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[RP] Tous les coups sont permis... avec ou sans masque.

Cerridween

Les lacets de cuirs passent et repassent dans les boucles.
Elle se laisse vêtir de sa tenue du soir, le regard dans le vide. Elle n'a rien d'une reine de bal. Ce soir elle danse avec la lune qui est décroissante. Peut-être avec des aiguilles. Les chandelles reflètent leur clarté sur les cheveux rouges, qui se transforment en flammèches. L'aide la laisse avec une petite révérence quand la brigandine est ajustée. Elle le remercie d'un hochement de tête, avant de ceindre lame de Tolède donné par le vieux corbeau.

Elle jette un dernier regard à sa chambre.
Il ne reste plus rien. Gaspard l'attend à la porte de la ville avec la petite carriole avec ses effets. Le mantel rouge avec une licorne cabrée est la seule chose qui reste, abandonné sur le lit. Un geste le jette sur ses épaules. Elle remet le masque de Capitaine et les bottes cloutées font résonner ses pas vers la sortie.

Le grand shire noir est préparé en bas. La main gantée de cuir passe sur le chanfrein pendant qu'elle lui murmure quelques mots en gascon. Le grand shire souffle et vient poser sa tête sur l'épaule du chevalier. Un sourire fin passe sur ses lèvres avant de s'effacer comme sous l'effet de la brise du soir. Elle monte sur le muret et enfourche la monture. Son talon effleure à peine les flancs pendant que la main exerce une légère pression sur les rênes. La monture s'ébranle au pas dans les rues saumuroises.

Elle s'arrête un instant sur la route. Le Nuageodrome est encore allumé. A l'intérieur, la silhouette. Elle baisse les yeux. Il suffirait que tu descendes Pivoine. Glisser le long du grand corps de ta monture, l'attacher et entrer. L'eau verte se reporte vers le Fou attablé. Tu le voudrais ce nouveau soir sans autre nain beau, trublions, angevins. Sans politique. Juste lui et toi, une table d'échec, un bon verre de vin. Ce ne sera pas ce soir.

Adishatz mossou lo Hou... Qué m'agradaré passar uno bouno nwéyt … com tot autes nwéyt...

Les rênes intiment que la monture passe au trot ce qu'elle fait sans rechigner.
Elle retrouve Gaspard à la porte est et le petit convois s'ébranle. Ils longeront la Loire jusqu'à leur point d'arrivée, la route sera facile. Elle reste derrière le chariot, laissant l'avant garde à Gaspard tout fier. Elle garde un regard appuyé vers l'arrière, régulièrement.

Jusqu'à ce que un galop effrénné se fasse entendre derrière eux. Elle fait volte face et tire son épée, sur la défensive.


HALTE ! POUR L'ANJOU, NOUS VOUS SOMMONS DE VOUS ARRETER !

Elle se porte devant le cocher, lui crie de stopper la carriole et ordonne à Gaspard de ne pas bouger d'un pouce.

Elle se reporte vers l'avant épée le long du corps. Les torches de trois cavaliers se détachent et avancent vers eux avant de stopper à leur portée.


Chevalier De Vergy ?

Ce n'est pas une attaque.... pas en bonne et dûe forme. Elle scrute le cavalier qui a parlé en hochant la tête.

Elle-même...

Le cavalier tend un pli cacheté.

De la plus haute importance. De la part de la Prévôté.

Elle hausse un sourcil en s'emparant de la missive et la décachète.


Gaspard la lanterne de la calèche s'il te plait...


L'écuyer s'exécute et se porte à sa hauteur. Lorsque les flammes révèlent les lignes, elle part d'un petit rire amusé. La tête remonte vers le messager avec un petit sourire.

Pourrai-je vous demander de porter deux plis pour moi, monsieur ? Je crois que c'est effectivement une affaire d'importance...

Le cavalier accède. La Pivoine demande à Gaspard de sortir un outre de vin pour qu'ils se désaltèrent et le taloche quand il grogne. Pendant ce temps, elle s'en va s'assoir à l'arrière de la charrette et sort son nécessaire à écrire. Deux missives... dont l'une sera adressée au Fou, ambassadeur angevin, habitué de la taverne le Nuageodrome à Saumur.


Citation:
Au Fou,
Ambassadeur angevin,
Ami malgré tout,

Elle est effectivement douée...
Vous lui devez cent écus, très cher.
Pensez bien que je lui envoie une copie, qu'elle en soit informée.


Avec mes respects et mes sentiments, les meilleurs,

La Pivoine.


Elle roule la missive avec le laisser passer du Prévôt d'Anjou et la cachète avant de la tendre au cavalier, après avoir aussi écrit celle à l'intension de la Grande. Elle garde celui de Gaspard. Ils continuent la route.... elle a gagné un va-tout.



[image retirée, relire les règles d'or pour la taille maximale des images. Bon jeu, Modo Rod']
_________________
Edern
Jeudi.

