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[RP] Les quatre portes du Bois Cendré - Repère de Dragons

Gorborenne
[Chapitre premier: quatre clés, un seul toit]

Mimizan, été 1458


Le Chauve parcourt de la ville ses rues et ses ruelles, explorant les places et les venelles. Petite ville portuaire, avec le charme de ses quais bardés de mats, et le dégout des eaux saumâtres où ils sont plantés. C’est la un phénomène de société qu’il à refusé à comprendre, mais il se répète dans tous les ports du monde….. Il faut croire qu’une si grande masse d’eau agit comme un aimant et pousse les gens à jeter leurs ordures dedans. Pourtant, depuis le temps, ils auraient du comprendre que la marée montante ramènerait tout ça en clapotant contre les quais…… En résulte se doux parfum à tous les ports commun, où le poisson pourri et l’urine mêlent leur fragrance, accompagné de relents d’égouts et de rats crevés tout en nuances……

Le Géant secoue la tête décidé, et de s’installer à front de mer rejette l’idée. Il irait bien percher sa masure sur une colline, quelques lieues à l’écart de la ville, mais moult choses à faire et si peu de temps dans une journée, qui ne serait perdre des heures chaque jour gaspillées sur les trajets. Pourtant, il aime voyager, plus qu’un métier, c’est sa raison d’être qui se résume par un sentier, mais parfois vient le temps de se poser.

Les pas qui l’éloignent du port vers l’intérieur du bourg. Il fait plus calme, et ça sent meilleur alentours, en Géant il se promène, parmi les passants du jour. L’esprit ailleurs, la pensée en évasion, nombre e souvenirs qui sont là pour l’assaillir et imposer leur choix à sa raison. Sa recherche abandonnde toute réflexion pour ne plus être que sensation. Imperceptiblement déjà, il est esclave d’une pulsion. L’instinct libre qui mène ses pas le guide ici, le conduit là, attiré par une sourde vibration. Défilent encore quelques murs sombres, puis deux trois maisons, déjà se ressent comme une lente respiration. Main qui se pose à l’angle d’une pierre, la bâtisse qui résonne d’un frisson, comme un poids soudain à l’atmosphère alors que revient la raison.

Le Chauve regarde autour de lui, de l’autre côté de la place, il y a l’Eglise et la Mairie….. Même si au fond peut lui importe, il y a pire endroit pour ouvrir sa porte…… Lentement il sourit, de plus en plus convaincu que l’endroit est fait pour lui. Lentement, il fait le tour du coin de rue, ne cherchant même plus une confirmation à son dévolu.

Ça sera là ou ça ne sera pas……

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--Keldhar
La Guyenne, quelques jours plus tôt,

Une matinée brumeuse annonçant journée torride. Les premiers éclats de l'aube diffusent à peine leur clarté rosée à travers les nappes de coton qui jonchent la plaine.


- Par là-bas!

Voix rauque de militaire, accompagné du martèlement sourd des sabots sur la piste, qui s'accélèrent à mesure qu'ils s'éloignent.

De la fange boueuse qui borde la route émerge un forme douteuse, ruisselante des mélanges putrides de crottin et terre et de tourbe. Sortant de sa cachette en s'essuyant du visage quelques trainées noirâtres, l'homme semble pourtant sourire sous la crasse qui le couvre. De la main, il farfouille le fossé où il était dissimulé et récupère un sac de cuir au contenu tintinnabulant, et reprend la route à l'opposé du groupe de cavaliers.

D'un pas guilleret, il avance en sifflotant un air joyeux. Il vient de perdre un cheval pour échapper à ses poursuivants, mais ce qu'il trimballe dans son barda pourrait payer tout un haras..... Son coup a réussi mieux qu'il ne l'aurait espéré, et ceux qu'il a floué ne sont pas près de le retrouver.

Direction le Sud, et la Gascogne. Demain, il aura contourné la Teste de Bush et quitté la Guyenne. Non pas qu’il ne s’y plaise, mais le temps est venu pour comme qui dirait, prendre un peu de recul…… ou selon le point de vue…… un peu d’élan……
Gorborenne
Démarche qui se dirige vers le cadastre, souriant en pensant au fonctionnaire qui risque d’un peu grincer des dents. Bureaux bien entretenus, il explore les registres et leurs contenus. Sourire satisfait en voyant les emplacements vides de locataires, déjà dans sa tête s’alignent les rénovations du parcellaire. Quitte à s’installer, autant ne pas faire les choses à moitié. Quelques mots au chargé de service qui à la demande blêmit, bafouille un instant puis au maire le conduit.

