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[RP] Au coeur de la Lune

Terwagne_mericourt
( Fait suite à Coucher de Lune. )

La distance n'est rien...

Depuis des heures, perdue entre deux sanglots, elle se répétait cette phrase absurde, écrite par quelqu'un qui sans doute ne l'avait jamais endurée vraiment, tentant de se convaincre du sens des mots et de leur vérité profonde. Elle tentait, oui, mais n'y parvenait pas, souffrant de ce froid qu'elle avait senti l'envahir dès que l'on avait parlé de la nécessité de s'éloigner un moment, quelques jours, de trop nombreux jours, de celui qui avait veillé sur ses jours et ses nuits depuis près de trois semaines, sans la quitter un instant, sans lâcher sa main, embaumant l'air qu'elle respirait de sa chaleur, de sa voix, de son odeur.

Comment parviendrait-elle à survivre ne serait-ce qu'un jour loin de lui, sans entendre ses mots, sans sentir ses doigts serrer les siens, sans voir son sourire rassurant? Cela lui semblait tellement inhumain, impossible! Et pourtant, il le fallait... Elle n'avait pas le choix, pas cette fois...

Repos total et isolement! Voila ce qu'avait préconisé le chirurgien la dernière fois qu'il était venu voir l'état de sa cicatrice.

Elle avait bien tenté de tergiverser, et lui de reculer le moment du départ, encore et encore, le postposant de jour en jour, mais tous deux avaient bien du finir par se soumettre aux injonctions du vieil homme qui l'avait opérée en pleine nuit quelques semaines plus tôt, dans l'urgence.

S'approchant de la fenêtre de la chambre dans laquelle elle resterait cloîtrée si longtemps loin de lui, elle observa le ciel, mais surtout la lune, espérant qu'à Dié lui aussi la regardait.

Comme elle regrettait de ne pas avoir réussi à croiser son regard à l'heure du départ, de l'avoir évité, lâchement, refusant de lui infliger la vision des larmes qu'elle y retenait tant bien que mal, mais lui interdisant par la même occasion d'y puiser un peu de force, un peu de soutient, et surtout de pouvoir y lire un ultime "je t'aime" silencieux.

Elle s'était contentée de glisser sa main dans la sienne quelques secondes, avant de la retirer lentement, avec douceur, les arrachant malgré tout tous deux à cette union charnelle si fragile et si forte pourtant, en lui tournant le dos sans un mot, sans un regard, s'éloignant au milieu du déluge qui immédiatement avait inondé ses joues au point de la faire trébucher le long du couloir, noyée dans un brouillard aussi épais que sa peur de ne jamais le revoir, de ne jamais plus pouvoir sentir son souffle.

C'était idiot, comme peur, elle le savait, mais pourtant elle ne parvenait pas à s'en défaire... Une peur irraisonnée, faite de milles idées plus absurdes les unes que les autres, parmi lesquels figurait forcément l'éventualité qu'une autre la remplace dans son coeur alors qu'elle-même serait loin, oubliée comme un vieux livre refermé trop vite.

Elle s'était éloignée sans un regard, oui, ne sachant que trop bien que si elle avait vu le moindre signe de chagrin sur son visage à lui elle l'aurait empêché de remonter dans le coche qui l'éloignerait de sa retraite à elle, ou pire encore y aurait grimpé avec lui, pour ne pas le quitter... Et pourtant... Pourtant, après avoir compté jusque cent, elle s'était retournée, avait observé sa silhouette de derrière un pilier, la regardant s'éloigner jusqu'à n'être plus qu'un point à l'horizon, un point qu'elle ne voulait pas voir venir se poser sur les lignes de leur histoire.

Essuyant deux nouvelles traces de larmes au coin de ses paupières, elle adressa quelques mots à l'astre nocturne.


Dis-lui pour moi que je l'aime, à chacune de tes apparitions...
Et veille sur nous jusqu'à nos retrouvailles, si tu le peux.

_________________
Terwagne, incarné par Milyena
Au soir du quatrième jour :

Depuis plusieurs heures déjà le ciel avait cessé de pleurer, mais sur ses joues à elle l'eau continuait de ruisseler, lentement, lourdement, silencieusement... Contrairement aux nuages, ses yeux à elle semblaient ne jamais vouloir se tarir.

De l'autre côté de la vitre contre laquelle elle était appuyée, les brins d'herbe courbés par l'averse commençaient à se redresser, contrastant affreusement avec ses épaules à elle qui semblaient se crisper de plus en plus, à défaut d'être secouées comme les feuilles des arbres l'avaient été par les gouttes de pluie. Hors des murs où elle se trouvait enfermée malgré elle, par sagesse plus qu'autre chose, une odeur d'herbe mouillée s'échappait du sol, donnant envie aux oiseaux de chanter à nouveau, alors que dans son coeur à elle ne résonnait rien d'autre qu'une ode bien triste, requiem des jours passés, litanie monotone, solo se lamentant de n'être plus duo.

Sur la branche d'un saule, une mère plumée couvait de son regard attendri sa couvée, tandis que la Dame de Thauvenay caressait de son regard embrumé les traits d'un portrait de l'être aimé, une esquisse qu'elle avait réalisée un soir alors que tous deux prenaient l'air frais dans des chemins de traverse, assis dans l'herbe humide du soir... Ce portrait lui parut soudain totalement raté tant il semblait vide de toute émotion, ne ressemblant à rien de ce qu'elle avait pu trouver sur les traits de son visage ce jour-là, et elle se retint de le froisser pour le jeter dans un coin de la pièce.

