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[RP]Plutôt que de croupir en Guyenne pourquoi ne pas voyager

--Gustave_


[Bourgogne, janvier, de retour de la Cour d'Appel ]


La Bourgogne, toujours, des voyages entre Savoie et Macon, de la neige et de la boue. Heureusement que la brune amie de Melin était à leurs côtés, faisant paraitre le temps moins morne, surtout pour le jeune lieutenant prévoté qu'il était.
La journée s'annonçait encore froide et les quatre voyageurs avait décidé de rester au chaud dans l'auberge, voulant prendre un peu de repos après ces journées passées à cheval à mener charrette sur les chemins.


- Melin ! on vient de m'apporter un message pour toi

Sûr que l'ébouriffé allait râler mais la femme avait été formelle. Le voyageur devait avoir ce pli au plus vite. La porte s'ouvrit sur le jeune gars au visage endormi à qui il tendit le parchemin.

- une jeune femme m'a remis ça pour toi
- une jeune f...
.Aimelin prit le plit abandonnant sans doute l'idée de réfléchir.

- un duel ?
- un duel ? comment ça ? t'as encore fait quoi bonhomme
- ben rien.... juste parce que je suis un voyageur habillé de blanc et elle n'aime pas ça disant qu'il faut avoir une âme bien noire pour être vêtu ainsi.
- t'vas pas t'battre contre une femme ?


L'ébouriffé, qui portait bien ce surnom donné d'ailleurs tendrement par Mélissande la louve de Champagne un jour de mars 56, surnom qui lui allait à ravir à ce moment précis, leva les yeux vers lui.

- bah j'ai été soldat et suis toujours garde comtal en Béarn, et je me suis déja battu contre des femmes et puis sa dernière phrase est claire.
"... J'espère qu'à défaut d'âme, vous aurez assez de courage pour m'y rencontrer." *
Puis ça peut être amusant et j'ai besoin de me défouler. Je vais accepter, et sans rien donner à Aristote. Il ne le mérite plus depuis qu'il m'a enlevé Dance.

Le vieux Gustave était resté perplexe devant les réponses du jeune gars mais ne fit rien pour l'en dissuader, ce gosse était bien trop têtu pour l'écouter.
La duel avait lieu l'apres midi, et il ne restait à Gus que la prière pour qu'il ne revienne pas éclopé.



* publication lettre autorisée
Aimelin
[Bourgogne... mi janvier]


Décidément la Bourgogne était riche en aventures pour le jeune gars arpenteur des chemins enneigés, en cet hiver 58-59. A peine revenu de Bourg où il avait livré quelques miches et quelques maïs à la Duchesse de Savoie de la part de la Duchesse de Bourgogne, voici qu'une jeune femme n'aimait pas la couleur de ses habits. Pourtant c'était joli le blanc… certes un peu salissant mais joli, et ça lui seyait à ravir.

Une petite réponse à son admiratrice il rédigea.

Citation:
Braise.. mmm femme ?

Ciel ! encore une admiratrice qui ma reconnu malgré que je sois arrivé de nuit et avoir passé la journée à dormir afin de me remettre en route ce soir.
Vous devrez attendre mardi pour avoir le bonheur de m'avoir en face de vous, car la duchesse n'attend pas et elle a la latte facile.
Et puis ce sera vite fait, ne vivant pas ici, je n'ai rien à offrir à l'église qui ne me donnera pas de coup de main, en traitresse qu'elle est envers ceux ne pouvant lui apporter aide matérielle.
A mardi pour un petit repas en tête à tête.
J'apporte les fourchettes, vous savez, ces petits ustensiles qui piquent.


Aimelin

Il espérait bien que la jeune femme apporte le vin, mais il n'osa le proposer. Rendez vous fût donc pris pour le soir 19h, et comme il voulait être discret, annonce fût donc faite par les organisateurs sans doute.
Citation:
Grand événement ! Le prochain duel opposera Petite_braise à Aimelin le 2011-01-11 19:00:00 dans cette magnifique lice !

Côté discrétion c'était loupé, heureusement, personne ne le connaissait dans cette ville.
Il haussa les sourcils en reposant la missive au milieu des autres, bien rangées dans ses affaires et se prépara. Il s'agissait de ne point faire attendre la belle et surtout de ne pas la décevoir.

Et voila la lice en vue… pas celles des joutes à cheval qu'il fréquentait depuis quelques mois, mais celle des combats à pieds. Combattre contre une femme n'était pas quelque chose qu'il affectionnait, mais puisqu'elle le désirait autant lui faire plaisir, il n'avait jamais su dire non à une femme de toute façon.

Petite Braise en vue, vague salut, et en piste, c'est qu'il avait encore des cargaisons à transporter pour la Bourgogne.

A peine le temps d'observer son adversaire que le jeune Seigneur attaque et fauche la jeune femme, comme un épi de blé en plein vol. Geste remarquable, geste parfait, dira le commentateur. Le jeune lieutenant fronça les sourcils, Petite braise se tordant de douleur sur le pré.
Mais ce n'était qu'une ruse, car son ennemie se releva aussitôt pour le faucher à son tour et aller rejoindre la meule de blé, plié en deux par la douleur. Sacrebleu c'est qu'elle n'y était pas allé de main morte !


- 10 points partout !

Le coup suivant n'avait pas été un cadeau et Petite_braise avait dû le sentir passer. Un grand sourire sur le visage, il la regardait mais voila que la belle, chaude comme un mouton enragé faillit lui fracasser la machoire.

- Heyyyyy ! vas pas me défigurer
- 5 pour l'ébouriffé et 7 pour la Braise !
- ça va ca va … tu pourrais pas donner les scores à voix basse ça me déconcentre là


Le coup d'apres avait été bien paré par la jeune femme et voila qu'elle remettait ça, s'en prenant à la machoire du jeune gars.

- 2 pour l'ébouriffé et 3 pour la Braise !

Regard noir vers l'arbitre en se frottant la machoire. Il allait plus pouvoir s'en servir de quelques jours à ce rythme là. Action, réaction, le jeune béarnais faucha la jeune femme qui rejoignit lameule de blé sous l'œil satisfait de son expéditeur.

- faudra je reprenne un champ de blé, je commence à bien savoir faucher je trouve
- 16 points pour Aimelin ! ... la victoire revient à Aimelin avec +13 points de dégats!
Célébrons ses louanges et chantons la geste de ce héros à nul autre pareil ! Aimelin a gagné un doonuts.
- un dou quoi ?
haussement de sourcils non non j'en demande pas tant… mais merci merci
- ne soyez pas modeste, vous avez élégamment massacré Petite_braise, ce misérable vaurien, en un magnifique combat en 1 contre 1. Vous l'abandonnez, anéanti, geignant, au milieu du pré, pendant que le public acclame votre nom : "Vive aimelin ! Vive aimelin !". Quelle raclée !
- comment ça geignant au milieu du pré ? que nenni il ne sera pas dit que je laisserai une jeune femme ainsi.


Bon prince, il aida la jeune imprudente à se relever et la conduisit chez un médicastre, avant de retourner à son auberge rejoindre ses compagnons de voyage, pas peu fier de leur annoncer qu'il était sur le tableau des Maîtres d'Arme du village.

Décidément il l'aimait bien la Bourgogne… de belles femmes, du bon vin et de l'aventure… il reviendrait, c'était certain.

_________________

Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
Kirika
[Date et lieu inconnu…Surement quelque part entre la folie et le vide total. Ou alors dans un rêve qui sait ?]

Un rayon de soleil qui caresse sa joue, se faufile dans son cou, essaye d’atteindre la glace qui emprisonne son cœur…Sans succès. Puis ce rayon de soleil devient plus fort, si fort qu’elle en a presque mal aux mirettes alors que ses paupières sont closes et elle n’a d’autre choix que d’ouvrir les yeux, curieuse de connaitre la raison d’une météo si étrangement clémente en ce plein mois de…Novembre ? Peut-être décembre ?
Tiens une prairie verdoyante, un soleil de plombs, une chaleur à faire tomber les ptits vieux comme des mouches, un beau ciel bleu…Serait-on déjà en été ? Etrange, pourtant elle aurait presque juré qu’hier encore c’était l’automne, un automne bien hivernal d’ailleurs, avec vent glacial, tempêtes de neige et tout et tout ! Vraiment très étrange, mais bref pourquoi pas hein…

Kirika se redressa, passant une main devant ses yeux ensommeillés et se frotta légèrement le visage dans l’espoir d’émerger de son brouillard personnel. Un coup d’œil à gauche, un à droite…Rien à l’horizon…Juste le calme plat à perte de vue…Franchement déprimant si vous voyez ce que je veux dire…Bon courage ! Aller debout ! Oula p’tetre pas si vite…La tête qui tourne…Ouap non ça va, on se retrouve pas les quatre fers en l’air et on reste stable miracle. Et en bonus les trente-six chandelles ont arrêté de dansé la polka devant ses yeux ! Yeah.

Bon déjà elle tient debout la brune. C’est quand même un bon point. Petite inspection de soi-même, apparemment manque pas de bout quelconque…Et ça c’est cool.


Maman...

Ah tiens, p’tetre pas aussi calme que ça la prairie…

Angélique ?

Tour d’horizon…Rien ! Bon deuxième tour sait-on jamais. Non non vraiment rien. Serait-elle devenue blonde au point de ne pas voir sa fille alors que la verdure environnante ne doit pas dépasser trois pouces de haut alors que son petit monstre fait au moins trois pommes ? Calcul rapide dans sa tête, petit mouvement discret pour chopper une mèche de cheveux et analyser les dégâts…Ouf, pas de drame à l’horizon c’est bien une ligne foncée qui se balade entre ses doigts.

Maman...

Ah vi, la gamine, elle l’avait presque oublié avec sa crise de panique capillaire… Bon un pied devant l’autre, en avant marche ! Ah non apparemment c’était pas par là parce que y’a pas de trace d’une minipouce haute de trois pommes qui murmure, gémit, chouine ce mot horrible…C’est quoi déjà d’ailleurs ?

Maman...

Ah oui celui là ! Celui qui fait que toute femme qui a enfanté au moins une fois va entendre toute sa vie. Ce mot, il rend limite complètement sur les nerfs…Vous savez pourquoi ? Parce qu’a chaque fois que votre marmot va l’employer ça va être la panique instantanée ! Si si et là ça va être la course à la question dans son cerveau en moins de deux secondes… « Qu’est-ce que j’ai oublié de faire ? », « Qu’est-ce qu’il va me demander ? », « A quelle question embarrassante vais-je avoir droit aujourd’hui ? » enfin bref, voyez le genre quoi… Mais à part ça on les adore les gosses…Quand ils dorment… Pourquoi on parle de ça déjà ?

