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[RP] Avant que le vent nous emporte

Mirwais
Avec l'aval du JD Eilihn bien sûr...


On lui avait dit que celà pouvait se produire et qu'un piège ne suffisait pas à s'assurer la prise d'un animal.
Il vérifie comme à son habitude si aucune bête ne s'est fourvoyée en s'approchant des dents en fer minutieusement cachées sous une épaisse masse de branches et de feuilles le long d'un sentier menant à un ruisseau en contrebas.


Mauvaise pioche aujourd'hui semble-t-il jusqu'à entendre un goupil glapir, Mirwais court jusqu'à sa proie et se prépare à achever la renarde qui ne daigne même pas le regarder. Elle se débat mais la patte est bien prise. Comme un dernier supplice infligé à la bête, il ne se décide toujours pas à l'achever.

Des doigts fins s'enfoncent dans l'épaisse barbe du bourru, une main d'homme agrippe d'un geste brusque cette incursion, la belle se retrouve piégée.
Mirwais, loin de son rêve, se tourne vers Eilihn et se pose de toute sa masse sur la fragile proie en lui coinçant le bras libre. Elle ne peut que se débattre mais l'homme est bien trop fort.


Il joint les deux bras de la victime avec une seule main et fixe la rousse affolée d'un regard de prédateur dans le silence assourdissant de la cahute.
Il déchire tout ce qui peut cacher le corps teinté des milles tâches de rousseur de la malheureuse jusqu'à ce que les deux êtres se collent d'une même nudité


Agenouillé près de l'animal qui continue à tirer sa patte vainement, il l'observe et admire les yeux de la femelle, ils sont brillants et fermement décidés, elle ne veut pas s'abandonner à une mort inéluctable. Il tente de caresser le poil hérissé qui se révelera belle fourrure mais la bête ne s'en soucie guère, une seule chose l'obsède : dégager sa patte blessée.

Dans la cahute, Mirwais se sert de sa main encore disponible en la posant sur la bouche de l'innocente afin qu'aucun cri ne puisse troubler le méfait et dans la pénombre, il admire la jouvancelle qui le toise fièrement comme pour le blesser lui, le prédateur.
Alors qu'il se prépare à une première incursion, la belle lui mord la main jusqu'à ce que sang coule, il sourit et détache légèrement son corps comme pour offrir un indicible espoir à la farouche.


La renarde commence à ronger sa patte sans plus de délicatesse sous l'oeil emerveillé de Mirwais.
Il lui demande


Jusqu'où l'homme peut-il aller pour se sortir d'une telle situation, pourrait-il seulement s'arracher un membre en sachant que de toute façon, il crevera d'une façon plus douloureuse et lente ?

Peu importe pour l'animal, jusqu'au bout elle essayera de fuir quite à s'auto mutiler...
Il s'approche alors et détache les dents acérées du piège pour voir la bête détaler en boitillant au loin sans même un regard sur son bourreau.


Un dernier regard sur Eilihn et il s'allonge à ses côtés la délivrant de son emprise mâle. Il cherche un couteau de sous sa couche et le tend à la belle.

Tu es encore jouvancelle mais tu as envie de me tuer n'est ce pas ?

Il présente sa gorge

Fais le donc ! Vas-y ! Nous ne sommes pas des animaux, nous valons mieux qu'eux tout de même ? Tu ne vas pas t'enfuir comme celà sans te venger !
Je t'ordonne de le faire sinon je te promets que tu perdras ton innocence !
Montre moi que nous valons mieux que les animaux ! Tu m'entends ? Prouve le moi !

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--Eilihn.


Le revoilà … il était de nouveau près d’elle ce monstre qui l’avait effrayé là bas au dehors, sous la pluie battante. Elle ne l’avait pas senti venir, ne s’était pas méfiée et voilà qu’elle devenait sa proie, bien incapable de se défendre. Totalement à sa merci et soumise à son bon vouloir.
Non pas ça … Crier malgré la pogne qui la bâillonne? Non … à quoi bon, il n’y a personne d’autre ici que ce monstre et son frère vers lequel elle ne put pourtant pas s’empêcher de lancer des œillades suppliantes alors que Mirwais la défaisait du seul rempart entre leur deux corps.
Mais s’il l’espérait soumise et docile pendant ce qu’il s’apprêtait à lui faire subir comme outrage, il se fourvoyait et elle mit dans sa morsure toute la force de la hargne dont elle était capable à son encontre, son regard semblant lancer des flammes aussi rouges que ses cheveux. Une lueur victorieuse en apercevant le liquide carmin s’écouler de sa main : lui non plus ne sortirait pas totalement indemne de cette lutte perdue d’avance. Pourtant, son assurance n’était qu’illusion et la belle n’en menait pas large. Aussi, lorsqu’il s’éloigna quelque peu et la libéra de ses entraves, elle se redressa vivement, ramassant une fourrure contre son corps tremblant de peur, avec en première intention celle d’effectivement s’enfuir loin de cette cahute mobile de laquelle elle l’aurait jamais du s’approcher.

Les yeux émeraudes où se mêlent colère et frayeur s’écarquillèrent soudain comme il lui tendait une lame dont elle se saisit plus par instinct qu’autre chose.
A quel infâme jeu jouait il encore … Que voulait il obtenir d’elle qu’il n’avait su prendre quelques secondes avant ? La petite ne comprenait pas, frissonnant de plus belle devant lui , statufiée comme la première fois qu’elle l’avait surpris. Lentement les mots de Mirwais firent leur chemin dans l’esprit affolé de la rouquine. Le choix … Il lui offrait le choix de le tuer, lui donnant la chance de partir d’ici encore pure et innocente. Ce serait si facile, elle n’avait qu’à faire comme son paternel avec ses bêtes et l’égorger tel un pourceau. Personne n’en saurait jamais rien, son honneur de demoiselle serait sauf et la vie reprendrait son cours, paisible.
Un peu de courage … saigne le pour ce qu’il veut faire avec toi.
L’envie de tuer qui prenait naissance son sein était si excitante, tout autant qu’effrayante. Comme il lui serait bon de le voir gémir à son tour, de lire la peur dans son regard quand la Mort viendrait l’emporter. Si facile … et pourtant.


Pourquoi ?

Les larmes coulaient en torrents sur les joues crasseuses de la rouquine, la prise sur le manche du couteau se faisant de moins en moins ferme. Elle ne pouvait pas, elle n’y arriverait pas.
Si faible, si lâche. Elle allait le laisser faire sans saisir sa seule chance d’en réchapper. Cette vision la glaça d’horreur et pourtant, son bras retomba mollement sur la couche, lâchant l’arme alors qu’elle plongeait son regard inondé dans celui de son tortionnaire. Sa tête hocha tristement de droite à gauche. Vaincue avant même d’avoir livré le moindre combat.


Non …

La suite, elle ne parvint jamais à la dire ; ses lèvres se scellant et sa gorge s’asséchant comme elle prenait conscience qu’elle se condamnait elle-même.
« Je ne peux pas … Fait de moi ce que bon te semble … Je ne te tuerai pas. »
Mirwais
Elle se refuse à la mort après un premier coup de bâton mal asséné sur sa gueule, la renarde blessée dans sa chair s'est pourtant abandonnée au chasseur.
Un deuxième coup mais le supplice reste supplice, la bête respire encore, les yeux dans le vide.
L'animal à la patte rongée s'était réfugiée près du ruisseau en contrebas mais ne se doutait pas que Mirwais le rejoindrait.
Il avait suivi les traces de sang et se déplacait à pas lents, goûtant au plaisir d'être le maître de cette créature, il succombait au plaisir de décider de la vie et de la mort de l'animal, il était devenu son dieu.
D'un geste de bonté, Il l'avait libéré du piège qui se voulait mortel mais il ne comptait pas lui offrir le droit de vivre pour autant, juste un souffle pour profiter encore un petit peu de sa misérable existence sur son territoire.


