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[RP] So-Wein

Karyaan
Ce RP est 100% ouvert, même s'il démarre sur une intro très personnelle de mon personnage. Il prépare à un événement très particulier pour ceux et celles qui ont la même croyance que mon personnage. Sachant que je ne suis pas la seule, je vous propose ce poste pour vous permettre, si vous le voulez, de jouer ce moment là. Nul besoin que se soit avec ma perso, vous pouvez le faire aussi dans votre coin. Disons que c'est un regroupement de préparation à la nuit du 31 octobre. Si vous souhaitez lier votre RP au mien, alors je vous demanderais juste de la cohérence et du respect. Vu la dangerosité d'un tel événement au Moyen Age à cause de l'Inquisition, vous comprendrez bien que les êtres comme mon personnage et ceux qui jouent de tels RP, sont très très discrets. Vous ne pouvez donc pas savoir certaines choses et/ou arriver comme des mouches dans une soupe au potiron. En cas de questions, n'hésitez pas. Ce Poste est à vous, je le répète il est 100% ouvert. De plus, n'ayant pas le choix de m'absenter de lundi à vendredi, ne vous étonnez pas si je ne réponds pas. Mais je le ferais dès que je rentre. Très bon jeu à vous et faites nous vibrer avec vos écrits ^^


Mystic Dream - Sound a like

L'aube se levait, alors qu'une nappe de brouillard épais recouvrait tout Léard, comme un voile cotonneux et dense, les rubans nuageux caressant les haut murs du domaine, serpentant autour des dépendances, effleurant la terre martelée par les charrettes de vigne et autres animaux ferrés. Tout était en suspend, peinture morte d'un paysage pourtant si vivant. Ils sommeillent alors que le soleil cherche à s'imposer lentement à l'horizon, soulevant avec difficulté la chape que la nuit a déposé. Et en ce mois d'octobre qui prend ses marques, la nature doucement s'éteint, s'endort et fait silence. Entrant dans un repos qu'elle mérite, elle hibernera jusqu'à ce que le printemps la réveille doucement.

C'est du haut d'une petite colline surplombant le domaine, qu'elle veille. Debout, petite chose emmitouflée dans sa lourde cape noire, capuche relevée cachant la moitié de son visage. Elle regarde la brume dégouliner le long des bâtisses, au rythme d'un vent fainéant. Elle ne dort pas, elle n'a pas dormi, elle attend. Elle sait qu'il va venir, elle l'a sentit. Et elle sait qu'il la trouvera, il en a le pouvoir, comme elle, de sentir ces choses.
Elle ferma un instant les yeux, sa main senestre tenant fermement son bâton de marche, l'autre posée nonchalamment sur le pommeau de son épée, coude en appuie sur sa besace de cuir portée en bandoulière. Elle sourit légèrement alors qu'elle ouvrit ses yeux couleur de pluie et qu'elle regarda le premier quartier de sa lune qui lentement battait en retraite à l'arrivée flamboyante du soleil. Il y a des choses immuables, ces choses qui régissent toutes vies et qui imposent des bases stables et solides. Comment l'être humain a-t-il pu se détourner de ces piliers là pour se tourner vers des figures funestes perclus d'imperfection et branlantes ? C'est une chose qu'elle ne comprendra jamais. Et son sourit s'éteignit alors qu'elle pensa à Aleanore. Gamine tout juste majeur quand elle la rencontra. Fervente croyante, dévouée à sa religion et à son Dieu. Démolissant à grands coups de Livre des Vertus les hommes trop entreprenant ou pas assez pieux à ses yeux. Elle voulait être inquisitrice, elle lui en avait fait l'aveu, à elle. Si elle avait su. Et voilà cette enfant jetée en pâture au monde misérable des adultes, et se faire salir, manipuler au point d'être excommuniée et de mourir. Si jeune. Quel gâchis.