La discussion s'anime autour d'un verre du poison local, et à l'acquisition des parcelles déjà s'ajoute commande de barriques du "vindjo". Reste encore à régler quelques détails de l'administratif, mais le Chauve repart satisfait, élaborant déjà le "constructif"......

Mais visitant enfin là, ou plutôt, les bâtisses, peut être s'oblige-t-il à reconnaître à son entreprise un brun de mégalomanie...... mais qu'importe, ça n'est qu'un autre défi.... à vaincre avant le retour de sa chérie. Se déplaçant d'une maison à l'autre explore des yeux et trace de l'esprit. Et le soir, à l'auberge, en négoce à la Madeleine, à deux cerveaux, le projet se réfléchit.


Puisqu'avec les quatre parcelles, on aura tout l'espace qu'on veut, ça sera plus commode de tout organiser autour d'une cour intérieure. Enfin, c'est mon avis, mais vous êtes plus au fait d'une intendance de maison que je ne le suis..... Quel est votre avis? Tenez, regardez ces croquis.

Tendant à la jeune femme quelques vélins gribouillés à la hâte, son sourire lentement s'efface alors qu'elle les lui rend en secouant la tête en signe de dénégation.


Sieur Orion, vostre idée me semble intéressante, mais je serais bien en peine de la comprendre sur un plan. Je suis votre nourrice tout ce que je sais faire, c'est m'occuper des enfants. Ne suis point votre architecte.....

Peut être.... mais justement, c'est ce qui vous rend le plus a même de mettre à jour des petites incommodités quotidiennes qui échappent au plus savants!


À quelques pas de là, Lileia gazouille dans son berceau en entortillant ses doigts dans les cheveux de son frère. Gorborenne laisse un instant ses affaires pour la prendre dans ses bras, un pensée pour leur mère. Bientôt, elle sera rentrée. Le Géant sourit à sa fille en lui tendant le doigt, reprenant sa diatribe de bâtisseur, expliquant au mieux à la jeune fille ses visions et ses idées, demandant souvent son avis, cherchant la meilleure fonctionnalité.

À-t-on idée de planter un arbre sur un toit? Auriez-vous perdu la tête?..... hum.... veuillez pardonnez si ma lange c'est montrée trop franche..... mais...... comment dire......

C'est loin d'être aussi compliqué que ça..... enfin, dans le cas qui nous occupe..... L'une des maisons à déjà une vigne qui remonte le long de sa façade arrière, l'idée est juste de l'encourager à grimper plus haut et à s'étendre, c'est tout.....

Moui, je comprends l'idée.... mais je reste septique...... Jamais la vigne n'aura assez poussé pour le retour de Ma Dame.....

Hum...... c'est pas faux.......

Et puis, si je puis me permettre, avec tous les travaux que vous envisagez, il vous faudra peut être le coup de main d'un homme de métier non? Vous n'espérez quand même pas entreprendre ça tout seul? Et même une fois les travaux finis, avec une demeure de cette taille, il vous faudra sûrement du personnel, rien que pour l'entretient. Je vous y aiderais bien, mais tant que les jumeaux auront besoin de surveillance, il n'y a pas vraiment autre chose à laquelle je puisse me consacrer.....


Dextre qui gratte le crâne dénudé, le Chauve réfléchit un instant. De fait, il a peut être vu un peu grand......

Vous avez raisons, je vais avoir besoin d'ouvrier, ainsi que de gens de maison. Peut être que je devrais commencer par là.... les ouvriers en tout cas......

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--Fheldegast
En rentrant chez lui ce soir là, le petit vieux arborait le sourire de ceux qui viennent de passer journée rayonnante. D'abord, parce que c'était un dimanche, et que le petit vieux, les dimanches, il les aime plus que n'importe quel jour de la semaine. D'abord la cérémonie, à l'église, le matin, et l'après midi, le marché. Petite routine hebdomadaire confortable, partagée entre louanges et négoce, entre l'élévation spirituelle et la jungle sociale. Rien d'extravagant, il est vrai, mais à son âge, cela n'est plus quelque chose que l'on recherche, bien au contraire. En vérité, la douce répétition du quotidien est une habitude rassurante.

