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[RP ouvert à tous] La vie est une rivière tumultueuse

_hans_
Il arriva enfin en ville. Le matin naissant éclairait à peine les murs de la cité. Loches, pourquoi cette ville plus qu'une autre, il n'en avait aucune idée. Il était arrivé ici sans but précis, vraisemblablement plus pour fuir un passé pesant que pour chercher l'aventure.

Il fallait avouer que la vie ne l'avait pas gâté ces quatre dernières années. La perte de sa femme et de son fils et encore là, celle qu'il l'aimait s'était éteinte elle aussi quelques jours auparavant. C'était à se demander si le tout puissant ne l'avait pas dans le nez cette fois pour s'acharner de cette manière sur lui. Pourtant il n'avait pas eu le sentiment dans sa vie d'avoir fait le mal autour de lui, mais voilà, certains naissent sous une bonne étoile et d'autres ont une vie qui tend à ressembler à un enfer. Et c'est bien ce qu'il vivait en ce moment, un enfer. Et pour couronner le tout, la cerise sur le gâteau, il s'était fait brigander à une lieue de Saumur où ils lui avaient laissé une face ouverte en deux comme une orange. Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il ne cessait de penser à ce qui allait lui tomber sur le coin de la gueule à présent. Si, que les enfants lui jettent des cailloux ou que les chiens le mordent une fois en ville, il n'y avait pas loin. Faut dire qu'il inspirait pas la sympathie, avec une plaie qui partait du front jusqu'à sa joue gauche, résultat de l'attaque des malfaisants dont il avait été victime, il faisait peur à voir. En haillons, sans un rond en poche, un tissu enroulé autour du visage pour panser sa blessure et en plus il sentait la vieille bête morte. Sûr que les gens changeraient de trottoir pour ne pas avoir à le croiser. Et cette chaleur qui l'écrasait, ses bottes étaient en plomb tellement le soleil cognait. Oui, étrangement ils lui avaient laissé ses bottes, bon certes pas neuves mais.....bon évidemment on hésiterait à y mettre ses pieds dedans c'est peut-être pour ça.

Il ne rêvait que de se taper une bonne bière.....puis pourquoi une seule. Finir la tête à l'envers serait peut-être une idée pas si mauvaise que ça. Mais sans l'sous c'est pas évident de se faire servir en taverne sans prendre un bon coup de pied au cul.

C'est donc naturellement qu'il posa ses fesses sur les marches de l'église de la ville histoire de glaner quelque argent qu'il boirait. La bouche pâteuse, l'écume blanche à la commissure des lèvres, l'haleine de.....ben comme pour le reste de bête morte, il en rêvait de cette divine boisson, bien fraiche, légèrement amer, juste ce qu'il fallait pour éveiller les sens et redonner gout à .......à rien, mais au moins il n'aurait plus soif. Il s'y installa dès le petit matin, les quelques grenouilles de bénitier qui franchiraient la porte de l'église auraient peut-être pitié de la "bête" blessée.


A vot' bon coeur m'sieurs dames.... Z'auriez pas deux ou trois tites pièces pour un pauvre bougre?????

Il avait honte de faire ceci. Incapable de regarder les gens dans les yeux. Peur qu'on l'observe avec mépris ou pire encore, peur qu'on le prenne en pitié. Mais il n'avait pas vraiment le choix de la profession à exercer en ce moment. Et tout ça en évitant les gardes de la cité qui ne manqueraient certainement pas de, au mieux, le foutre dehors de la ville, au pire, au zonzon. Il ramassait bien vite les écus qui lui étaient jetés au sol au fur et à mesure des manifestations de générosité des croyants. Mais c'est qu'à la fin de la journée il se retrouvait avec un bon paquet d'écus en poche. Bon certes pas de quoi se faire le gueuleton du siècle, mais au moins de quoi se taper quelques roteuses. Il en avait un peu marre de boire l'eau saumâtre de la fontaine toute proche, si ça lui fout pas les intestins en débâcle il aura de la chance.

Il les voyait courir sur la table, les chopes, les unes à la suite des autres............bénit soit l'inventeur de ce breuvage. Il poussa la porte de la première taverne qu'il vit. Pas la plus classe. Entre catins, brigands, alcooliques, loqueteux et tout ce qui pouvait bien constituer la lie de la société il passerait inaperçu. Dans son coin, il se fit servir une puis deux puis tout ce qu'il pouvait payer avec ce qu'il avait récolté en aumône. C'est qu'il en aurait bu plus, mais il n'avait plus de quoi payer. Se levant, soupirant, pestant après le tavernier qui ne voulait plus le servir, fulminant après Dieu et toute sa clique de saints, il finit sa soirée dehors, balancé dans la rue par les clients, comme il l'avait vu faire tellement de fois quand il était quelqu'un d'autre. Restant ici sans plus bouger, attendant qu'on lui donne le coup de grâce. Mais rien ne vint. Il finit par se relever. Titubant, il se dirigea à l'église pour exprimer tout son amour pour le très-haut. Il entra et regarda droit devant lui le chœur de la bâtisse.


'tain, espèce de s'laud. Tu m'auras tout enlevé hein cette fois.
Tu m'auras rien épargné. Ben sache bien que j'en ai plus rien à foutre de tout ça. C'est moi qui déciderais quand ce sera le moment d'en finir.....et c'est le moment...Tiens, un dernier p'tit cadeau pour tes ouailles. C'est tout ce que je peux offrir, tu m'as tout pris.


Il s'approcha du bénitier, ouvrit ses braies et s'y soulagea allègrement tout en pensant à la vision d'horreur que tous auraient le lendemain matin. Avant que de se faire prendre par un curé un peu trop zélé et courageux, il fila sans demander son reste. Il était peut-être l'heure de quitter cette ville à présent, ou de trouver un coin pour dormir définitivement.

Il aperçu une rivière toute proche. Enfin gonf' comme il l'était, il apercevait plus grand chose là. Mais il lui semblait que le clapotis pourrait bien être celui d'un court d'eau, ou d'une fontaine....sinon c'est un gars qui pisse. Il descendit vers le bruit de l'eau, avec pour simple éclairage une demi-lune.

Il s'agit bien d'une rivière. Il la longea, son cerveau était dans une brume épaisse, un vrai "fog" Anglois. Et ce voile qui se formait doucement devant ses yeux, transformant les arbres en divines créatures ondulantes. La bière devait être plus forte qu'il n'y paraissait. Toujours est-il qu'il n'avait pas vu la belle branche au sol en travers du chemin.....


