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Info:
Topic "rétroactif" , écrit entre le 23 fevrier et le 21 mars 1458 . Depuis , Lysannabelle a été rappelée par Aristote et Domdom a continué son chemin.

[RP] Au couvent de la sainte Trinité

Domdom
Domdom arriva devant l’immense portail et cogna le heurtoir de fonte contre le bois de chataigner de la porte.

Toc …toc…

Il attendit un peu , puis entendit un bruit métallique : un visage apparut dans le guichet ouvert de la porte.


Bonjour , je suis Messire Domdom , je suis attendu par la Mère Supérieure

Un bruit de serrure , puis la porte s’entrebailla , Dom entra en remerciant d’un geste de la tête la religieuse qui venait de le faire entrer à l’intérieur du couvent .
Celle-ci ,voilée de la tête aux pieds , referma la porte sans aucun regard vers le visiteur , traversa la cour d’un pas rapide et se dirigea vers un porche sombre.
Dom lui avait emboîté le pas , un peu surpris par cet accueil glacial .

Ce matin , un homme s’était présenté chez lui , muni d’un parchemin écrit de la main de la mère Supérieure du couvent des Ursulines de Craon.
Celle-ci désirait l’entretenir dans l’après midi.
Dom se doutait bien de l’objet de l’entretien , aussi passa –t-il le reste du temps avec une boule à l’estomac qui n’avait fait que croître au fur et à mesure que l’heure du rendez vous approchait.

La religieuse ouvrit une porte qui donnait sur un large escalier menant aux étages .
Toujours silencieuse , elle le guida ensuite à travers des couloirs, puis s’arrêta devant une nouvelle porte à la quelle elle toqua .


" ‘trez " entendit il à travers l’huis.

La religieuse ouvrit la porte et le laissa entrer dans une pièce faiblmeent éclairée d’une petite fenêtre , meublée d’un bureau, une armoire , un coffre et deux fauteuils , puis , après avoir respectueusement salué l’occupante du bureau , annonça d’une voix douce :


Mère Marie Agnès …Messire Domdom est arrivé


Puis elle s’en fut , refermant discrètement la porte derrière elle .

_________________
--Mere_superieure
La Mère Supérieure était plongée dans ses comptes lorsque l’homme fut introduit devant elle.
Elle leva un visage sévère vers lui , lui désignant un fauteuil du menton.
Le paysan s’y assit , un peu tendu , croisant les bras sur la poitrine , attendant que la religieuse engage la conversation , ce qui ne tarda pas :


Messire Domdom …Merci de vous être rendu disponible aussi vite.
Voilà…Votre temps doit vous être précieux et je n’ai pas pour habitude de tourner autour du pot.


Elle prit une profonde inspiration , puis lâcha :


Il s’agit de votre femme , vous l’aurez deviné….Elle va mal …très mal même !
Mais peut être le saviez vous déjà ?


Elle sondait la réaction de son interlocuteur d’un œil vif et scrutateur.
Certes ; elle avait dépassé les soixante dix printemps et avait de plus en plus de mal à se déplacer sans l’aide des novices , mais elle avait gardé toute son intelligence vive et son oeil perçant.

L’homme semblait quelque peu sonné par ces paroles .
Il paraissait aussi très fatigué , son visage livide et les cernes sous ses yeux ne trompaient pas.

La vue de cet homme à la dérive radoucit quelque peu la vieille religieuse.


Ecoutez ..Nous avons accepté Dame Lysannabelle parmi nous , en toute connaissance de cause , la sachant malade.
Sœur Augustine l’a soigneusement examinée et son jugement ne peut être mis en cause .
Je préfère vous le dire en toute honnêteté , mon fils : la fièvre des marais qui s’est emparée de son corps ne lui laissera encore que peu de temps à vivre.
Domdom
Citation:
Il s’agit de votre femme , vous l’aurez deviné….Elle va mal …très mal même !
Mais peut être le saviez vous déjà


Dom crut qu’une dague venait de lui traverser le coeur .
Il serra les lèvres , se mordit la langue , sentant la boule qu’il avait au ventre remonter jusqu’à la gorge .
Une onde de chaleur s’était propagée dans tout son corps , le faisant défaillir.
S’il n’avait été assis , il aurait chancelé sous le choc ;
Surtout ne rien montrer …ne rien laisser paraître à cette vieille religieuse au visage osseux et décharné que la lumière d’un bougeoir rendait encore plus intimidant.