Mirwais tire la chevelure de la sanglotante pour en apprécier ses larmes. De son index, il récupère une perle lacrymale et s'en délecte puis il libère la main crispée d'Eilihn d'une fourrure serrée contre son corps, il caresse la peau moite qui se dévoile, extenuée par trop de frayeur, il allonge celle à qui il avait confié son destin et apprécie chaque parcelle de la frémissante chair qui lui appartient désormais. Le maître des lieux glisse sa main blessée d'une franche morsure sur les lèvres de la belle avant de partager le sang qui s'y réfugie d'un simple baiser.
Mirwais s'installe sur le territoire conquis et sans un mot s'emploie à souiller une terre vierge de tout passage des hommes.

Une fois le chasseur arrivé près du ruisseau, la renarde le scrute, simulant une improbable fuite tant la blessure et l'épuisement l'empêchent de se déplacer mais se résoud à le laisser se rapprocher pour en finir malgré des crocs sortis.

Du haut de sa vie, la femelle chute dans un précipice sans fin d'un ultime gémissement sous un coup fatale, laissant à Mirwais le soin de lui retirer une fine peau qui préservait son corps des caprices du temps...

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--Eilihn.


Une seconde à peine pendant laquelle elle espéra … en vain… Il ne l’épargnerait pas, et elle n’aura pas la force de le repousser, elle le sait.
Le combat était beaucoup trop inégal et le vainqueur désigné d’office.
Immobile elle le restera donc tout le long du supplice, ses larmes se tarissant peu à peu alors qu’il fera d’elle ce qu’il a décidé.
Plus aucune résistance … Inutile, il lui avait laissé sa chance et elle ne l’avait pas saisie.
Elle acceptait donc son sort, ne désirant plus que cela soit enfin terminé. Vite !

L’on ne lui avait rien dit sur l’union d’un homme et d’une femme, sa mère estimant sûrement inutile de l’instruire en ce domaine. Pour les siens, il devait être évident que jamais une créature comme elle ne pourrait se lier corps et âme à un homme, ni même susciter le moindre désir auprès du sexe dit fort.
Aussi, sous Mirwais, découvrait-elle, sans tendresse aucune, ce qui animait l’Humanité depuis la nuit des temps. Si l’âme s’y refusait à grands hurlements silencieux, le corps lui ne pouvait que s’y résoudre.
Où trouva-t-elle la force de ne plus crier, de ne pas le mordre à nouveau lorsqu’il vînt lui imposer ses lèvres, puis sa virilité ? De ne pas fermer les yeux, soutenant à chaque seconde le regard du colosse ?
Dernier sursaut de fierté. Vain, mais qui lui seul lui permettait de ne pas devenir folle. Elle le regarderait donc tout du long.

Laisser son esprit s’évader le plus possible. Trouver en elle des bribes de souvenirs heureux pour croire qu’elle n’était pas cette femme qui se faisait violenter dans cette cabane maudite.
Oublier la honte et la douleur, et ne retenir que la colère pour ce qu’il était en train de lui voler.
La jeune pucelle n’était plus. Cela n’aurait jamais du se passer ainsi, elle aurait du aimée et être aimée. S’offrir plutôt que d’être contrainte.
Mais là, sur les fourrures d’un homme encore inconnu il y a quelques heures à peine, l’histoire était en train de s’écrire, et rien de ce qu’elle ferait désormais ne pourrait plus rien y changer.
Victime elle sera, et vengeance elle deviendra. Peut être … A moins qu’elle ne finisse par réaliser qu’elle le détestait bien moins qu’elle-même d’avoir été si faible.

Quand tout fut finit et qu’enfin, ayant obtenu satisfaction, il se décida à la lâcher, elle ne sut que se rouler en boule, tel un animal apeuré.
Pelotonnée dans ses fourrures et lui faisant dos, elle ferma les yeux, laissant de nouveau ses larmes couler en silence.
Dormir, et demain espérer que tout cela n’aura été qu’un cauchemar comme elle réveillera dans la maison familiale.
Si seulement …
Mirwais
Il fait frais en ce matin pourtant ensoleillé, le vent nocturne s'est chargé de balayer les sombres nuages pleureurs.
Dans la glauque cahute, un filet de lumière dessine le sol d'une figure géometrique qui lui est inconnue.
Deux êtres sont bien éveillés tandis que Mirwais se sort tout juste d'un sommeil profond, si l'un était l'éxutoire de tout ses tourments incontrôlés, l'autre venait de goûter à sa cruauté vagabonde.
L'immonde difforme se rasasie d'un reste de pain et la belle rousse violentée se cache sous des paupières fermées dont les mouvements trahissent une volonté de ne pas exister au réveil de son bourreau.


Mirwais s'asseoit près d'Eilihn et lui caresse sa longue chevelure.

Tu peux rentrer chez toi si tu as un chez toi.
Tu pourras dire que la pluie t'a contrainte à t'abriter je ne sais où.
Tu sais mentir n'est-ce pas ?
Tu pourras t'enfermer de nouveau et crever lentement sous les superstitions des autres avec ce foulard qui t'opprime


Il se lève et s'habille, se dirige vers la porte en bois qui, à son ouverture, laisse la clarté du jour envahir la demeure.
Sans se retourner


Tu peux aussi rester
Je t'ai souillé mais tu es femme maintenant, je te prendrai quand je le voudrai mais tu pourras exister malgré tout, vivre dans le jour sans crainte du regard des gens et peut être que tu cesseras de me haïr avec le temps ou alors tu me tueras...
...mais il est difficile de tuer, il faut du temps là encore pour y prendre goût.


Il se dirige alors vers son champ de blé pour y déceler d'éventuels dégâts d'une nuit mouvementée

Ne fais pas ça Mirwais !
C'est dangereux tu le sais !


La reine décrétée de la falaise avait réussi à échapper à l'emprise de ses frères pour une après-midi et s'était résolue à accepter la couronne en fleur qui lui était promise.
Elle avait consenti à offrir ses fines lèvres pour un seul et unique baiser au jeune roi encore marqué par trop de coups mal évités.
Ils étaient en face de l'Océan et le fougueux voulait montrer d'une vanité toute mâle qu'il ne craignait rien et qu'elle avait fait le bon choix.
Il s'enfonçait lentement dans une mer aux vagues capricieuses sans crainte des baïnes, source de tant d'accidents. L'appel inquiet de sa dulcinée ne ravivait qu'encore plus le désir de se surpasser.
Le jeune roi fermement posé sur le sable fin sentit un courant l'arracher de sa fierté et l'emporta au loin sous les cris appeurés de la reine redevenue petite fille.


