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[RP] C'est quoi, cette bouteille de lait ?

.mahaut.
[Une taverne, en Berry]


Assise devant une table, contemplant le temps morose qui berçait la ville, Mahaut boudait. Ça commençait à bien faire. Elle sentait confusément qu’on ne lui disait pas tout. Tenez, déjà le matin, quand elle était allée au marché, elle avait bien vu qu’on lui cachait des trucs. Et pas que des tonneaux, hein. Les gens évitaient son regard. Du coup, c’était même pas amusant de piquer des trucs en douce.
Elle avait tout tenté. Les questions franches, les questions détournées, l’hypnose (échec total : on avait beau balancer une poule de gauche à droite devant Anatole, il restait conscient tout le temps, quoiqu’un peu nauséeux).
Les filles prenaient grand soin de l’éviter. Et quand elles étaient ensemble, elles passaient leur temps à détourner la conversation. C’était très déplaisant. Injuste, même. Elle ne supportait plus cette ambiance. Il n’y avait qu’une seule personne qui pouvait avoir des réponses franches, et elle n’était pas là.
Faisant des dessins avec son doigt dans quelques gouttes de bière, elle soupira.


- Ben alors, qu’est-ce qui se passe, cette fois ? Vous vouliez bouger. On est en plein Berry, en direction de la Bourgogne, après on a prévu la Touraine, l’Anjou, et rebelote pour le Berry et la Bourgogne. Ca vous suffit pas ? Vous vouliez quoi ?
- Pfff… Je sais pas Anatole, je sais pas. Quelque chose de plus…
- De plus ?
- De plus… exaltant ! Des combats, des poursuites, des rencontres !
- Vous ne trouvez pas votre vie déjà assez trépidante comme ça ? Chaque jour vous découvrez un truc. Vous voyagez avec un duc que vous avez sauvé on ne sait comment d’une chambre en feu ! Vous avez mis la Guyenne en état d’alerte rien qu’en pénétrant sur le duché !
- Moui… Moui…


Le dessin sur la table s’agrandit. On y distinguait vaguement un carrosse (un rectangle avec 4 roues) tiré par des poneys (idem, un rectangle avec 4 bâtons et une tête, contactez l’agence de com si la campagne vous intéresse). Tout en s’appliquant, Mahaut affichait toujours son air morne. Anatole se retint de tout commentaire, histoire de ne pas s’en prendre une. Le temps passa dans la taverne silencieuse. Un nouveau soupir vint ponctuer le calme général. Une buche s’effondra en douceur dans la cheminée. Nouveau soupir. Anatole sortit un ouvrage de sa poche et commença sa lecture. Des semaines qu’il avait commencé cet ouvrage passionnant (des gloses sur les commentaires d’un texte déjà commenté, mais avec des annotations sur les gloses, le pied total), et il n’avait jamais l’occasion de s’y plonger comme il convenait. Il jeta un coup d’œil à la brune, mais elle restait le regard dans le vague, continuant machinalement son dessin du doigt. Parfait… Page de titre, incipit et…

- J’m’ennuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie.
- Mais non, mais non. Et l’ennui est sous estimé, vous savez. Il faut s’ennuyer parfois, cela permet de faire le point sur sa vie, les grands questionnements de l’existence comme « Qui suis-je ? », « Comment puis-je faire le bien autour de moi » ou encore…
- Comment on fait les bébés ?


Anatole s’étrangla en reposant son livre. C’était donc ça… Il s’était fait piéger comme un bleu. Des semaines que tout le monde évitait la brune pour ne pas avoir à lui répondre. Depuis l’épisode du carrosse… Il regarda la table. Par le sang du saint prépuce. Elle l’avait eu comme jamais auparavant. Une attaque par derrière. Elle était donc capable d’anticipation…
Et maintenant elle le regardait, les yeux brillants, parfaitement réveillée. Pas le choix, il allait devoir mentir.


- He bien, c’est très simple. Vous… Vous prenez un messire.

Elle se redressa et pencha la tête pour ne rien rater. Oh par Aristote. Elle avait sorti son carnet. Un signal d’alerte retentit dans la tête d’Anatole.

- Donc, un messire et vous le mettez dans un couvent.

Oh fianchtre de fiouchtre, elle souriait.

- Vous lui soumettez ce merveilleux texte de l’exégète St Arnouphan, du IXe siècle qui a écrit ce texte fabuleux sur l’amour filial.

Le regard de la brune se troubla quand elle fronça les sourcils.

- Et donc, vous lui faites lire. Et euh… après… euh…
- Anatole ?
- Oui ?
- Vous n’y connaissez rien, vous non plus, hein ?
- Mais si ! Sachez, petite péronnelle, qu’une fois, j’ai ôté moi-même la chausse de ma jeune voisine Sylvie, après une journée de dur labeur et… et n’eut été la claque, j’aurais pu moi aussi devenir père !


