O Bijap !

Soirée de ce premier et beau mardi de juin. Dans la campagne gasconne, un peu reculée des villes, se tenaient deux hommes. Deux frères. Ils ne se parlaient pas, pas en mots. Leurs regards si noirs, si semblables se mêlaient d'une lueur forte. Les deux savaient pourquoi ils étaient là, sur cette colline charmante. Le plus jeune des deux avait demandé à son aîné de venir, subitement. Il devait célèbrer son mariage, son union avec la femme de sa vie. Car dans la tradition tsigane, c'était le chef de la Kumpania qui avait ce pouvoir, ce devoir. D'ailleurs, outre cette coutume, le jeune homme accordait beaucoup d'importance à ce que son frère, et nul autre, accomplisse les rites. Son frère qu'il avait retrouvé en ce début d'année, au Portugal.

Maka avait été grièvement blessé à Chinon, face à une armée angevine. Kallias, qui avait juré sur l'honneur qu'il ferait tout pour rejoindre ce dernier, était lui aussi parti sur la route, et s'était jeté sur la même armée, sans arme et seul. Le résultat de sa folie avait été catastrophique, quinze épées qui l'avaient tailladé. Il était revenu à Thouars, en un seul et sanguinolent morceau. Mais le premier jour de sa convalescence, un ange lui apparut, radieux. Cet ange s'appelait Heulynn, et venait généreusement soigner ce voyageur inconnu. Durant les jours où elle s'occupait de lui, un lien se noua entre les deux jeunes gens. Ils parlaient beaucoup, riaient même, heureux d'être ensemble sans trop savoir pourquoi. Mais comme il faut toujours que les hommes gâchent ce qui est beau avant de s'en rendre compte, un matin, le Scorpion avait disparu. Laissant une lettre derrière lui, une lettre chargée de mots pour elle, qu'il aimait déjà, il était parti pour le Portugal.

Maka l'avait vite rejoint, et les deux frères boiteux avaient pu se consacrer aux "affaires". Convalescents, mais riches et au Soleil, le vent semblait tourner. Lucine et Sam qui les rejoignaient enfin, Maka qui trouvait l'amour en la personne de la ravissante Kyria ; et ce jeune tsigane mélancolique, qui envoyait régulièrement des lettres en Poitou. Souvent, il avait écrit les mots qui lui brulaient les lèvres, les paroles d'amour qu'il rêvait de lui avouer, mais trouvant ses missives trop explicites, il les jetait à la mer. La Kumpania avait suivi son chemin, suivant le fleuve Duero jusqu'en Espagne, puis le quitter pour rejoindre la Catalogne. Là-bas, dans un monastère abandonné aux abords de Puigcerda, la Casa s'était installée, de nombreux amis étaient venus : Trez et sa compagne Sibillyne, Nejma la fille de Lucine, Myriam, Simon, Argantino. C'est à cette période là que le Scorpion pensait rentrer en France. Un jour qu'il était à Barcelone avec son frère, il écrivit à Pulika de chercher Heulynn en Provence, de s'assurer qu'elle allait bien. Le Rrom s'était acquitté de cette tâche sans problème, et Kallias songea alors plus que jamais à la rejoindre. Mais son combat pour l'unité du peuple tsigane le poussa à aller à Castelnaudary, au rassemblement, et non à Bayonne où elle se trouvait. Elle l'avait pris de manière froide, et il s'en voulait déjà, bien que le village tsigane ne le faisait pas regretter, il savait qu'il la rejoindrait. Ce qu'il fit, après maintes tribulations. Elle lui avait confié qu'elle voulait être sienne, être sa femme. Radieux, il lui avait alors demandé de l'épouser, sachant qu'elle dirait oui. C'est pourquoi ce mardi soir, il se tenait sur cette colline avec son frère, dans l'attente de la mariée...

Le lieu était superbe, harmonieux, naturel. Même à l'horizon on ne distinguait aucun batiment conçu par des hommes. Le temps était clair, et un léger vent remuait les cheveux noirs et bouclés de Kallias. Ce jour, ils n'étaient pas enveloppés d'un foulard, mais reposaient gracieusement sur ses épaules. Il portait le foulard rouge élegamment noué autour du cou, sous sa fine barbe qui cerclait une bouche en sourire. Regard noir, déterminé mais rêveur, moue impatiente et excitée. Rarement l'expression de ce visage jeune et mat n'avait été aussi vive. Il était amoureux, pour de bon, et chacune de ses pensées était pour elle, son Heulynn. Il était habillé avec grand soin, bien que simplement. Sa chemise blanche voletait légèrement, ainsi que sa cape noire. A la taille, une ceinture sur laquelle reposait sa rapière, seule arme qu'il tenait ce jour. En effet, pas de dagues dans ses bottes sombres, pas de sica sous la cape, pas de poignard derrière la chemise. Jour exceptionnel. A ses mains, de nombreuses bagues, excepté sur l'annulaire de la main droite. Car comme le voulait la tradition espagnole, c'est à cette main que venait l'alliance... Bien que nerveux, il répétait inlassablement, calmement, le prénom de sa fiancée, attendant de la voir arriver.

Heulynn... Heulynn...

Galopant à travers les campagnes Touraine et Poitevine, il faisait route vers le Sud. Une lettre lui avait annoncé de se précipiter s’il souhaitait tenir son rôle, et quel rôle ! Durant le trajet, il s’amusait à s’imaginer son vieil ami vêtu de ses plus beaux apparats…il s’était fait un portrait de cette femme dont il avait maintes fois entendu parlé.

Les villes défilaient…Bientôt il serait au rendez-vous. Il y serait peut être même en avance, chose fort curieuse car chacun sait que ce n’est pas sa première qualité. Il ne savait qui serait là, il ne savait comment cela se ferait…A quelques lieux de son but, il mis pied à terre au bord d’un ruisseau afin de se faire une toilette.

Dénouant le sac de cuir qu’il avait soigneusement fixé à son canasson, il en fit jaillir ces plus beaux vêtements, de noir et de blanc, il serait donc vêtu. Il les étala au soleil sur l’herbe fraîche. Il se dévêtit rapidement pour s’asperger la tête et le corps de cette eau glacée. Le soleil ne mit guère de temps à faire sécher le tout.

Il se pencha alors vers les tissus soigneusement étalés à terre. Il s’en vêtit. Il n’avait point de capuche venant lui masquer le visage, mais une chemise blanche légère comme la soie, une longue cape noire passée sur les épaules acheva le tout. Les armes dans leur fourreau brillaient de leur pommeaux astiqués la veille. Satisfait, il reprend la route au petit trot.