Eloigné de la cahute, il se rappelle à son acte condamnable sur sa prisonnière, jouvancelle qu'il a sali alors qu'il ne lui voulait que du bien, il pense à son serment prêté à l'ost, il pense à l'arme qu'il compte s'acheter pour servir au mieux sa haine, il pense à cette autre rousse, belette insoumise, qui le blesse de cette sûre arrogance dont il ne pourra jamais rien esperer si ce n'est quelques ébats volés et chuchote, misérable, dans le vide

Tu ne sais pas encore que tu vas te plaire dans ses bras, que tu vas te perdre dans les méandres pourtant connus de la lubricité, privée de ton fil d'arianne sur lequel tu te reposais pour te divertir et te reperer. Contre son poitrail, tu te blottiras sous chaque assaut que tu subiras, tu seras contrainte de lever tes yeux quémandeurs sur le maitre d'une danse sacrilège et te frotteras contre lui pour qu'il ne te lâche pas, tu essayeras en vain de te retrouver et peut être même d'échapper à l'emprise du démon mais tu ne pourras que te perdre dans des ruelles putrides auprès d'autres hommes et femmes sans âme. De ta langue, tu tenteras pour te défendre de trouver une faille sur les cicatrices de l'homme mais tu ne t'empoisonneras que plus d'un venin qui souillera ton sang, le venin du cavalier qui méprise sa monture de trop de dépendance, tu te surprendras à le retenir chaque fois qu'un simple souffle d'air te privera d'une chaleur suave sur ta poitrine ruisselante, tu suivras ses pas cadencés sans savoir où celà pourra te mener, tu avanceras pour toujours te retrouver encerclée, tu ne sais pas encore que tu recevras son miel avec délectation sous le regard méprisant du mécene dont le dard ne s'arrachera pas, tu ne sais pas encore qu'en te conduisant comme une chatte à griffer le mâle après un rut printanier, tu te condamneras à ne plus avoir l'espoir de regoutter à l'emprise de ce félin qui te blesse de sa lame tranchante guidée par si peu d'amour mais tant de pulsions souveraines. Tu ne sais pas encore que Mirwais méprise la vie et s'en amuse au détriment des autres, il est le roi d'une falaise dont on ne sort pas indemne si l'on y trébuche et pourtant tu t'aventures de toute ton arrogance dans son royaume. Tu ne sais pas encore que lors de tes pérégrinations guerrières, tu ne pourras te débarrasser de ce parfum d'amertume qui s'est imprégné dans chaque partie de ton corps...

L'enfant se débat pour s'épuiser encore plus et se rapprocher du rivage qui ne cesse pourtant de s'éloigner, de mauvais garçon pour les adultes, de roi craint par ses fidèles, de cogneur pour les autres, de chevalier pour sa reine, il n'est plus rien...
Il tend la main desesperement et attend de l'aide avant de périr d'une noyade proche mais personne ne peut rien faire alors il cesse de résister et laisse la mer décider de son sort. Généreuse, elle le ramènera sur le sable, exigeante, elle l'emportera au loin comme une offrande aux monstres des fonds marins.


dans son champ, Mirwais se courbe, pose un instant sa main sur son front, se met à genoux et frappe la terre encore et encore d'une rage stérile qui le dépasse...
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Eilihn, incarné par Sancte


Il faisait jour depuis longtemps lorsqu’elle retrouve un peu ses esprits, et la rouquine n’avait pas fermé les yeux de la nuit. Les larmes s’étaient taries tout comme la douleur, mais la paix jamais reparue. Hier soir, Eilihn était morte. Plus rien jamais ne serait comme avant, et le cauchemar n’en avait pas été un au sens littéral du terme. Elle se trouvait toujours sous les fourrures froissées par la lutte de la veille, dans l’antre de celui qui l’avait faite femme contre son grès. Tout était bien réel. Les paupières s’étaient refermées aussitôt qu’elle avait décelé un mouvement contre elle, signe du réveil du colosse, mais ses mains, qui n’avaient put s’empêcher de se crisper sur la fourrure, la trahissaient.
Dormir … le pourrait elle jamais encore. En cette seconde elle en doutait, tout comme de pouvoir à nouveau se lever et vivre comme avant. Un frisson glacial la parcouru soudain quand elle sentit la main râpeuse de Mirwais contre sa nuque.

Pourtant comme il se levait, les paupières s’entrouvrirent et son regard retrouva le corps nu qui l’avait intrigué là bas, dans le champ, puis mené à sa perte la nuit passée. Une tempête de sentiments se déchaînaient dans l’esprit encore embrumé de la jeunette : sourde haine qui embrasait ses veines et cette envie incontrôlable de se jeter sur lui. Mais pour quoi faire ? Ses canines n’étaient pas encore assez aiguisées pour qu’elle lui fasse le moindre mal. Patience ...

Alors elle l’écouta, et de nouveau il lui offrit un choix. Eilhin eu un haut le cœur en réalisant que la veille, s’il l’avait en effet forcée, il lui avait néanmoins offert sa chance en lui ouvrant une porte de sortie. Elle aurait pu le tuer, et disparaître à jamais. Alors elle serait encore la pucelle effarouchée et innocente qu’elle était encore quelques heures en arrière. Un long soupir vînt s’échapper de sa gorge trop sèche, et elle réalisa soudain toute l’horreur de sa situation. Elle était là parce qu’elle l’avait souhaité, elle avait provoqué ce qui lui était arrivé et précipité son destin. Mirwais n’avait fait que ce qu’elle lui avait permis de faire. Elle s’était offerte à lui, non par envie certes, mais par faiblesse et soumission. Et comme le soleil inondait de ses rayons matinaux l’obscure masure, tout s’éclaira en elle. La vérité dans toute son implacabilité. Elle ne partirait plus jamais d’ici, et cela par sa seule faute.

Il était déjà sorti depuis de longues minutes lorsqu’elle se décida enfin à se lever, et, la première chose qu’elle fit en posant le pied sur le sol froid de la masure, fut de tomber à genou et de rendre le peu qu’il restait au fond de son estomac affamé. Puis, tel un automate, elle se releva en titubant, passa sa robe désormais sèche et noua ses mains plusieurs fois dans sa chevelure emmêlée avant de s’asperger un peu d’eau sur le visage. Debout, plantée là au milieu de l’unique pièce, elle réfléchissait sans cesse. L’affaire était pourtant déjà entendue et la conclusion unique : jamais plus elle ne se représenterait chez les siens, déflorée elle valait encore moins que le faible prix auquel ils l’estimaient. Même plus bonne à marier la sorcière. Qu’ils la croient morte lui semblait le meilleur parmi les possibles.

Alors elle resterait oui, et elle fermerait son âme à cet homme tant qu’elle le pourrait, lui offrant son corps aussi souvent qu’il le désirait. Elle lui appartiendrait, tout en restant libre. Pour lui elle ne serait que des yeux, des cheveux, une bouche, une peau, des cuisses, une fente ; mais personne ne pourrait violer son esprit*. Promesse avec elle-même ainsi scellée, Eilihn sursauta en prenant enfin conscience qu’elle n’était pas seule sous ce toit. Le difforme se pelotonnait dans un coin, un reste de pain rance entre les mains qu’il dévorait tel un animal.

Elle l’observa alors longuement, immobile, puis, comprenant qu’à priori il ne bougerait pas de là, elle se décida à s’occuper les mains et l’esprit. Pour l’heure et malgré l’apparente tragédie de sa situation, ce furent ses instincts de survie qui guidèrent ses actes, aussi entreprit elle donc de rendre la plus appétissante possible la mixture qu’elle réservait à la soupe de la veille. Ceci fait, elle se jeta sur la bouillie froide qu’elle avait obtenue. L’estomac apaisé, elle remplit une large écuelle de ce qu’il restait et s’approcha prudemment de celui qu’elle avait baptisé Innocent, et la lui posa à ses pieds, avant de s’asseoir elle aussi à même le sol et de lui faire face.

