Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[rp] Ils seront bientot là... nos...

Chlodwig_von_frayner
Les lieues défilaient le à travers les fenêtres du coche… le lieues et les lieux… les paysages et les villages… Chacun d’entre eux était sans nuls doutes uniques, magnifique, prompt à marquer les pupilles ou encore beau à rester ainsi scotché, que dis je, baba devant lesdites fenêtres… seulement dedans ce coche se déroulait une toute autre scène que celle présagée. Les deux nouveaux (plus tellement maintenant) époux étaient ci devant en grande discussion… Car que voulez vous, Chlodwig Von Frayner, vassal de la Lorraine de son état, tentait d’expliquer à sa femme ce à quoi pouvait ressembler le duché, et plus largement l’empire. Il comptait la trainer (plus que l’emmener) à la cérémonie d’hommage afin de lui montrer les coutumes impériales, et surtout de lui présenter sa famille.

Et ce n’était pas simple pour Chlo qui lui-même était assez confus. Les clans avaient changé, bien que les personnes soient restées les mêmes. Le sien n’était plus là en fait, ou plutôt en sommeil. Il manquait un vieux patriarche qui dormait retiré dans sa montagne avec ses chevaliers (toute ressemblance avec Frederic Barberousse ou Frederic II serait purement fortuite) et qui de temps en temps, lorsqu’il se retournerait dans un mouvement d’humeur, ébranlerait le duché pour mieux le duché.


Bon… maintenant qu’on a de longues heures et de longs jours devant nous je vais pouvoir t’expliquer ce à quoi tu dois t’attendre. Vu comment ils ont accueillit la femme de Guise… je pense qu tu peux t’attendre à un accueil très froid. C’est normal, ne t’en fait pas. En fait, il faudrait que tu t’y prépares un peu, mais comme la plupart ne sont que des gueux couronnés ça ne devrait pas beaucoup te toucher. Après je ne te donne aucun ordre particulier… je crois qu’il vaut mieux que tu te fasses ta propre idée…


Il réfléchit un instant.

Quand nous arriverons là bas, je m’occuperais de préparer la cérémonie… je te laisserais faire connaissance avec la nouvelle duchesse, ma sœur… puis je te présenterais quelques personnes… et quand tout sera finit, nous irons visiter mes… nos terres avant de rencontrer ma famille en entier... enfin ceux qui seront là.

Il se tourna à nouveau vers elle avec un léger sourire… pour une fois il était calme et serein… ce qui n’allait pas durer et allait surement changer au fur et à mesure qu’il se rapprocherait de ce duché tant aimé et tant haïs. Mais pour le moment… la bonne humeur l’emportait.

As-tu des questions ?

Parler de son duché faisait ressortir tant de souvenirs, heureux comme malheureux, suffisamment pour que le sourire léger présent au coin de ses lèvres s'accentue un peu plus. On avait toujours du mal à quitter ce pourquoi on avait tant sacrifié... et Guise seul savait à quel point il avait sacrifié, ce qu'il avait refusé pour ce... duché.
_________________
Elianor_de_vergy
Les lieues défilaient à travers les fenêtres du coche.... Et la poupée n'y prêtait aucune attention. Elle aurait eu pourtant matière à s'étonner devant ces paysages si différents de sa Guyenne. Mais non, elle était bien trop nerveuse pour se soucier d'admirer la vue.

Nerveuse? Oui, oui. D'abord à cause du dérangement que ce voyage causait à ses projets. Elle qui s'était donné de la peine pour organiser un "charmant" accueil guyennois à son époux, voilà que la lubie soudaine de celui-ci de l'emmener en Lorraine repoussait l'exécution de son plan aux calendes grecques. Car bien sûr, pas moyen de se soustraire aux desideratas du seigneur et maître. La quintefeuille était assez remontée contre son époux pour lui concocter une embûche anonyme, mais pas (encore?) téméraire au point de s'opposer ouvertement à lui. Elle l'avait donc rejoint à Paris en pestant intérieurement avant de prendre en sa compagnie la route de l'Empire.

Seconde cause de nervosité d'ailleurs, le voyage. Car l'Empire, ca n'était pas la porte à côté. Se rendre en Lorraine, cela signifiait passer des jours et des nuits l'un avec l'autre. Des jours enfermés dans l'étouffante proximité d'un coche de voyage, et des nuits dans la promiscuité des auberges où il lui faudrait _ cerise pourrie sur un gâteau empoisonné _ se soumettre au répugnant devoir conjugal.

Et tout ça pour aller se frotter à une noblesse lorraine inconnue et une belle-famille hostile. On comprend décidément mieux le manque d'enthousiasme de Boucles d'Or.

Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, elle tentait pour l'heure de mémoriser les informations dont son époux avait entrepris de l'abreuver. Confortablement adossée à un épais coussin, picorant de temps à autre une sucrerie chipée dans un drageoir, généreusement empli en vue de la longueur de l'étape du jour, elle écoutait de toutes ses oreilles les propos de Chlodwig. Notant au passage le calme et le sourire, aussi inhabituels l'un que l'autre. Cette journée-ci ne serait peut-être pas trop mauvaise finalement...

Pleine de bonne volonté, elle ponctuait le discours de son époux de quelques discrets mouvements de têtes soulignant son intérêt.


Ainsi, je dois m'attendre à un accueil polaire? Ma foi, me voici prévenue, je n'en serais donc point surprise. Mais, la noblesse locale est-elle donc si hostile? N'y comptez-vous aucun ami ou allié? Elle doit bien être, comme toute noblesse, déchirée en divers clans?
_________________
Chlodwig_von_frayner
Il piqua machinalement une des sucreries du drageoir de sa chère et tendre aimée (pour qui son cœur battait la chamade cela va de soit) et le porta à ses lèvres d’un air légèrement absent alors qu’il se remémorait les vidages des nobles (un bien grand mot) lorrains un léger sourire au coin des lèvres. Quoi lui répondre en fait ? Lui dire qu’il ne savait pas comment les choses avaient évoluées ? Il avait du respect pour certains, oui c’était sur. Mais comment avaient ils changé en tant de temps. Autrefois les gens se ralliaient à lui parce qu’il parlait le plus fort, de la façon la plus cinglante, comme ils s’étaient ralliés à guise autrefois. Mais aujourd’hui ? Avait il encore un peu d’écoute ou d’aura ? Il ne le savait même pas. Il se plaisait à croire que les choses étaient restées les mêmes, mais divers duchesses s’étaient succédées sur le trone. Il avait d’ailleurs appris que le projet impérial avait été ratifié… encore une belle stupidité à laquelle il tâcherait de remédier.

