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[RP Ouvert] De Profundis

Trivia
Du fond du gouffre obscur où mon cœur est tombé.
C’est un univers morne à l’horizon plombé,
Où nagent dans la nuit l’horreur et le blasphème

Baudelaire, De Profundis clamavi.


A ses appels esseulés, seules les limbes lui répondent.
Elle avait l'habitude des coups, de voir son sang la déserter en fines rigoles. Pour la pucelle, voir le sol éclore de fleurs pourpres sous ses pas était loin d'être une première fois. Les odeurs de métal, âcres, ne constituaient que quelques broutilles.
Sentir une lame sur sa peau, s'enfoncer. Encore un peu plus profondément. Encore. Et cette autre. Et celle-ci. La différence ne fut pas tant la douleur, ni même le nombre de coups portés. Ce fut surtout la perte totale de contrôle pour l'après.

Il n'y a personne. Pourtant, elle le sent, elle devrait voir quelque chose, parler, entendre, n'importe quoi. Où est passé l'enfant qui l'abîme un peu plus à chaque fois ? Pourquoi n'y a-t-il aucune lueur blafarde pour lui dire qu'elle doit encore faire demi-tour pour s'améliorer ?
Il ne lui reste plus rien, juste cette angoisse. "Ainsi, tu vivras, seule, côtoyant les humains.." C'était pas censé être comme ça. Elle avait trouvé des choses à faire, et puis tant pis si elle arrivait pas à se changer, elle n'avait qu'à changer les autres... non ? "Ainsi, personne ne te verra et personne ne te nommera..." C'est faux! Elle en a rencontré plein, des gens, depuis le début de son voyage, et même qu'elle a un compagnon de route, alors bien sûr qu'on peut la nommer! Bien sûr! Mais alors, dans ce cas.. dans ce cas.. pourquoi il n'y a personne, là.. "car J’ai Moi-même décidé de ne pas le faire".

Les derniers lambeaux de conscience s'envolent, tandis qu'elle-même reste au sol, et qu'elle tente de résister du mieux possible. Hélas, comment pourrait bien faire la vagabonde, lorsque son propre corps refuse de l'écouter et s'enracine encore un peu plus profondément.
Mais tout n'est pas encore perdu : après tout, elle peut encore penser, avoir peur, vouloir chercher une sortie. Tout va bien.
"Ainsi, tu vivras.." Fous-moi la paix. Un infime changement, un goût de terre, âpre, mélangé à celui de la bile. Se rapproche-t-elle légèrement de dieu, lorsque la rancœur remplace doucement l'indifférence ? C'est un sentiment doux-amer, infime mais bien présent. S'il l'ignore et ne vient que pour la torturer, alors.. Compte pas sur moi pour ramper, tu sais.

Elle va se débattre, oui. Puis se réveiller, et puis se lever, et enfin, prouver à ce dieu indifférent que oui, elle est bien là, qu'il le veuille ou non.
Dans un dernier sursaut, enfin, Trivia réussit à entrouvrir les yeux.

Une fois. Devant elle, la Lune qui la contemple, ce qui ne suffit pas à lui donner des indications précises sur le lieu où la jeune fille est étendue. Elle peut sentir l'air doux qui passe sur ses joues pâles, la douleur présente malgré sa grande faiblesse. Sûrement un nouveau sillon creusé dans sa chair, comme si les nervures sur sa tempe ne suffisaient pas à l'enlaidir.

Deux fois. Il y a des voix autour d'elle. Peut-être une seule ? Juste des bribes, des éclats, qui lui parviennent à la manière des vagues, souvent proches, mais insaisissables. En y songeant, la pucelle réalise qu'elle a soif. Il va falloir qu'elle tente de parler. Difficilement, les mots sortent de ses lèvres desséchées.

..Qui ? .. Il faut..

La troisième fois n'a pas le temps de venir, sa voix s'étiole pour retourner au silence tandis qu'elle-même replonge dans ses ténèbres. Mais toujours pas l'envol attendu pour notre herbe folle.
Elle vivra. Si Dieu le veut, comme l'on a coutume de dire.
Forth_with
Traversant le gué sous les chaos de la route et le dodelinement de l'animal sur lequel il était juché le prêtre mâchouillait nonchalamment son tabac, qu'il crachait régulièrement le long du trajet. Il s'agissait là d'un des rares délicats vices à laquelle il s’adonnait. Il lui donnait certes des dents noires, qu'il n'arrivait que peu à éclaircir mais il ne pouvait s'en passer. Déjà il ne buvait plus d'alcool, s'était quelque peu calmé sur la nourriture quand il avait commencé à prendre de l'embonpoint, alors il se gardait encore cela.

Un gros mollard parti donc de sa bouche en direction du sol et alla fracasser mollement une pierre en contrebas. Le morceau de tabac mâchouillait ressemblait à s'y méprendre à du charbon humidifier par la bruine du matin.

Au pied du cheval, marchant en s'aidant d'un bâton Benoît râlait encore une fois.


Vous avez failli me toucher, vous pouviez pas faire attention.

Forth ne lui adressa même pas un regard. Il avait appris à faire avec les sautes d'humeur de son valet, incapable chronique et râleur patenté. Il se demandait souvent pourquoi il le gardait. Il y avait certainement dans ce choix de la pitié et un peu le sentiment de la bonne action. Pourtant depuis le temps qu'il le côtoyait l'animal n'avait pas changé d'un iota. Comme si quoi que l'on fasse il ne changerait pas. Alors à quoi bon ? Par moment le clerc se demandait s'il ne le gardait pas, parce qu'il n'avait pas mieux trouvé. En fait la solution tenait dans son humanité et son sentimentalisme. Même mauvais il l'avait pris en affection. Et c'était la pire chose qu'il n'est jamais fait. Tant pis après tout, c'était peut-être son fardeau en ce bas monde.

