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[RP] Une Saint-Valentin légèrement particulière...

Alienaure
Aliénaure avait reçu le courrier très tard, en fin de soirée, alors qu'elle faisait les compte de la mairie. Au fur et à mesure de sa lecture, elle avait été malheureuse, triste, dépitée, puis soudain furieuse. Très furieuse. Toute la nuit, elle avait cogité sur la meilleure façon d'agir. Et les premières lueurs de l'aube l'avaient trouvée chevauchant sa jument. Parce qu'une Malemort ne s'expliquait point par missive, elle avait pris la direction de Limoges.

Et c'est déterminée, furieuse, qu'elle était entrée dans la Cour du Château.
Aucun garde n'avait l'audace de l'arrêter. Audace ou courage, d'ailleurs. Sans doute parce qu'ils ne l'avaient jamais vu avec un tel regard. Ou bien parce qu'ils se souvenaient des éclats vocaux maternels et qu'ils ne voulaient provoquer les affres de la descendance...

Toujours est-il qu'elle arriva devant le bureau comtal sans aucune encombre.
Les souvenir vinrent s'imposer à elle, devant le battant de bois sculpté. Jadis, elle l'avait souvent poussé, accompagnée de Lunedor ou même de Barahir. Combien de fois étaient-ils venus, enfants, jouer dans ces appartements, aux côtés d'une mère tellement absente de leur "chez eux"? Certes, ils devaient jouer seuls, et de préférence en silence, pour ne pas perturber le travail de la Comtesse de Ségur, mais elle avait préféré cette contrainte à celle de rester seule, loin de tout.
La jeune fille baissa les paupières. Aujourd'hui, des années après, le même manque, la même souffrance revenaient. Additionnés d'une autre douleur si nouvelle mais si fragile. Etait-elle destinée à devoir passer ses journées seule, loin de ceux qu'elle aimait?
Yeux ouverts, elle redressa le menton. Aujourd'hui, c'était elle, et elle seule qui décidait de quoi serait faite sa vie.

Sans plus d'hésitation, elle frappa fortement, juste pour signaler sa présence, au cas où, et entra sans attendre.

Il était là, devant la fenêtre, droit comme un "i", les mains derrière le dos, le regard comme perdu sur les jardins. Cheveux libres, comme à son habitude, barbe d'où aucun poil ne dépassait, fort bien habillé, pour ne pas dire élégant. Un parfait résumé de ce qui l'avait séduite chez cet homme.
Et ce qui l'horripilait aujourd'hui...

Si vous avez quelque chose à me dire, j'aimerai que ce soit en me regardant dans les yeux et non par courrier.





Rp ouvert à tous, dans les limites du raisonnable et de la logique, bien entendu. Oui, nous savons que la Saint-Valentin est seulement demain, mais bon, vu le temps mis pour faire un rp, personne ne s'indignera si on avance d'un jour

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Trokinas
Le Comte en effet regardait par la fenètre. Et il était de méchante humeur. Il passait plus de temps à gérer ses Conseillers que ses problèmes et les dossiers qui devaient avancer. Il entendit frapper et avant qu'il puisse répondre, il entendit la porte s'ouvrir. Donc c'était encore une urgence.

Trokinas se retourna, et reconnut la personne qui entra immédiatement. D'abord, il fut heureux de la voir, parce que c'était toujours le cas depuis de long mois, puis il se souvint des dernièrs échanges de courriers et son air se rembrunit. Ses sourcils se froncèrent, et la démarche pour se diriger vers son bureau fut mécanique et le sol fut malmené par les pas.

Il posa ses poings fermés sur le bureau, et dévisagea la visite imprévue. La phrase qu'elle lança annoncait une joute verbale plutot tendue. Avant Trokinas aurait sourit, l'aurait invitée à s'asseoir et aurait essayé de trouver une réponse diplomatique. Mais à force de s'entendre dire qu'il était un mou, un diplomate pas assez ferme, et à force de tensions Comtales, ce ne fut pas cela qui sortit de la bouche du Comte.


