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[RP] Hein ? C'est ça, la luxure ?

Armoria
Un samedi soir sur la terre de Bourgogne. A Dijon, d'ailleurs.

Elle remonta dans sa voiture armoriée, Armoria. Atterrée. Abattue. Terrassée. Perdue.

La vache.

Tout ce temps, être dans l'erreur ? Horreur ? Horreur, pas vraiment : elle n'avait pas encore intégré cette notion, toute nouvelle pour elle.

La vache.

Tout ce temps, toutes ces confessions où, sûre de son bon droit, de sa bonne foi, elle ne disait mot de ses distractions en chambre - ou ailleurs. Le ciel venait tout bonnement de lui tomber sur la tête... Elle venait à l'instant de découvrir, lors d'une confession, que la luxure n'était pas du tout ce qu'elle avait compris des explications de feu Tony de Clérel : pire, qu'elle s'y était adonnée tout ce temps, et avec allégresse et enthousiasme, encore.

La vache.

Et maintenant, il fallait qu'elle écrive à Juliette, pour Asterius -

Images cent fois bénies d'un bonheur perdu -

Et à Cardinal. Certes, à celui-ci, elle écrivait toujours avec plaisir. Mais là ? Entre le ridicule de la situation, et cette autre lettre qu'elle lui avait envoyée de Touraine ?

La vache.

Snell ? Il était encore au monastère. Au pire, il aurait de quoi se confesser sur place. Les autres n'étaient plus de ce monde, et n'avaient pas de fam...


MORTECOUILLE DE FOUTREPESTE !

La paroi du coche vibra de coups de poing vigoureux.

Forrest ! Fais demi-tour immédiatement !

Parce qu'elle appelait dorénavant Forrest tous ses cochers, en hommage à l'un des meilleurs valets qu'elle avait eus.

Et la voiture de rebrousser chemin à la faveur du premier croisement, et la blonde altesse d'en bondir sans attendre le marche-pied, tenant fermement ses jupons pour tenter d'attraper le prêtre avant son départ.


Mon père ? fit-elle dans la nef où les échos retentirent.
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Baronsengir
Le blond soupira. Que d'informations avait-il recueillies. Peut-estre trop pour son bien, mais il ne fallait tourner le dos, ou plutost l'oreille, à pénitent souhaitant sincèrement se confesser. La princesse avait vidé son sac... Son sac? Que nenni! Sa malle, sa carriole! Et elle se sentait mieux. C'était l'important. Une autre pécheresse remise dans le droit et juste chemin.

Du bon boulot...

Se levant enfin de son siège capitonné, remerciant le coussin supplémentaire qui avait épargné à on fondement douleurs d'une trop longue assise, le prestre sortit du confessionnal. S'étirant les muscles endormis, il se dirigeait vers la sortie, avide de retrouver au presbytère flasque de calva ou hanap d'hypocras ; ou ce vin de Cosne, dont on lui avait dit le plus grand bien, pourquoi pas ; quand...

Mon père ?

Surprise! Déjà de retour? Elle n'avait pas pu pécher si vite! Quelques minutes à peine venaient de s'écouler après sa confession. Que se passait-il donc? Non... Une fulgurante passion découverte pour le bel et blond curé? Il devait la dissuader de cet amour. Compatissant, il s'approcha.

Oui ma fille? Que puis-je pour toi? Aurais-tu oublié quelque chose?
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Armoria
Si j'ai oublié quelque chose ? Non point... Mais quelqu'un, oui... Un nom - tellement honni que l'omission ne me surprend guère, dois-je dire. Vous faut-il connaître chaque nom ?

Elle qui pourtant avait une excellente mémoire, elle avait inconsciemment allié Theognis et oubli. Si ça, ce n'était pas un signe...

Je lui pourrai écrire, mais je doute d'obtenir quelque résultat que ce soit : l'homme est parjure - et sur le Livre des Vertus. Il a levé la main sur un homme de Dieu.

Réflexe salvateur, en une fraction de seconde :

Oh, c'était bien après moi, n'est-ce pas...

