Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Sois sage, ô ma douleur *

Terwagne_mericourt
[HRP : Exceptionnellement ce RP ne sera pas totalement ouvert , mais uniquement sur demande préalable.
* : Baudelaire, Recueillement, Les Fleurs du Mal.]


Sois sage, Ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille * :

Dans quelques heures les dés seraient jetés, et pour la première fois depuis des mois, elle n'avait nulle envie d'être auprès du sieur Rouvray. Oh bien sûr elle l'aimait toujours, peut-être même plus encore, mais en ce moment, elle avait besoin d'être seule, totalement seule. Elle n'avait nulle envie de parler, nulle envie d'écouter, nulle envie d'être troublée dans ses pensées ne serait-ce que par le bruit d'une respiration ou encore la chaleur d'une main entourant la sienne, quand bien même ce fussent celles de l'homme aimé, peut-être même encore moins par celles-là que par d'autres.

Seule! Elle voulait être seule!

L'abandonnant à la missive qu'ils avaient décidé, tous ensemble, de rédiger un peu plus tôt dans la journée, elle s'éclipsa sans un mot, juste un regard sur son profil penché au-dessus du vélin, ce profil que la flamme d'un candélabre caressait, y plaçant des ombres et des lumières accentuant encore un peu plus cette beauté fragile qui le caractérisait.

Dehors, la couverture étoilée avait commencé à couvrir les cieux, et demoiselle lune avait pris place sur son trône. Etrangement, la Dame de Thauvenay ne lui accorda pas même un regard, pas plus que sa peau ne frissonna sous la caresse du vent qui depuis plusieurs heures flattait les branches des arbres, leur murmurant des mots d'amour qu'elles seules pouvaient comprendre. Elle avançait, plus par réflexe qu'autre chose, totalement étrangère aux choses et aux êtres qui l'entouraient, enfermée dans une bulle d'indifférence et de lassitude, une pellicule l'isolant dans ses pensées et dilemmes, ses souvenirs et ses regrets, ses chagrins et ses dégoûts.

Combien de temps marcha-t-elle? Aristote seul pourrait le dire... Non, même pas! Puisqu'il parait que pour lui le temps n'a pas d'importance. Toujours est-il qu'elle ne s'interrompit qu'une fois qu'elle fut en dehors de la ville et qu'elle eut trouvé un arbre à son goût pour pouvoir s'y appuyer.

Pas de larmes sur ses joues, pas de morsure sur sa lèvre, pas non plus de mains jouant nerveusement avec les plis de sa robe ou encore l'une avec l'autre, emmêlant leurs doigts comme si les démêler ensuite suffirait à faire se dénouer les fils de ses pensées. Extérieurement, elle était calme, monstrueusement calme. Trop calme pour que cela soit réel et profond. Intérieurement, elle ne bouillonnait pas, elle ne pestait pas, ou en tous cas pas sur ceux que l'on pourrait croire, elle était simplement déchirée par des sentiments dont elle ne pouvait s'ouvrir à personne, et surtout pas à Kernos.

Dans quelques heures les dés seraient jetés, la lettre décisive déposée à Paris, et elle s'en réjouissait, persuadée qu'ils avaient tous fait le bon choix, celui de la raison. Bien sûr la majorité de leurs détracteurs ne comprendraient pas, trouveraient encore et encore des raisons totalement fausses à ce choix qu'ils avaient fait, à cette décision de laisser la Pairie décider du sort du Lyonnais-Dauphiné pour les deux mois à venir, mais elle n'en avait cure, au fond, sachant pourquoi elle-même en était arrivée à la conclusion que c'était la seule issue possible à ce blocage politique dont ils étaient tous responsables, les douze conseillers ducaux dans leur intégralité, aucun plus qu'un autre, aucun moins qu'un autre.

Chacun d'eux avaient sans doute des raisons, logiques pour certains, faites d'idéaux pour quelques uns, de rancoeurs pour d'autres, d'orgeuil sans doute pour une poignée, de vengeance personnelle pour les premiers, de bêtise pour les derniers, de soif de reconnaissance et de pouvoir pour les uns, de fidélité à leurs engagements pour les autres, mais qu'importait cela au peuple, et pourquoi devait-il payer les pots cassés de ces douze personnes incapables de trouver un accord?

