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[RP] Quand ça saoûle d'être soule

Kaeronn
[Tout le monde peut participer ]

Remettez moi en deux! Petit silence. Hum non trois finalement mon brave. Deuxième silence. Bien sur que j'ai de quoi payer voyons!

D'un revers de la main, quelques écus viennent tomber sur le comptoir, rendant le sourire du tavernier. Kaeronn s'empare aussitôt des chopes pleines qu'on vient de lui servir, et sirotant tranquillement l'une, il entoure les deux autres d'un bras protecteur. En même temps, ses yeux balaient la taverne dans son ensemble. Pas grand monde ce soir. Le tavernier devait être heureux de trouver un homme engloutissant autant de bière, et vidant sa bourse sans se préoccuper un seul instant de savoir s'il pourra se payer un repas. Le tonnerrois tentait d'ailleurs de faire durer le plus longtemps sa bière, mais à sa façon de reprendre la chope en main un infime instant après qu'il l'eut posée, on devinait aisément que sa tentative était des plus vaines. Voila d'ailleurs qu'il entamait sa deuxième, puis sa troisième. Qu'ils venaient de payer ça s'entend. Le compte au total s'agrémentait plutôt d'un zéro derrière l'un des trois premiers chiffres.

Blurp.

Le rot était sorti tout seul, naturellement. Assez bruyant pour faire fuir une gente dame. Mais comme à l'instant présent, il n'y en avait point aux alentours, seul le tenancier se sentit offusqué. Kaeronn lui fit un grand sourire en reposant bruyamment la chope sur le comptoir.

N'vous inquiétez pas mon brave, plus l'rot est fort, plus la bière est meilleure. Plus vous êtes bourré aussi il parait, mais ça, j'ne l'ai jamais vérifié. Rem...

Hors de question, vous avez assez bu pour aujourd'hui. Je n'ai pas envie de perdre la maigre clientèle que j'ai, ni que vous me retourniez sans dessus sans dessous la salle.

Mais c'est pas possible ça
, s'écria le tonnerrois en prenant à partie d'un large geste du bras les chaises vide devant lui. Un tavernier refuse de servir l'un de ses clients sous prétexte qu'il a trop bu? Incroyable! Je vous paye, vous me servez, c'est aussi simple que ça.

C'est d'un œil torve que l'homme toisa Kaeronn. D'un air de dire qu'il ferait mieux de filer dehors cette fois-ci, ou il s'en chargerait lui-même. Et il avait des arguments. Par exemple la tête de plus qu'il faisait par rapport au voyageur. Bon pour l'instant ça se voyait pas vu que Kaeronn était assis au comptoir et que l'aubergiste était occupé quand il était entré, mais dés qu'il se lèverait, il risquait de ne pas faire le poids. Certes, si une vessie de porc était entre les deux, il n'hésiterait pas à plonger dessus pour la porter dans un but imaginaire, quitte à foncer dans le tas (et c'était vraiment le cas de le dire pensait de plus en plus le tonnerrois). Mais en cet instant en l'occurrence, nul but, nul coupe, ou nul tonneau gratuit ne viendrait agrémenter une action qui s'avérait de plus en plus suicidaire à mesure que l'aubergiste le regardait.

Nouveau sourire du tonnerrois qui rendit regard pour regard au tenancier, comme pour lui faire comprendre qu'il ne l'impressionnait guère. Puis avant que celui-ci ne le prenne mal, il sauta sur ses bottes. Kaeronn manqua alors de se ramasser par terre. C'est que ça tournait un peu autour de lui aussi. L'aubergiste, qui avait effectué quelques pas dans l'intention de contourner son comptoir s'arrêta la en affichant un sourire narquois. Le tonnerrois agita au hasard sa main par dessus son épaule, puis louvoya comme il put entre les tables et les chaises.


Z'auriez pu faire une allée plus large et qui n'zigzague pas quand même.

Ah, ça devait être la porte la devant lui. Il entendait quelques éclats de rire en provenance de sa gauche. Et puis sa droite aussi tiens. Les rares clients se félicitaient d'être venus assister à ce spectacle. Kaeronn plaqua son corps contre la porte, et sa main tâtonnant tourna enfin la poignée. Le poids du tonnerrois ouvrit la porte facilement, mais il loupa la marche juste derrière. Roulé boulé sur le petit chemin de terre. On entendait les fenêtres s'ouvrir et les éclats de rire des clients qui se pressaient pour ne rien manquer. Sourire niais sur son visage, Kaeronn leva le poing vers la l'entrée de l'auberge.

Traitresse de marche!

Il se releva tant bien que mal, sa cape noire et ses genoux barbouillés de terre. Et titubant légèrement, il s'enfonça dans les rues d'Épinal.
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"La vie est un long fleuve tranquille...
Mais attention de ne pas s'y noyer..."
Sidfiala
Oui venez nombreux



[Quelque part dans les rues d’Epinal]

- Humph ! Mais où qu’c’est qu’elle est cette forge ?

Cela faisait bien une heure que Sidie tournait en rond dans les rues d’Epinal sans trouver ce qu’elle cherchait. Le dénommé Free lui avait pourtant donné des indications pour qu’elle puisse trouver aisément sa forge, mais Sidie avait un tel sens de l’orientation en ville, qu’elle devait forcément avoir fait le tour de toutes les rues sauf de la bonne car elle n’avait pas trouvé trace de l’échoppe où elle devait passer prendre une livraison d’outils pour le travail du bois. Elle passait pour la troisième fois devant le portail de cette ferme quand quelque chose attira son regard. Le tas de bois entreposé sous l’appentis, juste en bordure de la rue, il y avait posé à son pied une souche curieuse. Comment cela se fit qu’elle ne l’eut pas remarqué au premier regard et qu’il eut fallu qu’elle passa trois fois là pour enfin voir ce joyau issu de carrières de la forêt. Sans doute était-ce un coup de pouce de la providence qu’elle n’ait pas trouvé la forge finalement.

