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[RP] Un chacheur chachant chacher etc.

.mahaut.

[Un petit matin, au lever du soleil, quand la brume se détache avec lenteur des bosquets, caressant amoureusement les étangs, ouais je sais, je suis trop poète quand je veux.]



Le père Gaspard ajusta sa cape et appela son chien. Le jour était idéal, les pièges qu’il avait placés la veille devaient être remplis, hors des sentiers, histoire de ne pas se faire chopper par le garde chasse des terres du Comte d’Aubeterre.
On disait que le comte était clément avec les braconniers, qu’il fermait les yeux tant qu’on restait raisonnable. Mais le garde chasse, lui, c’était une autre paire de manches. A croire qu’il considérait que le gibier en entier lui appartenait et qu’on le menait à la famine en capturant un tout petit faisan de rien du tout. Alors que bon, les faisans, ça courrait les rues en PA.
A ce qu’il avait vu hier en taverne, le garde chasse ne serait pas en état de faire sa tournée matinale. Un fin sourire se dessina sur le visage du père Gaspard tandis qu’il se mettait en route, direction Aubeterre.


- Bordel, ça caille grave !

Gaspard s’arrêta dans la ruelle. Devant lui, le cauchemar de tout homme. Enfin de tout homme noble. Lui se sentait assez tranquille en la voyant. Vue l’heure, elle devait sortir de taverne. Le fait qu’elle se tienne obstinément à un poteau lui confirma la chose.

- B’jour à vous, damoiselle Mahaut.
- Wouuuuh, j’ai failli boumber, là, vous avez vu ? J’ai bailli bomter. ‘fin bref, z’avez compris. B’jour Père Gaspard. Z’allez où ?
- Hmm… Je vais… Ben je vais…
- Ah ouais. Cpatouprès. Oh la, les pavés c’est traitre, hein, vous avez vu ? Je suis fûre qu’ils ont pavassé les rues juste pour me voir ma fiander.
- Holaaaa, attention ! ‘tendez, attrapez ma main. Le truc qui bouge, là, devant votre visage. Voilàààà.


Elle gloussa tandis qu’il la tractait sur une route en terre battue, un tantinet plus sûre pour son état.

- M’ci à vous Père Gaspard. Z’êtes un chipe type. M’dame Jeanne va bien ?
- Elle va, elle va… on rajeunit pas vous savez. On a plus votre vitalité, nous autres. Elle vous r’mercie pour la mirabelle au fait. Ses crêpes étaient nett’ment plus… plus… ça donne chaud !
- Oh de rien. Ça accommode bien, hein ? Elle en a fait c’matin ?
- Non, j’ai mangé froid, j’ai pas v’lu la réveiller.


Oui, jusque là vous vous dites « c’est follement intéressant, à quoi ça sert qu’elle me dédicace un rp si c’est pour qu’il soit chiant comme un jour sans vin ? »
Vous n’avez pas tout à fait tort.

Elle agrippa le bras du Père Gaspard qui grimaça.


- C’est pas qu’j’veux pas vous raccompagner, damoiselle, mais…
- Père Gaspaaaard !
- Oui ?
- Z’êtes mon copain.
- Ah. Ben c’est bien aimab’ à vous. Je vous dépose sur le banc, là ? Votre écrivain viendra vous chercher ?
- Nan ! J’vous quitte p’u ! Z’êtes mon copain !
- Ah… Mais j’allais… voir mes champs. C’est loin. Il fait froid. C’est mouillé.
- Ah, ben j’vous accompagne. Paraît qu’il faut s’y connaître en culture quand on est noble. Moi j’ai fait du blé, pis des cochons après. Ils me regardent bizarre quand j’le dis. Les nobles, pas les cochons. Notez, c’est pas si différent. Surtout en fin de soirée gâteaux.


Ils commencèrent à avancer sur le chemin. Le père Gaspard commençait à être bien embêté.