La colline est là devant lui…Il y accède rapidement. Il termine les quelques derniers mètres à pied, tenant par la bride sa monture.

Il ne peut s’empêcher de sourire à la vue de son ami…Visiblement, il attendait sa belle…il semblait trépigner d’impatience…Il s’avança vers lui ouvrant ses bras pour lui offrir une large accolade. Il était heureux de pouvoir retrouver son compagnon en une telle occasion. L’honneur qu’il lui avait fait d’être son témoin lui allait droit au cœur. Il lui était reconnaissant de ce geste d’amitié et il ne pourrait jamais l’oublier.

Un jour si il osait faire également ce même pas, il lui rendre ce geste. Mais il n’était pas prêt encore pour un tel engagement. Il y a peu retenu en prison, il se désespérait de rater un tel moment.

Mon cher ami, me voilà comme prévu et à l’heure dite…J’ose croire que tu dois être bien impatient que tout cela se fasse. Je ne connais pas ta chère Heulynn, mais par les propos que tu m’as tenu, je ne peux que te souhaiter le bonheur que tous méritons. Je te remercie d’avoir tenue à ma présence à tes côtés. Tu m’en vois grandement honoré et c’est une reconnaissance sans limite que tu peux désormais attendre de moi.

Antonio, sur l'invitation de sa mère Heulynn, avait fait le voyage... pas très loin de Bayonne, le voyage ne fut pas si long.... Il sonna poliment à la porte de la vaste demeure, "hacienda" o Casà del Señor Kellias...
On le conduit gentiment jusqu'au lieu de cette cérémonie très particulière pour célbrer un mariage Tsigane. La roue..."La roda" ... chose qui s'est perdu au ssi dans le vocabulaire francès... le patronyme Rhodier ...très souvent en Auvergne désigne aussi la "roue" ou la Meule du rémouleur et aiguiseur de couteaux dans le Pays de Thiers... :wink:
Arrivé devant les invités, on lui désigna sa mère... Dame Heulynn de Bellecourt, qui s'apprètait à ce mariage....
-" Mère j'avais peur d'arriver en retard, mais par la grâce divine mes pas ont été bien guidés vers vous !"

Antonio embrassa tendrement sa mère en la félicitant....

Je suis heureux pour vous, ce mariage vous ouvre d'autres horizons... qui quelque part rejoignent ces liens anciens ou éloignés de ma culture de l'honneur et de la loyauté! El viaje de la vidà...

L'endroit était paisible, très bien choisi, éloigné de toute ville.

Heulynn en était à cette contemplation lorsqu'elle entendit arriver quelqu'un derrière elle. Sans avoir besoin de se retourner, elle reconnut le pas...son fils !
Elle l'avait cru mort, suite à une attaque sur les chemins dont il avait été victime. Mais, il avait survécu et s'il avait dû vivre sa convalescence loin d'elle, maintenant, il était en pleine forme.
Elle se souvint...On lui avait appris le brigandage, la mort d'Antonio, elle en avait parlé à Kallias, à l'époque et il l'avait aidée, dans ce moment douloureux pour elle. Une vague de tendresse pour cet homme qu'elle allait épouser, s'empara d'elle et elle sourit à son fils, en se retournant.
Antonio ! Tu es là ! Laisse-moi te regarder...
Elle se recula un peu pour l'admirer. Tu es magnifique, Antonio !
Le regard bleu croisa un instant le regard du fils, regard hérité du côté paternel. Un sourire ému devant cet enfant devenant un homme, maintenant.

Antonio répondit à sa mère en la serrant contre lui, il l'admira à son tour.

Elle lui tendit le voile et sa couronne pour qu'ils les lui mette.
Ce qu'il fit avec beaucoup d'application et de dextérité.

Mère et fils étaient heureux. Elle...folle d'amour et lui, satisfait du bonheur de sa mère qu'il avait toujours protégée et dont il était fier.

Avant de rabattre le voile sur le visage d'Heulynn, Antonio lui fit un baiser sur la joue et lui chuchota quelques mots qui la firent sourire.
Je suis heureux pour vous, ce mariage vous ouvre d'autres horizons... qui quelque part rejoignent ces liens anciens ou éloignés de ma culture de l'honneur et de la loyauté! El viaje de la vidà...


Enfin, il lui présenta son bras et l'emmena vers le lieu de la célébration de mariage.

LJD Antonio n'ayant que peu de possibilités de connexion, je fais agir son perso. Je sais qu'il ne m'en voudra pas.

Moorphine avait chevauché une partie de l'après-midi afin de ne pas être en retard. Même si elle n'avait que peu de trajet à faire, son sens de l'orientation était génétique. Elle était donc en retard...

L'endroit était vraiment magnifique, une nature généreuse et parfumée, accueillante, vivante et gaie, tout comme sa meilleure amie Heulynn.

Elle attrappa sa besace, et jeta un oeil dedans. Rien n'avait l'air d'avoir souffert du voyage, tant mieux, se dit elle.

Moorphine rejoint en vitesse les personnes qu'elle avait vu de loin. Elle fut rassurée de voir Heulynn, car elle était un peu intimidée par ces gens qu'elle ne connaissait pas. Elle salua de la tête Antonio, le fils d'Heulynn qu'elle avait croisé par le passé en Poitou. Heulynn, qui lui tournait alors le dos, remarqua son arrivée. Moo lui fit un petit signe discret, accompagné d'un grand sourire. Outre sa toilette magnifique, son teint de porcelaine et son sourire radieux, c'est le regard qu'Heulynn lança à Moo qui la frappa. Elle rayonnait tout simplement, et l'éclat dans ses yeux était un poème à lui seul. Heulynn était heureuse, amoureuse et heureuse.

Le vent aussi était venu, comme tous les autres, comme pour bénir par la douceur de son souffle cet instant qui perpétuait des liens anciens, et comme pour ne pas manquer d’être senti, tournoyait langoureusement autour des présents, caressant les visages dans un mouvement constant. Maka pouvait sentir comme un léger murmure dans le souffle calme qui ondoyait tout autour d’eux, et son émotion était vive d’un tel instant qu’il n’avait pas un instant songé à vivre un jour comme celui-ci, et d’autant plus pour lier deux êtres qui s’aimaient et dont l’un des deux n’était autre que son frère.
Il regarda Kallias qui trépignait presque, lui jetant des regards d’impatience, et sourit spontanément attendri et amusé de le voir départi de son flegme habituel, mais qui eut pu le lui reprocher, alors que brûlait en son cœur une flamme ardente d’un amour sincère. Maka était, malgré lui, impressionné de voir Kallias décider de ce mariage alors qu’il avait semblé si peu sérieux en amour. Et pourtant il ne pouvait oublier de choses dont ils avaient parlé il y à longtemps déjà dans la campagne de Leiria, et il lui semblait que se concrétisait aussi là ce qui lui paraissait une évidence. Il regarda les présents et inspira doucement l’air, ferma à demi les yeux et laissa juste l’énergie et les flux commencer doucement la cérémonie.