Quelque chose à vous dire? Vous avez fait tout ce chemin pour l'entendre de ma bouche? Ou vous êtes venu pour continuer le travail de destruction que vousavez si bien initié. Ou est-ce le maire de Roche qui vient encore me dire que je n'ai que faire de son village? Ou que je ne suis qu'un Comte qui ne s'occupe pas de son travail?

Le Comte leva la main avant que la furie ne commence.

Et bien alors je vais être clair. Je suis un homme droit, entier, et quand je dis quelque chose je le fais. Je pèse toujours ce que je dis. Vous visiblement, ce n'est pas le cas. Vous m'aviez dit que je pourrais compter sur votre soutien, et plutot que cela, vous venez me lancer votre mépris en pleine salle d'audience. Je peux encaisser les attaques des Barriques et des Vicomtes sans sourciller, mais je ne m'attendais pas à des coups portés par vos soins. Mais visiblement je me suis trompé. Vous m'avez trahi. Et je ne parle même pas de la charmante scène en salle d'allégeance.

Cela va mieux maintenant que vous l'avez entendu?


Puis le Comte resta debout, planté sur ses positions.
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Alienaure
Son agressivité lui sauta au visage. Depuis les longs mois où ils se connaissaient, jamais elle ne l'avait vu autant sur la défensive. Le dialogue s'annonçait coriace...

Aliénaure s'avança jusqu'au bureau, droite comme la justice, où elle jeta le courrier comtal.


Alors selon vous, tout est de ma faute?

Elle haussa les sourcils, mimant la surprise, puis se frappa le front du plat de la main.

Mais voyons! Suis-je sotte! Bien entendu que tout est de ma faute! Je ne suis que la pauvre petite fille bien sage, qui doit attendre sagement dans son coin qu'on veuille bien s'occuper d'elle!

Elle posa les mains sur le bois verni et se pencha en avant.


Eh bien vous me voyez fort désolée de vous annoncer que cette personne, ce n'est pas moi.
Je vous avais promis de vous soutenir, oui, et c'est le cas, malgré ce que vous pensez. Mais je n'ai pas promis d'être d'accord avec tout.
Vous m'avez demandé de vous rejoindre sur votre liste, il y a deux mois. J'ai refusé car je ne veux plus faire de politique. Et vous étiez déçu car vous vouliez d'une femme volontaire, décidée, affirmée. Alors j'ai sauté sur l'occasion et je me suis portée candidate à la Mairie de Roche. Parce que je ne pouvais rester inactive dans un coin sans rien à faire, ni personne à voir.
Mais je n'ai aucunement l'intention de devenir une poupée docile qu'on peut exposer au besoin et venir voir à l'occasion.
J'ai découvert bien des choses en cette Mairie et je vous en ai fait part, à vous, en tant que Comte. Et j'ai attendu... longtemps attendu des réponses qui ne sont pas venues. Ou qui n'auront jamais d'effets.
Je suis venue en salle d'audience en tant que maire, m'adressant à un Comte. Alors désolée si mes dires ont fait mouche, mais je n'en pense pas moins.


Elle pointa un doigt en sa direction, l'air peu aimable.

Quant aux allégeances, il me semble que ma lettre était des plus claires. Qu'y puis-je si un homme est assez fou pour se risquer à m'avoir volé un baiser en telle occasion? Vous me rendez coupable d'une chose dont j'ai été victime!
Mais cela, en formidable homme que vous êtes, ne vous viendrait jamais à l'esprit! Il s'agit là forcément d'un moment d'égarement voulu de ma part!

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Trokinas
Le Comte frappa du point sur la table, et balaya l'intégralité des parchemins posés dessus. Cette fois, la colère monta à des sommets jamais égalés, et la voix fut forte et autoritaire.

Mais pour qui vous prenez vous? Vous m'avez fait une scène de jalousie déplacée il y a deux mois pour un surnom dont j'étais affublé, et vous vous laissez embrasser et je dois dire "ha oui, je comprends, vous avez eu une absence"?