Si on lui avait demandé à elle la raison de son refus de se rallier aux six voix opposées à la sienne et de reconnaitre le Vicomte d'Ancelle, elle aurait répondu que sa principale raison était qu'il lui semblait totalement irrespectueux des électeurs de placer comme gouverneur un homme qui avait mené la liste perdante des scrutins. Que si ces six voix avaient soutenu la tête de liste du parti gagnant, à savoir le sieur Samthebeast, les choses auraient été bien différentes dans sa tête à elle. Elle aurait également répondu que sa seconde raison était qu'il lui était impossible de soutenir à la gouvernance un homme qui avait autant d'étroitesse d'esprit, qui était autant persuadé de détenir à lui seul la vérité absolue en toute chose et surtout aussi peu respectueux des opinions différentes des siennes, imbu de lui-même au point de n'en jamais quitter cet air supérieur qui n'avait d'égal que sa froideur devant les choses humaines. On lui aurait sans doute répondu qu'elle-même n'était que la tête de liste du parti terminant troisième aux scrutins, ce qui au final n'était pas beaucoup mieux, mais puisque les deux têtes de liste terminant première et seconde avaient choisi de ne pas réclamer leur droit à la gouvernance pour soutenir les troisième et quatrième, les choses étaient ainsi...

Dans tous les cas, personne ne lui avait demandé ses raisons de ne pas reconnaitre Walan comme gouverneur, pas plus que le Vicomte d'Ancelle lui-même ne lui avait demandé de le soutenir de par son vote. Lui était trop fier - paraissait-il d'après ses colistiers - pour s'abaisser à demander quoi que ce soit à la femme avec qui il avait partagé tant de choses pourtant avant que leurs routes ne se séparent - trop fier oui, et c'était bien cela son pire défaut peut-être - et les autres préféraient quant à eux voir dans le choix de la Dame de Thauvenay une façon de se venger d'une rupture sentimentale qu'elle avait pourtant décidée elle bien des mois plus tôt, ou encore une soif de pouvoir qu'elle ne possédait pourtant nullement... Jamais elle n'avait demandé à mener cette liste, elle avait même longuement refusé, ne sachant que trop bien qu'en cas d'égalité entre elle et son ancien amant les petits esprits crieraient à la vengeance d'une femme blessée d'avoir aimé un homme qui jamais ne l'avait comprise... Des petits esprits, oui, résumant tout à des histoires de fesses et de soif de pouvoir, oubliant les valeurs et les idéaux de chacun, peut-être simplement parce qu'ils étaient incapables de les comprendre, eux-même n'en ayant pas.

Quoi qu'il en soit, si elle refusait de trahir ses idéaux en le reconnaissant lui comme gouverneur, elle refusait aussi de continuer à bloquer un Duché tout entier par ce blocage électoral.

Une solution? Il n'y en avait qu'une en effet... Rien n'aurait servi de reconnaitre la tête de liste du premier parti, ce qui pourtant aurait été reconnaitre la volonté de la majorité des électeurs du peuple, puisque personne d'autre ne la soutenait, pas même sa propre liste, pas même lui... La seule solution était donc de remettre une décision impossible à prendre dans les mains de personnes totalement objectives, neutres, mais surtout capables de trancher avec intelligence, pour le bien de ce Duché qu'elle aimait sans trop comprendre elle-même pourquoi certains soirs... Remettre cette décision dans les mains de la Pairie.

Ils en avaient discuté tous ensemble, les élus Gones et les élus Concorde, et tous en étaient arrivés à la même conclusion : les choses n'avaient que trop trainé déjà, la Saisine devait être déposée au plus vite à Paris pour enfin sortir le Lyonnais-Dauphiné de l'impasse où la politique venait de le jeter.