Il revit une ancienne scène, presque similaire ou son grand père unissait de jeunes gens dans le rite du mariage, il revit la façon de faire, les paroles et ressenti en lui chaque détail. Kallias et Heullyn se tenaient face à lui dans le crépuscule, entourés des témoins et s’approcha du couple.

- Mon frère… puisque tu me l’a demandé, je célébrerai ton mariage selon la tradition des anciens.

Posant ses mains sur l’épaule de Kallias et Heullyn, il leur demande de bien vouloir s’agenouiller.

- Vous vous êtes choisis pour partager en commun vos vies, et avancer ensemble dans le chemin de vie et vos vies trouveront l’une en l’autre le soutien nécessaire pour affronter les intempéries comme les Hommes.

Il posa successivement ses mains sur la tête de l’un et l’autre en un geste doux et marqué, donnant une très légère pression sur le sommet du crâne de chacun des deux.

- Vous vous respecterez, comme se doivent de se respecter deux Humains et ne trahirez pas l’engagement qui vous liera l’un à l’autre, parce que cet engagement sera fait de sang et fera que vous serez unis en vous-mêmes l’un à l’autre et l’un en l’autre.
Kallias, tu devra veiller sur cette femme, t’assurer qu’aucun mal ne lui arrive et prendre soin d’elle. Tu l’écoutera, parce qu’un mari écoute toujours sa femme qui parle un langage assez juste pour qu’il ne s’écarte pas trop.
Tu sera juste avec elle et ne la battra pas, et si tu le fais elle sera en droit de te chasser de son vago et te refuser d’y entrer à nouveau.

Alors qu’il prononçait ces mots, il toucha encore le somment du crâne du couple, il pouvait sentir la gravité qui saisissait Kallias alors qu’il prononçait les paroles qu’il avait entendu dire enfant sur les terres lointaines des montagnes de Savoie.

- Heullyn, tu devras veiller à la base et au socle de la famille. Tu devras t’assurer que vos enfants grandissent bien, les préservera des maladies et les soignera si quelque mal leur advient. Tu les protégera et ne laissera personne leur faire du mal, tu les élèvera bien, leur inculquant le respect aux aînés et à la familya. Tu leur enseignera à distinguer le faux du vrai et a toujours agir en accord avec l’âme du peuple Rrom, en respect des coutumes et lois qui entourent les nôtres. Tu sera le symbole de la famille et du respect de ces choses dans le vago, et veillera à la quiétude des tiens, tandis que Kallias représentera la famille pour ceux qui ne sont pas du clan.
Par cette union tu acceptes les règles et lois de la communauté envers les membres de la communauté, et vivra en accord avec celles-ci.

Il posa une dernière fois ses mains sur le couple, puis leur demanda de retrousser leurs manches. Il regarda les deux témoins, et leur demanda de faire acte de témoignage à l’avenir de qu’il allait faire. Il sortit un couteau que son frère lui avait forgé au Portugal , une belle lame d’acier de Tolède qui possédait un tranchant si fin, qu’il ne craignait pas des leur faire mal.
Il fit une incision à l’avant bras des deux époux en devenir, puis leur fit unir leur bras sur les coupures mêlant ainsi le sang de l’un et l’autre et leur demanda de boire ainsi le sang mêlé qu’il en résulterait. Et ainsi se trouvaient-ils mariés selon la tradition du peuple Rrom telle qu’il l’avait apprise.

Lucine était arrivé fort tard, et déjà en haut de la colline, les acteurs du mariage étaient rassemblés. La beauté du cadre la fit frémir, et le vent parfumé lui transmit son ivresse.
De loin elle voyait la silhouette de ses frères aimés, et d'autres aussi, Heulynn certainement qu'elle n'avait encore jamais croisée, il lui sembla reconnaitre trez, puis d'autres, qu'elle ne connaissait pas. Elle se dirigea dans leur direction, mais lorsque le vent lui porta les paroles de son frère, elle s'arrêta. La cérémonie avait commencé, elle était heureuse d'arriver assez tôt pour assister à ce moment féerique, assez tard pour rester dans l'ombre, les laissant au bonheur de cette intimité choisie.
Le Scorpion, voilà que ce mariage te ressemble, secret et profond, magnifique et intime.
Lucine murmura ses voeux de bonheur pour que les emporte le vent à travers la terre lorsqu'elle vit la lueur de l'acier briller pour la cérémonie du sang.

Trez était arrivé... Son meilleur ami, ponctuel ! Kallias se dit alors que ce jour était vraiment exceptionnel, car son témoin était là, à l'heure et plutôt très bien habillé. Sentiment de fierté... Sentiment marqué chez un Rrom, ami loyal. En effet, le Scorpion était fier de son témoin, de son vieil ami, qui était beau, fidèle à sa demande, simplement rayonnant. L'écoutant, il aurait voulu lui répondre des paroles aussi touchantes, lui dire à quel point son amitié était un honneur, à quel point il était heureux qu'il soit là pour son mariage. Mais le gitan savait que sa voix tremblerait, qu'il écraserait une larme et qu'il fonderait d'émotion. Peu de gens avaient pu voir ce jeune homme ainsi, émotif, sensible, lui qui savait si bien être placide, froid et flegmatique.

Alors il resta ainsi, droit comme un I, et mit dans son regard vers Trez tout son amour et sa reconnaissance, toujours muet. Il l'était, sa gorge le brûlait d'impatience, ses yeux n'attendaient que de la voir enfin arriver. Et elle arriva... Le regard noir de Kallias se fit vif, flamboyant, fier, excité. Elle était tout simplement magnifique, il aurait pu s'écrouler de surprise si ses bottes, admirablement cirées, ne le tenaient pas. Une robe à la couleur si sanguine et sensuelle, ses épaules nues qu'il adorait embrasser, un décolleté sublime qui aurait achevé l'homme le plus pieux, ses cheveux... Ils étaient superbement porteurs d'une couronne de fleurs, voilés divinement. Les yeux de Kallias se portèrent aussi à sa main gauche, où tronait fièrement une bague... Bague de fiancailles, celle qui avait été à Zerbina Zingarini, mère morte en couche du tsigane. Celle qui était son seul héritage, et qu'il lui avait offerte après son oui...