Il ne fallait tout de même pas que le prêtre en vînt à penser qu'elle en était la cause, ni qu'elle avait pu se commettre avec un parjure. Comme disait sa mam-goz, spécialiste en simples : "les orties, ma fille, c'est bon pour la circulation... Mais faut pas y pousser Mémé".
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Baronsengir
BaronSengir était rassuré. Elle n'avait succombé à son charme, quitte à se perdre dans les affres de l'atermoiement et de l'amour coupable. Il toussota comme pour chasser tout cela de son esprit et prit la parole.

Un autre? Certes oui il faudrait me faire connaistre cet autre avec qui vous partagez péché.

Sourcil se leva de plus en plus haut à la mention du parcours de l'homme. Rabaissé un peu après rectification de la pénitente, mais toujours en asymétrie avec son compagnon.

Suis-moi donc.

Il la mena à un banc de l'église, un peu las d'avoir été enfermé en le confessionnal si longtemps. Après s'estre assis, le curé reprit :

Avant toutes chose, précise moi la vie et l'oeuvre de cet... individu. Nous en viendrons après à toi.
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Armoria
Et les yeux émeraude de s'écarquiller.

Vous... vous voulez connaître la vie de Theognis, mon père ? Dieu du Ciel, vous avez une semaine de temps libre devant vous ? Ce fut jadis un homme très bien, et tout son envers depuis... Parjure, brigand, d'une malhonnêteté qui frise le grand art : un homme qui s'est perdu, assurément... Et une gageure de taille à qui voudrait le remettre dans le droit chemin. J'avoue ne point avoir grande envie d'en parler, mon père. La seule idée d'avoir partagé quelque chose avec lui me donne la nausée...
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Baronsengir
Bigre! Le personnage paraissait d'envergure dans le domaine du néfaste! Il était étonnant qu'elle n'en ait pas parlé lors de sa confession.

J'entends tes suppliques ma fille, et n'insisterai pas... trop. Je me dois tout de mesme connaistre les circonstances ayant fait que tu t'es livrée en plein consentement au péché avec ce suppost du Sans nom.

Et partant, t'a-t-il entraisné en autres vicissitudes, tel le rejet de la vraie foy?

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Armoria
Le petit nez se fronça.

S'il avait ne serait-ce que fait mine de vouloir s'en prendre à ma Foy, mon père, il n'aurait plus à l'heure actuelle de quoi courir les jupons... Mais je dois à la vérité de répéter qu'à l'époque, il n'était pas encore touché par le mal qui depuis a obscurci son coeur. Faiblesse pour la chair, certes, je ne puis le nier... Mais pour le reste, c'était vraiment quelqu'un de bien... Autrefois.

Elle fut sur le point de dire qu'elle avait noté les premiers changements sur lui quand elle avait accepté d'épouser Morgennes, mais se retint : cela ressemblait beaucoup trop à de l'orgueil de dire une telle chose.

Les circonstances... C'était après la disparition de mon époux d'alors, Persan. J'étais perdu et faible, il a été là.
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Baronsengir
BaronSengir écoutait. Il lui semblait déceler quelques trémolos dans la voix, mais après tout ce qui s'était dit, il ne voulait trop forcer sur la corde sensible. La femme d'état était forte, mais tout le monde avait son point de rupture.

Une épaule qui t'a donc aidé à surmonter ton deuil, qui devint bien davantage. J'espère, pour atténuer l'erreur commise en péchant par la chair, que comme les autres dont tu m'as parlé, amour il y avait et non simple satisfaction physique d'estres en rut...

Reprenant le cap pénitence :

Pourrais-tu, mesme si le Sans nom semble avoir pris possession de l'homme, lui écrire pareille lettre qu'aux autres? En lui suggérant par contre de se rapprocher de la vraie foy, d'abjurer ses fautes et de faire pénitence à Rome.
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Armoria
Tout d'abord, elle opina gravement :

Si-fait, mon père : comme je vous l'ai dit, je pensais ne m'être jamais adonnée à la luxure, parce que n'ayant jamais forniqué sans sentiments.

Puis elle le regarda, avec l'air de celle qui vient de se voir remettre une énorme charge sur les bras, et qui ne s'y attendait pas.

Je... J'évite les contacts avec lui, pour tout vous dire, mon père... Et je doute de l'utilité de la chose.

Elle se redressa, résolue.