Dans son for intérieur , Dom savait que l’Amour de sa vie était condamnée , Lys le lui avait même dit plusieurs fois d’ailleurs , mais il se refusait à y croire…
Et c’est là , dans la bouche d’une tierce personne , qu’il réalisait enfin qu’ils allaient la perdre , lui , ses enfants, ses amis …


Citation:
Ecoutez ..Nous avons accepté Dame Lysannabelle parmi nous , en toute connaissance de cause , la sachant malade.
Sœur Augustine l’a soigneusement examinée et son jugement ne peut être mis en cause .
Je préfère vous le dire en toute honnêteté , mon fils : la fièvre des marais qui s’est emparée de son corps ne lui laissera encore que peu de temps à vivre.


Dom crispa les mains sur l’accoudoir du fauteuil et essaya de reprendre pied dans la réalité.
Il se sentait bien incapable de prononcer la moindre parole , mais il fallait qu’il sache.
Oui ,il le fallait !

Il parvint cependant à balbutier :

« Comb….combien de temps…ma Mère…dites …dites le moi ?

Dom ne reçut qu’un haussement d’épaules comme réponse

_________________
Lysannabelle
Cela faisait, déjà, bien quelques semaines que Lys était arrivée dans ce maudit couvent. Depuis, elle n'y avait pu en sortir, ou bien à l'abri de son voile. Elle avait réussi à l'entrevoir quelques heures, seulement pour lui annoncer la terrible nouvelle. Son temps étant compté, elle n'avait pas pu le lui annoncer en douceur.

Ce jour là, elle savait qu'il était là, que son cher et tendre mari était là. Pourtant, elle lorsqu'elle avait su son arrivée au couvent, la jeune condamnée était partie s'enfermer dans le dortoir. Elle s'était assise par terre, contre le dossier de son lit branlant et avait, alors éclaté en sanglot. Ses beaux yeux lapi lazuli, étaient devenus deux yeux ternes et morts, pareils à ceux des chausses souris. Sa figure était ravagée par la tristesse et par la douleur, on aurait pu croire que son visage était taillé dans le marbre, si bien qu'aucune expression ne se retranscrivait sur son visage.

Les yeux fermés, elle pensait à des milliers de choses. Tout était devenu si flou, elle était perdu, perdu à jamais. Désormais ces jours dans cette maudite prison étaient comptés. Lys essuya du revers de sa manche ses larmes et entoura ses genoux de ses bras. C'était devenue, depuis son arrivée sa position favorite, celle du foetus. Celle de se balancer en avant, puis en arrière. En Arrière ...en avant ... en arrière ...en av...

- Soeur Sibylle ! Soeur Sibylle ?!? Etes vous là ? Votre frère ! Votre frère Edward est là ! Venez donc ma soeur ! Soeur SIBYLLE ?

Lys attendit quelques minutes, que la voix s'amplifie pour se relever. La jeune femme secoua la tête lentement comme pour reprendre ses esprits, se releva, essuya ses larmes, rabattu son voile sur le visage et ouvrit la porte. La jeune sœur Marie-Anne, se tenait face à elle les bras croisés contre la poitrine l'air mécontente. Puis, continua d'un ton hautain :

- Une réponse de vous , aurait été la moindre des choses, Soeur Sibylle, vous savez nous avons fait preuve de clémence en vous acc...

Lys arrêta de la main, Marie-Anne qui la sermonnait une fois de plus. Elle avait entendu ce discours des milliers de fois, depuis son arrivée. Dieu, l'aurait puni de la sorcellerie qu'elle aurait exercer sur les hommes comme sur les femmes au cours de sa vie. Sans compter l'atrocité et le nombre de ses péchés. Il faut dire que Lys n'avait pas eu une existence très catholique. Elle était née hérétique, puis elle avait demandé la répudiation de deux de ses maris. Et comme pour compléter ce joli tableau, elle avait eu ses trois enfants hors mariage.



Dieu ... Dieu existait-il vraiment en ces moments là ? Elle qui allait laisser derrière elle, ses six enfants et son adorable mari ... Dieu ... l'avait-il abandonné lui aussi... ?
Alors que Lys et la sœur Marie-Anne se rendait à la salle des visites, la jeune femme ne put s'empêcher de réprimer une nouvelle fois Lys sur la manière de se comporter dans une couvent. Seulement, la voix de la mère Supérieure retentit dans le hall.