Ahhhh !!!!!! 'tain de bordel !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Une tentative de rattrapage.....un pas de deux, suivit d'une valse à trois temps et.... Ploufffffffffff !!!!!!! le gars à l'eau. Et allez nager avec un bide plein de mousse vous. Ben c'est pas possible. Un vrai poisson.......pierre, enfin, plus pierre que poisson quand même. Il coule, remonte, recoule...pour ne plus remonter. Tiens.....encore des bulles partout autour de lui...Il était poursuivi par les bulles lui en ce moment. Mais tout devenait paisible, le bourdonnement de ses oreilles se faisait de moins en moins douloureux, il n'entendit plus que battement de son coeur, qui se faisait de plus en plus inaudibles....pour ne plus rien entendre.....il ferma les yeux et se laissa aller. La mort n'est peut-être pas aussi pénible que ça tous comptes faits.

Une vieille branche sèche emportée par le courant.............
Magaline
Inlassablement la même réaction.
Un levé de sourcil circonspect, un regard impudique balayant la gosse des pieds à la tête, une mimique dédaigneuse se dessinant sur des lèvres amusées. Puis les mêmes paroles encore et encore, à en croire les adultes tous conçus dans le même moule.


« Toi la môme! Demoiselle de compagnie? Laisse moi rire. »
Rengaine suivit de légères variantes allant de « a ton âge ? Enfin voyons. » jusqu’à « C‘est pas beau de raconter des histoire t‘sais. » en passant par « non mais t’as vu ta trogne, gamine!» toutes exprimant la même idée de base.
Alors la môme levait le menton fièrement marmonnant des
« parfaitement » à tout va. Râlant qu’elle était pas si petite que ça, que sa damoiselle, elle, elle avait su le voir, et donc qu’elle était moins plouc que cette bande d’empaffés.
Et quand ce n’était pas des nobliaux arrogants qui se foutaient d’elle et de sa nouvelle vocation, c’était les paysannes qui s’y mettait. Leurs rengaines à elles étaient toutes autres. Il y était mention de lécher le cul des riches entre autres.
De quoi arracher des grimaces à la gamine. Lécher les fesses de damoiselle Davia, quelle drôle d’idée. Déjà de un, il serrait fort étonnant qu’elle soit d’accord avec le concept. De deux : Berk! Et de trois, si jamais, par le plus grand des hasards, le sujet venait le sur tapis, la môme serrait libre de prendre ses jambes à son cou.

Parmi toutes ses remarques, certaines néanmoins n’étaient pas entrées dans l’oreille d’une sourde . La môme allait devoir soigner ses manières, prendre quelques leçons sûrement, se mettre au vouvoiement et surtout se rendre plus présentable.
On lui avait dit qu’à Loches, elle rencontrerait la famille de sa damoiselle. D’où sa ballade matinale en direction de la rivière. Sa tignasse rousse ébouriffée, son visage taché de suie et ses gambettes noircies de la crasse du voyage auraient fait mauvais genre là bas.

La môme avait opté pour un coin plutôt calme, là ou le courant de la rivière ralentissait fortement pour finir presque stagnant à l’endroit où son peton tapotait la surface de l’eau.
Faut il préciser qu’elle avait vraiment horreur de cela? De l’eau et toutes ces choses.
Elle avait entendu un jour un homme parler de grands rois qui n’avaient eut tout au long de leur longue vie qu’à ne subir que deux uniques bains. En moins de dix petites années que Magaline était sur cette terre, on lui avait déjà fait subir cette torture à de plus nombreuse reprises. Et pire que tout, pure infamie, elle s’apprêtait à se l’infliger elle-même cette fois.
Lentement, très longtemps, la gamine pénètre dans l’eau peu rassurée. C’est que c’est plein de maladie cette chose là, sans parler des poissons froids et visqueux qui se faufilent entres vos jambes et vous fichent une peur bleue.

En parlant de trucs visqueux qui vous frôlent les gambettes sans cris et gare ; alors que la gamine, tête penchée en avant, se frotte énergiquement le cuire chevelu, quelque chose vient heurter l’arrière de sa cuisse.
Sursaut de deux mètres accompagné d’un cris de surprise avant d’apercevoir un corps remontant à la surface. C’est la panique qui envahit la fillette en premier, panique à l’idée d’avoir prit son bain en compagnie d’un cadavre. Puis l’espoir se fraie lentement en chemin dans les méandres de la caboche de feu. Et si ce n’était pas totalement un corps inerte, si sa tête avait juste heurtée quelques chose au font de l‘eau, si il n’était qu’incontinent et toujours vivant ?

La môme se saisit d’un bras et puise dans ses maigre forces pour tirer le corps moue vers la berge. Trop lourd pour être porté par une enfant, Magaline ne parvient qu’a poser le haut du torse du noyé sur l’herbe tandis que le reste de son corps flotte encore sur les flots.
S’agenouillant à ses côtés la gamine commence pas donner de petite claques sur les joues de l’inconnu.


« M’sieur! Réveillez vous monsieur. Allé ouvriez les yeux monsieur le poisson ! »

Penché là, au dessus de l’homme, la gamine a des faux airs d'ange avec ses joues enfantines toute rondes rougies par l‘effort et le soleil dans son dos faisant rayonner se crinière de feu.
_hans_
Il s'était laissé aller dans l'eau glaciale, pensant une dernière fois à celle qu'il aimait, pensant à conserver son visage dans sa mémoire avant de retrouver son créateur. Peut-être l'attendrait elle là-haut. Si tenté que lui y aille là haut. Avec les dernières conneries qu'il avait fait à l'église de Loches peut-être bien que les marches pour descendre retrouver Léviathan et ses condisciples seraient les seules qui s'ouvriraient devant lui. Puis plus rien, le néant, sombre et froid.

Il entendit une voix douce, presque cristalline, certainement la voix d'un ange. Quoique étrange quand même d'entendre l'ange qui était là pour l'accueillir appeler "Monsieur le poisson". Se serait-il réincarné en flétan ou en poulpe. Bien étrange idée que voilà. Il ne mordrait pas à l'hameçon. Ça n'avait rien à voir avec ce qu'il avait entendu sur la religion, la mort, les sept archanges et tout le tintouin. De plus il n'avait pas eu l'occasion de faire son "choix".