L'aube est brumeuse et le soleil ne chasse que difficilement les bras blancs qui cachent une terre sèche, trop sèche. Dans une taverne, un homme est réveillé par le bruit de deux pigeons s'écrasant lamentablement contre la fenêtre embuée. Il se lève lentement. Les volatiles étourdis sont abandonnés là, à la disposition de vagabonds moins habiles que lui à se fournir en nourriture, et, se rasseyant à sa place habituelle, le Fou prend connaissance des deux missives qui lui sont adressées puisqu'il les fait désormais suivre jusqu'au Nuageodrome où il a plus ou moins élu résidence. Et quelle résidence...

L'une vient de la chancellerie et est vite rangée dans son écritoire, d'où il l'en sortira plus tard, quand d'autres nouvelles lui seront parvenues de ce royaume déclinant que l'Anjou ébranle. L'autre vient de la prévôté, inhabituelle interlocutrice de celui qui souvent passe les frontières sans attendre. Les yeux bruns, marqués par une nuit plus blanche que noire, retrouvent leur éclat alors qu'ils parcourent les lignes dont il ne reconnaît que trop bien la plume. Un fourmillement agite les muscles de ses doigts et les lèvres s'étirent en un large sourire.

Bien joué, Pivoine...

Tout en froissant lentement la missive d'une main crispée par la lecture, le Fou laisse échapper un rire. Pas très fort, un peu jaune peut-être, spontané. Un de ceux qu'il aime vraiment. Il se rend compte qu'elle n'aurait pas dû avoir cette victoire, aussi petite soit-elle. Ou plutôt, qu'il n'aurait pas dû la laisser la prendre... grâce à un prévôt incompétent, à une gamine qui, si elle apprend vite à parer ses coups, n'a pas encore compris le jeu, tout en faisant celui de la Licorne. À l'amour du jeu, surtout, toujours et encore...

Très bien. Il a un peu de temps pour lancer l'inévitable contre-attaque, imparable cette fois. C'est ce qu'elle attend. C'est ce qu'ils attendent...
Le nécessaire. Un courrier outré au barbu le plus connu de France. Une affaire qui devient politique, l'incompétence étant proscrite par un conseil ducal dont il ne sait rien et ne veut rien savoir. Les conséquences sur la carrière du prévôt ne l'intéressent pas vraiment, si ce n'est que cela lui servira peut-être un jour.
La leçon. Une petite frayeur à Calyce avec l'aide d'une Féline qui se rebiffe et griffe à peine ce prédateur qu'elle voudrait proie. Une lettre d'excuses, même, ou tout comme. Inutile. Recommencera-t-elle ? Pas aussi maladroitement, en tout cas. Il regretterait presque qu'elle ait cédé si facilement au repentir. Elle apprendra. Elle apprend déjà.

La nuit tombe maintenant et, toujours assis dans une salle vide, le Fou fixe le mur. Quelque chose manque à cette journée, il le sent. Mais quoi...
Les cent écus pariés avec la Grande ? Non, puisqu'il ne les lui donnera pas... d'abord parce qu'il ne les a pas en sa possession et que chacune des piécettes qu'il récoltera doit lui permettre de manger et de reprendre la route, bientôt, vers le nord, là où il tuera ou mourra. Et puis parce qu'un laissez-passer accordé par la prévôté n'est que théorique en Anjou... preuve en est son annulation par un chambellan amical et prévenant. Mauvais perdant, diraient certains, ou certaines. Il ne s'agit pas de gagner ou de perdre, leur rétorquerait-il.
La lenteur du jeu diplomatique qui le contraint à contenir la vivacité dont il est coutumier ? Non plus, car il prend autant de plaisir à observer le mouvement pesant des pièces qu'il manipule tout en légèreté... non pas tant pour le sentiment de puissance qu'il procure aux egos de ses chers collègues que pour le joyeux pressentiment d'une explosion finale qui consacrera sa folie.
Sa folie... voilà ce qu'il y a. Ou plutôt ce qu'il n'y a pas. Il n'a pu la contenter aujourd'hui. Hier non plus. Comme si changer de masque ne suffisait plus et que, au même moment, l'énergie manquait pour écrire et lancer les mots qui manquent au monde, ces histoires, ces histoires qui cognent à sa tempe, se pressent à ses lèvres, toutes à la fois, hâtives de voir le jour à nouveau, sans qu'il puisse encore les laisser partir à l'assaut des imaginations. La Féline n'a pas eu tort. Deux jours durant, le Fou a été le Fourbe. Trop empressé à tirer les ficelles. Trop convaincu par une cause qui n'a jamais été la sienne. Trop occupé par les moyens pour se rappeler de la fin.

Il fait noir dehors, à présent. Edern contemple son ombre rougeoyante à la lueur d'un bout de chandelle. Personne ne viendra plus, à cette heure, il le sait. Personne sauf... Non. La Féline a eu tort. Il faut pouvoir voir toutes les cases pour comprendre. Il y en a une qui comprend. Le reflet angevin est dangereux, tentateur, avide.
Mais il en reste le miroir. Deux jours ne sont rien pour une oeuvre qui réclame l'éternité. Il a tout son temps...
Toute surprise ne peut se mesurer qu'aux efforts qu'on fournit pour la faire grandir et jaillir.
Dans une taverne, la bougie presqu'éteinte, un homme fatigué succombe au sommeil.
Sur le visage du Fou endormi, un fin sourire qui ne s'effacera pas...
Demain est un autre jour.
À vendredi...
Cerridween
[Dans une auberge de Touraine]

Le pouce soutient le menton, coude sur le bras d'une chaise, pendant que l'index reste vissé à ses lèvres. La tête légèrement inclinée ne bouge pas.

