Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP-privé] Canardage de Pigeon... Sauce Provençale

Delta
Retour aux sources… Dans la brume envahissant son cerveau, Delta avançait, ou plutôt, se laissait porter par sa monture. A la base, ils auraient dû revenir ensemble… Ils étaient bien deux, deux. Un sur la selle, elle, l’autre dans son bide. Vivant au vu des coups qu’il lui portait. C’était déjà ça. Elle songeait la brune, elle songeait. A tout ce qui avait changé depuis son départ de ce Comté alors en guerre. Ils partaient avec de grands projets, châteaux… Pour la Provence !

De beaux projets, qui l’intéressaient de par le fait qu’ils y allaient ensemble, en famille… Pis avec des amis… et des amies… Trop d’amies pour Delta. Pour sa jalousie maladive. D’infernale elle était devenue insupportable. Elle ne se reconnaissait plus. Une nuit, elle rassembla ses affaires et prit le large. Direction le Berry, puis la Bourgogne, et enfin, la Champagne. Elle voulait récupérer ses biens avant de retourner en Provence.

Sauf que tout ne s’était pas passé comme prévu… Elle avait rencontré une armée… qui l’ayant prise pour une pilleuse du château de Clermont, l’avait laissée sur le carreau. Les voyages, seule, ça ne lui réussissait pas. Repos forcé à Bourges, puis elle avait repris son voyage. Peut être aurait elle dû prendre plus de repos, chevaucher plus doucement… mais elle avait hâte. Hâte d’en finir avec ce voyage, de se poser… De ne plus chercher à penser.

Plusieurs semaines qu’elle ne souriait plus. Il était temps de recommencer à vivre. Elle arrivait en Avignon. Enfin. Elle allait pouvoir se poser. Se reposer. Une taverne était en vue. Sa vue se brouillait. Elle aurait dû rester plus longtemps en convalescence… Elle aurait dû. Arriva le moment de descendre de cheval. Ce qu’elle fit… Plus ou moins. Elle s’écroula à peine arrivée au sol. Inconsciente. Sur son épaule droite, au milieu du tatouage qui la recouvrait, s’épanouissait une fleur rouge. Sang.

_________________
ref1
Voilà maintenant un bon moment qu'il roulait.

C'était l'une de ces journée où le ciel était plus bleu, les oiseaux chantaient plus juste, les femmes étaient plus belle.
Une bonne journée en somme.

A l'approche des remparts, il demanda à ce qu'on l'arrête.
Il avait envie de se dégourdir les jambes et de finir le reste du trajet à pied.
Après tout, le château, et plus précisément la salle de l'hérauderie, n'étaient pas si loin.

Il marchait tranquillement, s'arrêtant pour cueillir quelques fleurs, se remémorant le passé.

Arrivé en Avignon, il en avait plein les pattes...
Quelle idée de vouloir marcher aussi... La taille du château lui avait laissé croire qu'il était tout près... Quel bel effet d'optique !
Il ne s'y laisserait plus prendre.

Au détour d'une ruelle, devant ce qui lui semblait être une devanture, que ne vit-il pas ?
Une pauvre créature étendue.
Il se précipita à son secours.

Elle ne semblait respirer que très légèrement.
Il tenta de la retourner, afin de mieux l'examiner ce qui lui valu comme seul remerciement un violent accès de défense de la bête qui le blessa pratiquement mortellement !


Saleté de chat ! Meugla t-il !

Mais la créature avait déjà filé.
Il examina la blessure, et évalua les risques de mort qu'il encourait suite à cette égratignure. Qui piquait fort tout de même !


Heureusement il avait dans sa besace de quoi le soigner.
Il entreprit de reprendre sa route, tout en cherchant quelques tissus pour le bander.
Les yeux perdus dans son sac à la recherche du Graal, c'est son pied qui le trahit !

Butant, il l'entraina dans une chute qui aurait pu lui rompre le cou !
Le sac amortit la chute.

Il put ainsi se retourner, pour découvrir le corps d'une femme cette fois-ci. Etalée devant une taverne, surement ivre morte.


Non mais c'est pas possible cria t-il ! Voulez vous bien décuver ailleurs qu'en plein milieu du chemin ?!!

Pas de réponse

Ivrogne ! Insista t-il.

Toujours rien.

Il s’approcha, pour la retourner, mais l’expérience douloureuse du chat le fît agir avec prudence…


Madame l’Ivrogne ? demanda t-il timidement. Êtes vous morte ?