La veille, comme tous les samedis, il avait passé ses heures de travail à la carrière de pierre. Il avait commencé là comme manoeuvre, bien des années auparavant, et, aujourd'hui, il avait réussi à se hisser jusqu'au statut de maître tailleur, en ne s'occupait plus que de "raffiner", selon ses propres mots, les bloc grossièrement équarris qui sortaient des fosses de granit.

Il se prit à sourire alors qu'il rangeait ses achats du jour, en repensant à cette jouvencelle croisée au marché. Où plutôt, aperçue entrain de se faire flouer. Pas que le petit vieux ne reconnaissait pas le plaisir d'une bonne négociation, mais que de voir un charlatan tenter d'abuser de l'innocence d'une jeune femme, faut pas être un preux chevalier que pour avoir le bagout de s'y opposer.

La p'tite dame lui avait alors parlé de ses maîtres. Grimace réticente d'une vieille âme de pierre, pas froide et figée, non, sereine et sans limite plutôt. "Maître", une expression qu'il affectionnait quand il s'agissait de l'être de quelque chose, pas de quelqu'un. Mais la petite Madeleine, puisque c'est sous ce nom qu'elle s'était présentée, ne finit par tarir d'éloges à leur sujet sans doute uniquement par faute de vocabulaire. Enfin, comme ses commentaires le plus souvent la progéniture de ses employeurs plutôt que les personnes elles mêmes, le petit vieux se doutait bien que l'affection de la jeune femme avait une orientation particulière....

Quoi qu'il en soit, elle avait parlé d'un chantier, d'une bâtisse à retaper. Ça! ça avait piqué sa curiosité. Et le "Géant" qui commandait la chose avait selon ses dires besoin de bras. Très intéressant!

Au lendemain, il irait présenter sa petite face hirsute à l'adresse indiquée. Ne fût-ce que pour jeter un œil, et qui sait, donner un coup de main.....
Gorborenne
Et tournent Soleil et Monde, et leurs vicissitudes, et se promène le Chauve, et sa chauvitude….. Tranquillement, d’un jour à l’autre, sifflotant quelques airs guillerets, pour la première fois depuis longtemps, ses journées se fondent dans une douce routine d’expectative. De l’auberge où il loge jusqu’au chantier le matin, les cours de navigation ou la construction navale l’après midi, ses enfants le soir, et si peux d’heures pour aligner le tout. Mais il s’y fait et tient le coup, commence même un peu à y prendre gout…… Depuis quelques temps que sa tendre et douce avait repris la route pour un petit moment, Gorborenne et Madeleine, qui les secondaient à la garde des jumeaux depuis déjà de longs mois, vivaient un petit train-train quotidien confortablement installés dans un des auberges de la ville en attendant que le chantier avance assez pour rendre leur demeure habitable. Orion le Géant passe ces journées, et nombres de ces nuits à œuvrer à la construction de leur nid de Dragons, dans l’espoir d’arracher à Cédalia son amour un sourire lumineux à en éclairer leur repère tout le temps qu’ils y vivront.

Un jour, alors qu’il se prend « une ‘tite journée de calme avec ses enfants », Madeleine qui en avait profité pour faire le marché, rentre à l’auberge en trombe, large sourire aux lèvres et lui parait toute…… étrangement le terme lui venant à l’esprit est « émoustillée », par un vieux bonhomme qu’elle avait rencontré au matin. Le Chauve tire instantanément grise-mine, sorte d’expression douteuse chargée de sous-entendus, pourtant, étrangement, s’abstient de tout commentaire et la laisse déballer son affaire.

Entre prévenance et méfiance, il n’ose accorder l’entier crédit qu’il conviendrait peut être au récit – naïf ? – de la jeune fille, mais reste quand même le bénéfice du doute. L’homme pourrait aussi-bien l’avoir aidée que pour mieux les rouler par après, peut-être était-il même de mèche avec le marchand ? Enfin, il reste quand même encore deux choses en ce bas monde, un brun d’âmes vraiment charitables, et, au pire, le bénéfice du doute.