Le difforme n’hésita pas longtemps avant de ne faire qu’une bouchée de la pitance, et pas une seconde elle ne le quitta des yeux.


Et toi Innocent … Qu’as-tu fais au Très Haut pour mériter tel châtiment ? Murmura-t-elle, un triste sourire éclairant son visage poupin.

*plagiat de la série « Maison close »
Mirwais
Il marche d'un pas vif, il marche enfin, il marche le long d'un sentier sans prêter attention à ce qui l'entoure, il veut revoir sa bicoque et plus rien n'a d'importance que de retrouver ce petit lopin de terre qui lui appartient, plus rien n'a d'importance que de retrouver son frère et sa jolie prisonnière, il marche plus vite encore posant sa main sur un flanc droit qui lui tient encore rigueur.

Dans les bras de son père, l'enfant se réfugie secoué par une course folle vers un feu salvateur après avoir été ramené par les vagues vers les siens, les lèvres violettes et le corps gelé d'avoir trop combattu avec la grande bleue. Il fait confiance à celui qui lui répète


Tout ira bien...tout ira bien...tout ira bien...

Il sent le coeur de son sauveur battre la chamade et rien que celà lui suffit à le réchauffer malgré des tremblements qui l'accablent, il sait qu'il peut se fier à ces quelques mots, il sait qu'il se relèvera et que la baïne a échoué dans son vil dessein, il sait qu'il reverra le sourire de sa famille et de ses proches, qu'il pourra de nouveau goûter aux plaisirs simples de sa vie, il ne voulait pas en finir avec elle, il avait encore tant de choses à apprécier avant de partir vers l'au-delà alors il ne ferme pas les yeux comme son père le lui ordonne et il fixe le soleil.
Demain, il pourra de nouveau courir, rire et s'endormir sous les caresses de sa mère, il verra les feuilles des arbres jaunir et s'envoler sous le souffle du vent, il verra la neige poudreuse blanchir le sol, ce sol dont il est privé après ce combat perdu d'avance, il verra le soleil malicieux se jouer de l'hiver pour offrir un paysage verdoyant et un temps plus clément sur cette terre à ses éphémères occupants, il pourra encore poser ses pieds sur un sable qui deviendra brûlant au fil d'une nouvelle saison alors il sourit de ce plaisir qui lui est encore promis.

Le blessé d'une première bataille va arriver sur son terrain avec cette promesse d'un peu plus de temps devant lui en cherchant les occupants dont l'importance n'est apparue en son coeur qu'après avoir été adroitement transpercé par une lame qui se voulait meurtrière mais qui s'est juste contentée de le plaquer au sol comme pour lui faire comprendre qu'il n'était pas encore digne de sa belliqueuse mission.
Il veut revoir son frère, fruit de tant de tourments pourtant, il veut le serrer dans ses bras et ne plus jamais le lâcher, il veut lui dire ce qu'il n'arrivera jamais à lui dire, qu'il est sa racine aussi douloureuse soit-elle, qu'il est sa seule famille, qu'il le protégera, que personne ne pourra lui faire de mal en sa présence, il veut revoir sa frêle victime d'une nuit orageuse et lui demander pardon, l'aimer comme un mari doit chérir sa femme, la regarder d'un oeil complice à en perdre la vue, la protéger elle aussi.
Dans son élan, certainement qu'il ne fera rien de tout celà mais à cet instant, à cet instant précis, une seule chose l'importe, rendre honneur à cette voix qui lui a glissé, lorsque dans le sang gisant, suppliant, il levait sa main :


Tout ira bien...

Il ouvrira la porte de sa cahute et rentrera enfin chez lui auprès des siens avec cette douce certitude que la vie est belle et que plus personne ne pourra s'aventurer impunément à tenter de la lui retirer.
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eilihn, incarné par Asophie


Elle était restée, comme elle l’avait promis mais lui était parti.
« Je pars au combat » qu’il lui avait annoncé un matin, sans lui donner plus de détails, et la rouquine n’avait pas posé de questions, se contentant de lui préparer tout ce dont il pourrait avoir besoin. Toujours effrayé par cet homme qui partageait désormais et sa vie et sa couche, elle se montrait docile avec lui, désireuse de le contenter le plus possible et de ne surtout pas provoquer ses légendaires accès de fureur. Une partie d’elle-même, peut être espérait qu’il ne rentrerait jamais de cette guerre, ou alors les pieds devant dans une boite en pin des Landes. Mais elle constata avec horreur qu’une autre part d’elle-même, sur laquelle elle n’avait aucun contrôle, étant inquiète de le savoir bientôt sur les champs de bataille.
Se gardant bien de lui faire partager la dualité de ses sentiments, elle l’avait salué comme il se devait d’une femme faisant ses adieux à son homme. Les journées alors avaient passées, toutes semblables aux autres. Eilihn et Innocent cohabitaient dans la cabane en l’absence de Mirwais, et la plupart du temps, le second observait la première qui se chargeait des tâches quotidiennes. Balayer, astiquer, aller chercher de l’eau au puits, ainsi étaient rythmée ses journées. Ensuite elle s’attelait à préparer la soupe pour elle et le difforme. Parfois, parce qu’il le fallait, elle se rendait en ville, toujours dissimulée sous son foulard, et rasant les murs pour ne pas croiser au hasard d’une ruelle un membre de sa famille.
Lasse de ces aller et retours incessants dans le village, un matin une idée avait germé dans son esprit. Elle allait créer un petit potager à l’arrière de la cabane, juste de quoi y faire pousser le nécessaire à leur survie. Quelques légumes bien salutaires. Son rêve eut été bien sûr d’acheter une vache qui leur aurait fourni du lait, mais ses moyens ne lui permettaient pas, aussi se contenta-t-elle de faire l’acquisition d’une poule. Ainsi, plusieurs fois par semaine, elle pouvait enrichir leur repas, fait le plus souvent de soupe et de pain, d’une omelette bien nourrissante qu’Innocent ne se privait pas de dévorer. En effet, si le difforme n’était pas des plus bavards, il en fallait peu pour comprendre qu’il avait solide appétit, et la dernière chose que désirait la jeune rousse était bien de le contrarier. Elle le choyait donc, et parfois, lorsqu’il la laissait s’approcher, elle osait même passer un peigne dans sa tignasse ou lui nettoyer le visage crasseux d’un linge humide. Dans ses, rares, moments, elle lui chantait des berceuses de son enfance, qui semblaient avoir un effet apaisant. La présence d’Innocent à ses côtés rendait la vie dans la cabane moins triste et monotone, et peu à peu la belle et la bête apprenaient à se domestiquer l’un l’autre.
Qu’adviendrait il de cette apparente tranquillité au retour de Mirwais, là était toute la question désormais. Toujours est il qu’aussi étrange que cela puisse paraître, elle l’attendait.
Mirwais
La main sur son flanc droit toujours douloureux, Mirwais entre dans une cahute bien plus vivante qu'il ne l'avait quittée.
Sans dire un mot, il toise la belle rouquine et sa créature de frère, ils sont côte à côte et répondent au regard du blessé par un même silence emprunt d'inquiètude mais aussi de bonheur au moins pour le chétif.
Le piètre soldat s'amuse intérieurement d'un tel spectacle, il se découvre vulgaire homme qui rejoint sa dulcinée et son enfant, pourquoi ne se jettent-ils pas à son cou alors ?