- Non mais… Comment vous dire ?
- Oh regardez ! Des diamants ! Partout ! A nous la gloire ! Sonnez, trompettes de la renommée !
- Non c’est la rosée sur les feuilles.
- Du roséééééé ! Encore mieux ! Ouaiiiiiis !
- De LA rosée. C’est de l’eau qui vient de la brume, voyez.
- Erk. Oh regardez là bas ! Quécéssé ?
- Ben c’est une meule de foin qui s’est affaissée. C’est à cause des jeunes, ça, ils passent leur temps à y farfouiner pour…
- Pour ?
- Pour rien, pour rien. Vous ne voulez pas rentrer chez votre père, vous êtes sûre ?
- Non non non non. Ca va me faire du bien de marcher. Orka dit que j’ai des grosses fesses.


Le père Gaspard déglutit péniblement. C’était déjà difficile de se faire accompagner par la fille de l’homme qui peut vous faire fouetter en place publique pour ce que vous étiez en train de faire, mais si en plus elle commençait à parler de ses fesses, il préférait encore s’arrêter immédiatement.

- Damoiselle Mahaut ? Damoiselle Mahaut ! Hé ! J’vous parle !
- Hein ? Vous avez entendu ? C’était quoi ce bruit ?
- Un arbre qui craque. Dites je voulais…
- Ouf ! J’ai cru que c’était mes braies. Alors que bon, j’ai quand même pas forci à ce point hein ?
- Euh… Je voulais vous dire…
- Pis d’abord, c’est pas de ma faute si on met du gras dans le foie gras hein. J’en ai demandé de l’allégé et on m’a ri au nez.
- En fait, là, je ne vais pas voir mes champs.
- C’est bizarre comme expression « rire au nez », non ? Parce qu’on ne rit pas dans le nez des gens. Ou leur rit dans les oreilles. Ou alors on rit du nez, mais je suis à peu près sûre qu’on parle du sien et pas de celui qui écoute quand on dit ça.
- Je vais relever les pièges que j’ai mis hier soir sur les terres de votre père.
- Remarquez, rire dans le nez, je suis pas contre, mais ça implique de prévoir un tabouret. Moi j’ai Anatole qui me fait la courte échelle des fois mais le temps qu’on s’organise c’est pas toujours facile, voyez.
- Je n’ai pas le droit d’aller chasser sur les terres de votre père. Vous ne lui direz pas ?
- Il faut dire qu’Anatole est limousin. Ca explique son retard hein.
- Damoiselle Mahaut, je…
- Ouais, ouais, j’ai entendu. Boarf, on va pas en mourir, hein. Sauf si ça nous force à manger de la salade de choux. J’aime pas la salade de choux.
- Vous ne lui direz rien alors ?
- A la salade de choux ?
- A votre père ! Au garde chasse !
-Ah, lui ? Vous en faites pas, il ronfle en taverne, là. Je l’ai délesté de 17 écus aux dés hier soir. Il arrive pas à concevoir qu’une fille de noble puisse tricher.


Petit sourire du père Gaspard. L’idée que cet abruti imbu de lui-même allait se réveiller avec un mal de crâne et une bourse plus légère le ravit intérieurement.

- Bon, mais… vous m’accompagnez ?
- Ah ben oui ! J’ai jamais braconné. Ramassé des champignons, oui, mais jamais braconné. On commence quand ?
- Ben… maintenant. Règle n°1 !
Oui ?
- Rester discrets.
- Pas de soucis, chef, pour ça chuis imparable.