_________________
Delta
Une ombre... Sur le sol, sur elle.
Une voix.

Morte ? Elle était morte ?

Pas à ce qu'il lui semblait... Elle se sentait bien vivante... douloureusement vivante. La fleur à son épaule s’épanouissait. La blessure s’était rouverte, déversant son pourpre en une corolle flamboyante, rendant l’ivrogne pas si ivre que ça, plus pâle encore.

Ivre, quelque peu, de douleur, d’amertume et de doutes. Ivrogne ? Parfois… Pilier plutôt, c’est qu’elle avait la vie facile de ceux qui ne cherchent rien. Là, il lui fallait se poser, se reposer. L’enfant à naitre commençait à peser et sa plaie à l’épaule l’affaiblissait de jour en jour.


Ne… suis ni ivrogne… Ni morte… Enfin, pas encore…

Une toux rauque s’échappa de sa gorge, ses lèvres exsangues laissèrent échapper un son encore tandis que sa main tachée de carmin s’allait poser sur la jambe du Coin désappointé.

De l’eau… de… l’aide…

_________________
ref1
...

Court moment...

Mais elle me demande de l'aide pour boire ?
Il faut dire qu'elle n'y mettait pas du sien pour articuler.

Se tournant vers elle :


Désolé m'dame Nivrogne, je n'ai pas d'eau.

Il ne savait pas si le prénom était Nivrogne ou Nimorte, mais au moins, elle s'était présentée.

Par contre, vous auriez besoin de soin, je ne sais pas si vous avez vu, mais vous avez une sale tête.

Il parlait en même temps qu'il agissait.
Heureusement pour elle, il avait sa mallette avec lui.

Il la déplaça donc légèrement, de manière à ce que d'une, elle ne gène pas l'entrée de la taverne, et de deux, qu'elle lui lâche la jambe...
Il tenta une manœuvre stratégique en essayent de l'assoir légèrement et pouvoir ainsi l'examiner.

Pour la distraire il se présenta donc à son tour.
Elle semblait étrangère, vu sa manière de parler, il l'imita pour se faire comprendre.


Ne.. suis Savié... Audisio pour rependre son phrasé donc.
Ne pas inquiéter toi, moi médecin. Moi soigne les gens comme toi qui vont mourir.

Un rapide coup d'œil à la blessure de l'épaule, ce n'était pas particulièrement joli à regarder...
Il arriva à la poser dans un coin, et entreprit de la déshabiller pour tenter les premiers soins.

_________________
Delta
Lui expliquer… Lui dire que non, son nom c’était Delta. Ou pas. Parce que pour parler, encore faudrait il être en état de parler. Alors, elle songeait à ce qu’elle aurait pu répondre si elle avait pu articuler.

Mourir dites-vous ? Mais ce n’est qu’une peccadille ! Voyons, rien qu’une égratignure… Vous vous dites médecin ? Alors faites votre boulot ! Et sinon, savez-vous parler correctement ? Genre, mettre les mots à leur place ? Non mais vraiment !

Bon, ça c’est ce qu’elle aurait aimé dire. De sa bouche s’échappèrent quelques borborygmes incompréhensibles tandis, qu’en effet, elle lui lâchait la jambe, y laissant une trainée rougeâtre.


Mou... vous ? C’n’est dille... oyons, gnure. Vou cin ? Lot ! Pa ment ? Tre mo pla ! On ment !

Elle ne perdit pas conscience, restant dans un brouillard épais, mais douloureusement consciente de la douleur qui lui habitait l’épaule. Épaule trois fois meurtrie par les armées du Roy. Elle se sentit en partie déshabillée, n’ayant pas la force d’esquisser un geste pour préserver un honneur qu’elle n’avait point.

Delta. Sa large houppelande masquait encore son ventre rebondi. Tant mieux, pour l’instant on ne parlerait pas trop. Il allait falloir qu’elle trouve un père pour cet être qui grandissait en elle. Rapidement. Pour laver l’honneur, du moins en regagner quelque peu. Étrange sensation que ces pensées lucides alors que son corps ne lui répondait plus. Elle était consciente de son être malgré le brouillard. Incapable de parler de façon compréhensible… mais ne s’en rendant pas compte.


_________________
ref1
Il soupira.

Ne pas fatiguer toi, moi rien comprendre à toi dire !