La lettre était prête, signée par tous les six, n'attendant plus que d'être livrée, et la demoiselle Méricourt aurait du être soulagée au fond, elle qui était bien décidée à s'en remettre totalement à la décision que prendrait la Pairie, quelle qu'elle soit, ayant entière confiance en leur sagesse et leur objectivité. Pourtant, ce soir-là, alors que bientôt l'issue serait là, elle avait le coeur bien lourd, et surtout rempli de rancune...

Elle en voulait non pas à ses détracteurs, non pas à ceux qui la salissaient par facilité, non pas à ceux qui la jugeaient sans savoir.... Non, c'était bien pire que cela!

Elle en voulait à ces souvenirs qui l'avaient hantée chaque nuit depuis le début des négociations, à ces images de moments partagés et de promesses entre elle et Walan dans le passé... Elle s'en voulait d'avoir du mal à oublier qu'elle l'avait aimé comme jamais il ne le comprendrait sans doute, elle se détestait de ressentir encore de la tristesse parfois en pensant à toutes ces choses qu'ils avaient rêvées de partager, quand lui ne semblait ressentir que froideur et indifférence... Avait-elle donc réellement aimé à sens unique un homme incapable de ressentir?

Et puis, même si personne ne pouvait le comprendre, et c'est bien pour cela qu'elle ne s'en ouvrirait à personne, elle en voulait à ceux qui l'avaient poussée à prendre la tête de liste des GONES, à ceux qui l'avaient incitée à force de discours et de demandes à accepter de se retrouver en haut de l'affiche, mais plus encore à devoir par la suite mener des négociations en face d'un homme qu'elle avait rêvé un jour d'épouser avant de le quitter à force d'être ignorée et incomprise. Oui, elle leur en voulait à eux... Eux qui n'avaient sans doute pas pensé un seul instant à la situation dans laquelle ils allaient la mettre, qui n'avaient pensé qu'à la politique et à leur parti.

Parmi eux, il y avait Kernos... Kernos à qui, pour la première fois depuis des semaines, elle ne pouvait rien dire du mal qui la rongeait, près de qui ce soir elle n'avait même pas envie d'être, se sentant incapable de ne pas laisser jaillir de ses lèvres sa déception de voir que pour lui aussi elle n'était au final qu'un pion sur l'échiquier de la politique, une "reine à jouer", et non une femme avec des sentiments, des blessures, des douleurs.

_________________
Terwagne_mericourt
Trois jours plus tard :

Ce matin-là, le soleil se leva timidement sur un appui de fenêtre dont certaines zones de pierre lui étaient interdites d'accès, et pour cause, plusieurs missives y étaient posées, humides des larmes de l'aurore et de la brume de la nuit. Depuis combien d'heures ces lettres attendaient-elles d'être découvertes par leur destinataire? Quelques unes sans doute, puisque la Dame qui dans quelques instants ouvrirait les volets avait décidé la veille de fermer ceux-ci vers les 22h45, lasse d'attendre des négociations qui au final n'avaient de négociations que le nom, lasse également de voir certains tomber tellement bas que même en Berry elle n'avait jamais rien vu de tel .

Des négociations? Comment pouvait-on donner ce nom à ce qui n'étaient qu'exigences bornées, MéSaNgiers s'ouvrant aux uns et pas aux autres (blocages MSN), chantage à la retraite spirituelle, et tant d'autres choses encore?

Des bassesses allant jusqu'à des attaques concernant la façon dont le Comité des fêtes était géré par sa Présidente, des lettres aux Membres de ce Comité pour tenter sans doute de semer la zizanie dans un endroit où déjà on manquait de mains pour préparer l'anniversaire du Duché, et pour couronner le tout des exigences d'excuses - de quel droit on se le demandait bien - pour un courrier trafiqué... Oui, on tombait tellement bas pour certains qu'on en arrivait à mêler politique et Comité des fêtes, alors que le propre de celui-ci depuis toujours était d'être apolitique justement.

