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(RP) Plumes d'ange pour saintes paroles et folies douces...

Attia.
Ou ? Quand? comment ? Pourquoi ?
On pourrait superposer, additionner, collectionner tous les adverbes servant a se questionner. Aucune réponse n'y pourrait être donnée, du moins si tant est qu'elles étaient posées a notre gitane.

Parlons en de notre gitane.
La dernière fois qu'on en avait parlé la malheureuse venait de se faire passer dessus par une armée. N'y voyez rien de coquin, il ne s'agissait pas vraiment d'une partie de plaisir.
S'en était suivi un sauvetage par une bonne samaritaine, un enlevage par un soldat patibulaire, un emprisonnage en bonne et due forme et un atterrissage en maison de repos ou communément appelé hospice tenu par de bonnes sœurs qui grâce a dieu ne différenciaient pas les brigands, des honnêtes gens, tous étant de pauvres agneaux en quête du berger sacré.

Enfin bref, ça vous et moi le savons, mais la gitane ce qu'elle sait de ce qui s'est passé se résume a... rien.
A vrai dire, c'était le silence radio, même son alter ego semblait avoir sombré. Combien de temps s'était passé ? Aucune idée...

C'est donc la tête dans le gaz qu'elle s'était réveillée. Aucun souvenir... Aucune certitude.

Enroulée sous 2 épaisseurs de bandages elle était bien incapable du moindre mouvement. Tout juste capable de bouger les lèvres façon poisson rouge sans qu'aucun son ne s'en échappe, histoire de demander quelque chose a boire.
Fichue soif... Faut dire qu'étant dans le coma elle ne survivait que parce que les sœurs s'acharnaient a lui faire ingurgiter de la soupe claire.
Si elle avait pu se voir dans un miroir, elle aurait sans doute pleuré. Ce qui restait de son corps pulpeux et ferme aurait pu faire peur a n'importe quel homme bien portant. Mais ça elle le découvrirait bien assez tôt...

Pour l'instant, c'est dans un réflexe primitif qu'elle continuait de faire clignoter ses cils et ses lèvres en attendant qu'un regard se pose sur elle.

Et s'est sans voir ni qui ni comment qu'elle sentit un liquide tiède lui couler la gorge, le temps de la désaltérer.
Ses yeux s'habituaient difficilement a l'obscurité et elle ne voyait qu'une pale lueur et des formes floues.
Une nausée persistante l'avait prise et une inquiétude angoissée lui barrait la poitrine, comme le souvenir inconscient d'une peur plus grande, d'un vécu plus effrayant... Et a nouveau l'inconscience, cette fois il ne s'agissait plus du coma, juste du sommeil, de l'inconscience...


- bordel mais ou c'qu'on est ?!?
- Ah te revoilà, ou t'étais passée ?
- et toi ? comment veux tu que je le saches bordel!
- bah j'en sais rien moi... je comprend pas grand chose, est ce que je rêve? peut être n'est tu qu'un rêve qui sait !
- t'as un peu fini de dire des bêtises ?
- Bah je sais pas...


Et les jours passaient alors que la gitane revenait doucement a la réalité. Jamais éveillée plus d'une dizaine de minutes, elle commençait a percevoir quelques formes, une main, un visage, un sourire... Des voix... Mais rien de vraiment très précis. Ce qu'il y avait de rassurant c'étaient les fourmillements dans ses doigts et ses orteils... La sensation de retrouver son corps, cette furieuse envie de bouger, de s'étirer, de se lever...

- c'pas pour dire mais on commence a s'emmerder!
- Arrête de râler, on a pas vraiment le choix.
- Bah si ces personnes arrêtaient de nous droguer aussi hein!
- Si elle ne nous droguaient pas , je ne suis pas sure que nous serions encore en vie.
- Voui mais me demande encore combien de temps ça va durer.
- Patience, tu sens pas que ça va mieux?
- ça ira mieux quand j'aurai autre chose a bouffer que cette horreur qu'ils nous font avaler!


Et on pouvait voir un sourire se dessiner sur les lèvres de la gitane qui se bagarrait toujours avec son alter ego qui n'attendait que son heure...


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--Mere_superieure


[ De la journée d'une Mère supérieure... ]

La mère supérieure ne se déplaçait jamais seule.
Elle se trouvait toujours avec ses suivantes.
Les matines sonnées elle passait la matinée a l'office. Prières et confessions faites, elle abandonnait la compagnie du Curé et la solennité toute rassurante de la chapelle contiguë a l'hospice dont elle avait la charge.

La mère supérieure ne souriait jamais. Pour elle le sourire était futile, seul comptait la compassion affable qu'on pouvait percevoir derrière son apparente indifférence.

La mère supérieure mettait un point d'honneur d'apporter personnellement réconfort et paix aux malades qui étaient sous sa responsabilité.

Dans les grandes salles ou les paillasses s'alignaient séparées par les rideaux blancs, elle déambulait flanquées de sa suite de sœurs, et murmurait quelque prière et quelques mots aux malades conscients, inconscients... ou morts.

Dans l'aile des lépreux, des pestiférés, des syphilitiques et des variolés, elle s'affublait d'un long bec noir et passait échanger quelques mots avec les médecins, regroupés tels des corbeaux sur une branche d'arbre sèche.

La mère supérieure une fois son devoir fait, reprenait un air sec et passait le reste de sa journée a faire les comptes de l'établissement.
Une grimace déformait souvent son visage. La paroisse d'Alençon prenait un malin plaisir a lui envoyer tous les désœuvrées du duché sans se soucier de la tenue des comptes et de ce que cela pouvait couter.
Le seigneur est d'une générosité infinie certes, mais les malades n'en restaient pas moins des bouches a nourrir sans compter les soins qui leur étaient apportés.

Même les prisons lui envoyaient les criminels trop amochés par la torture qui s'y pratiquait. Tout se perdait.

La mère supérieure lâcha un soupir. Il était l'heure de déjeuner.
Elle prononça le bénédicité de sa voix sans chaleur et mâcha le pain en prenant conscience de la chance qui était la sienne de présider une communauté de croyantes et croyants.

L'après midi, la mère supérieure repasserait voir les blessés graves, elle s'assurerait que leur repas leur était administré, qu'ils ne souffraient pas trop, et s'il souffraient, elle les rassurerait sur le fait que leurs souffrance ne servait qu'a approuver leur amour pour le seigneur et qu'ils avaient a y faire face avec courage.

La mère supérieure prenait note des doléances qui lui étaient faites, elle régissait le cahier des visites et surveillait que les malades avaient toujours quelqu'un auprès d'eux et leur permettait de prévenir leurs proches pour ceux qui n'étaient pas d'ici.

Au crépuscule elle passait a la réserve et s'entretenait avec l'apothicaire sur les médicaments disponibles et sur les besoins en réapprovisionnement. Elle s'assurait que les préparations étaient bien faites et rendait compte des remarques apportées par les malades.