Il est tard.

Les quelques rares chandelles sur la table éclaire le visage blanc pour le parer de doux reflets ambrés qui soulignent et accentuent chaque trait. La cheminée reste sans feu. L'air est doux. Une faible brise d'été passe par la fenêtre entrouverte et fait par intermittence vaciller les lumières. Les ombres jouent tout autour d'elle, s'étirent, dansent, sur une mélodie silencieuse qui emplit toute la pièce.

La table qui lui fait face a été débarrassée du repas à peine touché. Restent, épars des parchemins ouverts, avec parfois des sceaux fracturés, tous accompagnés de signatures connues ou reconnues. Les émeraudes passent et repassent sur les lignes étalées devant elle. Elle cherche entre, à travers, plus loin, encore plus loin. L'esprit vagabonde, calcule, soupèse, étudie... les lignes s'entremêlent, s'opposent, se distendent, prennent de l'importance, certaines du relief. Elles se colorent, petit à petit. Certaines restent opaques... elle les garde quand même pour plus tard. D'autres se parent de promesses, bonnes ou mauvaises, et la regardent du bout des lettres. Elle en espère une, de son écuyer, parti sur les chemins...

Les émeraudes se lèvent lentement vers le bout de la table. Sorti de ses fontes, un paquet y attend sagement. « Promettez de ne l'ouvrir qu'après demain »... Elle n'a ouvert la poche de cuir le contenant que ce soir pour éviter toute tentation et l'a posé sans même l'ouvrir. L'eau verte le contemple du fond de son siège. Boite de Pandore, que me réserves-tu...
Attraction, répulsion, il sait te tenir en haleine, Pivoine.
Les yeux fixent l'objet de convoitise redouté. Il est un adversaire de taille et il a la main. Tu ne peux que piquer ses forces par quelques broutilles et quelques razzias. La dernière t'a fait rire...
Il a répliqué, immédiatement. Elle a levé un sourcil en recevant la lettre du Chambellan qui lui a écrit en personne. Un coup pour rien... sauf pour son plaisir de sourire encore un peu. Elle a demandé si c'était l'ambassadeur angevin qui lui demandait de promettre. Il a répondu que ce n'était pas que lui. Elle a promis... Et elle ne sait maintenant si elle doit l'ouvrir.

La main, après une hésitation, se détache du menton et s'appuie sur l'accoudoir pour qu'elle se lève. Les bottes cloutées impriment les pas jusqu'au bout de la table où elle s'arrête. Les doigts effleurent le paquet ficelé avec soin avant de se suspendre dans l'air. Ils se tournent dans son dos pour prendre le manche du poignard. Il sort de son fourreau dans un cri plaintif. La lame brille un instant à la lueur des flammes et vient couper les attaches une à une et revient s'endormir dans son fourreau.

Elle ferme les yeux un instant et prend une grande inspiration.
Puis les doigts lentement, poussent la gangue qui emprisonne le présent. Ils dévoilent un tissu rouge incarnat dont la soie se met à scintiller sous la lumière vacillante.
Elle reste là, la bouche entrouverte de surprise... les yeux détaillent les contours d'un col ovale et de lacets... d'une ceinture... d'une robe... Il n'y a pas de fioriture, pas d'ajouts. Simplement une robe de soie rouge sang, immaculée. Le tissu est fin, doux, sensible... un joyau. Le cœur de la Pivoine habillée de noir manque un battement... puis un autre. Cette couleur veut dire tellement de choses. Elle est un emblème, une nature, une vie. Il sait qu'elle en a une autre et pourtant, c'est celle ci qu'il a choisi. Elle a une autre signification cette couleur, qu'il ne peut ignorer. Son esprit s'embrume, se perd, s'échauffe... La main se crispe sur le bord de la table, cherchant un appui. Elle ne sait que penser... les yeux vont et viennent sur le tissu qui semble palpiter à la lumière, respirer. Ils tombent sur une autre couleur, glissée dans un repli. Un petit bout de papier plié en deux, à l'abri. Les doigts devenus tremblants se détachent et vont à sa rencontre pour le déplier. Onze lignes s'offrent à ses yeux. Autant de murmures couchés en lignes courbes.


Citation:
Mêlée de soie et de folie douces,
Et, tissée d'une juvénile innocence,
Reprise dans les fils de ceux qui détroussent,
Cette robe n'est que promesse et violence,
Invite un monde au bal des secousses.

Chaque danse en tout pas est une parade
Au rythme léger des âmes battant la chamade
Licorne oublies-toi, Pivoine cabres-toi !
Y a-t-il de quoi rougir ? Ne t'en cache donc pas
Car si, dans mon verre comme dans mon coeur,
Elle apporte le bonheur... tienne est cette couleur.


La main retombe sur la table, comme une feuille morte.