Comme il lui manquait! Comme elle aurait aimé pouvoir s'échapper de sa retraite pour pouvoir sentir ne serait-ce que quelques secondes la chaleur de sa présence, la douceur de sa voix, se noyer dans la lumière de son regard, s'enivrer du sourire qu'elle aurait pu lire sur ses lèvres et qu'il lui aurait communiqué sans avoir besoin de rien faire d'autre que de lui offrir.

Bien sûr elle le reverrait bientôt, dans deux semaines sans doute, ce n'était qu'un au revoir, une pause dans le voyage qu'ils avaient entamé tous deux, non un adieu, non une fin, mais cela ne l'empêchait pas de se sentir mal comme quelqu'un qu'on aurait soudain privé d'air et de lumière.

Une fleur se fanant en attendant le retour des beaux jours, un oiseau perdant ses plumes derrière les barreaux d'une cage le privant de la sensation irremplaçable du vol et de la liberté, une flûte dont on aurait bouché chaque orifice pour la rendre muette,... Voila comment elle se sentait.

De l'autre côté de la porte de sa chambre, des voix se firent entendre, enjouées, des chuchotements à peine retenus, parlant de nourriture et de promenade dans le parc pour aller observer le coucher de soleil, mais elle n'avait pas envie de se joindre à elles... Pas ce soir! Pas plus ce soir que celui qui suivrait! Rien ne pouvait l'émerveiller loin de lui, pas même la lune à qui pourtant elle confiait chaque nuit des mots d'amour en espérant qu'elle les lui murmurerait à sa place.

Combien de jours et de nuits avant de le retrouver? Elle l'ignorait, et c'était sans doute cela le pire... Elle ne pouvait même pas décompter, juste patienter.

A-t-on déjà vu une tempête être patiente?
Terwagne_mericourt
Le septième jour, rien n'était achevé :

Ô temps reprends ta course folle! File à nouveau à toute allure, du même galop que celui qui était tien lorsque lui et moi étions côte à côte, perdant toute notion des jours et des heures, des nuits et des saisons, ne connaissant d'autre rythme que celui de nos échanges, d'autres aurores que celle de nos yeux s'ouvrant sur le visage de l'autre, d'autres crépuscules que ceux de nos paupières se fermant pour mieux graver en nous les sensations partagées. Cavale, sans relâche, pour me mener au bout de cette séparation, au bout de cette immense plaine désertique dont je ne parviens même plus à imaginer la fin tant il me semble que mon coeur finira épuisé de douleur bien avant.

La main posée sur la cicatrice entaillant son ventre, cette nouvelle ballaffre ressemblant étrangement à la première placée à peine un pouce plus loin, la Dame de Thauvenay était perdue dans ses pensées, voguant quelque part entre le passé et le présent, se débattant pour ne pas laisser le premier l'emporter trop loin des rives de l'espérance.

Même la lune, sa seule confidente, ne devait pas comprendre pourquoi certains soirs, mais aussi certains matins, elle se fiançait à nouveau avec l'Anamour, tentant idiotement de cesser d'aimer pour ne plus ressentir l'absence, pour ne plus se sentir fragile, ne plus craindre la fin tragique du voyage en le comparant à d'autres voyages où elle avait fini par se retrouver seule en plein océan... C'était absurde, oui, mais elle ne pouvait s'en empêcher!

Quand une autre femme ayant vécu une aventure désastreuse avec une barque trouée hésiterait à s'éloigner à nouveau du bord dans une autre embarcation, mais finirait malgré tout par s'éloigner de la berge avec précaution et lenteur, elle-même avait une attitude toute différente... Elle avait tendance à d'abord hésiter longuement avant d'embarquer, entrant un pied, le ressortant, avant de finalement y poser les deux. Ensuite, une fois soumise à son envie, elle se fiait rapidement à son instinct, son désir fou de goûter à nouveau au vent et au murmure de l'eau, à la sensation de liberté, confiant à sa spontanéïté ses mouvements de rames, évitant de regarder la berge, se donnant entièrement au voyage entrepris, jusqu'au moment où un remou plus fort qu'un autre, une branche flottant à la surface de l'eau, ou n'importe quoi de ce genre, la faisait se souvenir du danger, du naufrage vécu dans le passé. Alors, plus rien d'autre ne parvenait à sa conscience que des souvenirs atroces, des images de danger, et elle faisait demi-tour, bien décidée à ne plus jamais laisser aucune eau la tenter, avant de se mettre à se débattre entre son envie de poursuivre la balade et son urgence à retrouver la terre ferme par peur de couler, finissant par tourner sur elle-même, s'épuisant à force de regarder à la fois vers l'immensité des reflets bleus et vers la monotonie sécurisante de la berge... Partir ou rester? Toujours le même dilemme...

Un soupir s'échappa de ses lèvres, tandis qu'un sentiment de culpabilité s'emparait d'elle.

Comment pouvait-elle se mettre à renier l'amour qui battait au fond d'elle par peur d'en souffrir? Comment pouvait-elle renoncer par crainte de trébucher? C'était lâche! Aussi lâche que de fuir un combat par peur de perdre trois gouttes de sang! Et puis ce combat-ci, elle n'était pas seule pour l'affronter, ils le mènerait ensemble, côte à côte, même si leurs peaux étaient à des lieues l'une de l'autre pour l'instant, leurs coeurs et leurs sangs battaient désormais au même rythme.

Fermant les yeux, elle se concentra sur les cognements que le sien faisait dans sa poitrine, l'écoutant hurler son amour en silence.

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