Par quoi commencer en fait et à vrai dire ? Par qui surtout ? Et comment lui faire comprendre l’imbroglio et le bazar monstre dans lequel il menaçait de l’emmener ? Pire… comment lui dire que la froideur risquait fort de se transformer en coup de sang dont lui seul avait le secret ? Autant aller à l’essentiel alors… Il fit jouer un instant l’anneau d’or aux armes de la connétablie impériale dérobée au défunt HCI.


Hostile je ne dirais pas ça de prime abord… disons que beaucoup me détestent, oui la façon dont nous avons pris le château il y a un an, ou encore la façon dont nous avons traité la plupart de ces gens là, tout cela associé à la mystique et aux craintes de l’imaginaire collectif sur les Von Frayner font qu’il y aura une réelle hostilité, plus ou moins manifeste. Surtout que le lorrain déteste au plus haut point les étrangers, ça leur a d’ailleurs fait louper bien des choses cette méfiance.

Mais… disons qu’ils ont voté il y a un mois ou deux un texte qui ne me va pas du tout et contre lequel je possède malheureusement de nombreux arguments… et… ce texte va tellement à l’encontre de mes principes que je risque de ne pas savoir garder mon calme longtemps, toute cérémonie de ma sœur que se soit… ne t’étonne donc pas. La plupart de ces gens là ne méritent de toute façon rien de plus que des insultes et des quolibets tant leurs capacités intellectuelles se résume à aller là où le vent les porte chercher titres et récompenses. Si on les écoutait on ferait une grande tombola annuelle pour distribuer les baronnies… bon j’exagère mais on n’en est pas loin.

Il tâcha de calmer un peu ses émotions, car penser à ce qu’ils avaient osé faire le mettait systématiquement de mauvais poil. Il les écraserait tous… ça prendrait le temps qu’il faudrait mais les trois duchés tomberaient un jour sous ses coups. Uns à uns… Il la regarda à nouveau, toujours souriant.

Mais par contre il y en a quelques uns qui ont sut mérité mon respect, encore heureux… mais ils ne sont pas nombreux… enfin je te les présenteraient, n’ai crainte. Les clans là bas évoluent, je ne sais pas trop en quel état ils sont… pas trop désagrégés j’espère… je ne sais pas du tout si il me reste un peu d’emprise sur quoi que se soit… mais j’ai toujours une certaine autorité de par les dernières fonctions qui m’y rattachent… et que je compte bientôt lâcher tant ce duché me répugne de plus en plus… Mais pour le moment… elles peuvent me permettre de bien les embêter… surtout que les inimitiés sont énormes…

Il eut un grand sourire à nouveau, mais carnassier cette fois… il la regarda au plus profond de ses yeux, une étrange lueur brillant dans les siens… il avait soif… de sang… encore… la douce folie de la bataille et des affrontements le reprenait… et les souvenirs lointains et enfouis d’une époque révolue lui revint en mémoire…
_________________
Elianor_de_vergy
La gourmande fronça les sourcils devant la maritale intrusion dans son drageoir. Le mariage, j'vous jure.... Passe encore de partager ses titres mais devoir en sus se faire piller ses friandises de gueule!

Passant sur cette légère contrariété _ encore qu'elle s'empressa d'écarter doucement le drageoir _ la duqueseta écouta les développements de son époux. Et au fur et à mesure que celui-ci poursuivait son propos, une moue rieuse se peignit sur ses traits.


Je vois.... Donc, vous allez me présenter à une assemblée de pécores mal décrassés de leur roture qui s'imaginent qu'une couronne posée par hasard sur leur tête suffit à les hisser à notre niveau, et qui vont me détester d'emblée parce que je suis une étrangère, l'épouse d'un Von Frayner, et qu'en prime vous allez leur servir un sermon à votre manière car ils ont voté un texte idiot. C'est bien ça?

Elle marqua une courte pause et reprit, franchement amusée.

Aurais-je pu rêver plus délicieux voyage de noces?

Elle lui rendit son sourire, remarquant au passage la lueur.... cruelle... qui animait le regard de son époux. Mais cette fois, elle ne s'en inquiéta pas, sachant qu'elle n'en était pas la cible. La noblesse lorraine, sans même la connaître, lui rendait un fier service: elle détournait d'elle les instincts carnassiers de son époux.

Le silence retomba dans le coche tandis que les dernières lieues se succédaient et qu'ils atteignaient l'auberge réservée pour l'étape de la nuit. Perspective qui assombrit quelque peu la poupée. Les nuits conjugales étaient un exercice qu'elle ne goûtait guère.



Avis à ceux qui se sentiraient l'âme d'un aubergiste, d'un voyageur, d'un pèlerin, d'un mendiant, d'un brigand ou que sais-je encore: les participations sur ce topic seront les bienvenues !

_________________
Chlodwig_von_frayner
Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants… ils se firent plein de bisous et l’histoire s’arrêta là… Entre nous, il pensait encore à la noblesse lorraine, un sourire carnassier au coin des lèvres tant ces futurs échanges promettaient d’être sanglants et musclés. Il adorait les affrontements, comme il adorait les gagner. Quel serait le résultat cette fois ? Mieux valait ne pas y penser, ne pas trop le passer en boucle dans sa tête… on verrait le moment venu. Pour le moment, les lieues s’avalaient au compte goutte dans le silence désormais quasi religieux du coche, à peine troublé par des bruits de mastication de dragées. Mais il se laissait à peine troubler… tout occuper qu’il était à penser au reste… à l’administration de ses terres dont il faudrait vérifier la rigueur… à sa sœur qu’il faudrait voir… à son cousin aussi… la Lorraine le laisserait elle un jour en paix ? Il y aspirait mais en doutait pourtant. Une légère pointe de regret passa sur son cœur sans qu’il ne puisse en identifier l’objet… en même temps qu’un léger soupire lui échappait. Il devait s’en débarrasser… définitivement… et laisser ce duché en paix avec ses fantômes. Un autre l’attendait…