Des années plus tard, le père Gaspard jura avoir entendu une pie moqueuse à ce moment précis, comme un présage funeste.
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.mahaut.
A bien y réfléchir, la journée aurait pu être pire. Si, si, réfléchissez bien. Il aurait pu être pris en flagrant délit avec ses prises, jugé en place publique et condamné à des coups de fouets, ou même à une main tranchée, pour peu que le seigneur soit de l’ancienne école, façon Flex. Il aurait aussi pu attraper froid, ne pas réussir à s’en remettre et mourir bêtement d’une grippe, laissant une femme âgée et sans ressources. Il aurait pu faire une mauvaise chute, se casser une jambe, rester invalide à vie et ne plus pouvoir subvenir à leurs besoins, tombant dans la misère pure. Il aurait pu… Oui, bon, il aurait pu vraiment passer une journée bien pire que celle là.
Mais quand même… partir à la chasse avec Mahaut…c’était quand même pas non plus un jour faste.

Il avait commencé par lui dire de ne pas faire de bruit. Les yeux écarquillés, il l’avait donc vue se mettre sur la pointe des pieds, se vautrer au premier caillou venu, puis décider de faire des grandes enjambées pour que «le bruit des pas soit moins fréquent, voyez ? C’est d’la pure logique ». Pure logique, oui.


*SPLASCH*
-
- Ah mince, une autre flaque. Bon. De l’élan et ça ira. Haut les choppes.

*SPLASCH*

-
- Y’a des flaques partout ou quoi ? Bon, je vais tenter les bas côtés du chemin, Père Gaspard, vous en faites pas, je suis pleine de ressources.
-

*SCRATCH*

- Aieuuuu ! Y’a des ronces ! Bordel ! C’est piégeux !
-
- Je vais retenter le creux du chemin, vous croyez ? Vous faites comment vous, Père Gaspard ? Je vous entends pas !
- Je marche en prenant mon temps. D’habitude j’en profite pour écouter.
- Ah ! Ecoutons alors.
-
- …
-
- … J’ai rien entendu.
- C’est qu’d’habitude j’écoute plus longtemps que ça.

*SPLATCH*

- J’ai juste voulu avancer un peu en écoutant…


Le père Gaspard regarda le ciel pour éviter de la fixer. Bon, allez, rien de grave. C’était pas parce qu’elle faisait plus de bruit qu’une armée à elle toute seule que les animaux pris aux piège allaient s’enfuir hein.
Non, évidemment que non…
Non, hein ?
Je veux dire, même pris de panique, un animal ça reste sagement en place à attendre qu’on vienne le décrocher, hein ? Pis de toute façon, ils devaient être morts déjà. Voilà, pas de raisons de s’inquiéter. Pas trop, quoi.


- Bon, damoiselle Mahaut. On arrive près de la forêt. Vous savez ce que ça veut dire ?
- Je vais encore me perdre ?
- Mais non, je reste avec vous.
- Ah, alors une forêt… Ah je sais ! Je vais pouvoir m’accrocher aux branches pour me déplacer sans faire de bruit !
- Euh… Je voulais dire qu’il allait falloir aller en dehors du chemin, pour aller là où les petites bêtes vont. Donc le sol va être plus… euh… piégeux comme vous dites.
- Houlaaaa…
- Oui, comme vous dites. Bon et donc on va trouver, si tout va bien, des animaux étranglés par mes collets.
- Des colliers ? c’est comme ça que vous les attrapez ? C’est comme les nobles !
- Euh… Bon, suivez-moi.


Ils s’engagèrent dans le sous bois. Une bonne odeur de terre mouillée régnait, mêlée aux effluves de feuilles en décomposition et de champignons arrivés à leur pleine maturité.

- Bon, j’en ai placé un par là bas, sous la souche, vous voyez ?
- Où ÇAAAA ?
- … Sous la souche. Ne vous éloignez pas, Damoiselle Mahaut, s’il vous plait. Bon, approchons.

*froutch froutch froutch*

- C’est rigolo le bruit des feuilles, hein ?
- C’est le mot que je cherchais.
- AAAAAAAAIEUUUUUUUUUUUUU ! Je me suis pris un hérisson sur la tête !


Le Père Gaspard gardait ses yeux et son esprit concentré sur le piège. De loin, il essayait de voir si oui ou non il avait été visité durant la nuit. Mais à ce dernier cri, il ne put s’empêcher de se retourner.