Puis, lorsque sonnaient les vêpres, la mère supérieure retournait a la chapelle s'entretenir avec son confesseur, puis avec le seigneur avant de présider a un diner frugal ou elle remerciait les apôtres et les saints de la sérénité de la journée passée.

La mère supérieure dormait dans une cellule d'une simplicité lui rappelant les vœux qui avaient été les siens, et ce n'est pas sans avoir fait sa prière du soir que la mère supérieure s'endormait... enfin.


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- Sœur Marie comment allons nous aujourd'hui ?

La mère supérieure venait de passer la porte de la salle des blessés graves.

- Oh ma mère, nous avons eu deux décès cette nuit... Je prie pour le repos de leur âme, j'attendais votre visite avant de faire enlever les corps...

Et c'est en donnant a son visage un air affligé que la mère supérieure passa prier pour le repos des défunts avant de claquer des doigts pour que les corps soient emportés pour être enterrés.

- Ma mère, avant que vous ne partiez, je voulais vous parler de la jeune enfant qui nous a été emmenée il y a quelques temps.

- Oh vous voulez parler de l'infortunée qui a failli mourir en geôles ?

- Elle même...

Oui...La mère supérieure connaissait bien ses patients.

- Une chance que j'ai été voir ces malheureux en prison.

- Oui benie soyez vous ma mère...

A cet instant, la mère supérieure refrenait un sourire de par la force de son humilité qui se devait rester entière.

- Qu'y a t'il donc ?

- Eh bien ma mère, je pense qu'elle se remet bien, mais... ce qui me preoccupe le plus c'est que... j'ai constaté que...

- parlez ma soeur, parlez sans crainte.

- J'ai constaté qu'elle parlait seule et tenait des propos decousus. Je pense que vous... qu'il serait bon que vous lui rendiez une visite et priiez pour elle.

- que ne pouvez vous pas prier vous meme ?

- Je l'ai fait ma mère, je l'ai fait.

- bien allons la voir donc.

Et la mère supérieure se dirigea vers un lit au fond de la pièce. Elle laissa ses suivantes tirer les rideaux et elle se rapprocha regardant la jeune femme a demi consciente. Sa main égrenant en permanence un chapelet se posa sur le front de la blessée, posant quelques questions sur son état de santé avant de murmurer des prières.
Attia.
Avec les jours, la nausée était passée. Elle avait maintenant droit a une purée de legumes qu'elle arrivait a macher. Ce qui la derangeaut c'était la sensation que ces dents étaient recouvertes de boue. La plaque dentaire a ce qu'on decouvrira bien des siecles plus tard... Mais bon que faire quand on est une loque raidie par des bandages que les soeurs passaient changer tous les deux jours?

La gitane avait compris qu'elle avait atterri dans une sorte de couvent. Les soeurs aux coiffes en papillon se penchaient au dessus d'elle pour lafaire manger, lui examiner les pupilles ou simplement lui sourire. Sourire qu'elle ne rendait pas, trop honteuse de l'état de sa dentition autrefois parfaite.

Les soeurs lui avaient ajouté un coussin dans le dos, elle pouvait a present s'asseoir , mais elle était encore trop faible pour se permettre d'autres mouvements. Avec la guerison revenait la douleur, eh oui, les soeurs ne la droguaient plus. Lorsqu'elle gemissait et suppliait du regard, il se trouvait toujours une soeur pour lui expliquer que la douleur était la façon qu'avait le seigneur d'eprouver l'amour et qu'il fallait prier saint Job qui a subi les pires souffrances pour le seigneur...


- Foutues conneries de Job de mes deux...
- Soit moins grossière tu veux...
- Je suis grossière si je veux! j'ai mal, et quand j'ai mal jsuis mauvaise!
- T'es mauvaise tout le temps.
- Rooo et puis tu m'ennuie continue donc d'écouter leur âneries...


- Foutue Monika...


Sans se rendre compte elle avait lâché la dernière phrase a haute voix ce qui avait provoqué un froncement de sourcils de la sœur qui la chaperonnait avant qu'elle ne tende l'oreille pour mieux entendre. Mais la gitane n'avait plus parlé.

Il lui arrivait de lacher ses phrases en reponse a Monika sans faire attention au fait qu'elle pouvait etre entendue, et a chaque fois les soeurs avaient montré leur inquiétude. Et ce n'est qu'en entendant des prieres a l'encontre du malin et destinées a chasser le demon qu'elle compris qu'elle devrait essayer de contrôler ses conversations avec son alter ego si elle ne voulait pas etre prise pour une folle.



- Mais t'es folle, faut l'admettre et l'assumer ma pauvre.

- Mais oui, et quand nous serons sur le bucher, je crierai que j'avoue et que je me repend n'est ce pas?
- Bah on a eu du bol jusqu'ici, jsuis même sure qu'elles ne nous renverront pas en prison.


- Ne prenons pas des risques...


- Oups... j'adore ta façon de ne pas prendre tes risques!

- Grr


Le grognement c'était un peu de trop a ce qui sembla a la gitane car les deux sœurs a son chevet se lancèrent dans une discussion animée avant de la laisser pour la nuit.

le lendemain, elle se laissa tirer de son sommeil par une main froide sur son front et les perles du chapelet qui lui pénétraient la chair.
Les sourcils froncés elle ouvrit les yeux croisant au dessus d'elle une grande dame avec une fraise énorme. Cela devait être une autorité vu la façon dont l'admiraient les autres a en croire leurs regards.
Elle fixa la dame alors que celle ci demandait comment evoluait ses blessures. Elle tendit l'oreille pour entendre ce qui se disait.

se remet... blessures cicatrisées... coterisée... infection...


- Ouhla on dirait qu'elles t'on cramées... tu peux oublier miss univers!


- Silence!

Elle avait élevé la voix, l'agacement palpable du a l'inquiétude soulevée par les mots qu'elle venait d'entendre. Et le silence c'était fait. Les grands yeux inquiets tournés vers elle.
Il était tant pour elle de s'exprimer, sinon elle allait réellement passer pour une folle.


- Ou... ou ?

les premiers mots non adressés a son double. Et elle recevait confirmation qu'elle etait bien dans un hospice. Elle apprit aussi que la dame devant elle était la mère supérieure. Cette derniere fit quelques prières a nouveau alors que la gitane conservait un silence inquiet et s'en alla.
La soeur restée aupres d'elle tenta de la rassurer. Mais tout ce dont a quoi pensait la gitane était a l'etat dans lequel elle se trouvait... son corps, son esprit... Peut etre la mort aurait elle été préférable...


- Il faut... il faut... prevenir...