Il ouvrit un oeil. Son regard se porta sur une plaine verdoyante. Il clignât plusieurs fois des yeux, la lumière vive l'empêcher de les garder trop longtemps ouvert. Enfin, cette fameuse lumière était là. Cette fois ça y était, il devait enfin être au paradis. Mais comment était il arrivé jusque là....les voix du Seigneur sont impénétrables.

Il ne sentait plus ses jambes mais juste le haut de son corps. Ce devait être comme ça lorsque l'on devient forme éthérée, on ne sent plus rien, se dit-il. Enfin, on entend quand même. Et toujours cette petite voix "Ouvrez les yeux Monsieur le Poisson". Mais pourquoi un poisson? C'est quand même étrange ça comme idée que le très-haut a eu de rappeler ses enfants auprès de lui sous la forme d'un poisson. Il sentit quelque chose lui frôler la joue, puis une seconde fois, puis le frôlement devint coup, pour finir en légère claque. Il fronça les sourcils, mâchouillant comme l'alcoolo qui vient d'émerger d'une nuit éthylique. On accueil donc à coup de tartes dans la mouille au paradis !! Mort on deviendrait donc un poisson auquel on donne des tourtes en pleines gueule. Il clignât encore des yeux réfléchissant et tenta de se remettre la tête dans le bon ordre. C'était un sacré merdier dans son esprit en ce moment. Il ne retrouvait que des bribes de la journée de la veille, mais il avait beau remonter plus loin dans sa mémoire, c'était le vide sidéral. Peut-être qu'en mourant on oubliait tout. Ça faisait beaucoup de "peut-être" tout ça. Et Pan!! une autre petite claque. Il remonta son bras gauche, posa sa main au sol et poussa pour se retrouver sur le dos les bras en croix. Il ouvrit de nouveau les yeux. Une lumière intense lui brûlait la rétine jusqu'au cervelet. Il ferma les paupières aussi sec. Il effectua une nouvelle tentative mais n'ouvrit qu'un seul oeil à la fois. Il avait du mal à s'accoutumer à cette divine clarté. Puis faut dire qu'il avait un peu les miquettes de rencontrer tous ce beau monde, Christos, l'archange Gabriel, Sainte Boulasse, L'ange Al Lopaz.........
Pas évident quand même, c'est des gens qu'on connaît pas, on a peur de déranger. Et puis ce doit pas être le genre à vous accueillir avec une bière à la main et un gigot de l'autre. Pourquoi pensait-il à ça d'ailleurs?

Une ombre passa devant ses yeux...puis une seconde fois. Puis elle finit par se fixer définitivement devant son regard. Il ouvrit de grands yeux et resta dubitatif en apercevant l'ange qui lui avait été envoyé et qui se penchait sur lui. On aurait dit un ange de feu tellement sa chevelure rousse rayonnait. Le tout accompagné d'un visage poupon, presque une poupée de porcelaine. On aurait surtout dit une enfant âgée d'à peine dix ans.

Il ne la quittait pas du regard. Lui admiratif devant cet envoyé du Seigneur. Il se redressa se calant sur ses avants-bras. Il tourna la tête à droite et à gauche. Le paysage bien que fort plaisant semblait guère différent de ce qu'il avait connu lorsqu'il était encore en vie. Ça n'avait rien du pays idyllique avec les anges volant dans le ciel. Puis hormis ce petit ange là qui se tenait devant lui toujours silencieux il n'y avait pas grand chose. Non vraiment rien d'exceptionnel au paradis. Il se rendit compte que ses jambes trempaient dans l'eau de ce qui ressemblait à une rivière...comme toutes les rivières. Sans rien de spécial de prime abord. Sauf que ça y caillait vachement. Peut-être pour ça qu'il sentait plus ses jambes d'ailleurs.

Il regarda de nouveau ce "petit bout" d'ange. C'était sous les traits d'une fillette que Dieu l'avait envoyé. Lui qui pensait se trouver face à l'Archange Michel taillé comme une armoire Normande, vêtu de son armure et armé de sa magnifique épée...C'est un visage enfantin qu'il avait devant lui. Il esquissa un sourire. Puis il décida de rompre ce silence. S'il devait passer le reste de l'éternité ici, il fallait bien un moment ou un autre se mettre à parler. Sinon, ça serait d'un chiant.


Euhhhh !! B'jour. J'suis.......... euhhhh......bordel, j'm'appelle comment moi déjà.

Un grand moment d'angoisse le saisit. Il ne connaissait plus son nom. Puis il sourit de nouveau, comprenant le pourquoi de cet oubli. Sa compréhension se manifesta par un coup de paume de la main sur le front.

Ahhhhh ben oui, j'suis bête moi. Vous devez connaître mon nom d'toutes manières, pas la peine que j'me présente. Et puis mon nom ne sert plus à rien ici. Comme j'suis mort, j'ai plus de nom du coup. Je comprends mieux. Enfin, ça fait quand même drôle tout ça, de se souvenir de rien. Z'avez effacé ma mémoire ou quoi? Hahaha !!! Hohohoho !!!!

Il semblait particulièrement à l'aise pour un type qui venait de mourir et qui se trouvait face à un séraphin du paradis. Ou tout au moins à ce qui semblait ressembler au paradis, mais bon pas de quoi en faire une thèse non plus de l'endroit. Après tout il serait certainement bien mieux ici que dans la vie qu'il avait quittée, alors pourquoi ne pas être à l'aise. Il n'allait pas mourir une seconde fois et on allait pas lui faire un second trou au.....bref. Il revint à la conversation qu'il avait engagée.

Et vous, comment c'est qu'on vous appelle ici, au paradis ? L'ange accueilleur ? Le maître des clefs ? Passe-partout ?
Magaline
- Gné ?

Restée pantoise devant le flot de paroles incompréhensible que baragouinait son noyé, c’était la seule réponse qu’était venue a l’esprit de la gamine. Un « gnéé » nasillard magistrale, exprimant toute la force de son incompréhension.

L’une de ses petites mains vient se poser sur le torse de l’inconnu, l’incitant au calme et un sourire se voulant rassurant se dessine ses trais.


- Ze suis petite c’est vrai, passer partout z’y arrive bien et ça serrait un bon surnom mais c’est pas comme ça qu’on m’appelle. Tout le monde dit la môme.