- Soeur MARIE ANNE ? Est-ce vous ?

La soeur attrapa Lys par le bras, et accourut vers la petite pièce du fond où se trouvait la mère Supérieure. La soeur déposa Lys à l'entrée de la porte et s'engouffra en moins de deux dans la pièce. Le plus drôle fut qu'elle sorti également en moins de deux, la mère Supérieure derrière elle cette fois ci. La vieille femme chuchota un instant à la soeur Marie- Anne qui à la suite de ces révélations, partit en vitesse.

Un début de sourire éclaira le visage de la mère Supérieure et murmura à Lys, avec tendresse :

- Vous pouvez disposer ma fille, je crois que votre frère Edward vous attend dans la salle des vis...

- Ma mère ?


Il ne fallu pas plus d'un quart de seconde à Lys pour savoir d'où venait cette voix ... lui ... son mari ...

_________________
Domdom
Citation:
Comb….combien de temps…ma Mère…dites …dites le moi ?


Dom observait attentivement la sévère religieuse hausser les épaules , puis répondre après quelques instants de silence:

Seul Aristote le sait , mon fils
Je soulage et guide les âmes , je ne guéris pas les corps
La seule chose que je puisse vous conseiller c’est de prier très fort pour le salut de votre femme.


La Mère Supérieure se leva avec difficulté , se saisit de sa canne puis se dirigea lentement vers la porte , signifiant que l’entretien était clos , mais elle reprit la parole en empoignant la clenche :


Ah oui…autre chose Messire…
Vous savez que c’est à sa demande que Dame Lysannabelle nous a rejointes , n’est ce pas ?
Même si elle n’a pas encore prononcé les vœux , elle se fait appeler dorénavant Sœur Sibylle.


Domdom reprenait petit à petit ses esprit après le coup de massue de l’annonce.
Son tempérament commençait à reprendre le dessus : il se battrait contre la fatalité ,il était capable de donner sa vie pour celle qui faisait battre son cœur !
Lysannabelle avait bien exprimé le choix de prendre le voile avant de quitter ce monde , Dom l’avait accepté , bien qu’il eût préféré qu’elle restât à la maison , entourée des siens .
Les enfants n’arrêtaient pas de poser des questions sur l’absence de Lys , surtout Théadora , la fille de son Aimée.
Dom leur avait répondu qu’elle était partie en voyage, mais qu’elle les aimait et reviendrait bientôt.
Il songea cependant qu’il faudrait bien leur dire la vérité , un jour , mais il repoussait toujours cette échéance.

La religieuse ouvrit alors la porte et Dom l’entendit crier dans le couloir :


Citation:
Soeur MARIE ANNE ? Est-ce vous ?



A ce moment, tout s’accéléra : Dom la vit entrer à nouveau dans le bureau , puis également une jeune nonne , visiblement très nerveuse , qui en ressortit aussitôt entraînant la directrice du couvent dans son sillage.

Domdom eut juste le temps de dire :


Citation:
Ma mère ?


C’est alors ….

C’est alors qu’il vit apparaître une ombre voilée , se découpant dans le chambranle de la porte ;.
Cette ombre ressemblait à celle de la femme qu’il avait moultes fois prise dans ses bras , à qui il avait murmuré tant de doux mots …celle qui lui avait donné deux merveilleux enfants.
Mais était ce vraiment elle , cette religieuse voilée qui se faisait appeler Sœur Sibylle » , cette jeune femme au teint grisâtre, aux yeux cernés et délavés , au visage marqué par la maladie ?

Dom se leva , se dirigea vers la porte, puis s’arrêta devant elle , interdit : il aurait tant voulu l’enlacer, lui crier l’Amour total , sidéral et incandescent qu’il lui vouait.
Complètement tétanisé par cette apparition , il s’entendit dire , comme dans un rêve :


Lys ….Mon Amour…

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Domdom
Sœur Sibylle ne réagissait pas , elle gardait le visage baissé , comme si quelque chose , par terre , avait retenu son attention.
Domdom n’était pas dupe : il lui prit doucement le menton dans sa main droite , la forçant à lever la tête pour le regarder.
Il rencontra son regard...
Mais le regardait elle vraiment ?

Il la fixa un long moment , sans rien dire , essayant de raccrocher des souvenirs à cette jeune religieuse au visage presqu’entièrement voilé , une quasi inconnue.