Imaginez vous un seul instant la situation inverse? Vous auriez réagi comment? Avec toute le recul et le côté raisonnable des Malemort? Parce que c'est ce que vous êtes : une jeune Malemort gatée. Je vous ai demandé de rester à l'écart? Jamais de la vie. Je vous ai soutenu dans votre candidature à la mairie. Je me suis même effacé, parce que je savais que ma présence vous ferait plus de mal que de bien dans le monde politique, et j'avais raison.

Le Comte se déplaca vers la fenètre à nouveau, d'un pas rapide.

J'ai supporté tous vos sauts d'humeur, tous vos caprices, parce que c'était pour moi la marque d'un caractère fort, mais cela peut aussi avoir ses mauvais côtés, et le voilà. De toute façon, je ne vois pas pourquoi je discute avec vous. Vous êtes tellement sûre de vos jugements, de votre avis, et de votre situation, que je suis condamné d'avance : vous venez de le dire. Vos mots ont fait mouche, et vous n'en pensez pas moins? Et bien très bien, alors pourquoi êtes vous venu, pourquoi êtes vous là à me balancer toutes vos vérités bien senties? Vous voulez me faire mal? M'abbattre? C'est raté. Je tiendrai debout jusqu'au dernier jour de ce mandat. Je suis un homme tétu et je tiendrai le coup. Alors votre attaque est ratée, vous pouvez repartir pour Roche, je n'en ai cure, mais je ne vous donnerai pas la satisfaction de me voir m'éffondrer. Et j'ai des soucis largement plus important que votre petite personne et votre susceptibilité mal placée dont je me balance comme de ma première chausse.

Puis le Comte se tourna vers la fenètre pour signifier que l'entretien, en ce qui le concernait était terminé.
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Alienaure
La force qui accompagna le coup de poing la fit reculer vivement. La violence la faisait trembler depuis l'épisode de Figeac. Il le savait. Et il en profitait.

Une jeune Malemort gâtée? Une jeune Malemort gâtée?! Vous êtes-vous regardé avant de me dire ça? J'ai des idées et je me bats pour. J'ai des convictions et je ne change pas de chemin. Alors effectivement, si ne pas déroger de cela équivaut à être gâtée, alors oui, je le suis!

Elle revint se coller sur le devant du bureau.

Quant à ce qu'il s'est passé avec cet arlequin, un homme aussi perturbé que vous dites l'avoir été aurait envoyé des hommes le mettre dans un cachot humide et sombre. Mais vous, non, le qu'en-dira-t-on est bien trop important! Forcément, on ne vous jugera jamais pour regarder comme un homme affamé ce que votre Prévôt vous met sous les yeux!

Sur quoi, elle tourna les talons et se dirigea vers la porte. Mais au moment de poser la main sur la poignée, elle vit volte-fasse, combla l'espace qui les séparait.

Ça, c'est pour effacer votre regard suffisant.

La gifle retentit dans le silence du bureau. Elle le regarda un court instant avant de prendre son visage entre ses mains en poser sa bouche sur ses lèvres pour un baiser à la hauteur du maelström de sentiments qui se bousculaient en elle.
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Trokinas
Un baiser !!!

Elle venait de le gifler, tant psychologiquement que physiquement, et elle espérait faire passer cela par un baiser? Il la repoussa. Oh bien sûr, il aurait aimé lui rendre son baiser. Cela méritait beaucoup d'attention, mais il ne pouvait oublier ce qu'elle venait de dire ou de faire, d'ailleurs sa joue était là pour le lui rappeler.


Il s'arréta. Le baiser avait au moins eu l'avantage de faire descendre sa colère, ou de la transformer en colère froide, il ne saurait dire. Il se tourna vers elle.