A l’entendre délirer sur son nom les anges et le Paradis cette homme ne devait pas avoir toute sa tête. Un fou, elle venait de sauver la vie d’un dingu! Plutôt plaisante comme idée en fait. De quoi ravir la gamine qui pour une fois pourra se sentir intelligente en parlant avec un adulte. Elle aurait éclatée de rire en l’entendant d’ailleurs si l’inquiétude n’avait pu pris dans de place dans son esprit.

-Ze garde pas les portes du paradis m’sieur. Bah oui, a-t-on déjà vu un ange avec un cheveux sur langue?
Par contre vous, vous avez du prendre un sacré coup sur le crane.

La large plaie sur le crane du miraculé était en effet des plus inquiétantes. Mélange de sang séché datant de quelques jours déjà et de crasse qui laissait essaiment deviner que le pauvre homme avait traversé un bon nombre d’épreuves. L’odeur d’alcool fermenté qui s’échappait de son haleine ne faisait que confirmer cette théorie.
Il n’y a pas si longtemps son sort aurait été scellé avec la gamine. Chez sa ribaude de mère elle avait apprit a traiter les miséreux de manière peu Aristotélicienne. Quand un client finissait trop imbibé pour profiter des plaisirs du lieu, on le jetait dehors sans ménagement où les rejoignait discrètement la gamine pour leur faire les poches. Un moyen comme un antre de se faire un peu d’argent de poche avant de le laisser étendu là, ivre mort, livrer à son propre sort.
Mais aujourd’hui c’était fini. Elle avait quitté tout ça la gamine. Et vu sa nouvelle condition, interdiction de faire les poches a un mourant.

Alors si ses fines mains tapotent le corps du noyé tandis qu’elle parle, c’est pour une tout autre raison, plus louable. En évaluer les blessures, jauger de son état. A première vue pas si terrible il y a que la tête qui a prit.


- Ze devrais peut être aller chercher de l’aider, vous penser que ze peux vous laisser tout seule pendant un petit moment ou pas?
_hans_
Il écouta avec interrogation les propos tenus par la petite créature. Il avait bien du mal à tout saisir, le tout additionné à un douleur lancinante au crane, comme si on lui enfonçait des aiguilles dans le cerveau. Il regarda la main de la "séraphine" qui venait de se poser sur son torse. C'était l'incompréhension total. Il était où là ???? S'il était mort, pourquoi disait-elle ne pas être un ange? En plus " tout le monde l'appelait la môme"....il en avait jamais entendu parler de cet ange là. Il observa de nouveau autour de lui tentant désespérément de se remettre les cases dans le bon ordre. Il porta la main à son visage et sentit une plaie partant du haut du crane jusqu'au côté gauche de sa mâchoire. Un plaie encore douloureuse sur un visage qui au touché semblait tuméfié. Que s'était-il passé ??? Qui était-il ??? Il resta ainsi de longues secondes, le regard dans le vague, essayant de comprendre ce qui lui était arrivé.

La seule chose dont il se souvenait c'était sa biture du siècle et son casse gueule mémorable dans la rivière. Et un prénom, ou surnom qui revenait. Qui semblait tout droit surgir du passé, comme un mauvais souvenir. Hans quelque chose...Était-ce quelqu'un qu'il avait rencontré, ou son identité? Autant de questions sans réponse qui provoquèrent chez lui une nouvelle montée d'angoisse. Une angoisse si intense qu'elle le poussa à se pencher sur le côté pour y gerber tripes et boyaux. A moins que ce soit les restes liquides de la veille. A quatre pattes, il se traîna jusqu'à la rivière pour plonger la tête dans l'eau froid. La bouche et les yeux ouvert, il observait les fines bulles d'air qui sortaient de ses narines et passaient devant ses yeux. Il voulait en avoir le coeur net...mort ou pas mort ?? Il resta ainsi la tête sous l'eau pour avoir au moins réponse à cette question.........et il l'obtint rapidement. Les poumons compressés dans sa poitrine, la tronche prête à éclater, il compris très vite qu'il était bel et bien vivant, et ce à son grand désespoir. Il se redressa d'un coup, prenant aussitôt à l'air libre plusieurs grandes bouffées d'oxygène, tout en crachouillant l'eau qu'il avait avalée. Et son visage revenait peu à peu à la normale, passant du bleu au cramoisie puis au rouge clair. Il se regarda dans le reflet de l'eau. Ce qu'il vit le remplit d'horreur. Un gars avec les yeux rougis, une balafre qui lui zébrait la face, une vrai gueule de taré. Avec pour seul vêtement une paire de botte, une tunique en partie déchirée et une épée qui se trouvait sur berge. Peut-être la sienne. Comment ne pas prendre peur en voyant un type de cet acabit, avec une telle trogne. C'est même pas possible, on ne peut pas naître comme ça, on le devient à force de coups. Il se laissa tomber à la renverse sur le sol, les bras en croix.


'tain de bordel !!!! C'est pas vrai j'suis toujours vivant. Mais c'est quoi ce cirque ? Mais t'es qui toi?? Quèce tu fais là? Tu m'veux quoi?

Il se redressa et la regarda.

T'es pas un démon hein !!! dis moi? Parce que tu m'fais pas peur !!! Moi des démons j'en ai fracassé plus d'un, et des plus gros que toi. Même des avec de gros yeux injectés de sang, des cornes, des pieds de vache, des qui rotent et qui pètent. Alors moi les grands démons j'les plie en deux et les p'tits j'les allonge.

Nouvelles interrogations...nouvelles angoisses...Et si c'était un des envoyés de Belzébuth. Une gamine avec ces cheveux rouges, ne pourrait-elle pas être un des sbires des démons? Pourtant elle semblait si douce cette enfant qu'il hésita un long moment. Il avait pensé d'abord lui sauter à la gorge pour tenter de l'occire, puis ensuite au cou pour son geste envers lui. Même s'il regrettait grandement qu'elle l'ait eu et encore plus en ayant vu sa gueule dans l'eau. Le laisser pourrir dans la flotte aurait certainement été un bienfait pour la société. Elle ne semblait même pas effrayée de le voir.

L'imitant en balançant quelques postillons droit devant lui, la langue exagérément sortie.En plus ze n'ai zamais vu d'anze avec un zeveux zur la langue et de démons encore moins. Mais z'est mignon. Alors ze penze pas que tu zois ni an anze ni un démon, mais bien une petite fille.

Bien que toujours inquiet quant à l'ignorance de sa situation, il regarda la petite en souriant, et reprit une voix normale.