Elle fit un pas à l’intérieur de la propriété, jetant son regard dans la cour à la recherche du fermier, sans trouver quiconque. Alors, Sidie s’enhardit au point d’approcher de la dite souche pour venir la caresser de sa main, comme si cette souche fût le plus beau et précieux trésor qu’elle eut jamais vu. Il s’agissait d’un bois de merisier comme en avait encore jamais. L’arbre avait du prendre son temps pour pousser, grandir, forcir pour avoir ce grain aussi serré, aussi fin. Alors que les mains de la luthière caressaient la tranche de la souche, son esprit elle était déjà à l’imagination de l’utilisation qu’elle pourrait en faire : un merveilleux et magnifique placage pour un luth hors du commun : le chef d’œuvre de sa vie pour sûr !

Un léger bruit derrière elle la fit se relever : le bruit que font les coussins et les griffes d’une patte d’animal sur le pavé. Elle fit volte-face pour tomber nez à nez avec un chien énorme au pelage sombre. La bête avait les babines relevées et quand Sidie lui fit face, un grognement sourd et grave monta de sa gueule. La petite blonde eut un mouvement de recul et ce fut ce qui sonna le début de la catastrophe. Instantanément, le molosse, sentant qu’il avait l’emprise sur l’humaine, se mit à aboyer violemment et quand il ne le faisait pas, il grognait de plus belle, le poil de l’échine hérissé. La jeune femme était pétrifiée sur place. Les canins étaient pour ainsi dire la grande peur matérielle de sa vie, enfin si l’on exceptait les eaux profondes. Elle savait parfaitement que prendre ses jambes à son cou était la meilleure façon de sentir ces horribles et monstrueux crocs jaunes s’enfoncer dans la chair si tendre de ses mollets et pour le coup, elle y tenait à ses mollets. Le Cerbère continuait à lui vomir sa hargne de toutes ses forces, bavant, grognant et lui perçant les tympans. Sidie ne voyait aucun échappatoire possible, pas d’arbre à proximité où grimper. Rien.


- HUMPH !

Alerté par les aboiements de son chien, un homme sortit de la grange, armé d’une fourche. On dit souvent que les bêtes ressemblent à leur maître, cela pouvait aisément se vérifier une fois encore ici : l’homme était hirsute, et son visage n’était vraiment pas engageant : menton en avant, sourcils broussailleux froncés, il avançait à grands pas en hurlant :

- Foutez quoi ici ! ?

Sidie esquissa un mouvement pour montrer la souche, ce qui fit redoubler les aboiements du corniaud et sembla énerver particulièrement le paysan qui se mit à agiter sa fourche vers elle de façon agressive en lui beuglant dessus :

- C’pèce de voleuse ! Mon bois ! Décarrez don’ avant qu’j’troue vos miches et qu’j’préviens la maréchaussée !
- Mais non ! Vous vous mépren…


Elle fut coupée dans ses protestations et sa tentative d’explications par un mouvement presque imperceptible fait par l’homme à l’attention du colosse bavant et gueulant qui obéissant au doigt et à l’œil, sembla soudain prêt à passer à l’attaque. S’entêter à vouloir expliquer et défendre sa bonne foi devint alors comme une excellente manière de finir totalement amochée et mâchouillée par la bestiole furieuse. Sidie n’attendit pas davantage, coûte que coûte, il fallait qu’elle tente de fuir de là, espérant que le fermier, la voyant s’éloigner rappellerait son molosse avant qu’il n’ait eu le temps de lui croquer un morceau plus ou moins charnu de sa personne. La thiernoise détala comme un lapin détalerait devant un goupil affamé et prit ses jambes à son cou. Elle entendit le chien courir derrière elle et continuer à aboyer. Elle sentait même son haleine chaude sur ses mollets et cela ne lui donnait que bien plus de motivation à ne pas faiblir l’allure effrénée avec laquelle elle fonçait dans les ruelles, espérant trouver une échelle ou tout autre subterfuge pour se mettre hors de portée du cabot enragé.
Kaeronn
Continuant sa marche, ou plutôt sa danse, le tonnerrois avançait dans la rue principale de la ville. Bon, facile de ne pas se perdre dans Épinal, voila maintenant de nombreux jours qu'il la visitait. Il fallait qu'il trouve Sidie, cela risquait d'être drôle. Bon alors... à droite la, oui à droite. Et un peu plus loin, l'auberge du parc de la Chipotte, où il avait le plus de chance de la trouver. Il s'approcha donc assez rapidement (pour quelqu'un qui zigzague dans tous les sens), de la fenêtre de l'auberge, et zieuta la salle. Pas grand monde, mais il pouvait voir Liz qui s'affairait. Deux autres personnes étaient attablées. Une femme qu'il avait rencontré peu de jours auparavant, et qui se nommait Auxane. Et un jeune vagabond dont il avait perdu le nom. Quelque chose dans le genre Jivéma. Pas trace de la blonde, et nul doute que si elle avait été présente dans la salle, il l'aurait aperçu. Toujours à picoler, un peu comme lui.

Bon, où était elle donc? Au verger? Possible oui, où peut être à se reposer tout simplement dans les bois. Voir à essayer de trouver une nouvelle astuce pour trouver et ramener du miel. Incroyable cette passion pour le miel, alors qu'au lieu de le manger, elle pourrait au moins le vendre. C'est que ça coutait cher. On n'en trouvait généralement que dans les plats de nobles et autres bourgeois. Alors alors... Ah, un bruit de course derrière lui. Un peu d'action peut être. Kaeronn se retourna pour apercevoir Sidie courir comme une dératée.


Tiens, Sidie! Je te cherchais justement.

Il s'approcha mais haussa légèrement un sourcil en regardant la blonde de plus prés. Il n'avait pas l'impression qu'elle allait s'arrêter à sa hauteur, mais plutôt continuer de foncer. Ah et puis juste derrière elle... un chien! Ou plutôt un molosse, qui la coursait, babines retroussées et bave dégoulinant entre ses mach... ouai non, il en faisait peut être un peu trop la. La bête devait être contente de pouvoir se dégourdir les jambes, et vu son regard fixe sur les mollets de la jeune femme, nul doute qu'il se délecterait de planter ses crocs dedans.