Puis , rompant un silence pesant :


Nous pourrions peut être aller nous promener , qu’en penses tu ?
J’ai cru voir un jardin , tout à l’heure, en arrivant.
Tu m’y emmènes ?


Lysannabelle hocha la tête d'un air las et fit demi tour .
Dom prit la main de son aimée dans la sienne : il fut surpris par son contact et la froideur marmoréenne de cette main qu’il ne reconnaissait pas, il l’ avait pourtant si souvent portée à ses lèvres.

Ils traversèrent des couloirs , franchirent d’autres portes , descendirent et montèrent à nouveau des escaliers , croisèrent d’autre nonnes qui détournaient le regard des qu’elles les voyaient : ce couvent si sombre était un vrai labyrinthe , Dom se demandait comment Lys faisait pour s’y orienter.
De temps à autre , il l’observait à la dérobée : cette Sœur Sibylle et sa blonde adorée étaient bien la même personne , mais pourtant si différentes ….


Ils arrivèrent enfin dans une petite cour qui donnait sur le jardin du couvent, entouré d’un petit muret et y pénétrèrent , après en avoir ouvert la barrière.

Bien qu’on fût en fin d’hiver , Dom imaginait qu’il devait être bien agréable de se promener dans ce jardin : le potager , dont la terre fraîchement retournée attendait les prochaines plantations , sur la gauche , la roseraie , dans laquelle une sœur , courbée , effectuait les dernières tailles et plus loin , le verger.

Domdom se laissait guider par Sœur Sibylle , qui marchait mécaniquement , mais n’avait pas lâché sa main.
Il savait où elle voulait l’emmener , il le savait à l’intérieur de lui-même : au verger …

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Lysannabelle
Arrivée vers le petit verger du couvent Lys murmura quelques mots incompréhensibles puis invita le visiteur à s'asseoir sur le petit muret de pierre qui délimitait le terrain. Derrière son voile, elle pouvait aisément voir le visage de Domdom et ainsi lui ne pouvait pas voir le sien. Un sourire triste se dessina sur le visage pâle de la future défunte. De sa poche, elle sorti un petit ouvrage, puis elle commença à lire d'une voix très douce, presque irréelle :

- Le bonheur, ...humm le bonheur est souvent conçu comme étant une fin ultime de la vie humaine. Le bonheur est la fin la plus haute, une fin que l’on recherche pour elle-même, une fin en soi. Cependant, une fois cela reconnu, nous n’avons encore rien affirmé de la nature du bonheur. Si l’on se fie au sens commun, on pourra alors penser que le bonheur consiste dans l’assouvissement intégral des besoins et désirs. Le bonheur est ce qui nous comble.

La jeune femme releva la tête et prit la main du voyageur dans la sienne, la baisa et lui souffla à l'oreille en se relevant :

- Si nous acceptons une telle définition, n’allons-nous pas être condamné à ne jamais être heureux ? Cher amour, mon cher et tendre ... la satisfaction complète des désirs semble impossible ... c'est une quête sans fin. Oublie moi ...


Après un moment, Sibylle posa ses mains sur les yeux de son voyageur, puis lorsqu'il eut comprit. Elle retira son voile et lui baisa les lèvres avec ferveur et dit :


- Je ... je t'aime

Elle remit son voile et s'en alla, le laissant là sur le muret , les yeux fermés.
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Shining
Dès son arrivée à Craon, Shining avait appris de la bouche même de Domdom la bien triste nouvelle : Pour avoir contracté une vilaine fièvre à Laval, Lys avait choisi de se retirer au couvent pour y attendre la fatale issue..

La surprise de Shi n'eut alors d'égale que la tristesse engendrée par cette annonce. Comment se pouvait-il que Lys, si pleine de vie, de projets, de joie de vivre fût condamnée à finir ses jours derrière les murs d'un cloître sordide et sinistre? S'agissait-il bien de la même jeune femme, si pleine d'allant, adorée de son ami Dom ?

Au delà de son chagrin, Shi voulut aller rendre visite à la jeune femme, qu'elle avait certes peu connue, mais qui pour être l'Elue de son ami, était un peu devenue son amie à elle aussi. Elles s'étaient souvent rencontrées en taverne et s'étaient même trouvé des points communs, à commencer par l'intérêt qu'elles portaient toutes deux à Domdom : des sentiments amoureux pour Lys et une indéfectible amitié pour Shi. Cela les avait rapprochées..