Benoît continuait à maugréer quand l'équipage remonta une légère colline. On se trouvait peu loin de la ville mais même ses échos n'y parvenaient que peu. Le léger vallon de ce versant donnait au lieu un air de quiétude et de tranquillité...


..Qui ? .. Il faut..

Des mots presque inaudibles, surtout du fait du valet qui ne cesse de parler. Mais Forth est sûr de les avoir entendu. Finalement sa formation militaire avait du bon, il s'était aguerri a bien entendre et avoir l’œil perçant bien que fatigué par moment.

Tais toi.

Les mots était fermes et sûrs et directement adressés à l'animal qui l'accompagnait. Visiblement il compris la remarque car il se tût sur l'instant. Comprenant sans doute qu'il aurait une sévère correction s'il continuait à parler.

Mais par la suite Forth entendit rien de nouveau. Il tira sur les rênes de l'âne et frappa son flanc par quelques coups de bottes. Sans coup férir il réagit de suite et se dirigea facilement dans la direction qu'on lui intimait de prendre, trottinant même un peu. Le chemin était un peu éloigné de la route principale et il serpentait autour d'une roche, de telle sorte qu'il fût impossible de voir quoi que ce soit de la route. Mais ayant dépassé cette fameuse roche Forth aperçu de suite une forme, une silhouette en contrebas. Il força l'âne à accélérer encore et à descendre directement. Fort heureusement le passage n'était pas trop pentu et le cavalier et sa monture ne risquait pas de passer cul par dessus tête. En arrivant près de la silhouette Forth à la vue du sang savait qu'il fallait faire vite.


Benoît vient ici de suite.

Il gueula cela fort et clair afin que le valet où qu'il soit vienne au plus vite. La fameuse silhouette était celle d'une gamine, voir une jeune femme, difficile à dire. Elle semblait quasi angélique à son teint blafard. Le clerc voulait savoir si au moins elle était consciente.

Damoiselle, damoiselle m'entendez vous.

Il était descendu de sa monture en attrapant sa sacoche et déjà l'animal était parti brouté à quelques mètres. Quand au curé il demandait cela à la jeune femme en lui tenant une main, espérant qu'elle l'entende.
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Trivia
Elle est bien, là. Plus de douleur, plus de réflexion. Pas de rire ni de joie non plus, mais après tout, elle ne connaissait pas, même avant. Qu'on s'attende à ce qu'elle rie ou pleure, et la seule réaction qu'on aurait serait son air toujours sérieux.
Mais là, la pucelle est bien, se sent légère, et pourrait presque jurer qu'elle flotte, si seulement elle ne se sentait pas enracinée.

Hélas, on ne peut jamais se reposer en paix bien longtemps. Même dans cet endroit, elle peut entendre un écho lointain, qui lui semble vaguement familier. Enfin, à cet écho se rajoute une légère pression sur la main.
Qu'est-ce que c'est ? Elle s'en moque, après tout, la jeune fille n'a qu'à l'ignorer, et elle retrouverait la paix.
Oui, mais.. Mais. Il faut qu'elle sache, tout de même. Jusqu'au tréfonds de l'inconscience, la curiosité reste suffisamment forte.

Avec difficulté, elle parvient à ouvrir à nouveau les yeux, conservant malgré tout le silence. Trop fatigant.
Des formes, devant la jeune fille. Sûrement un cheval ou un homme très imposant dans le lot. Deux autres silhouettes. Dont une qui lui tient la main. Ah.
Enfin, elle commence à comprendre que l'écho n'est nul autre que la voix qu'elle entendait tout à l'heure, et à quoi est du la légère pression au bout de son bras.

Il faudrait qu'elle parle, tandis que la vagabonde tente de fixer celui qui s'adresse à elle. Lentement, ses lèvres s'entrouvrent, pour ensuite se referme sans un son. Non, trop fatigant, elle va chercher autre chose. La main, elle va tenter d'y réagir, serrant la main à son tour...
Disons plutôt en bougeant un peu les doigts, voilà qui serait plus réaliste.

Si Trivia avait pu parler, elle serait dépêchée de lui demander de l'alcool pour soigner la plaie béante, ou bien de faire un garrot ou d'appliquer de la pommade, comme pour les pattes des animaux blessés, sauf qu'elle, elle a l'habitude de les achever, en général, ou encore de la recoudre à vif, pas grave, hein, après tout elle sent pas grand-chose.
Mais heureusement pour sa survie, c'est bien trop fatigant.
Forth_with
S'il n'avait plus fait cela depuis un moment et que des deux c'était Sacha l'expert du soin, Forth avait des gestes précis, assurés, il savait ce qu'il y avait à faire, les avaient répétés maintes et maintes fois, sur des animaux d'abord. Des morts, des vivants. Un jour il avait même éventré un porc et ils avaient passé l'après-midi à décortiquer son ventre, comme si dans ses entrailles on pouvait y lire des solutions, des signes non de l'avenir mais du présent.

Il sentit donc sans difficulté la légère pression sur ses doigts. Elle était consciente mais cette conscience ne présagea rien de bon, pis il aurait préféré plus de gestes. Car il savait qu'elle était déjà faible. Il ne patienta donc pas et déballa sa sacoche sur le sol et en sortit rapidement du linge qu'il avait à l'intérieur. Puis sans même se retenir ou se sentir gêner il souleva la silhouette et aperçu alors la flaque de sang qui commençait à se former sur le sol. On pouvait voir plus loin plusieurs gouttes de sang menant vers ailleurs, la jeune femme avait donc pût se traîner jusqu'ici et n'avait pas été touchée là. Mais l'heure n'était pas aux investigations mais aux soins.