Son coeur battait si fort que ses cotes devaient en trembler, il voulait courir à elle, lui ôter son voile et l'embrasser follement, crier au monde qu'elle était à lui. Mais il devait être patient, car telle était la règle. Ses yeux, fous d'elle, n'avaient pas même remarqué qu'elle était accompagné de Moorphine, son témoin, et d'Antonio, son fils. Il la laissa approcher, se mettre à ses côtés, tout deux face à Maka, chef de cérémonie.
Ce dernier prononça ainsi les phrases rituelles, si belles et touchantes, pleines de promesses. Kallias savourait l'effet de sa main sur son front, mesurait l'intensité du moment qu'il vivait. Une force montait de la terre, descendait des étoiles pour arriver jusqu'aux bouts des doigts de Maka. Le vent, le chant des oiseaux, tout s'arrêtait pour que la Nature, par les mots, les mains, les actes de Maka, célèbrent et annoncent l'union de cette femme et de cet homme. L'air de cette campagne, la terre de cette colline, le feu de ces coeurs, et l'eau de cet océan visible à l'horizon, chacun des élements entraient en communion pour chanter l'amour.

Le Scorpion souriait, enfin confiant. Il avait beaucoup appréhendé ce moment fort, et se rendait compte désormais qu'il était à la hauteur, que tout se passait formidablement. Des larmes de joie pointaient au coin de ses yeux. Il était tout entier à elle, qui se tenait près de lui, liée dans cette émotion indescriptible. Il en écoutait sa respiration, savourait sa présence. Un rapide regard complice lui fût lancé, comme disant "je t'aime !". Maka termina une phrase, il était temps de prêter serment. D'une voix puissante et à l'accent chaud, Kallias prit la parole fièrement.

Je jure de vouloir cette union plus que toute autre chose.

Je jure de respecter les règles et lois de la communauté, et de vivre en accord avec celles-ci.

J'écouterai ma femme, veillerai sur elle, et l'aimerai toujours, devant le Très Haut et l'éternité.

Lorsque Maka sortit une tchuri, Kallias savait ce qui les attendait tous les deux. Il ne broncha pas lorsque la lame perça son avant-bras, ni quand son frère fit appuyer les plaies l'une sur l'autre. Son sang à lui, son sang à elle, coulaient sur les deux bras. Son sourire se fit alors plus marqué. De sa main déjà rougeoyante, il amena le bras d'Heulynn à ses lèvres, et vint boire le mélange qui symbolisait leur union. Il avait, le mois passé, déjà bu son sang, en prêtant serment d'honnêteté entre elle et lui. Mais cette fois-là ils n'avaient percé que le bout de leurs index, pour se jurer qu'il ne se mentirait jamais. Tandis que ce jour, la scène était impressionnante.

Païenne certes, mais qu'aurait-été une cérémonie à l'église si ce n'est une simple foire aux vanités ? Ce mariage était tsigane, c'est à dire libre, un peu fou mais respectueux, émouvant et magnifique. Les lèvres du Scorpion étaient devenues rouges, rouge comme son foulard, rouge comme la robe de la somptueuse mariée. Il la dévorait des yeux tandis qu'il écarta sa bouche, et présenta son propre avant-bras où s'était mêlé les deux sangs. Ainsi liés, ils vivraient par et pour l'autre, leurs battements de coeur ne se produiraient qu'en une seule cadence amoureuse. Ainsi liés, ils vivraient, mari et femme, Rrom et Rromni.

Moorphine arriva alors qu'Antonio et elle arrivaient au sommet de la colline. Elle sentit sa présence, se retourna et lui sourit, radieuse et reconnaissante d'être là, amie fidèle, amie sincère. Chose très rare, chez les Gadjé !
Elle sourit, pour elle-même à sa pensée...

Heulynn prit le temps d'observer Maka, le frère de Kallias.
Légèrement plus âgé, celui-ci paraissait plus grand. Des cheveux et des yeux noirs soulignant l'origine tzigane marquaient un visage qui semblait paisible, comme ceux des Sages. Aîné de la famille, Maka célébrerait le rituel du mariage comme son rang le lui demandait, selon la tradition.

Kallias...elle le dévora des yeux. Il était beau, élégant, fier et...impatient.
Ses traits trahissaient l'état dans lequel il était, nerveux.
Heulynn sourit, elle trouvait cela touchant. Son coeur se mit à battre plus vite lorsque leurs regards se croisèrent, chargés de tendresse, remplis d'amour et de promesses. Au fond d'elle, elle sentit une envie furieuse de se jeter dans ses bras et de l'embrasser mais...il fallait attendre, célébrer d'abord leur mariage.
Ce mot résonnait en elle comme un écho sans fin.

Et le cérémonie commença.
La main chaude se posa sur son épaule et elle comprit l'intensité du geste du patriarche.
Ils s'agenouillèrent tous deux, d'un même élan pour écouter les paroles de Maka.

Kallias répondit...elle frémit au son de sa voix.

Maka reprit, s'adressant à elle.
Lorsqu'il s'arrêta, elle répondit, naturellement, les mots coulant d'eux-mêmes.

Par cette union que je désire, j'accepte les règles et les lois de la communauté, je vivrai en accord avec celles-ci.
Je serai le symbole de la famille, je veillerai à la quiétude de mon époux et à celle de nos enfants.
Comme ces paroles prenaient sens, alors !
Leurs enfants...le vago...le peuple Rrom...le clan...elle devenait des leurs.

Arriva le moment du mélange du sang.
Elle ne craignait pas ce rite, la douleur qui pourrait être ressentie ne serait rien à côté de la signification du geste accepté par les deux époux.
Elle tendit le bras et la lame de Maka entailla sa chair.
Leurs sangs se mêlèrent, leurs regards se noyèrent alors dans une promesse muette avant que Kallias ne recueille ce liquide de vie qui s'échappait de sa propre plaie.
Elle ne le quitta pas des yeux jusqu'à ce qu'il libère son bras.
Ce fut alors à elle, de boire leurs sangs mêlés à l'avant bras de son aimé, signifiant par là qu'ils étaient liés pour le reste de leur vie, qu'elle désirait plus que tout, vivre à ses côtés, pour ce que le Ciel leur donnerait à vivre.

Sur cette colline, agenouillée aux côtés de celui qui avait rendu sens à sa vie, elle devenait son épouse, sous le regard du Très Haut, au sein d'une famille qui faisait d'elle, par ce mariage, une Rrommi.
Les regards posés sur eux pesaient graves et intenses en cet instant important.