La brune soupira et se rejeta en arrière contre son siège. Elle marmonna un truc entre ses dents d’où l’on ne put relever que quelques mots « comment voulez-vous… débrouiller… puceau… marre…». Le mystère reste entier.

Anatole reprit son livre, cramoisi. Elle n’y était peut-être pas sensible, mais le coup de la chausse avait été sa fierté pendant des mois ! C’est qu’il fallait réussir à l’approcher, la Sylvie ! Si les furies périgourdines ne l’avaient pas enlevé du Limousin, il aurait tenté d’enlever le ruban du corset, et là, LA, on aurait moins rigolé. Surtout qu’avec un coup comme ça, c’est pas une baffe qu’il se serait pris. Mais la paternité a de telles exigences…
Où diable en était-il de son livre ? Ah oui, au tout début. Voyons-voir…


- Anatole, il suffit.
- Pardon ?
Il releva la tête, confus.
- Il est grand temps que l’on m’instruise de ce genre de choses. Je ne suis pas plus bête qu’une autre… Elle tendit sa bière au limousin qui s’étouffait. Et j’entends être au courant de ce mystère. Je ne supporte plus ces petits rires qui cessent dès que j’approche. Je suis une adulte, enfin ! Presque ! Et je suis fiancée !
- Oui enfin il n’a pas encore donné son accord. Et c’est lui qui est sensé le proposer, quand même.
- Détails, détails ! Le jour de mon mariage approche à grands pas et…
Elle retendit la choppe à Anatole qui, décidément, avait bien du mal à respirer. Et il faudra bien que je le sache un jour. J’ai dit.

Elle croisa les bras sur sa poitrine, prenant un air buté. Il reprit son livre, page 1.

- Anatole.
- Gnnnouiiiiiiiiii ?
- On va écrire à Makrel.


Il pencha son livre en ouvrant ses yeux comme des soucoupes.

- Est-ce vraiment une bonne idée ? Vous savez que votre… maman… hem…adoptive a une approche assez… personnelle de la chose…
- Ah ? M’man ? Pourquoi ?


Ah. Oui, forcément « pourquoi ». « Parce qu’être un homme travesti en femme et tenant un bordel n’est pas à proprement parler la norme en matière de relations sociales et sexuelles» était tentant mais là aussi, peut-être un peu risqué. La brune pouvait être d’une naïveté, des fois…
Bon, mais ça pouvait se tenter. Généralement, il écrivait le courrier et il lui lisait les retours. Elle ne vérifiait pas. Il suffisait de changer le contenu à la réception et elle n’en saurait rien. Oui, ça se tentait. Il prit son matériel et commença à tailler une plume.


- Bien, s’il le faut… Je vous écoute.

Affichant un sourire ravi, la brune se pencha vers lui pour commencer à dicter.




YOUHOU M’man ! Ah, oui, vous avez raison, inutile d’agiter les bras, elle ne me voit pas.

Coucou maman ! Je suis en Berry, actuellement ! A Sancerre ! C’est coule, hein ? Ne t’en fais pas, je suis bien couverte, je parle pas trop aux étrangers et je mange bien. C’est important pour une maman, Anatole, croyez-moi. Les filles sont avec moi, et on a aussi le futur mari de Lynette, tu sais, le Duc !
A ce propos, je dois te raconter quelque chose d’étrange. Quand on était dans le Maine, Lynette et le Duc partageaient le carrosse. On entendait du bruit et à un moment, on s’est arrêtés et quand Lynette a ouvert la porte, elle était sur les genoux du Duc, face à lui, les jupes en bazar. Et le pire, maman, c’est que le Duc, lui, il avait plus de chemise, les bras en l’air accroché à une barre. Quand Orka a vu ça, elle a rigolé et elle a foncé donner des objets à Lynette, qui était toute rouge. Quand j’ai demandé ce qui s’était passé, elle ne m’a même pas répondu ! Depuis, elles m’évitent et en plus, elles me laissent toute seule pour chuchoter entre elles des trucs qui les font pouffer de rire. Enfin surtout Orka. C’est pas gentil, hein ?
J’en ai marre d’être mise à l’écart. Toi, je sais que tu me répondras. A ton avis, ils faisaient quoi ? Des trucs canards ? Quoi, Anatole ? « Pas canard, cochons » ? Ah. J’ai pas regardé leurs pieds, mais si vous le dites. C’est à cause du rose ? Vous avez raison, concentrez-vous sur la lettre.
Maman, je vais bientôt me marier. Tu me dirais, toi, comment on fait les bébés ? Le coup des cigognes, j’y crois qu’à moitié, y’a plein de trucs bizarres. Pourquoi est-ce que le monsieur il doit être essoufflé ? Appeler une cigogne, c’est pas compliqué, avec un bon appeau, ça devrait suffire. A moins qu’il ne faille siffler très fort ? Et pourquoi il faut une tenue particulière ? En plus, dans les trucs d’Orka, c’était des guenilles, y’avait des trous partout. Elle prend pas soin de ses affaires, hein.
Bon, j’espère que tu vas bien. Je t’embrasse fort,

Mahaut

Ps : on va être à court de menus n°3, tu pourras en joindre au pigeon pour le retour ? Merci !