Alors quand Benoît arriva sur ses entrefaites. Il le regarda et lui dit.


Aide moi on va déchirer une partie de son vêtement.
- Je vous savait pas comme ça maître mais avec plaisir.


Comme le valet s'approchait avec plus de lubricité que de volonté de soigner Forth s'empressa de lui dire.

Pour soigner la plaie grand nigaud. Et si tu t'avises de la regarder autrement que pour la soigner je te fais la même plaie qu'elle et je te laisse ici.

Il savait que la réflexion ne servait guère, que bien évidemment Benoît en profiterait pour décortiquer de pied en cap la belle, mais au moins cela le retiendrait un peu, le temps qu'il parvienne à recoudre la plaie. C'était déjà ça.

Il retira donc une surcote qu'elle portait, puis déchira la chemise dessous sur le bas, le sang s'étant étalé au niveau du bas du dos, un peu au-dessus de la ceinture. Et là le sang mêlé avec des petits cailloux, la plaie béante et les herbes ne fut pas belle à voir. Il sentit d'ailleurs Benoît qui maintenant la gamine un peu sur le côté défaillir.


Retiens-là et regarda ailleurs, si tu lâches d'un coup elle y passe.

Réellement il en savait rien mais peut-être que cette menace éviterait à son incapable de faire la bêtise. Il avait verser une bonne rasade d'alcool sur le linge, espérant que cela réveille aussi au passage la donzelle lorsqu'il tamponnerait. Et il appliqua directement sur la plaie et veilla à la comprimer légèrement tout en nettoyant au mieux. Mais le sang coulait encore beaucoup, la gamine était solide, car elle avait en perdre énormément. Il ne fallait donc plus attendre. Avec une partie du linge il comprima la plaie, puis il s'adressa à Benoît.

Tiens ça je vais préparer du fil et une aiguille. Mais j'ai peur que cela ne s'arrête pas de saigner et que si je recouds elle se vide de son sang à l'intérieur. Il faudrait cautériser. Mais ici en pleine forêt ou trouver le matériel pour cela.

Tandis qu'il préparait le fil et que Benoît tenait le linge il vit à sa tête qu'il pensait à quelque chose et pas de sexuel pour une fois. C'était tellement étonnant qu'il fallait impérativement creuser.

- A quoi penses-tu ?
- Moi ? Rien, rien !
- Je sais très bien que si. Parles, si on ne trouve pas de solution elle va y passer.
- Vous promettez de pas vous énervez ?
- Parle je te dis et tout ce que tu pourras faire pour elle ne te sera pas retenu.
- Ah ? Alors voilà je me suis mis en affaire avec un charbonnier qui travaille du côté nord de la forêt.
- Ce sont les terres de la seigneurie ça ? Il travaille pour lui.
- Euh non pas vraiment...
- Bien j'ai compris continue.
- Il s'avère qu'il fait aussi quelques petits métaux. Il pourrait chauffer un fer et cautériser sa plaie.
- C'est loin ?
- De l'autre côté du gros tertre, dans une petite ravine.
- On y va alors.


Car si la plaie ne saignait plus trop et qu'il avait commencé à la coudre, Forth en était sûr, elle se remettrait à saigner et il fallait faire vite pour permettre à cette gamine de reprendre des forces. Ce n'était pas en effet les quelques fruits qu'ils avaient qui l'aiderait à s'en sortir. La plaie recousu. Forth plaça tout autour un bandage qu'il plaqua fortement puis portant dans ses bras la gamine qu'il amena jusqu'à son âne qui tranquillement était revenu vers lui. Mais il se ravisa bien vite en voyant comme il devrait monter. Il accepta donc que Benoît la porte quelques instant le temps qu'il monte sur l'animal. Mais cet animal lui aussi en profita pour peloter un peu la pauvre esseulée.

Cesse vilain ou mon bâton ne sera pas mon unique courroux. Et donne la moi que nous partions rapidement vers ce tertre.

Hisser sur la monture elle fut positionner tranquillement.

Court déjà vers là-bas nous de te suivons, nous ne pourrons aller trop vite de peur que la plaie se rouvre alors ne t'inquiètes pas nous te rattraperons tout juste.

Et pour une fois Benoît courut sans se faire prier et Forth lui de son côté priait déjà intérieurement. Il espérait qu'il ne soit pas trop tard.
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Trivia
Il est un fait établi, une loi immuable dans ce fichu univers construit à l'envers.
Chouchoutez un chérubin, il tombera malade au moindre coup de vent. Flanquez un gosse dehors en plein hiver, il sera encore debout et en pleine forme alors que la neige s'accumule sur ses épaules.
Trivia fait partie de cette catégorie, le chien efflanqué qui peut manger n'importe quoi, la mauvaise herbe qui pousserait même sur du gravier, elle est du même acabit, lorsqu'elle se trimballe sur les routes avec son corps noueux et ses genoux rarement blancs.
C'est d'ailleurs à se demander comment on peut être désespéré au point de la peloter, elle qui au lieu d'avoir les rondeurs tant appréciées est aussi pulpeuse qu'un saule pleureur.

Mais au début, elle ne sentait rien. Elle était même très bien, à flotter on ne sait où dans l'océan de l'inconscience. C'est ensuite que ça se corse.
Lorsqu'elle se voit infliger le même traitement qu'elle utilise pour soigner et achever les blessés ayant croisé sa route.


