Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Affrontement piquant et prise de bec

Clemence.de.lepine
En position de force. C’est ainsi qu’elle voulait paraître devant le Baron de Digoine puisqu’ils allaient être amenés à se rencontrer de façon… rapprochée et plus intime que lors des diverses manifestations publiques auxquelles ils avaient ensemble déjà eu l’occasion de participer. La faute à ces enchères ? Oh non… Clémence jubilait d’avance, elle attendait impatiemment le moment où elle allait pouvoir démontrer à cet homme l’étendue de sa répartie, de ses sarcasmes, de son ironie, parfois même de sa méchanceté, mensongère ou justifiée.

Toi-même tu sais, Aléanore.

Cette joute verbale – c’était en tout cas la finalité de cette rencontre, ou du moins ce que souhaitait Clémence, ce qu’elle en attendait, comme exutoire, comme divertissement – cette joute verbale, donc, cette confrontation entre deux êtres diamétralement opposés autant de corps que d’esprit, serait organisée en son honneur. L’honneur de l’Etincelle. Voilà bien l’unique chose, l’unique but, qui avait un moment sincèrement rapproché nos deux protagonistes préalablement cités.

Or, se trouver en position de force devant le Baron de Digoine était loin d’être une tâche évidente et Clémence la trouvait même complètement irréalisable. Quoiqu’elle puisse faire, celui-là ne se sentirait jamais en situation d’infériorité face à elle. Elle était femme, elle était jeune, elle était frêle – et blonde –, elle était fervente Aristotélicienne, elle était agréable, elle avait le verbe aisément piquant, et elle avait de la fierté. Sa cause était vaine, alors, parce que Digoine semblait aimer se jouer de tout cela. Et donc, elle était déjà particulièrement agacée avant même de le rencontrer. Tant pis. Au moins lui fournirait-elle le lieu, la date et les circonstances de leur entrevue sans qu’il n’ait son mot à dire, l’espérait-elle.


Citation:
Baron,

Je vous vois déjà ricaner à la réception de cette missive, et je pressens déjà la teneur de votre réponse alors permettez-moi de vous devancer : il ne s’agit pas d’un rendez-vous galant ; l’attraction que vous prétendez avoir sur la gente féminine ne me concerne absolument pas ; je vous trouve particulièrement désagréable et non, cela ne dissimule aucun doux sentiment à votre égard.

Cependant, je vous convie de bon gré à Decize, conformément à ma volonté, et suite au marché passé avec le Duché de Bourgogne qui stipulait que contre argent sonnant vous devriez vous plier à ma compagnie le temps d’une journée.

Je vous attends pour sexte ce douzième jour de novembre, dûment chaperonnée comme les convenances le veulent, et j’espère que vous saurez vous montrer courtois, distingué et sympathique. Si vous ne connaissez pas la signification de ces mots, demandez à votre fils de vous l’enseigner : je suis certaine d’avoir déjà évoqué plus d’une fois le sujet avec lui.

Avec toute la cordialité qu’il m’est possible de vous offrir,

Que le Très-Haut, dans Sa grande mansuétude, vous ait en Sa Sainte Garde.

Clémence de l’Epine


Elle jeta un œil à ses pieds et haussa le sourcil. Un instant, une idée lui avait en effet effleuré l’esprit. Clémence avait, depuis la mort de l’Etincelle et selon le bon vouloir de cette dernière, hérité de sa chienne. Les débuts avaient été houleux, la bête et la demoiselle se rejetant l’une l’autre et refusant chacune d’accepter la présence de l’autre. La Demoiselle de l’Epine avait maudit l’Alterac et puis elle s’était résignée. Enfin, elle essayait de s’y résigner. Mais la charge d’un animal l’embarrassait terriblement et celui-là lui semblait complètement inutile. A ce moment même, leurs deux paires d’yeux se croisèrent. Elles s’observèrent en chien de faïence – c’était le cas de le dire – et Clémence s’amusa à s’adresser directement à la chienne :