- Un… un quoi ?
- Un hérisson ! La vache, ça fait hyper mal !
- Mais comment vous avez fait pour vous prendre un hérisson sur la tête ?? Et il est où d’abord, ce hérisson ?
- Je sais paaaaas ! Il m’a sauté dessus, m’a sauvagement agressée pis il a roulé par terre.
- Mais…
- AAAAAAAAAAAH ! ATTENTION PERE GASPARD ! DERRIERE VOUS ! On est cernés !!!


Le vieil homme ne put s’empêcher d’agripper son bâton et de maintenir son chien près de lui. Il vaut mieux être préparé en cas d’attaque de hérisson kamikazes.
Il se rapprocha de Mahaut en levant les yeux vers les arbres. Concentré, il chuchota :



- Ils sont où ?
- TOUT AUTOUR DE NOUS !! Mon dieu, c’en est fini de nous…
- Mais où ??
- LAAAAAAAAAAAAA !
- Ah. Je vois.


Il relâcha son chien.

- Damoiselle Mahaut. Ecoutez moi. Non mais descendez de cet arbre, il est mort en plus, il va craquer sous votre poi… il va craquer tout seul. Ce ne sont pas des hérissons suceurs de sang.
- Ah ? Ils nous mâchent aussi ?
- Des châtaignes. Ce sont des châtaignes.
- Mais ça piiiiiiique !
- Oui, voilà, comme des châtaignes, quoi. Regardez, j’en ramasse une pour vous montrer.
- Faites gaffe, hein… On sait jamais…
- Vous voyez, ça ? C’est une bogue. Oui, ça pique, attention. Et dessous, regardeeeeez… Une châtaigne.
- Vous êtes sûr que c’est pas un mini hérisson ? Ouais, bon, d’accord. Et on en fait quoi ?
- On les mange. Grillées à la cheminée c’est délicieux.
- Ah. Bonne nouvelle, hein ? Bon, on va le voir ce piège ? Ce qu’on peut traîner en route !

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.mahaut.
- Aaaah ! Y'a d'la chance que pour la vermine...
- Une vermine ? où ça ?
- C'est une expression. Regardez, on a un lapin pris au piège.
- Ah ouiiii ! Bravo Père Gaspard ! Un belle vermine pour l'hiver !
- Bon, on va le détacher et je vais vous montrer comment remettre le piège en place.
- Avec plaisir.


Ils approchèrent du piège. Doucement, le Père Gaspard s'accroupit, rattrapa Mahaut qui tanguait vers l'arrière en tentant la même opération et lui montra le futur civet.