Le silence régnait, en ce matin d'octobre. La lune et le soleil se livrant une lutte ancestrale pour que l'un prenne la place de l'autre. Lutte jouée d'avance, aux éclats toujours aussi impressionnant à contempler.
Son regard se reporta sur le domaine toujours en sommeil, le brouillard s'étiolant lentement à la chaleur des premiers rayons du Dieu lumière. Elle sourit alors plus franchement, son cœur se serrant lentement dans sa poitrine, un nœud au creux du ventre, léger frisson lui parcourant l'échine. Elle ne se retourna pas, ses yeux rivés sur Léard, elle retira simplement sa capuche, son visage diaphane s'abreuvant des premières lueurs de l'aube. Elle sentit l'énergie imposante qui émanait de lui alors qu'il s'approcha dans son dos, si proche, si présent, si sur de lui. Avec une douceur sans égale, il passa son bras dextre autour d'elle, déposant sa main sur la sienne, contact effleuré, mais oh combien familier. Ils se connaissent depuis tant de temps. Leurs doigts s'entremêlèrent simplement et elle ferma les yeux, se laissant envelopper contre lui, comme dans un cocon si tendre, si puissant et si doux à la fois.
Elle savait qu'il venait à elle. La veille, elle avait senti son énergie approcher. Tout comme elle savait qu'il la trouverait sans même poser la moindre question à quiconque. Les êtres comme eux sont en connexion permanente. A l'écoute de tout ce qui les entoure, ils sont réceptifs aux moindres flux d'énergie qui se déplacent et changent. Comment expliquer l'inexplicable ? Il suffit simplement d'écouter et d'être en phase avec le Pouvoir qui enveloppe chaque être. C'est une chose que l'humanité a perdu. C'est une chose qu'ils ont gardé et qui les rend différents et souvent incompris. Peu importe...

Ses doigts si frêles glissés dans les siens plus patauds. Lourde main de bucheron sur une autre plus fragile d'herboriste. Tenant toujours son bâton de marche, elle le serra légèrement quand elle sentit sa main chaude se poser sur sa hanche et glisser sur son ventre. Il était bien le seul qu'elle autorisait à la toucher de cette manière sans même qu'elle ne se pose la moindre question. Le seul contre lequel elle se laissait aller, enlacer dans ses bras puissants, petite Brindille qui reprend de l'énergie à la source de ses origines. Il est le dernier lien qu'elle a avec les autres, et c'est sans doute pour cela que c'est lui qu'ils ont envoyé. Ils restèrent un long moment ainsi, comme en suspend, il y a des échanges qui n'ont pas besoin de mot.
Elle fini par ouvrir les yeux et les poser sur les toits du Manoir de Léard où le soleil s'y cachait encore. Inspirant profondément, savourant l'instant, chaleur diffuse de ce cocon si protecteur. Elle aurait donné tout ce qu'elle a pour que l'instant se fige et que les choses soient plus simples. Serrant sa main dextre dans la sienne, elle fini par murmurer, brisant l'instant, retrouvant la réalité comme une gifle glacée.


Lu' ka dos telanth ulu uns'aa ele dos ph' gaer ussta sirn...

Elle le sentit se contracter, revenant lui aussi à la réalité du moment, aux obligations et au but de son voyage. Il soupira légèrement, la serrant un peu plus contre lui, comme ayant peur qu'elle se défile, tel un savon ou une anguille. Il sait qu'il l'a perdu et qu'elle ne reviendra sans doute jamais. Alors il profite de ce peu de temps qu'elle lui accorde et se décida à lui répondre sur le même ton murmuré.

Tu sais bien que j'ai du mal avec la langue des anciens. Ne me torture pas en m'obligeant à faire cet effort là...

Elle sourit et se lova contre lui, son dos épousant sans pudeur la masse de celui qui l'enlaçait, ondulant légèrement, attisant un feu déjà bien présent. Le souffle du mâle se coupa quelques secondes, cherchant à se concentrer autant qu'il pu sur la charge qu'on lui avait confié.

Je déteste quand tu fais ça...

Je sais... tu veux que j'arrête ?

Non...

Elle sourit étrangement, son regard de pluie posé sur les toits du Manoir. Parlant toujours calmement, murmurant au rythme de son envie naissante.

Vas-tu me dire pourquoi tu as fait tout ce voyage depuis Rieux ? Qu'as-tu donc à m'annoncer que je ne sais déjà ?

Tu ne sais rien 'Anon.

Disons alors que je me doute.

Tu te doutes de quoi ?

Elle ferma de nouveau les yeux dans un long soupir fatigué. Serrant sa main, comme pour s'accrocher à lui, pilier qui a toujours été là et qui l'a toujours soutenu. Elle perdit le goût du jeu, se blottissant contre lui comme un oiseau perdu au creux d'un nid cotonneux. Tremblant légèrement, elle chercha à calmer le flot de tristesse qui commençait doucement à la noyer.