Mais c’est surtout la curiosité qui le tire du lit au matin suivant et le mène au chantier avant même le point du jour. Pourtant, sur la place face à l’Eglise, sous la façade où il accrochera bientôt son enseigne de charpentier, une silhouette voutée semble attendre quelque chose. Surement le petit vieux dont d’avait parlé Madeleine. Pourtant, à mesure qu’il s’approche, le Chauve ne peut que constater que la vieillesse qui se lit sur son échine et sur ses traits est plus la marque de longues années de travail éprouvant. À deux toises de lui, Orion ne doute plus vraiment de l’homme qu’il est bien tailleur de pierre. Voûté ? Plutôt trapu, bâti comme un bœuf même, aux épaules larges et solides d’avoir soulevé le roc, et les bras surement capables d’assommer ledit bœuf d’une seule main, et pas forcément avec tous les doigts de ladite main. En les voyant face à face, on pourrait presqu’y voir une scène d’une vieille histoire féérique. Un Nain, un Géant, et deux poignes de titans, dont l’une des deux se tend.


Maître Fheldegast je présume ?



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--Fheldegast
Le petit vieux accepta la main tendue avec un sourire, apprécia la poigne de l'homme face à lui, relevant la tête pour sonder son regard.

Lui même mon 'tit gars! En chairs et en pierres, comme qu'on dit à la carrière! Alors, d'vez z'êt' el patron d'la jolie Madeleine? Elle m'avions dit qu'z'étiez grand, ben l'a point exagéré la chose, si v'voulez mon avis.... L'm'avions dit aussi que z'aviez comme qu'on dit l'envie de r'taper ed vieille bâtisse, juste là.....

Récupérant sa mimine, il usa d'elle pour réajuster le bandeau de cuir qui lui ceignait le front, et ranger quelques mèches de sa tignasse hirsute qui lui chatouillait les oreilles. Son choix était déjà pour ainsi dire fait. Le Chauve avait l'air honnête, et qui sait, peut être même généreux....

Écoutez, j'allions pas prendre par quat' chemins, s'étions point dans mes habitudes, alors, si s'aviez dans l'idée prendre service d'un tailleur ed pierre qualifié, y s'pourrait que j'puissions vous aider. Mais autant qu'vous l'sâchiez, vous pouvez m'd'mander n'importe quoi qui s'rait dans mes cordes, mais j'allions point vous écoutez si me disions comment que j'dois y faire.....
Gorborenne
Étirant ses lèvre en tranche de courge, le Chauve a de suite comme qui dirait un coup de foudre pour le p'tit vieux.... Certitude s'il en est que cette force d'âge et de nature est l'homme qu'il lui faut pour la tâche qu'il a à lui confier.

Ecoutez, maistre tailleur, mon domaine serait plutôt la charpente, alors d'ici à ce que les travaux en soient là, c'est vous le chef de chantier, et vous avez carte blanche. Mais venez, suivez moi, je vais vous montrer.....

Main qui vient pousser la porte, laissant libre fuite à quelques volutes des poussière s'échappant dans un bâillement. D'un geste le Chauve invite le Tailleur de pierre à le suivre à l'intérieur, et fais quelques pas jusqu'à une torche laissée au mur la veille. L'amadou éternel et les pierre à feu immuables, en quelques étincelles y laissent flammèches éphémères qui à grandir ne tarde guère. Sur une grande table d'ancien propriétaire restée au milieu de la pièce s'étale un large pan de tissus couvert de fin tracés d'encre s'entremêlant en plans cotés et coupes dessinées à la façon des architectes italiens. Parlant plus vite au fur et à mesure que la passion constructive se tire de la brume matinale, le Géant explique au maître artisan les tenants de son projet, les doigts courant sans cesse d'indication spatiale en lignes du dessin, la voix timbrée de fougue et le geste plein de passion.

Alors, voyez-vous, il s'agit de rassembler les constructions existantes sur les quatre parcelles, en conservant un maximum de la structure des murs. Il y aura bien quelques passages à percer ici et là, l'un ou l'autre cloison à abattre, mais j'ai déjà vérifier l'ensemble. Les murs me semblent encore tous assez sains pour qu'on puisse les travailler sans trop de risques, mais vous serez sans doute mieux à même que moi d'en juger.