Bon à partir de la, deux solutions. Soit il tentait de s'interposer entre Sidie et le chien. Toujours un bon moyen pour passer pour un héros, à condition de ne pas se faire défigurer par le monstre. Autre solution, voir comment Sidie se débrouillerait. Ça pouvait être drôle, et puis il serait toujours la si le chien arrivait à l'atteindre. Un bon coup dans la mâchoire, et le toutou repartirait la queue entre les jambes. Puis en plus, il zigzaguait toujours, c'était peut être plus prudent de ne rien faire. Plus qu'à espérer que Sidie ne se réfugie pas derrière lui.


Hips!

Avec un grand sourire, comme si il ne se rendait compte de rien, le tonnerrois rota. Bah oui, il était avant tout content d'avoir retrouvé Sidie. Il tituba à nouveau, manquant de se vautrer par terre, et siffla mollement, comme pour rappeler le toutou à l'ordre. Pas grand effet sur le carnivore qui continuait de courir, arrivant bientôt devant Kaeronn et l'auberge du parc de la Chipotte.

Oh ben pfff, s'il m'écoute pas aussi... hips!
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Mais attention de ne pas s'y noyer..."
Sidfiala
Courir. Elle avait fait ça toute son enfance dans les sous bois de Thiers : courir après des animaux de la forêt, courir pour ne pas trop de se faire sermonner par la Bertille si elle arrivait en retard, courir pour aller voir sur la crête, le plus loin possible, courir pour sentir son cœur battre fort et son corps détendu après. Maintenant qu’elle était adulte, si Sidie courait c’était surtout sur les terrains de soule pour éviter les coups des joueurs adverses et tenter d’attraper et d’apporter cette vessie de porc bourrée de paille du coté de l’embut adverse. Oui, elle avait toujours couru et pouvait même se targuer d’être assez endurante et rapide. Et ce jour là, Sidie loua le ciel d’avoir eu tout cet entraînement à la course, car le molosse ne semblait pas plus rapide qu’elle. Il la talonnait pourtant bien et à plusieurs reprises, elle avait entendu claquer les mâchoires dans le vide derrière elle. Il s’en fallait de peu à chaque fois pour qu’elle n’y laissa pas un morceau de mollet.

Sidie courait sans trop savoir où aller avec précision, toujours à la recherche d’une échappatoire pour se mettre hors de portée des crocs jaunes du cabot qui la poursuivait. Elle ne voyait rien qui pouvait l’aider et puis soudain se souvint avoir vu près du parc de la Chipotte un appentis où tout un tas de bric et de broc étaient stockés : des tonneaux vides, aux planches pour faire les barrières des enclos. Elle se souvint avoir vu de quoi grimper sur le toit de cet appentis assez facilement, enfin facilement sans doute quand on n’avait pas déjà couru presque une lieue aux maximum de ses possibilités. Sidie orienta donc sa course en direction du fameux parc en se faisant la réflexion que si, au pire elle ne se sentait pas capable de se hisser sur cet appentis, il lui resterait l’enclos des tortues. En tournant le coin de la rue, le chien toujours aux trousses, la Thiernoise aperçu une silhouette familière. Elle l’aurait reconnu entre mille cette silhouette même si pour le coup, elle n’avait pas tout à fait la même allure que d’ordinaire : au lieu d’être bien droite, dressée fièrement, elle était légèrement voûtée et vacillante.

Elle se serait bien arrêtée au niveau de Kaeronn mais le clébard ne lui lâchait pas les basques d’un pouce. Ralentir maintenant était s’exposer à être bouffée toute crue. Elle n’entendit pas ce que lui dit son compagnon et passa devant lui en lui hurlant presque à bout de souffle :


- Aide moi ! Ce cabot ne me lâche pas !

Il ne lui restait plus grand chemin à faire pour arriver à cet appentis en vue. Quelques mètres tout au plus. Elle avisa l’entassement de barriques, l’empilement précaire de tous ces morceaux de bois et estima que ces chances étaient correctes : elle allait tenter le coup car à vrai dire, elle n’avait pas trop envie de finir dans la fange de la mare aux tortues du parc. Alors qu’elle s’approchait des premières barriques, Sidie cru entendre un léger sifflement, un son sans trop de conviction. Si le chien ne fit pas demi-tour, cela eut au moins l’effet de lui faire tourner la tête un court instant et de permettre à la petite blonde de grimper sur le premier tonneau en posant ses deux mains sur son rebord et en donnant une impulsion de ses jambes fatiguées. Cette première étape franchie, il en restait encore deux autres à passer : grimper sur le second fût avant d’être à la hauteur du toit et en théorie, hors de danger. Le chien cherchait à grimper sur la première barrique quand Sidie achevait de se hisser sur la seconde. L’équilibre de cette dernière était plus précaire car elle était vide et alors que la jeune femme se mettait debout pour attraper le rebord du toit, tout bascula : le tonneau vide chavira sur le coté, tombant sur l’empilement hautement stratégique mais grandement instable de tasseaux et poutres diverses. Agrippée au rebord du toit, Sidie gesticulait essayant de tirer sur ses bras pour se hisser sur la toiture salvataire. Elle balança ses pieds de droite à gauche cherchant une inertie lui permettant de grimper plus facilement et son pied droit vint heurter la poutre stockée verticalement contre le mur sur laquelle reposait tout un tas d’autres morceaux de bois de tailles diverses et variées. Avec le choc du tonneau chutant, puis celui du pied de la jeune femme, l’ensemble bascula et s’écroula dans un fracas au milieu duquel un couinement suraigu se fit entendre : le molosse venait de prendre une poutre sur les reins et un tasseau sur le bout du museau. Il ne lui en fallu guère plus pour abandonner sa proie et reculer, la queue entre les pattes, laissant Sidie pendue dans le vide à la bordure de cette toiture, au dessus d’un entremêla sans nom de matériaux.