Il essayait de soigner la blessure de Dame Nivrogne, mais, tentant de ne pas complètement la dévêtir dans la rue, la prouesse n'était pas aisée.
A chacune de ses tentative, il voyait le visage de l'étrangère se crisper un peu plus.

Il savait qu'il devait la déplacer, l'amener dans son antre, l'ausculter plus sérieusement.
Oui mais voilà, non seulement il était attendu, mais en plus, il n'avait franchement pas du tout envie de soigner le moindre clochard dans les ruelles...

Manœuvre subtile.
Il lui sourit
Cela rassure le client, et l'attendrit. Plus pratique pour les manipulations.


Quelques tentatives supplémentées, quelques sourires plus tard, c'était officiel, vu les circonstances, il n'y arrivait pas et cela commençait gentiment à lui attaquer les nerfs.
Cela prenait un peu de temps, et ce qui devait arriver arriva.
Les badauds.

C'est qu'il était regardé maintenant. Nulle question de l'abandonner, question de réputation. Et de comportement noble il lui semblait... ou l'instinct ansériformien...
Bref, il n'avait plus le choix.

Et c'est le coeur empli de tristesse qu'il déclara officiellement :


Toi pas inquiéter toi. Moi vais soigner toi dans ma cabane d'opération.
Toi ira mieux après.


Ou pas... Surement pas d'ailleurs...

_________________
Delta
Il l'avait menée, portée par quelques badauds, en sa cabane d'opération. En gentilhomme, noblesse d'âme sans doute, il avait terminé de lui dénuder l'épaule. Rien d'autre. Sa houppelande formait force plis, masquant son ventre. D'accord, il était médecin, mais il ne cherchait pas à savoir si elle avait mal autre part. Tant mieux, pourrait-on dire... Son ventre était porteur de vie, et elle n'était point mariée.

Bref, il lui soigna l'épaule. Il la soigna, oui. Mais avec nombreux gestes brusques qui lui rendirent aussitôt conscience. Elle ne cria pas, non. Elle hurla. Le médecin, travaillant sur une chair inerte depuis le début, sursauta. Le geste valut à la brune un léger agrandissement de la plaie. Son tatouage était définitivement fichu.

Durant de longues journées et d'interminables nuits Delta oscilla entre conscience et rêves absurdes. Souvent elle se voyait maudite car ayant accouché d'un monstre aux cheveux blonds, semeur de cornes. Le peu qu'elle connaissait de la religion lui montrait nombre horreurs qui la laissaient épuisée, s'endormir parfois d'un sommeil sans rêve. Il lui fallait remédier à cela. Ce serait sa prochaine tâche lorsqu'elle serait en état.

Avant d'être en état de se mouvoir à nouveau, elle resta quelques temps chez le médecin. Ils échangèrent peu de paroles, il ne lui demanda rien pour ses soins, persuadé sans doute qu'elle n'était qu'une pauvresse. Par contre, elle lui apprit son nom, Delta. Non, ce n'était pas m'dame Nivrogne ! Elle parti faire son petit tour de Provence, en profitant pour faire un arrêt aux Archevêchés. Pastorale. Enfin. Discuter de son âme à sauver avec un prêtre qui croyait qu'elle avait bu trop de bière, lui fit le plus grand bien.

Quelques semaines et une pastorale bien entamée plus tard, Delta se faisait quelques écus en Arles lorsqu'une voix connue l'apostropha.
  • Tu oses me vendre du pain à ce prix là ?!!
    Delta rit au nez du Canard Provençal.
  • J'ose !
    Voyons, Doc, vous avez osé me laisser telle cicatrice ?

  • J'ai osé ne pas te laisser mourrir dans le caniveau !
    Excuse moi du peu !

  • Parce que du monde vous regardait !
  • C'est bien mal me connaitre !
  • Vous pensez ?
  • Je sais.
    Contrairement à toi, jeune écervelée

  • Qu'ai je donc fait pour mériter ce titre, vieillard ?
  • Tu te permets de croire que tu me connais, en me prêtant en plus de bien mauvaises pensées.
  • Souhaiteriez vous quelques morceaux de pain à moindre prix ?
    Delta observait sa réaction
  • Maintenant que le mal est fait...
  • Ne me dites rien... vous êtes ruiné, l'on vous a volé, assassiné ?
  • Je suis ruiné, tout court...
    Ma bonté me perdra...

  • Faudrait il que je vous rembourse les quelques soins que vous m'avez prodigué ?
  • Tss.
    S'il avait fallu, je te l'aurais déjà demandé.