Lasse, la Dame de Thauvenay était donc rentrée de bonne heure, fermant portes et fenêtres pour profiter de la compagnie de celui qui dans l'ombre la soutenait sans relâche, déguster une bonne bouteille de calva en parlant poésie et musique, mais aussi en bannissant les mots élections, gouvernance, négociations et Conseil Ducal du vocabulaire du soir. Elle avait besoin de retrouver un peu les plaisirs simples de la vie, au moins quelques heures. Et puis au vu de l'heure qu'il était lorsqu'elle avait tourné la clé, il était de toute façon trop tard pour encore donner des indications de vote à ses colistiers, ceux-ci ayant fort certainement déjà porté leur bulletin de reconnaissance du gouverneur à l'endroit adéquat depuis un moment, tout comme elle-même l'avait fait juste avant de rentrer.

Quoi qu'il en soit, la soirée avait été douce et mélodieuse, la nuit tendre et harmonieuse, et le réveil des plus agréables, dans la tiédeur des draps aux effluves laissant rêveuse encore quelques minutes.

C'est donc avec un sourire né du bonheur simple que la Dame de Thauvenay ouvrit les volets fermés la veille et découvrit non pas de suite les missives, mais bien une petite MéSaNge qui semblait paralysée d'avoir passé la nuit là (message différé envoyé après 22h45 dans tous les cas). Le prenant en main, elle découvrit avec surprise son propriétaire, mais plus encore le contenu du message délivré... Walan! Une preuve de parole tenue et une invitation à tenir la sienne.

Pour un peu elle en serait tombée à la renverse!

Ainsi donc il avait changé d'avis et soutenait à présent Samthebeast à la Gouvernance et plus lui-même! La preuve jointe à sa courte phrase ne laissait subsister aucun doute en effet. Mais pourquoi parlait-il de parole tenue? Il ne lui avait rien promis! Elle n'avait plus eu de contact avec lui depuis six jours, le 21 en fin d'après-midi... Une discussion où elle le prévenait de sa décision de ne même plus tenter d'aller chercher la négociation avec la tête de liste des Gold, puisque celui-ci n'était au final qu'un fieffé menteur, affirmant à minuit refuser catégoriquement de soutenir un autre que lui à la gouvernance pour faire le contraire une heure plus tard à peine en votant Walan.

Non, décidément, il ne lui avait rien promis lors de cette conversation, et elle encore moins! Et surtout pas de voter pour Samthebeast! Elle resta un instant songeuse, cherchant dans sa mémoire (ses historiques de conversation), sans parvenir à comprendre.

Tout en continuant de réfléchir, elle finit par ouvrir les deux des trois missives posées sur la pierre de taille qui lui étaient destinées à elle, la troisième étant adressée au sieur Rouvray. La première venait du Gouvernement, tout comme celle qu'elle tendit à Kernos. Le laissant découvrir en même temps qu'elle les résultats du dernier scrutin de vote des conseillers, elle ne put cependant s'empêcher de lui faire part à voix basse de la perplexité dans laquelle la mettait sa lecture.


C'est à n'y rien comprendre!

Le Vicomte d'Ancelle vient de... Norf! Changer de blocage!
Pas débloquer la situation, non, loin de là, juste déplacer l'ex-aequo.

Tu me diras qu'il ne fallait pas s'attendre à mieux, mais tout de même... Changer d'avis après 5 jours à s'obstiner vouloir la gouvernance pour lui-même en son nom de tête de liste perdante, le voila à présent qui reconnait s'être trompé durant tout ce temps et vote avec ses colistiers pour un autre.

Dire qu'on allait avoir un Gouverneur qui s'obstine durant autant de jours avant de dire qu'il a mal jugé, qui préfère déplacer un problème qui semble insoluble plutôt que lui trouver une issue... Pauvre Duché! Enfin bon, l'autre n'est pas mieux, lui et ses colistiers ont également changé d'avis et décidé de déplacer le blocage au lieu d'y mettre fin.

Mais où sont donc leurs idéaux et convictions à tous?


Ouvrant la seconde missive qui lui était adressée à elle, et qui devait être arrivée à peu de choses prêts vers le même moment que la petite MéSaNge paralysée par le froid de la nuit, elle reconnut immédiatement l'écriture du sieur Samthebeast, mais également les mêmes "preuves" que celles envoyées par le Vicomte d'Ancelle. C'est alors qu'elle se rendit compte que la "parole" à laquelle il faisait allusion concernait non pas une discussion qu'elle avait eu avec le second, Walan, mais bien avec le premier, Samthebeast.