Maman...

Ah ouais voila, la môme de Kirika qui répète ce fameux mot. C’pas le tout mais faudrait p’tetre la retrouver sa mioche. Nan parce qu’on râle tous à cause des sales gosses mais au fond on les aime très très fort. On donnerait notre vie pour eux même. Vous saviez que…

Maman...

Bon ok…J’ai compris, je me la ferme…Ah tiens, c’est pas une mèche blonde que j’entre-aperçois ? Non non pas dans tes cheveux ! Lâches cette paire de ciseaux et cette mèche ! Il vient d’où ce ciseau d’ailleurs ? Et pis regardes plutôt par-là ! Non non pas à droite ! Non là, à gauche ! Voila c’est ça ! Tu la voit la mèche blonde ? Mais si là ! Ah enfin tu la voit bon ben aller courre For…Euh Kirika…

Et voila la brune qui s’élance vers son petit cœur d’amour qu’elle aime très fort. Si si tout ça.
Bizarrement, ces quelques mètres au pas de courses l’ont épuisés…Elle pourtant si endurante d’habitude, ça lui fiche un coup et elle finit à genoux a même pas un mètre de son ange. Et histoire de bien l’achever, sa fille se transforme sous ses yeux…La chevelure d’or devient d’ébène et les yeux d’émeraude virent à l’acier.


Angélique !

Mais il est trop tard, et se tient maintenant à la place de sa fille une brune aux yeux gris. Fillette qu’elle connait bien d’ailleurs, oui ça pas de doute, puisque c’est elle, au même âge qu’Angie.
Grande Kirika et mini Kirika s’observent en chien de fusil, toute deux sur la défensive… Et sans que la grande ne puisse rien faire pour aider la petite, voilà que le décor change. La prairie laisse place à une pièce de bonne taille, la mini brune n’est plus allongée sur le sol mais dans un grand lit. Au moins c’est plus confortable. Et pis elle dort maintenant. Grandes enjambées vers la fenêtre, coup d’œil dehors…Et là c’est limite la crise cardiaque ! Hurlement à faire frissonner un mort puis mordage de lèvre dans les règles de l’art pour s’arrêter d’un coup et de se retourner pour vérifier l’ampleur des dégâts, mais non rien, la gosse dort toujours…
Et un soupir de soulagement plus tard la voici qui cavale dans les couloirs de la demeure de Miramar, la fameuse demeure de ses parents qui a brûlé. Cette même demeure pour laquelle son frère s’est tué à la tâche, au sens propre du terme comme au figuré d’ailleurs, pour tout rebâtir. Demeure maudite pour Kirika, qu’elle soit petite, moyenne ou grande ! Bref, alors qu’elle dévale les escaliers c’est le choc ! Devant elle sa mère et son père en chair et en os !
Et là, pendant quelques secondes, grande et petite Kirika se confondent pour ne faire qu’une, un seul et même être larmoyant, pour la même raison. Papa et maman de retour à la maison, après des mois/années d’absence suivant le point de vue…Absents car partis en guerre pour la plus jeune, absents car morts pour la grande… Et là c’est la catastrophe intersidérale, grande Kirika, prise de folie qui s’élance vers les parents de Miramar…Avant de passer à travers eux et de comprendre enfin. Ce temps ne lui appartenait plus. Et les larmes de couler avec deux fois plus d’ampleur en se retournant pour voir mini pouce sauter dans les bras de ses parents, inconsciente de ce que la destinée leur réservait.


Maman…

Encore ce mot…

Maman…

La prise de conscience est violente lorsqu’elle entend la voix de mini Kirika se confondre avec celle de sa fille Angélique.

Ne m’abandonne plus jamais…Maman…

La respiration qui devient saccadée, la vision qui devient incertaine et là…le noir…Le noir total…Le noir profond…

Et d’un coup la lumière vive qui brûle les yeux, yeux qui s’ouvrent d’un coup pour apercevoir un plafond délabré, et à l’extrémité de son champ de vision la chevelure d’or qu’elle cherchait… les larmes qui repartent de plus belle, de se lever à la hâte, dégoulinante de la sueur de son cauchemar, et de serrer sa fille dans ses bras sans que celle-ci n’y comprenne quoi que ce soit de l’état de sa mère…



Nous sommes en janvier, et cela fait maintenant depuis deux mois que ce rêve hante Kirika, au point que lorsqu’elle relève la tête des boucles d’Angie pour regarder à travers la fenêtre, elle voit la gosse brune assise sur le rebord qui lui murmure…


Ne m’abandonne plus jamais…

…Avant de se laisser basculer dans le vide dans le silence le plus total…Et Kirika de resserrer sa fille plus étroitement entre ses bras, de peur qu’elle reproduise la même action et de répéter sans cesse

Jamais je ne te laisserais…

[Quelques heures plus tard – Dans une auberge de Macon]

Assise sur le rebord de la fenêtre, dos contre l’un des montants et les pieds bloqués contre l’autre, Kirika observe…Elle observe la vie de la ville, avec une vue directe sur le marché animé en cet après-midi ensoleillée…Et ses yeux ne peuvent s’empêcher de parcourir les pavés deux étages plus bas qui habillent la route. Pas de traces de sang bien sûr, comment un souvenir pourrait-il vraiment se briser les os en sautant d’une fenêtre.

C’est une silhouette au loin qui la tire de ses sombres pensées. Le bras qui se lève pour faire un signe de la main à son ami qui traverse la rue pour rejoindre leur auberge.

Aimelin ne savait rien de la folie, qui peu à peu s’installait dans la tête de Kirika, et cette dernière essayait de ne rien laisser paraitre, pour ne pas l’inquiéter. Après tout, il avait lui-même ses soucis et n’avait pas besoin d’assumer ceux des autres. D’un autre côté, elle ne se leurrait pas sur les capacités de son ami à détecter ses sautes d’humeur depuis deux mois, il ne pouvait pas passer à côté et devait bien se douter de quelque chose. Mais c’était tellement plus facile pour Kirika de se voiler la face, se disant que personne ne remarquerait rien. C’est pourquoi la brune afficha son sourire le plus convainquant sur sa frimousse, qu’elle prit sa fille par la main et qu’elle sortit du bâtiment pour aller à la rencontre de son compagnon de voyage.


Alors m’sieur, j’espère que tu l’as gagné ton duel ! Dis-moi c’est quoi la prochaine étape après la Bourgogne ?
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Aimelin
[Macon – Janvier]


Les dernières recommandations au charretier transporteur, tandis qu'étaient chargés deux tonneaux du meilleur vin sous l'œil bienveillant de Gustave. Vin promis vin dû et il regarda partir le chargement qui devrait arriver sous peu vers son amie et la Duchesse.
Il aurait aimé trouvé le temps d'aller les saluer mais le temps lui manquait comme toujours. Regard vers Gus déjà sur sa charrette elle aussi chargée de tonneaux et diverses victuailles et affaires.


- salue Jeanne et embrasse la petite Angelle. Et fais attention à toi sur les chemins.
Et n'oublie pas de faire porter ce que je t'ai confié à la Duchesse de Saint Florentin
- fais attention à toi gamin et veilles bien sur tes deux compagnes
- ne t'en fais pas


Les mirettes grises suivirent la charrette jusqu'à ce qu'elle tourne le coin de la rue puis le jeune lieutenant fit demi tour. Il devait rejoindre sa brune amie et la "pas plus haute que trois pommes" à l'auberge. Les rues étaient animées, la place du marché fourmillait comme à son habitude. Un étal garni de quelques nourritures et miches bien fraiches attira son regard. Un bonjour et quelques instants plus tard, il se remettait en route, un sac de toile contenant de quoi régaler leur appétit pendant quelques jours.

L'auberge et surtout une silhouette dans l'encadrement de la fenêtre lui soutirèrent un sourire. Un signe de la main dans sa direction.
Kirika … elle l'inquiétait depuis leur départ. Souvent il lui demandait si tout allait bien, jetait des regards vers sa fillette qui ne décrochait que de rares mots au jeune homme. Elle lui en voulait cette gamine c'était certain. Mais pourquoi ? il faisait tout pour essayer de la faire sourire mais c'était bien souvent peine perdue, la gamine le regardait presque avec un air de reproche, ou tout simplement imperturbable. Souvent il abandonnait, parler à des gosses c'était pas son fort, hormis à la petite Angelle, peut être parce qu'elle était comme lui, seule au milieu des autres, seule avec sa douleur qui ne ressortait que la nuit. Mais il était tenace et il revenait sans cesse à la charge, non pas pour se venger du silence d'Angélique, mais parce qu'il voyait sa souffrance.

La jeune brune et sa fille qui sortaient de l'auberge en venant vers lui le sortirent de ses pensées et il afficha un grand sourire.


Alors m’sieur, j’espère que tu l’as gagné ton duel ! Dis-moi c’est quoi la prochaine étape après la Bourgogne ?

oui je l'ai gagné et j'avoue que la demoiselle ne s'est pas laissé faire. Sur ce coup là il m'a bien épaulé

Il désigna le ciel puis regarda la fillette avant de replonger son regard dans celui de sa mère.

ça te dirait d'aller revoir notre Duché ? j'avoue avoir envie de fouler à nouveau les terres champenoises et puis nous déciderons ensemble de là où nous guiderons nos pas.

Il s'avança et se plaça à ses côtés, une main vint se poser sur l'épaule de la jeune femme tandis qu'il baissait légèrement la voix.

tu vas bien ? tu sais que je suis là et qu'on peut parler de tout.

S'il y avait bien une chose qu'il n'aimait pas, c'était de savoir ses amies soucieuses et elle avait beau vouloir le cacher, il se rendait bien compte de ses silences et de ses absences lorsqu'il lui parlait et que déjà elle était ailleurs. Il avait d'ailleurs une idée derrière la tête la concernant et il comptait lui en parler, peut être que ça lui redonnerait le sourire. Il l'attrapa par les épaules tout en l'entrainant vers l'auberge apres un petit sourire à la fillette toujours accrochée à sa mère.

mm… tu sais que j'ai mon domaine à Etampes et… j'aimerais te proposer.. enfin .. plutôt de demander quelque chose.
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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
Kirika
[Macon - Devant l'auberge]

La Champagne ?

Et là le silence… C’est dingue de voir la force que peuvent avoir quelques mots. La Champagne ? Duché ou elle avait vécu les plus belles années de sa vie, mais aussi les plus difficiles…La Champagne…Voulait-elle y retourner ? Non assurément…Elle n’avait personne à aller voir là-bas, et franchement elle ne ressentait aucune nostalgie envers les paysages…D’un autre coté…Pourquoi ne pas y retourner pour voir des endroits inconnus, de nouveaux bâtiments crées depuis son départ…ça pourrait être enrichissant. C’est pour ça que la réponse s’imposa d’elle-même.