Un sourire teinté de moquerie se dessine caché sous l'épaisse barbe de Mirwais en réalisant qu'ils ne viennent pas à lui car le difforme n'est pas son fils et qu'elle n'est pas sa femme, le petit locqueteux est son frère toujours aussi répugnant à voir quant à cette fille à moitié terrorisée par sa présence, il s'en est servi et elle le déteste certainement...
Peu lui importe au fond, il se veut comédien d'une pièce banale, celle du retour d'un guerrier heureux de retrouver sa famille.
Médiocre comédien qui s'approche du frère pour lui secouer sa tête par quelques passages de la main sur sa chevelure sale, médiocre comédien qui caresse lentement et avec tendresse le visage de la fluette Eilihn à l'apparence si fragile.
Il la prend contre lui et lui chuchote à l'oreille


As-tu pensé à moi ?

Il lui tient ensuite la tête des deux mains et lui glisse sans savoir vraiment s'il est toujours dans son rôle

Jolie rouquine...ma jolie femme...

Il lui tire la main et fait signe à son frère de le suivre, il sort de la cabane et les emmène vers son lieu préféré, la colline aux milles saules qui bruissent sous le vent d'autan, il ne prête pas attention au regard des passants, il se promène seulement avec sa famille après tout, quel mal y'a t-il à celà...
Instant de complicité avec le frère, face au vent, ils tendent les bras et simulent un envol tandis que la belle sans son voile s'installe près d'un arbre en les regardant.


Il s'envole alors en brassant de l'air, ce n'est plus un homme, c'est un aigle, un aigle royal qui nargue la ville de toute sa hauteur, de ses longues aîles il se sert du vent pour tournoyer avec grâce et mépris sur les Hommes, il est ce rapace que l'on craint et que l'on respecte.
Il décide de se poser au loin mais, trop empressé, il se prend les pattes dans un amas de ronces.
Il s'effondre et se redresse aussi vite, il n'a pas assez d'espace pour déployer ses aîles.
Au loin, il aperçoit des enfants qui s'approchent de lui.
Il entend alors


Mirwais, n'y vas pas, c'est trop dangereux, il va t'attaquer !

Mais l'enfant ne veut rien savoir, on ne rate pas une telle opportunité de voir au plus près un tel oiseau. A petits pas, le jeune téméraire franchit l'espace de sécurité du rapace et l'admire, fasciné.
L'aigle ne réagit pas, n'est-il pas Mirwais lui aussi ?
Ils se jaugent et l'homme animal veut à tout prix parler à l'enfant pour le prévenir du destin qui l'attend s'il ne réagit pas mais seuls des cris stridents témoignent de cette tentative.
Le jeune garçon se retourne et crie à ses amis


C'est un vautour fauve ! Il pue la charogne, c'est affreux comme il pue !

Il s'empare d'un bout de bois et se plait à agresser l'animal par quelques piques sur le flanc

Non, non, je ne suis pas un vautour fauve, je suis un aigle royal tu te trompes Mirwais, je suis toi, je t'en supplie, entends moi !

Un coup de bec dans le vide pour raisonner la tête brûlée et là, une odeur putride qui commence à l'oppresser, il découvre avec horreur que l'enfant a raison, il n'est pas cet aigle royal qui ne craint rien, il est juste un charognard qui s'est retrouvé au milieu des corps sans vie sur un champ de bataille.
Dans la fureur de cette triste réalité, Mirwais, le vautour fauve, simule une attaque sur Mirwais, l'enfant roi, en criant et en déployant rageusement ses aîles ce qui a pour effet de le libérer du piège naturel dans lequel il s'est empetré.
Il s'envole enfin, peu importe s'il n'a pas réussi à alerter le garçon sur son sort, trop tard...
Il retrouve les airs mais il ne supporte pas cette odeur, il ne veut pas être un vautour alors de retour sur la colline, Mirwais, dans un de ses instants de folie, se défait de sa chemise et se lacère la peau à coup d'ongle sous le regard effrayé d'Eilihn pour enfin se calmer et se poser contre un saule.

Là, le geôlier s'adresse à sa prisonnière et lui demande un seul service

Dis moi que je ne suis pas un mauvais homme Eilihn, dis le moi s'il te plait...
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eilihn, incarné par Asophie

Un couteau dans une main, et un navet dans l’autre, c’est presqu’au ralenti qu’elle releva le visage quand elle entendit l’huis de la porte grincer. Sans un mot, elle posa alors le tout sur la table, glissant au passage un regard furtif vers Innocent, avant de le reposer sur Mirwais. Vivant donc, mais la démarche boiteuse ne lui échappa pas : il ne revenait pas aussi en forme qu’il était parti. Les yeux de Jades ne le quittèrent plus un instant comme il les regarda avec ce sourire indéchiffrable, et ce n’est que lorsqu’il la pris dans ses bras qu’elle se décida à clore les paupières, laissant échapper un soupir. Soulagement de le revoir en vie ou résignation pour ce qui allait advenir ?
Sa question, ses mots la firent frémirent mais elle ne répondit pas. Elle savait que le colosse n’attendait pas de réponse, il la voulait juste contre lui, la sentir frissonner contre elle, bien vivante.

Elle aussi jouait la comédie, ainsi qu’elle l’avait décidé en choisissant de rester, et c’est donc docile qu’elle le suivit dehors, une lueur mi curieuse, mi apeurée dansant dans ses prunelles. Sans avoir pris le temps de dissimuler sa longue chevelure écarlate, c’est aux yeux de tous qu’elle dut alors affronter le regard des badauds, qui semblaient plus qu’intrigués par l’étrange trio formé par un difforme, un géant et une rousse. Où donc les emmenaient ils ? Quels noirs desseins avaient encore germé dans l’esprit torturé de Mirwais ?

Au sommet de la colline qu’elle n’avait jamais vue, Eilihn resta en retrait, s’agenouillant au pied d’un des gardiens de ce lieu enchanteur. Elle observa les deux hommes, toujours en silence, ses mains posée sur ses genoux. Une vague d’émotion soudain la submergea en regardant la complicité entre les deux frères, elle qui ne les avaient jamais vu que se battre, l’un dominant et insultant l’autre, sans jamais aucune douceur. Mais là, ils ne semblaient forme plus qu’un, seuls au monde parmi les saules centenaires. Un instant elle se laisse elle aussi envahir par ce fugace sentiment de plénitude. En paix, elle ferma à demi les yeux pour n’entendre que le chant du vent dans les feuilles, loin des cris de la ville et de la violence des champs de bataille. Bien … si bien.

Lorsqu’elle se décida à reposer son regard sur Mirwais, elle étouffa un cri d’effroi, ses mains se crispant sur ses jupes. Il était revenu, le fou, le même que ce soir là lorsqu’il avait abusé d’elle, le même qui pleurait, nu sous la pluie. Tremblante de peur, elle rassembla toute ses forces pour ne pas la lui montrer et ne cessa pas de le regarder comme il s’adossait contre un arbre, la crise passée, du moins l’espérait elle. La respiration saccadée qu’elle s’employait à calmer le plus possible, elle se leva doucement et en quelques pas mal assurés elle franchit la courte distance qui les séparait. Comme ce fameux soir, quelques secondes à peine avant que sa vie ne bascule, elle leva sa main vers lui et la lui posa sur la joue. Plongeant son regard doux sur lui, malgré sa peur, elle lui murmura alors, dans un demi sourire.


