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[RP] Chérie ? Je suis rentré !

Aimbaud
[Coming Back]


Anjou - Berceau de l'Humanité.


La campagne défile sous les sabots du demi-poney racé, robe noire à tâches blanches (mayde in Bourgogne). Le cavalier est enveloppé par sa capuche. Il n'a plus rien d'humain, il s'est transformé en distributeur de coups de cravache. La cavalcade est sportive. Le destrier souffle, les cailloux sont broyés, l'Angevignon tient son poing agrippé aux rênes, les jambes arquées et le cul qui frôle à peine le coussin rembourré de sa selle.

Plus vite que la foudre, ils tracent un sillon de poussière et de boue dans les fourrés. Leur orbe destructrice s'enfonce dans les collines, ne laissant derrière eux qu'une bande de hérissons écrasés.

Les sabots déchaînés s'enfoncent bientôt dans la terre molle des Spinozistes. Un hameau se dessine sur la ligne tranchante, entre ciel orageux et champ de maïs anachronique. Les maisons se rapprochent, secouées, tressautant au rythme des coups de pattes de Pet-Gaz (c'est le patronyme du cheval - ce dernier est bien connu dans les écuries du castel Corbigny pour ses constantes délivrances intestinales).
La terre battue semée de flaques laisse place à un parterre de pavés.

Le cavalier s'incline pour éviter l'écriteau d'un maréchal-ferrant au blason de Gennes dirigé tout droit dans sa face et continue sa course, le nez dans le guidon du destrier. Et voilà que la forteresse se profile...

Elle est là. Les tourelles armées se dressent comme des pals menaçant Aristote, c'est bien un domaine d'hérétiques. Des flammes crues luisent aux pieux qui cernent la porte. Quelques sortes d'armoires à glace en acier trempé sont postées aux coins stratégiques : des gardes.

Elle est là ! Aimbaud écarte sa capuche, les doigts en étoiles. Il secoue le nuage de vapeur qui lui brouille la vision : Pet-Gaz a le souffle opaque, signe de mauvais temps. Le cœur lui bat dans le poitrail alors qu'il met pied à terre, s'enfonçant dans la forêt qui borde le Château. Ce soir, il va retrouver sa dulcinée ! Cestelle à laquelle il est promis depuis la plus tendre enfance ! Se souvient-il de son visage ? Deux ans ont passé depuis son départ pour la Bourgogne, elle n'est plus qu'un souvenir ébréché dans sa mémoire de gamin. Mais bon dieu qu'il a hâte de se la remémorer !


Pet-Gaz, assis.

Une botte de Boletus Erythropus, dits Bolets à pied rouges (comestibles bien cuits) sombra dans d'affreuses effluves, sous la croupe du cheval. Quelques galets sautèrent sous le choc.

Pas un hennissement, je reviens.

Le nain beau ramassa alors des cailloux puis entreprit l'ascension d'un chêne en bordure. Agile, silencieux, il quatre-patta sur une branche solide, élancée vers les remparts. Il s'y stabilisa, arma son lance-pierre, l'œil plissé, la langue tirée, le bras ferme et...

ZZzzzuiiii... Bling !


Meeerde.

Le carreau de la belle vola en éclats.
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Calyce.
Le chandelier made in Dole ne s'est pas éteint depuis que la brunette avait reçu le courrier du plus beau des nains-pas-nains. Parchemin chiffonné tellement il ne quitte pas les menottes moites de la mioche, jusqu'à en devenir presque illisible... Déjà qu'elle avait dû le lire une bonne dizaine de fois histoire de tout comprendre avant de lui répondre.

Peu lui importait en vérité, elle avait compris l'essentiel en lisant la signature : Son namoureux était vivant et non pas mort assassiné par les vilains bourguignons comme lui avaient dit de vils angevins qui voulaient pas la voir heureuse. Et le mieux, c'est qu'il était sur les chemins qui mènent à Saumur... Bientôt il viendrait chanter sous sa fenêtre...