Le grand principe serait d'aménager la bâtisse autour d'une cour intérieur, sur le modèle des palais florentins. L'entrée se ferait là, rue des Pyramides, par un passage vouté entre la boulangerie et mon atelier, donnant sur la cour intérieure. Ici, même où nous nous trouvons, il y aura la salle de l'auberge, il faudra faire passer un escalier contre le mur du fond d'ailleurs, et là, de l'autre côté, installer les cuisines.

Et puis.....


Et ainsi il continue, peut être un bonne heure, peut être même deux, d'un flot ininterrompu d'idée et de consignes, gesticulant à tout va comme un gamin expliquant ce dont il rêve pour la Saint Noël......

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--Fheldegast
"Et ben en voilà un qui sait ce qu'il veut" que pensa le p'tit vieux. il écouta avec patiente, mettant déjà instinctivement en forme dans son esprit tous ces concepts saugrenus que le Chauve lui jetait par brassées entières. Mais à dire vrai, ses yeux entraînés avaient déjà compris presque tout cela rien que déchiffrant les plans étalés sur la table, et ce qu'il sondait à l'écoute, plus que des détails où des façons de faire, c'était l'humeur latente de l'homme. Sentir ce bout d'âme qu'il révélait en décrivant ses idées, pour mieux pouvoir improviser au jour le jour sur le chantier..... Car oui, sans qu'aucun accord n'ai été signé ou même prononcer, il était dors et déjà certain de travailler pour ce géant là, sur ce chantier-ci. L'homme avait cette sincérité transpirante qui plaisait au vieux tailleur de pierre, et cela, avec cette simple poignée de main de salut, avait suffit pour lui à sceller un arrangement tacite entre eux.

J'voyons bien oùs'que vous voudrions en venir, et j'voyons rien d'irréalisable dans tout ça. Y'a bien quelque choses ed peu étrange, et pas très façon convention, mais c't'y point mon grand âge qui aurait peur de jeunes idées.....

Par la contre, faudra quand même que je'm trouvions quelques manœuvres ed chantier pour réaliser tout ça, si j'voulions pas y passer des années.... D'ailleurs, pour quand que s'doit être fini la chose?
Gorborenne
Le Chauve s'arrête un moment pour réfléchir, comptant rapidement sur ces doigts le jours qu'il restent avant qu'Isa ne reviennent du Toulousain, la campagne électorale qui les attends, le reste..... Passe en revue et calcule, hésite même à prévoir du retard pour les jours de canicule.....

Je dirais qu'il faudrait que les appartements au moins, soient habitables d'ici un bon mois, quand je reviendrai avec ma compagne, soit pour le début de septembre, dans ces eaux là. Vous avez carte blanche pour gérer les travaux comme vous l'entendez jusque là, et je vous laisserai une cassette de mille écus pour les frais.... Je ne pourrai dégager plus de budget, s'il faut faire quelques sacrifices, je vous laisse en juger par vous-même.

Et la discussion de se prolonger encore quelques instants, ceux de s'accorder sur quelques détails, sur quelques manières, et d'une autre poignée de main tendue, le maitre d'ouvrage laisse sa place au maitre d'œuvre....

Confiant et l'homme, Orion retourne à l'auberge leurs servant de gîte en attendant, et affronte sans - trop - ciller le regard d'acier de Madeleine alors qu'il lui annonce son départ imminent...... Pourtant, malgré le planant reproche flottant silencieusement à ses lèvres, la jeune fille déjà agite ses réflexes et prépare les paquetages pour s'en aller retrouver sa maîtresse en la ville de Dacs.


Combien de temps serons-nous partis maître Orion?

Excusez-moi de bousculer votre chère prévoyance, mais je suis tout à fait incapable de répondre précisément à cette question..... je dirais pour deux trois semaines au moins.... et quand nous reviendrons avant l'automne, nous irons directement nous installer chez nous. Je vous laisse choisir ce qu'il vous faudra emporter où non, le reste, des gens viendront les prendre pour le ramener au manoir.


