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[RP] Visite française en terres bretonnes

Amael
La chose avait été convenue par lettre. Les deux jeunes héritiers ne s'étaient jamais rencontrés, et c'était peut-être mieux ainsi, leurs premiers échanges épistolaires étant loin d'être courtois, contrairement à ceux, plus récents, qui les avaient mené jusqu'à organisé cette rencontre. Assurément, Amaêl n'aurait jamais pensé venir un jour en Bretagne comme "ami" pour faire une visite de courtoisie à une baronne bretonne, et pourtant, alors qu'il observait le paysage breton entre les rideaux du carrosse aux armes de la famille du Ried, c'était bien ce qu'il s'apprêtait à faire.

Ils furent bientôt en vue du château d'Ancenis et arrivèrent aux postes de gardes où il fallut montrer patte blanche. August, intendant-confident-serviteur principal d'Amaël annonça donc son maître auprès des soldats.


Monseigneur Amaël von Ried vient rendre visite à la Baronne d'Ancenis qui l'a invitée en sa demeure.
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Blanche_
Si Blanche avait toujours exécré les rencontres politiques, et les bastingages diplomatiques et polis, comme d'autres remparts entre la France, et la Bretagne. Cependant, la rencontre entre les deux héritiers (rappelons néanmoins que Blanche n'avait d'héritage que le nom) s'annonçait sous d'autres auspices, que les entrevues au Mont-Saint-Michel.
En d'autres termes, Blanche kiffait grave son rendez-vous avec Amael du Ried. Car elle avait, outre son habitude à faire paraitre ses terres au meilleur de leur jour, convié aussi d'un mot amical la sœur de ce dernier, Aranelle, afin que les deux s'aiment, sinon se rencontrent, tout du moins passent un agréable moment entre le ciel, la terre, et la mer. Et quoi de mieux que les dolmen de Bretagne, pour réunir deux enfants ?
Blanche était à Ancenis, donc. Le matin était très avancé, mais elle n'attendait pas la visite d'Amael avant quelques jours, et avait décidé de quérir en Ancenis -château de sa grand-mère- les derniers meubles marqués d'Aliéniore. Puisque l'acte de destitution était tombé longtemps, longtemps après sa décision, la majorité des vestiges de la Guérande étaient partis, et le sol clair d'Ancenis ne retenait désormais plus que des couches de poussières, et des souvenirs bafoués.
On annonça un carrosse. Les armes du Ried marquées à la porte ne laissèrent aucun doute à la jeune Walsh-Serrant : Amael (ou sa sœur) était arrivé. Et on les avait guidé, sans doute à tort, vers la château d'Aliéniore et non le sien.
Habillée d'une sobriété sans précédent pour la modiste-créatrice-jet-setteuse rohannaise, elle descendit sur le perron pour y trouver le serviteur d'Amael, et le saluer aussi simplement que sa tenue.


- Monsieur, dit la tête blonde qui s'inclinait avec respect.
- Monseigneur Amaël von Ried vient rendre visite à la Baronne d'Ancenis qui l'a invitée en sa demeure, annonça le serviteur.
Elle sourit, notant l'erreur.

- Vous êtes ici en Ancenis, Monsieur. Pannezeg se situe non-loin d'ici, et nous ferons le voyage ensemble.

Elle fit quérir un valet qui alla prévenir Amael. S'inclinant profondément devant le carrosse, il exprima son plus profond regret à ne pouvoir les accueillir directement en Pannecé. Mais la baronnie, promit-il, se trouvait à quelques lieues seulement, et ils aurait tôt fait de gagner la terre de monastères et de prairies.
Montant à cheval, Blanche fit trotter la bête jusqu'à lui. Le salua élégamment, et lui sourit.

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Riches, tenez bon !
Amael
Et voilà, à tout mélanger en parlant cette langue barbare, le breton, ils n'avaient rien compris au lieu où se rendre. Fort heureusement, leur hôte ne semblait pas s'en chagrinée, car par chance, elle était présente au mauvais endroit lorsqu'ils arrivèrent et se proposa de les conduire à quelques lieues de là en sa demeure. Ce fut ce que rapporta August à son maître qui se contenta d'un signe de main à travers les rideaux et de quelques mots.

Soit, suivons-à !