Il s’aperçut soudain qu’ils étaient arrivés, que le coche était arrêté, stoppé près d’un bâtiment le long de la route qui ne payait guère de mine. Le jeune duc eut une mine un brin dégoutté en lorgnant sur le lieu où ils allaient vraisemblablement dormir. Où était le vaste de leurs vastes domaines alençonnais ? Où était le confort du château de l’Aigle qu’il avait fait aménager avec le plus grand soin et le meilleur gout ? Enfin… on s’en contenterait, et puis il ne fallait pas non plus faire la triste mine, on avait vu bien pire. Il donna rapidement l’ordre à l’intendant qui les accompagnait au dehors d’aller régler les menus détails relatif à leur nuit dans cet endroit. Il n’avait aucune envie de se coltiner l’administratif…


Eh bien, ma chère épouse, il semble que nous allons dormir un peu moins bien que la nuit dernière. Vu les bruits qu’on entend, le rez de chaussé doit être rempli de va nu pieds et de gueux… J’ose espérer que je me trompe, car si tel est le cas nous aurions enfin un peu de compagnie qui en vaut la peine.

Il s’étira, la mine toujours aussi renfrognée et se releva pour ceindre son épée, juste histoire de se donner un peu plus de prestance, rappeler son rang de noble… et aussi par simple habitude… Puis il passa son long mantel de zibeline par-dessus ses épaules qu’il attacha grâce à sa broche en or aux armes des Von Frayner… avant d’enfiler ses éternels gants de cuir noirs brodés de fil d’or. La poigne se referma sur le bord de la fenêtre en un léger chuintement, sitôt suivi par une porte qui s’ouvre, le message étant, ô miracle, convenablement passé. Sans jeter un seul regard aux alentours tant cette auberge lui donnait la nausée, il descendit du coche. Heureusement qu’on était en été… il n’aurait pas supporté un instant de plus l’hiver lorrain…Il rajusta son long mantel… d’ordinaire quand on était galant, poli ou juste sympa, on donnait son bras à la femme qui nous accompagnait pour l’aider à descendre. Le Chlo ne lui accorda même pas un regard et avança en direction de l’auberge.

Le capitaine de sa garde ouvrit la porte devant lui, lui permettant d’entrer dans la bâtisse. Un pas, puis deux à l’intérieur alors que lui sautaient au visage, pelle mel (comprenne le jeu de mot qui pourra), les bruits, la chaleur étouffante… après le long voyage et le début de migraine qu’il commençait à éprouver, il se sentit… irritable… Un bref coup d’œil à l’intendant l’informa que celui-ci n’avait pas encore réglé tout ce qu’il aurait fallut… Tout était il contre lui ce soir ?

_________________
Lili.
Quand une plaie grogne ça donne quoi ?

Le derche en feu, les guiboles anesthésiées, le corps ankylosé. Et tout cela pourquoi, hein ? Bah l’orchidée n’en avait aucune idée. La seule chose qu’elle savait en outre c’té qu’elle détestait monter à cheval, et encore si elle avait eu une vrai monture cela passerait peut être mais non, son "maitre", l’avait affublé d’un poney. Et encore si c’n’était que cela, elle aurait pu se dire qu’il la mettait à l’épreuve mais là, là, il se raillait d’elle ouvertement ! Un poney roux ! Un poney roux comme monture, on ne pouvait pas faire pire dans le genre.
Déguenillée, ressemblant à tout sauf à une petite fille. Page qu’elle était devenue passe qu’elle voulait devenir mercenaire, page pour faire comme Luthi. Elle sentait mauvais, ses vêtements la transpiration et lui, il était où ? Dans la voiture à se vautrer. Parait qu’elle n’avait pas le droit d’être dedans passe qu’elle était page. C’té marqué où dans son contrat qu’elle n’avait pas le droit de monter ? Des jours à trainer ce boulet de maitre qui l’avait acheté en lui offrant une aiguille. Quelle sotte elle avait été de se laisser ainsi corrompre. Mais elle la voulait tellement cette épée bâtarde qu’elle aurait accepté n’importe quoi, enfin tout est relatif, y’a des limites à l’acceptable.

Pestant contre lui, contre le monde trop pinjuste, Lili suivait le carrosse nuptial. L’orchidée aurait pu flétrir de subir un tel traitement, mais au contraire, cela rendait son envie plus puissante. Personne pas même Chli ne pourrait corrompre ses ambitions et si elle devait en passer par là, fusse-telle obligé de garder ce boudin sur patte alors elle garderait la tête haute. Oui, euh, en théorie. Pour l’heure, elle ne savait où elle se trouvait, et même si parfois elle tournait la tête à la recherche d’un repère, d’une route ou un chemin à prendre pour le laisser. Le planter là pour y faire les pieds, il était en outre hors de question qu’elle rentrât près de sa marraine. La panthère en plus de la châtier se gausserait d’elle. Redressant le dos pour que la douleur irradie moins ses os ou ses entrailles, enfin, quelque chose qu’elle pouvait sentir encore. Et puis elle et son sens de l’orientation, l’aurait tôt fait de la mener on ne sait où, chez on ne sait qui, et peut être même loin du royaume si le chemin avait été en ligne droite, parait que c’était dans les gênes, que sa mère elle-même n’était pas dotée de ce sens-là.

Alléluia. Félicité. Le sans nom soit loué, ou le très haut, p’têt les deux finalement. Une auberge se dessinait face à elle. Une envie irréfragable de talonner son éta…la boule de poil carotte. Dépitée, sa tête dodelina, suivie d’un soupir à fendre le mur du son. Le fléau se contenta de suivre jusqu’à l’arrêt total du coche. Reus’ ment pour elle, les hommes de la garde personnelle du Duc Chli ne la houspillait pas tant que ça, se contentant parfois de se moquer de sa monture ou de sa taille ou de son air féroce et buté lorsqu’on lui cherchait des noises, pour ne pas dire que souvent, c’té elle qui les provoquait.
Et lorsqu’elle le vit descendre seul, qu’elle eut envie de l’apostrophait comme à son habitude avec arrogance, elle se rappela qu’ils avaient fait voyage avec l’épouse, qu’elle n’avait encore aperçue au demeurant. Prête à l’aider à sortir de la voiture, d’être prompte à sauter de…du siège à bascule avant de s’apercevoir qu’elle était complètement paralysée, engourdie. La moindre esquisse d’un geste, le plus petit battement de cil et elle tomberait telle une bouse sur le sol, les jambes encore arqués du périple.
Où dormirait-elle ? Avec les chevaux ? Dans la grange ? Dehors avec les hommes ? Elle se mettait à rêver d’un bon bain fumant sentant bon les herbes fraiches, un lit douillé où se pelotonner pour appréhender la nuit et une bonne soupe bien épaisse avec un morceau de pain fumant. Qu’elle le haïssait, pire que tatie marraine, quoique non, elle avait réussi à faire pire, mais à l’époque y’avait tonton Gab. Et si elle utilisait une pièce d’argent qu’elle avait glissée dans son bas pour se payer tout ça et même plus. Juste ce soir, et après, elle vivrait à la dure.