Et ainsi le Dragon a quitté son nouveau repère pour repartir sur les chemins, à la recherche de la lumière de son cœur, et reine de sa mesnie. L'éternel appel de la route, des chemins de l'espace, et des sentiers du temps. Ainsi se trace dans l'attente d'un souffle retenue l'aoutienne destinée, à l'expecte des tumultes septembriesques...... Au delà que porte son regard de Dragon, Orion sait que s'agite en un nexus les tourbillons de l'horizon.... Tempête qui s'étend et se nourrit d'elle même, s'y préparer, se construire un nid, pour, si peu, s'en protéger......
Entre les mèches d'or des champs de blé traçant l'ondoyante chevelure de la belle Gascogne, le Chauve trace sur Dacs à bride abattue, le vent estival sifflant gaiement à ses oreilles..... Là bas..... Ça douce qui l'attends, ça Cédalia.......

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--Fheldegast


Petit matin…. L’aube, comme souvent en cette période de l’année, le Vieux Feldhegast montait sur le rempart aussitôt entré en ville. Lui habitait quelque par un peu plus loin, dans un hameau sans nom à quelques lieues de la carrière, sur la route de Mimizan….

Mimizan, il s’y rendait à présent tous les matins depuis un bon mois. Le Géant sans cheveux qui l’avait débauché un matin était repartit il ne savait où, et peu lui importait d’ailleurs. Quand le patron n’est pas là, l’employé gère son ouvrage comme il le veut, et le vieux tailleur de pierres n’entendait pas faire autrement. Tant qu’à éviter des frictions et des malentendus, autant en profiter. Mais le Chauve n’aurait pas été homme à lui reprocher quelques méthodes incongrues un peu trop innovantes, lui-même n’était pas de ce côté-là, au vu des plans étranges qu’il lui avait transmit avant de repartir. "Drôle d’façon qu’c’est-y la d’dessiner une maison", que le vieux avait dit," façon italienne" que le Patron avait répondu. Si ça peut lui faire plaisir…..

Les bâtisses étaient là déjà, bien droites encore sur leurs fondations entre la rue des Pyramides, celle longeant le rempart et le parvis de l’église. Il y avait bien quelques endroits ou le mortier de chaux s’était effrité, mais les premières équipes d’ouvriers s’étaient occupées de revérifier et rafistoler si nécessaire les murs qui devraient rester en l’état selon les plans. Au moins, ceux-ci étaient lisibles, un peu abstrait par moment malgré les indications proprement cotées, mais le chauve avait reconnu son incompétence dans le domaine de la maçonnerie, et c’était limité à tracer les murs de gros traits noirs pochés à l’encre. Au vieux Fheldegast de se débrouiller, et, limite, il préférait ça….

En arrivant ce matin-là du début d’août, un sourire lui trancha le visage alors que le soleil éclairait de quelques rayons encore timides la façade arrière des bâtisses, donnant sur la rue longeant le rempart qu’il s’apprêtait à descendre. En dessous de lui, attendant face à la large porte de bois donnant sur les remises, quelques carrioles bâchées semblaient peser lourdement sur leurs essieux, chargées comme elles l’étaient de blocs de granit et de marbre. Les pierres étaient là !


Holà, ed’ Charrette, Adishatz ! Vous v’nions livrer ed belle de taille à’s’que j’voyons !

Le jeune charretier releva distraitement le nez de son "godet de patiente" vers le vieux tailleur de pierre, se fendant d’un sourire en le reconnaissant.

Adishatz !.... Ah, tiens, c’est vous Maistre Fheldegast ? z’êtes-y plus à la carrière ?

Qu’nenni gamin, mon dos n’m’permettions plus trop ce genre ed exercices, c’est l’âge, qu’veux-tu….
Puis l’Patron qui m’avions d’mandé d’lui bricoler quelqu’ maison a su se montrer ed convainquant comme qu’il faut…. Drôle d’homme que c’est-y là, mais l’avions pas les mains en poches, et n’rechignons pareillement point à sortir les écus ed bourse….


Je constate, je constate, j’ai rarement livré autant de marbre en une fois…..