Envoyer des hommes à ses trousses? Et bien non. Pourquoi? Cela vous a peut être échappé, mais je suis un homme intègre. Même aujourd'hui, vous ne semblez pas le comprendre. Oui j'aurais pu envoyer l'armée aux fesses de ce type. Mais j'aurais utilisé les moyens du Comté pour mes propres problèmes, ce que je ne fais jamais. Je fais toujours la part des choses. Vous n'aviez pas trompé le Comte, mais moi, et moi, je n'ai pas d'hommes à mes ordres pour pourchasser ce nigaud. Si le fait de faire passer ma fonction avant mon honneur est un signe de faiblesse, je m'en contrefiche. Je n'attache aucune importance à ce que les gens peuvent bien penser. Je ne m'attache qu'à mon sens des valeurs et des principes.

Vous venez de me giffler, puis de m'embrasser? Croyez vous vraiment que tout cela peut se résoudre avec un baiser? Pas moi. Ca contrairement à ce que vous devez croire, je ne suis pas un satyre, et encore moi un être de chair faible. Vos baisers ne permettront pas à mes blessures d'arréter de saigner.


Le ton était calme, mais les yeux démontraient la dureté de ce qu'il ressentait. Il semblait blessé au plus profond de son âme, et ce n'est pas par le corps que le remède pourrait venir.
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Alienaure
Le court instant que dura son baiser fit monter des larmes jusqu'à ses paupières. Et quand il la repoussa, quelque chose se brisa en elle. Depuis le premier baiser qu'il lui avait donné, lors de la tournée royale, jusqu'à aujourd'hui, lui et lui seul en avait pris l'initiative. Parce qu'il était plus âgé, parce qu'il avait l'expérience, parce qu'il était un homme. Pour la première fois, elle venait de sortir des sentiers battus de la bienséance, et il l'avait repoussée.
Au-delà de son amour propre, c'était sa confiance en elle qui venait d'en prendre un coup. Et comme à chaque fois que cela arrivait, la petite fille cachée en elle ressurgissait.

Elle baissa le regard, comme prise en faute.


Je suis... désolée... Je ne voulais pas ...

Elle fit une pause avant de reprendre.


S'il y a un d'entre nous qui fut désigné coupable dès le début, c'est moi. Il est vrai que je ne l'ai pas repoussé. Sans doute faute de temps, ou de réaction... Je ne sais... Je n'ai rien fait et je paye depuis pour cette faute.
Je comprends que vous n'ayez plus confiance en moi et...


Sa voix se brisa.

... et ... Je ... Pardonnez-moi...


Incapable d'articuler le moindre mot supplémentaire, prenant soin de cacher la larme qui dévalait sa joue, elle fit demi-tour et partit vers la porte.

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Trokinas
Trokinas s'approcha et posa sa main sur le bras de la jeune femme. Il réfléchit à ce qu'il allait dire. Il hésita longuement, la colère et les sentiments le divisant.

Il regarda la bague qu'il lui avait offerte, et releva les yeux. Il la dévisagea longuement. Puis, il prit la parole, d'une voix calme et posée, comme à son habitude.


J'accepte vos excuses. Ce n'est pas la confiance qui est en cause, mais votre vision de mes capacités Comtales.

Je vous dois aussi des excuses pour vous avoir malmenée en public, et cela à deux reprises. Donc je vous présente mes excuses.


Le Comte resta suspendu en attente de la réaction d'Alienaure.
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Alienaure
Aliénaure retint son souffle lorsqu'elle sentit une main se poser sur son bras. Elle ne bougea pas lorsqu'il parla, pesta en silence quand elle comprit que le baiser de l'arlequin n'avait pas l'importance qu'il lui avait donné. Il préférait la voir se pâmer dans les bras d'un homme plutôt que le contredire sur ses fonctions? Ce n'était pas tombé dans l'oreille d'une sourde.

...mes excuses...