- Prevenir qui ? Qui se soucie de ton etat? si ça se trouve tout le monde te croit morte!
- Laisse moi Monika, va t'en maintenant... tu ne vois pas que tu m'epuises.
- J'y suis j'y reste, si t'es trop nulle t'as qu'a t'barrer et m'laisser faire!
- Jamais!
- C'est ce que nous verrons... Tu as deja oublié que tu me dois la vie!
- J'aurai mieux aimé mourir...


Notre gitane epuisée par cet echange et cette reflexion intense se laissa gagner par le sommeil et sombra a nouveau.

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--_soeur_marie



Soeur Marie était fébrile et ses doigts fins se croisaient et se décroisaient en une prière muette.
Elle espérait que le mère supérieure, dans sa grande sagesse et sa non moins grande piété, allait résoudre instantanément le problème.

Cette jeune fiancée d’Aristote vivait, souffrait tout autant qu’elle soignait les maux de chacun des pensionnaires de l’hospice.
Elle avait ses préférés mais sa compassion, sincère et sans retenue aucune, s’adressait à tous.

Depuis quelques jours pourtant elle se tracassait pour une des malades dont elle avait la charge.
A vrai dire, elle en dormait plus.
Cette pauvre malheureuse avait était battue comme plâtre et présentait de plus des symptômes étranges…

Celle-ci parlait, dialoguait et Sœur Marie frissonnait dès qu’elle les entendait.
Disputes sur disputes…comme si le malin tentait de l’entrainer vers elle.
Ses prières ferventes et suppliantes n’y faisaient rien.
Les cierges brulés en nombre incalculables non plus….

Elle aurait voulu lui donner de quoi la soulager...
hélas, la supérieure était intransigeante...
Pas d’opium, ou autre produit venu, c’est certain tout droit de chez la bête sans nom…

La visite de leur sainte mère ne changea rien et Sœur Marie resta silencieuse , doucement penchée vers la blessée aux paroles étranges.

Machinalement, ses doigts fins et légers caressèrent son front et un léger soupir s’échappa de ses lèvres…
Attia.
Encore une main sur son front... Une main délicate et non pas sèche... La gitane entrouvre les yeux. Un visage angélique fermé dans une prière murmurée a bout de lèvres... La gitane esquissa un sourire, le premier depuis une éternité.

- J'y crois pas vous savez...

Les mots sont sortis en un murmure. Pas qu'elle envie de décourager la croyante, mais... les prières , elle avait cessé d'y croire de puis ... depuis quand? Elle ne le savait même plus... Peut etre depuis que Dieu lui avait repris ce qui avait été son monde, son père, sa vie insouciante dans le confort de la villa des Juli.


- Après c'est moi la mauvaise... Tu vas nous la faire pleurer la jolie!

La gitane avait grimacé et de l'effort que cela représentait pour elle, avait placé ses mains sur ses oreilles.

- vas tu te taire... je t'en prie... laisse moi maintenant ...

Elle leva les yeux pour apercevoir le regard sans doute étonné ou apeuré de la sœur. Que lui dire? Qu'elle entendait des voix? C'était un plan a finir comme Jeanne d'Arc ça.


- C'est pas qu'ils t'aiment particulièrement les Orleannais! Ha, t'as quand même cramé leur château!

Cette fois Attia ne releva pas, se contentant de pincer les lèvres. Il était évident que son Alter Ego cherchait a la pousser a bout, profiter a nouveau de sa faiblesse. Il fallait qu'elle noue un dialogue normal avec cette demoiselle dont le visage respirait la compassion.

- je suis désolée...

Elle ne put rien dire de plus. Elle observa une nouvelle pause essayant de se redresser d'elle même. Combien de temps avait elle pu rester la au point de creuser le mince duvet de plumes? Ceci était une question a la quelle pouvait repondre la soeur.

- combien... Combien de temps ?

La question n'était pas claire, mais s'exprimer était deja un progres alors elle fit l'effort d'un nouveau sourire.

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--_soeur_marie


La jeune blessée dormait, épuisée à vrai dire par ce que Lise appelait les affres de l’enfer.

Sœur Marie à une époque pas si lointaine que ça, se prénommait Lise-marie.
Troisième fille d’une nombreuse fratrie, elle avait poussé comme une fleur.
Couple uni, rejetons sains et épanouis.
Artisans boulangers renommés, les parents avaient pignon sur rue et dans la joyeuse maisonnée, il ne manquait jamais de rien.
Aussi lorsque leur petite Lisa avait d’une voix fluette mais ferme annonçait son intention de rentrer au couvent, la nouvelle fut accueillit
par moitié avec fierté et ferveur et par autre moitié, avec force grimace et regret.
La jeune demoiselle ne dévia pas un instant de ses choix, émettant simplement le vœu de servir Dieu en s’occupant des nécessiteux et des malades.


-« Soit ! » avait dit le Père.

Les dons généreux alloués par la famille à l’hospice du duché ouvrirent à Lise-Marie, les portes du couvent et attenante au bâtiment, les salles puantes, sanglantes, emplies de cris, de peurs et de misères.

Depuis bientôt un an, le sourire ne quittait plus son doux visage et son regard clair se posait avec amour sur tout ce qui l’entourait. Etat de grâce permanent pour cette jeune fille.
Novice encore, elle déambulait, légère entre les paillasses et soignait sans faillir.
Jamais elle ne renonçait et son optimisme naïf était » diablement » contagieux…..

Les yeux à demi-fermés, elle murmurait une douce prière pour cette malheureuse, les doigts fin caressant le front moite et blanc.


-J'y crois pas vous savez...

Sœur Marie, penchée sur le visage émaciée suspendit son geste...

Ses premiers mots enfin !
Et assortis d’un léger sourire !
La jeune religieuse posa un regard lumineux sur elle et spontanément laissa échapper un petit rire de souris.



Ce n’est pas grave, vous savez…Un temps pour tout !
Vous allez vous dépêchez d’aller mieux, pour ce qui est de croire je vous aiderais…

-Vas tu te taire... je t'en prie... laisse moi maintenant ...


La jeune religieuse ne put retenir l’éclat d’un regard arrondi par la surprise, vite chassé lorsqu’elle comprit que cette phrase là ne s’adressait pas à elle…

Que faire ? Que dire ?...
Pour la première fois depuis qu’elle vivait ici au milieu des malades, elle se sentait démunie.
Mal à l’aise tout à coup devant ce corps affaiblit qui par moment, s’animait par on ne sait quelle flamme, et se mettait à parlait d’une voix autoritaire.
Elle prit le temps d’une profonde inspiration, déjà son esprit faisait appel à la grande bonté d’Aristote en une prière muette…Qu’il la guide avec sagesse et sans peur…Sans peur surtout !!

Seigneur cette voix qu’elle avait parfois…

- je suis désolée... -Combien...Combien de temps ?


Oubliée, envolée la peur de la novice.

Les mains esquissèrent un doux ballet autour de la malade.
Tapotant les oreillers, tentant de redresser le corps meurtri.
Un sourire bienveillant accrochée aux lèvres elle éluda la question du temps.
Se promettant de combattre avec énergie cette espèce de voix sortie d’outre-tombe et qui faisait grimacer si fort sa protégée.