S'asseyant sur le lit, elle hésita entre le rire - qui sans aucun doute n'aurait pas tardé si la situation avait été moins grave pour le Duché - et le soupir devant leur sale manie d'interpréter des propos, d'en tirer des conclusions à leur sauce, et tant d'autres choses encore.... Sa conversation de la veille avec la tête de liste GOLD, elle s'en souvenait encore dans les moindres détails (je ne vais pas la copier dans son intégralité ici, ne m'estimant pas le droit de divulguer les propos d'une autre marionnette que la mienne, mais les phrase de Terwagne bien). Posant son visage contre l'épaule aimée, elle confia ses propres propos au propriétaire de la clavicule en question, dans un murmure.


Les rois de la conclusion hâtive et de l'interprétation, c'est incroyable!
Tiens, je vais te dire ce que je lui ai dit mot pour mot hier vers midi à Samthebeast, qui tentait de me convaincre de voter pour lui-même. Je lui ai expliqué que cela ne servirait de toute façon à rien d'avoir nos 3 votes, puisque Walan et les élus APD ne changeraient pas le leur, donc il n'y aurait toujours pas de majorité et pas de sortie de l'impasse.

Il s'est alors mis à me dire que Walan et ses colistiers voteraient eux aussi pour lui, changeant leur position, et j'avoue que j'en ai rit, persuadée que jamais Walan ne ferait cela, lui qui est si inflexible. Enfin bon, je me suis finalement trompée sur lui à ce sujet, au vu des résultats tombés cette nuit, il est moins fidèle à sa position que je ne le pensais... Après avoir estimé que Sam n'était pas assez expérimenté, il le trouve aujourd'hui à la hauteur...

Bref, le sujet de la discussion était donc celui-là, et j'ai répondu les choses suivantes à ses tentatives :

- je connais Walan, je n'en crois pas un mot, jamais il ne reviendra sur une de ses positions

- vous le voyez franchement changer de position officiellement au bout de 8 jours à réclamer la gouvernance de par son vote? Moi non, très clairement

- Et sans les votes de l'APD vers vous, rien ne servirait que moi je change le mien.


Il m'a alors demandé clairement de voter pour lui si Walan le faisait, et j'ai répondu :

- avec des "si", je serai déjà en Germanie.

Devant sa certitude qui me semblait tellement idiote que Walan le suivrait, j'ai dit ceci :

- Et bien c'est fort simple, je ne croirai qu'il est utile de changer mon vote que quand et seulement quand j'aurais la preuve devant les yeux que lui et ses colistiers auront voté pour vous, pas avant.

- avouez que dans son cas, cessez de se soutenir soi-même, et demander à ses colistiers de faire de même, après 8 jours d'obstination, c'est clairement passer pour un "faible" dans la tête de certains qui n'y comprennent rien, et qu'il m'est clairement impossible de croire que le grand Walan soit prêt à cela

- Vous ne devez pas le connaitre de la même façon que moi, et tant mieux pour vous


Déjà là il a eu l'air de conclure que avec une preuve je changerai mon vote, et je lui ai bien répondu que non, en ces termes :

- Pour l'heure, je ne me suis pas engagée à vous suivre, j'ai dit que cela n'était dans tous les cas pas envisageable sans preuve matérielle du fait que les 3 APD vous suivaient.

Notre conversation a ensuite dévié légèrement, parce que je lui ai fait part de mon étonnement devant son changement de position depuis deux mois, en utilisant ces mots-ci :

- ceci-dit, c'est assez étrange au fond, que vous ayez voulu évincer Walan il y a deux mois pour aujourd'hui le soutenir face à vous même

- c'est toujours le même Walan

- je me vois mal trouver aujourd'hui plus apte que moi-même (ce que vous faites en votant Walan) un homme dont j'ai estimé il y a deux mois qu'on devait l'évincer


Notre conversation s'est achevée sur cette conclusion de ma part :

- et bien, voyez avec lui et ses colistiers si ils vous suivent réellement, et lorsque j'aurais des preuves de son retournement de veste, j'agirai en conséquence.