Mais s'il le faut pour le bien de mon âme, lors, je m'en acquitterai.
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Baronsengir
D'écho, il opina à sa suite. Bien que fourvoyée, il était noble, si tant est que l'on puisse le qualifier ainsi, qu'elle l'ait fait par amour. L'amour, le sens de la vie ; mesme si le Très Haut ne l'entendait sans doute pas ainsi ; et un amour partagé avec nombre de messires, mais enfin, cela avait été avoué et pardonné.

Il apposa blonde main sur royale contrepartie digitale.


Oui, conserve ton salut toujours en pensée. Essaye de te rapprocher de la vertu parfaite et oeuvre selon le dogme et le droit canon.

Tiens-moi au courant de ton avancée dans ta pénitence, ma fille.

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Armoria
Et de re-remonter en voiture après avoir re-pris congé du clerc. Et de re-remâcher des pensées guèer enthousiastes. Pires encore que la dernière fois, d'ailleurs. Ecrire à Juliette pour s'ouvrir quant aux fautes commises avec Asterius, même si elle le savait, c'était délicat. Ecrire à Cardinal ? Ah oui, toujours avec plaisir, elle lui écrivait souvent ! Mais... Pas our ce genre de choses. Pas du tout pour ce genre de choses. Sans compter qu'il allait la prendre pour une idiote, d'avoir été si ignorante. Et l'opinion que Cardinal pouvait avoir d'elle était essentielle à ses yeux. Expliquer à Snell qu'ils avaient mal agi, et qu'elle allait devoir rester sage... Une gageure aussi.

Mais à cette liste venait de s'ajouter le nom de celui auquel elle avait le moins envie d'écrire, celui qui était le moins disposé, sans nul doute, à racheter son âme et son salut : Theognis.

Elle faisait une petite moue bien morose lorsqu'elle fut de retour à son auberge, où elle commanda à Lambert de lui préparer un bain : dans l'eau chaude et parfumée, elle réfléchirait à loisir. Eau ? Ah non, zut :


Lambert, nous sommes samedi, pas d'eau aujourd'hui : tu as bien pensé au lait d'ânesse, j'espère ?

Oui, il y avait pensé. Gentil Lambert. Jolies fesses, et bon valet. Donc, lait d'ânesse tiède et parfumé, comme chaque samedi. Après quoi, elle s'assit à sa table de travail, non loin d'un bon feu, et de quoi écrire à portée de main. Allez ! La plus facile.

Citation:


Juliette,

Je sais que la présente va vous surprendre, et vous plonger dans un abîme de perplexité. D'ailleurs, l'écrire n'est point chose aisée, surtout si je souhaite me montrer claire... Enfin, je vais essayer, et plaise à Dieu que j'y parvienne.

Vous l'intuitez sans doute, avec tous mes voyages - et avec ma piété - j'ai eu de nombreux confesseurs. Or, ce jour, le hasard, dans lequel je ne puis voir que la main divine, m'a menée devant un clerc qui a mis fin à des années de méconnaissance, et par là même, d'une faute que j'ignorais. Vous allez sans doute avoir du mal à le croire, mais j'ignorais que le péché de luxure concernait aussi ce qui se pouvait faire avec des sentiments, pensant qu'il n'y avait faute que lorsque l'on engage que le corps et non le coeur.

Pourquoi suis-je en train de vous l'écrire, pensez vous ? Rassurez-vous, ce n'est pas parce que je doute de votre vertu. C'est que je dois faire pénitence, et contacter ceux avec lesquels j'ai fauté, ou leur famille s'il y a lieu. Pas plus que vous, hélas, je ne sais où est Asterius, aussi est-ce à vous que je m'adresse, pour vous dire que j'ai pleinement conscience de nos errements, à lui et à moi, que je prierai pour son salut, et que si jamais Dieu m'accorde de le revoir à nouveau, j'aurai souci de l'aider à prendre conscience comme je le fais de nos égarements, et d'en faire pénitence.

Amicalement,
Armoria


Elle répandit du sable sur le parchemin, tandis que son esprit remontait dans le passé. Pour l'adultère, il avait fait pénitence. Il avait même failli en devenir fou, au point de se jeter, lame au clair, sur Persan, en pleine cérémonie d'allégeances. Elle frissonna et se hâta de passer à la lettre suivante pour chasser ses pensées.