Plus d'une semaine qu'elle attendait. Tentant de discipliner sa tignasse devant le miroir du vieux le jour et veillant la nuit, accoudée au bord de la fenêtre... Puis le temps passe... Une nouvelle nuit qui tombe et elle avec. Trop éreintée pour veiller, Calyce finit par dormir en essayant d'imaginer à quoi pouvait ressembler Aimbaud... Et comme de par hasard... !


ZZzzzuiiii... Bling !


La Dégénérée ne dormira pas longtemps. La voilà qui sursaute et s'approche doucement de la fenêtre... Échevelée à faire peur, les mirettes exorbitées de peur et le chandelier menaçant à la main...On va tous mouriiiiiiiiiiir !


Qui va là ?! T'auras pas mon argent, sale monstre !


Pas la peine d'ouvrir... La vitre brisée pourrait largement laisser la voix calycienne...

S'tu t'en vas pas je... J'appelle papi !

La menace de la mort qui tue... Ou pas.
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Aimbaud
[Ma dulcinée]

La menace se répercute dans tout le bastion, sur un diapason sublime aux oreilles du Josselinière. Quelle voix ! Cette tonalité aiguë lui remémore de tendres moments passés à se jeter dans la boue, à s'échanger des billes et des animaux morts, à jouer au médicastre et à l'inquisiteur. Une bouffée de joie s'épand dans les poumons de notre amant tant émotionné, diffusant dans ses veines une myriade de frissons vitaminés, et activant des pompes non désirées telles les glandes lacrymales ou sudoripares : ainsi, notre Aimbaud se met à devenir moite de parts en parts, la faute aux hormones.

Il en suffoque doucettement. Il cherche vainement l'air qui est la source de toute parole. Le cervelas imbibé d'excitation en perd son latin, son françoys, son patois angevin... A moi ! Un mot !

Il expire : et une note sort.
Une note juste.
On ne se refait pas : un passif de troubadour errant, ça reste marqué sur le CV.


Laaaa...

Le la est trouvé. La sérénade est fredonnée, timidement :

Moi j'ai du soleil
Quand il fait moche !
Quand ça caille dehors
Je suis au mois de mai !

Vous allez m'dire...
C'est quoi la cause de tout ça ?
Ma dulcinée..
Ouais ! Ma dulcinée !

Ma dulcinée ?


Voilà un arbre qui chante en plein milieu de la nuit.
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Calyce.
Toujours armée de son chandelier, la jeune fille parcourt la courte distance qui la sépare de la fenêtre qu'elle ouvre doucement d'une menotte tremblante. Qu'il approche le squatteur nocturne et elle y fendra la tête en deux à coup de... Elle regarde le chandelier en faisant une légère moue. Elle a pas l'air maligne là... Il lui faudrait quelque chose de plus tranchant, genre la dague qui doit être cachée dans sa botte à l'autre bout de la pièce. Et c'est sur la pointe des pieds qu'elle tente d'aller la récupérer... Elle est à mi-chemin quand quelque chose lui parvient à l'oreille. Oreille qu'elle tend pour mieux entendre... Et ce qui avait commencé comme un bourdonnement parasitaire finit par mieux se faire entendre, comprendre... C'est lui ! C'est leur chanson à eux ! Celle qu'il chantait alors qu'il s'éloignait en la laissant, larmoyante, aux portes de la ville.

Bougeoir jeté au sol sans faire attention au bruit qui pourrait réveiller sa sœur dans la chambre voisine, ou pire : le châtelain. Petit moment d'hésitation : Et si j'y faisais peur ? Et si il me trouvait super moche alors que lui il est super beau et grand ? Et si... Rhaaa au diable toutes ces questions ! Un instant plus tard on peut voir une Calyce penchée de moitié à la fenêtre, la palpitant qui bat un peu trop fort dans la poitrine,main en visière pour mieux voir [ Débile dans le noir hein ? Je sais, mais pas calyce !] , la tête qui tourne dans tous les sens à la recherche de celui qui s'était longtemps absenté


Mon nain-beau ?! C'est toi ?