Bien sur ! Allons en Champagne, tu sais que je ne peux rien te refuser de toute façon.

Et puis elle ne se l’avouerait jamais, mais ça serait aussi l’occasion pour elle de retourner dans un certain domaine, surement en ruine, encombré par les souvenirs de toute une vie. Après tout, quel autre moyens de trouver une signification à ses rêves que de retourner chercher les réponses à la source. C’était décidé ! Elle retournerait au domaine de Miramar, domaine de ses défunts parents, puis de son défunt frère, et en toute logique son propre domaine maintenant, si elle l’avait entretenu. Et comme pour lui donner raison, le visage souriant de sa mère prit place devant ses yeux, l’emportant quelques secondes dans des souvenirs heureux et au combien lointain. C’est la raison qui fit qu’il se passa un long moment avant qu’elle ne se rend compte de la remarque chuchotée par Aime. Elle secoua légèrement la tête comme pour dissiper les vapeurs d’un rêve encore trop présent.

Ne t’inquiètes pas…Je…Je vais bien je t’assure…

« …Je suis juste poursuivis par de vieux démons, pas de panique ! » C’est ce qu’elle aurait voulu rajouté. Mais bien heureusement ou non, qui sait, elle ne le fit pas, trop consciente que cette phrase ne rassurerait pas son compagnon de voyage et qu’en plus de ça, il la prendrait surement pour une folle si elle lui expliquait vraiment ce qu’elle voyait. Après tout, on ne croise pas tous les jours sa propre version miniature qui saute par la fenêtre du deuxième étage ou dans le cas présent, vient de passer dans la rue, derrière le dos de son ami, obligeant la brune actuelle de se hisser le plus discrètement possible sur la pointe des pieds pour regarder par-dessus l’épaule robuste d’Aime et suivre son souvenir des yeux…Non assurément, on ne la comprendrait pas et elle passerait pour une folle. Mieux valait qu’elle garde ça pour elle.
De toute façon, son ami les redirigeait déjà vers l’auberge.


mm… tu sais que j'ai mon domaine à Etampes et… j'aimerais te proposer.. enfin .. plutôt de demander quelque chose.

Kirika tourna son visage vers Aime et haussa un sourcil.

Me demander quelque chose ?

Les amis passèrent la porte de l’auberge et la brune, après avoir murmuré à Aime « attends, deux secondes je reviens », alla directement commander quelque chose à boire avant de s’installer à une table pour attendre leurs boissons. A ce moment-là elle se tourna de nouveau vers son ami.

Vas y je t’écoute, que ce passe-t-il ? C’est quelque chose de grave ?

Qui a dit que Kirika était d’un naturel pessimiste ? Et bien celui qui l’a fait avait parfaitement raison !
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Aimelin
[Macon - dans l'auberge]


Un sourire sur le visage du jeune homme pendant qu'elle lui parlait. Mais quelque chose le chiffonnait à chaque fois qu'il la regardait, sans qu'il n'arrive à savoir quoi. Ils se connaissaient depuis tant de temps, qu'il finissait par être habitué à ses silences, à ses rires, et s'il y avait une chose qu'il n'aimait pas, c'était poser des questions.

Rares étaient les fois où il posait des questions sur la vie personnelle de ses amis, et rares étaient les fois où lui-même se livrait à cœur ouvert.
Il restait souvent dans le domaine du vague, maniant l'humour afin d'éviter certaines discussions qui le touchaient davantage. La Vicomtesse Terwagne, durant leur petit tête à tête dans cette salle d'archives de la Cour d'Appel, avait réussi un véritable exploit en le faisant se dévoiler ainsi.


Ne t’inquiètes pas…Je…Je vais bien je t’assure…

Sa réponse ne le rassura guère mieux mais il évita de le montrer. Il ferait un peu plus attention dans les jours qui viennent et il arriverait bien à percer ce voile qui parfois obscurciçait le regard gris de sa brune amie.

Il s'était légèrement tourné lorsqu'il lavait vu regarder par-dessus son épaule et ne l'avait pas questionné, s'étant contenté de la prendre par les épaules pour la conduire à l'intérieur de l'auberge. Il avait mis la curiosité de la jeune femme sur le passage d'un homme qu'elle avait du remarquer.

Assis en face d'elle, il jetait de temps à autres des regards à "pas plus haute que trois pommes" qui se murait dans son silence, le rompant parfois pour lui dire que de toute façon, il ne se débarrasserait pas d'elle et qu'elle ne laisserait jamais sa mère partir seule avec lui. Des mois qu'ils étaient en chemin, des mois qu'elle ne lui adressait la parole que lorsqu'elle était obligée.


Vas y je t’écoute, que ce passe-t-il ? C’est quelque chose de grave ?

Il sourit et se leva pour s'installer en face d'elle, jetant de temps à autre un regard à Angélique.

ho oui des choses tres tres graves, tellement graves que je ne sais comment t'annoncer cela...... il la regarda avec un faux air soucieux tout en prenant sa chope entre ses mains et la regardant quelques secondes.

Il leva les yeux vers elle.


rassures toi je ne vais pas me marier et donc je ne vais pas te demander d'être mon témoin.
Je ne vais pas non plus aller en prison, enfin je ne crois pas et si c'était le cas je connais une juge d'une beaut
.... hésitation... tres efficace qui me conseillerait ... regard vers la fillette ... puis ça ne concerne pas non plus pas plus haute que trois pommes rassures toi.

En fait ... ... il prit un air mystérieux et se pencha un peu au dessus de la table apres avoir regardé autour d'eux et baissa la voix... tu sais que je suis noble... il grimaça sans la lâcher du regard... et un bon seigneur se doit d'être un bon combattant.... il reprit une position normale... je dois donc m'entrainer régulièrement et j'ai besoin d'un maitre d'armes..

Il lui fit un de ses plus beaux sourires et but une gorgée de sa chope sans la quitter des yeux.

veux tu ... m'épouser ? ... non c'était bien trop tôt et puis ils n'étaient que des amis... devenir le maitre d'armes du Domaine ? et plus simplement celle qui veillera à ce que je ne me rouille pas trop de ce côté là ?

Il connaissait son habileté en tant qu'ancien soldat et pour lui, cette fonction lui irait parfaitement du moment bien entendu qu'elle lui plaisait.
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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
--Gustave_


[Bourgogne, fin février ]

Il était où encore ce gamin. Tantôt à aider ce duché, tantôt à manier l'épée avec une inconnue, tantôt à ballader avec la jolie brune... il allait le faire devenir chèvre, ce qui arrangerait sans doute la Vicomtesse Vanyel qui aurait là une source pour ses bons fromages, ceci étant dit.

Tandis qu'il soupirait tout en finissant de préparer la charette afin de se rendre à Etampes avec son chargement, un gamin lui apporta un pli.


- pour le Seigneur pi' parait qu'c'est urgent
- urgent ? donnes moi ça bonhomme


Il tendit la main mais le gamin tenait bon la missive et n'avait pas l'air de vouloir la lâcher.

- ben tu m'la donnes ?
- j'ai usé mes chauss' moi à trainer partout


Regard sévère.

- un écu c'va pas vous ruiner

Gus sortit une pièce qu'il tendit sans la lâcher lui non plus. Le gamin afficha un large sourire et se dépêcha d'échanger le parchemin contre un écus sonnant.

- m'ci m'sieur

Le vieil homme reporta son regard sur le pli. Le sceau de la Duchesse de Saint Florentin. Pour sûr qu'il fallait qu'il la remette à Aime le plus vite possible. Et le voila parti pour l'auberge où il sait le jeune gars. Il ne fallut qu'un seul tour d'horizon pour le dénicher en tête à tête avec Kirika.
Une toute petite hésitation avant de s'avancer vers les deux jeunes gens.


- Aim' je te cherchais, j'ai un pli de ta Suzeraine et quel'qu'chose me dit qu'c'est urgent
Aimelin
[Macon - dans l'auberge]


Lorsque Gus le cherchait ça n'était jamais anodin, et lorsque Gus faisait cette tête, Aimelin réagissait de suite.

- Dotch ? donnes moi ça

Il parcourut le contenu de la missive, prit un air soucieux et leva les yeux vers la jolie brune qui lui faisait face.

- mmm... je crois que nous parlerons de tout ça en chemin... nous allons visiter l'Orléanais, ça te dit ?
Levée de ban par la Reyne, nous devons rejoindre Patay.


Regard vers la gamine qui buvait sa tisane en silence. Il n'aimait pas emmener une fillette au milieu d'une guerre ou de menaces, mais il savait qu'il ne la séparerait pas de sa mère. Il tenta une approche.

- veux tu rester avec Gus à Etampes ? nous t'y rejoindrons dès que possible.
Si tu viens, je vais te trouver une épée à ta taille et bouclier, mais tu resteras à Patay dans une auberge.
- je n'ai pas besoin d'arme, les grands ne m'attaqueront pas. Et puis j'ai mon p'tit chat pour me défendre et mes couteaux en bois.
- si tu as tes couteaux en bois, alors je suis rassuré
petit sourire
- et puis si tu veux me perdre, faudra trouver autre chose, je laisse pas maman toute seule avec toi !

Il ne savait pas s'il devait sourire ou avoir le coeur serré. Il savait que ce n'était pas un manque de confiance mais un appel au secours. D'un autre côté il était rassuré de l'emmener avec eux pour l'avoir à portée du regard. Un regard entendu à la fillette et à sa mère avant de se lever.

- hé bien préparons nos affaires et mettons nous en chemin.

Regard vers Gustave.

- rejoins le domaine, je te ferai savoir où nous sommes.

Et les trois voyageurs s'étaient remis en marche pour Patay, puis Mortagne qui vit leur arrivée le premier jour du mois de mars.
Peu de jours dans la lance de la Comtesse Diane de Cheroy avant d'être démobilisés, et de pouvoir enfin prendre la direction de la Champagne, non sans une petite halte aux joutes des Grandes Ecuries Royales, d'où il était ressorti vainqueur, faisant honneur à sa Suzeraine Dotch de Cassel, à la Champagne et même au Béarn. Ascension sans faille durant ces joutes, des éliminatoires jusqu'à la finale qu'il remporta face au Comte de Lille. Pied de nez à cette vie qui l'avait souvent blessé, et qui lui apportait la victoire, face à l'un de ceux qu'il avait combattu en 1456, dans une armée aux portes de Compiègne, durant la guerre Champagne Artois. La vie était ainsi faite d'étranges rencontres.