Vous avez beaucoup souffert et nombre de démons vous hantent. Mais … non …je ne pense pas que vous soyez un mauvais homme Mirwais.

La main se fit caressante, essayant de lui insuffler un peu de paix. Laisse moi t’aider Mirwais …
Mirwais
La vieille dame est toute de noir vêtue, elle est assise en face de Mirwais, elle lui a passé de l'onguent de jusquiame sous les muqueuses, sous les aisselles, sur la paume des mains et la plante des pieds.
Elle dessine avec ses doigts un point entouré d'un cercle, puis un autre cercle plus large et un dernier qui englobe le dessin sur le sol.
Elle lui dit en montrant le point


Ce point, c'est toi Mirwais, tu vis dans un monde qui t'encercle

Elle glisse l'index sur le premier rond

Ceci est le volume de ta vie, il comprend ton frère le maudit, tes biens et le lieu où tu t'endors

Puis l'index arrive au deuxième cercle

Cà, c'est notre forêt, c'est notre périmètre, c'est la limite de ce que nous ne contrôlons plus, nous nous y aventurons, nous y trouvons des repères mais nous sommes incapables d'en être le maitre

Elle passe ensuite la paume de sa main sur le troisième et dernier cercle

Et là, c'est le monde, c'est ce qui nous dépasse, c'est le territoire des âmes perdues qui nous dominent, c'est le bien et le mal, ce sont eux qui décident de notre sort.

Son doigt revient alors sur le modeste point, l'inquiétante dame des bois regarde fixement le jeune chasseur

Comme tu vois, tu n'es rien Mirwais, juste un simple petit point que l'on peut faire disparaitre en un souffle...
Ce soir et très vite, tu vas rencontrer les Dieux et tu pourras t'entretenir avec eux, ne t'inquiète pas, je serai là, ils me connaissent bien et je saurai calmer leurs courroux s'ils ne souhaitent pas t'accueillir.


Elle efface son dessin et saisit la main de Mirwais pour l'amener près d'un feu. Elle en tire un bout de bois enflammé et l'utilise pour brûler la paume du jeune chasseur qui grimace sous la douleur

Cette flamme, c'est le sans nom parcequ'il te fait mal et l'air qui nous entoure est le divin parcequ'il soulage ta brûlure.
S'il n'y avait plus d'air, il n'y aurait plus de feu, s'il n'y avait plus de flamme, il n'y aurait plus de feu, si nous n'existions pas, il n'y aurait plus de feu, le feu, c'est toi, Dieu et le sans nom réunis...


Elle lui lêche la blessure et d'un air amusé lui dit

Et moi, je ne calme pas ta douleur ainsi ?

Placant ses mains ridées sur le front de Mirwais, elle hausse le ton en rajoutant

Je suis celle qui te brûle et qui te soulage, je suis tous les Dieux à moi toute seule, regarde moi et commence ton voyage

L'effet de l'onguent agit, il s'envole sous le regard protecteur de la vieille, il est cette flamme que le vent souffle vers d'autres horizons

Il se pose dans une taverne glauque et crasseuse de la Ciutat Mosil de Montauban, il entend une ribaude lui proposer de s'amuser en échange de quelques écus, il est saoul, les voix résonnent et se percutent dans son crâne, il est seul, il a demandé à la belle Eilihn de rentrer avec le frère, il s'est couvert de cet onguent qui ne le quitte jamais, il distingue difficilement les contours du lieu où il se trouve, il étudie la sale gueule de la putain, un visage rond et abimé, une peau grasse et suintante, des lèvres usées par trop de baisers qui se meuvent et qui irritent Mirwais au point de lui donner envie de la frapper, il essaye de se contrôler mais il n'arrive pas à se dégager de cette vue alors il se saisit d'une chaise et inflige les premiers coups à la misérable, il n'entend plus rien, il s'acharne.
Une seule voix se faufile


Vous avez beaucoup souffert et nombre de démons vous hantent. Mais … non …je ne pense pas que vous soyez un mauvais homme Mirwais.

Il s'écrit alors

Mais qui es tu pour me parler ainsi ?
Qui t'a demandé d'avoir de la compassion ?
Tu ne sais rien de moi !


Une masse de coups s'abat sur lui, il y répond au hasard, il s'épuise tandis que sa face encaisse toujours plus, il ne veut pas tomber, il insiste dans sa vaine résistance, il frappe de toutes ses forces mais ne trouvant plus assez d'air il s'effondre offrant son corps à la colère des piliers de la taverne, il se plie mais oublie de se protéger le visage, des coups, encore des coups puis une lame qui s'enfonce dans sa chair au niveau du ventre, une autre qui lui coupe l'intérieur de la main, il l'approche de ses yeux blessés et s'y repose, il voit tout ce sang couler et se laisse jeter dans la ruelle jouxtant la taverne comme un vulgaire déchet.

La vieille femme l'allonge après lui avoir légérement tailladé sa main afin qu'il revienne de son voyage.
Elle lui passe un chiffon humide sur le front et lui confie


Mon jeune enfant... toute cette colère qu'il y a en toi... aucun dieu ne pourra rien y faire... tu as une mauvaise flamme dans ton coeur qui te consume de l'intérieur... mon pauvre enfant... je ne peux rien pour toi...
Il n'y a pas assez de chant pour faire danser ton âme...


Les bas fond de Montauban, un corps allongé dans l'indifférence générale, une main ensanglantée attrape de la terre et la laisse s'écouler d'entre les doigts comme du sable fin.
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Felina
Bas fonds de Montauban, au beau milieu de la nuit, une femme encapuchonnée que le sommeil fuit erre sans but entre les façades crasseuses. Une envie de tuer son ennui, à défaut d'autre chose, mais pour l’heure rien à se mettre sous la dent pour la combler. Au détour d’une ruelle plus sombre encore que les autres, un bruissement soudain la fait se tendre et porter d’instinct la main valide sur la garde de son épée, les griffes qu'elle porte sur le gant de la droite déjà prêtes à agir. Un rat ? Non … rien de tout cela, et en approchant à pas félins de l’origine du bruit, c’est une forme nettement plus imposante qu’elle découvre, étendue sur le ventre.

Un grognement étouffé, c’est bien sa veine de tomber sur un macchabé, pas vraiment ce à quoi elle songeait en espérant un peu d’animation. Seulement maintenant, la curiosité piquée au vif, elle s’agenouille près du corps, portant la main gauche contre la jugulaire de la masse inanimée. Un léger recul … Vivante, cette chose est vivante, et à y regarder du plus près il semble s’agir d’un homme à la stature colossal. Son visage n’a pourtant presque plus rien d’humain tant il est couvert de sang.


Bon sang ! Y a une armée qui t’es passée d’ssus mon gars pour t’mettre dans un état pareil ?