Tu le sais bien. Dans la paix, à la fin de tes heures, fait ce que voudras, c'est le défi. Mais à personne ne fait de mal. Voilà le commandement unique... Commandement que j'ai bafoué.

Le regrettes-tu ?

Silence. Si lourd et pesant qu'il en est presque étouffant. Elle ouvrit de nouveau les yeux et fit face au soleil qui cette fois pointait au dessus du faîte du Manoir. Après un long moment en suspend, elle fini par répondre d'une voix ferme et catégorique.

Non.

Le referais-tu ?

Elle baissa de nouveau la tête, essayant de contenir les larmes qui montaient malgré elle. La sentant partir dans les méandres de son esprit, il la serra d'avantage contre lui, se voulant rassurant, calme, serein.

Calme toi.

Je peux pas...

Ils t'ont pardonné.

Le souffle coupé, elle tourna la tête pour capter son regard. Ce n'était pas possible, il devait se tromper, il ne pouvait pas être sérieux. Ses yeux de brume plongèrent dans l'azur de ceux du breton et il lui sourit simplement en guise de réponse à son scepticisme.

Je... je ne comprends pas.

Telle une anguille elle glissa de ses bras et lui fit face comme pour le toiser et le jauger. Cherchant à s'assurer que le bonhomme qu'elle avait devant elle, ne lui racontait pas le pire mensonge de sa vie. Ils restèrent un moment ainsi, tels des duellistes qui s'appréhendent. Il a le visage si doux, si calme, si serein. Bucheron de père en fils, ses parents s'étaient liés à eux alors qu'il avait tout juste six ans et elle quatre. C'est une des raisons pour lesquels il a du mal avec la langue des anciens. Il ne l'entend et ne la parle qu'aux rituels. Alors que elle, elle est issue d'une longue lignée, porteuse d'un héritage et d'un savoir qui parfois lui pèse.

Explique moi, comment peuvent-ils me pardonner ce que j'ai fait ? Ça va à l'encontre de toutes nos croyances et nos préceptes.

Il est temps d'éteindre le feu de l'année qui se meurt 'Anon et d'allumer celui de l'autre qui s'éveille. Samhain est le temps de la purification et du pardon. Ce que tu as fait, toi seule le paiera dans ta vie prochaine. Dans celle-ci, tu as assez souffert pour que la Fraternité en rajoute d'avantage.

Mais...

Cesse donc d'essayer de tout comprendre et prends les choses telles qu'elles viennent. Tu as fait cette erreur, extrêmement grave certes. Apprends et ne recommence plus, car ils ne te pardonneront plus et feront en sorte que tu ne sois plus un danger, ni pour toi, ni pour nous. Tu comprends ?

Elle fronça les sourcils, le dévisageant et fini par soupirer. Tant de choses se bousculaient dans sa tête. Ce n'était pas logique, pas après ce qu'elle avait fait. La vengeance froide n'est pas pardonnable pour eux. Et utiliser leur savoir pour accomplir cette vengeance, encore moins. Elle fini par se calmer, fermant un instant les yeux, et le regarda de nouveaux, visage calme, mais froid comme le marbre. D'une voix ferme et tranchante.

Si je n'étais pas sa fille, m'auraient-ils accorder leur pardon ?

'Anon...

Réponds Yoran !

Il baissa la tête dans un long soupire las et répondit dans un souffle. Faut dire qu'il n'aimait pas des masses qu'elle l'appelle par son prénom. Ça ne laisse jamais présager rien de bon. Il a apprit avec le temps qu'il ne fallait pas trop la contredire. Pas qu'elle est dangereuse en soi... quoi que... mais c'est surtout que ça ne sert à rien. Elle est plus têtue qu'une mule et qu'un âne bâté réunis.

Non... j'en doute.

Je vois.

Il s'approcha alors d'elle et lui sourit simplement. Ses lourdes mains se posant avec douceur sur les joues diaphanes de la petite chose, l'un de ses pouces caressant ses lèvres fines. Murmurant de nouveau.

Tu m'as manqué...

Elle lui sourit, lâchant son bâton, affaissant son épaule pour que sa besace tombe lourdement sur le sol d'herbe humide de rosé.

Cesse donc tes minauderies inutiles tu sais que je déteste ça...