Ne soyez pas désolée…voyons ! Je vois bien que vous n’avez pas assez de force encore pour combattre cette...ce...cette, enfin vous défendre !
Mais je vous aiderai du mieux que je peux.


Son regard enveloppa la silhouette frêle et son sourire s’agrandit encore.

Je suis Sœur Marie et j’ai la charge de ramener de belles couleurs sur votre jolie visage.
Que Dieu me pardonne ce pieux mensonge
et sans se démonter elle enchaina, avec toute la fougue qui la caractérisait, baissant quand même un peu le ton de sa voix qui claironnait.

Que diriez-vous d’un bain d’eau bien chaude pour ôter cette vilaine peau de misère.
Vous êtes sur la voie de la guérison et je suis à vos cotés pour vous aider. Vous souvenez vous de votre nom ?


Son regard intense, fixée sur la brune attendait une réponse...
Les mains jointes, nerveusement nouées suppliaient, silencieuse prière vers de nouveaux jours à venir...
Bienheureux évidemment !!!
Attia.
Soeur Marie... Pleine de graces sans doute, car la bienheureuse venait de faire une proposition qui avait provoqué un vague frisson a la gitane affaiblie.
Un bain... chaud... de quoi se décrasser, oter cette peau de misère qu'avait dit la soeur. Elle en avait besoin, pour se sentir a nouveau digne... Mais prendre ce bain c'était également faire face a ce qu'elle etait devenue.
Elle n'avait qu'a regarder ses bras amaigris pour s'en rendre compte. Elle n'était définitivement plus la même.

Peur... Peur de se decouvrir defigurée, outragée... Elle ravala un soupir.
Et une question qui la fait sortir de ses interrogations existencielles.


Vous souvenez vous de votre nom ?

Bonne question. Elle n'était pas sure d'avoir conservé toute sa tête. Non pas qu'elle avait perdu la mémoire... Enfin presque puisqu'elle ignorait ce qui avait bien pu se passer depuis que l'armée lui était passée dessus, toujours sans aucune conotation de plaisir.
Elle savait son nom, bien sur elle ne l'avait pas oublié... Mais ce qu'elle avait peur d'avoir oublié c'ést qui elle était...

Elle prit une profonde respiration et leva des yeux voilés de mélancolie vers la soeur.


- Je m'appelle A...Monika!

Une main se posa rapidement sur sa bouche, mi horrifiée, mi confuse.

- Comment oses tu ?
- Bah quoi tu m'oublie vite dis donc!
- Mais tais toi bon sang, t'existes pas!
- Bah maintenant si, je m'appelle Monika...


Des larmes lui montent aux yeux. Elle avait bien raison de se demander qui elle était vraiment. Attia ou Monika ? Laquelle se ferait sa place ? laquelle disparaitrait ?
A nouveau elle presente des excuses, honteuse.


- Attia! je m'appelle Attia!

La voix s'est faite ferme. Et elle n'a pensé a rien, ne laissant a aucun moment son alter ego prendre a nouveau la parole.
Revenir a l'agreable. Sortir de ce lit crasseux et puant, retrouver apparence humaine, se débarrasser de ses vetements de morts brun de la pourriture qui l'a tachée, et se laisser regarder...
A nouveau les yeux plongent dans ceux de la soeur. Elle donne tellement envie de lui faire confiance, ce visage si parfait, si doux, si sur... Elle sourit faiblement, mais sourit quand meme.

- Aidez moi... Je veux... je veux me lever...

Elle marque une pause. il faut qu'elle verifie qu'elle n'est pas totalement diminuée. Elle se souvient que sa jambe a subi un dommage important, mais tout semble en place.

- Aidez moi... Ensuite le bain... S'il vous plait... Soeur Marie...


Elle a soufflé le dernier mot dans un murmure, comme une prière sourde a sa façon... Peut etre Dieu existe t'il finalement...

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--_soeur_marie


Lise ou plutôt Sœur Marie, le visage toujours penché vers la blessée, ne la lâchait pas du regard.
Une prière muette au bord des lèvres qui se laisser deviner comme un nez au milieu de la figure.

Et elle l’entendit enfin !
Visage tendu par l’effort, la souffrance affleurant les grands yeux sombres…


- Je m'appelle A...! ...Monika

La novice déjà sourit et s’apprête à souhaiter la bienvenue…

- Attia! Je m'appelle Attia!

Lise est une âme simple…
Lise est tout amour et un prénom en vaut un autre.
Elle note juste dans un recoin de sa tête que la voix a changé entre les deux prénoms énoncés et qu’elle a surement entendu la chose...
Le démon qui court sous ce crâne couturé …
Mais elle s’étonne elle-même de son absence de peur…
Elle n’en revient pas !
Pas de prière vers Dieu, implorant protection divine.
Non ! Et surtout pas de cris vers ses consœurs et la mère supérieure.
Lise, donc, sourit…
Et son sourire ne s’adresse qu’à la jeune femme pâle, et à elle seule.
Elle acquiesce doucement et répète comme pour elle

–Attia-
Bienvenue Attia, bienvenue...


Aidez-moi... Je veux... je veux me lever... Ensuite le bain... S'il vous plait... Sœur Marie...

Le sourire de la jeune novice s’agrandit encore et spontanément elle se penche vers Attia.

Je suis là, Dame Attia.

Les gestes sont précis mais légers, sans la brusquerie légendaire du personnel soignant, débordés par les taches diverses.
Un bras déjà, entoure la malade et l’aide à poser un pied hors de sa paillasse.
Petit arrêt sur le bord du lit et les deux jeunes femmes assises côte à côte regardent la porte sombre qui se devine au fond de la salle

.-Ca tourne pas trop sous votre crane ??

La voix de la sœur chuchote, et sa main rassurante se pose sur celle amaigri de la brune.
–La salle des étuves est derrière cette porte...On va y arriver…Nous avons tout notre temps.
Enfin ceci dit si vous voulez vous laver avant la nuit, il ne va pas falloir trainer trois heures assises là.


Léger sourire malicieux mais le regard se fait inquisiteur vers Attia. Celle-ci , immobile, ni ne tremblote ni ne flanche.
Tranquillement, son bras ceinture et soulève.


En route vers l’eau chaude, Dame Attia.

La supérieure avait malgré son air revêche, des idées bien arrêtées sur la tenue de l’hospice.
L’hygiène en faisait partie.
Les soins- -disait-elle, commence avec la propreté.
Et les bains étaient entretenus avec méticulosité.
Chaque jour, les valides avaient droit à un baquet d’eau chaude, pour les autres, la toilette s’effectuait du mieux possible dans leur couche.
Le linge, propre et frais était renouvelé très souvent.