Citation:


Bel ami,

Non, je n'écris pas pour que vous répondiez à ma folle missive tourangelle. Non, ce n'est pas non plus pour vous avertir que d'aucuns cherchent à vous mettre en défaut. Rien de tel, cette fois.

Néanmoins, j'ai grand peine à entamer le but de la présente, parce que j'en viens à me persuader que vous allez vous moquer de moi - même gentiment. A coup sûr, vous m'allez voir comme une stupide péronelle... Mais peut-être que cela fait partie de ma pénitence, après tout.

Vous vous souvenez sans doute que feu Monseigneur Tony fut mon confesseur ; vous vous souvenez sans doute qu'il pouvait être pris parfois d'une solide pudeur qui lui interdisait de trop... entrer dans les détails. Toujours est-il que j'avais alors mal compris ce qu'il me disait de la luxure, et que dans ma naïveté, je pensais que les sentiments empêchaient toute faute. Aussi, tout ce temps, ai-je fauté sans même en avoir conscience...

Je sors à l'instant d'une confession avec un clerc qui, lui, a osé tout dire - et le ciel m'est tombé sur la tête. Ainsi donc, je me pensais vertueuse et n'étais que pêcheresse ! Une partie de ma pénitence consiste à vous enjoindre, vous aussi, à prendre conscience des fautes commises, de vous en repentir et vous en confesser. Je prierai pour qu'il en soit ainsi, bel ami. Et voici que je me fais sauveuse de votre âme après avoir pris soin de vos intérêts... La mignonne a toutes les audaces, vous voyez.

Au plaisir de vous lire - et vous croiser quelque part en ce Dijon où vous vous faites bien discret, méchant que vous êtes.

Mignonnement,
Armoria


Un soupir et un regard vers un brouillon qui ne serait sans doute jamais une vraie lettre.

Ce fut là que Lambert lui apporta, à point nommé, la lettre de Snell, et qu'elle y répondit après deux essais infructueux. Restait celle qu'elle avait le moins envie d'écrire... Restant devant son parchemin de longues minutes sans rien écrire d'autre que "Theognis" en en-tête, elle soupira et se leva. Autant chercher l'inspiration dans le livre des vertus... Elle se pencha vers la cheminée pour le prendre : il était posé sur l'assise. Elle le lâcha aussitôt pris : si près des flammes, la tranche de l'ouvrage était brûlante. Une fraction de seconde, elle se sentit prise d'une terreur religieuse, le temps de réaliser ce qui venait de se passer. Elle eut un petit rire de dérision, tout en se disant qu'avec tout autre livre, elle n'aurait pas ressenti cette brusque crainte. En désespoir de cause, elle retourna s'assoir à sa table, où le parchemin continuait à dire sottement "Theognis".

Elle se redressa, plissant les yeux. Regarda le livre des vertus, toujours à sa place près de l'âtre. Puis de nouveau le parchemin. Et cette fois, se mit à écrire, avec au fond des yeux la lueur de celle qui vient d'échafauder un plan.


Citation:


Theognis,

Malgré l'envie que tu peux avoir, ne jette pas cette lettre avant de l'avoir lue.

L'heure est venue de la prise de conscience, du repentir, et de la confession. L'heure est venue du rachat des âmes. Lorsque feu Monseigneur Tony était mon directeur de conscience, j'ai cru, de toute la sincérité de mon coeur, que la chair ne portait nulle faute si le coeur prenait sa part. Il n'en est rien : je viens de l'apprendre. Toi et moi avons fauté, et sommes coupables aux yeux du Très-Haut. Je viens de le confesser, et j'en fais pénitence : je t'invite à en faire de même, pour ton salut.

Que Dieu t'aide à ouvrir tes yeux sur ta faute, et ton coeur pour l'effacer.

Armoria


Des lettres qu'elle venait d'écrire, elle fit un rouleau, autour duquel elle mit cette dernière, sur laquelle elle apposa son scel :

Citation:


Mon père,

Voici les lettres que je compte envoyer, et vous vouliez voir tout d'abord. Pour Snell, il n'y en aura pas : je viens de recevoir un courrier de lui où il m'annonce son retour de pénitence. Je tiendrai donc avec lui mon engagement de vive voix.