- Vous voyez ? ça l'a étranglé alors qu'il essayait de se défaire.
- Ah oui, c'est astucieux... Vous avez songé à en faire grandeur nature ? Non parce que j'ai des proies toute trouvées...
- Hon hon... Bon, je desserre le noeud, je repousse la tête... Voilà, il est pour vous.
- Pour moi ? Oh fallait pas ! Comment je vais l'appeler ?
- Miam, ça lui irait bien.
- Dites, Père Gaspard ?
- Oui ?
- Il bouge pas beaucoup.
- Ben oui. Il est mort.
- MORT ?? Mais ! Non ! Je voulais pas, moi !
- Ben vous croyiez quoi ? Je vais relever mes pièges, en général je me débrouille pour qu'ils soient déjà morts quand je viens les ramasser.
- MIAAAAM ! Réveille toi ! Allez, petit lapinou ! Secoue-toi ! Père Gaspard ! Je vais tenter un massage cardiaque, vous voulez bien compter ?
- Damoiselle Mahaut... Non mais arrêtez... Je vous en prie... Et cessez de pleurer, c'était qu'un petit lapin...
- Un JOLI petit lapin !
- Oui, un joli petit lapin mais il a bien vécu vous savez.
- A-t-il seulement rongé une seule petite carotte de sa vie ?
- Euh... oui, sans doute...
- Sans doute n'est pas suffisant ! Est-ce qu'il est mort de vieillesse, entouré des siens ?
- Ah ben non. Il est mort seul, dans mon piè... Non mais faut pas vous mettre dans des états pareils pour un lapin, pardi !
- Miaaaaaaaaaaaaam ! Réponds !
- Au bruit, je crois que vous lui avez brisé les os, là.
- Oh. Je vais lui faire une attelle. Pis je mettrai dans une caisse avec du chou. Et des carottes, évidemment.
- Tant qu'à faire, mettez le dans une marmite avec du vin rouge, ça sera aussi efficace.
- Mon Aristote, rien à faire... C'est fini... Adieu, Miam, tu resteras toujours dans nos coeurs.
- Et dans nos estomacs.
- Bon, vous creusez pendant que je cherche des fleurs ?
- Pour ?
- Pour l'enterrer, m'enfin ! Il doit avoir une sépulture digne de ce nom. Vous arriverez à graver "Miam, mort dans l'exercice de ses fonctions, le PA reconnaissant" sur ce bâton ?
- Mais damoiselle Mahaut, on ne va pas l'enterrer ! On va le manger ! Mais arrêtez de pleurer, tudieu ! Qu'est-ce que ce sera le jour où l'un de vos proches mourra ?
- Ben ça dépend qui.
- Ben votre soeur, mettons.
- Ah elle ? Ben je pense que je serai commanditaire. Pis j'hériterai. Non, pas de soucis, là dessus.
- ...
- Ah je vous vois soucieux. Vous vouliez la manger ? Va falloir une grande marmite. Et je vous dis pas pour les carottes.
- Gnnn... Bon, non, je ne préfère pas imaginer.
- Moi si. Ça lui irait une pomme dans la bouche et passée au grill ?
- Du moment qu'elle est bien arrosée, elle restera bien comestible. Mais pourquoi je dis ça, moi ???
- Vous êtes un fin gourmet. Bon, soit, mangeons Miam. Ça nous servira d'entrainement pour la blonde.
- Je crois que je n'ai plus très faim...
- Moi si ! Voilà qui m'a ouvert l'appétit ! On fait quoi maintenant ? On ramasse d'autres pièges ? Oh et après on ira à l'étang vous allez m'apprendre à tirer à l'arc ! Je veux manger une oie !
- Dites... C'est la première fois que vous voyez quelque chose de mort ?
- Oh non, j'ai tué quelqu'un un jour. Elle s'approchait des poules. Du sang partout, j'étais très fière.
- ...
- Mais les petits animaux j'y suis plus sensible. Oh, attention, vous écrasez une jolie petite fleur.

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.mahaut.
- Et rien encore dans celui-là ! Raaaah, décidément, y'a des jours comme ça...
- Oui, c'est dommage, hein ? ça avait pourtant bien commencé. Sauf avec l'histoire de Miam, évidemment, mais ça aurait été bien si on lui avait trouvé des copains.


Le Père Gaspard préféra ne pas répondre. Seulement un piège sur quatre... et avec la brune qui commentait tout... Y'avait vraiment des journées pourries.

- Bon, allez, on va sortir du bois.
- On fait la course ?
- Non non... On va aller vers l'étang. Mais... Ecoutez-moi enfin ! Reposez ce bâton ! On ne va pas faire une course de relais. On va aller vers l'étang, voir si on peut tirer une oie. Mais il va falloir bien m'écouter.
- Oh je sais faire. Et si je prenais un bâton plus petit ? Je plaisaaaaanteuh, me regardez pas comme ça ! Donc l'étang ?
- Les oies sont froussardes. Il va falloir rester bien silencieux, sinon, au moindre bruit suspect, elles s'envoleront. Donc règle obligatoire : ne pas parler.
- Compris, chef. Pas parler aux abords de l'étang. Fastoche.