C'est pourquoi, la voyageuse décida très vite de rendre visite à la malade. Elle savait ses jours comptés et se serait éternellement reproché de ne pas l'avoir vue ...peut-être une dernière fois. Cette pensée l'ébranla.
D'un naturel pragmatique, Shi ne s'était jamais perdue en considérations métaphysiques et n'accordait que très peu d'importance à la religion. La vie ne l'avait guère choyée et elle avait préféré déployé son énergie à vivre ... La mort, cette étrangère, lui apparaissait donc d'autant plus lointaine qu'elle ne s'était jamais posé la question de l'au-delà.. Mais voilà qu'elle s'y trouvait confrontée, et cela, fallait-il l'avouer, la laissait complètement désarmée..

Après une rapide toilette, Shi prit donc la direction du couvent de la Sainte Trinité.. Elle ne tarda pas à y arriver, bien qu'elle ignorât tout de la ville de Craon. Les lourds nuages qui encombraient le ciel d'Anjou, ajoutaient encore au côté lugubre et froid de l'imposant bâtiment de granit. Shi frissonna.. Elle eut soudain très froid, mais s'obligea à ne penser qu'à Lys, qui du fond de sa cellule, devait ressasser de bien sombres pensées. La vie était décidément bien cruelle qui finissait toujours par reprendre ce que l'on croyait donné...

Shi, prit une grande inspiration avait de frapper la lourde porte de bois du heurtoir prévu à cet effet.. De longues minutes s'écoulèrent qui parurent durer une éternité. Soudain, une petite fenêtre s'ouvrit par lequel Shi aperçut un visage sans âge ni expression.. celui d'une nonne.

Bonjour ma soeur... je viens rendre visite à Lys..enfin..je veux dire la jeune et jolie femme qui s'est retirée ici voici quelques jours..Mais peut-être ne s'appelle t'elle plus ainsi?

Avant même que la religieuse n'ait répondu, Shi entendit le lourd loquet déverouiller la porte, lui signifiant qu'elle pouvait entrer.. Un silence de mort régnait..Shi en eut les larmes aux yeux et ne parvint pas à empêcher les larmes de rouler sur ses joues.. Jamais elle navait été agitée de tels sentiments...
Domdom
Citation:
- Je ... je t'aime


Assis sur le muret , Domdom , complètement bouleversé , avait regardé s’éloigner Sœur Sibylle , sans un mot , sans un geste , sans essayer de la retenir.
Au fond de lui même , il savait que c’était vain et puis, tant de choses s’embrouillaient comme un tourbillon dans sa tête, dans son âme et dans son cœur.

Le verger …Lys assise sur le muret ..le livre…

Tout cela lui rappelait un moment très particulier de sa vie , un moment de bonheur intense , partagé avec Lysannabelle , au Val Perdu , l’été dernier…

Il y a une éternité…
Un flot d’émotion et de souvenirs submergea Dom , comme un torrent qui dévale les flancs escarpés d’une montagne dans un bruit fracassant de tonnerre.

Il se boucha les oreilles , se mettant à crier :


Non…Non…Nooonnnn !!!

Lysannabelle…Accroupie devant lui , dans le verger du Val Perdu , nimbée d’un halo lumineux , dénouant son chignon et faisant ruisseler ses cheveux d’or sur ses épaules et son dos …et lui , assis le dos appuyé contre un arbre , pouvant à peine la regarder , l’admirer , aveuglé par le violence crue de la lumière du soleil en contre jour…

Ne pas se laisser envahir par la nostalgie , les souvenirs…surtout pas …

Domdom avait l’impression de devenir fou : un oiseau de proie lui lacérait le cœur de ses serres et de son bec crochu , le déchirant en lambeaux .

Une douleur muette lui tenaillait le corps : complètement tétanisé , il se mordit la langue , hurlant sa douleur dans un grand cri qui ne franchit jamais le seuil de ses lèvres .
Dom sentit le goût chaud et âcre du sang dans sa bouche .
Il se laissa tomber le long du muret , comme un pantin désarticulé , les yeux dans le vague …