Le petit vieux se fendit d’un sourire avant d’aller jeter un œil avisé sous les bâches couvrant les pierres de tailles soigneusement empilées dans les charrettes. Quelques pas rapides le ramenèrent face à la porte, une clé cliqueta vaguement, et l’épaule massive du petit vieux ne tarda pas à faire pivoter l’énorme battant sur ses gonds. La remise à l’intérieur était encore sombre comme la nuit qui s’en allait à l’horizon. Le tailleur de pierre pénétra à l’intérieur pour ouvrir du même la porte sur le mur opposé, donnant sur la cour intérieure….. Celle-ci était encombrée de gravats, et de quelques reliquats des travaux de la veille. Un échafaudage de bois se dressait le long d’une des façades, et servirait à monter l’escalier d’honneur enclavé dans un des coins de la cour. Il jeta un rapide coup d’œil vers les étages, vérifiant en passant l’état des murs qui avaient été percés pour mettre à jour la galerie…. Enfin, percés..... réduits à l’état de colonnes serait plus exact. Fheldegast y avait calculé à deux fois avant d’entreprendre cette manœuvre qui lui avait pris toute la semaine écoulée. Commencer par dégager les étages supérieurs, afin de réduire le poids au fur et à mesure qui allégeait la structure…. Il avait fallu étayer la plupart des plafonds, en attendant de pouvoir renforcer les colonnades. Les pierres étaient là, il allait pouvoir commencer à monter les arcatures cintrées pour ramener la portance sur les colonnes, et renforcer celles-ci par un cerclage en pierre dure.

Soupir du petit vieux qui sentit comme d’un coup ses années le rattraper…. Il n’était pas sorti de l’auberge, l’auberge justement qui se dresserait face à la salle des fêtes de la ville, et où les travaux n’avaient même pas encore commencé…. Certes, les cloisons inutiles à l’intérieur avaient été abattues depuis déjà un moment, et les trémies pour l’escalier percées depuis quelques jours, mais tout restait encore à faire : le dit-escalier n’était même pas encore conçu, et pareil pour les murs de séparation des chambres d’hôtes aux étages…

Se retournant vers le jeune charretier qui poussait déjà son attelage à l’intérieur de la remise Feldhegast lui indiqua un des murs où empiler son chargement, puis traversa la cour et le passage vouté menant à l’entrée de la rue des Pyramides, pour ouvrir la porte aux premiers journaliers qui arriveraient d’une minute à l’autre…..
--Keldhar
Quelque part entre Labrit et Mimizan, début août, une silhouette se faufile dans l'obscurité noyant peu à peu les paysages alentours de son ombre protectrice. Coupant à travers champ, le regard balayant sans cesse l'horizon, l'homme avance comme un fugitif, non pas apeuré, mais prudent. Les chandeliers d'argent qu'il a fauché quelques jours plus tôt on déjà été refourgués chez un usurier peu regardant, de même qu'une bonne partie des bijoux d'or et d'argent. Et a son museau de fouine, rien ne vaut de bons écus trébuchants.....

Nez dont le flair dans la nuit n'a mis que peu de temps à dégoter une ferme où subtiliser discrètement une monture de qualité, et au lendemain, en début de matinée, c'est toujours le même appendice qui frémit en contemplant les remparts de Mimizan, les marchands qui entrent en charrettes d'un côté, et les bateaux qui repartent de l'autre.... Sourire espiègle qui lui fend le visage alors que déjà il fait le compte de toute les positions intermédiaires qu'il y a entre les deux, et tout les affaires à mener pour gonfler un peu plus sa bourse déjà presqu'aussi grosse que sa tête.....

Passant dans les fourrés, il sort de son paquetage un amas de tissus mélangés et fait rapidement son choix. secoue un peu de l'étoffe la poussière, et change rapidement de frusques, délaissant ses habits de routes "gris souris" pour une livrée azur bardes de fines broderies d'argent. Guidant son cheval cette fois au milieu de la route, il descend au petit trop vers les portes de la villes, préparant déjà son prochain rôle de prince marchand.....
--Fheldegast


S'écoulaient les vents aoutiens sur les terres de Gascogne comme quelque part, dans une cour, un escalier colimaçonnait de l'escargot pour tenter de vainement les rejoindre..... Le vieux maître tailleur en supervisait l'édification point par point, appliquant tout son art de la stéréotomie de ses doigts parcourant les lignes et les joints finement ciselés. De forme légèrement ovoïde pour venir se caler correctement dans le cour, il avait fallu calculer proprement le balancement des marches une par une, ainsi que leur jonction aux deux limons de pierre qui serpentaient en parallèle à l'assaut des cieux et les volées de colonnettes qui supportaient le tout......