- Humph !
Kaeronn
Mais... Mais qu'est ce qu'elle faisait? Elle tentait de monter sur le toit, poursuivi par le cabot?? Non mais un chient, ce n'était pas ainsi que cela se calmait. Un bon coup de pied dans le museau, et l'animal rentrerait tête baissée chez son maitre. Voila-t-il pas qu'il fallait qu'il répare ses âneries maintenant. Il ne savait pas du tout pourquoi le chien lui courrait après, mais nul doute qu'elle l'avait provoqué. N'importe quoi cette Sidie parfois.

Le tonnerrois ferma un œil tout en tordant sa bouche dans une grimace plutôt comique quand tout le fatras sur lequel elle était montée s'écroula sur le pauvre toutou. Ah ben voila qu'il repartait maintenant. Même plus besoin de jouer au héros, ouf. Quoique... mince, la voila qui se retrouve suspendue à la tuile de la baraque. Malin ça. Heureusement qu'elle était légère, car la bordure du toit aurait déjà cédée sans cela. Voila maintenant qu'il allait devoir jouer les équilibristes. A moins que...

Sans se départir de sa démarche hasardeuse et en zigzag, Kaeronn fit plusieurs tours sur lui-même avant de cligner des yeux au vu des tonneaux renversés. Il marcha rapidement vers eux, et donna un coup de pied dans le premier rencontré. Mouai, vide. Un autre, plus grand, lui rendit un ton beaucoup plus sourd et surtout, il ne bougea pas d'un pouce.


Aaaaah... hips parfait!

S'accroupissant, passant les deux mains de chaque côté inférieur du tonneau, le tonnerrois s'arque-bouta et poussa de toutes ses forces pour relever le tonneau plein. Plein de quoi? Aucune idée, mais la blonde ne ferait pas la fine bouche. Au moins, il était grand ce tonneau, et elle n'aurait pas besoin de bien viser pour tomber dedans.

Kaeronn tâta sa hanche, mais son épée ne s'y trouvait pas. Se rappelant qu'il n'avait toujours pas le droit de la porter, il avisa un bout de fer pour s'en servir comme d'un levier, et fracasser le couvercle.


Tiens bon hips! J'arrive!

Beûrk. Les relents nauséabonds qui sortaient du tonneau et venaient lui chatouiller désagréablement le nez lui indiquèrent facilement la nature du contenu. Une eau sale et noirâtre. Peut être de l'eau utilisé pour laver quelques façades de maisons. Il n'en savait trop rien. Au moins, c'était de l'eau, même s'il aurait préféré de la bière. Bougeant alors le tonneau petit à petit, il l'achemina en dessous de la petite blonde suspendue au toit.

Hips hips... Lâche tout! Hips!
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Sidfiala
- Humph !

Suspendue à son bord de toit, Sidie gesticulait tant bien mal, plutôt comiquement, tentant de basculer tout son corps pour lever sa jambe droite et poser son talon sur le bord du toit, histoire d’avoir un appui supplémentaire pour pouvoir se hisser là haut. Car elle n’était pas totalement folle encore et savait que tout lâche alors que sous ses pieds c’était comme un champ de bataille après le passage d’une catapulte, c’était s’exposer à se tordre une cheville, voir se casser une jambe ou même finir embrochée par un morceau de bois brisé en biseau. Le soucis, c’est qu’elle n’y arrivait pas à poser ce fichu pied sur le rebord de cette toiture trop haute. Non, elle n’y parvenait pas, sans doute parce que ses guiboles étaient fatiguées par le marathon qu’elles venaient de faire et pendant tout ce temps là, ses doigts et les muscles de ses bras et de ses mains, eux s’ankylosaient, se crispaient, devenaient douloureux et commençaient à glisser.

- Kaeronn ! Aide moi ! Gémit-elle d’une voix plaintive.

Elle ne voulait pas se casser une canne, ah ça non ! Cela aurait sonné la fin de la saison de soule pour elle, et l’abandon avant même de les avoir commencées des qualifications pour la prochaine Coupe Royale. Et que dire des matchs de Beach soule qui les attendaient, sans compter de celui prévu contre l’équipe de Tonnerre où elle avait prévu de lui montrer ce dont elle était capable et de le battre à plate couture. Ah ça non, elle ne voulait pas se blesser !

- Tiens bon hips! J'arrive !

Heureusement qu’il était là son compagnon ! Toujours là pour la sortir de ses mauvais pas quand elle s’y enlisait. Elle ferma les yeux, occupant toute sa concentration et ses dernières forces à la résistance de ses deux dernières phalanges qui étaient désormais le seul point d’accroche, la maintenant dans les airs et lui évitant de se vautrer lamentablement dans les débris. Si Kaeronn lui disait qu’il arrivait c’était qu’il arrivait. Elle lui faisait une confiance entière, et l’imaginait venir se camper fièrement sous elle, tendre les mains pour la cueillir fermement mais en douceur lorsqu’elle tomberait dans ses bras… et l’embrasser tendrement avant de… ahem ça faisait long quand même, que faisait-il donc ! Elle n’allait plus pouvoir tenir longtemps ! Aussi lorsqu’il lui donna le signal que tout était paré, elle ne réfléchit pas deux fois ni même une et lâcha, amorçant sa chute vers ses bras costauds. Ah ce qu’il était fort son Kaeronn !

Fort, certes, mais surtout ivre comme une barrique et à cet instant, loin d’être à la hauteur du fantasme rêvé par la jeune femme quelques instants plus tôt. La jeune thiernoise ne savait pas ce qui l’attendait et ce n’est qu’une fraction de seconde avant qu’elle n’entre dans le contenu du fût que les effluves répugnantes vinrent chatouiller ses narines, ça et puis aussi une vague odeur alcoolisée.