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Shining
Restée seule dans le froid vestibule du cloïtre séculaire, Shining attendit qu'on veuille bien l'introduire auprès de celle à qui elle était venue rendre visite.
Les minutes s'égrenaient, aussi sûrement que le chapelet que devaient utiliser les religieuses pour réciter leurs prières : lentement, méthodiquement, sans qu'aucun imprévu, aucune fantaisie, ne vienne en troubler le rythme.
Une nonne arriva enfin qui d'un signe de tête - à moins que ce ne fût d'une voix si inaudible que Shi ne l'entendît pas- l'invita à la suivre...
Les couloirs succédèrent aux couloirs. Seul un petit jardin intérieur, qu'entouraient quatre coursives donnait un semblant d'humanité au lieu.
Emboîtant le pas à la religieuse qui l'en avait priée, Shi, croisa plusieurs autres nonnes, qui tête baissée et mains jointes, ne remarquèrent sans doute pas sa présence, absorbée par leur méditation.
Le sentiment d'être mal à l'aise ressenti dès son arrivée au couvent, fut encore amplifié à mesure qu'elle s'enfonçait dans le dédale des couloirs. Soudain, la soeur s'immobilisa devant une cellule.


Voici la cellule de soeur Sybille, prononçà t-elle laconiquement..

Shi remercia poliment. Après que la novice l'ait laissée pour regagner l'office, Shi toqua timidement à la porte. En vain. Elle réintéra sa tentative, sans plus de succès. C'est alors qu'une épaisse silhouette de bure se détacha dans l'encadrement d'une porte. Shi se risqua à l'aborder..

Pardon ma soeur... Je cherche soeur Sybille..

La femme d'Eglise releva ostensiblement la tête. Shi put s'apercevoir que cette femme, qui avait délibérément renoncer à toute marque de féminité, avait pourtant du être très belle.. Des yeux noisette, à demi cachés derrière d'épaisses lunettes, avaient certainement brillé autrefois avant que leur éclat ne se ternissent à force de lectures et de vie recluse..

Soeur Sybille?

La religieuse paraissait surprise par l'aspect incongru de la question.. Ses pensées étaient manifestement bien loin de considérations pratiques..

Oui, soeur Sybille..Cette jeune femme qui se repose chez vous après que vous l'ayez accueillie voici quelques jours..

La novice sembla enfin, saisir l'objet de la question..

Soeur Sybille, oui...bien entendu...elle doit être au jardin...

Shining ne voulut pas importuner davantage la nonne. Elle prit la direction que cette dernière lui avait indiqué d'un mouvement de la main, quand, assise sur un banc, elle crut reconnaître Lys..
Domdom
Messire…Messire….vous allez bien ?

Domdom ouvrit les yeux encore brouillés de larmes sur une forme noire et blanche penchée au dessus de lui.
Combien de temps était il resté là , prostré , presque sans vie ?
Il était incapable de le savoir et finalement , n’en avait que faire : plus rien ne comptait pour lui , désormais…

Il était toujours assis contre le muret du verger et regardait , les yeux hagards, la nonne qu’il avait vue tout à l’heure dans la roseraie , le sécateur à la main.

Il réussit à lâcher un
Oui …ça ira…merci


Vu votre état , je n’en suis pas sûre du tout , Sieur…je me permets d’insister…pour votre bien …

Domdom avait envie de lui crier : Laissez moi tranquille…je n’ai besoin de rien … , mais il n’en avait ni la force , ni le courage.

Il commençait à rassembler ses idées , complètement éparpillées façon puzzle dans tous les recoins de son cerveau.
L’ entrevue avec Lys , ou plutôt Sœur Sibylle…la lecture du passage du livre et la théorie du bonheur expliquée par Lysannabelle , qui pour elle était un but , alors que Dom pensait que le bonheur , plutôt qu’ une destination , est une façon de voyager dans sa propre vie.

Tout lui revenait en mémoire , avec de plus en plus de netteté : les mains de son Adorée dans les siennes , puis sur ses yeux … le baiser sur ses lèvres et son Adieu..

Oui ,car c’était bien d’ un Adieu qu’il s’agissait …Dom savait au plus profond de son âme qu’il ne reverrait plus jamais le sourire lumineux de cette femme qui était entrée dans sa vie comme une tempête , par une fenêtre laissée entr’ouverte.

Lysannabelle lui avait dévasté le cœur , mais que Dom avait aimé cette souffrance là !
Elle lui avait dit : oublie moi…
Mais comment oublier ce qu’il avait vécu avec elle de façon si intense , cet amour passionné , sauvage, violent ?

Aidé par la religieuse , il parvint à se relever , s’essuya la bouche en sang , d’un revers de manche , essayant de remettre un peu d’ordre dans sa tenue.