Depuis quelques jours, le vieux Fheldegast avait quelque peu modifié sa façon d'appréhender le chantier. Déjà, il avait pour ainsi dire "pris quartiers" au premier étage, au dessus de la remise. Il n'était pas encore clair sur les plans de ce que le Patron voulait en faire, et la pièce était assez vaste pour y installer une couche sommaire, ainsi qu'une table de travail ou étaler les plans et métrés, ainsi que quelques placards pour ranger ses outils les plus précieux. Il avait même poussé la chose un peu plus loin, en déblayant le rez et le premier niveau de l'auberge qui en attendant servait de dortoir aux journalier les plus fidèles. Le vieux n'avait pas eu trop de mal à en convaincre une dizaine de loger sur le chantier, économisant le temps de trajet en heures de travail supplémentaire, en échange du repas du matin, et celui du soir.

Mine de rien, cela lui avait permis de gagner quelque peu en vélocité, et bien qu'il n'était pas vraiment économe, ni de cœur, ni de vocation, son calcul semblait se montrer payant à chaque fois qu'un petit paquet d'heures gagnées l'autorisait à rayer par la fin des journées au calendrier.....

Vers la fin du mois d'aout, l'échafaudage couvrant l'escalier d'honneur fut démonté, et le vieux Tailleur de Pierre contempla d'un sourire satisfait ce qu'il considérait humblement comme une de ses plus belles œuvres.... Tout de marbre blanc, il scintillait dans les rayons obliques de la matinée qui venaient léché une des façades où il s'adossait, glissant entre les colonnettes pour venir jouer d'ombre et de lumière sous les voutes des galeries qu'il desservait. Montant lentement les marches, Fheldegast se surprit à voir sa main couvertes de cals trembler légèrement d'émotion en se posant sur la main courante. Grimpant les marches jusqu'au second niveau, il resta un moment au sommet de l'escalier, à l'entrée de la galerie couverte, laissant son regard attiré par un courant d'air se glisser par la baie où manquait encore une porte à l'intérieur de ce qui serait les appartements des "hôtes de marque".

L'espace était vaste, et la vue offrait sur les toits du bourg, et sur la Place de l'Église, et entre le clocher et les faîtes de la mairie, on voyait se glisser une bande d'un bleu océan, rappelant que la mer était là, toute proche. La charpente s'élevant à plus de deux toises de hauteur, un léger planché débordant du plafond de la galerie s'étendait au dessus de la pièce, et s'accédait par un escalier raide taillé sur le modèle des échelles de meunier dans un bois dur qui devait provenir des forets de l'Est. Du moins, c'est ce qu'il avait déduit à l'accent de l'homme venu livrer le bois. Bois qui s'empilait à présent par dizaines de stères dans l'atelier de charpenterie du Patron, installé sur les deux premiers niveaux, juste en dessous d'une des chambres à coucher des appartements du maître de maison, dont les deux fenêtres intérieures jouaient des persiennes juste en face de lui.

D'un geste nonchalant, il coinça le loquet du volet, et commença à faire le tour de la galerie, passant devant la large baie ouvrant l'accès aux appartements proprement dit qui dans l'ensemble, couvraient toute la façade de la rue des Pyramides et le mitoyen avec le voisin. Tournant le coin, il resta un moment devant un escalier menant vers le bas au salon qui s'étendait sous les appartements, et vers le haut, au toit. Hésitant à prendre un moment pour grimper sur la terrasse haute et admirer la vue surplombant la plupart des toits de la ville, jusqu'à l'horizon, il finit par se raviser et acheva plutôt son parcours sous la vaste pergola sise juste au dessus de la pièce où il s'était installé. une large banquette de pierre parcourait le mur derrière lequel était presque terminé le logis de la Gouvernante, cette charmante Madeleine.

Un moment, ses yeux dansèrent le long des poutres de pierre couvrant la pergola, dont le style de taille répondait subtilement à celui de l'escalier de l'autre côté de la cour. Bientôt, quelques grimpants viendraient s'enrouler autour des colonnes et étaler quelqu'ombre fruitée sur l'endroit qui, tout en restant abrité des grands vents, laissait venir de par dessus le rempart une petite brise chargée des senteurs de l'arrière pays. Une sensation de calme serein l'enveloppa, et pendant un moment, c'est à peine s'il entendait les bruits de la cité qui s'agitait hors de l'enceinte du chantier, et même les ouvriers de celui-ci qui s'affairaient dans les étages inférieurs.....
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