Plouf ! Sous l’impact du corps de Sidie, l’eau croupie jaillit de toutes part. Si elle était noire et sale, au moins fit-elle son office et permit-elle à la petite blonde d’arriver en bas en un seul morceau. Sidie émergea du tonneau maintenant vide au tiers en prenant une large inspiration avant d’être secouée de vilaines quintes de toux, hachées par des hauts-le-cœur. Elle dégoulinait de toutes parts, ses cheveux plaqués à la tête et avait perdu de toute sa superbe, si tant était qu'elle en eut eu un jour.


- Yeark ! Humph !
Kaeronn
Kaeronn s'était reculé de quelques pas quand Sidie avait lâché son bout de toit. C'est qu'il ne voulait pas être trempé, non certes! Surtout que cette eau noirâtre ne lui inspirait aucunement confiance. Enfin, il avait fait avec ce qu'il avait sous la main. Si Sidie n'était pas contente, elle n'avait pas qu'à s'attirer des ennuis aussi. Il ne savait pas d'où venait le chien, mais il n'avait guère l'aspect d'un vagabond. Où avait elle bien pu fourrer son nez?

Le plongeon de Sidie l'enchanta. Voila une situation périlleuse bien négociée, et à l'arrivée, un toutou enragé parti la queue entre les jambes, et sa compagne en un seul morceau, sans aucune égratignure. Juste...


Pouah, on ne peut *hips* dire que tu *hips* sens bon!

Malgré tout, le tonnerrois s'approcha de la blonde alors qu'elle sortait du tonneau.

Ben alors? Quelle idée d'aller jouer les équilibristes sur le toit? Vraiment, tu m'étonneras toujours ma Sidie! *hips* Oui bon y'avait ce chien, mais quand même! Un bon coup sur le museau *hips* l'aurait calmer facilement!

Bon que faire maintenant? L'esprit encore un peu embrumé, Kaeronn n'avait pas de bonne idée à priori.

Va falloir que tu te nettoies *hips*! Je te conseille *hips* une rivière, ou alors un bac plein *hips* d'eau fraiche. Qu'est ce que tu préfères?

Lui aurait sans aucun doute choisi la rivière, mais pour sa compagne, rien n'était moins sur. Il fallait dire qu'elle avait une peur horrible de l'eau. Et ce depuis qu'elle avait manqué de se noyer dans un lac. Régulièrement le tonnerrois la charriait sur le sujet. Sauvée par le curé de Thiers, on pouvait dire qu'elle avait eu de la chance. Tout cela parce qu'elle voulait se baigner un peu, alors qu'elle ne savait pas nager. Elle avait cru sans doute avoir pied, mais ce n'avait pas vraiment été le cas. Marrant, et cela le ferait toujours marrer.
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Sidfiala
L'odeur de l'eau croupie lui portait au coeur. S'en était écœurant. Sidie passa ses mains sur son visage pour l'en débarrasser et pour pouvoir ouvrir les yeux. Elle découvrit un Kaeronn goguenard qui se rapprochait du tonneau. Les bras levés à mi hauteur, elle baissa les yeux sur l’état de ses vêtements et découvrit avec horreur et répugnance la couleur de l’eau dans laquelle elle venait de tomber. Presque instantanément, elle posa les deux mains sur le bord du fût pour s’en extirper avec sur le faciès une expression légèrement apeurée : qui savait quel genre de créature vorace et dangereuse pouvait bien baigner et vivre dans une fange pareille ?

- Humph ! C’est dégoûtant ! De l’eau et en plus… Humph !

Elle reporta son attention sur Kaeronn qui se moquait d’elle, pour changer, et lui rétorqua, sachant que de toutes façons ses explications ne feraient que rajouter aux moqueries de son compagnon :

- Figure toi que le clébard appartenait à un paysan qui m’aurait sans doute embrochée si j’avais malmené son molosse. Et puis après, une fois lancée, le temps de me retourner c’est lui qui m’aurait mordue le premier. Humph… tout ça à cause d’une souche !

C’est à cet instant que Sidie fronça légèrement les sourcils. Kaeronn dansait ou bien ? Il oscillait lentement de droite à gauche, d’avant en arrière, le tout sans réelle logique d’enchaînement. Le sourcil gauche de la petite blonde se releva sous ses cheveux mouillés. Quand Kaeronn lui souffla sa merveilleuse proposition de bain, elle su. Non pas parce que ce qu’il disait ne tombait pas sous le bon sens, mais plutôt parce que les effluves alcoolisés et son haleine vinrent chatouiller le sens de l’odorat de la thiernoise. Ca et les hoquets à répétition, ça ne trompait pas. C’était la première fois que Sidie le voyait dans cet état, car de ce qu’elle avait pu voir jusqu’à présent, son Kaeronn tenait particulièrement bien l’alcool.

- Va falloir que tu te nettoies *hips*! Je te conseille *hips* une rivière, ou alors un bac plein *hips* d'eau fraîche. Qu'est ce que tu préfères ?
- Dis donc ?! T’en as sifflé combien sans moi ? Tu aurais pu m’attendre au moins… Humph !


Elle baissa de nouveau ses yeux et retroussa son nez pour constater que cette fois ci, l’odeur nauséabonde n’émanait pas du tonneau mais bel et bien d’elle. Et ça allait être pire en séchant si elle ne faisait pas quelque chose et rapidement. Sidie ne voulait pas prendre le risque de voir ses vêtements et ses bottes bons à jeter et puis son Kaeronn se tenir à distance d’elle parce qu’elle puait les marécages. Un bain. Quelle horreur ! Elle devait pourtant bien s’y résoudre vu l’ampleur des dégâts. Elle soupira lourdement:

- Oui, me laver… Humph ! J’aurais été seule, j’aurais choisi un baquet, mais comme tu es là… Avec toi j’aurais tendance à dire la rivière, mais est-ce que tu te sens capable de venir me chercher si jamais je glisse et que je suis emportée par le courant, hein ?