Que me demandes-tu...

Les mots valsent au milieu du pourpre. Ils valsent dans sa tête. Ils ont été cousu avec autant de soin que le présent devant elle. Elle sait qu'ils sont taillés sur mesure, pour une harmonie et une suggestion parfaite. Ils ont peu d'atours et pourtant. Elle sait que chacun est un voile. Qu'elle devra déchirer. La promesse d'une visite diplomatique revient s'allumer dans un coin de sa tête. Au milieu des secousses. Au milieu du jeu. Tu viens de me demander de la porter.
Une arme ou un désavantage ?
Les doigts ne cessent d'être attirés par la couleur criante. Il veut... il veut la ressusciter. Il veut l'imposer. Il veut La battre. Il veut faire refleurir une fleur d'antan qui dansait sur un fil de soie. Fragile. Au milieu des vents. Malgré les tempêtes. Même s'ils jouent, avec les limites, les lames ou les lignes. Il y a un message...
Ne t'oublie pas.... et ne l'oublie pas.

Au petit matin... elle ouvre les yeux toujours assis sur la chaise. Dans sa main le petit bout de papier. Elle masse sa nuque douloureuse avant de ranger les parchemins et les rares affaires qu'elle a utilisées. Le paquet est refermé soigneusement et glissé dans ses fontes. Il n'en sortira plus avant son arrivée à Léard. Une dernière fois avant de le glisser dans son doublet, elle relit le message. Les yeux se plissent un instant. Elle sourit doucement lisant une nouvelle fois au milieu des lignes. Elle devra une nouvelle fois écrire... à une Grande.

Il restera un moment, lorsqu'elle se sera juchée sur le grand shire, ce sourire, dessiné en coin, pendant qu'elle file vers le nord sans un mot…

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Cerridween
[Léard]

Seule encore…

Du moins c’est l’impression qu’elle a la plume à la main dans la chaleur de l’été, devant le bureau de sa tanière. Les parchemins s’amoncellent. Les coursiers partent les uns après les autres. Une danse lente, faite d’aller et venue, de départs, d’arrivées, ponctuées par le battement des sabots des chevaux sur le pavé.
Devant elle une carte sur laquelle des pions se mettent en place. Elle a pris ceux de son échiquier. Un espèce d’hommage.

Mais le sourire a disparu.

Elle ne lui a pas écrit. A quoi bon quand plus aucun mot ne veut jouer sur le bord de la plume noire… La robe a été oubliée dans le fond d’un coffre fermé à clef. Le rouge ne flamboie plus. Même plus dans ses pensées. Les mots qui la hantent ont tout d’une effrayante réalité. Ils cisaillent ses nuits courtes en rêves entrecoupés. Ainsi, elle ne déversera pas son fiel sur lui… pourtant un goût de bile commence à s’installer sur ses lèvres. Un goût amer qu’elle n’avait pas goûté depuis longtemps. Un poison insidieux plein de lassitude qui recommence à engluer son humeur et ses réflexions. Sa bouche ne s’ouvre plus que rarement, elle qui n’était déjà pas bien prolixe.

Dehors, c’est l’agitation. On prépare les moissons. Tout est revu, entretenu. Les serpes et les faux chantent sur la roue d'un rémouleur et des discussions animées évoquent les champs à récolter en priorité, ceux qui peuvent attendre encore. Une petite brunette passe et repasse sur une monture dans l’encadrement de la fenêtre, s’exerçant à l’agilité. Elle rit, elle, insouciante. D’un grand rire presque enfantin, alors que la chevelure brune tressaute au fur et à mesure du galop lent. Les yeux émeraude la suivent un moment. La vieille cuisinière lui a dit en riant qu’elle sera belle et qu’elle pouvait dorénavant se faire du souci. L’inquiétude qui luit dans les yeux de la maître d’arme n’a rien à voir avec le sujet. Il serait le cadet de tout ce qui fait plisser son front et accentue les ridules au coin de ses yeux, creusées par les insomnies.

Les nuages s’amoncellent dans la lourdeur du ciel… ils roulent lentement en se gorgeant de gris, commençant à cacher le soleil. Une zébrure déchire l’horizon. Le tonnerre roule ses tambours jusqu’aux oreilles de la Pivoine qui, un instant frémit. De grosses gouttes commencent à s'abattre sur la cour du Manoir qui se vide entre cris et bruits de pas pressés. Le bonheur même ici semble être éphémère.

Et pendant que les paysans s'inquiètent pour le blé, la Pivoine trempe sa plume dans l'encre pour continuer la missive inachevée.


Citation:
… mon frère d'arme,
Salut, tendresse et connaissance de vérité,

J'aurai aimé t'écrire pour te demander si tu vas bien, pour te dire que moi aussi, que tout est pour le mieux et que la vie s'écoule en un long fleuve tranquille dont le cours ne varie pas. Mais tu sais que vêtue de noir, je suis un oiseau de mauvais augure. D'avance pardonne-moi...


Les lignes se dévident… toujours les mêmes ou leurs jumelles, leur miroir. Un nouveau coursier partira après l’orage.
Elle joue contre le temps.

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Cerridween
[ Et maintenant ?]