Respectueusement,
AdM



La livrée de son valet, tout comme le parfum que sa main, en s'y frottant, avait déposé sur les lettres, identifieraient celle qui les envoyaient : pas besoin d'autre chose, donc, que ses initiales.

Elle confia le rouleau à Lambert puis alla s'allonger sur son lit, pensive, les yeux au plafond, enroulant une mèche blonde autour de son index. Elle avait une idée précise de la façon dont elle pourrait s'y prendre. Mais devait-elle y mêler le prêtre ? Il le faudrait : elle ne se voyait pas le rendre victime de sa supercherie. D'autant que le jeu en valait la chandelle, et qu'il saurait sans doute y trouver son intérêt - en tout cas, elle comptait bien le lui expliquer.

Après tout, les miracles, cela arrivait rarement.

Ou pas.

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Baronsengir
Le blond reçut missive en son presbytère, ou plutost, paquet de missives. Il crut reconnaistre les couleurs de la valetaille, qu'il récompensa d'un denier pour sa course ; l'on était maistre en l'art de l'avarice tout en ne tombant pas dans les travers du vice idoine, ou l'on ne l'était pas! Il lui demanda d'attendre dans le couloir, et ignorant tout du regard noir de ce dernier, il entreprit de décacheter tous les plis qu'il avait reçu en cadeau, humant le parfum délicat de vanille s'en échappant.

Il se rendit à la cave qu'il prenait soin de garder fort et bien garnie ; le blond ne pouvait estre avare en toutes choses. Saulieu, Saulieu, ... Non, rien de tel. Peut-estre n'y avait-il point de vignes là-bas. Il avait cru ouïr parler de forests et étangs... Bon, un Coste de Guyenne, comme autrefois, cela ne faisait jamais de mal. Il remonta, se posa derrière son bureau, bouteille et coupe à la main, et se servit généreusement, débutant sa lecture.

C'était fort bon, pour lui, et il rédigea parchemin en ce sens.




Ma fille,

J'approuve entièrement les lettres que vous avez rédigées. Je vous les rends, au cas où vous n'auriez gardé copie. Tenez-moi au courant des retours éventuels.

Je ne me souviens plus si vous m'aviez dit vous estre déjà confessée au sujet de votre adultère passé. Si ce n'était le cas, peut-estre serait-il judicieux d'envoyer pareillement lettre à la famille de votre, je suppose, défunt ancien époux, afin d'en évoquer la chose et surtout la prise de conscience du péché que vous commistes alors, tout comme votre actuelle queste de rédemption.

Salutations aristotéliciennes,

Baron Sengir



Il avait enroulé les parchemins, comme il l'avait reçu, et dûment scellé. Il aimait cela, manier du sceau... Il avait ses petites manies, comme sonner les cloches plus que de raison... BaronSengir retourna voir le valet et lui tendit ce qu'il aurait à porter à sa maistresse, retournant de suite en son bureau. Il avait esquivé une main tendue réclamant pourboire plus conséquent, comme les honoraires d'un coursier hélé dans la rue. Il finit sa coupe, songeant au moyen de trouver homme ou femme à tout faire, aux prétentions salariales inversement proportionnelles à l'admiration sans borne vouée au bel et bon curé de Dijon.
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Armoria
Le retour de la vengeance du rouleau de lettres

Elle fut ravie de constater que le prêtre avait rapidement lu ses lettres, et les avait renvoyées : pour tout ce qui était pénible, elle était adepte du "moins je traîne, moins ça fait mal". Chaque missive fut donc scellée séparément, et envoyée à son destinataire respectif. De Juliette, elle savait suite à la levée du ban qu'elle était retirée en un monastère ; de Cardinal, elle savait qu'il rechignait - beaucoup trop à son goût - à mettre la main à la plume. Du reste, autant elle avait attendu avec impatience, passant de l'espoir au désespoir, la réponse à la précédente, autant n'était-elle guère pressée de recevoir celle-ci... De Theo, elle se doutait qu'elle n'aurait pas de réponse, ou alors, d'une plume trempée dans l'acide. Mais pour lui, elle avait encore un petit morceau d'idée qui gambadait dans sa blonde caboche. Elle verrait bien. N'empêche, si jamais elle pouvait faire ce qu'elle avait entrevu en touchant le saint livre rendu brûlant par la flambée toute proche ! Quel tournant pour l'Eglise, pour la foi, dans une époque où l'on cherchait à l'affaiblir ! Elle ne doutait pas de pouvoir convaincre le blond clerc que son idée était applicable, et surtout, qu'elle était juste, et nécessaire. D'ailleurs, il lui avait posé une question dans sa réponse : autant le renseigner - et commencer à le faire saliver, pourquoi pas.