    Ref1 songeait : mais bon...
  • Vous l'auriez demandé ?
  • Si j'avais dû le faire, je l'aurais fait.
    Médecin est mon métier.

  • Que vous faites de manière tout à fait altruiste quelques soient les conditions ?
  • Que je fais pour vivre.
  • Donc... En étant payé.
    Delta sourit en coin.
  • Bien sûr, c'est ce que je dis.
    Je t'ai fait une fleur.
    J'suis comme ça moi.
    Alors me prêter de si vilaines pensées...

  • Oui, j'abuse.
    Et je vous vole avec le prix du pain.

  • En plus...
  • D'ailleurs, pourquoi en avoir acheté autant s'il était si cher ?
  • Et bien je ne connais pas les cours d'Arles, et c'est la quantité que j'achète habituellement.
  • J'étais la moins chère du marché...
    Quoiqu'un bougre d'imbécile vend désormais moins cher que moi !

  • Bref, bref, n'en parlons plus, je ne suis pas vénal, je ne vais donc pas m'étendre sur le sujet
  • Et sinon, si je voulais vous remercier pour vos soins, à quel montant estimeriez vous cela ?
    Delta réprima difficilement un sourire alors que Ref1 regardait la bougresse...
  • Ne t'en fais pas, on trouvera bien un moyen.
  • Si vous le dites. J'ai bien peur de devoir vous être éternellement reconnaissante. Vous m'avez tout de même sauvé la vie !
    Que seraient devenus mes biens si j'avais disparu ?

  • C'est vrai ça...
    Vu sous cet angle...

    Le médecin réfléchissait... très fort...
  • Enfin, je ne suis pas si riche... Quelques souvenirs de voyages... ça me réussit, les voyages...
  • Oui, oui... Oui, oui...
    Delta se demandait si elle avait touché la corde sensible... du "bon parti", une faiblesse pour ce qui brille ? Tiendrait elle son pigeon, canard en l'occurence ?
  • Tu sais, je t'ai fait une fleur, mais il est toujours possible de s'arranger...
    Entendons nous, je ne te demande rien, mais il est vrai que soigner coute cher en matériel...

  • Oh, ça, je n'en doute pas !
    Mais puisque vous avez refusé...
    Je m'en voudrais d'insister.

  • Bien sur bien sûr...
  • Ce serait fortement impoli de ma part.
  • Oh je n'irais pas jusque là...
  • Puis, soyons réalistes, n'ayant nulle parenté, ces biens me serviront de dot.
  • De dot... oui oui, de dot...
    Ref1 refléchissait... encore.
  • Enfin, je vous laisse, Doc.
    Delta inclina la tête, sourit.
  • Sans doute avez vous nombreux patients à voir !
    Ref1 la salua bien pensif...
Elle observa le Doc, bien plongé dans les pensées qu'elle avait instillées en lui. Il était plus que temps, bientôt, elle serait à terme. De plus Savié devait être un des rares provençaux à ne pas avoir calculé qu'elle était enceinte. Prête d'accoucher serait le terme exact. Se marier et le mettre au monde. Donc, finir sa pastorale ! Et se faire baptiser en vitesse. Pour ce qui est de calculer, le Doc calculait surtout la dot... Il fallait donc l'augmenter.

_________________
Delta
Delta chiale. Il y a peu, elle planait encore. Tout se présentait si bien, faut dire. Quelques jours où elle avait cru que l’avenir lui appartenait. Et il avait tant de choses à lui dire, l’avenir. Elle comptait bien l’écouter…

Une musique, le son du luth, deux personnes qui se cherchent, se frôlent, n’osent… Osent. Elle songe, Delta, elle frissonne, sourit, a froid, a chaud. Elle songe. Elle a mal. Là. Là où elle avait si chaud…

L’avenir lui souriait. Le Doc lui avait fait sa demande… Et quelle demande ! Un monstre de romantisme ! Il lui rendrait service, de façon toute à fait altruiste, disait il, pour la protéger des coureurs de dot…

Il lui rendrait service, en effet, il lui permettrait d’accoucher, dans les liens du mariage. Elle lui offrait un héritier. Enfin… ça, il l’ignorait. Comme si son ventre était passible d’ignorance. Une énormité visible depuis loin !

Et ses mains sur son ventre… - Oh, pas les mains du Doc, non. Les mains du gardien de son corps. Quelqu’un de très bien, disait Savié, qui veillait sur elle de belle façon. – Ses mains, leurs mains, entrecroisées…

Et l’enfant qui bougeait comme jamais, sensible au bien être de sa mère, sensible au caresse sur le giron maternel, il s’en venait les cueillir, ces caresses… Comme elle les baisers, chaque contact étant un rayon de soleil.