Comme cette autre rencontre avec Aliénor Vastel, fille de feu Magdeleine d'Assas Dame de Pomponne, une amie connue lorsqu’il vivait en champagne et disparue depuis. La ressemblance l'avait frappé après qu'ils aient pu discuter tranquillement et il avait fait la promesse de passer la voir lorsqu'ils seraient dans son Duché.




[Fin mars, la Champagne, Troyes, une taverne]

" Au point du jour, souvent en sursaut, je me lève,
Éveillé par l'aurore, ou par la fin d'un rêve...
V. Hugo"



Et c'était fait, une partie de la promesse était tenue, ils avaient foulé le sol champenois aux derniers jours du mois de mars.

Il était étrange de revenir sur ces terres apres tout ce temps passé en Béarn. Son dernier passage remontait en décembre 56 lorsqu’il était venu avec Quasi revoir les terres où ils avaient vécu chacun de leur côté. Souvenirs, rencontres, moments bien agréables, qui pourtant jamais ne reviendraient.

Compiègne : Magd, Ysa, Lily accompagnée de Pompoko, Malt et Richard. Que le temps était passé depuis, et que de douleurs avaient déversé leurs larmes en fines goutelettes depuis ce jour de décembre. Des ruptures, des disparus, des vies qui s'échappaient comme les fumées légères qu'emporte la brise.

L'Auberge où ils étaient descendus était silencieuse en ce début de matinée. Seul le crissement léger d’une plume troublait quelque peu le silence reposant de la grande salle.

Installé à une table, simplement vêtu de braies et chemise aux tons gris, le jeune homme avait déposé sa besace sur le côté, avait sorti plumes et parchemins, et s'appliquait à écrire, comme il le faisait souvent lorsqu'il trouvait un moment de calme.
Une fine bande de lumière tombait droite et blanche sur le parchemin où courrait sa plume hésitante, qui s’arrêtait par moment comme pour reprendre son souffle, pour ensuite continuer sa promenade, dessinant les mots qu'il s’appliquait à coucher sur sa missive, comme autant d'arabesques folles.

La rencontre avec Stephandra, de la Garde Royale, et leurs discussions où il avait eu la surprise d'apprendre qu'elle connaissait Russo et Vanyel, lui avait rappelé qu'il n'avait pas écrit à cette dernière depuis trop longtemps. Il leva les yeux, revoyant défiler devant eux ce mandat de Coms que son amie la Comtesse d'Ossau avait fait en Béarn en mai de l'année dernière, alors qu'il était connétable pour la deuxième fois après avoir servi Gnia, et qu'il était également au commandement de l'armée Balaguèra basée à Pau.
Reportant son attention sur le parchemin, il reprit sa missive, il devait lui parler des joutes, elle serait heureuse. La jeune Comtesse était l'une de ses plus chères amies, de celles qui étaient là sans rien dire, et savaient trouver les mots lorsqu'il le fallait. Elle avait été l'une des premières à lui répondre lorsqu'il lui avait annoncé la terrible nouvelle apres la disparition de Dance et sa missive avait rejoint celles qu'il gardait précieusement dans son coffret de bois.

La plume stoppa encore son envol tandis que les yeux gris suivirent quelques instants les petites poussières jouant dans la lumière et tournoyant autour d'elle. Un sourire éclaira son regard qui se porta alors vers la fenêtre ouverte à côté de la table à laquelle il s’était installé. Les mots de Vany tournoyaient comme les petits particules en lui murmurant…
"…elle nous regarde en souriant du paradis solaire. Je suis persuadée que l'on pensera ainsi à elle, lorsqu'un blond rayon de soleil viendra jouer avec nous…"

Un sourire, sans doute idiot pour qui entrerait et le verrai sourire aux anges, même s'il se demandait souvent comment il arrivait à vivre sans elle, elle qui avait creusé un gouffre immense dans lequel souvent il se noyait. "Souris comme j’aurais aimé te voir sourire, aimes comme j’aurais aimé pouvoir t’aimer.".
Sourire il y arrivait, aimer il ne pouvait pas, il se l'interdisait. Alors il se perdait aux bras des femmes, changeant de bras comme l'on change d'air, refusant les demain, promettant les jamais, fuyant lorsque l'une d'entre elles tentait de lui faire oublier sa promesse. Moments éphémères qui le rendaient plus forts au fil des semaines et amenaient doucement des sourires sur ses lèvres. Mais il savait que le chemin jusqu'à la sérénité serait encore long.

Il relut sa missive, enfin satisfait et la plia soigneusement avant de s'appuyer nonchalemment sur le rebord de la fenêtre, leva les yeux vers le bleu du ciel dans lequel s’effilochaient quelques nuages légers et blancs, que la brise promenait doucement, et repensa à d'autres missives promises.

Un regard autour de lui. Depuis son arrivée à Troyes, il avait rencontré quelques personnes en trainant un peu le soir en taverne, et puis il avait retrouvé Aliénor. Heureux de se revoir, ils partageaient leur temps entre discussions diverses entremêlés de rires, et l'évocation de quelques souvenirs.

Et puis chose étrange, la Champagne avait elle aussi maille à partir avec quelques animaux, non à poils mais à plumes. Ni des ours, ni des lions comme ce fût le cas en Béarn, mais des canards. Aime avait haussé les sourcils en entendant parler de tels volatiles et il avait pensé que peut être … rôtis… ça ne ferait pas un mets si désagréable que ça. Il avait donc affuté son épée et participait lui aussi à la chasse aux canards. Pensif, il se demanda comment il occuperait sa journée avant de rejoindre son groupe pour patrouiller dans la ville la nuit tombée.

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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
Aimelin
[Troyes, fin mai et fin d'apres midi]

"Il n’y avait d’éveillé dans toute la chambre
qu’une grande bande de lumière qui tombait droite et blanche entre les volets clos,
pleine d’étincelles vivantes et de valses microscopiques…"
[A. Daudet - les vieux]



Une brève réponse... tant brève que le jeune lieutenant retourne le parchemin pensant que la suite est écrite au dos. Haussement de sourcils tandis qu'il lève les yeux vers le plafond de sa chambre baignant dans une douce pénombre en cette fin d'apres midi de mai, où la chaleur commence à poindre le bout de son nez. Seuls quelques éclats de voix émanant de la place devant l'auberge, se faufilent entre les volets presque clos et la fenêtre ouverte, pour venir chatouiller l'oreille du jeune homme simplement vêtu de braies, allongé sur le lit où il savoure la tranquilité des lieux et la fraîcheur de sa chambre.

Un petit trait de lumière empli de poussières qui dansent en folle farandole lui tient compagnie et s'amuse sur ses yeux, le faisant grimacer doucement tandis qu'il fixe une mouche qui vient se poser sur l'une des poutres du plafond. Une mouche… petit insecte volant qui se faufile partout, entend, va et vient sans que personne ne se rende vraiment compte de sa présence, sauf lorsque celle-ci devient gênante et qu'un geste de la main la chasse pour l'éloigner, quand ce n'est pas pour mettre fin à ses jours. Combien de temps vit une mouche… sans doute guère. Doit elle en entendre des secrets et des confidences, doit elle en voir des choses.

Ses pensées s'envolent, comme la mouche qui décide de changer d'endroit pour venir se poser sur un coin d'armoire, suivie par les prunelles grises.

Terwagne… Elle semble bien soucieuse, c’est ce qu’il devine à travers ses écrits. Il a suffisamment échangé de missives avec elle, pour arriver à lire ce qu'elle ne dit pas. Un peu comme avec Aliénor, ou parfois, nul besoin de mots pour échanger et se comprendre. Etrange comme un lien peut se faire si fort avec certaines, qu'il permet de lire ses non dits. Froncement de sourcils tandis qu'il pose le parchemin sur son ventre, le gardant entre ses doigts. Va t elle accepter de se livrer davantage lorsqu'elle sera face à lui, comme dans cette salle d'archives où petit à petit les deux s'étaient laissés aller aux confidences, à demi voix, à demi mots.

Leurs échanges de courriers lui reviennent en mémoire. Il se souvient lui avoir écrit que "seul le coeur peut mettre quelqu'un dans un tel état". Le coeur... le sien commence à peine à retrouver son apparence, tant il a volé en éclats lorsque sa blonde sénéchal a rejoint le très haut, le laissant précipité au fond d'un gouffre. Le ciel qui s'était ouvert à nouveau déchiré par des éclairs dans un fracas assourdissant, le monde qui s'était effondré tout autour, le vide, le noir, ne plus rien voir ne plus rien entendre, ne plus comprendre ce qui lui arrivait, et cette vie qui le quittait doucement. Cette folie qui remplaçait l'amour et le faisait s'éloigner des autres comme pour le punir de quelque chose qu'il n'avait pas fait. Pour oublier cette solitude qui lui glaçait le sang et l'empêchait de respirer, il s'était plongé dans son travail, s'était enfermé à nouveau dans son silence et sa souffrance.

Voile qui descend sur le regard gris qui semble scintiller sous le petit rayon de soleil, à moins que ça ne soit une larme qui glisse silencieuse et traitre le long de sa tempe pour venir se poser près de lui... seul le coeur peut mettre quelqu'un dans cet état.

Il espère bien qu'elle lui parlera, ou peut être à la blondinette qui sait écouter et comprendre elle aussi. Il ferme les yeux, il a encore une paire d'heures devant lui avant de descendre se joindre aux vivants.

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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
Aimelin
[Troyes, le 17 juin, fin d'apres midi]

"Tout ce vacarme taché de larmes
Jusqu'au bout désarme
Tout n'est pas dit, à peine décrit,
Tirés de l'oubli
Le temps de dire, le temps de taire,
Le temps de faire juste reconnaissance,
Le temps d'entendre juste un peu de silence."
(Calogéro - Juste un peu de silence)



Une brève missive, un peu comme une excuse, un peu comme un appel. Souriante et détendue, et puis si distante et si triste. Dieu qu'il détestait voir celles qu'il aimait si triste ou si colère après elles mêmes. Devant pareille situation il se sentait impuissant. Devait il laisser parler son coeur et dire tout ce qu'il recelait de non dits et de choses qui le faisaient vivre depuis ce maudit jour de juillet où sa raison de vivre était partie, l'entrainant avec elle dans un tourbillon sans fin de nuits blanches et de folles pensées d'où il n'arrivait plus à sortir. Nuits et jours qui se ressemblaient, vides, creux comme ces troncs d'arbres que les saisons ont laissé sans vie et qui meurent lentement le long des sentiers, troncs que l'on voit, que l'on enjambe sans y prêter d'avantage attention, sauf lorsqu'ils nous font chuter.