Sous la morsure de l'alcool, la jeune fille revient à elle, brutalement ramenée à la réalité, et dans la pire des situations qui soient : consciente mais trop faible pour faire quoi que ce soit.
Et là, elle comprend plus ou moins dans quels draps elle s'est fourrée. Ils vont la tuer. Mais vraiment, hein. C'est ça, en fait, ils se promènent et ils traquent les survivants pour pas laisser de trace, en se faisant plaisir et tout de manière sadique.
Mais c'est qui eux d'abord, en fait ? Pourquoi y en a deux ? Ils disent quoi ?
Avec difficulté, la pucelle tente de se concentrer sur la conversation... "elle va y passer".. "tout ce que tu pourras faire.." "ne sera pas retenu".."chauffer un fer"..
Ah oui mais non. Elle est contre. Elle cautionne pas la torture, là. Qu'on l'achève, mais qu'on la torture pas comme ça. En plus elle est pas en état de parler, alors ça sert à rien de vouloir la faire parler et tout, à part juste le plaisir.

Hélas pour elle, voilà que celui qui parlait du fer la prend avec elle, et commence à la tripoter.. Puisque c'est comme ça, Trivia va tout miser sur le regard. Fixant intensément le pervers, elle tente de bien faire passer le message.. à ta place j'éviterai de faire ça, hein. Non parce que là, elle peut rien faire, mais par la suite, si on la fait ressusciter et tout, comme dans les livres, elle pourra lui rendre la pareille. Pour la torture, pas le tripotage.

Pour l'heure, elle se raccroche à ce qu'elle peut, pour rester ici et maintenant, et pour faire comprendre que oh, on ne fait pas n'importe quoi.
Juste en le fixant gravement du regard malgré la légère distance entre lui et la monture sur laquelle elle se trouve. Une gargouille n'aurait pas fait mieux.
--Benoit


C'est un beau roman,
c'est une belle histoire,
c'est une romance d'aujourd'hui


Il y a des gens comme ça, ils ont un don, un truc. Certains c'est pour dessiner, d'autres pour cultiver, la main verte qu'on appelle ça. D'autres encore savent parler bien comme il faut. Et bien Benoît que voulez vous il a aussi un don... avec les femmes.

Bon bien sûr pas forcément avec les femmes de hautes conditions. Encore que une fois il a ramener une comtesse et même une princesse. Mais tout grand talent à ses petits secrets, ses petits trucs. Ceux de Benoît se nomme, alcool, mensonge et encore alcool.

En tout cas Benoît sait lever la femme. Et puis de tout, et il sait reconnaître les signes. Non c'est peut-être, peut-être c'est oui et oui c'est de suite. Et là Benoît en était sûr, vu les signes qu'elle envoyait la gamine, elle voulait tout, tout de suite. S'il n'y avait pas eu le maître sûr qu'il l'a fourrait tranquillement dans les bois. Et galant homme il laissait peut-être même une piécette pour le service accomplit. Attendez, on a de la classe ou on en a pas.

Que voulez vous, elle n'arrêtait pas de le fixer du regard, comme si son bord corps d'Appolon, ses muscles saillants, sa gueule d'ange aviné, elle ne pouvait y échapper. Bon évidemment Benoît savait bien cela, même si cela le gênait parfois, c'était un homme tout de même pas un objet.

Alors quand il laissa la gamine au prêtre Benoît se dit immédiatement.


Quelle trainée, toi ma grande tu ne perds rien pour attendre.

Et attention là vous allez en prime suivre la rapidité du raisonnement de Benoît. Une femme quand elle veut, elle veut, il faut donc faire vite, faire vite c'est la soigner vite, si on doit la soigner vite, il faut l'amener vite au charbonnier pour qu'il cautérise la plaie. Donc si vous voulez l'amener vite, il faut courir vite vers là. Et là d'un coup le Benoît fainéant, c'était transformer en brebis galopante, pis, il courait comme un dératé. Même les marches d'un troquet il ne les aurait pas avaler aussi vite. Il sentait déjà ses muscles, travailler, et même un à l'entrejambe. Que voulez vous c'est ceux qui travaillent le plus souvent, qui agissent le plus vite, normal c'est l'entrainement qui veut ça.

Benoît descendait déjà seul de l'autre côté du tertre et obliquait sur le chemin qui menait à la ravine. Le charbonnier avait installé sa bicoque à cet endroit car elle se trouvait éloignée des grands chemins et on pouvait facilement voir ce qui y venait de loin, pour pouvoir décamper au plus vite en cas de problèmes. Il faut dire que les nobliaux aiment guère voir des gueux brûler leurs arbres. Chiens de nobles.

Zigzaguant toujours aussi vite à s'en faire péter les poumons, Benoît approcha de la masure. Mais bien évidemment il ne la voyait toujours pas. Le lieu était plutôt bien dissimulé dans la forêt, l'homme avait même laisser pousser les plantes aux alentours de sa demeure. Il courait toujours comme un fou, espérant accélérer le mouvement quand soudain.


Chtaaaaac !

Elle fusa tellement vite, que rasant le crâne de Benoît il n'eut même pas le temps de se coucher pour l'éviter. Puis se plantant dans l'arbre derrière lui le carreau fit s'arrêter brusquement Benoît qui tout à coup se jeta au sol.

Le Marceau arrête tes conneries c'est moi Benoît. Tu m'a pas reconnu.

Au bruit du carreau le prêtre qui arrivait un peu plus en arrière c'était arrêté. Visiblement bien lui en avait pris car il n'était pas dans le champ de vision du fameux Marceau. Petit à petit une ombre commençait à se dessiner dans ce qui semblait être des fourrés.