Delta chiale. Sur elle, sur eux, sur eux… Elle boit, aussi. Parait que ça fait oublier. Et elle noircit du vélin, sachant très bien qu’il a pris sa décision. Parait… ouais, paraitre, va falloir qu’elle le travaille le paraitre.

Pour la dernière fois elle a été elle-même, ça ne lui a pas réussi. Ne pas dévoiler ses cartes, plus jamais. Jamais. Elle a mal, Delta. Mal à sa fierté, aussi. Mal là, tout au fond. Elle y a cru à sa vie toute réglée.

Un mari pour donner un nom au chiard, elle raye une liste imaginaire, fait ! Un amant… fait ! Un mariage avant d’accoucher… Presque fait ! Enfin, selon la pleine lune… parait que ça change quelque chose…

Delta écrit, elle écrit des il parait, elle écrit ce qu’elle ressent… L’amant est parti, il a peur. Cette vie qu’elle lui propose ne lui plait pas. Elle a beau lui expliquer qu’elle se fout de son mari comme des cochons qu’il aurait à son domaine…

Mais en ce cas, pourquoi l’épouser ? Parce que c’est ainsi. L’idée lui plait, le pas encore mari déjà cornu est plutôt sympa, lui laisse la bride sur le cou, le champ libre. A lui, l’amant, elle ne propose que de l’aimer, jusqu’à ce que l’absence d’amour les sépare.

Il a choisi de partir, avant. A cette pensée, ses larmes redoublent d’intensité. Parce que ça fera plus mal plus tard… et ci, et ça. En bref, il avait peur. Peur d’avoir mal, de lui faire mal. Le mal est fait.

Il dit qu’ils se reverront, peut être, qu’il aimerait bien… Un hoquet la prend à cette pensée, pour fêter ça ? Comme un anniversaire ? Allez, fêtons ça, on se revoit, fêtons ce jour où je vous ai laissée à votre vie…

Une vie si intéressante… Un mari qui aime sa dot, un bâtard qui deviendrait héritier… Où est l’amant porteur de rêves ? Parti…

Alors, Delta se lève. Peut être n’a-t-il pas quitté la ville, peut être…

Sa chambre… Elle l’y trouvera, ou pas. Elle demandera à l’aubergiste…

Elle y va.

Marre du froid.


_________________
Chankel
Une dernière fois avant de partir, Chankel se dirigea vers la cathédrale d'Arles. Elle ne lui paraissait plus aussi belle, plus aussi sereine. Elle lui paraissait triste et sombre. Comme lui. En plus, il avait froid, il grelottait, il avait mal, il avait peur...

Peur de quoi? Il n'était même pas sûr de le savoir. Peur de l'avenir? Peur d'être rattrapé par son passé? Peur peut-être d'avoir fait une terrible erreur?

Il la revoyait se décomposer alors qu'il lui parlait. Il la revoyait se détourner pour cacher ses larmes, alors que lui-même n'arrivait pas à stopper les siennes. Il l'entendait, essayant de garder une voix ferme. Il la sentait encore, effondrée contre lui. Il la revoyait le regarder alors qu'il sortait.

Il se revoyait lui asséner ces paroles si douloureuses. Il se revoyait tenter de lui expliquer l'inexplicable. Il se revoyait sortir à reculons alors qu'elle lui tendait les bras. Il revoyait la porte se fermer entre eux. Sur eux. Les écrasant de tout son poids.

Il se revoyait, hésitant devant cette porte close. Devant cette porte si facile à ouvrir, et qui pourtant était devenue un obstacle infranchissable.

Il se revoyait errer, hagard, dans la nuit d'Arles. Cette nuit qui lui avait toujours paru si belle. Et qui avait maintenant été si lugubre...

Il s'avança lentement, très lentement, lourdement, très lourdement, dans l'allée centrale. Il se coucha presque devant l'autel, ne retenant plus ses larmes. Il resta un long moment ainsi. Long comment? Impossible de le dire.... Il n'avait plus envie de rien...

Il finit tout de même par se relever doucement, sortir un mouchoir pour s'essuyer le visage, puis repartir péniblement vers la sortie. Il referma la lourde porte derrière lui. Elle claqua comme un couperet qui s'abattrait sur lui.