Antonio n'avait d'yeux que pour sa mère.... Cet engagement solennel, unique et imprescriptible.... il savait tout ce que cet engagement nécessitait comme obligations et devoirs... la loyauté, la fidélité, l'abnégation... tous ces actes dirigés pour et avec la communauté... Antonio avait déjà croisé dans ses voyages d'études, des Rroms, Gitanos, ces gens fiers et soudés à une communauté sans faille. De là lui venait cette connaissance de la culture :
"el dejo Gitano" La libertàd anté todo !

Antonio savait qu'il était un gadjo, mais un gadjo imprégné de la culture du voyage, de ce respect des choses comme des êtres, faisaient de lui "ùn média sangre", un demi gitan.....


La cérémonie touchait à sa fin, et tout en tentant d'approcher de la mariée...sa mère... il fredonnait une vielle chanson, apprise des gens du voyage...
"Flor silvestre y campesinà,
Flor sincéra en el madrigal,
No se coje por una officina,
Y menos por acabar en el canal... "

Si, Heulynn es una amapola, una flor sylvestre y sincera.... es my madre....

Je te félicite Mère, je suis fier de cet engagement, qui nous rapproche ainsi, par la liberté, de mes aspirations et de mes convictions... Heureux pour vous Kellias, car je sais que Heulynn va s'épanouir... superbe, sauvage, et libre... " una amapola"... pourtant si fragile.

Soucis de connection, toutes mes excuses


L'échange de sang fait, il remit à Kallias la bague qu'il devait mettre au doigt d'Heullynn, à l'annulaire droit, et en fit de même à Heullynn. C'était des bagues finement ciselés avec le nom gravé en minuscules lettres et un scorpion.

- Vous voici Rrom et Rromni d'un même noyau, vous aurez à partager vos vies, c'est autour du partage que nos vies se fixe. C'est ce partage de tout qui fait la cohésion de notre peuple.

Maka sourit, il avait prononcé ces paroles pour réaffirmer ce qui se savait sur cette communauté, comme depuis toujours cela se faisait. La transmission de la culture et des coutumes se faisait ainsi, de vive voix et même s'il savait lire et écrire comme la majorité des membres de la Kumpania, ils restaient dans la tradition orale de leur peuple.

Il regarda les présents et ressenti toute l'émotion qui se dégageait d'eux. Appercevant Lucine il lui fit un sourire. Kallias remit la bague au doigt d'Heullynn, concrétisant dans ce geste la raison pour laquelle tous se trouvaient là en ce jour. Maka se tourna vers Heullynn.

- Tu es maintenant des notres Heullynn. Sois la bienvenue en ce monde qui n'appartient à nul autre, et qui est régi par ses propres codes et lois. En choisissant de devenir des notres, tu renonces de certaine manière au monde des Gadjé. Où que tu te trouves, la Kumpania sera là s'il en est besoin, et tu pourras toujours compter sur les membres de la communauté.

Il se pencha et embrassa Kallias et Heullynn sur le front, marquant ainsi la fin de la cérémonie.

- Et maintenant que sonnent violons et guitares, chantons et dansons pour célébrer cet instant, le mariage d'un Baro Rrom.

Un regard bleu se posa sur un regard noir...un regard chargé de tendresse croisa un autre regard rempli d'amour...Et Kallias passa à son doigt, une alliance. Elle ne put réprimer un frisson lorsque leurs mains se touchèrent, les sentiments à fleur de peau, elle sentit un sanglot nouer sa gorge. Si on lui avait demander de parler maintenant, aucun son n'aurait pas être entendu.

A son tour, elle fit de même. Prenant la main de Kallias, elle fit glisser la même bague que la sienne à son doigt. Ce qu'elle ressentit alors était inexplicable. Jamais elle n'avait été aussi émue et aussi fière. Oui, elle était fière. Fière d'être la femme de cet homme aux yeux noirs, de cet homme doux et tendre, de cet homme qui, désormais, partagerait sa vie, toute sa vie.
Pour l'épouser, elle avait choisi de quitter une vie, une vie qui semblait morte et terne, une vie qui aurait fini par l'éteindre, doucement.
En devenant sa femme, sa Rromni, c'était comme si elle revivait, comme si le vent qui tournait doucement autour d'eux, chassait à tout jamais ennui et lassitude et apportait à la place, une brise au doux parfum...Elle était heureuse et quelque chose, au fond de son âme, savait qu'elle le serait toujours.
Bien sûr, il y aurait des jours plus gris mais il le fallait pour apprécier, ensuite, le ciel bleu des jours heureux.

- Tu es maintenant des notres Heulynn. Sois la bienvenue en ce monde qui n'appartient à nul autre, et qui est régi par ses propres codes et lois. En choisissant de devenir des notres, tu renonces de certaine manière au monde des Gadjé. Où que tu te trouves, la Kumpania sera là s'il en est besoin, et tu pourras toujours compter sur les membres de la communauté.
La voix de Maka la ramena à la noce.
Elle sourit au frère de Kallias, un sourire sincère d'engagement réciproque d'une réponse positive.
Après que Maka les eut embrassés, ils se relevèrent, Kallias et elle.

Leurs mains étaient toujours jointes, Heulynn serra un peu plus celle de son époux, de son Baro. Sa poitrine se soulevait à une cadence accélérée, sous le poids de l'émotion.
Alors, toujours fixant Kallias, elle prit la parole.
Kallias, devant le Très Haut et devant la Kumpania, devant nos témoins, devant mon fils, je suis aujourd'hui devenue ton épouse.
Je ne connais pas de mots assez forts et précis pour te dire ce que je ressens, ce que cela représente pour moi. Je voudrais te dire tant de choses...mais nous aurons toute une vie pour cela.
Les seuls mots que je connaisse et qui résument assez bien la situation, c'est finalement...Kamo tut, mur englo...
Le coeur battant, un peu tremblante, elle lui sourit derrière le fin voile qui dissimulait un tout petit peu les larmes ourlant ses paupières.

Les alliances... Kallias les avaient remises à son frère quelques minutes avant la cérémonie, il les avait lui même forgé. Elles étaient toutes deux identiques, fines, d'or. De nombreuses heures durant, il avait gravé sur les anneaux de toutes petites lettres, à peine lisible, sur tout le tour des deux bijoux. Un minuscule scorpion, une devise qui disait "Carpe diem", ainsi que leurs initales, désormais plus semblables. Maka acheva ainsi la cérémonie en les leur remettant. Elles furent mises à l'annulaire droit, comme il se fait en Espagne. Une larme d'émotion vint dans les yeux noirs du jeune Rrom lorsqu'il saisit ses doigts pour lui passer l'alliance. Elle fit de même, dans un mouvement qui répondait à la même pulsation.