Pas que, mais l’état d’ivresse avancée de Kaeronn laissait planer quelques doutes sur la totalité de ses capacités. Et pour avoir goûté plus que de raison à l’eau de la Durolle, ce torrent qui mouille Thiers, en plein hiver, Sidie était devenue particulièrement frileuse quand il s’agissait d’entrer dans une rivière et qu’elle n’avait pas son curé, le Père Tiresias, à portée de main. Peut être était-il temps de passer à autre chose, de montrer à Kaeronn qu’elle savait évoluer et avancer, dompter ses peurs ? Peut être aussi en finirait-il avec ses railleries dès qu’il serait question de traverser une rivière quand ils voyageaient ? Et puis au final, elle ne se voyait pas se baignant nue dans un abreuvoir en ville, là où tout le monde aurait pu la reluquer. Au pire si elle voyait que vraiment Kaeronn montrait des signes de faiblesse, ils avaient sa corde pour qu'elle s'attache à un arbre et ne soit pas emportée au loin. Ce fut donc avec une boule d’appréhension rivée au ventre que Sidie rajouta après ce court instant de réflexion :

- Va pour la rivière… mais dans un méandre hein, là où j’aurais pieds… j’crois avoir vu un endroit pas mal l’autre jour quand on est passés près de la grange.

Nul doute que Kaeronn s’en souviendrait, ce jour là avait été mémorable pour tous les deux. Sidie esquissa alors les premiers pas, n’osant toucher son compagnon et lui prendre la main. Un pas. *Sploutch*. Deux pas *Sploutch*. Misère ce que le chemin allait paraître long ! Elle tenta la conversation tout en marchant, espérant que cela couvrirait le bruit de ses pieds dans ses bottes toutes baugées.

- Stef t'a accompagné pour ta saoulerie ? Tu avais quelque chose à fêter ?

Elle l'entendait déjà lui rétorquer par une question : "Et depuis quand faut-il une raison pour boire ma Sidie ?". Et cela la fit sourire toute seule.
Kaeronn
Ah ça, c'est sur que c'est dégoutant! Même bourré, me viendrait pas à l'idée de te prendre dans mes bras la!

Il fronça le nez comiquement, comme pour réprouver l'odeur qui se dégageait du tonneau, et de la petite blonde à présent. Non mais vraiment... Pourquoi ce n'était pas un tonneau rempli de bière qu'il avait ouvert?? Quel était le crétin qui utilisait ce récipient à des fins aussi perverses, attendant de piéger le premier soulard venu, qui aurait la mauvaise idée de vérifier le contenu? C'était même machiavélique. Ah oui, elle avait le droit, et elle devait absolument de toute façon s'expliquer Sidie!

Comment ça à cause d'une souche? Alors qu'il y a tout un bois, t'as préféré t'en aller en couper chez un habitant? Ou alors t'as cru que les souches chez les paysans abritaient tous des rayons de miel? C'est sur que dans ce cas la, faut pas te plaindre qu'ils lâchent leur molosse sur toi ma Sidie...

Il tituba légèrement en souriant narquoisement.

Comment ça combien de bières? Pas plus que d'habitude voyons!

La, il avait quand même bien fait pompette, mais bon, il fallait ce qu'il fallait des fois. La mère Sainte Boulasse n'allait pas montrer ses seins dans le ciel comme ça, si on ne l'appelait pas un minimum. Voila d'ailleurs que les gros nuages s'ouvraient pour en laisser apparaitre d'autres plus petits. Suffisait d'un peu d'imagination pour s'apercevoir que le nuage du milieu ressemblait étrangement à un sein. Ah cette Sainte Boulasse, elle valait chacune des chopes d'alcool engloutie. Et elle valait déjà toutes les prochaines qu'il s'empresserait d'aller vider en soirée, ou le lendemain. Et les autres jours suivants.

Mais évidemment que je saurais te retenir si le courant essaye de t'emporter. De toute façon, comme tu le dis, nous aurons pieds, donc tu n'as pas de soucis à te faire. Au contraire, mieux vaut pour toi qu'il y ait plus de courant, parce que vu comment tu empestes... ça ne va pas être du gâteau.

Le tonnerrois se gratta la tête, essayant de se souvenir de l'emplacement de la rivière.

Ah oui, je vois, allons y.

Bon il ne voyait plus du tout en fait, mais il la suivrait, comme ça, il était sur d'y arriver. Elle avait surement tellement envie de se débarrasser de cet odeur (et lui aussi d'ailleurs), qu'elle foncerait à la rivière désignée. Il ne put retenir un nouveau sourire ironique en entendant le bruit qu'elle faisait en marchant. Heureusement, elle parla rapidement de nouveau, fortement. Peut être pour couvrir ce bruit, ou juste parce que Kaeronn la suivait à prudence respectable. Il n'avait pas envie de gâcher ce bon gout de bière dans sa bouche par un air fétide. Il n'osa même pas imaginer l'état des bas de sa compagne.

Euh non, Stef n'était pas la. En fait j'étais seul. Si on appelait seul se trouvait dans une taverne avec d'autres gens. Mais seul à boire comme ça dirons nous, ajouta-t-il. Et oui, je devais fêter l'anniversaire de la Sainte Boulasse.

Piètre excuse, mais en fallait il une pour boire? pensait également Kaeronn. De toute façon, l'anniversaire de la Sainte Boulasse, c'était tous les jours. Ce n'était pas pour rien que les tavernes chez elle, étaient considérés comme l'égal des églises dans la religion aristotélicienne.

Continuant de suivre Sidie à prudente distance, ils arrivèrent enfin en vue de ce qu'elle appelait une rivière, mais qui s'apparentait plutôt à un ruisseau. Ouf, elle aurait pied sans problème, tout en pouvant se nettoyer de fond en comble. Le tonnerrois sourit, et la laissant en amont, s'assit à côté du cours d'eau.


T'inquiète pas, si tu tombes et que le fort courant t'entraines, je t'attrape!