Il s'excusait!
Il reconnaissant enfin qu'il avait sa part d'erreur, lui qui pourtant n'avait pas besoin de se remettre en cause.
Mais la question était bien plus pernicieuse... Serait-elle capable de supporter ce même genre de scène lorsqu'à nouveau elle ne serait pas d'accord avec lui? Serait-elle capable de passer le reste de ses journées, des semaines, loin d'un époux fantômatique?
Elle avait bien trop souvent vu sa mère pleurer d'être esseulée par un homme.

Elle se retourna, le fixa un long moment puis retira l'émeraude qui brillait à son doigt et la déposa au creux de la grande paume comtale qu'elle referma avec douceur.


Je suis désolée.

Juste cela. Ne rien dire d'autre parce qu'il n'y avait rien à ajouter, de toute manière.




Mes excuses aux lecteurs pour ce changement. Certains comprendront.

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Trokinas
Le Comte regarda betement la bague dans sa main. Il referma la main, puis se tourna vers Alienaure. C'est tout ce qu'elle avait retenu? Qu'elle devait rendre la bague? Elle n'avait rien compris donc. Trokinas ferma les yeux pour essayer d'éviter qu'une nouvelle tirade verbalement musclée ne parte. Comment pouvait elle remettre en question son amour? Une fois le controle de lui même repris, il la regarda droit dans les yeux.

Je refuse de prendre ce bijou. Je vous l'ai donné pour de bonnes raisons et parce que les sentiments éprouvés à l'époque étaient reels. Ces sentiments sont d'ailleurs toujours là, ca ne change rien.

Acceptez de le garder ou je prendrai comme un affront le fait que vous me le rendiez. Vous choisissez. Si vous me le rendez je comprendrai alors que les sentiments que j'éprouve pour vous n'ont ou n'auront eu aucune valeur à vos yeux. Voilà l'enjeu.


Le Comte attendit la réponse. Il était là, debout, droit devant elle et il la dévisageait, mais pas de manière suffisante, ou angoissé. Aucune émotion ne pouvait se lire sur son visage.

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Alienaure
Un enjeu? Il devait y avoir une étape qu'elle avait loupé. Il ne s'agissait pas d'élections, de débat quelconque ou encore d'une joute. Mais d'une relation amoureuse, de leur relation!
Alors non seulement il semblait lui importer peu qu'elle soit courtisée par un autre, mais en plus il faisait passer son orgueil avant. Et il espérait qu'elle lui facilite la tâche?!

Grand sourire ô combien factice plaqué sur les lèvres, la jeune Malemort posa sur le torse comtal la main désormais nue de tout ornement.


Votre Grandeur, il va de soi que je connais parfaitement la symbolique d'une telle bague, même si rien n'a été demandé, et c'est la raison qui m'a poussée à l'accepter.
Cependant, vous conviendrez que ces derniers temps, ce bijou est le seul à me rappeler cela.
Aussi, je vous demande de réfléchir à la meilleur façon de me la rendre. J'avoue que j'apprécierais fort peu que les termes "enjeu", "travail", "dossier", "charges", "contrainte" ou tout autre vocable ayant attrait au Comté, seraient judicieux à éviter.

Elle se leva sur la pointe des pieds, déposa un baiser sur la joue barbu et souffla à l'oreille.

Etonnez-moi... et je serais à vous...
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Trokinas
Cette dernière phrase chuchotée fit plus que tout le reste. Ce fut comme si l'éclair venait de lui tomber dessus. Une femme se devait d'être honorée régulièrement pour que l'amour prenne vraiment de l'importance. Cela, le Comte l'avait oublié. Pourquoi? Et bien parce qu'il était Comte justement. Il prit conscience qu'à cause de sa charge, il avait faillit perdre celle qu'il aimait... sa raison de vivre. Il se tourna vers elle et l'embrassa, d'un baiser fougeux et passioné. Un moment il eut peur qu'elle refuse ce baiser, mais l'effleurement sur la joue lui avait laissé supposé que non.