Soupir déclenchant à des lieues de là un éboulement de neige en Savoie, créant un tsunami de neige la rasant dans sa totalité.
L’orchidée s’étira dans un long feulement plaintif, faisant cracher de fureur chaque articulation jusque-là inconnue de la gamine.

_________________
Elianor_de_vergy
Et voilà, il était à nouveau de mauvaise humeur. Et on osait prétendre que c'étaient les femmes qui étaient inconstantes! Tu parles! Au petit jeu de la versatilité d'humeur, son époux était champion toutes catégories!

La poupée le regarda descendre sans se soucier d'elle puis réprima un soupir en examinant d'un oeil critique la porte du coche. Entre le volume de ses jupes et sa jambe boiteuse, il y avait fort à parier qu'elle allait se ramasser en essayant de sortir... A moins qu'elle n'élimine l'un des deux handicaps susnommés. Et comme elle ne pouvait évidemment pas se débarrasser de sa boiterie, il ne lui restait plus qu'à trousser sa robe et dévoiler ses jambes pour pouvoir s'extirper de cette cage. Mieux valait un brin d'exhibition que l'humiliation de choir dans la boue n'est-ce pas? De toute façon, il n'y avait personne pour reluquer les ducales gambettes, si ce n'est la garde. Et des gardes ou rien, pour une duchesse, c'était à peu près la même chose de toute façon: négligeable.

Enfin sortie, Boucles d'or laissa retomber dignement ses robes et examina l'auberge. Grimace. C'est qu'elle aime son confort, la double duchesse de poche, et que l'endroit en paraît tout à fait dépourvu. Ah ça, elle ne risque pas de vanter les joies des voyages! Celui-là, à peine entamé, commence déjà très sérieusement à lui porter sur les nerfs!

Elle claudiqua pour rejoindre son mari à l'entrée de la bâtisse et constata que l'aubergiste était encore en pleine discussion avec leur intendant. La chambre et le repos n'étaient pas pour tout de suite... Balayant la salle du regard, elle glissa à son époux à mi-voix.


Il me semble que nous allons devoir nous accommoder de cette salle le temps qu'une chambre soit apprêtée... Oh, à ce propos, vous me prêterez bien votre page pour la soirée n'est-ce pas? J'ai besoin d'une chambrière...

Petit regard distrait vers l'extérieur où la page en question, à laquelle elle n'avait évidemment pas songé à demander son avis.Pas comme si la mioche avait le choix de toute façon.
_________________
Maeve
Le paysage passe, morne et froid. On a beau être en été, c'est gadouilleux tout ça.
Et puis je m'ennuie. Et ça, c'est quelque chose que je déteste au plus haut point ! Quelle idée, d'habiter si loin... Ah, si les nobles pouvaient tous venir chez nous, en Bretagne, ce serait bien plus simple. Non mais c'est vrai, quoi ! Cauvisson, c'est quand même pas la porte à côté.
Alors oui, ça fait déjà plusieurs jours qu'on roule, et Nantes est encore bien loin. Si seulement Princesse était là ; oui, on aurait pu parfaire mon apprentissage ! Point d'ennui, avec elle. Eoghan aussi aurait pu me raccompagner ; Anelha, sinon, enfin n'importe qui ! Pourvu que je ne sois pas seule. Mais je le suis. Le pauvre Beilhal devant tenir les rênes, je suis seule à mourir, dans ce petit carosse frappé des armoiries de Bubry mêlées à celles de Vannes.
Ah, Vannes. Quand que je reviendrai, je ne pourrai plus observer son si beau château que de l'extérieur... Pourquoi Père l'a-t-il abandonné ? Mystère. Pourvu qu'ils n'aient pas laissé là-bas mes bijoux et mes vêtements.
Et je déprime, encore et encore. Plus de château. Bientôt, plus d'argent, plus rien ? Misère ! Un prince doit venir m'en sortir... Aimbaud. Ce serait l'idéal. Peste soit de ma tante.

Le coche s'arrête, rompant le fil de mes pensées. Je jette un oeil par la fenêtre, et fait une grimace.


Je sais que les finances sont pas au beau fixe, mais y a des limites, Beilhal.
- Mademoiselle n'est pas fatiguée ? Je pensais qu'il était temps de s'arrêter.


Ne comprenant pas le message de mon garde éreinté, je lui ordonnai de continuer la route. Non, vraiment, ce bâtiment est miteux ; il ne doit recevoir que brigands, rustres et... Oh ! Un coche. STOP !

Je plisse les yeux. Armoiries inconnues... Mais ça pète. Sûrement un nobliot en déclin ; lui aussi doit faire des économies.
Mon regard cherche à apercevoir les propriétaires de la voiture... Mais ils doivent déjà être rentrés. Tant pis. J'ouvre la bouche pour sommer Beilhal de repartir, quand la vision d'une chose fabuleuse me coupe le souffle.

C'est étrange, fou, merveilleux, gigantesque et riquiqui, élégant et... Il me le faut.


On dort ici ! Ouvre,vite !

Rapide, comme à l'ordinaire, Beilhal exécute mes ordres. Il m'ouvre, m'aide à descendre, me fait éviter une grosse flaque - mes yeux sont fixés sur la merveille en face de moi. Je plisse ma robe rapidement et me dirige droit vers la pauvresse, perchée sur l'objet de mon attention.

Combien, pour le poney ?