Et alors qu'il observait entre les rideaux la cour du château d'Ancenis pour peut-être apercevoir la baronne bretonne, une jeune femme à cheval vint se mettre à sa hauteur et le salua tout en souriant. Etait-ce leur hôte ? C'était fort possible, il lui rendit alors son salut, observant sa réaction face à son invité. Elle ne s'attendait certainement pas à recevoir un évêque lorsqu'elle l'avait invité en ses terres.
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Blanche_
Sourire qui se fige, mais persiste. Ainsi donc, comprend la fossette ironique, il est devenu évêque... Elle incline la tête, très légèrement, mais ne rompt pas le protocole en prenant la parole. Dieu seul sait à quel point Blanche adore les convenances, et c'est l'homme, le mâle et invité, qui offre à son auditoire en premier lieu, l'honneur de l'entendre. Aussi, elle ne dit rien, salue juste, et laisse Amael à ses doutes.
Donnant au flanc de sa bête un coup de talon amusé, elle s'en retourne à l'avant du convoi, trottant pour mieux s'en défaire. Pannecé n'est pas si loin, mais la route avec la bête piaffant entre ses cuisses s'annonce longue, pour celle qui aurait préféré maintes fois un discours courtois au carrosse chaud.
Mais rappelez vous, il est devenu évêque...
Elle croise le regard amusé du valet, qui note dans un sourire pâle la crispation de sa maitresse. Il n'aime pas les ecclésiastiques, elle nourrit pour eux une aversion singulière ; et si l'hôte arrive entier à Pannecé, il y aura matière à fêter cela dignement.


Va, ordonne t'elle. Nous mettrons plus de temps que toi, ces chevaux ont dans leurs jambes un trajet déjà long, et le carrosse est lourd avec la parole de Dieu à l'intérieur.

Il s'incline, et repart : seul. Bientôt la brume déployée par les sabots de sa monture disparaissent, quand au gré d'un buisson sa silhouette est étouffée par la verdure.
La douce baronne s'en retourne seule à ses gens, dépitée et déçue. Rien pourtant, qui se paraisse sur le visage fier donnant des ordres.
La troupe repart ; à l'ombre d'une colline, Pannezeg et son fier castel sonnent déjà. Le tocsin du retour, ou l'annonce d'un banquet de réjouissant : la Baronne est de retour !

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Riches, tenez bon !
Amael
Après cet étrange échange muet, ce salut lourd de silences, Blanche s'éloigna du carrosse à dos de sa monture et Amaël referma les rideaux de la voiture, songeur. Est-ce que sa nouvelle condition changeait quelque chose à leurs rapports ? Il le craignait et des doutes l'assaillirent. Il restait le jeune noble du Royaume qu'il avait toujours été. Héritier ducal, élevé dans les ors de la noblesse alençonnaise, à côtoyer la bonne société, à recevoir la meilleur éducation possible. Un jeune homme arrogant, imbu de lui-même, fier de son son sang, de son rang et attaché à ses privilèges et richesses. Bref, un haut noble comme il y en avait des dizaines. Mais il avait rejoins les rangs des ministres de Dieu. Il n'était plus qu'un simple héritier parmi tant d'autres. Il était devenu une autorité spirituelle. Sa parole faisait loi et foi. Qu'est-ce ces changements impliquaient vis-à-vis de la jeune baronne ? Il le serait certainement. Car ces réflexions avaient fait passer le temps, bon an, mal an, le carrosse avait rejoins Pannecé. La voiture s'arrêta dans la cour d'honneur du château et la porte s'ouvrit, laissant sortir l'Evêque.

Observant les lieux il resta un instant immobile, tournant seulement la tête pour regarder autours de lui. Amaël n'était pas en grands costumes d'apparats, pleins d'or, de broderies et de pierres précieuses qui faisaient étinceler les prélats au soleil, mais sa riche tenue, malgré tout, ne laissait aucun doute sur son rang d'évêque. Avisant Blanche à quelques pas, il s'avança à sa rencontre, et après avoir réitéré son salut du chef, il prit la parole.