Alors je crois bien que je suis toujours vivant. Dis moi t'es qui? Ton vrai nom, et on est où? Tu veux bien rester avec moi pour m'expliquer et m'aider à comprendre ce qui m'arrive? S'il te plait.
Magaline
T'es pas un démon hein !!! dis moi? Parce que tu m'fais pas peur !!! Moi des démons j'en ai fracassé plus d'un, et des plus gros que toi. Même des avec de gros yeux injectés de sang, des cornes, des pieds de vache, des qui rotent et qui pètent. Alors moi les grands démons j'les plie en deux et les p'tits j'les allonge

Voila, c’était la phrase de trop, celle qui d’un grand coup de vent balaye toutes traces d’inquiétude _ accrue au moment où le fou avait plongé sa caboche fracassée dans l’eau _ de l’esprit de la gamine. A la place un grand éclat de rire, naïf en franc.
C’est-ce qu’il y a de merveilleux chez les enfants leurs capacité de passer du coq a l’âne aussi facilement. Et quand en plus en prend un sale gosse inconsciente comme la Magaline il ne faut pas être étonné de la retrouver à se marrer en compagnie des monstres pourtant si rigolos qui effraient tout les autres gamins et de menacer princes et princesses charmants de leur « faire la bagarre ».


Non que ze suis pas un démon. Mais ze sais roter et péter quand même hein.

Sourire plein de malice lancé au fracassé, comme pour le mettre au défit de lui interdire de le faire comme les autres grands, même pas drôles, qui font plein de bêtises, mais qui refusent de la voir en faire autant.
Mais voila que le dingue se met à se moquer de son zozottement. Le petit nez se plisse, ses sourcils s’approchent manquant le carambolage et ses petits yeux se fripent en deux petites fentes menaçantes. Bondissant sur ses quilles, les mains sur les hanches, elle lui lance un regard plein de reproches.


Alors attention monsieur le poisson. Parce que vous m’faites pas peur non plus. Et c’est pas parce que vous avez botter les fesses à plein de démons que ze vais pas vous faire la bagarre. Moi les grands z’en ai dézà fracassé plein, et des plus en forme que vous. Les vilains ze leur écrabouille les pieds et les idiots ze leur donne un coup en plein sur leur trésor, comme ça ils font plus de bébés aussi bête qu’eux.

Levé de menton exagérée de la gamine montée sur la pointe des pieds pour paraitre plus grande et montrer toute la force de sa conviction.

Parce que moi, ze peux très bien vous repousser dans l’eau et plus venir vous chercher. C'est les poissons qui vont vous manzer. Ze vous signale que ze vous ai sauvé la vie moi, alors un peu de respect non mais oh!

C’est vrai quoi, on se moque pas non de non ! Elle se laisse pas faire la gosse


Qu’est-ce que ça peut bien avoir dans la tête un gosse? On se le demande quand on voit la môme venir s’assoir tout prés du gaillard, au bord de la rivière, après lui avoir fait son numéro de grande dame pas contente. L’autre il a une gueule ravagée par les coups, de quoi faire décamper toute personne avec un brun de jugeote quoi. Mais la gamine non, même pas peur! Enfin au début peut être un peu quand même. Si c’était la face de l’inconnu qu’avait émergée de l’eau en premier elle y aurait peut être réfléchit un peu plus longtemps avant de le sortir de là. Mais plus maintenant. Non, il était bien trop drôle, de quoi plaire à la môme. Faut dire, elle est pas tout a fait saine non plus la gamine, du genre a collectionner des poupées éborgnés, démembrés ou étêtées plutôt que les mignonnes bien coiffés sous pretexte que les jolies sont trop toutes pareilles. Alors ce fou là, le sien; bien oui c’est elle qui l’a trouvé, toute seule comme une grande, dans l’eau où plus personne le voulait, alors c’est le sien. Son fou donc, hors de question de se le faire chiper part un autre en s’arrêtant a sa sale tronche de fracassé.

La gamine obéit de bon cœur, elle restera avec lui, en plus c’est demandé gentiment.


V’savez pas du tout où on est? Bha, voyez la ville là bas? C’est Losses ...
Hop là pluie de postillons,
Oups … euh c‘est Lochhheuh , c’est là bas que z’habite en ce moment. Et mon vrai nom c’est Magaline, ze suis la demoiselle de compagnie de damoiselle Davia Corsu de Villandry qui devrait bientôt revenir de chez ses copines les nones.
Mais v’pouvez dire la môme comme tout le monde.


Pour une fois qu’un gamine de ronchonne pas a chaque fois qu’on l’appele petit, pourquoi faut il que tout ceux qu’elle rencontre ces derniers temps préfèrent tous l’appeler par son prénom? La Môme, un surnom qui lui a été donné par les catins de chez elle. Un grand manque d’originalité certes, mais elle l’aime bien comme ça. Vertiges d’une autre époque.

Et vot’ vrai nom a vous m’sieur? C’est quand même pas le poisssson pour de vrai? Et v’savez pas ce que vous y fessiez dans l’eau? A moi avis v’zavez un peu trop bu avant d’arriver ici. V’souvenez de quoi en dernier ?
_hans_
Il ne put s'empêcher de rire en regardant et en écoutant la môme lorsqu'elle. Ce n'était certes pas un démon, mais une petite fille certainement pleine d'espièglerie. Il se laissa prendre à son jeu. Après tout que faire d'autre sinon rire aux propos qu'elle tenait avec autant d'affront. Maintenant, après l'avoir jaugée, il comprit pourquoi elle n'avait pas fui en courant dans les jupons de sa mère après l'avoir sorti de l'eau. Elle avait encore cette inconscience et la fraicheur de son enfance. Comment peut-être faire du mal à un enfant.

Il ne fut nullement surpris lorsqu'elle lui annonça être demoiselle de compagnie d'une Dame de haut rang. Une qui avait du voir en elle une bouffée d'oxygène et qui avait certainement le sens de l'humour démesuré.

Surpris d'apprendre qu'il se trouvait à Loches d'autant plus qu'il ne savait même pas situer la ville et encore moins ce qu'il pouvait bien y foutre. Enfin, il espérait que la petite l'aiderait à recouvrer sa mémoire.