- Benoît c'est bien toi ?
- Puisque je te le dis, tu peux me croire.
- Foutre Dieu je t'ai pas reconnu.
- Oui ben c'est pas une raison pour tenter de couper la tête.
- Je t'ai rasé le crâne ? Cornecul. Cette maudite arbalète fonctionne comme elle veut, j'ai tiré à plus de dix mètres de toi, pour effrayer la cible.
- Oui c'est surtout parce que tu n'y vois plus goutte. Et tu peux m'expliquer si ce n'était pas moi pourquoi tu tirais ?
- Au cas où un inopportun se présentait.
- Que tu aurais renseigné sur ta présence. Qui va savoir que tu es terré là ? Au mieux ton inopportun ce serait perdu.
- Ah pas faux j'y aurais pas penser.
- Comme souvent.


Mais déjà le prêtre faisait signe à Benoît d'abréger au plus vite. Benoît revenant à ses émois, fort normaux s'empressant donc.

- Marceau je suis pas venu faire la conversation sur tes tactiques militaires. J'ai besoin de ton aide. Fais chauffer ton feu.
- Tu sais bien que j'évite sinon je me fais repérer.
- Peut importe c'est une question de vie ou de mort.
- Tu es blessé ?
- Pas moi.


Marceau s'était approché de Benoît. C'était un petit homme, plutôt replet, on eu dit même qu'il avait une bosse dans le dos. Il tenait à la main une arbalète déjà trop grande pour lui, tellement ses bras étaient courts et de ses gros doigts il ne parvenait qu'à faire rentrer un seul sur le levier pour tirer. Il avait abaisser l'arme à s'approchant de Benoît. Mais l'homme devait vraiment avoir des problèmes de vue car il ne vit que le valet, alors même que Forth s'était à nouveau approché. Quand Marceau vit l'âne et les deux personnes montées dessus il releva à nouveau son arbalète et menaça Forth.

- Qui sait ça et qu'est-ce qu'il fait là ?
- C'est mon maître, il n'y a pas de danger. Mais on a pas le temps je t'expliquerait plus tard. Fait chauffer ton feu je te dis.
- Pas de danger c'est toi qui le dit moi je le connais pas.
- Oui c'est moi qui te le dit alors fais moi confiance. Il ne dira rien sur toi, si tu nous aide à soigner la gamine qu'il a dans les bras et pour ça on a besoin de ton feu.


On eut dit que Marceau découvrait la gamine et en la voyant il changea du tout au tout. Comme s'il était mû par une nouvelle force. Il abaissa son arbalète, ce qui n'était pas plus mal car le coup pouvait partir à tout moment, même s'il ne voulait pas. Puis il mena l'équipée jusqu'à chez lui. Il courait presque, malgré son poids et sa petite taille. La masure était vraiment une bicoque. C'était un endroit fait de morceaux de bois clouées ensemble un peu rapidement et surtout mal, où le toi tenait par la bonté du Très-Haut. Il est vrai que si l'on ne savait pas qu'il y avait quelque chose là on ne l'aurait jamais vu, surtout vu son état de délabrement. Mais Marceau ne s'arrêta pas à la masure et poursuivi plus loin. En effet si le lieu de vie de Marceau était adossé à un mur naturel de pierre, le fameux four, se trouvait dans la pierre. Un peu plus loin, sous un rideau de lierre, que Forth passa ensuite après être descendu de l'âne, quand il eut donné la gamine à Benoît qui cette fois n'essaya même pas de la peloter ce qui surpris un peu le clerc, on pouvait découvrir un lieu unique. Sous la roche, une cavité, assez grande. Près de deux mètres de haut, quatre de large, de forme oblongue, on aurait pût même y vivre. Mais visiblement ce n'était pas le choix de Marceau. Au centre se trouvait un foyer, arrêté par un petit muret de pierre, que Marceau ranima de suite. Forth s'inquiéta, sans évacuation, ils risquait de prendre toute la fumée. Mais il constata bien vite, que au dessus du foyer, s'élevait un long boyau, qui faisait ressortir tout la fumée, à plusieurs mètres de haut.

C'est l'atelier de Marceau, il préfère faire du charbonnage loin de chez lui, pour ne pas que sa masure soit prise s'il est pris à charbonner mais l'atelier c'était le meilleur endroit.

Benoît faisait presque la visite. Forth presque émerveillée tenant la gamine, voyait étalé sur des billots de pierre des outils de toute sorte, de maigre qualité souvent mais parfois semble-t-il solide. Et puis surtout des lames, des coques semblables à des armures. Le prêtre avait l'impression que l'homme faisait dans l'armement de contrebande. Il se demandait par contre où il trouvait le fer pour faire tout ça. Il pensait qu'il l'extrayait mais très vite il compris que certaines choses devaient avoir été autre chose avant. Le foyer qui avait encore conservé certaines braises en arrivant, commençait à bien prendre. Forth demanda à Marceau et Benoît de dégager un billot et d'y étaler un linge pour allonger la petite. Ils prirent finalement la cape du prêtre qui était la chose la plus propre en ses lieux. Délicatement le jeune homme retira le morceau de tissu qu'il avait remis sur la plaie, par prévenance et convenance pour la jeune femme. Et commença aussi à retirer les fils sur la plaie. Il voyait le fer commençant à rougeoyer dans le foyer. La plaie se remis à saigner quand il l'ouvrit. Visiblement elle avait saigné à l'intérieur. Forth tamponna délicatement tout cela et sourit même à la gamine quand son regard croisa le sien.

Çà va être douloureux je vous préviens. Vous allez avoir très mal. Mais on a pas le choix, c'est vraiment le seul moyen de vous soigner.

Le fer était chaud il n'allait pas tarder à être appliqué.



[HRP]La chanson au début est bien sûr de Michel Fugain.[/HRP]
--Ny.x






Là.
Omnisciente.
Omniprésente.