Ma dame, chère Gwenn, mes hommages. Merci pour votre charmante invitation en vos terres, c'est un plaisir d'être ici en votre compagnie.
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Blanche_
Les yeux gris, sur leur cheval haut-perchés, dévisagent un instant le clerc, avant que l'ourlet carmin ne se fonde dans un sourire. S'il y a des hommes qui portent la bure avec classe, il y en a d'autres qui y sont tellement étrangers, qu'on dirait des simples hommes déguisés pour Carnaval.
Et ici, c'est tout à fait cela. Amael, aux yeux de Blanche, n'a rien d'un évêque, si ce n'est l'habit. Mais l'aura, l'admiration, la ferveur pieuse et la pureté ?
Voyons. Pas le moins du monde !

Cependant, pour ne pas le brusquer, et parce que Blanche déteste au moins autant être impolie, que les hommes de foi, elle saute à terre, s'incline, et lui fait face, sourire aux lèvres. Elle parle tandis qu'une domestique vient prendre ses gants, et son chapeau, elle parle pendant qu'ils montent les marches menant à sa fière bâtisse, elle parle encore lorsqu'ils sont entrés dans le hall, et qu'à leur suite les malles cliquettent et gravissent les escaliers.
Elle lui souhaite la bienvenue, ne mentionne jamais, absolument jamais sa nouvelle condition, se contente de quelques politesses d'usage, et rien, oui rien qui fasse remarquer ce changement, & de tenue, & de manière de penser.
Car pour elle, ce serait outrage, que de comparer Amael à un dragueur repenti. Pourtant, n'est ce pas ce qu'il est, un peu ?


Plaisir partagé, Monsieur du Ried, dit elle en se dirigeant vers une lourde porte, qu'on ouvre devant elle. La salle est énorme, et l'on comprend, aux meubles éparses contre les murs, aux tentures épaisses et fauteuils couverts de fourrure, qu'elle y passe le plus clair de son temps. Une table au fond, accolée presque au coté d'une imposante cheminée, est couverte de livres ouverts, abandonnés en plein milieu de leur lecture. Les accompagnant, des macarons disposés sur une assiette en argent, semblent prêts à mener les personnages au bout de leur intrigue.
Lorsqu'elle entre, les chiens jappent. Deux petits cavaliers accourent en piaillant pour des caresses, surveillés de loin par un énorme chien de chasse, gros bâtard à l'imposante ossature, qui grogne et reste allongé devant l'âtre.


Couchés ! ordonne t'elle prestement aux deux élégantes boules de poils. Puis elle invite l'évêque à la suivre, et prendre place sur un fauteuil, laissant l'autre à sa disposition.
Eh bien, eh bien... Vous avez changé, Amael... chuchote la baronne, en examinant sa tenue des pieds à la tête. Mais toujours aussi richement paré, je remarque.
Elle glisse une main entre les oreilles d'un petit mâle tricolore qui mande à sauter sur ses genoux, et lui parle d'une voix maternelle.
N'est ce pas, qu'il a beaucoup changé ? Oh, oui ! Il a beaucoup changé !
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Riches, tenez bon !
Amael
Blanche était avenante et polie, mais les nobles étaient habitués aux sourires de façades masquant leurs pensées les plus secrètes. Etait-ce le cas alors ? Comment pouvait-il le savoir ? Il était un berger du peuple du Très-Haut, pas un devin. Suivant son hôte vers et dans sa demeure, il se contente comme elle de choses sans intérêts, pour le moment. Monsieur !? Insulte ou moquerie volontaire ou erreur étourdie de la part de la jeune baronne ? Là encore, comment le savoir. Dans le domaine des apparences si cher à la noblesse, Blanche est une déesse passée maître dans l'art de masquer la vérité derrière un sourire très certainement.

Pénétrant dans la grande salle à la suite de son hôte, il observe amusé les deux chiens de paniers et au loin, un gros molosse. Chasseur de renom qu'il est, il nota immédiatement l'absence de sang pur de la bête. On était loin de ses propres chiens. Plus que les chevaux, les chiens étaient la grande passion d'Amaël, de chasse ou de guerre, il en possédait des dizaines, bien que la plupart soient restés derrière lui en Alençon. Seuls deux, particuliers et chers à son guerre, le suivaient toujours, et étaient en route pour la Lorraine en cet instant.

Prenant place dans un fauteuil non loin du grand âtre à l'invitation de Blanche il hocha la tête à ses propos le concernant.


Nous avons tous les deux changé de condition en effet. Il est heureux pour vous que vous soyez maîtresse d'une terre et à présent titrée. Assurément, la cible de nombreux jeunes nobles bretons, non ? Je m'étonne de ne pas vous savoir d'ors et déjà promise.