« Ta maîtresse ne t’a jamais appris à aller délivrer un de ses messages à son destinataire ? Es-tu au moins bonne à quelque chose ? Je veux dire, autre chose que dormir sur un lit la journée entière et réclamer ta pitance quand la faim se fait trop pressante… »

La chienne ne bougea pas. Clémence plia la missive et la lui tendit, un sourire au coin des lèvres :

« Va ! Apporte ça au Baron de Digoine et reviens-moi avec une réponse ! Au passage, tu auras le droit de lui mordre les mollets. Je suis sûre qu’il l’aura bien mérité. »

Fiora ne bougea pas davantage.

« Et bien ? Tu n’as donc pas envie de courir la campagne comme n'importe quel autre chien le voudrait ? Allez ! Pars donc ! Rends-toi utile ! » Et elle agita devant son museau coi le morceau de vélin.

L’animal n’en demeura pas moins de marbre.


« Aussi bornée que ta maîtresse l'était. » grommela l’héritière. « Soit. Ça ira pour cette fois mais que je ne te reprenne plus à faire preuve d’une telle oisiveté. C’est excessivement… énervant. »

Et de héler un valet pour lui remettre le pli et les consignes allant de pair.
Eusaias
Baron ! Baron une lettre pour vous !

Eusaias était entrain de regarder les dernières grappes se faire presser, la saison avait été particulièrement bonne et il comptait beaucoup sur « la Digoine » afin de remplir les caisses de la Baronnie. Les coudes sur le bord du pressoir il ne regarda pas tout de suite le valet lui apporter la lettre. Ses yeux étaient braqués sur le vin qui sortait et emplissait les tonneaux.

Bien je t’écoute et articule.

Et au valet de lire à voix haute et lente. Soupirs, yeux qui roulent dans leurs orbites et autres moues balbuzaresques ponctuèrent la lecture du valet. Clémence de l’Epine, petite marquise de Namours, dame de Decize et petite bêcheuse en manque « d’éducation » selon la théorie du rustre. Elle arborait un joli minois, portait de belles toilettes, sentait bon et tentait toujours d’être irréprochable, chose qui chagrinait le Baron.

Qu’on me porte de quoi écrire je vais lui en donner de la courtoisie à cette bécasse !


Citation:
A ma très chère Clémence de L’Epine,
Marquise et dame renommée,
Le bon jour à vous.

Quelle joie de lire une lettre, comme votre délicate main a rédigée avec soin et finesse…

Ravie ? C’était assez courtois ? Bien rentrons dans le vif du sujet ! Vous m’agacez Clémence, je vous le dis en toute franchise, vous m’agacez ! Autant je peux apprécier votre compagnie quand vous êtes belle, souriante ET MUETTE, autant vous m’agacez quand sur vos grands chevaux vous montez pour tenter de me prendre de haut, moi l’Immense Eusaias.

Alors je vais faire simple, à Décize je viendrai, chaperonnée ou pas ça ne changera rien. Les jouvencelles à peine pubères ne m’intéressent pas ! Mais ma duchesse ayant cru bon de me vendre à une petite fille, je remplirai mon rôle de nourrice.

Car très entre nous, vos hanches ne sont pas encore assez larges pour plaire aux homme, j’aime les poitrines menues certes mais point les boutons de moustique que vous tentez maladroitement de mettre en avant. Peut être que quand vous serez une demoiselle digne de ce nom j’hésiterai pour vous mettre une triquée. Oui j’hésiterai entre la trique d’osier pour vous cingler ou celle de chaire pour vous ravir !

En attendant finissez de téter votre nourrice, je vais me préparer pour vous rendre cette visite dont vous avez tant envie. Dois-je vous amener une poupée ?

Eusaias de Blanc Combaz,
Baron de Digoine,
Seigneur de Saint Robert.



Tiens fait porter ça à Décize, je vais me faire laver ! On ne sait jamais, si j’arrive à la culbuter dans un coin, autant être propre.