Il la regardait ainsi, heureux qu'elle soit désormais sa femme. Il savait que ce bonheur durerait, car pour la première fois de sa vie, une personne le comblait. Il était venu à Bayonne pour elle, et cela faisait déjà quelques temps qu'il y résidait. Pourtant, il ne se sentait guère morose de ne pas reprendre la route. Il vivait avec elle, dormait entre ses bras, et il ne lui fallait plus rien d'autre pour vivre. Bien sûr, un jour il repartirait sur les chemins, mais avec elle. Elle qui accompagnait sa vie, qui mêlait son destin au sien.

- Vous voici Rrom et Rromni d'un même noyau, vous aurez à partager vos vies, c'est autour du partage que nos vies se fixe. C'est ce partage de tout qui fait la cohésion de notre peuple.

Kallias eut un sourire vers son frère. Un sourire reconnaissant, heureux. Tout deux se relevèrent, main dans la main. Sa désormais femme se tourna alors vers lui, prononçant des paroles touchantes. Ses mots achevèrent le scorpion. Son coeur battait à exploser dans sa poitrine, quelques larmes de joie coulaient sur ses joues. Il se reprit, fièrement, pour répondre à sa Rromni.

Heulynn, pour toujours je serai ton époux et tu seras mon épouse. C'est tout simplement la chose la plus belle que je vis.
Je t'aime, chacun des instants de ma vie te sont dédiés, je ne suis que par et pour toi, mon amour. Kamo tut, mur englo !

Le moment venait enfin. Face à face, il la contempla quelques secondes avant d'oeuvrer. elle était une Déesse, la sienne. Kallias perçut son sourire et ses jolies larmes voilées. Alors il s'avança d'un pas, triomphant, majestueux, ému. Sa main vint caresser la nuque de sa femme, avant de rejoindre l'autre devant son visage. Du bout de ses doigts, il écarta alors doucement le voile. Paroxysme de l'amour lorsqu'il redécouvrit son visage, somptueux d'émotion. Il l'enlaça, et ses lèvres rejoignirent les siennes pour un baiser brûlant. Le premier de mari à femme. Ce baiser dura longuement, Kallias exprimant avec sa bouche toute sa passion, son amour. Dégageant enfin ses lèvres, ils restèrent enlacés, sous les étoiles, devant leurs proches. Antarès brillait.

Ce n'est que quand ,blottis dans les bras l'un de l'autre, Le Scorpion et sa belle émergeaient docement de leur rêve, comprenant enfin qu'ils étaient unis, que Lucine, sourire aux lèvres se leva. Elle réalisa alors que Argentino se tenait près d'elle et que beaucoup de gens se pressaient tout autour. Elle n'avait pas vu arriver les amis et les parents. Tout ce qu'elle trouva à dire, fut :
Ils sont beaux tous les deux hein ?
Finallement elle préférait encore parler avec ses voisins que de déranger les tourtereaux dont, l'émotion passée, les embrassades la faisaient sourire.

La cérémonie était terminer, Argantino n'avais pas tous compris au rituelle de ce mariage mais il était content pour Truth, il vit toutes les personnes assistanteq au mariage avec un large sourire.

Ils devaient déjà être très beaux avant, ce mariage ne fera qu'éluminer la beauté de cet amour.

En répondant à Lucine, Argantino fit monter un grand sourire.

Elle ne savait quelle attitude adopter durant la cérémonie...peu habituée qu'elle était à mener une vie communautaire dont elle ignorait les us et coutumes. Comment lui en vouloir d'ailleurs puisqu'une grande partie de son existence c'était déroulée en huis clos...jusqu'à l'enlèvement en fait...

Vêtue d'une robe blanche, couleur qu'elle affectionnait entre toutes, cherchant contenance, elle finit par s'asseoir, repliant ses jambes, qu'elle enserra de ses bras, menton reposant sur les genoux.

Silencieuse, son regard allait de l'officiant, au jeune couple, cherchant à percer les mystères d'une tradition que son manque d'éducation lui rendait obscure. Elle grimaça à la vue du sang qui coulait et détourna le regard..la vue du fluide vital n'avait jamais été faite pour la rassurer...sans doute les réminiscenses de temps plus anciens, d'une époque moins heureuse...

Son regard cherchait à accrocher celui de Maka pour y trouver le sentiment de sécurité qu'il savait si bien lui apporter mais celui-ci était bien trop occupé à son office pour se rendre compte de son trouble.

La cérémonie était terminée, elle se leva s'approcha du couple et saisit la main de la jeune épousée pour lui murmurer doucement :

"Soit heureuse ma soeur"

Elle lança un long regard et un sourire à Truth...déjà les membres de la Kumpania se pressaient pour les féliciter et profitant du désordre ainsi créé elle s'éloigna du groupe et partit se cacher derrière l'un des vagos afin de retrouver une contenance...

L'intensité de la célébration se dissipait doucement.
L'instant avait été profond et recueilli, lourd d'une symbolique si riche que nul ne pouvait y rester insensible.

A présent, pour le couple, était venu le temps de la fête et du partage de la joie avec la Kumpania.

Ce fut Antonio qui vint le premier, féliciter sa mère et de Kallias.
Je te félicite Mère, je suis fier de cet engagement, qui nous rapproche ainsi, par la liberté, de mes aspirations et de mes convictions... Heureux pour vous Kallias, car je sais que Heulynn va s'épanouir... superbe, sauvage, et libre... " una amapola"... pourtant si fragile.
Heulynn serra la main de son fils dans la sienne et, se hissant sur la pointe des pieds, embrassa tendrement son rejeton devenu bien plus grand qu'elle !

Tandis qu'Antonio s'éloignait un peu, Heulynn observa les gens autour d'eux. Elle ne connaissait pas grand monde et, un moment, se sentit comme étrangère malgré le fait qu'elle était devenue officiellement Rromni.
Une jeune femme s'avança. La grâce de ses mouvements mettaient en valeur de sublimes cheveux bruns, ondulant autour de sa silhouette. Heulynn la trouva magnifique.
Son geste et ses paroles, à la fois si simples et si chaleureuses la rassurèrent...
"Soit heureuse ma soeur"
Le regard qu'Heulynn porta sur elle était empli de reconnaissance et de bonheur.
Cette jeune femme venait, tout naturellement, de lui signifier qu'elles étaient d'une même famille.