Ou peut être un oiseau super-bon-imitateur qui fait bouger le feuillage de l'arbre qu'elle fixe ?
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Aimbaud
[Tellement il l'aime !]

La nuit est totale ! On y voit comme à travers une pelle. Et pourtant, quand la jouvencelle tant désirée se découpe dans l'encart de sa fenêtre : un soleil vif, tumultueux et luminescent éblouit les pupilles de notre Josselinière. Brûlé au troisième degré en plein cœur, il balbutie :

C... C'est moi ! C'est moi !

Il se torticolise pour mieux l'apercevoir. Faute d'un meilleur moyen de locomotion, il progresse sur la branche en adoptant la technique de la chenille, dégrafant au passage les motifs finement brodés de son pourpoint. Que l'émotion est forte ! Il ne sent pas la morsure des branchettes, ni le fouet des feuilles. Tout cela n'est que bagatelle face à l'idée de se rapprocher de l'Étoile aimée, de n'être plus qu'à dix pas du velours de sa menotte blanche et manucurée.

Aïe !

Un chapelet de glands lui dévale sur le crâne, ainsi que des brisures de bois. Le végétal se rebelle.

Une seconde, ma mie.

Le jeune Métisse fait surgir de sa poche un coutelas-helvète de très bonne facture qu'il déplie d'un geste fracassant pour brandir le tire-bouchon. Tire-bouchon qu'il replie, pour ensuite déplier : la lame. Lame avec laquelle il tranche une grosse touffe de feuillage, laquelle avait l'audace de lui obstruer l'horizon, et par dessus tout : Calyce.
Ne prêtant l'oreille aux craquement critiques de l'arbre, le Rossignol perché peut enfin boire son âme-sœur des yeux. Il fait briller à peu près tout ce qu'il a de nacré dans la bouche, à la lueur du ciel nocturne. Purée de pois, qu'elle est belle ! C'est à peine s'il discerne les traits, mais l'imagination fait le reste.

Les mains se tendent vers la figure inaccessible. Il déborde de félicité.


Je voulais te dire...
Tellement je t'aime, tellement je t'aime !

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Calyce.
L'écart entre le sol et ses petons s'élargit de plus en plus alors que la voix, toujours aussi mélodieuse, de son promis se fait entendre.
Penchée dangereusement à la fenêtre, la mioche n'a qu'une envie : Qu'elle puisse enfin le toucher, ne serait-ce que le frôler enfin du bout des doigts...
Et puis ses derniers mots...
Des mots qui la touchent tellement qu'elle pose les deux mains sur la poitrine histoire d'essayer de freiner le palpitant qui s'affole là dedans... Petite perte d'équilibre du coup, les petits pieds nus retrouvent le sol et les quelques morceaux de verres qui le jonchent... Elle grimace légèrement, mais même pas mal. En temps normal, la chochotte qu'elle est aurait crié, pleuré, réveillé tout le château... Mais là c'était différent, son amoureux était à quelques branches d'arbre d'elle...


Moi aussi mon Aimbaud, c'est toi que je t'aime vachement beaucoup...
… Mais attend je reviens...


Et de s'éclipser pour retrouver son lit. Non pas pour se rendormir mais pour en tirer le pauvre drap qui la couvrait et hop voilà qu'on peut la revoir de nouveau à la fenêtre, le linge blanc qu'elle fait flotter dans l'espoir de le voir attrapé par son écureuil Penthievrique...

Tiens... j'vais t'aider !

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Aimbaud
[Grimpe, grimpe..]