ROUX ! Elle a un poney roux ! Bon, il est d'une couleur moins flamboyante que celle de mes cheveux, mais après tout... Après un bon lavage, il devrait être magnifique. Un peu boudiné, d'accord ; mais sa couleur rattrape tout. J'en ai jamais vu, en Bretagne... C'est l'occcasion ou jamais.
Je tripotte la bourse prise dans mon coche, tandis que Beilhal part prendre une chambre. Alors ?
Chlodwig_von_frayner
Et voilà c’était gagné… la contrariété et le bruit de la salle avait fait naître au creux de son crâne, une douleur aigue qui lui martelait à présent les tempes. Il serra les dents, plissant le front comme pour essayer de faire passer cet instant pénible… mais rien n’y faisait, il avait toujours aussi mal. Il savait par expérience que peu de choses pourrait en venir à bout. Si, sa fiole d’opium, mais elle n’était pas là. Il avait cru que les accalmies dans ses migraines, devenues sporadiques, dureraient pendant encore longtemps. Mais non, son crâne semblait avoir à coeur de lui faire rattraper le retard accumulé durant plusieurs mois. Et ses tempes qui ne cessaient de l’élancer… Il jeta un regard désespéré dans la salle, cherchant du coin de l’œil une table, une chaise, un endroit où se poser quoi. A peine celui-ci fut il trouvé qu’il se laissa quasi tomber sur le premier fauteuil qu’il trouva.

Oui, oui prend la, ça lui fera les pieds. Mais je te préviens elle doit être nulle. D’ailleurs je me demande si à part jacter elle sait faire quelque chose de ses dix doigts. J’aurais jamais du la prendre… mais j’sais pas, elle avait un air… vaguement familier.. ‘Fin bref, prend la si tu veux. Mais va me prendre quelque chose à boire… on va pas rester ici à regarder les coléoptères voler.

Pourquoi des coléoptères ? Ben parce qu’à un moment donné, il avait sérieusement envie d’autre chose que de voir des mouches… alors des coléoptères, on n’était plus à ça près. En plus… il ne lui avait pas dit, mais la lili, elle devait être toute dégueu, toute plein de poussière… Vous m’direz, l’avait été bien moins regardant sur la marchandise dans sa jeunesse… fut un temps… mais tout de même, c’était pas un cadeau qu’il lui faisait… Et pour une fois pas intentionnel. Une seule chose comptait pour lui… faire passer ce fichu mal de crâne, qu’il ne devienne qu’il souvenir lointain… Et soudain, tout aussi brusquement qu’il était arrivé, il partit…

Il leva les yeux, un peu hébété, ne sachant trop si les quelques moments de pure extase qu’il s’offrait actuellement dureraient ou non plus d’une poignée des maigres secondes ou si ses espoirs, ses cris ou ses prières seraient réduits sous peu en poussière. Enfin ça avait l’air de durer. Il se détendit un peu plus;, son regard balayant à nouveau la pièce (oui il devait en avoir le tournis à force). Il se prit à espérer que ça le suivrait jusqu’en lorraine… là bas il avait de quoi se faire une cure de soins « made in chlo » (en gros se shooter à l’opium). Sinon… eh bien il passerait un très mauvais voyage… il serait très frustré et se sentirait le besoin de se défouler sur la chose la plus proche. Au hasard… son épouse ? Je vous entend déjà crier ! Non ! Pas encore elle ! La pauvre gamine ! Mais… pauvres mortels… elle est là pour ça ! Enfin pas que, mais presque. Quel magnifique statut que celui de souffre douleur, il fallait aimer. Lui l’aimait bien, enfin il aimait surtout l’attribuer à d’autres. Lorsqu’ils seraient en Lorraine, elle serait tranquille à ce niveau là. Aussi tranquille qu'une tringle...

Indifférent à la vente qui se tramait dans son dos (pensez donc, son si magnifique poney…) il se prit à s demander si ils allaient finalement dormir ici… L’intendant semblait toujours en pleine discussion, et vu la teneur des échanges, les négociations se passaient mal. Eh ben on était pas rendu… Ne penser à rien… Ne penser à rien… sinon il allait s’énerver c’était sur. Il laissa échapper un soupire las et se tourna à nouveau vers sa femme.


Les bouseux du coin offerts sur un plateau… la soirée va être longue je le sens. Mais dans un sens, je crois que je les préfère aux lorrains. Eux au moins ils ne me parlent pas.
_________________
--Luisa.maria



Des portes claquent, un grommellement raisonne, s’amplifie, devenant peu à peu un grognement plaintif comme si le son en lui-même devait pénétrer la salle commune. C’est d’ailleurs ce qu’il fait en devenant un cri lorsqu'apparait une forme aussi grasse que disgracieuse. Que le regard noir lorgne du côté de l’aubergiste, allant jusqu’à le fusiller sur place. Mais lui, habitué ne se perturbe pas, finit son affaire sans sourciller. La furie peut bien le récriminer quelle affaire ? Furieuse, vraiment à l’instant, elle ne se soucie guère qu’il y ait des clients, eux aussi ont l’habitude de voir débarquer la matrone. Luisa Maria de son nom, Aragonaise au tempérament de feu, au coffre généreux mais à la face bien laide. En plus d’être une mégère à la langue pendue, elle est d’une jalousie sans borne. Combien de scène mélodramatique, combien de menaces de mort, de comédie burlesque ce sont jouées ici même ? L’attraction même de l’auberge dans un endroit aussi reculé.
La comédie commence à l’instant même où Luisa ouvre la bouche, que sa langue forme des lettres, massacrant la langue de Molière (je le concède, il n’est point encore né, alors imaginez donc ou plutôt, écoutez.)


_ Hijo de @# ★ !!! Tù mié ssone côme si yété ton esslafe ? Tù piensse qué y’é souis ta selfante ? Yù qual est ta @# ★ ??? El qué tù appiel selfose ? Todavía en la ñapa !*_

Elle crache sur le sol en signe de dédain, l’écrase sans qu’elle ne cille. Son époux connait sa jalousie et s’en accommode, se tait lorsqu’elle part dans ses délires car sitôt arrivée, elle repart non sans un fracas de bois, de gonds ou de métal. Cette fois, elle reste au milieu de la pièce, darde chacun. Témoins malgré eux de ses scènes quotidiennes et lorsqu’elle enfonce solidement ses poings dans hanches moelleuses, remarque enfin les voyageurs. Pas des pochards ou des culs-terreux qui inondent chaque soir la salle, pissent dans les coins ou vomissent sous le porche, des propres. Des comme on en voit jamais depuis qu’elle est dans ce bouge, des qui sentent bon comme dans son enfance, avec la bourse bien fournie dont l’or ou l’argent casse les dents les plus gâtées.
Sa physionomie change radicalement. La furie cède la place à la commerciale. Son sourire se fait généreux, la mollesse de ses lèvres s’affinent ou plutôt s’affutent en même temps qu’elle montre savamment ses canines encore saines (C’est l’auberge rouge version moyen âge.) Luisa s’avance d’abord vers la jeune fille, c’est toujours les femmes qu’il faut séduire, les hommes ne sont que des chiens sans culotte, mais les femmes sont beaucoup plus généreuse tant elle veulent garder le tout confort.