Alors donc tu t'appelles Magaline, mais j'peux t'dire la môme. Alors vas pour la môme dans ce cas. Et pour toi euhhhh, ben j'sais pas. Comme tu veux, j'me souviens plus d'mon nom. Allons l'poisson si tu veux. Mais j'ai toujours ce "Hans" Tartempion qui traine dans un coin de mon pauv' cerveau. j'sais pas qui c'est. P't'ête que c'est moi. J'sais pas. Tout c'dont j'me souviens c'est que hier j'ai bu comme un trou et que j'me suis casser la gueule dans l'eau. J'voulais prendre un bain tu crois? Ou que j'avais trop chaud.

Alors tu est d'moiselle de compagnie. Bahh j'espère que tu es grassement payée parce que sinon, c'est moi qui t'récupère. D'autant plus que tu vas m'aider..Hein??? Dis?? Tu m'aides? En plus tu m'as l'air de savoir t'battre, tu seras mon garde du corps personnel. Le protecteur du poisson.

Hahahahahah !!!!!

Bon, trêve de plaisanterie. Tu m'amènes en ville? Mais va falloir que j'me cache derrière toi. J'vais faire peur sinon.


Il se lève pour arracher une grosse branche de bruyère qu'il tient devant son visage.

Tu crois qu'comme ça ça irait? J'peux passer inaperçu j'crois bien.

Sortant la tête de derrière sa branche puis se cachant de nouveau derrière aussi sec, il rit en faisant une grimace différente chaque fois. Pour amuser la môme.

Allez, tu me montre ta ville?

Alors comme ça 'parait qu'tu sais roter et péter?? Attends d'voir d'quoi j'suis capable.


Il prit une grade respiration depuis l'abdomen.....ouvrit de grand yeux en regardant la fillette et lâcha un...

BUUUUUUUURRRRRRRRPPPPP!!!!!!

Alors??? Tu peux faire mieux?? Promis juré craché j'dirai rien à ta grande Dame si tu m'bas. Après on y va hein !!!!!

Crachant au sol aussitôt sa phrase terminée.

Riiiiippp Pueffff
Magaline
Un gigantesque et mémorable concourt de rots s’en suivit sur le chemin de la ville. La gamine n’avait pas hésiter a relever le défit. Peu incline a se laisser battre, même au sujet d’une bagatelle aussi insignifiante d’une éructation, la môme ne se démontait pas, avalant des bouffées d’air toujours plus grandes pour réussir a battre le record du dingue bien plus expérimenté qu’elle en la matière.

Arrivé aux pieds de la muraille de Loches, la main de la fillette vint se glisser dans celle de son dingo. Geste inconscient, exprimant le désir de le rassurer peut être, ou alors plus terre à terre, le besoin de le guider sur les pavées en évitant le crottin. C’est qu’avec une branche de bruyère devant la tête on doit pas y voir grand-chose.


T’sais, oui oui elle était passée au tutoiement, un concourt de rototo ça rapproche que voulez vous, C’est pas avec ca devant les yeux que tu ferras moins peur. Bah oui moi devoir un monsieur déguisé un buisson ça me ferrait m’pozer des questions ze te signale.
On pourrait te prendre pour un vilain.


Petit gloussement alors que la gosse, perdue dans son imagination trop fertile, s’imagine un brigand qui, lasse de passer ses journées cachées dans les buissons au bord de la route aurait décide de se déguiser directement en bosquet pour gagner un peu de temps.
Se disant qu’le poiscaille ferrait mieux de se contenter de baisser la tête pour passer inaperçue elle lui souffla un petit :


Ze te trouverais un gros chapeau si tu veux.
Par trouver il fallait comprendre voler. Pour tout ce qui était vole a la tire sur le marché la gamine est plutôt douée. C’est facile quand on est asses petit pour se faufiler discrètement entre les passants aux heures de pointe et passer inaperçu. Et si jamais elle ne trouvait pas son bonheur sur le marché, il lui resterait toujours les ivrognes en train de cuver a la sortie des tavernes. Que l’un d’entre eux perde malencontreusement son chapeau ne devrait pas lui faire grand mal.

Néanmoins, même si l’amnésique avait présenté cela sous la forme d’une plaisanterie, son désir de se cacher devait avoir une vrai raison, une qui ne fait pas rire. Bien que la petite comprenait rarement les adultes, que certains puissent prendre peur a la vue des cicatrice de son nouvel ami, elle pouvait le concevoir.
Alors autant éviter de précipiter les choses en ramenant la chose a sa damoiselle en l’état sans prévenir avant. Faut dire qu’en plus de la cicatrice, le bougre était par bien des points peu présentable. Pas très propre, plutôt odorant et empestant encore l’alcool de sa soirée de la vieille.

Changeant de chemin elle l’entraina en direction d’une vieille étable. La bâtisse avait vécu, une fois sa porte branlante poussée on y trouvait trois vaches maigrelettes qui cohabitaient avec plusieurs araignées.
Poussant la première d’une grosse claque sur le croupion la gamine désigna ensuite un tas de foin et l’abreuvoir à son ami.


Ze pense que tu pourrais dormir ici pour l’instant non? C’est plutôt confortable le foin. Ze connais un peu le fermier, c’est un vieux chnoque qui y voit presque plus rien. il devrait pas trop de déranger si tu te caches bien à l’heure de la traite. Sinon le reste du temps il dort.

Et puis euh …. Peut etre que tu pourrais te laver un peu là dedans aussi. Z’irais te chercher de l’eau, et puis à manzer aussi.
Comme ça après ze pourrais t’emmener voir ma damoiselle dans la taverne de sa famille quand tu serras plus propre.


Grand sourire lancé a l’inconnu, puis une dernière phrase lancée a la va vite, avant de finir dans un sifflotement innocent. La gamine dévoilait son plan pour pouvoir garder son dingue avec elle.

Peut être qu’elle te trouvera du travail …
_hans_
Il avait rit aux éclats lorsqu'ils s'étaient lancé dans un concours de rots tout en filant pour Loches. Il n'en fallait pas plus au bougre pour commencer à se prendre d'affection pour la môme. Une enfant qui faisait attention à lui, qui n'avait pas peur de lui, qui le respectait. Une enfant qui lui avait même pris la main en chemin. Une enfant qui avait bien plus de qualité que certains adultes et qui vraisemblablement était bien plus intelligente aussi. Il lui sourit lorsqu'elle eu ce geste envers lui, fier d'être quelqu'un.