Citation:


Mon père,

La faute commise avec Asterius fut suivie d'une confession, et d'une pénitence, sur l'initiative de ce dernier. Quant à la famille de Persan, avec laquelle il avait rompu bien avant que nous ne nous connaissions, j'ignore totalement où la contacter, et même si elle comporte encore des membres en vie. Je ne vois donc que ma fille... Mais je préfèrerais mettre fin à mes jours plutôt que de la faire de nouveau souffrir en parlant de son père. La pauvrette a été suffisamment perturbée lorsqu'elle a vu, enfançonne, son père enlever son petit frère, qu'elle n'a jamais pu revoir depuis. Je suis sa mère, et refuse de lui faire subir cela, mon père. N'y voyez ni chantage ni pression d'aucune sorte quand je dis préférer attenter à ma vie : c'est qu'à mes yeux, ma fille est plus précieuse que moi-même, et mon souci de la préserver passe avant mon propre salut.

Pour ce qui est de Theognis, il m'est venu une idée que vous trouverez certainement, à la première écoute, sardonique, mais j'ose espérer que vous m'écouterez jusques à la fin de mon exposé : je suis persuadée qu'avec habileté et savante mise en scène, le retentissement pour ceux qui sentent leur foi vaciller, ou qui se prêtent à écouter les boniments démagogues des hérétiques perdront les écailles qui leur ferment les yeux, et le coeur. J'ai grand hâte de vous en dire davantage. Cette fois, cependant, je préfèrerais que cela se déroule sur "mon" terrain, à savoir dans la chambre de l'auberge où je séjourne, chambre qui me sert tout à la fois de bureau et à recevoir mes visiteurs. Nous pourrons ainsi deviser au coin du feu, avec en main un verre de Corton-Charlemagne produit sur mes terres - et sur elles seules.

Respectueusement,
AdM



Le lendemain, attablée en taverne avec la toute nouvelle duchesse de Bourgogne et d'autres comparses, Snell apparut, avec un numéro tout à fait snellien. Casanier s'étant souvenu de son antique lubie de vouloir l'enlever, un charivari agita la taverne ; le baron compoteur ne put accomplir son vieux rêve, puisqu'il se retrouva avec sur l'épaule, non pas une Armoria, mais une Angelyque. La blonde altesse avait atterri sur celle de Snell - non sans se défendre vigoureusement - qui emporta bien vite son butin, manifestement décidé à rattraper le temps perdu. C'était donc le moment où jamais de reprendre le chemin de la vertu qu'elle avait quitté par ignorance et par candeur.

Il suffisait pour cela d'une bonne petite explication.

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Theognis
Lettre non brûlée, lue, rire en interlude, et relecture. Même rire, un sentiment de plaisir saugrenu à lire les mots de la vanillée l'envahit. Lire et rire, rire et lire encore ces pitres mots, faute, salut et pénitence, voire rachat des âmes, en bon maire qu'il est, rachat intéresse toujours. L'usure des âmes....Toutes à égalité devant le Seigneur, alors pourquoi de telles et lassantes spéculations théologisantes? Le salut est une élection, pas le choix d'un homme à crosse.

Un coup d'oeil sur les souvenirs de Langres, un autre sur ceux de Champagne. Quelle valeur a l'Eglise à ces yeux? Plus grand chose. Leurs Pierreries de Besançon le condamnèrent à pénitence, avec un an d'interdiction de mariage, dans une affaire de simili-divorce avec sa Comtesse d'épouse.

Il s'en souvient, de ce tribunal. Il avait invoqué, devant les yeux ébahis des mitrés, le démon, quand ce bougre unit dans les flammes deux corps échevelés. Ils ne l'avaient pas cru. Qui ne croit pas au Démon croirait donc à Dieu?