_ Holà señora, bienvenido en nuestra casa ! Yé mé pressente, Luissa poul fu selfir. Yé souis soul qué mon mali fu faile plépalé notle plous bèl cuarto. Vù avié fait une bonne foyage ? Foulé fu qué yé fu plépare ùn baño _ **



*(fils d’Hélios !!! Tu me sonnes comme si j’étais ton esclave ? Tu penses que je suis ta servante ? Où qu’elle est ton étoile ??? Celle que tu appelles serveuse ? Encore dans la fange !)
**Bonjour madame, bienvenue dans notre maison ! Je me présente, Luisa pour vous servir. Je suis sure que mon mari vous fait préparer notre plus belle chambre. Vous avez fait un bon voyage ? Voulez-vous que je vous prépare un bain ?
Lili.
Laborieuse fut la descente tant l’orchidée était ankylosée par des heures, des jours de chevauchée. Le sol semblait vouloir l’aspirer, la terre l’encercler telle des mains invisible s’accrochant à ses chevilles, il ne manquait plus qu’un gouffre géant s’ouvre pour qu’il en soit fini du fléau. Par précaution, deux lapis-lazulis zieutèrent le terrain. Pure peur enfantine ou superstition ou bêtise de celle qui encore aujourd’hui vivait dans un monde tronqué. Elle aurait moins l’air idiote si elle s’ouvrait un peu, mais cela voulait dire aussi essayer de lui faire dévier de son but premier et quand bien même on pouvait la penser stupide ou ayant le QI d’un poulpe, elle savait au moins une chose, qu’à force de volonté, elle finirait par obtenir ce qu’elle voulait. Peu importait les sacrifices, peu importait les œillères, elle ne les enlèverait qu’une fois mercenaire !
Elle se retourna vivement comme si le souffle de tatie marraine était dans sa nuque, un frisson la glaça, s’insinua le long de sa colonne la roidissant. Lili la voyait comme si elle était réellement présente, son regard perçant la détaillait, réprobateur, sa langue claquant contre son palais avant que de sa voix martiale elle ne lui souffle « Tu te voulais libre ? Sans m'écouter ! Assume. Et chiale donc, tu pisseras moins. » Quelle pouvait être agaçante même absente
.

- C’est sa faute à lui d’abord, marmonnait-elle face à sa monture pour que personne ne puisse saisir qu’elle parlait seule. J’veux êt’ mercenaire pas coursier d’abord !

Une rage soudaine l’envahissait d’être prise à défaut, de voir apparaitre sa marraine la panthère. Sa conscience mise à mal d’avoir fuguée la torturée à loisir. Et si elle avait pu, le fléau s’en serait pris à ce maudit machin qu’on appelait poney. La bête était innocente, le vrai coupable c’était Chli, cet arrogant qui se plaisait à la traiter comme…comme un page ! Cette douleur et cette fatigue accumulée ne la rendait que plus instable, seule sa volonté d’approcher de son but, forger sa destinée, la faisait se tenir droite. Bien sûr, vous le comprendrez facilement, elle n’a pour le moment pas la capacité d’apprendre de ses erreurs, elle les cumule, les mélangent à sa sauce, chacun devient coupable de sa propre incapacité à s’ouvrir, un mur voilà ce qu’elle est. Avez-vous remarqué qu’elle n’a même pas vu la rouquine l’autiste ? Laissons le temps à son cerveau d’irriguer l’information, doucement, oui c’est ça, elle se réveille, se tourne et… Beuh.

L’avait-elle vu descendre du poney ? l’avait-elle entendu grogner ? Et pi c’té qui elle ? Il fallait se calmer, reprendre depuis le début. Elle observa la gamine. Elle ne lui était en rien familière en revanche sa façon de s’habiller ça, elle ne pouvait l’oublier. Soupir. Qu’est-ce qu’elle avait baragouinée avec sa bouche déjà ? « Combien, pour le poney ? » Son regard se mit à pétiller, si elle lui cédait la chose, elle pourrait avoir un cheval, un vrai et pi elle aurait t’êt moins mal au fessier… oui mais il ne lui appartenait pas, et pi alors qu’est-ce que cela pouvait faire, il ne lui avait pas dit combien de temps elle pouvait le garder hein. Combien elle pouvait en tirer pour ce truc ? Sa tête de linotte se mettait soudain en branle, quel alezan ou quel hongre pourrait-elle acquérir si elle la jouait finaude ? Mais il fallait bien l’avouer, elle avait beau haïr son maitre, exécrer son poney, elle n’était pas la propriétaire de l’animal. Tonton Gab aurait désapprouvé son attitude et même si elle était une calamité, elle n’aurait jamais voulu voir de la déception dans son tendre regard.

- D’solé m’zelle, c’machin il est pô à vendre, c’pas le mien d’abord c’est celui de Chli alors si vous voulez l’ach’té faudra voir avec lui à l’intérieur. C’t’un blondiné pas très aimable, mais gardez-vous de lui parler sinon va vous traiter de sale mioche, ‘fin vous qui voyez, s’il accepte dtes lui que j’veux un ch’val plus grand.

Lili aurait pu sourire, être aimable, lisser ses cheveux comme du temps où ils étaient beaux et qu’ils sentaient bon les fleurs des champs, mais elle était bien trop éprouvée pour en avoir ne serait-ce que la force.

- Suivez-moi, c’s’ra plus simple, j’m’occup’rai d’lui plus tard, l’est aussi fatiguée que moi.
_________________
Elianor_de_vergy
Oui, oui prend la, ça lui fera les pieds. Mais je te préviens elle doit être nulle. D’ailleurs je me demande si à part jacter elle sait faire quelque chose de ses dix doigts. J’aurais jamais du la prendre… mais j’sais pas, elle avait un air… vaguement familier.. ‘Fin bref, prend la si tu veux. Mais va me prendre quelque chose à boire… on va pas rester ici à regarder les coléoptères voler.