Chevalier, sauf vot'respect, vu votre état, vous d'vriez pas...

Le sourcil s'arque alors que la main valide se serre sur la bride du cheval de trait.

C'est qu'on est assez nombreux, Dame, vous avez point b'soin de... enfin...

Les émeraudes le regardent peu amènes de pied en cap.

C'est à cause de mon bras que tu dis cela ?

Edmond, penaud, rougit et baisse la tête, s'empressant de répondre, non sans triturer le chapeau de paille qu'il tient à deux mains.

Mais non non non, Dame, c'est que... enfin... votr'mal... on aimerait point que ça vous r'prenne...

Les traits s'adoucissent doucement et elle se force à afficher un sourire franc pour que son visage encore un peu blanc s'éclaire.

Cela ira, va, je peux tout de même mener un cheval à pied jusqu'au Manoir sans faillir... et puis Perséphone est douce comme un agneau... tu as ma parole de chevalier que je me ménage.

Le jeune paysan bégaie une excuse avec un petit sourire timide et heureux avant de courir vers le champs pour y récupérer sa faux. Un soupir passe lentement entre les lèvres du chevalier.

L'été n'en finit pas d'étendre son manteau lourd de chaleur qui dardent les faucheurs. Petits tâches blanches, vêtues de chemise de lin brut qui s'affairent à faire rentrer les dernières récoltent avant que le temps décide de changer. Le Manoir depuis deux semaines est en plein effervescence. Les charrettes se bousculent devant les greniers pendant que le champs des fléaux ne cessent qu'à la tombée de la nuit. Les cuisines ne sont qu'une valse incessante de plats et de services. Les soirs sont faits de courtes veillées qui occupent les esprits avant que les corps harassés s'endorment parfois à même le sol. Une ronde qui s'enchaine de jour en jour, sarabande infernale et joyeuse.

Et au milieu, qui marche en guidant une charrette remplie à la gueule d'un chargement de blé, la Pivoine... qui essaie de retrouver pas à pas une place.

Elle n'a qu'un souvenir vague de son malaise. Une immense douleur. Comme si son coeur était en train d'exploser. Son bras qui s'accroche au bord du bureau qu'elle n'avait pas quitté depuis des jours, où elle dormait à même la chaise, pendant que ses jambes se dérobent et s'affaissent . Son regard qui cherche la porte et un cri qui meurt dans sa gorge. Puis rien. Plus rien...
Pendant un temps, il n'y a eu que des souvenirs vagues. La tête de Guilhem, les traits tirés et marqués par la fatigue, penchée sur elle. Une voix inconnue parlant de repos et de remède. La lumière du jour ou la pénombre de la nuit. Les tisanes avalées entre deux moments de lucidité. La douleur d'une saignée.
Elle était sortie de sa torpeur par petits bouts. La main de sa fille était dans la sienne chaque matin. Elle avait voulu se relever mais Guilhem s'était interposé. Pas besoin d'en venir aux mains, un enfant aurait pu la maîtriser au vue de sa faiblesse. Elle l'avait détaillé avec un étrange regard quand il avait donné des ordres, interdisant qu'elle franchisse la porte, qu'elle touche un écritoire ou qu'elle monte à cheval. Il avait le ton d'un homme, responsable et assuré. Laïs s'était contentée de hocher la tête en planquant tout ce qui aurait été l'objet d'une tentation. La Pivoine, pour la première fois de sa vie, s'était retrouvée désœuvrée.

Elle avait pourtant attendu ce moment longtemps. Et maintenant qu'il était là, elle le détestait de toute son âme. Dépendre des autres lui était insupportable. Les regards de pitié, les gestes de compassion... elle avait prit son mal en patience avec difficulté. Silencieuse, elle prenait remède, se reposait, faisait attention, sortait avec parcimonie. Plus tôt elle serait remise, plus tôt elle serait de nouveau capable de regarder un échiquier. Ses courriers les plus urgents et ses volontés avaient été transmises au Haut Conseil. Alethea, inquiète petite cuillère, était arrivée à bride abattue pour la voir , malgré la mobilisation. Elle avait hérité d'un écuyer et de sa correspondance et à bien réfléchir, la Pivoine ne savait pas lequel des deux cadeaux était le plus empoisonné. Elle avait essayé de faire bonne figure devant la nouvelle adoubée. Elle avait lu dans ses yeux l'inquiétude. Elle s'était promis de faire attention pour pouvoir de nouveau les aider.

Se réfréner... encore... un peu... se faire violence contre ce corps trop habitué aux exercices et qui demande malgré tout son dû. Passer sans s'arrêter, alors que les pas qui y mènent par automatisme, devant la salle d'arme. Avaler sans rechigner tous les remèdes et regagner son lit lorsque la nuit arrive. Occuper ses doigts pour qu'ils ne saisissent pas une plume et qu'ils ne noircissent pas le vélin alors qu'elle a des nouvelles dont les réponses pourraient avoir besoin de ses services. Ne pas regarder sa lame, serrer le poing pour ne pas caresser sa garde. Attendre chaque jour le pas de plus sans que le souffle ne manque.