Suivez moi , Messire , je vous emmène voir Sœur Augustine…
Elle vous dispensera des soins et ensuite , vous pourrez rentrer chez vous…


Le ton autoritaire de la bonne sœur et la perspective de rencontrer la religieuse qui avait examiné Lysannabelle eurent raison des dernières défenses de Dom : il se laissa guider comme un gamin vers le bâtiment austère du couvent.

_________________
Shining
Tandis que Shi s'approchait de celle qu'elle pensait être Lys, elle croisa une silhouette qui lui était familière : Domdom !

Elle le savait très affecté depuis que le malheur l'eût frappé de la plus cruelle des façons, l'arrachant à l'amour de celle qu'il chérissait par dessus tout. Aussi, lorsqu'elle arriva à sa hauteur, ne put-elle s'empêcher de le serrer très fort dans ses bras , témoignage de l' empathie mais surtout de l'amitié qui les liait depuis Bayeux.


Dom, je suis venue dès que j'ai su pour Lys.. On m'a dit qu'elle était bien mal.. Je ne sais que vous dire pour atténuer votre peine , mon Ami. Une jeune femme si pleine de vie...

A peine eut-elle prononcé ces paroles, que Shi se tut. Comme bien souvent dans de pareils cas, elle savait que, loin d'apporter un soulagement , certaines paroles pouvaient indirectement ajouter encore à la douleur.... et qu'à vouloir faire trop bien, on finissait souvent par obtenir l'effet inverse..

Elle savait qu'en de telles circonstances, la présence plus que les mots étaient le plus efficace des baumes. Que les paroles, même dites avec bienveillance et sincérité, pouvaient s'avérer aussi cruelles que la plus effilée des lames, blessant encore un peu plus un coeur déjà bien meurtri..

Dom était profondément malheureux. Elle savait qu'il lui faudrait du temps pour accepter la triste nouvelle. Elle connaissait bien la nature humaine..dans un premier temps, il refuserait la terrible vérité, continuant à chercher son Aimée, croyant l'apercevoir dans chaque silhouette féminine. Puis, viendrait le temps de la révolte et de la colère.
Pourquoi lui? Qu'avait-il fait pour mériter pareille injustice? Après seulement viendrait le temps de l'acceptation..


Rien ne servait donc de bousculer les étapes..

Dom, vous savez que si vous voulez parler, je suis là..je suis votre amie, ne l'oubliez pas!

Après avoir pris ses mains dans les siennes et les avoir serrées très fort, Shi se dirigea en direction de l'impassible silhouette aperçue un moment plus tôt..
Domdom
Marchant d’un pas traînant derrière la sœur jardinière (Domdom pensait que comme les fourmis, chaque nonne avait une tâche bien précise à accomplir) dans le dédale de couloirs obscurs et étroits , l’encapuché tomba tout à coup nez à nez avec Shining .
La présence en ces lieux de son amie , avec laquelle il avait partagé tant de bien bons moments à Bayeux , l’avait d’abord surpris , puis ravi , faisant enfin revenir un vrai sourire sur son visage .
Telle était Shining : présente , discrète , toujours un bon mot ou une rime au bord des lèvres , comme une pâquerette dont on prend la tige entre les dents.
L’amitié de cette femme lui était si précieuse , surtout en celle période difficile.


Citation:
Dom, je suis venue dès que j'ai su pour Lys.. On m'a dit qu'elle était bien mal.. Je ne sais que vous dire pour atténuer votre peine , mon Ami. Une jeune femme si pleine de vie...


Domdom serra fort Shi contre lui et lui souffla doucement dans l’oreille :

Vous savoir près de moi est un grand réconfort , Shining
L’amitié sèche les larmes que l’amour a fait couler.
Merci d'être venue , merci d’être vous , tout simplement.


Le Bayeusain fixa la jeune femme quelques instant : il voyait dans les yeux de Shi une détresse qui ressemblait beaucoup à la sienne.
Elle aussi avait le cœur en miettes et , malgré tout , elle mettait ses propres tourments de côté pour le consoler .


Citation:
Dom, vous savez que si vous voulez parler, je suis là..je suis votre amie, ne l'oubliez pas!


Dom n’ eut que le temps de lui répondre tout bas :« Comment puis je oublier une amitié comme la nôtre , Shining ? » , que déjà la poétesse s’était éloignée , après lui avoir serré les mains très fort.