Seule, elle ne pourra pas soulever le colosse, ça c’est évident. Le mieux serait sûrement de faire comme sûrement tous les autres passants avant elle, soit faire demi tour et repartir comme elle est venuee, sans s’occuper de ce malheureux. Pourtant, et malgré tous ses défauts, la Rastignac n’est pas comme ça, et jamais elle le laissera l'un des siens crever ainsi, à moins d'être elle même son assassin. Aussi rassemble- t-elle toutes ses forces pour le faire se retourner et constater l’ampleur des dégats. Mazette, les nombreuses blessures et le liquide rouge qui s’écoule encore de la panse de l’homme témoignent de la violence du combat, enfin disons plutôt du massacre. Sans soin, dans moins d’une heure l’homme ne sera effectivement plus qu’un cadavre, tout juste bon à nourrir la vermine locale.
Grognant et pestant contre sa mauvaise fortune du soir, la Rastignac se redresse et hèle un pauvre hère qui passe là avec son âne. Détachant une bourse bien remplie de son ceinturon elle la lui secoue sous le nez avant de lui lancer :


Hey toi !! Ces écus sont pour ta pomme si tu m’prêtes ton âne et que tu m’aides à hisser l’bestiau que tu vois là d’ssus.

Jouant avec ses griffes de métal dans lesquels se reflètent le pâle éclat de la lune, et ce pour être plus convaincante, le regard qu’elle lui lance achève à priori de convaincre son interlocuteur, et le voilà qui accourt presqu’en tremblant, à n’en pas douter persuadé qu’elle est la responsable de l’état de Mirwais.

L’est à vous m’dame !! Hésitez pas à lui donner du bâton pour le faire avancer plus vite, c’est un corriace le bourriquot.

La ferme, prend donc c’colosse par une épaule et aide moi au lieu d’jacter !!

C’est soufflant et suant que la semi manchote et l’homme hissent donc la masse sanguinolante sur l’âne. A peine un signe de tête pour signifier à son accolyte du moment qu’il peut désormais déguerpir et notre sauvageonne se saisit du licol pour mener son étrange convoi à travers les ruelles le plus vite possible, direction la cabane de bûcheron à la lisière du bois, celle là même qu’elle squatte depuis son retour dans la cité des Saules.

Accroche toi encore un peu, et évite d’me canner dans les doigts hein …

Derrière eux, une sombre tâche de sang et une longue trainée carmine sur le sol resteront les seuls signes visibles de ce qui s'est passé ici. Quelques minutes encore et la Rastignac pourra peut être tenter de lui sauver la vie.
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Scath_la_Grande, incarné par Sancte


[Jours étranges…*]


Viens
Allons ensemble
C'est un joli soir pour mourir
Et si ta main tremble
Dis-toi qu'il faut juste partir… *



Novembre et sa traîne de feuilles roussies d’automne, avec sa cohorte de jours étranges où s’entremêlaient les matinées brumeuses, les nuits pluvieuses et parfois se glissait de la lumière accidentelle d’un soleil qui aurait fait du zèle un après-midi.
Novembre, là où s’achevait l’insouciance d’une rouquine, indécrottable indocile qui n’en faisait qu’à sa trogne.

Froissée dans son inquiétude, d’avoir laissé son brun mal en point au bon soin de ces saloperies de nonnes, l’impérieuse Belette qui trônait sur son équidé, bien emmerdée, considéra d’un œil torve « le cadeau empoisonné» de la languedocienne.
Sa Sombre lui avait prêtée-et connaissant l’état de radinerie avancée dont était affublée Mata c’était un miracle en soi, si, si vous pouvez me croire- une vieille mule efflanquée et puante pour lui tirer sa carriole pas bien large et où s’entassait son petit bazar.

Soi-disant que cette rosse mal foutue était une compensation à l’absentéisme de la brune. Tu parles ! Comme si la pauvre bête asthmatique et chlinguante pouvait la remplacer.
Scath voyait déjà l’tableau, la vieille carne, une épée au sabot, tentant de tenir en respect des brigands.
Indéniablement… vachement pratique !
Pis question conversation, alors là c’était le pompon au cornichon, même si la Sombre avait le verbe acerbe, au moins elle causait…
Franchement, il n’y avait qu’au niveau de la picole, qu’une maigre consolation se profila en tête de la rouquine. Au moins, nul besoin de partager.
Mais on ne pouvait lui retirer l’idée à la rousse, que sa brunette se servait de cet ersatz de destrier pour la faire revenir, sous le prétexte fallacieux que ce n’était qu’un prêt. A se demander qui entre la bête et la propriétaire se montrait la plus rosse des deux.

Toute à ses considérations, Scath cheminait sur une vraie monture, tenant à la longe le truc-muche-chose-à-quatre-pattes qui tirait la fabuleuse carriole afin de s’extraire de la ville au plus vite. Par la suite, quand elle serait assez loin de la cité des saules pour ne pas se taper la honte, viendra bien le temps d’accrocher la camarguaise de bon lignage à la charrette et de poursuivre en conduisant le mulet…

Elle quittait les « beaux » quartiers où résidait la lie de l’humanité-et où vivait sa Sombre-, enchevêtrement de tout ce que la société refoulait et vomissait. Des alcooliques aux bruyantes fêtes saturnales, les doigts habiles des marauds a et les quémandeurs aux mains pernicieuses s’amusaient dans une reproduction miniature et beaucoup plus sobre de la Cour des Miracles.
Le museau enfariné de dédain, la môme passait dans le labyrinthe étroit du cloaque, Montauban-la-Réformée se présentait ici comme obscure et dangereuse, loin des descriptions dignes de dépliants touristiques fait par le bourgmestre.

Une ombre plus en avant, incertaine, étrangement distordue avançait claudiquant lentement devant elle. Plus loin dans les tavernes quelques soulards chantaient des chansons paillardes à en faire rougir un vicaire.
Scath n’avait guère le désir de trainasser dans le coin, trop puant pour son nez délicat, et elle le fit savoir avec toute son amabilité qui la caractérisait.


Oyé du clodo… casses-toi… vas crever plus loin bordel ! C’pas les venelles crasseuses qui manquent !

Le geste de déguerpir de son chemin se joignit à sa parole fat.
Faisaient chier ces gueux, franchement, aucune considération pour le bon peuple.
Un doute néanmoins pointa dans le creux de son ventre et si c’était un traquenard pour la soulager de sa bourse ?
Le regard fauve se tourna inquiet vers la carriole où endormie dans un panier d’osier bien arrimé se trouvait son plus grand bien. Une enfant qu’elle n’avait pas encore nommée.
Main gantée de cuir sur la garde de son arme qui battait le flan, le palpitant lui halotant le poitrail, la rousse allait réitérer sa demande d’un ton plus sec encore.


Hééééé, toi, j’te c… bou… de… gnééé c’quoi c’foutoire ? Plissement des yeux. Félina ? C’est vous ?

La lumière faiblarde qui provenait de quelques boui-bouis douteux éclaira le tas à qui elle s’adressait.
Stupeur.
Le visage qui s’était tourné pour faire face à son injonction lui était connu. Ben pour le coup, elle s’trouvait bien con la Grande… surtout que la silhouette encapée de la féline se détacha de l’autre masse. Un âne et une épaisse carcasse de colosse gisante à son faîte.
Les minutes s’égrenèrent, silencieuses d’abord, les deux femmes essayant certainement de comprendre de ce que l’autre pouvait bien foutre dans un coin pareil à une heure indue…
La nouvellement montalbanaise rompit finalement le mutisme en descendant de ses hauteurs équestres. Prunelles aux aguets… la méfiance était toujours de mise avec Scath…


C’est quoi c’macchabé ? C’est vous qui l’avez estourbie ?