_________________
--Mme_makrel



[ [Périgueux, bordel « La Sainte Honorée »]

- Nan, nan, naaaan ! S’t-elles dégourdies, ces jeunettes ! Tsss. Laissez-moi v’montrer.
- Euh… Non mais j’ai compris dame Makrel… Je vais essayer de me concentrer !
- Z’êtes sûre ? Nan parce qu’à vous voir, j’vais l’impression qu’on n’tait pas loin d’s’endormir. Et j’vous rappelle qu’c’est pas l’but, ici, mon p’tit chou. Allez, accrochez-vous à cette barre et r’commencez donc à tourner.


Makrel se rassit sur son siège en rembourré en contemplant le petit podium sur lequel la fille s’entrainait.

- Plus hauuuuut, la cuisse ! Si c’pas ici qu’on a la cuisse légère, chais pas où qu’c’est qu’on l’aura.
- Oui, ma dame Makrel. Comme ça ?
- C’mieux. Maintenant, hop, abdos et relevez moi tout l’bazar. J’veux qu’vous ayez la tête en bas.
- En bas ???
- Ben comment qu’vous comptiez faire le tourniquet malgache, vous ?
- Le… Mais dame Makrel, d’habitude, je me contente juste de dégraffer mon corsage, je suis pas habituée à ça.
- F’cément qu’vous savez pas ! Y’a qu’ici qu’on fait ça ! Et vot’ corsage, z’allez m’faire le plaisir de l’enl’ver et plus vite que ça. Ou mettez des rubans. Qu’on ait un endroit où glisser des lettres de change.
- Me glisser des lettres de change dans le corsage ?
- M’DAME MAKREEEEEL ! Y’a du courrier pour vous !
- Pfff, passez-moi ça, vous. Et allez chercher une t’nue pour la p’tite, elle est presque habillée. Où qu’vous vous croyez, non mais ?


Aaaaah, la vie dans un bordel… Amusant comme tout s’inverse selon l’heure de la journée. Aux petites heures du matin, une fois les derniers clients partis, il fallait recommencer encore et encore. Recruter pour remplacer celles qui venaient de partir. Soit pour cacher leur grossesse dans un village, soit pour épouser l’idiot qui croyait au baratin. Mais allez trouver une fille souple qui sache se servir de ses muscles des cuisses dans le fin fond du Périgord. Avec un peu de chance, la lettre viendrait d’une collègue pour lui proposer un nouveau lot.
Elle décacheta la cire avec son faux ongle laqué, tout en évaluant du regard les atouts de la fille qui s’échinait de toutes ses forces à tourner autour d’un poteau, la tête en bas, sans les mains et sans se vautrer.


- Ooooooh ! Ca vient d’mon p’tit chat ! Si c’est pas gentil d’sa part, ça ! Ma truffette à moi !
*BLAAAAM*
- R’levez-vous, mon p’tit, vous servirez les coquetelles, ça m’semble plus prudent.
- Oui dame Makrel. Aie.
- Aaaaah, rendez-moi mes vingt ans et vous verriez… Alors qu’est-ce qu’elle m’dit…


Elle s’installa les pieds sur une table pour déchiffrer la lettre. A la fin de l’enrichissante lecture, elle fronça les sourcils.

- Bon. Ben, ça d’vait arriver. Après tout, faudra bien qu’elle y passe. L’a bien fait de m’d’mander. J’vais lui faire des dessins.


Après la première heure, elle appela des modèles vivants, pour pouvoir trouver un côté humain à la chose. Trois heures après, elle demanda à ce qu’on lui montre les dernières acquisitions en matériel. Le soir venu, les habitués furent mis à contribution pour juger de la qualité de l’écrit.
Le lendemain matin, la lettre partit.
.mahaut.
[Nevers]

- Je suis choquée. Profondément choquée. Pas un seul tonneau de vin dans cette ville. A quoi ça sert qu’on vienne en Bourgogne, hein ? Ah, du lait, y’en a, pas de soucis. Mais un truc buvable, rien. NADA. Remboursez nos invitations !