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre qu'elle lui sauta dans les bras, ses mains enlaçant son cou, ses jambes enserrant ses hanches massives de bucheron aguerrit. Ses yeux plantés dans les siens un sourire étrange au coin des lèvres. Ils restèrent un long moment à se regarder alors que très lentement, les doigts de sa main gauche effleurèrent le visage du mâle, redessinant chaque contour, comme une aveugle parcourant un livre en braille. Elle murmura à quelques centimètres de son visage.

Pourquoi est-ce toi qu'ils ont envoyé ?

Parce que je me suis proposé.

Elle sourit d'avantage, ses doigts, telles des plumes glissèrent de son front massif à ses joues parées d'une fine barbe de trois jours.

Tu sais que je vais avoir du mal à te laisser repartir.

Alors repars avec moi.

Son sourire s'élargit alors que ses doigts arpentaient chaque parcelle de sa peau douce, malgré la rudesse de la vie d'homme des bois. Son pouce effleura ses lèvres, redessinant le sourire qui y naissait.

Tu sais bien que je ne peux pas. J'aimerais t'offrir ce que tu mérites. Mais je ne suis pas de celles qui peuvent te donner ce que tu attends. Et tu le sais...

Je sais... Et je ne te demande rien.

Elle pencha la tête de coté, alors qu'elle sourit d'avantage se calant contre lui, ses jambes s'agrippant à ses hanches, entamant de petits mouvements à la limite de la décence. Ses lèvres effleurèrent les siennes alors qu'elle murmura dans un souffle à peine audible.

Usstan ssinssrigg dos

Il sourit simplement ne soupçonnant pas un seul instant qu'il était le seul à qui elle osait dire ces mots. Le seul à qui elle aurait pu donner sa vie si elle n'était pas si instable. Il s'avouera le contact de ses lèvres comme on déguste un fruit défendu, lui murmurant à son tour.

Ji xun usstan

Alors tout se déchaina lentement. En ce matin d'octobre, en haut de cette petite colline boisée. Où deux corps qui se connaissaient déjà, se redécouvrirent aux premières lueurs de l'aube. Reprenant possession de l'un et de l'autre comme on reprend vie. C'est au zénith de l'astre solaire que le calme revint.
Elle fouillait dans sa besace sans fond alors qu'il était assit, adossé à un arbre, regardant le domaine, croquant dans une pomme. Il reporta son attention sur elle, alors qu'elle avala en grimaçant une sorte de pâte verte émeraude.


Comment peux-tu avaler ça ?

C'est soit ça, soit un môme qui te bavera sur l'épaule.

Elle le regarda un instant et un silence se fit. Se raclant la gorge elle sourit en secouant la tête, rangeant son bordel immuable, gênée.

Oublie ce que je viens de dire...

Il reporta son attention sur le domaine qui était déjà en pleine effervescence et s'apprêtait à prendre la pause déjeuner. Elle s'assit à coté de lui, contre l'arbre, après lui avoir volé le restant de pomme qu'il était en train de déguster.

Tu comptes rester jusqu'au 31 ?

Non... je ne peux pas ne pas être présent pour le nouvel an, tu penses bien.

Moui... ma question était stupide. J'aurais du m'en douter.

Tu es sure que tu ne veux pas venir avec moi ? Tu repartiras après. Ça te ferait du bien de faire So-weîn avec nous.

Lentement, elle creusa un petit trou dans la terre à coté de sa cuisse et y enfoui le quignon de pomme qu'elle recouvrit soigneusement.

Non, ça fait quatre ans que je le fais seule, je crois que j'y ai pris goût.

Oui, je comprends. Au fait... j'ai retrouvé le livre de ton père.

Elle se redressa instantanément et le regarda estomaquée.

Quoi ?

Oui, j'ai du faire quelques réparations au niveau du plancher de l'étable et je suis tombé sur une planche branlante.

Elle se redressa et s'assit en tailleur à coté de lui. Calme, un demi sourire au coin des lèvres.

Qu'en as-tu fait ?

Il ne lui répondit pas, ses yeux se détachèrent du domaine et il la regarda un instant. Puis il reporta son attention sur sa besace à lui, toujours en silence. Elle suivit son regard et compris. Elle se mit à quatre pattes et marcha jusqu'à la besace qu'elle fouilla. Elle en sortit un livre enveloppé dans un fin tissu de lin ocre.

Tu sais que tu aurais du le détruire...

Oui, mais ce n'est pas à moi de le faire.

