce qui s’était passé ? Non, sans aucun doute. Le soldat n’a sans doute pas réfléchi, emporté par le zèle, l’envie de plaire à son supérieur, sans doute, de prouver qu’il peut grimper les échelons en tuant et en protégeant son Comté de tout intrus. Et tout ceci sans réfléchir. Enfant, femme, vieillard… quiconque se serait retrouvé sur son chemin aurait subit le même sort. Car un soldat ne réfléchit pas. Un soldat exécute. Un soldat blesse. Un soldat tue. Il est formaté pour ça, depuis des mois, des années. Un seul cerveau pour cent hommes, pour mille hommes. Un ordre, une exécution.

Mais celui-ci ne répond pas, il garde le silence. Le pire affront qu’il peut faire à quelqu’un qui demande une réponse, une explication. Les paroles du garçon font échos aux siennes, silencieuses. Elle aussi a envie qu’il parle, qu’il dise au moins un mot, qu’il prenne ses responsabilités, qu’il avoue qu’il est responsable de cette boucherie. Qu’il soit un homme, et pas un matricule qui se ballade en uniforme sans même comprendre pourquoi il frappe de son épée.

Et l’enfant s’écroule. D’abord, l’épée est jetée au sol. Il ne pourra l’utiliser, même si l’envie de vengeance doit lui vriller l’estomac. Dans son esprit, tout doit bouillonner.
Puis son regard se pose sur elle, larmes plein les yeux.


Pourquoi la vie parfois ça veut faire si mal... ?

La phrase du gamin raisonne à son oreille. Comme une claque, elle se la prend. Comment pouvait-on répondre à cela…
Cette question, tout le monde se la posait un jour. Devant une épreuve difficile, devant la perte d’un être cher, devant la cruauté du monde. Que pouvait-elle bien lui dire, là, dans cette forêt qui commençait à s’assombrir, alors que le corps de sa sœur venait d’être emporté vers un avenir incertain.


Je…

Elle cherche ses mots, mais elle sait ce qu’il endure à cet instant. La première fois que la mort l’avait frappée de plein fouet, elle devait avoir le même âge. Et l’incompréhension la plus totale l’avait envie. De la même manière, les mêmes questions étaient venues lui torturer l’esprit, pendant des mois. Pourquoi la vie était-elle si cruelle.
Parce que…

La vie est ainsi pour…

Parce que c’est la vie…

Pour que tu prennes conscience de sa dureté, de sa valeur.

Sa main valide serre la canne encore au sol, les jointures de ses doigts blanchissant sous la pression.

L’amour, la mort, l’injustice. Tu ne pourras y échapper, ta vie ne sera faite que de tout ça.
Tu dois l’accepter, c’est ainsi.
Et c’est inexorable.


Et oui gamin, quoi que tu fasses, tu auras toujours à la combattre. Toujours.

Comment pourrait-on apprécier le reste si tout était si facile ? Tu dois souffrir pour comprendre la vraie valeur des choses.

De toute façon, que pouvait-elle donner comme leçon à cet enfant, elle qui n’avait jamais rien construit, qui n’avait pas d’enfant, qui avait toujours fui l’éventuel bonheur qui aurait pu s’offrir à elle avec les hommes qu’elle avait aimé. Surtout un…
La vérité. Brute, sans détour. Il n’y avait que comme ça qu’on apprenait. Rien ne servait d’embellir les choses.


Toute ta vie tu verras souffrir des gens, tu les verras mourir. Et tout ça te fera mal à en crever. Mais c’est ainsi.

Comme elle peut, elle se relève, s’accrochant aux herbes, aux buissons qui lui piquent les doigts. Son corps se soulève difficilement, guettant le regard de l’enfant. Une seule goutte de pitié ou de dégoût et elle s’en irait sur le champ, le laissant là avec ses questions et sa découverte brutale de la vie. Mais rien de tout ça n’est présent dans ses prunelles. Elle y voit surtout de l’incertitude et une incompréhension totale.
C’est en boitant qu’elle s’approche de lui, ramassant difficilement son épée au passage, sans un regard pour ce couard de soldat qui n’a daigné donner une réponse franche et honnête.


La vengeance, ça fait un bien fou au début.
Mais ce n’est pas ça qui soignera ta sœur.


Une main est tendue vers le garçon, la droite bien sur. Dans la gauche, tremblante, se tient la garde de l’épée.

Relèves-toi, tu dois être plus fort que cette chienne.

Plus fort, plus fort. Elle sent battre dans ses veines une sensation non ressentie depuis longtemps. Celle de l’envie de vivre, de continuer à se battre, de déjouer les pièges que cette saleté de vie peut tendre à chaque instant.
Face à la mort, les réactions peuvent être bien différentes.
Du dégoût à la soumission. Du refus à la folie. De l’abandon au combat.

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