Aujourd'hui au milieu du soleil de plomb, ce sera sa première rebuffade. Elle se cabre gentiment. Il est hors de question qu'elle reste les bras croisés. Le vaste chapeau de paille protège son visage. Chaussée de ses bottes de monte, d'une paire de braie légère et d'une chemise blanche entrouverte et collante sous la chaleur, elle se sent bien. La grande monture se fait à son pas . Le chant des grillons crisse doucement à son oreille. Elle respire calmement. Ce soir comme déjà plusieurs soirs, elle tiendra les comptes des boisseaux de grain qui garniront les greniers. Elle boira un verre de vin avec les saisonniers en prenant des nouvelles du village, des petits bonheurs et malheur de chacun.

Mais quand elle regagnera sa chambre, son regard se tournera inexorablement vers le sud... et elle soupirera encore...

Attendre...

Encore un peu...

Bientôt Pivoine... bientôt...

_________________
Edern
Extérieur.

Un homme marche. Tranquillement, sans se presser, régulièrement, sans s'arrêter, éblouissant de banalité. Sous ses pas bottés, un chemin défile. Il n'est pas pavé et la poussière y colle sous l'effet de l'humidité ambiante, qui s'enhardit jusqu'à déposer une fine pellicule de poisse sur les feuilles qui parsèment vertement les arbres alentours. Malgré les bains qu'on lui promet, la terre est encore sèche sous la surface, en attente de l'averse salvatrice. D'ailleurs, le voyageur tourne parfois sa tête couverte vers le ciel nuageux, imprimant un léger désordre à la cape de laine noire qui conclue son avancée en un vague flottement. Le bruit sourd d'un long bâton de pèlerin heurtant le sol rythme le tout. Il est tard et rien d'autre ne vient troubler le calme apparent de la nuit.

Intérieur.

Le Fou marche. Son esprit vagabonde entre les troncs vers ce soleil couchant que ses yeux ne peuvent plus apercevoir.
Devant eux, les mots défilent furieusement, à des allures prophétiques...
Anjou. Encore. Toujours. Toutes les guerres cristallisées en une seule. Une croisade pour gagner du temps ? Erreur. Le temps ne se décrète pas. Il faut savoir jouer avec... il faut en apprendre les règles. Le Fou en connaît quelques-unes. Rien ne lui a résisté jusqu'à présent. Les pièces se déplacent au milieu du chaos. Lui joue joyeusement d'un bout à l'autre des lignes qui se croisent. Ils finiront par être de vrais joueurs à force de jouer malgré eux, tous autant qu'ils sont. Les troupeaux et leurs bergers bêlants. Le tyran angevin qui partout assied un peu plus son pouvoir. Les institutions déclinantes qui s'entre-déchirent de Paris à Rome. Les redresseurs de torts comme le crime organisé, aujourd'hui paralysés par le pouvoir de l'indécis. Alors les fils s'emmêlent et échappent des mains des anciens marionnettistes. Aucun ne sait de quoi demain sera fait, puisqu'il n'y a plus que l'adéquation passagère d'êtres, de lieux et d'instants. Et une poignée de conteurs pour précipiter ces improbabilités avant de les graver pour l'éternité. Peu les reconnaissent encore dans leur oeuvre... un si petit grain.

Tic, tac, tic, tac, tic...

Mais voici que le chemin prend fin et rejoint une route de pierre. Là-haut, la Lune s'est levée, pleine et terrible. Des centaines de nuages passent rapidement devant son argent tranchant, autant de fumées noires et grisâtres pour annoncer une fin prochaine, celle de quelque chose qu'il est trop tôt pour définir.

Il était une fois...

Bien sûr, ce n'est qu'un murmure, quelques mots qui ne sont que les prémices d'une composition à venir. La jouissance est là cependant. Exultant d'une joie douteuse et non doutée, le Fou ne voit même pas la ville se porter à sa rencontre et c'est avec un certain étonnement qu'il découvre soudainement les toits et les clochers pointus dépassant de son enceinte fortifiée. Quelques pas de plus et il heurtait un homme en armes qui, dansant d'un pied sur l'autre aux portes de la cité close, semble gêné de devoir ainsi patienter dans le faubourg à cette heure tardive de la nuit.

Il s'arrête. Une voix jaillit d'un orifice situé sous le casque cabossé du soldat, dont on ne sait pas trop s'il s'agit de sa bouche ou de son nez.


Messire le Fou ?

Un mot de trop. Bah. Le nom y est. Léger hochement de tête interrogateur. Garde, assassin, messager, admirateur secret en mal d'autographe ?

Lui-même.

Pleinement lui-même...
L'homme semble soulagé et indique du menton la ville derrière lui.
Soupir intérieur. Tu pourrais vérifier, imbécile. N'est pas fou qui veut.


Elle vous attend. On m'a dit de vous remettre ça, aussi.

On lui tend un étui aux couleurs de l'Anjou. La chancellerie qui fait suivre son courrier... déjà. Un cavalier qui l'aura dépassé, probablement. Le parchemin est vite retiré de sa gangue de cuir et bientôt le Fou prend connaissance de la missive qui lui est adressée, croyant avoir affaire au dernier compte-rendu d'un fameux barbu. Surprise... elle est cachetée d'un sceau aux quintefeuilles.
C'est maintenant que tu écris...
Mais quoi...