Le gamin doit s'y reprendre à deux fois pour mieux respirer, tel une truite-saumonée sortie de son habitat naturel, la bouche bée d'attention portée aux mots de sa promise. En la présence de la petite Dongénan, ses facultés cérébrales sont comme ralenties, la case "vocabulaire" de son cervelas se dissout en pâte à mâcher, bref : l'amour rend stupide. A bat l'amour.

Tout à sa joie, il observe la silhouette de sa belle disparaître du garde-fou. Cela lui laisse une seconde de répit pour reprendre ses esprits et notamment, refermer le bec pour ravaler un filet de salive. C'est vrai quoi, pas la peine de se mettre dans des états pareils pour une adolescente mal peignée, avec des noisettes à la place des balconnets. ELLE M'AIME ! ELLE A DIT QU'ELLE M'AIMAIT ! Du calme, pas besoin de se dynamiter le cœur pour si peu. Tout le monde s'aime, c'est la vie, c'est chimique, c'est programmé génétiquement. C'EST CALYCE ! C'EST LA PLUS BELLE FILLE D'ANJOU ! ELLE M'AIME ! Mollo, elle a sûrement changé depuis le temps. C'est plus la môme avec qui tu jouais au médicastre derrière l'église. Elle a peut-être dit ça pour te faire plaisir. ELLE M'AIME ! C'EST LA PLUS HONNÊTE FILLE ! LA PLUS DOUCE ! LA PLUS PURE ! LA PLUS CANON ! Ouais n'empêche qu'elle en met du temps là, elle serait pas en train de te poser un lapin, mon grand ? QUE DALLE ! ELLE EST SÛREMENT PARTIE ME CHERCHER SON MOUCHOIR EN GAGE DE NOTRE AMOUR ! Un mouchoir, hein ?

Un gros paquet de linge s'abat sur notre schizophrène. Mastoc le mouchoir. Ça c'est un spécial gros rhumes, ou je m'y connais pas.

Le linge se met à battre au vent et Aimbaud de le rattraper au vol, l'âme plus légère que jamais. C'est son drap à elle, là où elle a dormit ! Il s'en faut de peu qu'il ne se mette à câliner une poignée du tissu comme jadis son ours en peluche. Mais faut pas pousser non plus. En deux temps trois mouvements, la graine de chevalier bidouille un nœud de chaise autour de son buste pour assurer son ascension, puis s'élance dans la nuit.

Ses bottes touchent les murs de Gennes. Ho hisse ! Il grimpe, grimpe.

Pourvu que le seigneur des lieux aie le sommeil lourd...


Ma mie, ma vie, ma cousine amie, à moi...

Les mots s'embrouillent, se heurtent au rebord de la fenêtre. Une main, puis l'autre, une tête. Un baiser ! L'Angevignon peut bien se faire trucider ce soir, c'est trop de bonheur pour ne pas l'avoir tenté...
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Calyce.
Elle grimace la fillette en voyant le drap voler. C'était peut être pas une bonne idée en fin de compte... Il va jamais pouvoir l'attraper. Elle aurait peut-être dû y envoyer ses cheveux tressés comme dans l'histoire qu'on lui avait raconter un jour...

Sauf que la donzelle n'a pas la chevelure de Raiponce, pas assez longue et quand bien même, avec la poisse qu'elle peut trainer, elle aurait finie morte aux pieds du château et son promis n'aurait pas tardé à la rejoindre... Et ils se seraient aimés jusque la fin, c'est beau...

L'idée est chassée quand elle sent que ça mord à l'autre bout du drap... Il est trop fort ! Il grimpe et, pour l'aider, elle tire de toutes ses petites forces. Il est bientôt là... Et dans sa tête se mettent à tourbillonner un millier-un peu moins mais bon- de questions...


Et si il me trouvait trop moche ?! Trop petite ?! Trop grande ?! Trop brune ?! Haaan je me suis pas coiffée ! Pis j'ai pas le temps de mettre la trop belle robe volée à Dole !
Ouais c'est la fin du monde... Laisse le tomber, il se fera pas mal... Pis tu le verras demain à la lumière du jour... T'auras le temps de te préparer en plus !