Et le baron de rejoindre le château.
_________________
Clemence.de.lepine
Et une missive au feu, une ! On ne gardait pas trace de telles ignominies.

A la lecture de la première lettre du Baron, quelques longs mois auparavant, Clémence avait été profondément choquée. Aujourd’hui, elle se trouvait amusée par ses propos, et c’était cela qui en venait à la choquer. Que s’était-il donc passé ? Pourquoi n’était-elle plus tout à fait outrée des mots employés par Eusaias, pourquoi ne demandait-elle plus que l’on cesse la lecture, pourquoi ses paupières ne se débattaient-elle plus, effrayées par l’outrage que lui faisait Digoine ?

Il y avait un long moment, lui semblait-il, elle avait haï une Duchesse, celle de Brienne, d’une haine rancunière et douloureuse. Et puis, alors qu’elles s’étaient toutes deux retrouvées à se toiser l’une l’autre et à confronter leurs sentiments, la Duchesse avait fini par fuir, manifestement tourmentée et blessée, chagrinée et même tout à fait triste, en avait-elle déduit. Cela avait contrarié Clémence parce que la haine s’était changée en culpabilité, et puis elle avait tout à fait plaint la Duchesse, pour finalement ne plus parvenir à la détester.

Il y avait alors eu Aléanore pour remplacer Maltéa. Clémence avait nourri pour cette jolie et raffinée bâtarde une haine jalouse mais savoureuse. Tout cela avait mené à quelque chose de plutôt ambigu, mais jamais la Demoiselle de l’Epine n’avait douté qu’elle adorait ce manège sadique et qu’alors, elle détestait véritablement l’Alterac. Jusqu’à ce que celle-ci décide de fuir également, d’abord en Italie et puis plus loin encore. A partir de ce moment, Clémence s’était à nouveau sentie coupable, coupable d'avoir en fait plus aimé l’Etincelle qu’elle ne l'avait détestée.

Et alors, maintenant, qui pouvait-elle donc haïr ? Quel jeu allait-elle pouvoir mener, maintenant qu’elle se retrouvait sans partenaire ?



« Bien le bon jour, Baron, et bienvenue à Decize. » Elle était venue accueillir Digoine, seule, aux portes de l’enceinte alors qu’on lui avait signalé son entrée sur les terres decizoises. « Je suis heureuse de voir que vous vous êtes plié à mon invitation sans trop de difficultés. Voyez l’honneur que je vous fais en venant vous accueillir personnellement jusqu’ici … »

Enveloppée dans un chaud manteau doublé et bordé de menu vair, les cheveux lâchés, les joues rougies par la bise et un sourire amusé planant sur ses lèvres carmin, elle avait réellement l’allure de cette très jeune fille que décrivait le Baron dans sa réponse cynique. Pourtant, à près de dix-huit ans et toujours pucelle, sans bague au doigt, on pouvait aisément la considérer comme « vieille fille ».
Eusaias
Nettoyé, extirpé de l’eau devenue brunâtre, séché et habillé proprement, voilà des choses qui étaient assez rares chez le Balbuzard. Il avait fait également tailler ses ongles, raser sa barbe et s’était laissé aller sous quelques onguents. Son épaisse chevelure couleur corbeau s’était faite brosser longtemps, les nœuds étant fort nombreux. Il avait choisi de sortir son frison, le coche commençait à lui ramollir les fesses et lui faire prendre du ventre, un peu d’exercice ne lui ferait aucun mal.

Il avait redistribué ses taches à son personnel, Hector irait traiter avec « la Camelote » Adalbert surveillerait que le pressoir soit correctement nettoyé et Guillaume irait faire faire quelques manœuvres aux hommes d’arme pour rappeler aux villageois qui était le maitre. Une hache de guerre fut fixée à la selle du cheval en cas de petits pépins et Victoria à la ceinture pour les grosses embûches. Traversé l’Autunois n’avait jamais été un souci, le Nivernais c’était autre chose, surtout le sous-bois à l’entrée du pagus. Hélas ou tant mieux, le voyage fut calme, aucun brigand ne pointa sa truffe et Decize se dressa enfin devant le Baron.