Ou alors, la Bretonne était du genre libertine. Il ne faut pas oublier qu'en ce pays barbare il ne fallait s'étonner de rien.
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Blanche_
Fascinée.
Il y avait un jeu que Blanche aimait par dessus tous : c'était celui des manigances, et des œillades complices que les participants pouvaient se lancer dès lors qu'ils avaient conscience de s'y adonner. Et elle avait bien l'impression, à fixer Amael comme elle le faisait depuis quelques minutes, qu'il était de ceux aptes à découvrir ce qui se tramait vraiment derrière le masque gris-bleu des yeux de Blanche.
Elle le regardait sans s'en cacher, les prunelles glissant sur tous les défauts de son faciès. Pas qu'elle soit capable réellement de désigner si il était beau ou non, mais elle aimait les défauts physiques, les grains de beauté, les pores écartées ou les narines tracées d'un coup sec dans les peaux duveteuses, avec autant d'adoration qu'un sculpteur qui en découvrirait les monts en y passant la main.
Elle sourit, prit le petit cavalier dans ses bras, qui cessa aussitôt de japper. Et, assis près d'elle sur ce fauteuil immense qui contenait deux personnes sans problèmes, il se mit à fixer l'évêque de la même façon qu'elle le faisait. Mimant la maitresse jusqu'à baisser la tête vers la gauche, très légèrement, presque ironique.
Mais il s'arrêtait parfois, dodelinant le museau, fautant dans sa perfection, pour recommencer juste après.

Je l'ai été, plusieurs fois.

Les yeux gris se fermèrent un instant, et le gros mâle devant l'âtre grogna soudain, comme pour empêcher sa maitresse de conter ses mésaventures d'avec le Vicomte du Limousin, qui lui avait offert tant de joies, et tant de tristesse.

Et puis j'ai cessé de vouloir l'être. J'ai été promise avant d'être femme, je veux désormais être femme avant d'être offerte.
Que l'on veuille offrir sa vie à un homme, ou à Dieu, cela me semble de toute façon identique : des chaînes d'argent ou d'or, avec quelques rares avantages.


Le ton était donné. Mais le clerc comprendrait-il, qu'à l'ironie de la blonde, se superposait un passé déjà bien lourd ?
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Riches, tenez bon !
Amael
Amaël écouta attentivement Blanche, légèrement amusé au fond de lui de ses paroles. Ils ne concevaient pas le mariage, autant que l'ordination, de la même manière. L'Evêque, ayant tenté les deux choses, était bien placé pour le savoir. Personne, ici, en Occident, n'avait connaissance de ce qu'il avait fait durant son exil volontaire en Orient, et cela lui pesait, il fallait bien l'avouer. Blanche pouvait-elle être l'oreille attentive et la bouche muette à qui il pourrait tout révéler ? Il ne pouvait encore le dire, il lui fallait plus la connaître.

C'est une vision des choses bien négatives que vous avez là ma chère. Le mariage comme l'ordination ne sont pas des prisons dorées selon moi. Après tout, dans un cas comme dans l'autre, personne ne vous force ... enfin la plupart du temps.

Il se tut un instant.

Vous ne vous marierez donc jamais ? J'avoue avoir assez de mal à vous imaginé vieille fille.

Il lui sourit alors, un peu moqueur. Il la taquinait, gentiment. Mais au fond, il cherchait vraiment à sonder la jeune noble et à connaître ses convictions profondes.
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Blanche_
Les chiens se turent. Dans le silence, avant que Blanche ne réponde, seul le feu crépitait, et lorsqu'elle leva les yeux vers lui, il y avait quelque chose, semblait il, qui brûlait aussi derrière ses prunelles. Certains pourraient prétendre y avoir vu le Diable se mesurant à un homme de Dieu. Mais ce n'était pas le malin qui était roux, c'était autre chose.
C'était une femme, et plus une jeune fille, qui avait vécu et aimé en Bretagne, et qui regardait la France en se demandant si elle devait l'embrasser, ou non.


La question ne se pose plus maintenant que je suis vieille fille, riposta la cadette, peut être plus vexée qu'elle n'aurait voulu le laisser paraître.
Il me faudrait embrasser la même cause que vous, Amael. Dieu, après tout, n'a que faire de l'âge d'une femme qui donne sa vie pour lui.