Il partit dans la nuit. Dans le froid glacial.

_________________
Delta
L'aubergiste est catégorique, il est parti.

Déjà ? Comment ça, parti ? Il n'a rien dit ? Pas laissé un mot ? Rien ? Elle court à sa porte, malgré ce ventre qui la ralentit. Elle frappe, frappe encore. Rien... Pas un son n'émane de la chambre close.

Vide...

Si vide...

Elle sort de l'auberge, court dans les rues, ne regarde pas la lune, pas ce soir...

Le soleil a rendez vous avec la lune... Mais la lune n'est pas là... Foutaises !

Le soleil s'est barré, oui !

Et puis... et puis... Si c'est un garçon, hein ? Il ne lui a même pas donné d'idées de noms...

Et qui va l'aider à l'aimer cet enfant ? Monsieur Dot ?

Elle court...

Elle court à travers les rues d'Arles, n'osant crier son nom.

Et si on la voyait ? A vrai dire, elle n'y pense pas, à ça.

Une silhouette...

Loin...

Trop loin...

Un murmure dans la nuit :
Chankel...

_________________
Chankel
Il avait pris ses affaires dans sa chambre, sellé une nouvelle fois son fidèle Opale. Il l'avait caressé longuement avant de grimper sur son dos. Il avait ensuite laissé Arles derrière lui. Il s'était laissé emmener par Opale un peu au hasard pendant des heures, sans vraiment beaucoup avancer, faisant des tours et des détours. Espérant peut-être un brigand ou l'autre pour se défouler, ou pour en finir... Interrompu de temps en temps par des volatiles, dont il avait appris récemment qu'ils se mangeaient...

Il finit par arriver à Nîmes, fatigué, hagard. Il y prit une chambre dans la première auberge et s'écroula dans le lit après avoir désellé et bouchonné son fidèle Opale. Il dormit d'un sommeil sans rêves...

_________________
ref1
Il se réveilla après une nuit emplie de rêves.

Se levant, il analysait le pouvoir que pouvait avoir trois lettres sur son subconscient... et sur son conscient... D. O. T. dot.
Etait-il si vénal ? Il n'en avait pas l'impression. Il se débrouillait comme il pouvait.
A force de faire des visites médicales gratuites, aider les gens, travailler gratuitement, il avait s'était mis à penser que quelque part, à défaut de gratitude, on lui devait bien ça.

Ayant réussi à trouver un arrangement psychologique qui le rassurait, il continua son chemin vers le petit déjeuner.
Cela faisait plusieurs jours qu'il travaillait à ses expériences, il n'avait pas assez vu le Soleil. Pour le sortir un peu, il se décida, non sans se faire violence, à aller le prendre à la taverne.

Simon, son chauffeur - entre autre - l'y amena et l'y laissa.

Il s'installa tranquillement, commençant son premier repas de la journée.

_________________
Chankel
Une longue semaine avait passé. Rythmée par l'arrivée et le départ de petits volatiles, mais aussi par le travail dur et abrutissant qui lui permettait de faire le vide, et par de longues nuits sans sommeil à essayer de lire en lui.

Ce fut finalement une missive de sa sœur qui le sortit de cette torpeur dans laquelle il se trouvait. Elle était toujours vivante et avait retrouvé leur père. Ce père qu'ils n'avaient jamais connu. Ce père dont sa mère ne lui avait même jamais voulu lui parler, voulant oublier celui qui l'avait abandonnée après l'avoir engrossée. Ce père qu'il n'avait pu ni aimer ni admirer. Ce père qu'il avait détesté pour ce qu'il avait fait.

Mais ce père qui était le sien quand même... Sa sœur avait eu les mêmes sentiments, mais semblait dire qu'il faudrait qu'ils se rencontrent, tous les trois. Pour parler. Pour essayer de se connaître!

C'était donc décidé. Il allait reprendre la route.

Cependant, il était maintenant conscient que les voyages pouvaient présenter des dangers. Et avant de repartir sur ces chemins potentiellement mortels, il lui fallait retourner en Arles......

C'était le cœur beaucoup plus léger qu'il solda son compte à l'auberge. C'est en souriant qu'il parla à son fidèle Opale, lui disant qu'ils repartaient ensemble en Provence alors qu'il le bouchonnait puis le sellait. Il flatta longuement ses naseaux, lui confiant tout ce qu'il espérait de ce voyage. Il finit par grimper sur son dos, par flatter son encolure une fois encore, puis par donner des jambes pour partir au galop. Prochaine étape: Arles !