Sourire fatigué tandis qu'il fermait les yeux, revoyant ce jour d'automne et cette fameuse chute dans la forêt béarnaise dûe à l'un de ces abandonnés.




[retour arrière, automne 57, Béarn]


Cela faisait quelques jours que l’envie d’aller débusquer quelque gibier trottait dans la tête du jeune boulanger. Il avait profité de son petit séjour à Tarbes non loin de ses amies pour arpenter les chemins tout autour de la ville, son arc accroché à la selle d'Altaïr. Ce matin là il fait assez froid quand il quitte l’Auberge pour une ballade. Veste chaude enfilée sur sa chemise, ses gants de cuir pour le protéger du froid, le ceinturon de son épée lui aussi accroché à la selle pour être libre de ses mouvements, il prend la direction du chemin qui part sur Pau, avec pour seule compagnie, le bruit des sabots qui martèlent doucement le sol.

Il s'est arrêté. Regard gris qui fixe droit devant lui. L’étalon renâcle tandis que le jeune gars caresse doucement son encolure en murmurant.


- tout doux Altaïr… regarde moi ça là bas… une belle famille de cochons sauvages… et à portée de mes flèches.

Sans quitter le gibier des yeux il saisit son arc et attrape un trait dans son carquois accroché à sa selle. La flèche encochée, sa main tient l’arc avec souplesse mais sûreté, ses doigts ramènent doucement la corde vers sa joue. Concentration de quelques secondes avant qu’un bruit sec accompagne la course du trait vers l’animal le plus petit lorsqu’il lâche la flèche.
Panique dans la famille des cochons qui prend la poudre d’escampette. Mais le dernier traîne, il l’a touché. D’un geste rapide sa main replace l’arc, pour le remplacer par les rênes qu’il maintient un instant le temps de suivre des yeux la direction que prend le petit troupeau affolé.

Un petit sourire, sa main relâche enfin les rênes, ses jambes se serrent à peine… l’étalon bondit et se lance au galop. La battue et les premières foulées arrachent du sol de petits cailloux qui volètent de chaque côté.


- YYEEAAARRRR…Allez mon beau…Va !

Le rythme des sabots qui frappent le sol encore froid s’accélère sans arrêt. Tel une arme secrète, l’animal déploie tout son pouvoir ; ses foulées sont incroyablement longues et rapides. Grand galop, vent dans le visage et dans les cheveux, sourire insatiable de plaisir, sans quitter les fugitifs des yeux. Ils disparaissent au virage que fait le chemin au devant d’eux.

Aime se redresse légèrement, tire doucement les rênes vers lui pour faire ralentir sa monture qui ne semble pas spécialement d’accord après avoir goûté à ces quelques minutes de liberté. Devant, le chemin... sur la droite, une sente qui serpente entre les arbres pour rejoindre le chemin un peu plus loin en contrebas. Altaïr pivote sur lui-même, sent son cavalier prêt à repartir et piaffe. Les yeux rivés sur la sente, un petit sourire qui s’affiche… à nouveau un tour sur place. Une fraction de seconde avant de lâcher sa monture qui bondit de plus belle et fonce vers le sous bois.
Il faut accélérer. Tout en laissant Altaïr exploser d’énergie, le jeune gars gère sa trajectoire. Il le retient un instant pour contourner quelques troncs d’arbres avant de le laisser bondir à nouveau. Il ne fait qu’un avec son cheval, malgré les branches basses, les tours, les détours, il semble collé à sa selle et ne se fait obéir que des mains et des jambes par l’étalon. Voila qu'il commence à pleuvoir, une petite pluie fine et froide qui n'arrête pas la course de l'animal.

Jubilation du cavalier quand il aperçoit le chemin à quelques dizaines de pas en dessous… et le petit troupeau qui continue sa course folle droit devant.


- yep yep !!! allez Altaïr plus vite plus vite !!!

Sourire triomphant quand ils déboulent sur le chemin à quelques enjambées du dernier animal. Sourire qui s’efface un instant. Droit devant eux à bonne portée de course un arbre est tombé et barre le passage.

Il se penche en avant, lâche pratiquement les rennes et laisse libre court à la folie de son étalon. Une battue et celui ci bondit, le cavalier décolle avec lui pour se réceptionner de l’autre côté où il reprend les rênes un sourire victorieux sur les lèvres. Petit regard en arrière avant de reporter son regard au-devant et d’écarquiller les yeux.

Il n’a pas le temps d’anticiper le saut pour un autre arbre couché en travers du chemin… il est trop assis alors qu’il devrait être penché en avant…

L’étalon saute, la réception est terrible. Aimelin perd l’équilibre et ses pieds quittent les étriers que la pluie a rendu glissants, il tombe en arrière, sa monture se dérobe sous lui, et il roule sur le chemin pour atterrir à plat ventre dans l’herbe. L’étalon surpris de ne plus sentir le poids de son cavalier calme son galop avant de s’arrêter, pour revenir à côté du jeune gars allongé, les yeux fermés, la face contre terre.




[Troyes, retour dans le présent]

"Rien d'important que l'essentiel,
Une mesure absente.
Un rien laissé à la portée
D'une vie impuissante"
Le temps d'écrire le temps d'entendre
Le temps de faire juste reconnaissance
Le temps d'entendre
Juste un peu de silence."



Ce tronc d'arbre il en souriait maintenant, et l'avait oublié, comme il avait oublié ce vide qui avait empli sa vie après la disparition de Dance. Combien de fois avait il souhaité mourir, combien de fois avait il rêvé de vivre.
Son envie de vivre avait pris le dessus avec cette décision que plus jamais aucune ne lui dicterait le chemin que doit suivre son coeur. Aimer, souffrir, détester. Combien de fois avait il résisté, combien de fois s'était il laissé emporté par le tourbillon du plaisir et des histoires sans lendemain. Certaines n'étaient plus là, d'autres l'étaient encore, faisaient parties de sa vie ou de ses amies, n'attendant rien d'autre que des moments fugaces où l'on ne pense plus à rien si ce n'est au moment qui passe à portée de nos yeux.

L'une d'elles prenait doucement le dessus sur les autres. Il luttait et se laissait aller, il pestait et adorait. Il savourait chaque moment, chaque seconde où le présent le rappelait à l'ordre. Fais attention, protèges toi, rappelles toi ta promesse de ne plus te laisser détruire par la vie qui se joue de toi. Il savourait chaque moment où leurs rires et leurs regards leur rappelaient leur non promesse. Une non demande en mariage : et ils ne se marièrent pas et n'eurent donc point d'enfants, du moins ensemble, mais ils vécurent heureux à vivre leur passion, à se mélanger et se fondre, pour ne pas que la vie les rende tristes et vides de sentiments. Ils étaient heureux dévorant le présent, les envies et le bonheur de lire tous ces non dits dans les yeux de l'autre.

Pourquoi n'arrivait elle pas à faire comme lui, à le voir ainsi et non comme un gars qu'elle respecte trop pour quoi que ce soit. Savait elle l'importance qu'elle avait pour lui. N'était il pas assez libre pour qu'elle se confie à lui. Combien de mots silencieux avait il laissé échapper ce jour là dans cette salle d'archives alors qu'elle lui parlait de cet amour qu'elle vivait, alors qu'il parlait de cet amour qu'il avait perdu. Il l'avait observé pendant qu'elle regardait dehors, au dela des toits. Il s'était approché jusqu'à la frôler de son souffle, entrouvrant pour elle la porte de sa vie qu'il avait pourtant fermée à double tour durant des mois.

Sans doute un jour voudrait il à nouveau rêver, sans doute un jour voudrait il à nouveau voir au loin et promettre, et ce jour là, il aurait sûrement peur, peur que celle qui lirait dans ses silences à ce moment là, ne voit aussi loin que lui.

Alors il vivait aujourd'hui, il prenait, il donnait, et si elle le voyait de là haut, elle devait sourire.. "souris comme j’aurais aimé te voir sourire, aimes comme j’aurais aimé pouvoir t’aimer..". Il aimait outrageusement, dévorant la vie de peur qu'elle ne le laisse à nouveau vide et creux comme ces troncs d'arbres sans vie sur le bord des chemins. Il devait elle aussi la convaincre de vivre, et elle devait l'écouter.

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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
Aimelin
[Sainte Ménéhould, 26 juin]

"Mais il est un peu tard
Ote toi du chemin
Vagabond contre moi
Je vais la retrouver
Quelque part je la vois
Qui me touche la main
Y'a-t-il quelqu'un ? "
(Raphael - La Mémoire Des Jours)



Sainte Ménéhould. Dieu que ce simple nom réveillait en lui de grandes quantités de souvenirs à chaque fois qu'il le lisait ou l'entendait, des larmes et des rires, des rencontres aussi diverses les unes que les autres, allant du simple villageois qu'il était du haut de ses dix sept ans, à des nobles, qui à l'époque il fallait bien l'avouer, il ne portait pas en son coeur. Pour lui, noblesse était synonyme de mépris et d'indifférence... et d'ailleurs, il en était toujours persuadé, même quelques années plus tard, à la différence près c'est qu'il savait que tous n'étaient pas ainsi, parce que sa jeune vie lui avait fait cotoyer bon nombre de ces personnes. Et puis le destin avait voulu qu'il devienne Seigneur champenois, l'été 58, mais il était des choses que l'on ne pouvait refuser lorsqu'elles étaient offertes avec le coeur, et lorsque des liens vous liaient à certaines personnes. Il s'efforçait juste de ne pas changer, et il gérait son domaine de façon bienveillante.

Aux derniers jours de juin 56, le jeune ébouriffé avait quitté Sainte et la Champagne, tournant le dos à son passé, pour suivre son amie de toujours Shandra, la jeune veuve de Farell, en direction du Béarn comté que l'on disait florissant au sud du royaume, niché aux pieds des Pyrénées, afin de retrouver quelques champenois partis s'installer dans ce Comté, notamment Lara et Lily. Comté alors sous l'autorité de Juliano Di Juliani, premier Coms du Béarn. Peu de jours apres son arrivée, le jeune champenois avait intégré la Garde Comtale alors sous les ordres de Morphée von Frayner. Depuis il était toujours Lame, section inemployée mais non détruite... les mystères béarnais, et s'était dispersé entre fonctions comtales, Ost, Prévôté, mairie et quelques bêtises, le tout entrecoupé de deux belles histoires d'amour, dont la dernière avait fait voler son coeur en éclats lorsqu'Aristote avait rappelé à lui sa blonde en ce maudit jour de juillet de l'été dernier. Depuis, il vivait le présent, le mordait à belles dents sans jamais penser à plus loin, de peur que le sort ne prenne encore un malin plaisir à tout détruire.