Elle tendit la main vers une table, où une assiette en argent présentait à leur disposition des petites sucreries colorées. Elle en saisit une, croqua dedans, et offrit le restant à la gueule poilue qui mandait un morceau. Toute enfarinée, la bestiole narguant son congénère affalé près du feu, et alors les crocs sortirent dans un grondement sourd.
Lui rappelant quelqu'un.


Il suffit ! s'énerva la baronne. Vous me lassez, tous les deux.
Sans que l'on puisse savoir, si la lassitude provenait des cris canins, ou des questions perverses de l'héritier en soutane. Provoquer une jeune femme sur son célibat, ce n'est pas très aristotélicien, ne trouvez vous pas ?
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Riches, tenez bon !
Amael
La réponse de Blanche laissa coi l'Evêque. Avait-il était grossier et usé de paroles un peu déplacées ? Peut-être, mais ce n'était pas volontaire, il avait voulu plaisanter, non vraiment se moquer d'elle. Puis il sourit légèrement à son évocation d'une possible entrée dans les ordres de sa part. Ce qu'il imaginait assez mal. Il l'observa, malheur une douceur puis s'agacer après ses chiens, ou lui-même, qui savait ? Bon, une nouvelle fois les choses semblaient mal engagées, Blanche gardant le silence. Elle ne souhaitait visiblement pas engager la conversation avec lui, donc il devait effectivement l'avoir un peu blessé. Il lui fallait se rattraper sinon ils pourraient couper cours à cette visite qui se voulait amicale.

Ma chère, vous avez encore bien le temps de songer au mariage. Je ne doute pas qu'une personne de votre qualité saura trouver et faire l'union qui siéra à son rang.

Bon, il était sûrement temps de changer de sujet.

Vous plaisez-vous toujours autant en Bretagne ? N'avez-vous aucune envie de partir vivre ailleurs ? Pour ma part, j'avoue qu'avoir vécu en Touraine et voyagé vers l'Orient, et maintenant ce départ pour l'Empire m'ont fait le plus grand bien. Les voyages changent et forgent les hommes.
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Blanche_
Le changement de sujet de conversation plut à Blanche, sans qu'elle ne sut trop pourquoi. Était-ce simplement parce qu'Amael avait fait ce qu'elle, inconsciemment, voulait justement qu'il fasse ? Ou parce qu'il savait y faire avec elle, qu'il avait eu conscience de la frontière qu'il avait été sur le point de dépasser, et des nombreux troubles que cela aurait pu entrainer ?
Néanmoins, il avait agi noblement, et elle lui en était reconnaissance. Lui souriant, d'une façon plus amicale, elle ne répondit pas au sujet du mariage et de son avenir, embrayant directement sur l'autre phrase, qui lui permettait de clore une bonne fois pour toute des évènements malheureux.


Si, de plus en plus. Mais j'ai été en Irlande l'été dernier, où je suis restée un petit mois. J'y ai vécu de très belles choses, accompagnée de ma famille, et découvert des paysages splendides.
Néanmoins ils ressemblaient beaucoup à la Bretagne, et me trouver confrontée à un écho presque semblable, quoique pas tout à fait, me faisait ressentir un mal du pays quelque peu dérangeant.

Peut être aurais-je dû voyager vers des contrées plus exotiques. On dit l'Orient fort beau, et j'aurais adoré vous y accompagner.
Mais... Pourquoi y êtes vous allé, au juste ?

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Riches, tenez bon !
Amael
L'Irlande. Un reflet de la Bretagne, selon Blanche. Sûrement un pays où il ne mettrait jamais les pieds. Les contrées du Nord, surtout celles au-delà de la mer n'attiraient pas Amaël. Prendre le bateau ? Jamais. L'Evêque était de ces hommes qui avaient une peur profonde du grand large. Voguer sur les flots serait un calvaire pour lui. Mais c'était une frayeur qu'il se gardait bien de raconter aux autres. Personne ne savait qu'il était terrifié à l'idée de prendre la mer, car jamais il n'avait eu besoin d'avouer sa peur.