Fastoche, oui. Il soupira un petit coup avant de prendre le chemin qui sortait des bois. Etre ainsi à découvert le génait un peu, cela allait à l'encontre des principes de tout bon braconnier, mais pour une fois, personne ne lui demanderait rien. A part" comment vous faites pour la supporter", soit.
Le chemin les mena progressivement vers l'étang. A travers les derniers buissons, il tenta de voir si un groupe d'oies était déjà présent. La chasse à l'oie, une des plus difficiles, mais aussi l'une des plus gratifiantes. Rester immobile pendant des heures pour décocher une flèche, une seule ! Et l'espoir de rentrer avec un festin... Le tout était de trouver un espace un peu abrité pour pouvoir se poster tranquil...


- Paaaaaaaaaaar dessus les chaaaaaamps, soudain j'ai vuuuuuuuuuuuuuuu ! Passser les oies sauvaaaaaAAaageuh ! Elles s'en allaieeeeeeent vers le midiiiiiiiiiiiiiiiii, la Méditerrannééééééééééééééééééééééée !
- Mais ça va pas, non ? J'avais dit de ne pas parler !
- Mais je chante ! Pour nous donner du cœur à l'ouvrage ! Oh regardez, les oies !


Oui, les oies. Elles étaient bien sur l'étang, en fait. Etaient. Parce que là, elles étaient déjà loin, hors de portée de flèches. Et la probabilité qu'un autre groupe se pose était de moins d'une sur...


- Euh, Bonjour ?


Le Père Gaspard releva la tête. Un jeune homme se tenait devant lui, du rouge sur le visage. Il se précipita vers lui.

- Vous êtes blessé ? Vite, allongez-vous ! Où est-ce que vous avez mal ?
- Euh... Non, je... Enfin, oui, y'a une pierre dans mon dos qui est sensible, mais je...
- Vite ! Damoiselle Mahaut, aidez moi à le transporter ! Il saigne de partout !
- Pfff... Il saigne pas, Père Gaspard, c'est de la peinture.
- Que... quoi ?
- De la peinture rouge, au prix que ça coûte... Vous n'avez pas honte ? Vous êtes qui, d'abord ?
- Vous permettez que je me relève ? Non parce que par terre c'est pas... Oh, mon chapeau, vous avez vu mon chapeau ? Et mon panneau ? Vous me l'avez arraché mais j'en ai besoin, je...

Le jeune homme se redressa et farfouilla un instant avant de se tenir bien droit devant eux.

- He ben, z'êtes un sacré échalas. Vous mangez, des fois ?
- Oui, je... Enfin, je ne suis pas à proprement parler un...
- Bon mais vous êtes qui ? Vous avez fait partir les oies !
- Ah, euh, non, ce n'est pas moi qui... mais je m'en réjouis... Enfin, attendez, je mets mon panneau dans le bon sens. Allez-y, lisez.


Un petit silence gênant s'imposa. Il vérifia que le panneau était dans le bon sens. Ben oui, pourtant. Raaah, ils gâchaient l'effet de surprise...