La duchesse de poche haussa un sourcil. Nulle? C'était bien sa veine! Voilà qu'en plus, elle allait devoir s'accommoder d'une chambrière maladroite! Elle imaginait d'ici le désastre: cheveux arrachés lors du brossage par une main malhabile, robes abîmées par des manipulations trop brusques... ah et puis flûte, son époux lui en paierait de nouvelles, voilà tout! Ca lui apprendrait à l'embarquer dans un voyage sans lui laisser le temps de faire ses préparatifs!

Ma foi, il me faudra bien m'en contenter de toute façon, qu'elle soit nulle ou pas. De toute façon si elle veut manger, elle a intérêt à mettre de la bonne volonté à me servir, à défaut d'y mettre de la compétence.

Ne restait plus qu'à attendre que la chambrière désignée arrive. car bien entendu, la poupée n'allait certes pas ressortir pour aller la chercher elle-même. Encore que c'eût peut-être été préférable à l'attente dans cette salle remplie de "bouseux" comme le soulignait si élégamment son époux.

Alors qu'elle s'apprêtait à répondre à celui-ci sur l'ennui prévisible de leur soirée, elle fut coupée net dans son élan par l'arrivée _ aussi sonore qu'impromptue _ de ce qui semblait être la maîtresse des lieux. Elle regarda, ébahie, l'imposante maritorne qui fondait sur elle en baragouinant un étrange charabia. Habituée au parler vif et précipiteux de ses meschines parisiennes, accoutumée à l'oc des gens de Lesparre, notre blonde avait en revanche bien du mal avec le mélange que lui servait la commère. Mais peu lui importait. Car elle avait compris la dernière phrase, l'essentiel, celle qui rachetait tout. Un bain! La matrone lui aurait promis le paradis solaire qu'elle n'aurait pu récolter plus beau sourire en retour.


Un bain, avec grand plaisir! Et un souper également, le temps que l'eau chauffe. Et du vin. Ce que tu as de meilleur: si tu ne lésines pas sur la qualité, nous ne lésinerons pas sur les écus...

Attendant que ses diverses commandes arrivent, elle s'assit près de son époux.

Souhaitons que son vin soit bon, il vous distraira pendant mon absence.

Boucles d'Or n'était mariée que depuis quelques mois, et elle n'avait finalement qu'assez peu vécu avec son époux jusque là. Assez cependant pour savoir que le vin était une efficace façon de détourner la conjugale attention. Car elle n'avait aucune envie que son seigneur et maître ait la lubie de lui coller aux boucles pendant sa baignade. Mieux valait donc le fournir en liquides à biberonner.
_________________
Maeve
Pas un regard. Pas une réponse. Elle me snobe, la pauvresse ?
Je la laisse descendre ; ce sera mieux pour parler -j'aurai moins à lever la tête. En attendant, j'admire de près la belle bête. Non, je n'en reviens pas... C'est CRO beau ! Mère elle serait ultra fière si je ramenais ça à Vannes. Pour sûre ! Gwened n'est-elle pas surnommée... La Rousse ? Il faudrait vraiment que tout ce qui se trouve à Vannes soit carotte. Moi, mes domestiques, mon cheval, les voisins, le maire... Tout le monde ! Mais dans un premier temps, bien sûr. Parce qu'après, faut viser Breizh !


Beuh.

C'est à moi qu'elle parle ? Hum. Beilhaaaaaal, j'ai affaire à une simple d'esprit !

D’solé ... c’machin ... pô à vendre, ... mien d’abord .. Chli ... vous voulez ... faudra ... l’intérieur. ... blondiné ... aimable, ... parler ...traiter ... mioche ... accepte ...j’veux ... grand.

Autant vous dire que je n'ai pas compris un traitre mot de son baratin. On a pas tous la même éducation, décidément.

Suivez-moi ... fatiguée.
- Ah !


Comprenez un "Ah" joyeux. J'ai enfin compris ! Elle doit souhaiter traiter l'affaire à l'intérieur. Ca tombe bien, "ça caille dur", comme dirait machin.
Je suis donc la demoiselle à l'intérieur -mais pas de trop près, hein, parce qu'elle ne sent pas la rose. Arrivées à l'intérieur... Non, pas de surprise ! L'auberge est aussi naze qu'elle y paraissait. J'aperçois Beilhal, hésitant près du comptoir. Heureusement qu'il est là, parce qu'avec tous ces gueux, je ne suis pas bien rassurée.
Une grosse madame s'approche de lui. A l'entendre, elle est encore plus incompréhensible que la cavalière. On est pas sortis d'l'auberge ! Mais j'lui fais fais confiance, à Beilhal ; il en a vu d'autres.

Enfin, la fille me conduit jusqu'à un homme. Le propriétaire du coche certainement, vu son allure... Mais il a pas l'air bien aimable ! Qu'est-ce qu'elle m'a raconté l'autre ? Qu'importe. Je m'apprête à m'adresser au François avec mon ton en mode "Discution avec étrangers - Hautain et fier", mais... Quelque chose chez lui me déconcerte. Son regard, peut-être ? Sa façon d'écraser par la pensée tout ce qui bouge ? De, de... Je ne sais pas. J'avais jamais vu ça. En tout cas, mes résolutions en prennent un coup, et la fière bretonne redevient vite petite fille.


Pardon messire, mais... Cette bête est-elle vôtre ?