Elle le regarda et lui sourit, posa le livre sur sa besace à elle, et s'allongea près de lui, posant sa tête sur sa cuisse. Elle murmura alors.

Rassure moi... tu ne l'as pas lu.

Il sourit légèrement, alors que sa main caressa ses cheveux noir d'ébène. Faussement vexé, il répondit.

Ne m'insulte pas.

Elle ferma les yeux et sourit à son tour. Apaisée par les gestes de son compagnon. Il avait ce don de la calmer, rendant les choses si simples et tranquilles. Murmurant toujours.

Tu devrais te trouver une épouse et une mère. Tu dois poursuivre ta lignée.

Il s'arrêta un instant et il la regarda. Elle sourit légèrement, gardant les yeux fermés, cherchant à calmer tout ce qui bouillonnait en elle. Il resta figé en silence, alors qu'elle reprit.

Finalement tu n'avais pas que la décision de la Fraternité à m'annoncer.

Il resta silencieux, ses doigts effleurant son visage diaphane, ne sachant trop quoi dire, ni comment.

Je la connais ?

Non...

Son cœur se serra, elle savait, elle l'avait senti, mais elle avait malgré tout espéré qu'il s'en défende, qu'il réfute. Elle gardait les yeux clos, cherchant à être le plus calme possible, ne voulant rien montrer de son trouble.

Elle fait partie d'un autre cercle ?

Oui...

C'est bien...

Il répondait de manière mécanique, s'arrachant les tripes à chaque son prononcé. Il détacha son regard de son visage et le reporta sur le domaine qui s'ébranlait de nouveau alors que le repas était fini. Toujours allongée , il la sentit bouger, elle passa ses bras autour de ses hanches comme s'agrippant à une bouée en pleine tempête. Elle plongea son visage contre lui et se mit à pleurer telle une enfant inconsolable. Décontenancé, il la prit lentement dans ses bras. Recroquevillée contre lui, la tête sur son épaule, elle fini par s'endormir.

Elle se réveilla quelques heures plus tard, toujours dans ses bras. Petite chose, lovée comme un nourrisson. Elle le regarda et lui sourit simplement. Il en fit de même, replaçant une mèche de ses cheveux, déposant un léger baiser sur son front.


Je vais devoir y aller.

Je sais.

Elle se redressa et se leva, lui tendant la main pour l'aider à se lever à son tour. Il la regarda perplexe et la prit. Elle tira alors de toutes ses petites forces la masse qui ne bougea pas d'un iota. Elle s'arrêta et le toisa mains sur les hanches, faussement vexée.

Tu pourrais au moins faire semblant et m'aider un peu quand même !!!

Il se mit à rire et le manège recommença, cette fois-ci la montagne s'ébranla et se leva. Elle alla chercher sa besace et lui tendit. La prenant, il la passa en bandoulière et soupira. Elle lui sourit simplement tout en le regardant. Un lourd silence s'imposa. Il était venu lui dire adieu. Elle le savait à présent. Car il savait qu'elle ne reviendrait pas avec lui. Et que plus tard, ça serait trop tard. Une page se tournait à nouveau mais au moins cette fois-ci, elle n'était pas entachée par la mort de celui qu'elle perdait. Il s'approcha et l'embrassa une dernière fois. De ces baisers qui s'éternisent et qu'on ferait tout pour que jamais ils ne finissent. Elle l'enlaça une dernière fois et le laissa partir. Il lui sourit et s'en alla, sans se retourner. Trop dur, bien trop dur.
Elle le regarda s'éloigner, de lourdes larmes glissant sur ses joues diaphanes sans même qu'elle s'en rende compte. Elle posa sa main sur son pendentif, pentacle représentant leur croyance, elle inspira profondément et murmura à elle même.


Merci...