La Champagne, il n'y était revenu qu'en décembre de cette même année 56 avec Quasi, lors d'un voyage où il avait retrouvé Malt et Richard, Francis de Joachim, Lily et Pompoko elles aussi en voyage, Ysa et Magdeleine. Et le destin s'amusait avec lui encore et encore le faisant revenir en Champagne ce printemps de l'année 59 pour y retrouver Aliénor, la fille de Magd.

Sainte Ménéhould. Il faisait chaud en ce début d'apres midi de fin juin, et le regard gris du jeune homme balayait le paysage qui s'offrait à ses yeux. Altaïr renâclait un peu, à l'embranchement de la voie de Compiègne et de Reims, et de la rue Chanteraine et sentier des Prés, tandis que son cavalier semblait hésiter. La rue Chanteraine descendait vers le lac, le sentier des Prés montait vers son moulin et l'ancienne maison Farell.

Laisser tourner Altaïr sur lui même, comme pendant ces secondes qui précédaient le moment où il s'élançait sur la lice. Hésitation du jeune lieutenant alors qu'il suffisait d'un simple geste de sa main pour qu'il descende vers la lac et ses souvenirs. Ce jour de mai où il avait dû se baigner nu pour aller récupérer Sosso qui dérivait dans sa barque, et puis les rires de Shan, qui cachée derrière un buisson, lui avait accroché ses braies dans un cerisier. Un sourire sur ses lèvres, en repensant à ces fins de journées et aux rires qui les accompagnaient souvent. Le temps de l'insouciance.
La taverne de la Famille, sa cousine Loïs et d'autres visages qui apparaissaient tandis qu'il chassait certaines images bien moins agréables, en caressant l'encolure de son étalon et que d'un petit mouvement de la main, il se décidait à le faire s'engager pour gravir le sentier des Prés.

Etrange impression de revenir seul avec pour toute compagnie le chant de la rivière qui dévalait pour plonger dans le lac. Une taverne à la place de l'ancien moulin de May, au 5 rue des moulins, devant laquelle il ne s'arrêta pas, et puis la maison de Shan sur la droite du sentier des Prés, où il fit stopper l'étalon, le temps de laisser son regard parcourir la bâtisse à l'abandon et ses alentours.
Des images qui se bousculaient, comme ce soir de juillet 55 après cette terrible journée en enfer* et le visage de sa blonde amie, dont il n'avait plus nouvelles aujourd'hui apres qu'elle soit partie voyager. Abandonnant ses rêveries il remit Altaïr en marche pour se diriger vers le moulin qu'il apercevait à quelques foulées un peu plus haut sur la gauche à travers les arbres. Il n'y était revenu qu'avec Quasi, et seulement pour deux nuits. Il avait trouvé un ancien meunier qui passait de temps en temps s'occuper du moulin et le garder en état, Aime avait tenu à ce qu'il reste comme il était.



[Le moulin fournil de la rivière]

Le portail de bois devant lequel il s'arrêta, était toujours fermé par un crochet de fer. Maintenant qu'il avait son domaine en Champagne et qu'il y venait régulièrement, il lui faudrait s'occuper du moulin également, mais le courage lui manquait. Trop de souvenirs. Il mit pieds à terre et souleva le crochet avant de pousser le portail qui émit un grincement, comme s'il se lamentait de cette main insolente qui venait le déranger dans sa solitude. Les rênes de l'étalon dans une main, il s'avança d'une dizaine de pas face à la Bâtisse et s'arrêta à nouveau, ses yeux gris parcourant la façade avant d'obliquer vers la droite, du côté de cet arbre qui abritait toujours le banc de pierres, puis son regard glissa encore un peu plus à droite, à quelques pas en retrait, vers une petite croix de fer gravée de trois étoiles qu'il devinait au milieu de quelques fleurs sauvages.

Il ferma les yeux quelques secondes pendant que l'étalon s'amusait avec ses cheveux, le bousculant doucement comme pour le faire réagir. Ce terrible matin de janvier revenait sans cesse à chaque fois qu'il revenait ici. La neige, le calme, et puis les cris, ces images, cet homme qui avait dévalé les escaliers, la peur qui lui avait broyé l'estomac avant que la douleur ne le pousse à tuer celui qui venait de transformer son avenir en passé. Il s'était ensuite écroulé dans la neige avant de venir se réfugier dans les escaliers où Sosso l'avait trouvé quelques heures plus tard, inquiète de ne pas le voir. **

Il inspira un grand coup et s'avança vers le moulin, laissant Altaïr livré à lui même. La grosse clé en fer était toujours à la même place sous sa pierre. Une hésitation avant de la faire tourner dans la serrure et de pousser la porte.





* RP "Une journée en enfer"
** RP Un beau soir l'avenir s'appelle le passé
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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
Aimelin
[Sainte Ménéhould, Moulin fournil de la Rivière, le 26 juin]

"Sans drame, sans larme
Pauvres et dérisoires armes
Parce qu'il est des douleurs,
qui ne pleurent qu'à l'intérieur
Puisque ta maison, aujourd'hui c'est l'horizon
Dans ton exil, essaie d'apprendre à revenir
Mais pas trop tard…"
(J.J. Goldman - puisque tu pars)




Les yeux gris s'étaient perdus sur le torrent dont le doux clapotis de l'eau contre la roue du moulin, accompagnait la lente ondulation de la frêle embarcation de bois attachée au petit ponton sur lequel il se trouvait.

Des yeux qui fixaient la rive opposée, pensant à ces galets quelque part, qui avait ricoché et défié le courant pour aller se poser sans mal sur l'autre berge. Ce moulin que la mère Léonie leur avait cédé pour quelques centaines d'écus et que May avait fait découvrir à Aime ce matin de début septembre 55. Leur moulin, leur maison… là où personne ne viendrait leur chercher problèmes. Cette bâtisse où il avait si souvent parlé, rit, murmuré, aimé.
Un voile descendait lentement sur ses yeux tandis que le petit vent qui soufflait faisait danser ses quelques mèches folles, un peu comme des petites flammes parfois calmes et puis reprenant un peu plus d'ardeur la seconde d’après. Il ferma les yeux quelques secondes pour chasser ce visage dont le sourire oppressait son cœur. Une chevelure brune, des yeux couleur noisette et un sourire permanent, devenu bien trop rares les dernières semaines de cette année 55. La fatigue, la lassitude, les tourments. Bien des personnes s'étaient acharnées sur elle, sur eux, comme s'il dépendait de leurs vies que le jeune couple ne puissent vivre en paix. Comme il les avait haïs de toutes ses forces, de toute son âme.

Après la disparition de Mayane et des jumeaux, et à son retour de ces quelques jours d'une chasse à Torras infructueuse, il était revenu dans ce moulin fournil de la rivière, il avait gardé la taverne de "La Famille" et y passait ses journées, essayant d'oublier le vide qui faisait échos à ses pensées.

Et puis peu de jours après, par une fin d’après midi, elle était venue le voir dans sa taverne. Sur le qui vive, le jeune meunier qu'il était l'avait regardé entrer.


- bonjour Aimelin… je viens vous voir parce que j'ai un gros problème
- un problème … à la mairie ?
- mm.. non… j'ai.. mon perchoir s'est cassé
- je peux vous en refaire un autre, il n'y a pas de soucis.


Le perchoir… un sourire se dessina sur ses lèvres à cette pensée. Il se revoyait entrant dans le bureau de Malt, alors Maire de Sainte, et poser le perchoir devant elle en lui disant que c'était un cadeau. Il revoit son air surpris, puis amusé et après échange de quelques mots sans éclat de voix, il était ressorti aussi simplement qu'il était entré, le coeur léger.

Et cette apres midi là, dans cette taverne, pourquoi ce trouble face à cette jeune femme qu'il avait haï du plus profond de son être. Ils avaient parlé longuement, s'étaient un peu découverts. Qu'il était étrange de détester quelqu'un que l'on ne connaissait pas. Elle était revenue la journée suivante, et il lui avait fait part de son départ le lendemain, pour Conflans, afin de rejoindre l'Armée Farell qui causait quelques soucis au Duché. Le chef d'armée lui avait parlé de ses projets de botter les fesses de la noblesse champenoise, et en voulant rejoindre Shandra, Aimelin pensait qu'il pourrait le convaincre de laisser la Champagne tranquille.
Sachant son départ, elle était venue le voir le soir au moulin, et n'en était repartie que le lendemain matin, non sans l'avoir mis en garde contre ce qu'il allait faire.

Conflans…il avait rencontré le chef d'armée mais un témoignage disant l'avait vu parlé à l'homme, allait entrainer peu de jours apres, sa mise en procès. Intégré dans l'armée le dimanche, il en était reparti le mardi, ayant eu l'impression de parler à des murs. L'armée était basée à Tonnerre avec promesse de ne faire aucune violence, mais il en était parti. Ca n'était pas dans ses convictions de semer le trouble gratuitement. Quelle folie l'avait donc prise de croire qu'il pourrait faire entendre raison à un fou. Quelques jours après son retour à Sainte, il avait reçu sa convocation au tribunal avec pour chef d'inculpation… haute trahison. Déjà…

Souvenir de cette discussion entre Malt et son amie Dame Pisan et de la promesse de cette dernière de lui botter elle même les fesses si elle le revoyait encore dans cette armée, même pour le bien de la Champagne. Témoignage de la blonde maire et recherches de cette promesse par le juge, Joffrey, lui avaient permis d'être acquitté. Se sentant une dette envers la Duché, il s'était engagé fin février dans l'armée pour prendre part à la guerre contre l'Artois, à Compiègne.

De fin février à fin mai, il avait occupé son temps entre les gardes sur les remparts, les batailles desquelles il s'était toujours sorti miraculeusement, et un travail d'infirmier à l'hospice de Compiègne, sous les ordres de son amie médicastre Belphegore et d'une autre femme médecin. Une courte liaison avec Mélissande, la louve, qui l'avait décidé à devenir Loup de Champagne en mars, et puis un retour à Sainte à sa démobilisation, continuant une liaison tumultueuse avec sa blonde, qui animait les moments d'une vie parfois trop calme.

Et puis ce concours de la rosière que Magdeleine alors présidente du comité des fêtes, lui avait demandé de présider. Concours rempli de moments savoureux et de dégustation de calva et madeleines, au milieu de tensions… tensions qui l'avaient décidé à accompagner Shan dans ce comté du Béarn, au sud du royaume. Fuir son passé, fuir ce qu'il n'avait pas le courage d'affronter.

Peut être était ce le fait d'avoir rencontré Aliénor qui lui donnait ce courage d'affronter ce passé depuis quelques mois, comme elle le faisait. Leurs discussions interminables, leurs peurs et leurs doutes de l'affronter, la promesse qu'ils se faisaient d'aider l'autre à passer ces épreuves que leur infligeait le temps. Un sourire en se demandant ce que faisait sa blondinette. Peut être était elle allée vers le lac, il attirait toujours tant de monde.