Elle réfléchit... Euh, moui je vais faire ça!

C'est vrai quoi, elle lâcherait le drap « accidentellement », au pire son fiancé sera un peu blessé, elle le soignerait puis elle passerait pour une sauveuse à ses yeux... Elle ne pourra qu'être belle après ça et il serait obligé de continuer à l'aimer !

Dernier regard confus qu'elle pose sur le crâne du Penthièvre et la voilà qui commence à délier le drap qui enroulait son frêle poignet...


Ma mie, ma vie, ma cousine amie, à moi...

Non, elle peut vraiment pas. Il est trop...lui !

Puis c'est le baiser.



Et là elle regrette franchement ce qu'elle était prête à faire avant ça... Elle pouvait bien être aussi laide qu'une mainoise, nafout ! Elle le garde son nain-beau.

Un dernier petit effort et voilà le mini-Josselinière de l'autre côté de la fenêtre. Tout près d'elle, il est maintenant.

Les émeraudes qui scrutent ce que la lune veut bien laisser paraître de son chevalier-ex-troubadour-prince charmant- le plus beau du monde...


Mon...euh... tu...han... t'as grandi !

Ouais, elle en avait le souffle coupé la môme.

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Aimbaud
[Embrasse-moi à mort]

Bien loin de s'imaginer qu'il venait de frôler la mort, notre Aimbaud encore pendu au balcon, les poulaines-ribouques coincées entre deux pierres, vit l'instant le plus... sensuel de sa douzaine d'années. Non vraiment, ça n'avait rien à voir avec les baisers mouillés de l'enfance tels qu'il peut s'en remémorer, un peu dégueux, échangés comme on s'échange des parts de quatre-quart. Là c'était... autre chose !
C'était chaud, ça brûlait les joues. Et puis ça bouchait les oreilles, comme si une grosse bulle venait d'envelopper les deux protagonistes. Inexplicablement, ça secouait le coeur au rythme d'une danse démoniaque. Mais malgré tous ça, c'était meilleur qu'une part de quatre-quart.

...

Elle l'aide à passer la balustrade. Là sans le vanter, il passe une ou de fois de plus à côté de la mort à cause de sa tenue bouffante peu appropriée (allez faire de l'escalade avec des fringues du quinzième siècle, vous verrez). Mais bientôt il atterrit dans la chambre de la belle, il pose deux pieds sacrilèges sur le parquet interdit : le loup est dans la bergerie, comme dit tata Kiki.


Mon...euh... tu...han... t'as grandi !

Essoufflé, il rougit comme un homard à la casserole, mais peut-être que l'obscurité sauve les apparences.

Euh.. bah... Ouais, c'est.. Toi aussi ! T'as... changé.

Holala, au secours. On demande S.O.S dialogue, pour adolescents lobotomisés. Toutes ces heures en salle d'études, comptées à la baguette de noisetier d'un précepteur, à étudier les auteurs antiques et les règles de l'art poétique pour en arriver là. Si c'est pas malheureux ça, l'intellect qui mute en fromage-blanc dès qu'on est face à une belle fille. Un peu de nerf, Aimbaud : parle-lui de la blancheur laiteuse de sa peau, de l'ébène de ses cheveux, de sa bouche pareille à un bouton de rose...

T'as...

Regard éblouit qui se fiche - telle la flèche de Guillaume Tell - en plein dans le balconnet du corsage à pleine remplumé de la donzelle en devenir.

... de... d... des formes !

Oh le boulet.
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Luciedeclairvaux
[Un ange passe]

Dans le couloir, un cliquetis se fit entendre. Non ce n'était pas le boulet du fantôme de Gennes, malgré l'apparence opalescente, l'argent de la longue chevelure et le blanc (douteux) de la brigandine. Ce n'était que la balafrée qui rentrait d'un sommet raté dans une contrée éloignée.