_________________
Delta
Plusieurs jours durant elle ne s’était nourrie que de fruits et céréales liquides. Plusieurs jours, jusqu’à ce qu’elle se fasse gronder par un pigeon. Enfin, un pli porté par un pigeon. Son Pigeon à elle n’avait rien vu, perdu dans ses rêves de dot et ses expériences… Elle s’était ressaisie, cessant tout alcool, mais n’en mangeant pas mieux. De quoi tenir debout la journée durant, tout au plus. Sauf que l’enfant avait faim. Delta maigrissait à vue d’œil.

Elle ne dormait plus, ou trop peu, ses pensées allant à celui qui était à Nimes, ville bien proche mais qu’elle ne pourrait atteindre au vu de l’état de faiblesse dans lequel elle se trouvait. Elle aurait dû manger pour aller mieux, et pour manger, il aurait fallu qu’elle aille mieux, son estomac se refusant à tout gain de force. Le serpent se mordait la queue.

Le baptême eut lieu, elle donna à ses larmes l’air de la félicité. C’est qu’elle était tellement pieuse, Delta ! Ce n’était pas crédible, et pourtant certains avaient l’air dupe. Malgré son mal être, elle parvenait à maintenir le paraitre. Comme une litanie qui la maintenait debout, paraitre, paraitre, sourire, pleurer des larmes de joie… On y croit !

Un coup de vent et Delta aurait pu planer. Le jour vint où les nouvelles ne vinrent plus. Elle tournait en rond, ne sachant plus si elle avait bien fait de lui envoyer une beuglante. Aveuglée par sa douleur, exaspérée par cette douceur présente dans les plis qu’il lui renvoyait… Et ce doute, le fait qu’il avait fuit leur histoire, qu’il mettait fin à ce qui faisait un « eux ».

C’était tellement clair pour elle, comment pouvait il douter ? Et cette façon de la remercier… Elle s’était sentie salie par ces remerciements, arrivée à un point où même un mot doux ne l’aurait pas fait sourire. Delta était au-delà des larmes, engoncée dans sa douleur, s’en faisant un manteau qui ne contrastait en rien avec son regard sombre et sa chevelure d’ébène. Nous n’évoquerons pas les cernes à ses yeux, cela serait moins poétique.

Bon, il faut l’admettre, la vie qu’elle lui proposait n’était pas ce qu’on pourrait appeler… ordinaire. Elle portait l’enfant d’un Brigand, allait se marier avec un Noble qui, au passage, deviendrait le père du môme, sans doute pour faire la nique au dit Brigand, d’ailleurs, lui qui les détestait tant, les nobles. Et… Et tenait à ce Breton fuyard plus qu’elle n’aurait cru possible. Et elle lui proposait de partager avec elle cette vie déjà bien compliquée.

Le Pigeon l’avait déjà accepté comme garde du corps, Gardien de son corps, disait la brune. Son homme de confiance à qui il avait confié son bien le plus précieux. Delta… Ou plutôt, si on lisait entre les lignes… La dot. Une place de l’ombre alors qu’elle aurait aimé se montrer au monde à ses côtés. Lui vivait dans la douleur aussi, douleur d’un passé trop proche, trop frais. Douleur qu’elle aurait voulu pouvoir effacer, mais il avait choisi de partir.

Et il lui avait dit qu’il reviendrait, à sept heures, un soir. Elle s’accrochait à cette idée, s’y écorchant l’esprit. Chaque jour, entre chien et loup, elle se tenait sur le muret, à la sortie d’Arles. Pas un soir elle ne loupa le moment, et, chaque fois, elle restait jusqu’à la nuit noire. S’il avait du retard ? Il allait arriver n’est ce pas ? On lui rétorquait, parfois, qu’il aurait prévenu… Mais il ne lui écrivait plus, elle n’avait plus que ce moment auquel se raccrocher.

Alors qu’elle errait, un jour, elle avait croisé le vieil intendant d’Avignon. Ils commençaient de parler, âmes en peine partageant leurs douleurs, lorsqu’un volatile les interrompit. Un sourire, un des rares qui fut sincère ces derniers temps, un sourire éclaira son visage. Ce soir, à sept heures, elle serait au rendez vous. Et, comme une nouvelle ne vient jamais seule, le vieillard lui apprit bien des choses, et pas des moindres. La période noire était passée, ne lui restait qu’à accoucher après le mariage !