Planant majestueuse par delà le visible, affleurant les âmes depuis l'aube des âges, elle se nourrit des chants mélodieux que certaines parviennent à livrer au sein de la cacophonie gémissante du commun, d'une humanité qui se cherche.

Du septentrional empereur, insolent hâbleur qui refuse avilissement et soumission sous les harangues en effluves sucrées, faisant ravaler morgue aux courtisans zélés, jusqu'à l'écarlate gascon, habile faiseur, araignée de l'ombre qui n'attend que l'instant de se fondre sur sa proie engluée dans la toile patiemment tissée...
Elle se repaît et savoure.

Intimant à Zéphir et aux séniles étoiles le retrait, le dégagement des Cieux au dessus du Marais, pour caresser d'une présence éthérée ses Enfants.
Figeant une fraction d'éternité sur cette emmurée prisonnière de son propre esprit, qui voudrait déchirer la trame du ciel de ses hurlements sans le pouvoir.
Ce n'est pas son heure. Elle a d'autres vergers à visiter, d'autres fruits à goûter, d'autres fils à trancher avant que de venir enfin se reposer.
Chronos reprend son cours.
Passant à l'autre de ses Filles, l'âme chagrine, qui ne sait ce qu'elle veut, s'agite puis se retrouve sans désir, se cherche un but pour pallier à tous ses idéaux qu'elle a vu bafoué. Si malade... Elle aussi prisonnière d'un horizon de solitude dont le poison a tracé la voie. Si silencieuse. Si apeurée.


Une palpitation, Univers qui s'agite et voudrait faire trembler les fondements de la Terre encore assoiffée. Hélios et Sélène, et leur course immuable, indifférents aux voix.

Lorsque le monde ne sera plus que cendres et poussière,
Que les chants ne seront plus qu'échos rebondissants sur d'autres mondes à l'agonie,
Ils prendront enfin acte.

Ils sont tous...


A elle.
Trivia
Visiblement, le message est très bien passé, l'homme qui a osé la tripoter a filé à toute vitesse. Sûrement la honte. Ben ça lui apprendra.
Quant à l'autre homme.. à part la soutenir et avancer au galop, il a pas l'air trop menaçant, ça va. La pucelle en profite pour regarder la voûte céleste le temps du voyage.
Après tout, qu'elle s'agite ou pas, ça changera pas grand-chose. La Nuit.. c'est toujours mieux de se promener la nuit plutôt que le jour, de toute façon. On lui demande pas de papier, on lui fait pas de bavardage incessant sur l'accouchement du petit dernier. Il est juste dommage que les rencontres soient souvent musclées, rarement en sa faveur.

Le cheval qui s'arrête la tire de ses pensées, et la voilà trimballée à l'intérieur de la pièce.
"Vous allez avoir très mal"..

Rapidement, la vagabonde tente de répondre.

M..
Me...

Me faites pas de mal ?
Ménagez-moi ?
Merci ?

Perdu.

M'en fiche, allez-y. C'est pas une lopette, d'abord.

Sa voix s'affaiblit à nouveau, tout comme le reste.
Au-dessus d'elle, la nuit semble ouvrir les bras.
Forth_with
Il s'était installé comme il convenait au mieux. Il ne pouvait en effet conserver cape et chapeau sur lui. Il retira donc tout ce qui pourra le gêner. L'instant était crucial et terrible, le soin demandait donc que Forth soit le plus libre de ses mouvements. Il ne conserva donc que chausses, braies et chemises. Certes il faisait frais en ce sous-bois poitevin mais la chaleur du feu à côté et celle de leurs corps en activité suffirait certainement. Plusieurs fois alors que le fer finissait de chauffer le prêtre pris de profondes inspirations. Il était angoissé. On le serait à moins. Il allait placer un fer chauffer à blanc dans le corps d'une jeune femme qu'il ne connaissait pas du tout précédemment et ce pour lui sauver la vie. On faisait cela tout les jours.

De grosses gouttes de sueur perlaient sur son front et elles n'étaient pas forcément dues à la chaleur qui était encore supportable. Forth n'était pas le plus doué des deux pour cela. Son frère de sang, son acolyte des premiers temps Sacha œuvrait à merveille en la matière. On eut dit qu'il était né pour soigner. Chez lui c'était tout autre chose, ces gestes étaient incertains, il tremblait même parfois. Il angoissait avant même de faire quoi que ce soit. Et ça recommençait encore maintenant. Il espérait même qu'il n'est pas à le faire. Mais vu comment la plaie perdait encore du sang, alors que Benoît la comprimait avec du coton il n'y avait pas de doutes, il fallait agir.

De sa manche de chemise, le clerc essuya son front, puis il renifla un grand coup et s'empara de gants pour tenir les pinces qui maintenaient le fer. Même sous les gants ses doigts commençait à chauffer. Il se demandait comment Marceau avait pût tenir lui même tout cet attirail vu la chaleur.

Finalement après une ultime hésitation et qu'il imposa à Marceau et Benoît d'attacher avec des liens et de tenir la gamine, Forth plaça le fer sur la plaie encore sanguinolente, tentant comme il pouvait de toucher les endroits où le sang coulait. La chaleur et l'odeur qui se dégagea fut atroce. Cela sentait le cochon grillé, le métal hurlant et la froide chaleur se répandit dans tout les corps. Le sang continuait à sortir par la plaie ouverte et brûlait à chaque fois que le fer s'approchait, pire il bouillait. Qu'il le veuille ou non, Forth en faisant entrer le fer, brûlait les bords de la plaie. Tous étaient devenus trempés de sueur. L'instant était crucial et certainement douloureux pour la gamine qui était à la fois arrosée d'eau et d'alcool. Parviendrait-il à quelque chose ?