Les deux silhouettes soudées l’une à l’autre, petits pas à petits pas, traversèrent la salle des femmes et pénétrèrent dans la salle des étuves.
La brume enveloppait et masquait les murs.
Les baquets fumaient, soigneusement gardés en eau chaude, une douce odeur de propre régnait.


Nous y voilà ! Prête ?
Attia.
Aucune peur dans le regard de la soeur. C'est donc un brin rassurée par l'opinion que la soeur pourrait se faire d'elle qu'elle accepta l'aide qu'elle venait de demander. Apres tout n'était ce pas le role et le devoir des serviteurs de Dieu d'aider leur prochain sans jugement de valeur ou moral ? Si c'était bien le cas cette soeur en était une illustration parfaite.

Avant meme qu'elle puisse le sentir un bras vient l'enlacer pour l'aider. ça picote partout alors qu'elle est encore assise, les pieds tendus vers le sol. Elle a senti quelques os craquer deja mais celui qui la preoccupe est bien celui de cette jambe. Et a cet instant la gitane est terrifiée...
Et si elle n'y arrivait pas? Si elle s'effondrait ? Si elle ne pouvait plus jamais... si elle devait etre condamnée a finir ses jours dans un lit...


- T'as pas un peu fini ? leve toi bordel!

La gitane fronce les sourcils et se concentre.


- Arrete de jouer les grandes invalides. c'est dans la tete que tout se passe. Et la tete te dit leve toi! Leve toi et marche!

Attia ferme les yeux. Pour une fois son alter ego a raison. Elle peut le faire. Elle peut y arriver.

- Mais bordel tu veux quoi en bonus ? Des pom pom girl ?

Attia hoche la tete avant d'etre tirée de sa torpeur par la soeur.

Ca tourne pas trop sous votre crane ??


Elle rouvre les yeux et abandonne un faible sourire. Si elle savait ...

- Faites moi un A!

Elle inspire.

- Faites moi le T fois deux!

Le bras de la soeur lui ceinture la taille.

- Un I et c'est parti mon Kiki !

Elle regarde la soeur comme pour dire " je suis prete".

- Et un A! Attiaaaaaaaa!

Et d'un elan vers le sol,le bassin se souleve et notre gitane retrouvre pour la première fois depuis un temps qu'elle ne saurait quantifier la station debout. Cette fois ça tourne, mais l'Attia s'agrippe a la mince silhouette qui semble si forte de la soutenir. A priori aucune douleur a deplorer.
Juste un picotement dans les jambes, le sang qui se remet a circuler sans doute... Et l'Attia prend deux minutes pour s'encrer dans le sol, comme un arbre, avant de faire un premier pas.


- Go! go! go!

Le premier pas est concluant, mais c'est parceque ce n'est pas la jambe blessée. Un second pas... L'articulation est plus raide mais tout semble fonctionner. Elle claudique sans doute un peu, mais Marie l'aide, et chaque pas semble etre une victoire.

- Mouhahahahahahahahaha! sans moi tu n'es plus rien!

Attia ignora une fois de plus la voix de Monika pour mieux se concentrer sur les pas. Elle regarda d'abord ses pieds, surveillant le sol. Puis son regard se permit de vagabonder sur les autres paillasses, de malades gémissants ou dormant ou simplement priant... Puis finalement elle se reconcentra sur ses pieds jusqu'à sentir sur son visage les vapeurs tièdes des étuves.

Nous y voilà ! Prête ?

Elle hocha une nouvelle fois la tête. Elle avait hâte de sentir sur sa peau de l'eau, de la vie... Même si découvrir son corps la terrifiait autant que l'idée qu'elle avait eu d'être devenue invalide. Et la elle regarda sœur Marie... celle qui allait prendre soin d'elle. Celle qui allait lui oter cette camisole d'un blanc sale, qui allait lui oter les restes de bandages, la laver.

- Et vous vous êtes prête ?

La question n'était pas sienne,mais celle de Monika. A peine dite, Attia se pincait les levres.

- bah quoi ? faut lui d'mander des fois qu'elle ait envie de fuire. T'imagine si elle fuit alors que t'es dans l'eau ?
- tais toi s'il te plait...


Elle se mordit la levre avant de continuer.

- Allons y , s'il vous plait...
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Cerdanne
Au coeur des forets du Domaine Royal

En vadrouille comme toujours...
Et la tête dans les nuages.
Sombres les nuages. A l’image du ciel de traine.

L’été va finir et elle n’a plus de contact avec les brunes depuis bientôt deux mois.
Simplement le souvenir agressif d’un passage en force dans les forets de Touraine : Sur le carreau deux brunes.
Sur trois encore debout, deux d’entre elles décident de continuer.
La rage au ventre, la folie « brunesque »ça paye, elles passent entre les mailles du filet tendu par la soldatesque.

Le poing levé en guise de salut, elles se séparent...
Sur la promesse d’une cuite, une vraie.
Foi de tata Sad et Cerd réunies.
Si la duchesse Lilo donne de ses nouvelles, du fin fond d’une geôle miteuse ou d’une cage plus dorée, si Djen la silencieuse du bout des lèvres marmonne un « suis là, tout va bien » ;
Pour la belle gitane…Rien ! Nada ! Niente ! Et Cerdanne tourne et retourne ses souvenirs dans tous les sens.

Se rappelle plus l’endroit exact, Cerdanne…
Alors elle arpente les forets du domaine royal dans un seul but…
Trouver trace de la gitane et tailler la route ensemble, brunes encore et toujours…

Le village pointait ses toits derrière la colline.
Cerdanne esquissa un sourire et s’empressa de dévaler la pente.
Le cheval sentait l’écurie toute proche et c’est au galop qu’elle déboula dans le hameau.

L’auberge trouvée, sa monture à l’abri, repue, bouchonnée et au repos, la brune s’engouffra dans l’auberge.
Vide comme toute celle traversée…ou presque.

Une brune planquée dans un coin, juste un profil penché sur une choppe.
Va savoir ;
La faute à cette tignasse noire ptet, ou sa manière de tourner la tête et de poser un regard de braise sur elle…
En tout cas, Cerdanne s’avança et sans manière, s’installa en face d’elle.
Non sans avoir grommeler à l’attention du tavernier.
Deux choppes à la mousse onctueuse furent posées devant leur nez et avant même de parler la brune commença par vider la moitié d’un godet.
Claquement de langue satisfait, la longue silhouette s’étire tout en fixant sa voisine…


Gitane …hein…

Le sourire qui accompagne ces quelques mots se veut amical et la femme laisse filtrer un éclat métallique dans son regard avant d’acquiescer.
La lueur dans les yeux de notre chercheuse de brunes s’amplifie et deux prunelles d’un bleu vif se pose sur le regard noir. Le visage se penche vers la Rom..
Curieux l’espoir qui s’accroche…


Je cherche une brune…
Une belle brune au jupon rouge sang.
Une belle gitane, une sœur des chemins…
Vous n’auriez pas croisé sa route par hasard ?
Elle avait des ennuis, des gros…j’ai pas réussi à la retrouver.
Depuis je la cherche...