La seule chose qu'elle avait récoltée de ce voyage était un chien qui l'avait suivie depuis les marais. Le ventre creux, le poil gris collé, mais la canine blanche et l'oreille aux aguets. Un compagnon utile pour vous prévenir quand vous dormez dans un fossé et que vous êtes sourd d'une oreille.

Les deux crasseux approchèrent donc, l'un cliquetant de son armure dépareillée, l'autre tictaquant des griffes sur le plancher. Et la porte s'ouvrit avec fracas.


Debout là-d'dans ! Entraîne... ment.

Si elle s'attendait ... Il lui fallait un adversaire pour se passer les nerfs et tâter du fer dans la cour, là, tout de suite, mais finalement elle aurait peut-être dû demander à un des gardes du Vicomte ... Qu'est-ce que Calyce faisait debout à pareille heure et surtout pourquoi ce marmot lui reluquait-il le décolleté ?


Bordel de dieu, qu'est-ce qu'il fout là lui ? Et c'est qui ??


La mercenaire se fichait bien de savoir si la jeune Calyce était vertueuse. Ce qui l'interpelait était plutôt le fait qu'un inconnu traînât dans le château de son père en pleine nuit. L'inconnu n'en était pas un, mais elle ne reconnut pas instantanément le rejeton de la duduche. C'est que le temps de l'ectoplasme était définitivement révolu. Lucie ne se voyait décidément pas vieillir. Elle posa sa main sur une des deux épées qu'elle portait à la ceinture. (Pas celle avec une tête de licorne, l'autre.)

Le chien gronda.

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Calyce.
Il est par-fait. Tout comme elle l'imaginait : Beau, grand, fort et il a des cheveux qui brillent. C'est important les cheveux. Comment peut-elle voir tout ça dans le noir ? Elle le voit pas ! Mais c'est logique, il ne peut pas en être autrement et quand bien même il en serait autrement. Pas parce que l'amour rend aveugle et tout le tintouin hein, non, c'est juste parce que c'est AIMBAUD ! Son cousin-promis. C'est tout. Et puis...

Euh.. bah... Ouais, c'est.. Toi aussi ! T'as... changé.


C'est pas négatif ça ? Il dit pas que j'ai changé dans le mauvais sens hein ? Non pas possible. Il a l'oeil qui brille en la regardant, c'est trop meugnon... Bon d'accord c'est pas tout à fait elle qu'il regarde, c'est plutôt sur ce qui lui sert de poitrine de petite adolescente que son regard est figé...

T'as... de... d... des formes !

En temps normal, c'est le genre de remarque qui la ferait se gargariser. Elle qui n'arrête pas de gueuler à tout va qu'elle en a des nénés et que c'est pas sa faute si les autres le voyaient pas : Ils sont aveugles. Lui il avait vu ! Sauf que, bizarrement, ça ne lui arrache même pas l'esquisse d'un sourire satisfait, ni l'envie de bomber un peu le torse pour se montrer un peu plus ... Non. Elle sent juste ses joues qui chauffent un peu plus... Elles ont du passer du joli rose mignon à l'écarlate violent. Une main pudique qui vient remonter la robe au niveau du décolleté.

Et de lever à nouveau les yeux sur son prince charmant casseur de vitre. Sourire niais qu'elle étire comme à chaque fois qu'elle le voyait. Le même qu'elle faisait il y a trois ans de ça... Quand ils étaient encore plus petits qu'aujourd'hui. C'était devenu automatique. Un Aimbaud, un air niais chez Calyce.

Pfff ! Et c'est quand elle veut se pencher vers lui pour lui déposer un baiser sur la joue, lui prendre la main et l'entrainer plus à l'intérieur de la chambre, lui demander comment s'était passé son séjour chez son paternel et s'il avait pensé à elle que BADABOUM... La porte s'ouvre et la silhouette d'un ange blond se dessine dans l'encadrement...