Il remonta le long du canal du Nivernais et passa non loin du couvent. Le château se dessina sur l’ile et le balbuzard fit traverser le pont à sa monture. Le bourg fut rapidement traversé et la herse levée l’attendait. A cette herse, la blonde et frêle silhouette de l’Epine. La jeune femme était appétissante, mais rien ne devait lui montrer que « Digoine » la trouvait aussi ainsi. Le Baron mis pied à terre et tenant la bride du frison il rejoignit son hôte.


Clémence de l’Epine le bonjour !

Et le visage du Balbuzard se fendre d’un sourire requin. Il prit la main de la marquise et en frôla le dos du bout des lèvres. Il entraina la marquise derrière lui et à l’intérieur de la cour, main dans la main glissant ses doigts entre ceux de la dame de Decize.

Oui grand honneur de nous accueillir et vous devez être toute émoustillée de nous recevoir ! Qu’avez-vous donc prévu ? Une ballade en poney ? Le jeu de la marelle ? Colla-Mayar ?

Sourire narquois offert à l'Epine.
_________________
Clemence.de.lepine
Si ses pommettes n’avaient pas déjà été rougies par le froid, elles le seraient devenues suite à l’irrévérencieux comportement du Baron. Elle s’était promis de ne pas frémir à la moindre remarque désobligeante ou grossière de son invité, mais elle ne s’était pas attendue à ce qu’il soit déplacé avec elle de façon physique. Elle se dégagea aussi vite qu’elle le put et ses prunelles furibondes vinrent trouver le regard narquois de Digoine.

Ne vous avisez plus de me toucher de cette façon !

Peut-être n’aurait-elle pas dû, finalement. Peut-être aurait-elle dû s’abstenir de cet entretien privé. Elle aimait jouer, mais subitement, elle prit peur de ce compagnon de jeu qu’elle s’était choisi aujourd’hui. Trop tard pour reculer. Alors, tout en soutenant le regard du rapace, un sourire ironique vint animer son visage. Ses traits se figèrent en une moue de dédain et elle haussa les épaules, affligée.

Je pensais au moins que nous pourrions commencer par quelques paroles courtoises et affables. Mais soit…

Elle avisa un petit page qui se tenait non loin et fit un geste explicite en sa direction, lui demandant d’approcher. Un sourire furtif étira ses lèvres et elle poursuivit, d’un ton léger.

J’aimerais vous présenter mon chaperon.

Le page était désormais tout à côté, et il tenait une petite chienne à l’œil vif entre ses bras. Clémence passa une main gantée sur le flanc de Fiora. Puis, brusquement, elle feignit se rappeler une chose importante et son autre main vint se porter à son cœur d’une façon qui n’avait rien de spontané.

Oh… Mais vous la connaissez, n’est-ce pas ? Fiora, la chienne d’Aléanore ! Je me suis dit que de cette façon, Aléanore serait auprès de nous, et qu’elle pourrait nous voir au travers des yeux de sa chienne. Je ne sais pas vraiment ce qu’elle peut penser du fait que nous soyons réunis ici tous les deux. Me mettrait-elle en garde ? M’inciterait-elle à profiter de votre cynisme ? Et en toute franchise : aurais-je pu choisir meilleur chaperon ?

La demoiselle poussa un long soupir exagéré et flatta la gorge de la chienne tout en coulant un regard sarcastique vers Eusaias.

Voyez-comme elle vous regarde ! Je suis certaine qu’elle est ravie de vous revoir.

Elle fit alors prestement volte face et prit un air mystérieux, baissant volontairement la voix.