"J'agirai en conséquence", voila ce que j'ai dit... Pas "je changerai mon vote".
Les rois de la conclusion et de l'interprétation, tout simplement!

Et puis de toute façon, vu l'heure à laquelle tous deux m'ont envoyé MéSaNge et pigeon, il n'y avait aucune chance que ce retournement de position de leur côté aie une chance d'être pris en compte avant les résultats du scrutin... Pensent-ils que nous nous réunissions à 2 heures du matin pour ensuite aller reconnaitre le gouverneur à la lumière des chandelles ?


Sur ces mots, elle se leva en soupirant, et prit de quoi écrire.

Je vais commencer par répondre au Sans-Repos, et ensuite nous réfléchirons tous ensemble à la suite à donner à ce retournement de convictions en face.

Citation:
Vicomte d'Ancelle,

Sachant que mes longueurs et formes - littéraires cela s'entend - ont toujours eu tendance à vous exaspérer, je serai brève.

Par la présente je tenais à vous rappeler que lorsque la nuit tombe certaines personnes - au nombre desquelles vous ne faisiez visiblement pas partie cette nuit - ont une vie en dehors de la politique, faite de plaisirs et moments partagés, bouffée d'oxygène permettant de garder la tête froide - à défaut du reste.

Bref, vous l'aurez compris, cela était mon cas lorsque votre frileuse petite MéSaNge a pris son envol, raison pour laquelle je ne l'ai trouvée que ce matin, et vous m'en voyez navrée pour elle. Dans tous les cas, je gage qu'il était déjà bien trop tard pour avoir le temps de discuter du message délivré par celle-ci avec mes colistiers.

Je profite de cette missive pour vous dire que je n'ai pour ma part donné aucune parole mais que je prends bonne note de votre tenue de parole envers Samthebeast - puisque visiblement c'est auprès de lui que vous vous étiez engagé à changer d'avis sur ses compétences à gouverner - et agirai dès aujourd'hui en conséquence, comme je lui avait dit. J'ai bien écrit "agirai en conséquence", et non autre chose.

Avec tout mon respect,

Terwagne Méricourt,
Dame de Thauvenay

_________________
Kernos
[Brûlons nos ailes puisqu'elles ne nous mèneront nul part- Pierre-Scize, plusieurs jours après]

La nuit avait enveloppé la capitale amenant avec elle une étreinte glacée qui trahissait l'arrivée prochaine de l'automne. L'automne d'une année vieillissante qui bientôt s'enfoncera dans le linceul de l'hiver... son obscurité, sa froideur, son silence... Une année qui se meurt... une année brûlant lentement et dont les cendres rougiront une dernière fois avant de s'éteindre et de se disperser aux quatre vents et laisser place aux ténèbres... Les derniers éclats d'une nature agonisant sur lesquels se déverseront les larmes célestes qui finiront par la noyer, la glacer définitivement.

Dans la ville endormie, où seuls les gardes osent encore affronter la rudesse de la nuit, enveloppés dans leurs épais manteaux de veille, où mes les ivrognes ont renoncé à arpenter les rues en quête d'ivresse pour rester dans la chaleur de leur foyer, préférant pour une fois la compagnie de leur femme et de leurs enfants à celle d'une choppe, une lueur aussi vacillante comme un soupire trouble encore le sommeil du castel de Pierre-Scize. Dans l'une des nombreuses pièces du palais ducal, les mains croisés devant son visage, les yeux perdus bien au-delà des minutes et parchemins étendus devant eux, le Rouvray se perd dans ses pensées.