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit." [Aristote]
Karyaan
Préparation à l'année qui s'éteint

Mediaeval Baebes - Passing Thus Alone

Le mois d'octobre s'écoule, dernier mois de leur année. La fin d'un cycle, la naissance d'un autre. Le temps du bilan, le temps du pardon. Tout se prépare, rien ne s'improvise. Mais difficile quand on a certaines obligations, et surtout, difficile quand il y a tant de monde réunis en un point. Elle arpente la ville, son bâton immuable en main, rythme de marche lent mais appuyé. Allant d'échoppe en échoppe, se faire discrète, ne pas tout acheter en une fois. Ne pas éveiller les soupçons. Ils savent que c'est le moment le plus important de l'année, alors ils surveillent et tentent de les dénicher.
Si elle était à Rieux, ça serait plus simple, elle fabriquerait elle-même ses bougies. Mais ici ce n'est pas possible. Pas la place, pas le matériel et puis... trop de monde. Elle avait eu une bougie verte par Marc en taverne, les blanches ne poseront pas de souci. Pour les noirs, si elle ne trouve pas, ou trop risqué, elle les enduira de suit. Les plus problématiques ce sont les oranges. Normalement ils les confectionnent eux-même car ils savent que ce genre de bougie est rare et donc en acheter au mois d'octobre, c'est comme beugler en place publique qu'on est une sorcière et espérer que personne ne réagisse. Il va falloir qu'elle improvise et avec tout ce monde au Mans, ça ne sera pas aisé. Quoi qu'il lui reste un ou deux bouts de bougies orange de l'année dernière. Si elle les refond, elle devrait pouvoir en refaire une pas trop biscornue. Elle s'en contentera, par contre elle aimerait en trouver une noire, pour son père. Une vraie noire, pour que lorsqu'elle gravera son nom, il le soit au plus profond.

Pour le reste, le pain, le vin, le sel, l'encens, elle verra la veille, rien ne presse. Il faut qu'elle trouve un lieu. Un endroit où elle est sure qu'elle ne sera pas dérangée. Alors elle commença à se balader dans les alentours du Mans, cherchant un lieu propice pour officier le rituel le plus important de l'année pour elle et les siens. Traversant les forêts du Mans, longeant les étangs qu'elle ne pensait pas si nombreux, elle tomba d'ailleurs sur une aulnière. Bois à la symbolique si pesante, elle marcha aux abords du marais, s'y engouffrant alors, s'enlisant jusqu'aux mollets parfois. Elle s'approcha des arbres et les effleurèrent du bout des doigts, fermant un instant les yeux. Elle murmura.


Gwern... ar c'haod nann karout, mar unan, evel me...
Lorug d' vlos, vel'bolen morn'lon xuileb jiv'undus. Orn'la tlu du'ased...


Elle se détourna en silence, ses doigts caressant l'écorce rugueuse, s'imprégnant de l'énergie calme et puissante de ces arbres multi centenaires. Ces arbres qui sont honnis par le commun des mortels juste parce qu'ils ont plusieurs particularités qui peuvent perturber les superstitieux.
Sortant des marais, elle continua son périple à travers la campagne mançoise. Chaque fin de journée, elle finissait par revenir inéluctablement aux pieds de la petite colline aux abords de Léard. Et comme toutes les nuits, elle montait la petite pente douce. Le ciel était clair, sans nuage ce soir là, la lune en quartier ascendant brillait d'une lumière ouatée mais puissante. Elle s'arrêta au faîte de la butte et tout s'imbriqua de manière logique et limpide. Pourquoi chercher ailleurs ce que les Dieux vous offrent à porté de main depuis des mois ?
Elle resta immobile, son regard glissant sur le petit sous bois de chênes, suivant les volutes de la brume serpentine caressant les arbres silencieux. Pourquoi chercher ailleurs un lieu déjà choisit ?
C'est ici qu'elle procédera. Dans les jours qui viennent, elle devra purifier le lieu et le préparer, le sécuriser. Elle s'approcha du surplomb, ses yeux de pluie se posèrent sur le Manoir en contrebas. Elle savait qu'elle était revenue et qu'il y aurait possiblement du passage. A elle de faire attention , de procéder en silence et avec discrétion. On le lui avait appris. C'est ainsi que les êtres comme elle arrivent à perdurer malgré l'intolérance et la répression.

Une année s'éteint, un nouveau cycle prend forme. Le Dieu se meurt pour que la Déesse Mère le fasse renaitre fin décembre, lorsque les jours reprendront vie.

Elle se retourna de trois quart et regarda le petit bois. Oui c'est le lieu idéal. Elle leva les yeux et sourit à la vue de sa lune. Elle lui murmura alors, comme récitant une partie bien précise d'une prière ancestrale.


Car le lieu de repos entre les vies est aussi Ker-Arianrod, le Château de la Roue Argentée, suspendu au dais des étoiles qui tournent au-delà du vent nordique.

Bref silence...

Oui... ici ça sera parfait.

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