Nous pourrions jouer aux dés ? Je sais que ça n’est pas forcément bien vu, mais je suppose que contrairement à moi, vous ne vous arrêtez pas à ce que pourraient penser les autres de vos actes…
Eusaias
« Sal*pe ! » lui aurait il bien craché au visage. Voilà deux mois qu’il tentait d’essuyer le coup de toutes les manières et cette petite bêcheuse venait de le piquer avec une dose de méchanceté inqualifiable. Le balbuzard dût se retenir de ne pas lui envoyer un aller retour capable de lui briser la mâchoire. La fureur montait en lui et ses dents se serrèrent, elle allait lui payer la garce. Pendant qu’elle le défiait du regard caressant le cou de la levrette italienne de feue sa promise, il avança d’un pas dans sa direction. Elle le défiait, elle la pucelle, pensait-elle faire le poids face au Balbuzard. Une lueur malsaine illumina les yeux onyx du balbuzard.

Vous voulez jouer aux dés ? Jouons, mais avant je veux que vous vous engagiez, pleinement avec un serment sur le livre des vertus. Je veux que vous vous engagiez à respecter les règles et à tenir secret le jeu. Vous pouvez refuser de le faire et en ce cas j’estimerai avoir rempli ma tâche et je vous laisserai vous amuser toute seule ici.

Il fondit sur elle, tel le rapace qu’il était et lui saisit le bras qu’il tordit dans le dos.

Mais parlez-moi encore une fois d’Aléanore et je vous ferai souffrir comme nul être n’a jamais souffert. Je vous briserai, physiquement et moralement. Je réduirai votre corps en viande, votre âme sera pulvérisée et quand j’en aurai fini avec vous, je vous placerai dans le plus miteux bordel de Gascogne où vous servirez de dégorgeoir pour marins en manque de tendresse.

Il lâcha la pression sur le bras me resta le plus près possible de son visage, afin qu’elle puisse découvrir la haine et faire germer en elle : la peur.

Vous m’avez bien compris, madame de l’Epine ?
_________________
Clemence.de.lepine
Oui, elle avait sciemment voulu le blesser, elle avait usé d’une méchanceté peu habituelle, elle s’était permise d’utiliser contre lui le seul point faible qu’elle lui connaissait. Elle avait tout à fait été consciente des risques qu’elle encourait à abattre ainsi cette carte, unique mais dévastatrice. Mais il avait été trop tôt odieux avec elle. Elle avait pensé pouvoir retenir pendant plus de temps cette déferlante de haine qui lui pétrissait le cœur. Elle avait pensé pouvoir être plus patiente, mais elle avait attaqué et touché trop tôt.

Elle avait peur : bien sûr qu’elle avait peur ! Qui n’aurait pas ressenti ne serait-ce qu’un frisson d’angoisse, devant un homme que la douleur provoquée par une mort trop récente rendait fragile au point d’en devenir dangereux ? On ne peut toujours être maître de ses émotions, parfois on y succombe quand elles sont trop corrosives, et on en devient… fou. Violent.

Mais ça aussi, elle ne le savait que trop bien. Et elle s’était attendue à en subir les conséquences.

Il lui plia le bras, et elle vit dans ses yeux la virulence de sa colère, l’intensité de sa sincérité. Dans les siens, sans doute put-on y lire l’effroi, mais pas la surprise, et moins encore la soumission, si l'on admettait que la peur n'impliquait pas nécessairement la soumission. Elle s’était déjà retrouvée dans une situation comme celle-ci. Elle avait l’habitude de provoquer ceux qui lui étaient physiquement supérieurs, et encore aujourd’hui elle se demandait quelle satisfaction elle pouvait bien retirer à se voir maîtrisée ainsi par plus puissant qu’elle. Elle n’avait que les mots, elle, qui pouvaient bien faire le poids, et l’évidence de la chose lui faisait d’autant plus craindre et détester la gente masculine.

L’inquiétude se mua en sarcasme et si elle ne dit mot, préférant masser son épaule douloureuse en silence, son visage et son regard, eux, transpiraient l’impertinence. Un long moment, elle resta là, à l’observer, prenant grand soin de mettre au fond de ses prunelles bleues tout le dédain dont elle était capable. Et puis, enfin, elle s’éclaircit la gorge et ordonna au valet de ramener Fiora. Elle le regarda s’éloigner et son attention se porta à nouveau sur le Baron.