Bien vite, Blanche le ramena à ses réalités. Pourquoi avoir été en Orient ? C'était malin. Il avait voulu changer de sujet afin de ne pas blesser Blanche et voilà que c'était lui qui se retrouvait dans une position inconfortable. Bien sûr, il aurait pu mentir purement et simplement, inventée une histoire tirée par les cheveux et ce serait très bien passé. Mais il ne voulait pas mentir, pas plus qu'il ne voulait révéler tout ce que son périple en Orient avait changé dans sa vie.

C'est donc hésitant qu'il répondit à Blanche.


Je n'ai pas été dans l'Orient exotique au-delà de la grande mer du sud. Je me suis arrêté sur les terres natales du prophète Aristote. Et avant de revenir en Touraine j'ai voyagé à travers les principautés teutonnes au nord de l'Empire ...

Ca c'était pour les formes. Les raisons et ce qu'il y avait fait, cela était plus délicat à expliquer.

Un besoin de m'éloigner de la France. C'est cela qui m'a d'abord poussé à partir pour l'Orient. J'aurais pu m'arrêter avant, dans un royaume italien par exemple puis j'ai eu envie de remonter aux sources de la Foi. Et après, ce sont des rencontres qui ont fait que je suis resté aussi longtemps là-bas et que j'ai voyagé dans diverses contrées. Des paysages magnifiques j'en ai vu beaucoup oui, mais j'ai surtout fait des rencontres formidables ...

Et quelles rencontres ... cela avait changé à jamais sa vie.
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Blanche_
Ainsi...
Elle regarde l'homme, d'un regard candide et farouche. Quoiqu'il n'existe pour lui plus aucune animosité. Qu'est ce que tu as fait, Amael ? demandent les deux sphères grises. Elles larmoient presque, devant l'évidence.
Ce sont les rencontres, qui changent et forgent les hommes.

Sa phrase, reprise avec une nuance qui dénote sa compréhension. Elle a remarqué, noté, vu, apprécié. Il aurait pu avouer, que la réponse n'aurait été guère différente. C'est en tous cas ce qu'elle croit, quand elle devient plus douce et plus franche, presque meilleure.


Elles vous ont changé, cela est vrai. Vous étiez plus impulsif, plus enfant. Les terres arides de l'Est vous ont rendu plus homme, et plus heureux.
Néanmoins je regrette que pour vous trouver, vous eusses dû vous transformer en évêque.


Elle prit le temps de rajouter quelques mots. Le temps pour les digérer, les méditer un peu, pour éviter de faillir et que sa pensée soit mal interprétée.
Puis...

Êtes vous heureux d'être cloitré dans votre foi, Monseigneur ? Je vois votre ordination avec admiration, et peur. Je n'aurais jamais le courage de m'offrir entière à un Dieu. A moins que les rencontres que je fis en Orient ne m'y poussent d'une façon ou d'une autre...
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Riches, tenez bon !
Amael
Voilà, il était aller trop loin, Blanche avait bien compris qu'il se cachait quelque chose d'important derrière ce voyage et que c'était plutôt les rencontres qu'il avait fait au cours de celui-ci que le voyage en lui-même qui l'avaient changé. La jeune baronne était habile à manier le verbe comme le prouvait son changement apparent de sujet en passant à l'ordination d'Amaël et les raisons de celles-ci, certainement disséminées dans son voyage en Orient. Résignation, et aussi soulagement. Il pouvait avouer à présent.

Oui, vous dites vrai, à travers les voyages ce sont en effet les rencontres que l'on fait qui nous changent.

Etait-il vraiment plus heureux ? Les paroles de Blanche lui étaient un baume au coeur mais était-il réellement heureux ? Il l'était plus oui, mais c qui le rongeait l'empêchait de l'être totalement.

Je ne suis pas cloitré dans ma Foi, Blanche. Je suis protégé et je reste vivant grâce à elle. Elle a été le refuge le plus sain et le plus pur dont j'avais besoin. J'ai vécu quelques ans en Orient, mais je crois y avoir passé des dizaines d'années, tant ce que j'y ai vécu a été fort. Si j'ai embrassé la prêtrise c'est pour ne pas sombrer et apporter à mon tour la lumière et la paix que la Foi m'a donné.

Il était douloureux pour l'Evêque d'évoquer cela, même s'il n'avouait pas encore les raisons profondes de ce trouble, mais cela était en même temps libérateur et Amaël se sentait soulagé et libéré, peu à peu, à mesure qu'il s'acheminait vers la vérité.
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