Elle n'avait pas tort. Quel gland faisait-il avec sa branche de fougère devant la trogne pour se cacher du regard des autres. Déguisé en buisson comme elle lui faisait remarquer attirerait certainement bien plus l'attention qui s'il avait marché normalement. Il balança donc sa fougère sur la route avant de d'arriver près d'une étable. Il compris qu'il ne pouvait pas se rendre en ville dans cette état et présenté à ses connaissances. Il ne savait pas pour l'instant s'il en avait bien envi d'ailleurs de rencontrer du monde. Il se refusait à faire honte à la fillette qui avait jusque là pris tant soin de lui.

Il écouta avec attention les consignes qu'elle lui donnait quant au paysan qui était le propriétaire des lieux et surtout comment l'éviter dans la journée. En entrant dans l'étable il prit son élan pour se jeter tête première dans le foin. Faisant sauter des brins de paille tout autour de lui il s'y enfouit jusqu'au cou, laissant dépasser que sa vilaine gueule.


Tu crois qu'ça va comme ça? y m'trouvra pas. J'ai plus qu'à rentrer la tête dans les épaules et l'tour est joué.

Elle lui désigna l'abreuvoir pour s'y nettoyer et se rendre un peu plus présentable. Il est vrai que depuis qu'il avait recouvré ses esprits il sentait bien qu'il embaumait un peu l'alcool, la vase et beaucoup d'autres choses. Un mélange d'odeur en tout genre créant une fragrance un peu trop musquée.

Ouaii t'as raison, j'vais m'laver la 'dans. Mais pour ce qui concerne le manger, j'ai besoin de rien, j'vais m'débrouiller. J'veux surtout pas qu'tu voles, tu m'entends !!!! Pas pour moi. Regarde il y a ces trois pauv' vaches, j'vais bien savoir tirer un peu d'lait. Retourne près de ta Dame, j'me fais tout beau moi pendant c'temps.

Enfin, beau, le mot était trop fort et mal choisi. Humain aurait été plus juste.

Il regarda l'enfant partir. Se retrouvant seul il se laissa partir à nouveau dans ses pensées. Il n'avait plus envi de rire à présent. Il avait peur. Il finit par s'endormir dans la paille.

Qui étaient ces visages qu'il voyait défiler dans son rêve......des sensations qu'il ressentait, des souvenirs qu'il avait vécus mais qu'il ne comprenait pas. Des prières, des cours de religion, des fracas de batailles, des pleurs......il se réveilla en sursaut, trempé de sueur, le coeur manquant sortir de sa poitrine tellement il battait fort, haletant.......

il commença à reprendre doucement ses esprit. Sans pour autant comprendre les images qui avaient défilé dans son esprit.

Il fallait bien se mettre à autre chose à présent. Les choses reviendraient peut-être au fur et à mesure.

Il fit un peu le tour de la grange à la recherche d'un contenant pour traire une de ces vaches. Une vieille gamelle en fonte, ferait l'affaire. Il la plaça sous la bête et à genoux commença à traire. Il sortit quelques pissettes de lait. Pas de quoi remplir un estomac. Il fallait bien faire les trois vaches pour se tirer un bol de lait. Les pauvres bêtes n'étaient pas en meilleurs état que lui. Il but goulument les quelques centilitres qu'il avait pu récupérer.

Il sortit la tête de la grange, regardant si tout était calme. Si l'vieux gars était en train de roupiller comme lui avait dit la môme.

Il fit un petit tour et remarqua un petit court d'eau pas très loin et surtout caché de toute vue extérieure. Il quitta les trois pauvres frusques qu'il avait sur le dos et s'y plongea. Frottant toutes les parties du corps incrustées de crasse. Après le bestiau, il en profita pour y faire tremper ses nippes qui avaient besoin d'un bon coup d'eau fraiche pour raviver le parfum du propre. Il courut à poil, les vêtements mouillés sous le bras, pour retourner se mettre à l'abri dans la grange. Il les étala sur les montants de bois d'un enclos et attendit qu'ils sèchent. Pendant ce temps il se faufila jusqu'au jardin du vieux pour lui voler quelques poignée de feuille de menthe à mâchouiller pour chasser cette haleine avinée qui ne le quittait pas.

Les affaires sèches, il décida de se rendre en ville pour trainer un moment en taverne et voir s'il avait toujours son air effrayant. Il déroba en passant près d'une ferme de quoi finir de se vêtir. Quelques affaires que le propriétaire avait étendu sur un muret pour les faire sécher.

Les pieds sur la table de l'auberge il regarda et écouta les discutions des villageois. C'était gagné, il passait inaperçu. Sauf auprès d'une emmanchée qui n'ayant pas vu sa gueule cassée, n'eut d'autre réflexion intelligente à sortir que de lui faire remarquer que ses pieds sur le meuble gênaient la peine-à-jouir. D'abord tenter de lui envoyer la table dans la tronche, il se ravisa et décida de quitter l'établissement pour retourner attendre la fillette là où elle l'avait laissé.

Avait-elle parlé de lui auprès de sa Dame?? Lui avait-elle trouvé un travail?? En attendant la réponse à ses questions il finit par se rendormir.
_hans_
L'affreuse chose qu'il était n'avait que très rarement quitté la grange du vieux fermier où l'avait installé la môme. Juste quelques heures par jour pour trainer ses braies en taverne. Il avait été surpris par sa rencontre avec Dame Tayabrina, qui n'avait jamais détourné le regard lorsqu'il entrait dans son établissement. Sur quelques mots échangés une amitié était née entre eux. Mais il n'avait pas toute les réponses à ses questions sur son passé. A vrai dire il n'en avait même aucune. Longtemps il avait pensé rester à Loches et se créer d'abord son avenir avant de chercher son passé. Mais il savait très bien que l'on ne devenait que ce que l'on a été. Et il ne savait pas ce qu'il avait été. Toujours est-il qu'à Loches personne n'avait su lui dire qui il était. Il n'était donc de tout évidence pas originaire de cette ville. Mais il n'avait pas pu parcourir tant de chemin que ça avant d'atterrir dans la cité du Duché de Touraine. Peut-être qu'en y traversant quelques villes il découvrirait d'autres morceaux de sa mémoire, de quoi reconstituer le puzzle de son esprit.