Je vous avais dit de ne plus me toucher. Siffla-t-elle dans sa direction. Sa mine dédaigneuse se faisait presque boudeuse : se rendait-elle compte à quel point elle pouvait se montrer puérile, en maintes occasions ? Elle fit jouer son épaule et grimaça : il lui avait fait mal, l’ordure…

Vous êtes poète, dites-moi. Un poète cynique, malsain et machiavélique, mais un poète tout de même… Elle lui jeta un regard perçant, dans lequel se mêlaient courroux et amusement. Les hommes sont souvent des brutes infâmes, mais rarement ils osent le montrer devant une dame. Ils préfèrent lui couler des regards sans équivoque ou la bercer de leur verbe douceâtre. Avec vous, au moins, on sait à quoi s’attendre et on ne perd pas son temps à essayer de deviner qui se cache derrière ce masque d’affabilités. Vous êtes détestable, et c’est agréable de savoir pourquoi.

Elle indiqua l’entrée du donjon et reprit d’une voix sereine.

Le livre des vertus se trouve par ici. Il me tarde de me confronter à un joueur aussi prévisible que vous. Bien que, je vous le concède, le jeu de dés n’incite pas à la duperie et au leurre. Il ne s’agit là que de hasard…

Et de les guider tous deux vers une salle chauffée au centre de laquelle se dressait le berlenz, ou table à jouer. Gobelets et dés les y attendaient également, et de part et d’autre de la table deux chaises à accoudoirs avaient été installées.
Eusaias
La garce, il n’y avait pas d’autre mot, « le garce » lui collait bien. Il avait usé de force et ne le regretta nullement, il était venu briser la petite marquise, rien d’autre. Lui montrant que physiquement elle ne pourrait rien, il allait désormais la placer dans une bulle d’angoisse, de terreur qu’il nourrirait fréquemment afin qu’elle n’en sorte pas. Un rictus s’afficha sur la gueule du balbuzard alors qu’il écoutait la petite le comparer à un « poète », une ordure.

Je vous suis très chère hôtesse. Je vous suis jusqu’à votre foutue livre et votre table de jeu. Là-bas j’y scellerai votre destin.

Un ricanement de hyène s’éleva et retomba aussi vite qu’il était venu. Une lueur malsaine illumina ses yeux, alors qu’il s’imaginait déjà en train de briser l’âme de la marquise. Il lui donnerait des coups précis sur cette petite carapace qu’elle tentait de bâtir la faisant éclater en mille morceaux. Façonner sa pensée, détruire son morale, plier sa volonté à la sienne, ainsi il fera d’elle sa chose. A quoi la destinait-il ? Il n’en savait rien, juste la manipuler, lui nuire, la rendre folle, la bousiller tout simplement.

Il suivait la jeune femme, à travers le château, les yeux pour une fois non rivés sur la croupe, mais sur la tête de la blonde. Il avait hâte de l’humilier, la voir pleurer et souffrir à ses pieds, il savait déjà qu’il jubilerait lorsqu’elle tremblera de peur rien qu’en le voyant. Elle sera alors esclave, son animal de compagnie, sa catin et un simple objet à mettre dans les négociations. La salle s’ouvrit à eux, tout avait été préparé, pensait-elle vraiment pouvoir faire le poids face à lui ? Il réprima un rire et pris place sur un fauteuil.


Alors vous êtes prête à me céder tout ce que j’exigerai ? Que ce soit une partie des fourrages que vous rentrez ou votre vertu, ce que je veux je l’aurai et ça vous me le jurez sur le livre des vertus. Nulle tierce personne ne doit être prise en compte en dehors de sa volonté, rien ne doit entrainer la mort ou l’amputation.

Il saisit le livre qu’un valet lui tendait et le présenta à plat devant Clémence.

Allez ! Jurez, gamine.
_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)