Le regard s’accroche au regard et là..le miracle d’aout !
La brune aux oreilles percées d’anneaux d’or, hoche la tête et se décide à parler.


J’lai vu oui….enfin j’en ai vu une.
Le jupon l’était rouge sang, Ca oui !
Le sien surtout de sang !
J’ai pas eu le temps de l’amener plus loin que ma roulotte.
Les soldats nous ont ramassé.
J’ai réussi à filer.
Me demande si elle s'en est sortie.
L'était mal en point la drolesse.


Le regard brille d’une lueur mauvaise, l’éclat d’une lame dissimulé sous la chemise se laisse deviner et déjà la gitane se mure dans le silence.

Ou ? Ou ?

Cerdanne veut y croire, Cerdanne déjà sourit.

Ou ? Gitane. Ou ?

L’Alençon…juste à la frontière…


Comme fatiguée par tant de paroles, la gitane se lève déjà, choppe à la main qu’elle s’empresse de vider d’un trait.
La silhouette déjà se recule.
La main fine de Cerdanne se pose sur son bras avant de la laisser s’en aller.


Merci. Je m’appelle Cerdanne. Si vous avez besoin un jour...Vous pouvez m’appeler.

Le regard de braise s’adoucit et un murmure l’accompagne.

Pepa…je suis Pepa. Bonne chance pour retrouver votre amie…

C’est une brune fébrile qui farfouille dans sa besace.
Une commande de choppes plus tard, elle est penchée sur un parchemin qu’elle noircit d’une écriture nerveuse et ininterrompue.

Son fou de bassan allait avoir du taf…
Des tas et tas de missives à distribuer dans tous les hospices, refuges que comptait l’Alençon.
Elle ne renoncerait pas …
Attia bientôt serait devant elle et elles ricaneraient ensemble à l'abri du regard des passants.



ptit edit pour correction et rajout
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--_soeur_marie


Les étuves étaient désertes. Tant mieux !
La jeune novice sentait que ce moment était très important.
Son regard balaya la pièce baignée de vapeurs odorantes et son regard, naïf et fier, brillait…


- Et vous vous êtes prête ?

Ce ne serait pas la première ni la dernière phrase énigmatique que la jeune femme prononcerait…
C’est la seule chose qui lui vint à l’esprit.
La seule chose suffisamment sensé pour définir l’insensé.


Bien sur que je suis prête !
Je dois même vous avouer que je vous attend depuis déjà quelques jours déjà.
Je me demandais quand enfin, vous seriez prête, Vous !


Allons-y, s'il vous plait...

A qui avait-elle parlé ?
Elle ne prit pas la peine d’y réfléchir.
Pas le moment.
Mais cette voix…
Elle commençait à cerner les différences de tons et rangeait précautionneusement toutes ces informations dans un coin de sa mémoire.
Pour un jour de pluie, propice aux confidences et silences complices.

Silencieuse elle contemplait la jeune femme qui dans un effort surement douloureux, affirmait sa volonté à renaître à la vie.
Quelques soient les difficultés à venir, la jeune nonne avait la ferme intention d’accompagner et d’aider à ce renouveau.


Bon…
Le mieux peut-être est que je vous aide à vous...dévêtir
...

Le mieux, pensait elle, était de ne pas lui laisser le temps de dire oui ou non, ni même peut-être…
Les mains agiles eurent tôt fait de former un petit de chiffon informe au pied d’Attia.
Le regard de Sœur Marie plongea dans celui de la brune et elle esquissa un léger sourire.
Son bras déjà s’enroulait et la guidait vers le baquet fumant d’où s’échapper une odeur agréable de tilleul…
Attia.
[Attia elle est belle mais seulement quand elle est nue...]

La gitane appréhendait et chaque pas était un pas vers l'inconnu.
Elle imaginait la salle des étuves bondée comme pouvaient l'etre les bains publics. Pleine de monde, de gens nus, de blessés, de bonnes sœurs, de gens nus, partout et elle au milieu.
A la limite ça aurait presque été préférable, elle nue parmi tant d'autres ça passerait inaperçu, un corps meurtri comme un autre...

Mais la salle était... vide. Sans doute l'heure tardive. Elle serait seule... seule avec la soeur.

- Mais non je suis la...

Les yeux fixés sur le baquet la gitane tenait debout, le corps raidi pas l'angoisse. Un pas ou deux de plus et elle était tout près.
Dans la solennité de l'instant même Monika lui avait laissé un peu de répit.
Et sœur Marie avait rompu le silence. Elle avait tourné la tête brusquement laissant une douleur vive lui traverser les cervicales.
Elle aurait voulu lui dire " attendez!" mais aucun son n'avait eu assez de célérité pour sortir.
Elle se serait attendue a un sarcasme de Monika, mais le silence était complet.
Seul un frisson lui parcourait la peau, la nudité soudaine d'un corps qu'elle ne connaissait plus, qu'elle avait peur de voir, peur de decouvrir.
Dans un reflexe de pudeur elle a mis les bras en croix sur une poitrine qu'elle trouvait bien amaigrie.
Elle ferma les yeux. Il fallait qu'elle voie... qu'elle sache...

- Demande lui...

Attia fronça les sourcils.

- Demande lui d'etre tes yeux...

Elle rouvrit les yeux pour croiser ceux de soeur Marie qui lui souriait. Elle lui rendit un regard mélancolique alors que celle ci lui ceinturait deja le bras lui arrachant un nouveau frisson.

- Ne me touche pas... s'il te plait...
- pourquoi tu lui dis pas...
- Pour pas la blesser... Elle ne me veux que du bien...


Toute a ses pensées Attia se laissa guider dans le baquet.

- Demande lui...
- Non. Je ne veux pas
- Elle t'as deja vue.
- Je ne veux pas qu'elle m'observe.
- Tu veux savoir.
- je ne veux rien savoir.
- Biensur que si tu veux savoir.
- Savoir...
- Si tu es encore belle.


La gitane se retourna vers la soeur, prete a la questionner sans doute.

- demande lui...



Elle lacha un soupir.

- Apres le bain...

Elle s'appuya donc sur le rebord et plongea une jambe dans l'eau brulante et lacha un leger gemissement, laissant son corps s'habituer a l'eau parfumée. Une minute plus tard c'est le corps qui plongeait dans l'eau bienfaitrice. Un frisson parcourut son corps pour se transformer en larme. Une larme née dans le coin d'un oeil mélancolique pour rouler sur une joue qui retrouvait les couleurs de la vie.

Et le silence...

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--Mere_superieure


[ Du devoir d'une mère supérieure...]