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Trivia
Elle aurait pu hurler, frapper, s'enfuir, elle n'aurait pas hésité une seule seconde. Hélas pour la jeune fille, la seule chose qu'elle parvient à faire est de s'écarter un peu pour éviter la lame.

Il fait chaud. Comme cette fois-là. L'espace d'un instant, une douleur fantôme semblable à celle qui est actuellement donnée se fait ressentir au niveau de la tempe, au niveau de ses marques. Il fait chaud, et c'est de leur faute.
Elle le savait qu'ils étaient venus la torturer. Entre deux hurlements silencieux, la pucelle adresse un regard de rancœur envers tous ceux qu'elle peut apercevoir.

Lorsque la lame qui s'applique de nouveau, la vagabonde s'arcboute sous la brûlure, et profite de l'adrénaline provoquée par la souffrance, la panique et la colère pour balancer son pied contre celui qui lui fait mal. Purement instinctif, comme le chien mord à qui lui appuie sur un endroit douloureux.

Il faut qu'elle puisse s'enfuir, vite, qu'elle prenne un bâton, n'importe quoi, mais qu'elle se laisse pas faire. Par mouvements saccadés, sa main cherche quelque chose à saisir, à lancer, avec quoi frapper. Pour la première fois de sa vie, celle qui n'a aucun instinct de conservation s'attelle à un moyen de stopper tout ça. Ou encore mieux, la cause du mal.

Enfin, Trivia arrive à agripper quelque chose, malgré la tête qui commence à tourner et la lassitude qui reprend le dessus sur les pulsions pour s'accrocher à la vie. Pourvu qu'elle arrive à le soulever..
Forth_with
Le pire en fait ce ne fut pas le coup de pied, ni même l'instant d'avant. Non ce fut celui d'après, celui qui venait ensuite, celui où Forth se rendait compte des dégâts, de l'horreur de l'évènement. La gamine ceinturée et faible ne pût pas lui faire trop mal. Mais lui en chutant, sous le coup du coup de pied ne pût rien faire pour empêcher que tout se dégrade. Il regardait les évènements se faire sans pouvoir agir. C'était comme dans les mauvais rêves ou vous voyez les évènements se faire mais quoi que vous vouliez, quoi que vous fassiez vous n'y pouvez rien, vous n'êtes plus maître ni de vous même ni des choses que vous faites. Et là rien n'était plus maîtrisé et tout était subi.

Le fer frappa dans une trainée brunâtre le flanc de la jeune femme, il glissa tout le long et alla s'écraser en plusieurs rebonds sur le sol. Une énorme brûlure vint marquer à tout jamais son ventre dans une odeur indescriptible de chair brûlée et les cris encore plus forts de la jeune femme mais aussi de Benoît et de Marceau qui voyaient la scène se faire eux aussi mais ne pouvaient l'empêcher.

La plaie bientôt fermée n'était plus le seul problème. La brûlure était immense et commençait déjà à faire bouillir les chairs, tellement la chaleur du fer, communiquée au corps de la jeune femme était intense.

Forth avait basculé en arrière sur le sol comme une sorte de gros lourdaud incapable de se tenir sur ses jambes. Mais la surprise du choc et la peur réflexe de se brûler lui même l'avait fait perdre l'équilibre. Une terrible chorégraphie l'amenait donc à être indemne mais à être le tortionnaire d'une gamine à peine pubère. Plus rien n'était sous contrôle, l'énervement, la sueur, la chaleur, tout le monde perdait pied. Et à cet instant le clerc ne sût quoi faire, quoi dire et resta plusieurs précieuses secondes sur le sol, hagard, son morceau de fer à ses côtés.

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Cymoril
Quelque part en Bretonnie profonde, très profonde...


Un arrêt à l'écart de la route.

Simple campement de fortune pour un peu de repos. D'une affligeante banalité. Tout juste un feu pour se réchauffer et y cuire quelque viande pour l'écuyer. D'humeur égale, elle avait vaqué, de la charrette où place avait été faite pour le chargement à la rivière qui coulait doucement à quelques pas de là.

Sous les derniers reflets d'un soleil mourant, elle s'était baignée, loin d'éventuels regards. Et son geste avait perdu la nonchalance habituelle, l'esprit parasité par le chant sinistre des engoulevents, incessant, envahissant... Elle aurait voulu les chasser, les faire taire. Faire cesser la lugubre mélopée. Mais gesticulations et gerbes d'eau savonneuse n'y changeront rien.

Seule la tombée de la nuit ramènera un silence tranquille de bruits habituels, de courses de rongeurs, de ululements. Elle n'aura dit un mot au campement, enfermée dans un mutisme équivalent à la chape de plomb qui s'était abattue quelques heures plus tôt sur ses épaules.
D'un sommeil toujours trop long à venir, trop agité dans ce tonneau qui lui sert de couche, jusqu'à l'heure du loup, au plus noir de la nuit.



Hhhhhhhhhhiinnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn !!!


D'un long râle expulsé alors qu'elle s'éveille en sursaut. Elle s'extrait à quatre pattes de sa couche boisée, se retrouvant à genoux, une main sur la poitrine, comme si un poignard venait d'y être plongé et qu'elle essayait de contenir la vie qui s'en échappait malgré elle. Respiration au rythme endiablé, alors que la douleur l'étreint, qu'elle cherche son souffle entre deux sanglots naissants.

SCHLACKKKkkkkk !

Résonnait encore dans son esprit meurtri. D'un lien qui venait d'être tranché.Combien restait-il de fils à la trame de l'existence pour la rattacher encore à ce monde ? Si peu... Si fragiles...
L'Ananké jouait avec elle depuis si longtemps.


Castaña...