Un mois s'est écoulé sans que ses plaies n'aient encore cicatrisé... éprouvantes journées qu'il aimerait voir loin de lui, mais dont le souvenir est encore trop cuisant, trop récent pour qu'il puisse les chasser loin de lui... Calomnies... mensonges... diatribes... rien ne leur avait été épargné... accusations sur son travail... sa moralité... puis sur elle... sur lui... sur eux... sans doute était-ce cela qui le touchait le plus... Comment pouvait-on salir ainsi une chose aussi belle? Comment pouvait-on essayer de l'avilir elle ainsi? Les gens étaient-ils si étrangers à l'amour qu'ils étaient incapables d'en comprendre toute l'intensité et la pureté, toute sa sincérité? Ne l'avaient-ils donc jamais effleuré pour le concevoir en des termes aussi méprisables et bas? N'avaient-ils jamais connu cette passion qui vous enlève, vous brûle et vous emporte au-delà de tout? Au delà des autres, au delà du monde et même au delà de la vie elle-même? Etait-ce parce qu'eux même usaient des sentiments avec tant de vilenie et d'égoïsme qu'ils étaient devenus incapables de voir autre chose chez les autres? Le monde était devenu bien triste et sombre soudainement.

Comment leur demander ou espérer qu'ils comprennent, perdus comme ils étaient? Kernos se rappela le temps où l'hiver l'avait englouti et noyé dans la noirceur la plus profonde de l'esprit... La glace avait figé le jour et la nuit en un ciel qui n'était ni obscurité, ni clarté... un temps infiniment gris de pénombre, où tout paraissait terne... ni vent, ni froid, ni chaleur... un monde sans vie et sans mort, où tout surtout lui-même était asséché... Puis elle était arrivée, apportant avec elle l'éclat aveuglant du jour et les ténèbres les plus épaisses de la nuit, le grondement de la Tempête et la douceur de la brise. Il avait alors eu chaud, au point d'en étouffer, et froid à en geler, sa peau subissant tour à tour la morsure du feu brûlant et ardent, et celle de la glace... Soudain il avait eu envie, il avait eu peur, il avait désiré et surtout il avait aimé. Elle avait amené avec elle la vie et la mort, remettant ainsi le temps en branle et lui redonnant ce qu'il avait perdu et oublié, lui rappelant qu'il était homme...

Un homme oui... il l'était, ni le meilleur, ni le plus parfait, bien loin de là, il était homme tout simplement... parfois faible, parfois doutant et se trompant, parfois en colère, ridicule, pleurant, hurlant, injuste, absent, ivre, ... oui, il n'était qu'homme, au delà des apparences, au delà des fonctions, des titres ou des récompenses, au delà de la réputation, de ses réalisations, de ses réussites et de ses échecs, il n'était qu'homme et elle l'avait vu et compris... Et cet homme, elle l'avait pris, embrassant ses qualités tout autant que ses défauts, malgré les obstacles, les blessures, les souffrances et les peurs, malgré les risques... ils s'étaient découvert, pris et aimés. Et aujourd'hui, on leur crachait cela à la figure, avec tant de mépris et de fiel, que la réalité en était déformée et qu'il aurait bien eu du mal à comprendre qu'on parlait d'eux, si leurs noms n'avaient pas été prononcés... Mais quoi de plus étonnant après tout? Quand on parle de choses que l'on ignore, on ne peut que se tromper... et les concernant, cela n'était que plus vrai. Kernos se demandait d'ailleurs comment leur amour pouvait être ainsi connu de gens qui n'étaient ni de ses amis, ni des amis de ses amis... des gens qui ne fréquentaient guère et qui semblaient connaître leur vie bien mieux qu'eux-mêmes... Etrange, songeait-il, alors que ses yeux passaient du vélin à la flammèche dansante posée non loin. Il soupira.

Fatigue... lassitude... Ce bref retour à la réalité réveilla la douleur sourde de sa jambe qu'il considéra un instant d'un oeil mauvais... Infirme, temporairement certes, mais infirme tout de même... cuisante constatation et douloureuse leçon. Leçon sur les autres tout d'abord: on vous complimente, on vous cite en exemple, on vous remercie tant que vous êtes utiles, mais montrait une quelconque faiblesse ou positionnez-vous à contre courant et voilà que l'on vous met à bas de votre piédestal pour vous traîner dans la boue aussitôt. Puis, leçon sur moi-même: il s'était aperçu à ce moment de son manque d'humilité... lui qui n'avait jamais jusqu'alors subit la critique, ni jamais été pris pour cible, lui qui jusqu'alors se croyait plutôt aimé et respecté... tout cela n'était qu'orgueil, poudre aux yeux... sans s'en rendre compte, il se croyait exceptionnel, aujourd'hui il savait qu'il n'en était rien... Dure leçon d'humilité, dure leçon de vie que cette jambe brisée lui avait apporté.