Cerridween a écrit:
Au Fou,
Ami et confrère,


Il va sans dire que certaines lettres me parvenant à votre sujet me laissent perplexe, cher ami...

Y eut-il chez vous un moment d'égarement quand votre main a malencontreusement volé puis encré mon filleul ? Selon ses dires, vous refusez de payer un hameçon et vous vous êtes vengé par la suite en le noircissant... moi qui pensais que vous n'aimiez pas cette couleur pourtant... tout du moins chez les autres.

A ce propos, j'espère que vous pourriez m'éclairer sur l'affaire pour savoir si ce que le petit homme m'a exposé est exact. Il semble très en colère contre vous et demande à ce que -je cite- je me fâche toute rouge contre vous. Il me serait cependant fort agréable de le contenter en me parant de pourpre... il paraît que le rouge me va si bien. J'ai effectivement de nouveau essayé cette couleur, il y a peu. J'espère que vous pourrez donc juger sur pied dans peu de temps, pour savoir si cette couleur est effectivement parfaitement faite à ma mesure.

Eu égard à notre «amitié », je vous laisserai une chance de vous racheter si vous êtes en faute. Je suis sûre que vous trouverez aisément un terrain d'entente avec Karyl. Sinon je devrai en tant que marraine me charger de l'affaire. Et je n'ai pas encore trouvé une duègne digne de ce nom.

Un peu de miséricorde n'a jamais fait de mal... à bien réfléchir, tout dépend de comment elle est utilisée. J'espère que je n'aurai pas à en user bientôt, contre vous tout du moins.

Battements de fléaux et moissons se succèdent à Léard, où j'ai villégiature encore... je me dois d'y rester et je n'ai pu me consacrer à l'écriture et à la diplomatie.

Manquant à mon devoir, je vous promets ceci étant de me remettre le plus tôt possible au travail, pour votre plus grand plaisir, je l'espère. Votre déplaisir ne me déplairait pas pour autant.

Votre dévouée,

La Pivoine.


Les yeux bruns quittent les lignes noires, évitent de trop s'approcher des sombres sourcils froncés par la lecture et reviennent se poser sur le porteur du message.

Elle attendra encore un peu.

Intimant d'un geste à l'homme d'armes de rester à ses côtés, le Fou plie les genoux et s'installe en tailleur. Son escorteur lui obéit sagement, amusant en cela un ambassadeur plus coutumier du suggestif que de l'impératif. Comme s'il avait les moyens de le contraindre... malgré quelques coups de burins pour la sculpter dans une roche plus dure, sa silhouette est encore bien mince. Il détache l'écritoire de son flanc et en dispose tous les éléments à même le sol, comme un général disposerait ses troupes avant la bataille sur une carte imaginaire.
Oui, c'est la guerre...
Plume blanche.
Encre noire.

Edern a écrit:
Saumur, 27 août 1458

Pivoine,

Ne me rappelez donc pas cette scène terrible. Je crains que son souvenir ne me donne encore des nausées ; quel malheur en effet que ce brave petit Karyl ait pu être taché par un homme sans scrupules ! Mais la pire de ses taches est peut-être la propre souillure de sa conscience, car je ne puis croire qu'il se soit tout à fait pardonné le fait de m'avoir dérobé trois plumes de médiocre qualité, cause initiale de tous les maux dont il m'accuse. Que ferais-je d'ailleurs d'un hameçon ? J'ai déjà les miens, et nombreux sont les poissons qui y mordent naïvement.
Souffrez donc que je m'élève contre ce tort qui serait mien. Frapperais-je un enfant, moi qui ne casserais pas trois pattes à un canard ? Karyl ne se laisserait pas voler sans dommage pour son agresseur, et vous savez bien que je suis du genre prudent dès lors qu'il s'agit de duel, pour ne pas dire lâche. Qui plus est, ce gosse est plus retors qu'un serpent à sornettes. Et coquet avec ça. Rendez-vous compte, il souhaite se faire poudrer par le Diable ! Trop tard, j'ai vendu la mèche...
Aucun bien, aucune miséricorde ne pourra hélas me frapper. À toute bonté je suis récalcitrant et il serait vain de vouloir faire entrer de force une qualité en mon étroite cervelle. Au demeurant, j'aimerais n'en avoir qu'une seule... elle se nomme Damoclès.
Échec des mots : c'est ce que l'actualité diplomatique croit nous démontrer, à tort ; sachez que je tiens plus à la paix que quiconque, et j'ai de ce fait grande hâte de reprendre le dialogue avec la diplomate-née qui est certainement en vous, bien que d'aucuns le jugent inutile. L'est-il, ne l'est-il pas, là n'est pas la question, car on ne se bat pas dans l'espoir du succès. Toujours est-il que je vous rendrai visite très bientôt. À cette occasion, j'espère pouvoir goûter un vin local qu'on m'a vivement recommandé, dont la robe promet mille délices.