Mouarf, si elle arrivait à être entrainée par le courant la, c'est qu'elle était vraiment très forte. Mais avec elle, on ne savait jamais. En attendant, il la regardait, attendant qu'elle se fut un peu nettoyer pour l''approcher. Profitant de l'eau à portée de ses mains, il s'en aspergea le visage.
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"La vie est un long fleuve tranquille...
Mais attention de ne pas s'y noyer..."
Sidfiala
*Sploutch ! Sploutch ! Sploutch !*

Sur le chemin, la blonde avait fait la conversation, faisant semblant de ronchonner que la prochaine fois Kaeronn devrait l'attendre pour boire, que c'était plus agréable à deux, blablablabla. Mais au final, Kaeronn faisait bien ce qu’il voulait, et il se savait. Elle même ne se gênait pas pour boire un p’tit coup même quand il n’était pas là et il devait le savoir et puis interdire à un joueur de soule de boire c’était comme lui interdire de jouer : ça ne lui serait même pas venu à l’esprit.

Sidie avait hâté le pas pour arriver le plus vite possible à la rivière et ce bruit infâme n'avait cessé que lorsqu'elle s'était arrêtée sur les berges. Là, alors que son compagnon établissait ses positions non loin du bord, elle jaugea du regard la rivière et son fond un peu sablonneux. Quelle profondeur pouvait-il bien y avoir là ? C’était que parfois, la vision de ce genre de chose était particulièrement trompeuse, on pensait qu’il n’y avait qu’à peine une coudée d’eau et plaf ! On se retrouvait mouillé jusqu’à la taille. Ou inversement, on pensait qu’on avait grandement de quoi faire un joli saut et boum ! On se cognait le fondement sur un caillou au fond plus proche que prévu. Non, vraiment les rivières et l’eau c’était d’une traîtrise…

Rien de tel qu’un bâton pour jauger la profondeur avec précision. Ouf, il y avait un mètre à tout casser. Le courant n’était pas aussi tumultueux que celui de la Durolle, Sidie en fut légèrement soulagée, quoi que loin d’être parfaitement détendue. Un regard circulaire alentours pour s’assurer que son compagnon était le seul en vue. Elle ne voulait pas qu’il y ait dans les environs un quelconque garnement ou volatile désireux de se rincer l’œil pendant qu’elle se rincer elle. Lentement, se raccrochant aux herbes folles comme si elles allaient pouvoir la sauver de la noyage si elle venait à déraper, la thiernois descendit donc toute habillée dans le bras d’eau tranquille. Là, elle fit quelques pas et tourna en rond tâtant le lit de la rivière du bout de son bâton pour s’assurer que ce dernier était assez horizontal et ne présentait pas de piège qui allait l’engloutir toute entière avec une vague la submergeant par-dessus les oreilles. Une fois son long manège fait pour la rassurer, Sidie en vint à la conclusion que les risques ici étaient moindres et qu’elle pouvait prendre son temps. Elle tourna la tête vers Kaeronn et lui adressa un petit sourire crispé avant de se mettre à genoux dans l’eau pour se mouiller jusqu’aux épaules et plaçant ses mains en creuset, elle se rinça abondamment le visage et sommairement les cheveux avant d’entreprendre de défaire ses bottes.


- Humph, va falloir frotter fort je crois. C’était quoi cette flotte ? A quoi elle avait servi à son avis ?

Un peu de sable au creux de la main, elle frotta énergiquement le cuir de ses bottes, dedans, dehors. Quand elles furent propres, elle les vida et les tendit à Kaeronn pour qu’il les mette sur l’herbe à sécher.

- Je les graisserai quand elles seront sèches.

C’est qu’elle ne voulait pas que le cuir de ses bottes ne durcisse de trop et finisse par lui faire mal quand elle reprendrait la route aux cotés de Kaeronn. Les bottes c’était comme une seconde peau et ça s’entretenait régulièrement. Quand ces dernières furent étendues sur l’herbe verte, Sidie se rebaissa dans l’eau et s’affaira à retirer ses bas, pour les frotter l’un contre l’autre avec précaution cette fois ci. Elle écarta ses orteils dans le fond sableux avant de les recroqueviller et d’en sourire. C’était plutôt agréable comme contact et la fraîcheur de l’eau de la rivière était particulièrement bienvenue en cette journée de chaleur estivale. Elle tendit de nouveau les bas propres vers Kaeronn avec un petit sourire et lui demandant :

- Tu viens me frotter le dos ? Tu vas voir elle est bonne !

C’est qu’elle avait presque repris de l’assurance la petite blonde ! Il fallait dire aussi que la fraîcheur de l’eau lui ôtait toute la fatigue musculaire liée à sa longue course dans les rues et la ravigotait. Emportée par le faible courant, l'eau troublée par les saletés que Sidie avait diffusé autour d'elle, s'éclaircissait davantage d'instant en instant. Avec un peu de chance, elle ne garderait pas l'odeur qui semblait lui rester encore dans le nez depuis son plongeon de tout à l'heure.
Kaeronn
Le tonnerrois bailla légèrement en regardant le courant avancer lentement devant ses yeux. On ne pouvait pas dire qu'il était rapide non, et se poster devant cette rivière l'endormait un peu. Il reporta son regard sur Sidie pour se réveiller. Il allait lui dire de plonger tout habillée, ses vêtements sentant sans doute autant voir plus qu'elle, mais referma la bouche en voyant qu'elle n'avait pas attendu son conseil. Et aller hop, c'était parti pour un nettoyage en règle. Pouah, ça pouvait durer longtemps.

Kaeronn passa une main dans ses cheveux, se demandant quoi faire en attendant. Hors de question qu'il l'approche, à moins qu'elle se noie. Non pas qu'il était chochotte, mais l'odeur était vraiment incommodante, et quand on avait le choix de ne pas la sentir, et bien on ne s'en approchait pas. Il répondit donc de loin à la petite blonde.