Lentement, il se redressa hors de son fauteuil et fit quelques pas boiteux vers la fenêtre pour contempler Lyon endormie. Dehors, il pleuvait. De lourdes gouttes venaient s'écraser contre les carreaux, ruisselant à travers les rues pavées, emportant avec elle les reliefs laissées par l'humanité pour les déverser dans les eaux grossissantes du Rhône et de la Saône... Parviendrait-elle à purifier la terre cette nuit? Si au moins les larmes célestes pouvaient purifier les coeurs et les esprits aussi aisément que les ruelles de la Rugissante, sans doute le soleil se lèverait demain sur un monde nouveau... mais il en doutait. Ô Cieux! Noyez donc ce monde dolant et triste de vos pleurs, emportez donc la misère et le mal sous les flots afin qu'ils disparaissent à jamais de la mémoire des hommes! Par moment, il en venait à souhaiter que tout disparaisse, les responsabilités, le Lyonnais-Dauphiné, les devoirs, les contraintes, le passé... partir loin, sans se retourner, sans prévenir, partir là où ils n'étaient rien, où personne ne les connaissait, ne les regarderait ou les jugerait... Se laisser guider par le vent, n'avoir que le ciel pour toit et la terre entière comme maison...Être libre, libre d'être soi-même, libre de se laisser aller sans crainte, libre d'aimer... Cette liberté qu'elle avait mis en lui, qu'il chérissait et qu'il espérait, cette liberté qu'elle lui avait fait découvrir et comprendre, souvent il se prenait à l'appeler en silence... à la désirer.

Désirer... malgré ce qu'en disait le livre des Vertus, il désirait ardemment... Désirer, c'est avoir envie, c'est rêver, c'est aimer, mais c'est surtout vivre... L'envie intense et parfois brutale qui vous prend, vous pousse à courir sans réfléchir et au mépris du danger pour réaliser vos pensées les plus prégnantes, les plus essentielles, les plus... vous-mêmes. Cette nuit, alors que la mélancolie avait commencé à l'envahir, que la fatigue le rongeait autant que la douleur, il se rendait compte de son envie... une envie de vivre, une envie d'être, de brûler une nouvelle fois son existence au braiser de la passion, comme si tout le mal et la tristesse qui l'envahissaient petit à petit lui avaient rappelé ce qu'était le bonheur et la joie.

Abandonnant canne, morosité, chandelle et parchemins, il quitta la pièce pour s'enfoncer dans les couloirs déserts à cette heure du Palais ducal... Les gens n'avaient pas conscience des sacrifices, des hésitations, des doutes et des peurs qu'ils avaient affronté... Ils ne savaient rien des déchirements et des tourments qu'ils avaient pu connaître... Il passa plusieurs salons vides avant de prendre un autre couloir... Que pouvaient-ils comprendre au fond? Rien du tout, strictement rien... cela ne se comprends pas, cela se vit... les épreuves traversées ensemble qui vous rendent plus déterminées et plus forts encore, ils croyaient connaître, se posaient en juges mais ils étaient aveugles et inconscients... Qu'importait au fond ce que les autres pensaient... Kernos poussa une porte et traversa un long corridor le long duquel s'alternaient torches et tapisseries... Si pour eux la plus pure des choses en ce monde n'était que péché, si ce que lui appelait amour n'était que vice pour les autres, si ce qu'il ressentait lui valait d'être trainé dans la fange, tout cela lui était bien égal: il brûlerait volontier ses ailes puisqu'elles ne servaient point pour l'aimer.

Il retint son souffle quelques instants. Son coeur battait la chamade dans sa poitrine et le sang lui martelait les tempes, alors que sa main se leva pour frapper trois coups légers contre l'huis se dressant face à lui.


Ma Lune, c'est moi.
_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)