D'autres personnes arrivèrent, ce qui empêcha Heulynn de répondre mais elle se promit de remercier chaleureusement cette jeune femme qu'elle ne connaissait pas encore.

La cérémonie fut magnifique et intense, et lorsqu'il vit le Scorpion enlacé sa dulcinée il comprit que c'était fait.Un petit sourire au lèvre il les regarda.
Autour de lui beaucoup d'inconnu mais tous paratger la joie de cet instant de les voir ce réunir.
Alors il entendit une parole d'une de ces voisines.
"Ils sont beaux tous les deux hein ?"
je dirait même plus magnifique.

Déja les plus proches amis aller les saluer mais il préférait pour l'instant rester derrière avec ces voisins ne connaissant pas la mariée.

La cérémonie était finis. Le baiser a été effectué…Quel baiser d’ailleurs…Il avait sourit à la vue de son ami qui sans gêne avait prit tout le bonheur possible à prolonger cet instant.

Il s’approche de quelques pas…Laissant passer quelques’ uns par politesse…Voilà que son tour arrive… Une révérence retenue, un visage indiquant un large sourire…

Je suis bien heureux d’avoir pu voir cela…Mes amis, je suis fier de votre engagement…Je ne peux que témoigner et renouveler mon amitié pour toi Truth, mais aussi pour cette fort charmante et surement fort gentille personne…

Prenant la main d’Heulynn dans sa main pour y déposer délicatement ses lèvres, il se présente.

Ma chère amie, si cet homme qu’est votre mari ne nous présente pas, je vais le faire…

Relâchant la main avec douceur et riant…

Je me nomme Trez, et je suis un ami de Truth depuis fort longtemps…J’oserais dire de toujours…Mais lui te le confirmera mieux que moi…Je te souhaite la bienvenue chez nous très chère amie. Si Truth peut compter sur moi en n’importe quelle occasion, il en désormais de même pour toi.

Prenant les mains porteuses des alliances…

Félicitation à vous deux pour votre union, que paix, bonheur, et fertilité vous accompagne.

Il relâche les mains, il se retire pour laisser place à d’autres…Il aperçoit Blackbicle à quelques pas et s’en va le retrouver pour le saluer…

Lucine se dirigea enfin vers le groupe qui grossissait à vue d'oeil tout en haut de la colline. Elle souhaitait prendre son frère kallias dans ses bras pour le féliciter, lui adresser tous ses voeux de bonheur. Elle n'avait plus d'yeux que pour le jeune homme qui lui même n'en avait que pour la nouvelle épousée.
La tâche allait s'avérer difficile. Lucine se tourna vers Maka. Elle avait tant de questions à lui poser, et tous deux étaient devenus bien inaccessibles ! Que le portugal était loin !

Je me nomme Trez, et je suis un ami de Truth depuis fort longtemps…J’oserais dire de toujours…Mais lui te le confirmera mieux que moi…Je te souhaite la bienvenue chez nous très chère amie. Si Truth peut compter sur moi en n’importe quelle occasion, il en désormais de même pour toi.
Heulynn tendit la main à Trez et il y déposa un baiser.
Elle lui sourit.
Enfin ! Enfin, je vous rencontre, Trez !
Kallias m'a parlé de vous, souvent, j'ai l'impression de vous connaître depuis longtemps ! Merci, merci pour tout !
Elle sourit à nouveau lorsque le témoin de son époux leur prit leur main droite.
Félicitation à vous deux pour votre union, que paix, bonheur, et fertilité vous accompagne.
Compte sur nous, nous serons heureux... Un regard complice à son époux, un petit baiser et un rire de bonheur...

Trez s'éloigna et tandis que d'autres personnes arrivaient, Heulynn aperçut une femme qui gravit la colline.
Pour quelle raison son regard accrocha cette silhouette, elle n'en savait rien. Mais quelque chose la frappa. Cette femme semblait renfermé non pas de la tristesse mais un désarroi. Au fur et à mesure qu'elle avançait, qu'Heulynn pouvait la voir, plus précisément, elle la reconnut.
Elle ne l'avait jamais vue auparavant, avant aujourd'hui mais comme pour Trez, elle avait l'impression de la connaître, pour la même raison.
Kallias lui avait aussi tellement parlé de sa soeur qu'Heulynn savait que c'était Lucine.
Heulynn se pencha vers son époux et lui glissa, discrètement : J'arrive... Elle laissa Kallias au milieu des gens autour d'eux et avança dans la direction de Lucine.
Lorsqu'elles se rencontrèrent, Heulynn tendit les mains vers Lucine, posant son regard sur elle, cherchant une réponse à une question qu'elle ne poserait certainement pas...Lucine comptait énormément pour le Scorpion et Heulynn souhaitait qu'elles puissent s'entendre, qu'elles soient amies, qu'elles soient belles-soeurs...Bien sûr, il faudrait apprendre à se connaître, partager des conversations et des rires...Elles auraient tout le temps, pour ça !
Sa voix trembla un peu lorsque dans un sourire, elle s'adressa à la soeur de son mari.
Bonjour, Lucine. Je...suis heureuse de vous rencontrer.

La tension s'estompa et chacun vint féliciter le couple à tour de rôle. Il avait bien senti Kyria le cherchant du regard, mais ce qu'il faisait lui semblait assez important pour l'ignorer. Elle vint saluer Heulynn, discrète, comme à son habitude, tel un souffle lèger qui passe. Il était resté le temps nécéssaire, puis se dégagea doucement de la foule pour prendre la direction que Kyria avait prise, quand il vit Lucine le regardant avec insistance.

Il lui était difficile ne pas répondre, alors il se dirigea vers Lucine en prenant soin de ne pas quitter le vago derrière lequel Kyria avait disparu. Heulynn s'approcha de Lucine et alors qu'il arrivait à porté de voix, il entendit Heulynn se présenter, et souriant vers Lucine, s'approcha.

- Lucine!!! Soeurette! N'est-elle pas ravissante, celle qui a ravit le coeur de notre Truth?

Lucine resta un moment à contempler la belle jeune femme qui se tenait face à elle, qui se présentait sous le nom de Heulynn. Cette jeune femme qui avait su prendre le fier coeur de son frère.
Elle riait intérieurement de la voir si émue. Elle même se sentait très heureuse de voir enfin la femme qui avait tourmenté l'âme de son cher frère.Moi aussi je suis ravie de te rencontrer Heulynn, et si belle ! Mais il fallait s'y attendre, il a toujours eu du goût.
Lucine rit.
Félicitation. Tu dois être vraiment unique pour avoir pu t'attacher mon frère si fortement. Que la paix et le bonheur s'intallent en votre vago.
Oh Maka ! tu as raison ! elle est plus que ravissante, mais j'espère qu'il restera une place pour nous dans le coeur de Truth !