- C'est que j'sais point lire, moi.
- Ah pis moi je sais, mais je suis fatiguée. C'est quoi, alors ?
- Ben... C'est marqué "Comité de défense des petits animaux des terres D'Aubeterre".
- Ah.
- Je crois que tout est dit.
- J'ai rien compris.
- Nous représentons les intérêts de la faune de ces terres qui n'a pas pour vocation de servir de passe-temps à de grosses brutes avinées qui... Euh...
- J'suis pas grosse.
- Euh...
- J'suis pas grosse. C'est des menteries d'Orka, ça.
- Feriez mieux de lui dire qu'elle a raison ou elle va vous embrocher. Moi j'dis ça, j'dis rien.
- Oui donc, vous n'êtes pas une grosse brute avinée.
- Ah si !
- Ah si ?
- Je suis avinée. Et peut-être brute, je sais pas, demi-sec c'est bien aussi. Mais grosse, non.
- Euh... Donc je disais... Nous représentons les intérêts de la faune de ces terres qui n'a pas pour vocation de servir de passe-temps à de minces demi-sec avinées qui... Non, écoutez, ça gâche tout !
- Non mais j'ai toujours rien compris. Et vous, Père Gaspard ?
- Ben j'avoue que non. Et pourquoi que vous êtes tout peint en rouge ?
- Ça représente le sang virtuel de ces animaux que vous massacrez sans vergogne !
- Ben un lapin, ça saigne pas tant que ça.
- Non mais c'est symbolique. Nous dénonçons le massacre.
- Qui, "nous" ?
- Ben le comité. Nous comptons trois membres. Moi, Marcelin, qui n'a pas pu venir aujourd'hui parce qu'il devait aller à la foire, et Antoine, que sa maman n'a pas voulu le laisser sortir, au mépris de ses idéaux qui sont pourtant sa raison de vivre !
- Hmmpppfrrrrrr...
- Il n'y a rien de drôle dans tout ça ! Nous avons à coeur de défendre les animaux ! D'ailleurs, nous refusons d'en consommer !
- Ah bon ? Ah ben c'est pour ça que vous êtes tout maigre.
- Svelte ! Pas maigre ! Et nous refusons aussi d'utiliser leurs peaux pour nous vêtir !
- Ah bon ?
- Oui ! Pas de fourrures ! Plutôt à poil qu'en fourrure !
- Hmmmmppppfrrrr...
- Ah. Ouais, j'vois l'genre. Donc le cuir de vos chausses, là, ça vient d'où ?
- Le c... euh...
- Mouahahahahahahahah !
- Non mais cessez de rire ! C'est du euh... cuir végétal ?

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.mahaut.
- Bon mais vous mettez pas dans des états comme ça...
- Elle me regarde et elle éclate de rire. Ça fait 4 fois.
- Non mais c'est votre peinture, aussi... Elle se craquèle sur vot'visage quand vous froncez les sourcils.
- Hmpf.
- Allez, allez, rien d'grave. Elle va se calmer, HEIN MAMZELLE MAHAUT ?
- Mouahahahahquoi ? Gnnnouioui, gne me calme... Hmppfpfrrr...
- Vous voyez ? Elle se calme. Allez, faites la paix. Comment vous vous appelez au fait ?
- zggegnefregneskre.
- Comment ? J'ai pas entendu.
- Euh... Henri.
- Bon, Henri...
- C'est pas son prénom ! J'en suis sûre ! Il l'a inventé !
- Mais non, enfin, pourquoi il ferait ça ?
- Il a baragouiné un truc vachement plus long ! Chuis sûre qu'il s'appelle pas Henri !
- Vous vous appelez Henri ou pas ?
- He bien...
- Ah, vous voyez ! Il a pas dit oui !
- Mais laissez moi répondre !
- Bon, donc c'est quoi ?
- C'est... Bon, écoutez, peu importe. Mettons Henri.
- Mais c'est vot'nom ou pas ?
- MOUAHAHAHAH, c'est génial quand il plisse les yeux, vous avez vu ? On lui remet une couche et on pourra jouer au morpion sur son front !
- Je ne vous permets pas ! Père Gaspard, qu'est-ce que vous regardez comme ça ?
- Rien, rien...


Il le regarda fixement un instant avant de pointer son doigt sur un endroit précis de son front.

- B2.
- Hein ??
- Han, Père Gaspard, ça se fait pas de commencer par la case du milieu ! C'est pas sportif ! ça vous donne un avantage trop important. Bon...


Elle pointa son doigt juste à côté.

- HÉ MAIS HEEEEEEE ! Je suis là je vous signale !
- A3.


Le jeune homme recula vivement et les fixa, furieux.