A quoi elle avait servi? Qu'est ce que j'en sais moi... Surement pas à nettoyer. Ou alors c'est un troll qu'on a lavé, sourit il. Ce que je ne comprends pas vraiment, c'est pourquoi on a gardé l'eau dans ce tonneau, et pourquoi on ne l'a pas jeté après utilisation. Peut être qu'il y avait des bestioles en fait dedans. Des trucs qui s'accroche à ta peau et te suce le sang. Il plissait les yeux pour voir la réaction de Sidie, amusé. Ou alors t'as frôlé un genre de poisson qui t'arrache une jambe. T'es peut être sortie juste à temps tu sais!

Ah voila, qu'il avait une petite idée pour sortir l'ennui de sa tête et de son corps!

Il grogna légèrement en la voyant lui tendre ses bottes, puis de mauvaise grâce, il se leva pour les prendre et les posa plus loin, sur l'herbe.


C'est cela, tu n'auras qu'à tuer un cochon. Ils en sont remplis de graisse.

Bon heureusement, Sidie ne se reposait pas pour autant, et continuer de nettoyer ses vêtements un à un. A croire que ce n'était pas la première fois qu'elle tombait dans un tonneau rempli d'eau malodorante. Levant les yeux au ciel, il prit les bas qu'elle lui tendait, et les étala à côté des bottes. Puis il la regarda en ouvrant des yeux ronds, jouant la surprise.

Te frotter le dos? Tu ne veux pas non plus que je lave tes braies et ta chemise tant que tu y es? C'est pas moi qui doit réparer tes conneries ma Sidie hein!

Bon en même temps, ça lui ferait du bien un bon bain. Et avec un peu de chance, elle ne sentait presque plus maintenant. Se déshabillant, Kaeronn rentra donc dans l'eau en haillons, s'aspergeant d'eau froide la figure. Il avait oublié de continuer sa comédie en hipsant, mais apparemment, elle n'avait rien remarqué. Il pouvait donc continuer, faire semblant de se noyer... oui, ça pouvait être drôle. Se retournant et avançant en marchant sur le fond sablonneux, il vint frotter énergiquement le dos de Sidie, nettoyant ainsi sa chemise.

C'est bien parce que c'est toi hein!

Il continuait de frotter, de plus en plus doucement, au grand plaisir apparemment de la petite blonde. Puis mettant son idée à l'œuvre, Kaeronn frôla de son pied la jambe de sa compagne. En même temps, il sursautait.

Mince! T'as senti? Y'a un gros poisson qui vient de me toucher!! Si c'est un cannibale, on est mort!
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"La vie est un long fleuve tranquille...
Mais attention de ne pas s'y noyer..."
Sidfiala
Sidie s’était empressée de regarder dans ses braies et de tâtonner sa peau quand Kaeronn avait parlé de ces bestioles suceuses de sang qui auraient pu se trouver dans l’eau noirâtre du tonneau. Elle avait bien évidemment blêmi en imaginant avoir peut être échappé de peu à perdre un orteil, voire pire, un de ses jolis pieds dévoré par un poisson des profondeur vorace et carnivore. Elle n’avait mis que plus d’ardeur à frotter ses braies et son chemisier sur le devant, pour tenter de cacher un peu sa nervosité attisée par les mauvaises blagues de son compagnon.

- Vu les bestioles qui vivent dans le parc de la Chipotte, je ne veux même pas imaginer ce qui pouvait vivre dans cette flotte. Si ça se trouve c’était même de l’eau de l’enclos des tortues… Yeark !

Fort heureusement, il vint la rejoindre dans l’eau et alors qu’il la frictionnait pour nettoyer le dos de sa chemise, elle se prit à sourire quand il lui glissa qu’il le faisait pour elle. Elle s’abaissa pour frotter ses braies, mettant les épaules dans l’eau. Elle hésita un moment à retirer ce qui lui restait de vêtement et à rester avec sa seule chainse. Alors qu’elle hésitait encore, elle songeait aux paroles de son compagnon qui lui caressait les épaules plus que les frotter maintenant et ses mains sur son dos, achevaient de lui faire oublier les raisons pour lesquelles ils baignaient tous les deux dans la petite rivière. L’odeur s’en était allée, ne restait plus qu’à refaire ressortir le jaune éclatant initial de ses vêtements :

- J’espère bien que tu le fais pour moi Kaeronn ! En tous cas, je t’assure que ce morceau de merisier était magnifique. Cet imbécile de paysan a dû croire que je voulais le lui voler alors que je m’apprêtais à lui en offrir un très bon prix. Un bois comme celui-ci, ce serait misérable s’il finissait dans l’âtre d’une cheminée alors qu’il pourrait faire un excellent placage pour un de mes instruments de mus….

Elle ne finit pas sa phrase. Quelque chose venait de lui effleurer la jambe et Kaeronn de sursauter en prononçant des paroles peu rassurantes. Instantanément, Sidie se redressa, tourna la tête et adressa à Kaeronn un regard alarmé, avant de se précipiter sur la berge avec de grands mouvements pas du tout adaptés au déplacement dans l’eau. Elle éclaboussa un peu partout autour d’elle dans de grandes gerbes en se déplaçant un peu gauchement, manqua de se ramasser et de boire la tasse à deux reprises en dérapant sur le fond sablonneux, le tout sur les six pieds de distance qui la séparaient de la rive. La panique s’empara totalement d’elle, quand, en approchant du bord, elle sentit une des algues marines lui effleurer la cheville. Elle laissa alors échapper un petit cri strident et effrayé, piétina un court moment sur place et, enfin, dans des gestes rapides et presque désordonnés, elle grimpa sur le bord terreux, salissant les genoux de ses braies pourtant propres, avant de s’y retourner pour tendre la main vers Kaeronn :

- Vite ! Kaeronn !

Elle resta la main suspendue vers la rivière, tendue vers son compagnon, l’agitant rapidement pour lui indiquer de se magner de sortir. Sidie scrutait avec anxiété le fond de la rivière à la recherche de ce mastodonte marin qui les avait tous les deux touchés, mais les remouds qu’elle avait faits durant sa fuite éperdue avaient troublé l’eau et il était impossible de voir quoi que ce soit dans le fond.
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