Le baiser avait duré longtemps, Kallias en était sorti la mine toujours heureuse et fière. Un jeune homme vint les voir en fredonnant, Antonio, le fils de son épouse, son beau-fils. Sentiment de fierté du nouvel épousé, toujours muet sous le coup de l'émotion. Puis Kyria s'était approchée. Un mot et une petite caresse à la mariée, un regard et un sourire au marié. Il ne fallait guère plus entre celui et celle qui serait bientôt beau-frère et belle-soeur. Car le Scorpion avait promis à Maka de lui rendre la pareil. Ce serait à nouveau un mariage beau et plein d'émotions, quelle saison ! Mais cette rapide pensée fut interrompue.

Félicitation à vous deux pour votre union, que paix, bonheur, et fertilité vous accompagne.

Son témoin s'était enfin présenté à sa femme, qui le connaissait déjà beaucoup. En effet, quand Kallias, mort de peur, avait cru à la mort de son ami, il avait disparu pendant quelques heures, laissant sa fiancée dans le plus profond désarroi. Mais il était en vie, et les félicitait. Un regard profond du Scorpion vers son cher compagnon qui s'éloignait après leur avoir pris la main. Puis Heulynn l'embrassa de nouveau dans un rire, qu'elle lui communiqua. Il était heureux, tout simplement. Heureux qu'elle soit à lui, pour toujours, qu'elle soit de sa famille.

J'arrive...

Il la regarda s'éloigner avec bonheur. Elle était superbe, comme toujours, mais cette robe achevait de faire d'elle une Déesse. Elle rejoignait Lucine, la soeur du Scorpion qu'il chérissait grandement. Il était décidé à les laisser se rencontrer seules, mais Maka s'était approché d'elles, alors il fit de même. Il n'entendit que la dernière phrase de Lucine, alors qu'il arrivait en caressant les épaules de son épouse.

Oh Maka ! tu as raison ! elle est plus que ravissante, mais j'espère qu'il restera une place pour nous dans le coeur de Truth !

Siempre, hermanita mia !

Voilà ! Les deux belles-soeurs faisaient connaissance.
Heulynn se sentit soulagée lorsqu'elle entendit le son de la voix de Lucine. Elle semblait joyeuse, elle aussi ! Tout se passerait bien, elle en était persuadée.
Moi aussi je suis ravie de te rencontrer Heulynn, et si belle ! Mais il fallait s'y attendre, il a toujours eu du goût.
Heulynn sourit à Lucine, puis, toujours dans un sourire de bonheur, elle lui répondit.
C'est Kallias qui me rend belle, son amour pour moi me rend rayonnante de bonheur !

Maka arriva et frère et soeur continuèrent à bavarder, à parler d'elle et de Truth. Lui aussi arriva. Heulynn le dévora du regard, amoureuse...
Il rassura sa soeur. Bien entendu qu'ils seraient une famille et qu'il aurait toujours du temps pour sa soeur et son frère !
Heulynn ne désirait qu'une chose, le bonheur de son époux. Ce bonheur passait par sa famille. C'était normal...dans la juste ligne des choses.

Elle posa un regard tendre sur son mari, déposa un baiser sur sa joue en glissant sa main dans la sienne.

Lorsque Truth les rejoignit, Maka lui fit savoir qu'il les laissait pour aller retrouver Kyria. Il avait remarqué comme elle avait semblée troublée lors de la cérémonie.
Il se dirigea vers le vago, le contournant cherchant du regard sa silhouette. Il la vit un peu plyus loin, à l'ombre d'un arbre, assise adossé à son tronc le regard semnlant perdu dans l'horizon du monde.

Il s'approcha doucement, pour ne pas la troubler, et sans un mot s'assit à ses côtés. Il la regarda, souriant et lui caressa la joue avec tendresse.

- Comment vas-tu mon aimée?

Il demanda cela sans vraiment attendre de réponse, et sourit alors que se croisaient leurs regards et qu'elle les baissait aussitôt, émue et troublé par tout ce qui venait d'avoir lieu, mais aussi par ses grands yeux noirs et profonds.

_ Kyria, kamo tut... Tes yeux sont comme deux étoiles qui illuminent le ciel de mon âme... quand je te regarde, je vois comme l'aube resplendissante d'un jour nouveau, qui emporte mon coeur en un trouble exquis et follement ennivrant.

Il inspira, étourdi par ses mots, il avait un peu chaud, et en même temps se sentait plus lèger que l'aigle des montagnes qui plane mollement sur les vallées.

- Mon aimée, ma tendre promise... Je t'aime et désire t'aimer, comme je désire que tu veuilles bien que nous devenions rrom et rromni.

Perdue dans ses pensées, ce n'est qu'une fois assit qu'elle prit conscience de sa présence. Un regard, un sourire et des yeux qui se baissent immédiatement...de la pudeur ? de la timidité ? qui peut savoir ce qui se passe dans la tête d'une jeune femme...encore petite fille et pas tout à fait femme...

Dans un souffle elle murmura qu'elle allait bien oui...et vint poser sa tête au creux de son l'épaule, le regard à présent fixé sur le ciel d'un noir de jais où ça et là brillaient des étoiles comme des diamants jetés au hasard sur un velour d'encre...des diamants...en avait elle jamais vu d'ailleurs...c'est en tout cas ainsi qu'elle s'imaginait les parures des grandes dames que parfois elle croisaient en leurs carosses essayant de jeter un regard à l'intérieur et rarement y parvenant.

Sa main chercha la sienne et se glissa à l'intérieur, à ses narines parvenait le parfum familier qu'elle aurait reconnu entre mille. Elle poussa un petit soupir de bien être, à présent totalement rassurée et ces vilaines images sanguinolantes chassées de son esprit. Bercée par les tendres paroles qu'il lui murmurait, l'une d'entre elle pourtant attira son attention et la fit frissonner.

Elle se serra plus fortement contre lui...

Ne suis-je pas à toi depuis que tu m'as emmenée ?

Elle évitait soigneusement le mot d'enlèvement même si traditionnellement il était le plus adapté, elle ne pouvait s'empêcher de trouver qu'il n'était guère adequat en son cas s'étant enfuie de chez elle pour échapper aux mauvais traitements.