S’ensuivit un grand silence , rompu par la voix de la religieuse qui , pudiquement , s’était écartée , laissant les deux amis tout à leur émotion :


Messire…allons y…

Ils continuèrent encore quelques instants et arrivèrent à une porte que la nonne ouvrit en appelant :

Sœur Augustine…Etes vous là ?
_________________
Shining
Encore sous le coup de la surprise de sa rencontre avec Domdom, Shi avança jusqu'à la frêle silhouette assise sur un banc..

Tête baissée, le voile qui lui masquait partiellement le visage ne permettait pas d'affirmer avec précision qu'il s'agissait bien de Lys. A cet instant précis, Shining aurait même voulu penser le contraire..mais , tandis qu'elle se rapprochait, ses craintes s'avérèrent hélas fondées..il s'agissait bien de Lys..

Shi l'appela doucement..

Lys, Lys, c'est moi Shining...vous rappelez vous de moi?

La jeune recluse releva alors la tête et ce que Shi put alors apercevoir lui brisa le coeur : un visage émacié, dont le teint hâve creusait encore les traits, seulement troué par deux yeux inexpressifs que la fièvre rendait vitreux... Rien à voir avec la belle jeune femme que Shining avait connue à Bayeux..

Shi tenta néanmoins sinon de nouer un dialogue, tout au moins d'obtenir de la jeune nonne, l'assurance qu'elle l'avait reconnue..

Ce fut hélas peine perdue... Shi dut se rendre à l'évidence. Egarée très loin dans ses pensées, un mur était érigé autour de la malade que ni l'affection, ni 'amitié, n'auraient pu abattre.. Une bulle isolait Lys du monde..Shi préféra penser qu'elle était le fait de Lys,qui s'en était entourée pour se protéger de la peine que lui causait la certitude de son avenir..
Un rempart contre la souffrance morale, puisqu'elle avait décidé de confier sa souffrance physique aux bons soins des religieuses qui 'occupaient d'elle..

Sans insister outre mesure mais l'âme déchirée, Shi s'éloigna doucement de la jeune femme qui ne lui prêta pas attention, visiblement étrangère au monde qui l'entourait..

Shi savait qu'elle ne eviendrait sans doute pas à Craon. Aussi ne put-elle s'empêcher de se retourner une dernière fois, glacée de regrets... celui de ne pas avoir pu dire adieux à Lys..

Elle quitta le couvent discrètement, trop émue pour aller saluer les nonnes et leur signifier qu'elle partait...
--Soeur_augustine
Affairée dans son herboristerie , l’infirmière , en train de préparer un onguent de sa composition , sursauta lorqu’elle sentit une présence derrière elle.
Se retournant , elle reconnut Sœur Henriette , le sécateur à la main , accompagnée d’un homme mal en point, avec des traces de sang sur le menton , la chemise et la veste.


Ooucchhh…vous m’avez surprise , je ne vous ai pas entendus entrer …Vous m’amenez un blessé Sœur Henriette ?

Pardon de vous avoir surprise , Sœur Augustine, mais j’avais averti de notre arrivée…
Blessé est un bien grand mot …j’ai trouvé cet homme à demi inconscient dans le verger.
Par mesure de sécurité, j’ai préféré que vous l’examiniez avant de le renvoyer dans ses foyers
répondit la jardinière.

Soeur Augustine s’essuya les mains à son tablier , puis passant devant ses interlocuteurs, leur fit signe de la suivre dans la pièce d’à côté.


Installez vous sur ce siège , jeune homme intima la vieille religieuse d’un ton autoritaire.

Elle se munit de ses instruments médicaux et commença à ausculter l’inconnu avec minutie et lenteur.

Après plusieurs minutes d’examen , elle formula son diagnostic :


Des contusions dans le dos, la langue un peu coupée….rien de bien méchant.

Elle continua après un clin d’oeil appuyé à l’homme :

Par contre , vous manquez de sommeil …Il faut dormir la nuit Messire…

Il y a bien longtemps que je ne dors plus la nuit ma Sœur.
En fait , depuis que ma femme se trouve en vos murs
répondit l’homme.

Sœur Augustine considéra l’individu d’un air surpris :


Votre femme…nos murs ?
Expliquez vous , mon fils , pendant que je vous prodigue les premiers soins.
Je ne sais pas où vous êtes allé vous frotter le dos, mais l’épiderme est un peu arraché.
Quand à votre langue…je crois qu’il va me falloir vous la couper entièrement !


La religieuse déclencha un petit rire , genre gloussement de dinde , qui eut pour effet de détendre un peu l’atmosphère.
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