Salutations angevines,

Le Fou

Il se relève. Le nécessaire à écrire est vite rangé près de la besace. Trop impassible pour l'être vraiment, Edern tend la feuille à son improvisé serviteur.

Vous transmettrez.

Alors que le Fou passe les portes d'une ville endormie, une lettre part pour Léard en passant par Saumur.
Réponse à la légèreté et la dureté des mots d'une chimère unicorne.
Lève-toi donc, chevalier...
Arrête ma lancée.
Cerridween
Il a été payé. Une pièce d'or. La cible est simple. Et puis il a promis. Et puis elle est bizarre. Un mélange de peur et d'admiration est née dans ses yeux. Alors il a dit oui. Puis au moins, c'est un moyen de voir ce qu'il ne voyait jamais. Le château comtal.

A petits pas, il s'y est rendu sous la pluie. Elle n'a pas choisi au hasard. Mais il ne le sait pas. Le hasard dans la vie de la Pivoine, il va et vient, mais pas dans ses décisions. Le petit angevin trottine donc en bravant vents et marées, avec l'impression d'une grande mission. Elle lui a donné du rêve, ce que cherchent tous les minots de la terre. Ce matin, lui aussi est un grand, il a une mission, de la plus haute importance et le monde entier en dépend. Cela il l'a décidé lui-même.

Trempé comme une soupe, il est arrivé à l'entrée, a prit un air important, de ce qu'il a vu sur les têtes nobles ou les militaires qu'il a croisé dans les rues, les marchés ou les tavernes.


« J'ai un message pour l'am-ba-ssa-deur. »

Le garde à l'entrée a éclaté de rire et l'a regardé amusé.

« C'est qu'petit, on en a pas qu'un seul ici... tu pourrais être un peu plus précis ? »

Il est rejoint par l'autre, puisque par deux, ils vont, à chaque porte.


« C'est qui ce morveux ? »

« C'est le fils du Gwenaël, le forgeron du quartier sud... alors petit, lequel tu veux voir ? »
demande le premier, essayant de garder son sérieux.

La petite tête brune, perdant toute la jolie contenance qu'il s'était fabriquée, bredouille.


« Ben... c'est qu'elle a dit le Fou... mais que je sais pas lequel que c'est... »

Le garde fronce les sourcils. Il sent là, que ce n'est pas seulement une lubie de môme.

« Qui ça elle ? »

« Ben elle est chevalier, elle s'appelle Cerri de Ouine, elle a une épée qu'elle vient de loin elle a dit, et en plus hein, ça se voit. Papa il a dit que les lames des Corps Doux et ben c'étaient les meilleures. Et elle est aussi un ambassadeur mais j'comprends pas, parce qu'elle a dit qu'elle était du Maine et Papa, il dit que les mainois et ben c'est des crétins, et elle, ben elle est juste gentille en fait. Elle a dit qu'il fallait que je donne une lettre et ça et elle m'a donné une pièce, même que c'est un écu d'or hein et que faut que je lui donne absolument, parce que les relations de diplomatie et d'amicalité c'est très important ! Mais que c'est aujourd'hui et pas autrement...»

Le petit brun montre la lettre cacheté d'un sceau avec un blason scutiforme et un petit paquet rouge sang dans les lacets portent le même sceau. Les deux gardes se regardent, un peu décontenancés. Le premier après avoir inspecté le tout, regarde le petit messager et prévient.

« J't'amène à l'autre taré, mais si c'est une blague, tu vas passer un mauvais quart d'heure, gamin. »

Le petit brun se tient silencieux et trottine dans les couloirs à sa suite en ouvrant des yeux émerveillés devant les grandes salles, les archères, les grandes robes qui passent à la portée de ses mirettes, les tentures... de plus en plus impressionné.

Le garde s'arrête devant une porte et frappe.

« Messire le Fou ! Un message pour vous ! »

Lorsque la porte s'ouvre, le petit brun tend les mains vers le monsieur en noir et blanc.

« L'ambassadrice chevalier, elle a dit que vous savez pourquoi... »


Citation:
Au Fou,
Ambassadeur angevin pour le Maine,
Salut et connaissance de vérité,

Vous savez les liens difficiles entre nos deux terres, cher ambassadeur et je vous avoue avoir longtemps hésiter à venir à l'inauguration du port de la capitale angevine.
M'y préparant, je me disais que je courrai à ma ruine. Mais contre toute attente, vous avez su, par vos élans prévenants, faire fondre la glace et vous me trouvez soulagée de la tournure que prennent les rapports entre Anjou et Maine.
Trouverez-vous l'envie que cette amorce de calme suive son cours vers une ère de paix ? J'en fais les voeux les plus sincères, regardant l'avenir que j'espère plus prospère.
Enfermée dans mes obligations, je ne peux m'attarder et j'ai pris la route du retour pour apporter les nouvelles que j'ai trouvé ici, sur votre invitation.

Au plaisir de vous revoir,

Cerridwee de Vergy,
Ambassadrice du Maine pour l'Anjou.
Chevalier et Capitaine de l'ordre royal de la licorne.



Si le paquet de toile rouge est ouvert, on y trouve une pièce d'échec, une tour faite en verre.
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