- Ne me touchez pas ! Je ne vous permets pas ! Je suis d'ascendance noble vous savez !
- Ah bon ? C'est quoi votre petit nom ?
- Norbert-Valéry Bougre Hain du Bourg.
- Ah c'est pas Henri ?
- Euh c'est... c'est juste plus court...
- Norbert Valéryyyyyyyyyyy ! Mouahahahahah ! Norbert Valéryyyyyy !
- Je suis noble par mon père ! Taisez-vous ! A genoux, marauds !


Il les menaça de son panneau. Avant de refermer vivement la bouche devant l'épée de la brune.

- On parie que vous le redites pas ?
- Gardez votre calme. Père Machin, raisonnez-la.
- Ah donc je me relève ?
- Vous ne vous êtes même pas agenouillé ! Dites lui de baisser son armeuh ! Je ne suis pas très à l'aise avec les armes.
- Ben vous êtes noble, pourtant, Môssieu Norbert Valéry Bougre Hain du Bourg.
- Oui, enfin non, pas complètement... Papa n'a pas eu la bonne idée de le dire et...
- A vous, Père Gaspard.
- A2.
- Dites ! C'est pas correct ! Je suis semi-noble quand même !
- Ah, ça diminue. Dans 5 minutes on a de bonnes chances qu'il veuille être notre laquais. Bon ben C2 alors, je suis pas folle quand même.
- Enlevez vos sales pattes de là ! Vous êtes tout crotteux, rustres et sanguinaires !
- Père Gaspard ?
- Ah ben à vous l'honneur, m'z'elle Mahaut. A1 au fait.
- Tsss. C3.
- Je vous préviens, je vais en référer au Comte lui même ! C'est un proche de la famille ! Nous sommes apparentés ! Ça va chauffer pour vos fesses !
- Ah, ça change tout !
- Ah ah ! On rigole moins, hein !
- Si vous êtes un proche de papa alors c'est à lui que revient votre tête.
- Je... euh..."papa" ?
- Hé hé hé...
- Doooooooooooonc, Môssieu Norbert-Valéry Bougre Hain du Bouuuurg...
- Non mais appelez-moi Henri...
- Ce serait trop bête de vous laisser partir comme ça. Venez donc manger à la maison ! Papapair sera raviiiiiii de vous revoir ! Sans parler d'Elayne qui adorera votre couleur faciale. Oh, et vos chausses en cuir végétal.
- Non mais je ne veux surtout pas déranger...
- Ah mais j'insiiiiiste ! On mangera des légumes. Avec un petit peu de viande parce que c'est obligatoire quand on est nobles.
- Non, écoutez, vraiment, je serai ravi, hein ? ra-vi, mais là j'ai euh... je suis en retard et donc je...
- Père Gaspard ? Je peux ?
- Oh ben allez-y.



Elle balança Miam sur Norbert-Valéry Bougre Hain du Bourg (si le nom vous plait, remerciez Orka).

- Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
- Ouaiiiiiiiiiiiiiiiiis ! Il a craqué la partie gauche ! Vous avez vu comme il court vite ?
- Oui pis en zig zag, comme les lapins, c'est intéressant...
- Bon, allez, venez en cuisine à la Rabatelière, on va demander à Nanoue de vous préparer quelque chose pour compenser cette matinée.
- Il vous reste de la mirabelle ?
- Ouaip. Dites, vous vous défendez au morpion...
- Oh ben j'étais champion dans ma jeunesse. De ça et de cul de chouette.
- Ah mais au cul de chouette, je me souviens jamais, on relance de seize quand on a passé son tour ?
- Non, seulement si vous avez fait un multiple de 43 au premier tour. Après, vous pouvez relancer de quatorze quand...



Et c'est ainsi que se termina la matinée du père Gaspard, qui jura, mais un peu tard, que ce serait bien la dernière fois qu'il se lancerait dans une histoire dont il ne maîtrisait pas la fin. Ou pas.
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