La mère supérieure se sentait fatiguée.
Elle avait du faire beaucoup de prières ce jour. Plusieurs malades avaient trouvé le repos éternel, et elle avait meme du faire une messe supplementaire avec le curé de l'hospice pour le repos de tous ces malheureux.
Elle avait par la suite du coordonner la mise en terre et s'assurer que tout ce qui avait de pres ou de loin touché ces malades soit brulé et purgé.
Et plus tard, faisant bon coeur, elle avait quand meme du apporter son soutien a ceux qui étaient encore en vie, et elle n'avait pas manqué d'un mot de reconfort pour chacun d'entre eux.

La mère supérieure n'avait pas diné. Elle observait un jeune symbolique comme parfois a son habitude et exhortait ses consoeurs a la prière afin de libérer leurs ames du poids e la souffrance qu'elles assistaient tous les jours.

Parfois la mère supérieure se montrait dure, mais c'était toujours pour sortir le meilleur en chacun. Elle refusait toute forme de pitié et était convaincue que la souffrance était une epreuve du malin et que les malheureux devaient montrer leur amour a dieu. Aussi refusait elle catégoriquement toute forme de soulagement superficiel et veillait a ce qu'un reglement drastique et austere soit respecté.

C'est pour cela qu'elle seule avait acces au Pigeonnier. Non il ne sagissait pas de cette batisse puante ou des volatiles en tous genre s'entassaient apres avoir livré leurs messages.
Pour la mère supérieure le pigeonnier était l'homme qu'elle avait chargé de recueillir toutes les missivres, livrée a pied d'homme ou a patte de pigeon qui concernait de pres ou de loin l'établissement.
Pourquoi l'avait elle appelé le pigeonnier? Pourquoi est ce important ?
Le pigeonnier était un homme toujours d'apparence négligée qui aux premières lueurs du jours et aux rayons rouges du soleil couchant apportait a la mère le courrier qu'elle prendrait le temps de travailler.

Oui la mère supérieure triait le courrier. Sur son bureau, sur la pile de gauche on pouvait voir le courrier administratif et le courrier indésirable. Le courrier qu'elle lisait en refrenant une grimace. Le courrier de son dioscese, de son archeveché, de la municipalité, de la prison, de la grande cour des comptes du duché... De la prevoté, et parfois la maréchaussée s'y mettait en reclamant a la mère de livrer les criminels qui avaient trouvé refuge a l'hospice...

A droite se trouvait le courrier livré pour les malades, le courrier des familles, le courrier perdu au hasard d'un pigeon et dont on ne savait pas toujours a qui il était destiné, le courrier des gens qui encourageait le travail des serviteurs de Dieu, les courriers elogieux, les courriers personnels...

La mère supérieure avait un ordre bien precis de lecture. Le matin au moment ou elle avait fini son office et regagnait son bureau pour travailler, elle se chargeait de la pile de gauche, la pile désagreable, et reglait un maximum de questions importantes.

Le soir venu en revanche, la mère supérieure prenait le temps d'eplucher le courrier personnel, lui etant ou non destiné. Et elle faisait alors une troisième pile du courrier qu'elle ne livrerait pas.
Oui il est certains courriers dont le contenu ne convenait pas aux moeurs selon la mère supérieure. Mais comme elle était honnête, elle ferait savoir a la personne destinataire qu'une pensée lui avait été envoyée d'une telle ou telle personne... car s'était son devoir a la mère supérieure d'apporter reconfort et bonheur a ses enfants.

Et puis la mère supérieure lisait. On pourrait croire qu'elle prenait plaisir a le faire, mais le plaisir étant oeuvre du malin, elle s'efforçait de lire avec detachement des mots qu'elle aurait aimé garder pour elle, qu'elle aurait aimé recevoir, avant de les livrer a qui il se doit car oui la mère supérieure connaissait tous ses pauvres malades, du moins s'efforcait elle de le croire. Il arrivait cependant qu'un veuf recoive des nouvelles d'une epouse inquiete lui annonçant la venue au monde de leur enfant ... Quand cela arrivait, la mere superieure se signait de la croix et remerciait Deos pour sa misericorde et sa capacité a faire naitre des miracles de la vie...

Ce soir la, la mère supérieure n'avait pas reçu beaucoup de courrier. le pigeonnier était passé avec une mince pile qu'elle avait soigneusement trié avant de lire.

Il n'y avait que deux lettres l'une destinée a la pile de droite, l'autre a la pile de gauche. Aussi la mère supérieure se dit elle qu'elle pouvait bien les lire avant de rejoindre la chapelle pour le dernier office du jour.

La première ne fut pas lue, le travail avait ses heures.
La seconde fut depliée d'une main fine et nervurée.



Citation:
15 aout 1458..

A l’attention particulière des responsables de l’établissement.

C’est avec un immense espoir que je vous écris. Bien que ma demande puisse vous paraitre étrange, je m’obstine et m’obstinerais encore et encore jusqu'à ce qu’enfin je trouve réponse à ma question.
Une seule question, en effet. Et j’ose espérer que malgré les nombreuses taches qui doivent vous submerger, voir vous noyer, vous daignerez me répondre. Je devine que vous n’avez peut-être pas le temps ni même le loisir de connaitre le nom de tous les pauvres gens que vous prenez sous votre aile bienfaisante. Mais dans votre grande mansuétude, dont vous ne pouvez pas manquer de posséder en quantité importante, vous allez j’en suis sure trouver moyen pour vous renseigner et me répondre avec certitude.
J’en viens au fait...
Il y a quelques temps...Un mois environ vous avez peut-être accueilli dans votre établissement une jeune femme. Brune, blessée. Grièvement blessée par une armée déchainée et surement jetée comme une malpropre dans une des geôles malfaisantes qui ont fait la part belle à votre duché…
Elle se prénomme Attia. Une amie précieuse. Depuis sa disparition, je la cherche. En vain.
J’envoie là ma dernière missive avec la même ténacité que les premières et guetterait comme pour toutes les autres avec le même espoir.
A bientôt donc de lire votre réponse.

Dona Cerdanne.


La mère supérieure lâcha un soupir... Ces lettres elle en recevait a la pelle. Bien des fois elle se trouvait obligée de répondre par la négative, soit parce que bien des malades ne livraient pas leurs noms, et que bien d'entre eux arrivaient la pour mieux mourir...
Mais il était tard et la mère supérieure devait encore prier avant de dormir. Et puis le lendemain elle pourrait bien demander a ses consœurs, car il ne faut pas croire que la mère supérieure faisait tout toute seule...
Elle ne présidait qu'a un tout...
Elle nota le nom de la malade recherchée, et celle de celle qui cherchait. Demain elle questionnerait.

La mère supérieure attrapa le chandelier, et quitta le bureau austère.
--_soeur_marie



Le bain … Les bienfaits de l’eau chaude qui réconcilie avec soi même….