A sept heures, il n’était pas là. Mais elle n’osait croire qu’il n’avait pas juste un peu de retard. Elle était espoir, elle était frémissante d’impatience, scrutait le lointain, s’y abimant les yeux. Il viendrait c’était certain ! Il l’avait dit, il n’attendait qu’une confirmation de sa part. Soudain, il fut là. Elle resta saisie, se repaissant de sa vue, l’observant plus encore, pas d’un regard qui voit, mais de celui qui ressent. Ses yeux la harponnaient, elle tendit une main tremblante vers lui n’osant croire qu’il était là, descendit du muret sans oser encore le toucher. Sans le mur, d’ailleurs, elle serait tombée. C’était lui qui lui permettait de garder une certaine contenance.

Il était là, il était bien là, et elle se trouvait en ses bras. Ils restèrent longtemps enlacés, se murmurant des mots doux à l’oreille, au cœur et à l’âme. Il ne partirait plus pour réfléchir, la laissant ainsi dans le doute, il serait là, avec elle, pour l’aider à supporter la vie. D’excuses en paroles, cœurs à nus, ils se dirigèrent en taverne, enlacés, Opale, le cheval du Breton les suivait nonchalamment.

Ils prirent des plats dignes d’ogres affamés, se dévorant du regard. Lui n’y touchant qu’à peine, ne lui parlant pas des péripéties qu’il avait connues en route. Ne pas gâcher l’instant. Elle, le voyant sans le voir, ne voyant que lui, rien autour, ne remarquant pas l’état de ses vêtements, l’absence de ses armes, du bagage qu’il avait pu se reconstruire durant son précédent séjour en Arles. Le repas terminé, un verre trinqué sur un « à nous » porteur d’à venir, ils s’allèrent découvrir dans ses appartements.

Nous n’irons pas décrire ici la nuit qu’ils ont passée. Elle ne regarde qu’eux et nul mot ne saurait raconter ces moments qu’ils ont partagés. Nous pouvons affirmer que le sourire qui était sur son visage à l’instant où elle s’endormit en ses bras était un sourire bienheureux, épanoui, celui de la femme qui a trouvé sa place. Et le sait.

Une belle journée qui s’annonçait, et qui le fut, belle. Le soir, le Pigeon était sorti de son atelier, - comment appeler autrement le lieu de ses expériences ? - attablé en taverne. Il n’avait rien su de l’escapade du Breton ni du mal être de sa promise. Rien vu. Ce qui était bien, c’est qu’elle pouvait sourire, il croirait que c’était pour lui.

Ce qu’elle fit, d’ailleurs, en entrant, étreignant une dernière fois la main de son Gardien avant de la libérer.

Paraitre, oui, mais paraitre heureuse ?

Sans difficulté !


_________________
Chankel
Quand il était entré en Provence, le traditionnel comité d'accueil l'avait dépouillé de ses biens, le laissant récupérer son souffle dans le fossé. A croire qu'il était interdit d'entrer en Provence avec quelques biens sur soi !

Qu'à cela ne tienne, il avait autre chose à faire que de s'apitoyer sur son sort. Le brigand lui ayant laissé Opale qui ne s'était probablement pas laissé faire, il avait pu poursuivre sa route. Il allait être en retard, mais tant pis, il saurait attendre le lendemain, et profiterait de la journée pour se remettre de ses plaies et bosses.

Alors qu'il approchait d'Arles, il avait vu une menue silhouette noire qui semblait attendre quelque chose ou, peut-être, quelqu'un. Il se dit que peut-être .....

Oui, c'était bien elle. Amaigrie certes, mais avec cette même lumière dans le bleu de son regard. Il avait sauté de son cheval et l'avait regardée, n'osant faire le premier pas. Quand elle lui eut tendu la main il s'était précipité vers elle pour l'enlacer longuement. Dans la taverne où ils étaient allés ensuite, il avait insisté pour qu'elle se nourrisse, essayant de rattraper tout ce temps, lui-même ne picorant que quelques bouchées. Il avait repris ensuite le travail que le Doc lui avait confié: garder le corps de Delta !

Il était d'ailleurs étonné que le Doc lui fasse confiance à ce point, exigeant même que Delta ne sorte pas sans son garde du corps. Il semblait réellement tenir beaucoup à elle ! Ou peut-être à sa dot, comme elle disait... En tous cas il prenait sa mission au sérieux et ne laisserait personne l'approcher de trop près !

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)