En l'embrassant, la douleur de la séparation avec la jeune femme revint : il l'avait négligée, bafouée et agressée et tout cela pourquoi au fond? Parce qu'il s'en voulait de ne pas avoir réagi comme il se devait lors de son écart. Mais il ne pouvait accepter de voir sa dulcinée se faire embrasser par un parfait inconnu. Alors il avait décidé de se réfugier dans sa charge plutot que de reconnaitre sa détresse. Réaction typiquement féminine dirait certains... l'orgueil allié à la mauvaise foi.

Il se promit alors que la première chose à faire après le départ de la jeune fille serait de lui faire livrer une rose pour qu'elle comprenne l'importance de la Saint Valentin à ses yeux... mais surtout de sa Valentine.

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Alienaure
Alors qu'elle s'apprêtait à redescendre sur la plante des pieds, elle se retrouva plaquée contre un torse chaud.
Elle lui avait demandé de la surprendre, mais là, il surpassait tout ce à quoi elle aurait pu s'attendre. Elle avait douté un soupçon d'instant qu'il relève le défi. Parce qu'après la conversation assez musclée qu'ils avaient eu, elle lui en demandait peut-être beaucoup. Parce qu'il avait sûrement beaucoup de travail. Parce qu'il n'était pas des plus démonstratifs sur le plan des sentiments.
Mais sa réaction... Ce baiser... Même lorsqu'il l'avait embrassée pour la première fois, à la fin de la tournée royale, il n'y avait pas mis la même passion. Et sous la main qu'elle avait laissé sur son torse, elle sentait les battements désordonnés du cœur du Comte.
Plus qu'un défi relevé, il mettait dans cette étreinte tout son amour avec un abandon stupéfiant. Et il la bouleversa bien plus que toute bague ou déclaration.
Comment avait-elle pu imaginer, l'espace d'un instant, qu'elle pourrait vivre sans lui? Folle qu'elle était!

Sentant un léger vertige la saisir, elle mit fin au baiser, avec un soupire de regret et cala son front contre le sien, les yeux clos.


Vous... Vous pouvez remettre l'émeraude à mon doigt, je pense...

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Trokinas
Le Comte reprit donc la bague d'une main fébrile. Il la regarda brièvement. Ce petit objet symbolisait tant pour lui. C'était l'objet le plus important pour lui. Alors il leva la main de manière solennelle, et prit la main d'Alienaure dans la sienne. Il sentit la chaleur de la paume de la jeune fille dans ses mains froides. La sang n'avait pas encore eu le temps de refluer dans ses extrémités digitales après la colère qu'il avait connu.

Puis, il passa la bague sur le doigt fin et délicat, et contempla avec passion le tableau ainsi constitué. Enfin, il leva les yeux vers le visage d'Aliénaure et y déposa un rapide baiser, comme pour sceller le nouveau départ. La tempète venait de passer, mais n'était-ce pas le côté agréable que cette fougue passionnelle?

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Alienaure
La première fois qu'elle avait vu cette bague, il y avait eu la stupéfaction d'un présent ô combien inattendu et la gêne devant l'argent dépensé. Elle l'avait portée comme un signe, une sorte de présence quand il n'était pas là.
Cette fois, tout était différent. Le voir, si solennel, le regard fixé au sien... Son cœur battait comme un cheval au galop, une douce chaleur courrait dans ses veines, ses jambes tremblaient doucement.
L'émeraude retrouva sa place, comme la première fois, comme faite pour elle.
Et le baiser qui suivit la prit une nouvelle fois au dépourvu. Visiblement, un nouvel homme naissait sous ce mandat et ce n'était pas fait pour lui déplaire...

Passant inconsciemment sa langue sur ses lèvres pour conserver le souvenir du comtal baiser, Aliénaure regarda sa main baguée, puis celle posée sur le torse de Trokinas, et se mordit la lèvre.
A aucun moment, elle n'avait pensé qu'elle avait fait le chemin au galop depuis Rochechouart. Or, au vue de la poussière qui ornait désormais le bel habit comtal, elle imagina sans mal qu'elle devait être loin d'être présentable.


Je suis désolée, j'ai sali votre bel habit.
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