Sourire narquois qui habilla ses vermeilles quand la rouquine s’approcha de l’âne, une main souleva le visage du colosse. Entre le sang mêlé de terre, les traits boursouflés par les coups, la Belette le reconnu. Le rictus hautain disparut de ce fait, et le blême vint frapper son museau.

Mirwais ? Mon roi…

Un courant glacé lui parcourut l’échine, ses lèvres tremblotèrent, et à la hâte, elle jeta un de ses gants.
Non, non, ce n’était pas possible, l’Vieux Barbu allait pas lui faire ce genre de saloperie de blague… les plaisanteries, ça suffisaient pour l’instant !
Ses doigts fouillèrent son cou grossier de molosse, cherchèrent l’endroit où la vie faisait soubresauter la peau… soulagement, les pulsations étaient présentes… guère gaillardes mais là. Elle prit une grande inspiration, soulagée…

Froide et sournoise, la colère monta habiter son être, le visage impavide se tourna vers la féline, la lame fut sortie, droite, la tenant simplement en respect, le temps que la féline réponde courtoisement à sa question.


C’est vous ! Est-ce que c’est vous Felina, qui avez fait ça !


*Jours étranges de Saez

Felina
Le sombre trio formé par la sauvageonne, un âne et un colosse à moitié mort avance dans les ruelles, la Féline gardant les sens en éveil et la dextre toutes griffes en avant, parée à toute éventualité. C’est qu’il ne faisait jamais bien bon traîner trop longtemps dans ce genre de quartier, aussi, plus vite en serait elle sortie, plus vite aurait elle une chance de sauver la vie du malheureux. Soudain, une voix féminine se fait entendre, guère aimable et la prenant pour ce qu’elle n’est sûrement pas.

Déjà les doigts se referment et le métal se prépare à agir comme le pas lui se fait plus lent encore, jusqu’à finir par cesser. Immobile, la Rastignac plisse les yeux, tentant de discerner l’origine de ces politesses, pour finalement parvenir à distinguer une silhouette élancée, suivie d’une carriole. Un rayon de lune plus brillant que les autres, et c’est un reflet roux qui soudain l’éclaire et la renseigne sur l’identité de la forme, doute aussitôt confirmé quand son prénom est énoncé.


La Belette ?

Regard écarquillé cette fois, que diable faisait la toute jeune mère dans un endroit pareil ?Et puis ne lui avait elle pas parlé d’un départ vers l’Est ? Etait ce donc la raison de la présence de la carriole ?
Son roi ? Est ce lui le père de l'enfant ?
Trop de questions mais aucune réponse pour l’heure. Méfiance ... Y a un truc qui ne tourne pas rond. De curieuse, la rouquine devient tout à coup menaçante, inquisitrice, et sans avoir eu le temps de répondre à ses premières interrogations, la brunette semi manchote se retrouve déjà sous le joug d’une lame qu’à n’en pas douter sa propriétaire semble manier avec talent. S’immobilisant, mais sans lâcher une seconde les rênes de son précieux convoi, elle lève bien haut sa main gantée, espérant par ce geste signifier à la belette qu’elle ne cherche pas querelle. Du moins, pas encore.


Ola !! Tout doux la rouquine ! Tu l’connais alors l’molosse mort vivant ? Il a pris cher pour sûr !

Un pas en avant, prudent mais déterminé. Plus de temps à perdre.

Non j’l’ai pas tué, sinon j’serai pas en train d’me faire suer à l’sortir de c’bouge pour lui sauver la vie !


L’évidence non ? Depuis quand les assassins se préoccupent-ils de mettre leur victime en lieu sûr ? Réfléchis donc un peu jolie Belette.

Alors main’t’nant y a deux choix. Ou tu continues à m’barrer l’passage et l’gus là il va canner, ou tu m’laisses passer et tu viens m’aider à faire d’la couture pour qu’il arrête de pisser l’sang.

Comme tu l’vois j’n’ai qu’une main d’opérationnelle, et comble de malchance c'est la gauche, alors si j’le fais seule y a moyen que c’soit un beau carnage !


La main toujours en l’air, et la prise de l'autre plus ferme sur le cuir, elle fait un autre pas en avant, son regard sombre plongé dans celui de son homologue et la poitrine venant se poser contre la pointe de la lame. Chaque seconde devient précieuse pour Mirwais, et chacune passée l’amène un peu plus devant les abîmes de la Mort. Que décideras tu la belle ?
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Scath, incarné par Sancte


« Non j’l’ai pas tué, sinon j’serai pas en train d’me faire suer à l’sortir de c’bouge pour lui sauver la vie ! »

Ce qui pouvait apparaître comme logique à la Féline, n’était pas l’évidence même pour la mustélidé. C’était que la brunette était une étrangère, elle ne savait pas que sur les terres montalbanaises tout relevait du domaine du possible.
Il y avait bien eu des naines buveuses de sang, des déterreuses de cadavres qui trafiquaient on-ne-savait-quoi avec, et en ces temps un bon et généreux bourgmestre hérétique et radin, et même des belettes pondeuses.
Comment la rouquine pouvait savoir qu’elle voulait soigner l’animal, l’emmener loin du chaos des tavernes pour le préserver ?
Peut-être que sous le chat se cachait la goule, bouffeuse de chair…

Pupilles fauves qui jaugèrent la féline. Mentait-elle ?
Le bras toujours inflexible, le museau au masque stoïque en total inéquation avec se qui se tramait sous les mèches rousses, Scath tentait d’analyser la situation avec diligence.
Rien à perdre et tout à y gagner… ‘fin normalement, le regard se bascula sans qu’elle s’en donne compte vers Mirwais.
Après un temps infime, les badigoinces se desserrèrent et la lame s’abaissa pour rejoindre son fourreau, lieu d’ailleurs qu’elle n’aurait jamais dû quitter.


Oui je le connais… Fallait-elle qu’elle précise qu’il était son tourment, qu’elle était sa teigne non ? Détails inutiles, futiles qui n’auraient servi à qu’dalle. T’as raison, grouillons-nous.

Les mirettes de la Belette se tournèrent, furtives, inquiètes vers les lueurs dansantes qui s’évadaient des tavernes. Les auteurs de tout ce suif devaient être encore dans les parages.

Faut déguerpir… vite. On devrait le mettre à l’arrière, fit un geste du menton pour désigner la carriole, aides-moi…

Humpf… mais t’as une force surhumaine… t’as fait comment pour le hisser sur ta bestiole ?

Si la Belette avait su que le Mirwais était si lourd, elle l’aurait laissé sur sa bourrique, ça lui aurait évité de saloper sa mise et s’éreinter le dos à le transporter jusqu’à sa brouette géante et abritée.
Quelques pas encore, avant de faire vaciller en douceur le colosse aidée par la brunette et de le traîner pour que la majeure partie du corps soit à l’intérieur. Restait les jambes qui dépassaient, ma foi, on n’avait pas idée de croitre ainsi comme la mauvaise herbe.

Plus loin, une porte s’ouvrit à la volée, et quelques des pochards en sortirent, chancelants, beuglants des chansons aux paroles indistinctes.


N’traînons pas là… allons dans un coin plus tranquille.
T’inquiète je m’occuperai de la couture… J’commence à avoir l’habitude… avec lui…


Et à ce rythme là, si son roi s’entêtait à avoir un goût immodéré à s’prendre des peignées, la rouquine pourrait bien prendre un abonnement à la revue Couture et Broderie pour diversifier ses points.
« R’garde Mirwais, j’t’ai fait un point en croix slalomé »


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