Simple nom, à peine audible entre ses lèvres tremblantes.Nul besoin de voir, d'être à ses côtés ou qu'on lui dise, elle l'avait sentie partir, comme un membre vous est arraché au cours d'une bataille.
Longtemps après, alors que les battements de son coeur se sont calmés, allongée sur le sol, bras derrière la tête et pif en l'air, les yeux encore ruisselants fixés sur la voûte céleste :


Bientôt ma Soeur...

D'ici là...

Elle comptait déjà un rendez vous manqué, à croire que le Leu avait eu peur de se faire botter le cul. Pas ça qui allait donner à la Fourmi une meilleure opinion de l'hydreux Ysengrin.
Et l'écuyer tellement discret qu'elle en venait parfois à se demander s'il n'appartenait pas aux mondes des ombres.

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Trivia, incarné par Forth_with
La douleur est insoutenable. La brûlure s’intensifie toujours plus, tandis qu’autour, les visages horrifiés la renseignent sur son état.
Finalement, la faiblesse et l'hémorragie l’emportent, ailleurs.

Et elle se retrouve de nouveau seule. Les ténèbres, encore. Combien de fois va-t-on la laisser dans cet état ?
« Ainsi, personne ne te verra et personne ne te nommera.. » Ca commence à bien faire!
D’accord. Je renonce. C’est peut-être tout ce qu’elle mérite, peut-être existe-t-il vraiment une fatalité à laquelle on ne peut échapper.
Soudain, la porte de sortie, à travers une voix lointaine. Criant son nom, son véritable nom.
Enfin, depuis tout ce temps, une main se tend vers elle, tandis que la jeune fille s’élance vers ses souvenirs perdus et les âmes damnées.

Eilith!





***





Y a une rumeur qui dit qu'une jeune participante au tournoi de Genève a refusé de suivre ses amis.
Le même genre de ragot, qui dit qu'elle aurait grimpé sur une colline ou une montagne, allez savoir quoi, pour brûler le blason de sa maisnie à la vue de tous, qu'on sache qu'elle comptait reprendre son indépendance.


Y a une rumeur qui dit qu’une jeune fille se promenait souvent seule sur les routes et refusait de se lier à n‘importe qui.
Le même genre de ragot, qui dit qu’elle avait une nette préférence pour le Sud-Ouest, allez savoir où, pour retrouver des lieux de joie tout en évitant ceux qui ont jalonné son ancienne vie.


Toujours ces mêmes chuchotis qui colportent que cette cruche avait apparemment oublié qu'elle s'était renversé de l'alcool dessus auparavant, et qu'une rafale de vent aurait balancé le tissu sur la pucelle.

Toujours ces mêmes chuchotis qui colportent que cette gourde évitait soigneusement les tavernes, et qu’elle préférait rester exposée aux vents faisant claquer le tissu qui voilait la pucelle.


On raconte encore, ailleurs, qu'elle aurait été surprise et aurait fait une mauvaise chute.
On ne sait pas trop ce qu'il est advenu de cette fille. Paraîtrait qu'on a pas retrouvé le corps.


On raconte encore, ailleurs, qu’elle était maladroite et faisait toutes sortes de chutes.
On ne sait jamais trop ce qu’elle devient, mais personne ne s’inquiète, car on ne retrouve jamais de corps.


Certains paysans racontent qu'ils auraient vu un esprit se déplacer dans la montagne, une sorte de lutin, au moins, malfaisant, un côté du visage pas mal boursouflé, le reste du corps pas forcément bien en point. Mais quand ce sont uniquement des poivrots qui témoignent.. Difficile à croire...

Certains paysans aiment à la décrire, sorte d’apparition au visage dont un côté est nervuré par de vieilles cicatrices, le reste du corps jamais bien en point. Mais quand ce sont uniquement des vagabonds qui témoignent..


La Châtaigne s'est faite griller, par sa propre étourderie. Sans gloire ni fortune, juste une boulette.
On peut même le dire : de manière complètement con, sur ce coup-là.
On lui demanderait ce qu'elle penserait si on lui disait qu'elle mourrait de cette façon, elle hausserait les épaules et sourirait.
Parce que c'est de manière absurde et incohérente qu'elle a toujours vécu. Parce que la Boulasse et le Très-Haut ont toujours voulu s'amuser un brin avec sa vie.
Sûrement qu'ils ont du faire un pari idiot, pour cette rafale. Ben si c'est le cas, vu qu'elle gagne toujours, quoi qu'il arrive, on lui doit une bière, d'abord.

Pour cette fois-là, pour ce pari idiot, la Boulasse avait gagné. Et s’était même amusée à lui souffler l’idée d’un nouveau nom, face à la statue représentant Artémis Trivia, déesse des égarés.
Si elle avait su, notre vagabonde, qui sait ce à quoi elle aurait souri.
Mais c’est d’une manière toujours aussi absurde et incohérente qu’elle a survécu. Sûrement que le parieur a du se lasser, au bout d’un moment.


Il était une fois Eilith la Châtaigne, dont on raconte qu’elle avait perdu sa vie.
Il était une fois Trivia la Vagabonde, dont on raconte qu’elle cherchait à combler un vide.
Et s’acheva enfin ce qui aurait du se terminer ce jour-là.
Ce que l’histoire ne dit pas, c’est si elle a pu retrouver ce qui était perdu.
Lorsque l’on pose la question, seule la Lune répond d’un sourire énigmatique, là-haut où le temps est suspendu.
Qui sait…



The end, vraie mort de chez mort. Merci à ceux qui n’ont jamais craché le morceau et grâce à qui j’ai pu explorer quelques facettes de ce perso qui aura pu évoluer -pas en bien, certes- jusqu’à la fin, et merci à ljd Forth_with pour le rp de fin =)
Have a nice game !
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