Las, fi et foin des ritournelles. D'ailleurs, Monseigneur Tony....Nouveau rire en lisant ce nom. Nouveaux souvenirs. Quelle pastorale! C'est au cours du baptême de sa compagne d'alors qu'il fut baptisé lui aussi, en dépit des conventions, simplement par amour. En bondissant des bancs, d'où il suivait la cérémonie de baptême, il "fit le mur" du catéchisme, et à sa grande joie Tony, un Monseigneur, le baptisa dans la foulée, par la même eau que Kerowynn.

Ainsi, jamais il n'ouvrit ce fameux livre des Vertus où il prêta serment de vérité devant la foule des toisonnés de Bourgogne. Bon, jura-t-il, jamais je n'ai rencontré en sous-bois l'évêque de Langres, et encore moins brigandé, et s'il se présente roussi devant vous, ce n'est pas par la flamme de mes Dragons, ou alors celle de l'Espiritu Sancti.

Quelle valeur ce serment, sur un livre jamais lu? Aucune, comme la faute, la culpabilité, la repentance devant le Trés-Haut, des paroles cachées derrière des murs en bois. D'ailleurs, après confesse, la faute est abrogée, mais la tentation, elle, n'est pas abolie. Hypocrisie des Indulgences....Saint-Pierre de Rome est bâtie sur le mensonge.

Alors, que répondre, quand on pense tout cela?




Les voies du salut sont impénétrables.

Salutations,
Théo Montereau.
Armoria
Elle avait lu la réponse de Theo. Pas surprise... Ni sur son contenu : il ne se souciait de rien ni personne - lui compris. Ni sur sa brièveté : pas plus qu'elle, il ne devait avoir envie d'entretenir des liens. Ni sur le fait qu'il avait répondu : qu'il le veuille ou non, des liens existaient bel et bien, et depuis longtemps. Pas forcément positifs, pas véritablement doux, pas spécialement anodins non plus. Plus ou moins le négatif de ce qu'ils avaient pu être dans le passé. Mais ils existaient, et cela, ni lui ni elle ne pouvaient le nier ou l'effacer. Elle aurait souvent voulu les arracher : lui aussi, sans doute. Pas moyen. Il ne devait pas brûler d'impatience d'avoir un autre courrier : il l'aurait tout de même.

Brûler. Héhéhé, fit-elle à voix haute.

Citation:


Theognis,

Le salut des uns, j'en suis persuadée, dépend notamment du salut des autres. A quoi bon me confesser et faire pénitence, si c'est pour regarder sans réagir quelqu'un qui se noie ? Cela ferait-il de moi une âme belle à voir pour le Seigneur, le jour où je comparaîtrai ? Certes non.

Aussi, et tu sais à quel point je puis être têtue lorsque je l'estime nécessaire - et parfois même en d'autres occasions - ai-je décidé que je ne cèderai pas un pouce de terrain tant que tu n'auras pas rencontré un prêtre : et que la rencontre se déroule sous mes yeux sainthomesques. Celui de Dijon est vraiment très bien, et je te le recommande vivement. Nul doute qu'il saura t'aider, te soutenir et t'orienter vers ta rédemption.

Pour une fois dans ta vie, laisse-toi guider, laisse-toi porter, et essaie en songeant "après tout, pourquoi pas ? j'ai tout à y gagner et rien à perdre". Car en effet, tu n'as rien à perdre à tenter... Mais qui te dit qu'en ne faisat mie, tu ne perdras pas tout ? Qu'est-ce qui peut bien être supérieur au prix de ton salut, dis-moi ?

Allons... Essaie. Au moins une fois, et je ne t'en parlerai plus, estimant que je ne puis rien de plus.

Armoria



Citation:


Mon père,

Comme promis l'autre soir, ma voiture passera vous prendre demain, dès potron-minet, et nous nous rendrons ensemble à Saulieu, où je vous ferai les honneurs de notre chapelle. Chemin faisant, nous pourrons deviser, et ce sera l'occasion pour moi de développer l'idée que j'ai évoquée dans un précédent courrier.

Respectueusement,
AdM

PS : mon messager vous baillera aussi une flasque de ce vin de mes terres que je me suis permise de vanter. Je fais confiance à ce nectar pour vous donner envie d'en boire de nouveau en mon domaine.

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