Mes mains sont moites, et je n'ose le regarder dans les yeux. Peur ? Oui, complètement. Mon regard se pose alors sur sa voisine que, prise dans mes pensées, je n'avais pas remarqué. La demoiselle, comme lui, est noble -on le voit à son port de tête... Le même que Blanche. Mais c'est là leur seul point commun ; elle est jeune -de quelques années mon ainée, je crois-, jolie, et parait bien gentille. Sa présence aux côtés de l'individu me rassure. Si un être aussi charmant côtoie ce... enfin cet étrange monsieur, c'est que l'habit ne fait pas le druide. Il ne doit pas être bien méchant.
_________________
Chlodwig_von_frayner
Avait il seulement compris un traitre mot de ce que la tenancière avait baragouiné ? Non, du tout. A vrai dire, il avait de grands doutes pour que ça ai eu un sens quelconque pour toute personne civilisée (oui, entrer en Lorraine c’est sortir de la civilisation, si je puis me permettre de plagier le grand Sancte *au moins… 1m90*), et cela le rendait… las, immensément las, à un tel point qu’il s’affligeait lui-même en se demandant pourquoi il faisait encore parti de la hérauderie de cette terre de fous et à remettre en question le simple but de leur voyage. Mais que diable allait il faire dans cette galère (1) ? Il se le demandait toujours. Il la laissa parler à sa femme sans intervenir, se demandant même ce qu’il pouvait bien rajouter après une telle tirade. Il se contenta de ruminer sa mauvaise humeur, comme d’ordinaire après une vilaine migraine. Il écouta cependant sa femme d’une oreille distraite, suivant la conversation, à tout hasard alors que son regard se promenait à nouveau d’un air dégoutté sur la fange amassée en ce lieu. Tous des poneys… il en était sur… Quand soudain, les derniers mots de sa femme le firent réagir. Il se tourna vers elle les yeux ronds, la fixant comme si elle venait de sortir une énormité. Chlo était une vraie brute avec sa femme, mais si il y avait bien une chose à laquelle il tenait, c’était de ne pas la reprendre en public… on règlerait ça en privé après si il le faudrait… et elle le paierait, mais pour le moment, il se contenta de lui murmurer.

Hell und verdammnis ! Filer nos écus à ce… ces… enfin ces gens quoi ? Mais tu t’es crue où ? Passe encore les bateaux, les robes, les bijoux et les réceptions ! Ça c’est normal ! Mais avec quoi on va pouvoir payer les mercenaires si tu commences à distribuer nos précieux écus au premier mendiant venu ? Au dernier les loqueteux ? Tu me saignes aux quatre veines, tu m’arrache mon cœur ! Quand je pense qu’on a pas touché le moindre pot de vin, le moindre pourcentage de pillage depuis des mois !

Il respirait à grande peine, se demandant comment ils allaient bien pouvoir organiser leur prochain coup fumant si elle se mettait à semer des écus aux quatre vents. Par Aristote ! Qu’est ce qui avait pris sa mère de lui donner une épouse aussi dépensière ? Et quelle idée de confier des fiefs rapportant autant d’argent à une femme ? Certes ça l’arrangeait mais c’était bien connu, mettez une femme dans une boutique pendant une heure, vous vous retrouverez sur la paille ! Enfin fallait pas exagérer. Le mariage avait sérieusement plombé les finance mais grâce au ciel, les impôts et quelque menus versements à la limite de la légalité avait sans grande difficulté remboursé quasiment tous les emprunts. N’en restait que de minimes qui seraient bientôt réglés et bientôt les usuriers cesseraient de harceler son intendant de lettres. Foutus voleurs… Il était dans les temps mais… comme c’était difficile pour tout le monde, parait il, ils se montraient méfiants. Pourtant ce n’était pas avec les plus de cinq cent seigneuries qui dépendaient de leurs fiefs qu’ils auraient des difficultés… Mais… un écu est un écu… et on pouvait en avoir besoin à tout moment.

Une voix le fit sortir de ses réflexion et interrompit le dialogue à peine engagé. Une voix avec un léger accent qu’il ne reconnut pas. Surpris d’être ainsi dérangé en pleine conversation, il se retourna furibond devant une mioche guère plus agée que sa femme, toute rousse… Oui ! Toute rousse ! Vous aviez bien entendu. N’avait on idée d’avoir si mauvais gout ? Dans la tête d’un Chlo, le roux était à jamais associé au grand amiral de France qu’il avait en horreur, et pire, aux savoyards… Imaginez un peu quelle réaction le prit à cette simple vue… Il en eut le cœur tout retourné. Mais il se ressaisit bien vite et répliqua de sa bonne humeur légendaire.


Qu’est c’tu veux gamine ? Tu vois pas que je suis occupé ? Oui il est à moi cet idiot de poney, et croyez bien que j’en ai honte d’abriter sous mon toit, de nourrir une créature rousse ! Le sans nom les emporte tous ! Pourquoi tu d’mandes ça ? Sa vue insupporte ?


(1) tiré de la pièce de Cyrano bien sur, pas de celle de Molière…
_________________
Elianor_de_vergy
La jeune duchesse pinça les lèvres, si fortement qu'elles en blanchirent. Le mariage lui avait ôté bien des illusions. Evidemment, quand on passe sa courte vie à rêver de preux chevaliers et de princes charmants, épouser Chlodwig von Frayner vous faite vite déchanter. Elle l'avait vu tour à tour brutal, indifférent, colérique, hautain, et à ces multiples facettes elle n'avait su opposer que le silence, ou les larmes. Mais celle-là, elle ne pouvait pas la laisser passer sans répliquer. Mais à voix basse toujours, évidemment. On n'étale pas ses mésententes en public dans la haute noblesse.

Mais vous parlez comme un bourgeois mon ami! Voulez-vous donc que nous passions pour des pingres? Ou pire, pour ruinés? Si l'état de nos finances vous préoccupe tant, gérez donc nos terres avec plus de soin mais de grâce, ne commencez pas à pleurer vos écus comme le ferait un banquier lombard! C'est indigne de votre rang et du mien! Car enfin, si nous autres, qui sommes nés, ne savons pas vivre au-dessus de nos moyens, que ce soit pour verser notre sang ou pour dépenser l'or des autres, qui le fera*?

Elle paierait cette tirade, elle le savait. Et elle la paierait fort cher dès qu'elle se retrouverait seule avec lui. Mais tant pis. La seule chose que la poupée ne savait pas supporter, c'était les blessures d'amour-propre, et celle-ci était des plus cuisantes.

Mais avant que l'époux ait pu rétorquer, notre couple de tourtereaux fut interrompu dans ses tendres roucoulades par l'arrivée d'une malheureuse jeune fille qui se retrouva rapidement prise pour cible de la chlodwiguienne colère. Il ne faisait pas bon aborder l'Impérial lorsqu'il était de mauvaise humeur. Et il était presque toujours de mauvaise humeur.

Pas assez téméraire pour tenter de se mettre entre son époux et sa proie, la jeune duchesse se contenta d'afficher un sourire encourageant à l'attention de la jeune rouquine. Le Chlo aboie mais ne mord pas. Du moins pas toujours. Avec un peu de chance, elle s'en tirerait avec une soufflante mais sans soufflet.



* Citation de Charles de Valois dans les Rois Maudits version 1972
_________________
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)