Comme il était étrange, que des qu'il posait les pieds à Sainte, tout ce passé revenait au galop. En décembre 56 il avait eu du mal à venir au Moulin et n'était resté que deux journées au village. Aujourd'hui, il se sentait la force de faire face à ces fantômes du souvenir. Il était entré dans la bâtisse, était monté à cet étage et avait ouvert en grand les fenêtres pour y laisser entrer la vie. La Léonie et son époux s'occupaient régulièrement de la bâtisse, et tout était en ordre, le temps semblait s'être seulement arrêté.

Il abandonna le ponton et fit demi tour, se dirigea vers l'arbre et vers ce coin d'herbe, où une petite croix de fer gravée de trois étoiles était plantée au milieu de quelques fleurs. Les yeux rivés sur les étoiles, il s'agenouilla, murmurant.


le moulin n'a pas changé tu as vu ? je te promets de toujours le garder et le faire entretenir.
Peut être un jour, résonnera t il de rires et de voix d'enfants.
je vous aime par delà le temps


Aurait il le même courage de retourner sur cette petite tombe dans ce cimetière qui borde le chemin qui mène vers les bois, à la sortie de Pau. Il ferma les yeux quelques instants avant de se relever et de se tourner face à la bâtisse. Il était des endroits où il aimait venir et revenir, où il aimait respirer cette odeur du passé qui l'aidait à vivre malgré tout, qui l'aidait à avancer… et ce moulin faisait partie de l'un de ces endroits chers à son cœur.

Un regard vers Altaïr qui avait cherché la fraicheur de l'ombre avant de se diriger vers lui, d'ouvrir une fonte pour en extirper quelques parchemins, de l'encre et sa plume, et de retourner vers le ponton, à cet endroit sous le grand hêtre dont il aimait à profiter de l'ombre.
Il s'adossa contre le tronc et entreprit de rédiger une missive à une jeune femme partie sans mot dire, et qui ne sortait pas de son esprit, comme ces rares personnes chères à son cœur, et qu'il n'avait pas envie de voir s'évanouir dans les méandres d'une vie parfois bien trop compliquée.**

Sa plume glissa lentement, hésitante, cherchant les mots justes, ceux qui lui donneraient envie de les lire.


Citation:
Sainte Ménéhould, le 26 juin 1459

Terwagne,

Ma plume me rappelle souvent à l'ordre afin de vous donner nouvelles, mais surtout afin d'en prendre. Depuis ce jour où vous êtes partie je ne cesse de penser à nos discussions, à nos rires et nos confidences, mais je ne vois que vos larmes et votre départ de cette taverne en nous promettant de ne pas oublier l'autre et de penser à lui.

Je tiens mes promesses et ne vous oublie pas, comment le pourrais je. Vous êtes l'une de ces rares personnes à laquelle mon coeur s'est attachée que vous le vouliez ou non. Ne pas vouloir voir les lendemains n'empêche pas le coeur de s'attacher aux personnes, aux lieux, à tout ce qui fait une vie. Aliénor m'a parlé de votre lettre avec un petit voile de tristesse devant les yeux. Nous aurions tant aimé sincèrement, que vous veniez avec nous, que vous puissiez vivre et profiter de ce présent comme nous le faisons, que vous nous fassiez encore rêver par vos mots, dans une course à la vie qui parait toujours bien trop courte.

Je pensais vous faire retrouver le sourire, je n'ai su que faire naître vos pleurs, incapable que j'ai été de vous donner toutes ces choses sans vous faire souffrir. Peut être que la vie me donnera tort un jour, et ce jour là mes larmes noieront l'encre sur mes parchemins. Mais une chose est sûre, je ne veux pas vous perdre, je ne veux pas perdre ce lien indéfinissable qui nous unit depuis cette discussion dans cette salle d'archives.

Il est des moments rares que l'on garde jalousement en soit, des moments que le temps n'efface pas malgré les sales coups qu'il peut nous faire. Je voudrais que vous vous rappeliez nos discussions et que nous puissions les continuer avec cette complicité qui fait que votre présence dans ma vie m'est aussi nécessaire pour vivre et avancer. Comment accepter que vous en sortiez alors que je vous ai ouvert les portes de ce passé qui me fait souvent me replier sur moi même. Le passé, le présent, tout ce qui fait que demain se construit au fil des jours.

Je ne sais si un jour vous me pardonnerez ces larmes que je n'ai pas su empêcher, mais je peux vous assurer que ce lien qui nous relie indubitablement ne cessera jamais d'être là pour moi. Je pense à vous, je m'inquiète de savoir si vous allez bien. Et quoi que vous disiez, quoi que vous fassiez, quels que soient vos silences, vous ne sortirez pas si facilement de ma vie et de mon coeur, où rares sont les personnes à y avoir pris place tranquillement.

Vous savez qu’Étampes vous est ouvert autant que vous le désirez, et si vous regardez au loin ces falaises, vous y verrez un petit bout de terre ferme sur lequel vous pourrez poser les pieds sans crainte de tomber.

Mon messager vous trouvera afin de vous porter ces mots que ma plume a couché pour vous sur ce parchemin.


l'ébouriffé


Ne jamais remettre à demain, ce que l'on a envie de faire dans l'instant. Regard qui parcourut à nouveau les mots et les phrases avant de se poser sur l'eau qui courait elle aussi, descendant chantante vers le lac afin d'y devenir bien plus paisible. Il espérait juste qu'elle lise ses mots écrits avec son coeur, qu'elle sache qu'il pensait à elle et ne l'oubliait pas.

Le messager envolé il repartit vers la bâtisse, avec l'envie de voir tourner à nouveau la roue et d'entendre le chant du grain qui s'écrase sous son passage.

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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
Aimelin
[Moulin fournil de la Rivière, le 26 juin]

"le visage plongé à terre
Clore un instant ses paupières
Pour chercher ce qui nous éclaire
Pendant ce temps
Le temps s'enterre"
(Calogero - Juste un peu de silence)



L'insigne de la prévôté tournait entre ses doigts, renvoyant par moment un petit reflet d'argent dans les yeux gris du jeune Lieutenant. Depuis combien de mois, d'années portait il ce petit insigne ? depuis le treize du mois de novembre de l'an 1456.
Un sourire éclaira à peine son visage à ce souvenir… Lara était maire de Mauléon.. Lara.. où était elle maintenant. Elle lui avait proposé d'aider le lieutenant en place, mikiss et il n'avait pas pu refuser. Les dossiers esclavagisme étaient devenus son quotidien, avec les courriers qu'il adressait aux Mauléonnais. Essayant d'éviter un maximum les procès il se démenait pour arranger chaque affaire… et puis le proc de cette époque dormait souvent et lorsque le jeune sergent allait le réveiller dans son bureau, il avait souvent à faire face au juge son épouse. Sourire malgré tout en repensant à ces moments. Et puis le sept décembre suivant, alors qu'il était parti en voyage et se trouvait à Argonne, il avait reçu missive lui annonçant sa promotion à lieutenant et aujourd'hui il l'était encore.
Une pause de quelques mois dans sa fonction, apres ses bêtises à Vae, et une reprise aux tous premiers jours de janvier de l'an 1458 en fanfare, avec plusieurs dossiers par jour, les lions et hérétiques s'amusant à lui faire user ses plumes. En compensation, il s'était fabriqué une belle collection de portraits qu'il avait dessiné suivant les fiches des vilains.

La prévoté… même s'il était encore lieutenant, en voyage, il avait perdu le goût de cette fonction après les attaques incessantes de la mégère et de celui qui lui servait d'époux. Bien sûr il restait en contact avec le Casteth de Pau, mais la passion du début n'y était plus, et il savait que cette fonction s'arrêterait lorsqu'il prendrait enfin la décision de s'installer ailleurs qu'en Béarn. Et cette décision trottait dans sa tête depuis pas mal de semaines, sans qu'il ne prenne de décision, ne voulant se presser.

Son regard balaya les lieux. Le Moulin-Fournil de la Rivière, son moulin... il y avait pensé bien des fois depuis ce maudit dix neuf juillet de l'été dernier. La bâtisse posée à quelques dizaines de pas de la rivière était au calme, seulement bercée par le bruit du torrent qui au fil des années avait creusé une marre bordée de cailloux, d'herbes et d'arbres, et sur lequel il avait bâti un ponton de bois auquel était amarrée une barque. Il s'était promis d'apprendre à pêcher aux jumeaux de May, Morgane et Gaël lorsqu'ils seraient plus grands. Mais la vie ne leur en avait pas laissé le temps.

La vie ne lui avait pas laissé le temps de tout faire, que ce soit en Champagne ou en Béarn. Combien de projets avait il fait, et combien avaient été anéantis. Depuis ce maudit jour de juillet, il refusait de penser à demain sachant que la vie se faisait un malin plaisir de tout détruire, et il préférait profiter du présent en y mordant à pleine dents. L'insigne passait doucement d'un doigt à l'autre pendant que le jeune seigneur fermait les yeux.

Comme il avait été fier de l'arborer, tout autant que son uniforme de Lame. Un pâle sourire s'afficha sur ses lèvres lorsqu'il repensa à ce jour du neuf août de l'année 56, lorsqu'il s'était agenouillé devant le Coms du Béarn, le Prince Juliano Di Juliani, sous les yeux de Morphée Von Frayner alors Connétable, pour lui prêter allégeance*. Il ressentait encore le contact de la main du Prince sur son épaule qu'elle avait serré fortement comme pour éprouver la résistance du jeune soldat.

Il se souvenait de ses moindres mots :
"Nous ne nous connaissons pas encore, Messire Aimelin et pourtant si vous êtes la, c'est que vos superieurs vous en ont jugés digne. Et comme je leur fait pleinement confiance, celle ci vous est également acquise. Suffisament pour vous permettre d'être armé en notre présence et de vous confier le soin de notre protection." .. le jeune soldat avait gardé ses yeux posés au sol de peur de se réveiller, alors que le Coms avait continué en relâchant un peu sa main : "Nous, Juliano Di Juliani, en temps que premier Comte du Béarn recevons votre serment. Soyez assuré en retour de notre Protection, de notre Justice et de notre Reconnaissance."

La jeune Lame qu'il était devenu, s'était relevée, croisant le regard noir du Coms qui lui avait adressé un franc sourire. Fierté de ce moment qui restait à jamais gravé en lui parmi tant d'autres. Hélas, appelée à tort par ses créateurs, le Corps d'élite de l'Ost, la Garde Comtale avait toujours suscité jalousies et critiques de l'ost. Depuis mars 57, il n'avait plus revêtu son uniforme, hormis une seule fois pour les allégeances au Coms Agnès de St Just, lorsqu'elle lui avait demandé, avec Ptit, d'être à ses côtés durant la cérémonie.