Sœur Marie respectait le silence de la jeune femme.
Son regard avait frôlé les boursouflures, les sillons à peine cicatrisées.
De manière objective, elle contemplait ce corps amaigri et imaginait sans peine la belle femme qu’elle devait être avant.
Avant quoi au juste…
La soldatesque qui veillait si bien sur eux, protégeant leur sommeil et leur tranquillité d’habitants, se pourrait il que ce soit la même qui avait battu cette femme.

Le regard clair de la novice se voila et elle laissa échapper malgré elle un soupir en voyant la jeune blessée se prélasser dans le baquet fumant.
S’insinuait en elle des doutes, des interrogations qui fatalement allaient déboucher sur des indignations, des révoltes.
Absolument incompatibles avec son désir de future servante de Dieu. Comme à son habitude maintenant, elle repoussa dans un arrière coin de sa mémoire ses réflexions.
La prière silencieuse dans sa cellule lui permettrait surement d’affronter sereinement tout ce fatras d’idées sombres et d’accorder le pardon à tous. Quelque soit leur faute.

Elle reporta son attention sur le bain de sa protégée.
Celle-ci gardait les yeux fermés et la jeune novice esquissa un sourire attendri.
Est-ce le fait de voir affleurer la tête ronde comme flottant sur l’eau, les cheveux coupés court pour soigner les blessures qui lui donnait un aspect de jeune homme...
En tout cas son sourire allait grandissant.
Mais à y regarder de plus près, Lise-Marie aperçut une perle d’eau plus ronde qui s’échappait du regard de la brune…
Le front plissé, elle se contenta de secouer la tête d’un air malheureux.

Tranquillement, sans troubler un instant le doux silence ouaté qui les entouraient, elle s’avança vers Attia .
Partagée entre parler et laisser la jeune femme se reposer dans le bain parfumé, elle resta un long moment devant le baquet fumant.
Silhouette nerveuse, mourant d’envie de bousculer la vie qu’elle sentait renaitre dans les veines de la brune. La jeunesse, l’impétuosité de Lise eurent vite fait de balayer ses résolutions.


Cà fait du bien hein! Et vous allez voir, vous allez avoir faim…
Rien de tel qu’un bain pour vous mettre en appétit.


Le visage de la sœur souriait et un éclat brillant traversa ses yeux.

En fait …la voix se fit murmure et elle chuchota tout contre la baigneuse... un bon pain chaud et craquant…à la croute dorée, moelleux a souhait…
Notre famille est dans la boulange.
Demain, je tacherais de me rendre à la boutique.
Papa ne refuse jamais de me donner un morceau tout chaud de la dernière cuisson…
Ce serait bien le diable si nous n’arrivons pas à vous remplumer un peu…Vous en avez sacrement besoin…


Sombre idiote, bavarde imbécile
Elle se serait flagellée si elle avait pu penser que ces pratiques avaient le pouvoir de corriger ses travers et défauts…mais peu s’en faut.
Si elle croyait en dieu, elle ne croyait ni ne portait caution à ces rites malsains.

Sœur Marie n’osait plus bouger, le front rouge d’avoir manqué à ce point de tact, attendant le regard noir…
Attia.
[ Don't want to lock me up inside... ]

L'eau... Sentir l'eau sur sa peau fremissante était un plaisir absolu. Elle a fermé les yeux la gitane, s'est laissée lentement submerger, reglant sa respiration pour ne pas froisser l'onde, comme pour se fondre dans le liquide parfumé et bienfaiteur.
Et ce silence...

Elle aurait pu y glisser, s'y perdre, et mourir a cet instant aurait été mourir de plaisir. Elle se refermait sur elle meme, flottant sur l'ocean de sa pensée, de son esprit malade, fatigué et elle aurait pu partir s'envoler...


Cà fait du bien hein! Et vous allez voir, vous allez avoir faim…
Rien de tel qu’un bain pour vous mettre en appétit.


Imperceptiblement les paupières se sont froissées et les sourcils se sont froncés avant que les yeux ne s'ouvrent sur le regard bienveillant et le magnifique sourire. Comment resister a tant de bonté... La gitane sentit en elle comme un eclat de bonheur, et abandonna un mince sourire. Pas suffisant hélas pour briser le silence... Le silence c'est tellement apaisant, tellement rassurant quand on sait que nuit comme jour la voix de monika s'eleve , seche, moqueuse... le silence permet de masquer les blessures, evite de parler... Le silence se lit... se dechiffre.... Mais par qui ?

Peut etre n'arrivait elle pas a le dechiffrer le silence, mais la soeur s'acharnait a le briser. Sans doute sentait elle qu'il était tout aussi malsain que la voix qui pouvait le briser...
Attia regarda la soeur qui la regardait en retour. Elle était belle. Un joli brin de fille, peau diaphane et lumineuse, un sourire charmeur, un regard taquin... Elle aurait pu etre tellement de choses... Mais elle avait choisi la grace.

Une crampe accompagnée d'un petit roucoulement stomacal souligna l'interet que portait a present la gitane a l'evocation des belles miches dorées... Elle les connaissait ses miches, elle avait été elle meme boulangère a une epoque... Une boulangère ayant un penchant pour la brioche... Elle pouvait deja en sentir l'odeur. Elle aurait pu en sourire.
Elle aurait pu.

D'un coup d'un seul le visage s'est fermé. La soeur qui venait tout juste de la faire s'évader, lui crachait la vérité en face. Son état lui inspirait peut etre de la pitié.


- demande lui.

-Non...Je veux pas savoir...


Plaintive, presque larmoyante et a nouveau les bras aux poignets meurtris, les liens sans doute, font se refermer des mains tremblantes sur les oreilles. Elle baisse la tete la gitane, ne regarde plus la soeur, lutte seule.

- demande!


Et de secouer la tete. Et les mains bouchent toujours les oreilles, mais il ya quelque chose d'etrange, quelque chose qui manque, quelque chose... Et les doigts parcourent le cou, rejoignent la nuque. Meme la chevelure epaise et bouclée n'avait pas survécu.

Un instant elle a arrêté de bouger.


[Wonder what's wrong with me...]


D'une lenteur calculée le corps s'est extirpé de l'eau. telle une ondine noire, le regard bas, froid, indifferent. les yeux croisent ceux de la soeur.

Maintenant tu vas me regarder.

- Regardez moi.

Elle ne demande pas, elle n'ordonne pas, elle veut. Puisque les enfants de Dieu ne mentent pas.



- Dites moi.


Le corps est offert a la vue.Elle sait, dans le mince reflet que lui renvoie l'eau, elle sait qu'elle n'est plus la meme. La colère la gagne, le regard se fait noir, perçant.

- Elle n'est pas responsable.
- Je sais. Je veux qu'elle parle.


Des perles d'eau glissent sur la peau, elle frissone legerement.

- Ce que vous voyez.

Le ton a semblé se radoucir contrastant avec un regard dur, un regard de braise, une flamme bleue et non pas rouge.
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