Il décida donc de quitter Loches. Mais il y avait la petite princesse. Cette môme qui l'avait sauvé et pour laquelle il s'était pris d'affection. C'est qu'il y tenait à cette petite, comment inviter une gosse d'à peine dix ans à suivre l'animal blessé qu'il était et continuer à l'aider comme elle l'avait fait. Déjà qu'une adulte n'avait pas voulu, alors une enfant serait certainement tâche ardue. Allongé dans la paille de la grange, le bras droit recouvrant ses yeux il réfléchit à la façon de présenter la chose à la môme.
L'enlevée lui avait même traversé l'esprit un court instant. Mais il s'était vite ravisé. Son âme torturée n'était tout de même pas aussi noire que ça pour enlever une gosse aux gens qui l'avaient recueillie. Il ne lui restait plus que le mensonge. Comment un homme sain d'esprit oserait-il mentir à une gamine. Ben, lui semblait en être capable. Il se leva d'un bond de sa couche de paille. S'épousseta les nippes avant de filer tout droit là où vivait la môme. Il avait besoin d'elle et il comptait bien la protéger envers et contre tout. Jusqu'à donner sa vie pour elle d'ailleurs. Elle n'avait pas hésité à entrer dans l'eau glacée pour le sauver, alors il pourrait bien faire ça pour elle s'il le fallait.

Il attendit de voir la gamine sortir de la maison. Mais elle ne pointa pas le bout de son nez. Il patienta, des heures durant. Le jour commençait à décliner. Puis avant d'en avoir plein le...assez d'attendre il pris une grosse poignée de petit gravier qu'il s'apprêta à jeter dans les carreaux d'une des pièces éclairée par une bougie à l'étage. Espérant qu'il tombe sur celle de la petite. La poignée de cailloux en main, il arma et s'apprêtant à lancer, il aperçut Magaline sortir de la maison. Se redressant il se mit à agiter les bras.


Héééé, Psiiiiiiiit. Princesse, euhh la môme, c'est moi Poscaille !!!! J'ai un service à te d'mander.

Il s'approcha d'elle et chuchota.

Dis moi, j'vais aller à Tours pour y vend' quèqu'affaires et chercher du travail. Parait qu'c'est plein d'riches là-bas. Peut-être que j'trouvrai un boulot. C'est que pour deux-trois jours, l'temps qu'j'vende mes trois merdouilles et que je cherche un riche à m'embaucher. Tu veux pas v'nir avec moi? J'te ramènerai ici dès que j'ai trouvé. Ça te tente? On partirait ce soir. Si tu veux prendre ce qui te tient le plus à coeur et on filerait. Hein !!!!!

Souriant de toutes ses dents, il attendit la réponse de la môme. S'il elle refusait, il partirait à contre coeur. Mais si elle acceptait, il serait ce père qu'elle n'avait jamais eu. Il ferait tout pour elle, capable de tout pour lui apporter le bonheur et l'entendre rire et jouer comme une enfant de son âge, avec des enfants de son âge, au lieu de travailler pour les riches. Et aussi, lui apprendre à lire et à écrire, il y tenait également. Elle serait sa raison de vivre, comme il n'en avait plus à présent.
Tayabrina
Elle avait pensée à se retrouver sur la route qui mène à Tours. Juste après la nouvelle que Hans partait. Elle l’avait toujours su. Qu’un jour Hans s’en ira. Pourquoi Hans ? C’est le Jumeau de Taya qui le nommé ainsi, parait que dans le passé ils se sont croisés. Enfin, la châtaigne ne s’arrêta pas sur ce petit détail. Qu’importe qui il était où comment il se nommait. Elle voulait savoir autre chose. Pourquoi cet homme attiser sa curiosité. Elle avait cherchait à le dévisager et lui tel un grand timide se cacher d’elle. Jamais…Même pas une seconde La châtaigne ne détourna son regard de lui. Elle-même tourmentée à l’intérieur à ce moment voulait savoir. Elle voulait découvrir pourquoi il se faisait si discret. Quand elle le découvrit la raison. Elle avait failli s'évanouir. Une cicatrice affreuse l'avait défigurer.

Poiscaille que le nommait Magaline. Et lui l’appelé princesse. Il était très protecteur à l’égard de la môme. Un doux sourire s’était dessiné sur le visage de Taya en les voyant ensemble.

Tout en l’observant Taya découvrit en cet homme un trésor. L’inexplicable était là. Un matin, alors qu’elle était peine levée du lit. Elle prenait un bon verre de lait chaud dans la cave. Hans pointa le bout de son nez. Taya de nature détachée lui lança un bonjour de politesse très sec, sans pour autant dévisser son regard de lui. Pour le taquiner elle s’approcha doucement de lui. Lui qui fuyait sans cesse. Cela avait fortement amusé la gérante de la cave. Puis petit à petit elle réussit à l’apprivoiser et vice versa. Le cœur de la châtaigne était dur à gagner en amour comme en amitiés. Le fil conducteur existait entre eux deux. Une complicité naquit entre eux. Et ensemble ils se mirent à maudire celui qui avait fait souffrir la Taya. Son matin triste se transforma en des rires qui résonnèrent la cave.

La clientèle du jour n’était pas encore présente et Taya s’affaire en même temps que lui, lui parle. Curieusement il donnait l’envie à Taya de redevenir solide. L’amitié naissante pris de l’ampleur en deux jours, ils étaient proches, Taya le respectait et n’avait plus peur de lui. Elle aimait ses yeux et ses cheveux. Elle essaya comme elle put de redonner confiance à Hans. Au bout des deux jours, la cicatrice qu’avait Hans était devenu la beauté du poisson pour la Taya. Elle lui avait même parler d’un rêve bizarre où un poisson était dans son abreuvoir et qu’il voulait sortir de là, il voulait être libre. Encore une fois, Hans s’était marré de ce rêve, elle aussi d’ailleurs. Mais c’était un rêve prémonitoire. Le lendemain…

Hans Partit pour Tours, Il voulait retrouver son passé, La Lochoise essaya de le convaincre de vivre le présent et d’attendre le futur. Tache impossible, il se sauva de la cave. Il savait que l’amitié entre eux deux allait freiner son besoin de trouver son passé et il devait absolument savoir qui il était. Il prenait le risque…il avait peur de découvrir son passé. Qui fut –il vraiment. Pour qu’il reste La châtaigne ne fit rien. Sa destinée l’attendait … Avec la promesse de toujours se tenir au courant et ne jamais s’oublier. Elle lui écris une missive…La distance ne tue pas une relation amicale. Ils seront toujours proches, où qu’ils soient, ensemble ils seront pour la vie. Les yeux irradiants. Elle espère sincèrement que son ami retrouve vite son passé.

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Mais qui sont cachés là?
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