Debout là-d'dans ! Entraîne... ment.

Les yeux de la brunette s'ouvrent en soucoupes... Faillit mourir de peur. Tellement peur que l'une de ses mains se saisit de celle de son namoureux alors que l'autre se lève timidement pour saluer la mercenaire et que sa petite voix se fait entendre

Humpf...coucou Lucie... Tout en se décalant de façon à cacher la fenêtre brisées par le caillou qui se trouve non loin de l'entrée ...

Bordel de dieu, qu'est-ce qu'il fout là lui ? Et c'est qui ??

Il est pas venu pour voler papi, ni pour le tuer ! C'est mon nain-beau et il est venu me voir parce que je lui manquais trop beaucoup et que il m'aimeuh !
Ça c'est ce qu'elle aurait dû dire la môme : la vérité. Mais c'était plus fort qu'elle... Aux émeraudes d'aller de la fille du châtelain à son fiancé, de son fiancé à la blonde...


Lui ? Bah...euh... il s'est perdu ! L'tue pas steplé...

Sursaut en entendant le grognement de la bête sur-laquelle se posent maintenant deux mirettes terrifiées...

Lucie 'tention... y a un monstre à côté de toi !

Lui, tu peux le tuer !
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Aimbaud
[Adieu ma femme ! Je vais mourir !]

Quelle est charmante, qu'elle est délicieuse, qu'elle est pomme-d'amouresque et barbapapienne, le menton sur le côté et les joues qui reflètent un incendie interne, sa minuscule main blanche tentant vainement de dissimuler la chair veloutée qu'encadre son décolleté. Notre Aimbaud est catapulté sur un petit nuage rose dans l'émisphère sud du paradis, aux anges le nain !

Aux chiottes les bonnes moeurs ! Evaporées, la bienséance, les règles de la tenue courtoise. Bonjour audace ! Vive l'impiété. Il ose, il pose les mains sur ses hanches (pourvu qu'elle ne fasse pas ces yeux furibonds). Et là... C'est le drame.

La porte se défonce : ZBAM ! Un chien crache de gros abois : OUARF ! La copine blonde de Xena la Guerrière jure : Bordel de dieu gnagnagna !

C'est là qu'Aimbaud se demande pourquoi il est né sous une mauvaise étoile. Parce que habituellement, sous les bonnes étoiles, l'amant en slip a le temps de se cacher dans l'armoire de sa bien-aimée avant d'être surpris par le mari - ou la blonde sanguinaire et son dogue allemand enragé nourrit aux petits suisses. Là en l'ocurrence l'armoire ne lui aurait pas été d'un grand secours, vu qu'elle devait être pleine à craquer de robes Goutchi taille fillette. Bref c'était pas de pot, il était à découvert, en pleine ligne de mire de l'arme canine, laquelle faisait des serpentins en bois de parquet avec le bout de ses griffes et bavait bruyamment en secouant ses bajoues. Effrayant.

Heureusement, Calyce lui trouve un alibi :


Lui ? Bah...euh... il s'est perdu !

JE SUIS MORT.

Lucie 'tention... y a un monstre à côté de toi !

Bien joué : détournement d'attention. Non parce que l'excuse du "J'ai vu de la lumière et je suis monté." il aurait fallu plus qu'un gros entonnoir pour la faire avaler. Aux vues de cet instant propice, mu d'un courage exemplaire, Aimbaud saute-montonna la balustrade sans perdre de temps, mais avec un mot d'excuse :

Bon bah Calyce je vais pas tarder parce que j'ai de la route sur le retour et j'vais éviter les embouteillages ! AAAAAAAAAAAAH !

Dans l'empressement, il en vint à déchirer le long du drap qui pendait à l'extérieur. Un bruit d'éclaboussures bien peu harmonieux témoigna du plat qu'il fit dans les douves du château, qui étaient remplies d'une eau douce en la saison, et finement saumâtre.
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