Lorsqu'il ouvrit les yeux son regard se posa sur quelques fleurs des champs à proximité du ponton, fleurs semblables à celle que lui avait donné la petite Angelle à son Domaine, avant qu'il ne reparte pour les joutes de Chaumont
: "C't'un porte bonheur pour toi. Puis chaque fois que tu la regarderas tu penseras à moi. T'as pas intérêt à la perdre Aime."
Il avait rangé soigneusement la fleur dans ses affaires, et avait rassuré la fillette qu'il n'avait pas besoin d'une fleur pour penser à elle.

Un regard vers la rivière qui descendait vers le lac en traversant le village et une pensée pour la blondinette aux yeux pervenches. L’après midi tirait déjà sur sa fin et il était temps de redescendre vers le village.



* rp ici
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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
--Angelle


[Champagne, Etampes sur Marne]


Quelque part, à quelques centaines de lieues d'ici, dans un domaine au milieu des vignes et des bois, une petite fille de six ans grattait un parchemin, alignant les mots et les phrases de façon appliquée, sous l'oeil bienveillant de Jeanne, la responsable des cuisines d'Etampes.


Citation:
Etampes, le 4 juillet


Aime,

Je vais pas écrir tro de bêtises parc'que Jeanne elle me surveille.
Maurin m'a dit tu allais venir bientot alors j'ai cueilli plein de fruits et de fleurs. J'espère que tu as toujours la fleur que je t'ai donné et que tu penses à moi, quand tu la regardes.

Moi je pense toujours à toi et j'aide Jeanne et même Gus, et puis Maurin m'apprend à soigner les chevaux comme ça je pourrai m'occuper d'Altaïr aussi.

Oublies pas tu dois m'apprendre à faire du cheval. Puis j'ai trouvé un nom pour le petit cheval en me rappelant de l'histoire que tu m'as racontée.
Je voulais l'appeler "caillou qui saute sur l'eau", mais c'est trop long alors Gus m'a dit de l'appeler "ricochet" parce que ça voulait dire ça.
Je peux dis ?

J'espère que tu diras à des princesses de venir et puis que la princesse avec les yeux verts que tu dis que c'est ta .. mm me rappelles plus... attends je demande à Jeanne... ah oui ta suze-reine, viendra encore me voir.

Je t'envoie plein des bisous qui volent comme les anges.

Angelle


Elle déposa un baiser sur le parchemin avant d'appeler Gustave, pour le lui donner, avec mille recommandations de bien le faire passer à Aimelin.

Guuussssssssssssss !
Aimelin
[Ste Menehould, Le Moulin, mi juillet]

"Tout le long, le long de ta rivière
Il y aura, cailloux blancs, cailloux gris
De l'eau bleue, de l'eau pure, de l'eau claire
Mais aussi l'eau brouillée par la pluie..."
(J. Lapointe - La rivière)



Le regard gris pétillait en découvrant les mots couchés sur le parchemin qu'il venait de dérouler et qu'il avait trouvé le matin même sur la selle d'Altaïr. Assis sur le ponton qui séparait la rivière et la petite marre qui s'était creusée naturellement au fil du temps, il souriait. Un regard sur le cailloux lisse et tiède posé à côté de lui et une petite moue amusée laissant ses yeux revenir parcourir la missive. "... un caillou comme ceux que nous avions fait voler en cette journée d'avril...".

Son regard se dirigea vers l'eau qui courait. Franchir la rive, braver le courant et se poser de l'autre côté, à l'abri. La rivière. Si elle pouvait parler combien d'histoires raconterait elle. Les paroles d'Aliénor lui revinrent en mémoire :
" C'est comme cette rivière, elle semble si paisible aujourd'hui, sans doute s'est-elle mise en colère un jour, sans doute est-elle déjà sortie de son lit. "

Il était comme cette cette rivière lui aussi. Des colères il en avait eu qui l'avait fait sortir de son lit, même si aujourd'hui il était en partie apaisé après avoir vécu, tourmenté et changeant au fil des mois et des années. L'été cinquante sept lui avait donné son lot de colère et désillusions dans ce comté du sud du royaume. L'eau qui voyageait devant ses yeux lui apporta tout un flot d'images.


-- Retour arrière, juillet 57, le Béarn. --

" Il y aura des îles avec des plages
A côté, des torrents de malheurs
Des rapides et des quais de passage
Où on laisse des morceaux de son coeur"


Un sourire en regardant la rose et le petit parchemin qui l'enveloppait et qu'il déroule. Le neuf juillet, un jour comme un autre, pourtant cette rose embellit sa journée. Dance, elle n'a pas oublié ce jour où une année de plus vient s'ajouter à la liste de celles que le jeune ébouriffé a vécu... dix neuf aujourd'hui. Envolées les tourments lorsqu'il pense à cette maudite soirée de fin janvier où sa fiancée l'a trahi ouvertement en taverne. Aujourd'hui après bien des mois, elle se pose enfin en amie au fond de son coeur et il se sent serein.

Mais une autre haine a pris la place. Une haine qui le dévore et qu'il essaie de chasser depuis le mois de mai. Ce commandant ost, petit seigneur irrespectueux, vulgaire et imbu de sa personne, et son fidèle lieutenant, catin de bas étage servant son maître, deux soldats à l'âme plus noire que n'importe quelle oubliette du casteth de Pau. Mensonges, diffamations, provocations... le lot du jeune gars. Une discussion de fin juillet le décide. Cette haine dans son ventre, il doit l'évacuer. Un accord, et son nom finit au milieu d'autres sur un parchemin présenté en place publique de Pau.

Nous sommes le 1er août 1457.

Refus des négociations, il intègre l'armée Vae Victis aux portes de la ville de Lourdes*. Armée composée d'hommes et de femmes qui veulent la démission du coms. Se battre il n'en a jamais été question dans ces discussions. Mais fidèle à ses idéaux que sont la liberté et la justice, il se battra pour donner aux béarnais ce qui leur est dû, le respect. Ce respect que la comtesse a oublié dès l’instant de son intronisation. Ce respect qui permet de vivre en harmonie entre frères.

Ont ils tort ou raison…

Anneau gravé de son prénom qu'il donne à Dance, caporal de l'ost dans l'armée opposée. Un baiser volé, une promesse de se retrouver. Mais le lendemain les deux frères co-généraux disparaissent dans la nature, et Aimelin se retrouve aux côtés de Madg co générale, qu'il conseille du mieux qu'il peut pour éviter que le sang ne coule. Chef de section et logisticien, il veille sur ceux dont il est responsable.
Pour essayer d'arrêter tout ça, il écrit à la comtesse lui demandant de venir, ce qu'elle fait après bien des échanges courrier où ni l'un ni l'autre ne cèdent. Il reçoit aussi missive de Monseigneur Navigius, Grand Aumônier de France, désireux de les aider à trouver le chemin de la paix.

Mais les discussions avec le coms sont interrompues, le 6 août, sans se soucier de la comtesse présente dans le camp de Vae, faisant fi de ses ordres, l'armée face à eux lance l'attaque.



-- Lourdes le jeudi 6 août 57, Vae Victis, première bataille. --

"... Tout le long, le long de ta rivière
Il y aura, cailloux blancs, cailloux gris
De l'eau calme, de l'eau douce, de l'eau fraîche
Mais aussi l'eau noire comme la nuit..."


Se battre contre des béarnais, contre des amis peut être. Comment arrêter cette folie. Il ne veut pas n'a jamais voulu tout ça. Utopie de penser que l'ont peut changer les choses parce qu'on le désire ardemment et qu'on les pense justes. Lui qui s'est battu pour son Roy en Champagne, voila qu'il se bat contre son peuple pour défendre sa propre vie.

Le premier soldat qui lui fonce dessus évite sa lame qu'il a abaissé et dont le bruit le rassure ... il préfère le bruit des fers qui se croisent que celui qui pénètre les chairs. Est ce la fatigue de cette journée où son épée qui pèse le poids. Son bras est lourd comme s'il refusait de lever cette épée qui s'abattrait implacable sur celui ou celle qui en voudrait à sa vie. Un autre choc des cris à côté mais pas le temps de tourner la tête il faut éviter ce soldat qui lui fonce dessus. Le bouclier de Lily se place entre lui et la lame qui le frappe avec force. Il grimace et frappe de son autre bras. Bruits des épées, les cris de rage quand Aimelin projette son ennemi au sol sauvagement. Survivre il le leur a promis.

Où est elle. Ses yeux fixent devant lui le moindre assaillant. La blondeur le frappera il ne pourra pas la manquer, il ne pourra pas lever son épée s'il la voit.. Mais pas le temps de distinguer, il ne voit que des ombres, des silhouettes des armes qui volent. Un autre cri non loin de lui pendant qu'il se retrouve un peu à l'écart. Eviter cette lame qui lui frôle le bras pour aller se planter dans la terre. Il grimace, recule, le fracas assourdissant des armes qui s'entrechoquent. Il croit entendre crier son nom et il se retourne pour voir ses compagnons se battre, et il la voit, elle, son amie Ptit, à quelques pas de lui, elle ne bouge pas, se tient debout face à une amie. Son regard se pose sur ses mains et il hurle en se précipitant sur elle.

Elle tombe au sol et il tombe agenouillé à ses côtés, l'appelle, la prend dans ses bras en lui disant qu'elle ne va pas partir, qu'elle ne va pas les laisser, elle n'a pas le droit, ce n'est pas l'heure elle a encore tant de choses à faire.

La nuit est déjà avancée lorsqu'il s'écroule sur sa paillasse, les yeux fixés sur la toile de tente au-dessus de lui. Des larmes ont coulé, les retenir devant les autres, par fierté, par pudeur, pour ne pas montrer ses faiblesses. Mais comment ne pas les montrer quand son amie gît entre la vie et la mort. Lutter contre la mort après avoir lutté pour sauver sa vie. Dotch lui a promis de veiller sur elle et a obligé le jeune béarnais à prendre du repos.

Il serre l'anneau au creux de sa main, si fort, que la marque se dessine sur sa paume. Crois en toi, crois en celui qui veille sur nous, et tu auras la force de continuer ton combat. Dieu qu'il est fatigué. Son corps entier le fait souffrir tant il le malmène depuis des jours. Il doit dormir et prendre quelques forces pour être devant ses hommes. Par chance aujourd'hui aucun n'a été blessé. En sera-t-il de même le lendemain.



* rp ici
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