Mahaut faisait son marché, tançant vertement les producteurs locaux en leur démontrant qu’ils se fourvoyaient dans leur expansion agricole puisqu’à ce qu’elle savait, on ne prenait pas la Boulasse en bouffant un poisson, mais bel et bien en traitant les sacs de fruits en train de mûrir à l’aide d’un alambic. Leçon de base.
Anatole suivait, tentant de rattraper ses dires auprès des producteurs, prêts à empoigner leurs fourches. Quand il l’entendit menacer un boucher d’être privé de dessert parce qu’il maintenait que sa viande pouvait se passer de Bourgogne, il la poussa juste à temps pour qu’elle évite un couperet et lança à la va-vite des écus sur le comptoir.


- Les gens sont d’une incorrection ! C’est fou ! Allons en taverne, je suis fatiguée de devoir leur répandre la bonne parole. Oh, un pigeon. Ma parole, Anatole, vous devez avoir une tête à vous faire déféquer dessus, c’est pas possible.
-
- C’est pour moi ? Oh, la délicate attention ! Ca doit être m’man ! Viiiiiiite, Anatole, viiiiiiite ! Lisez-moi tout ça, je meurs d’ingérence !


Soupirant, et tentant de lui faire percevoir la différence fondamentale entre « impatience » et « ingérence », il pénétra dans la taverne en triturant la lettre. La vioque avait fait vite. Il n’avait pas encore eu le temps de réfléchir aux bobards à balancer à la brune. Et elle sautillait sur place. Il ouvrit la lettre et jeta un œil, avant de la refermer précipitamment, rougissant jusqu’aux oreilles. Des schémas. Elle avait fait des schémas. Nouveau petit coup d’œil. Avec des flèches ! Et… encore un petit coup d’œil. Mais… qu’est-ce que c’était que ça ? Tiens, mais on ne lui avait jamais dit… Ah, mais c’est donc à ça que…
Il releva la tête pour affronter deux yeux noirs brillants d’impatience.


- Alors, elle dit quoi ?
- Alors…




Mon p’tit chat,
J’espère qu’tu penses bien à te couvrir dans ces pays nordiques où que’c tu traines. Pense à bien t’hydrater l’visage et à te l’masser d’façon circulaire pour activer tes machins d’la peau qui fait qu’elle reste lisse, comme j’t’ai montré la dernière fois.


- Aaaaah, c’est donc ça que vous faites le matin et le soir avant d’aller vous coucher ?
- Ben oui. C’est pour pas être vieille. Sur m’man, ça marche.


Il déglutit avec difficulté et reprit la lecture.



J’ai bien réfléchi à c’que tu m’as d’mandé et j’pense qu’il est temps qu’on t’dise.


Juste ciel.

- Alooooors, elle vous dit que les cigognes, c’est un peu dépassé.
- Aaaaah ! J’le savais.
- Elle vous dit de… euh…
*petit coup d’œil aux dessins* Bon, vous voyez, une fleur ?
- Oui. Quoi, comme fleur ?
- Peu importe, peu importe.
- Ah ben non. Le langage des fleurs c’est important, surtout chez les nobles.
- Bon ben mettons une rose.
- Une rose rose, alors.
- Si vous voulez.
- C’est que c’est plus joli.
- Mettons. Donc, une rose. Euh… Vous avez déjà regardé comment c’était fait ?
- Ah, je suis incollable, là-dessus. Y’a une tige.
- Voilà ! C’est exactement ça qu’elle vous dit. Une tige. Et euh…
- Et des épines. Faut faire gaffe, ça fait mal.
- Oui, oui, oui, oui, ouiiii. Des épines. Mettons, deux épines. Une de chaque côté.
- Naaaaan, y’en a nettement plus ! Une fois j’ai voulu piquer une rose dans un bouquet et croyez-moi, y’avait bien plus d’épines que ça !
- Ah mais c’est parce qu’il y avait beaucoup de roses ! Mais sinon, c’est toujours deux. Sauf accident.
- Ah ? Remarquez je ne suis pas allée vérifier…
- Alleluia, Aristote existe.
- Donc y’a ça et a bout, y’a les pétales. C’est rose. D’après l’avis général, c’est joli.
- Oui, oui, oui, oui, oui, ouiiiiii. Alors, les pétales… Comment vous dire…
- Ah ! Et ça sent bon, aussi !
- Oui, oui, oui, oui, oui…Gnnnn… Alors, admettons une chose.
- Non.
- Comment ça, non ?
- Par principe, j’admets rien. Ca sent toujours l’arnaque d’admettre un truc.
- Ah. Bon ben, imaginez alors.

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.mahaut.
Il jeta un rapide coup d’œil sur la lettre. Donc, description physique puis analyse étape par étape. Bien. Il se but une gorgée de bière avant de commencer.

- Bon donc, vous êtes le vase.
- Hein ? N’importe quoi ! Je suis Mahaut, fille préférée du premier pair de France !
- Non mais imaginez ! Imaginez que vous êtes un vase.
- Pourquoi je suis un vase ? Pourquoi j’ai toujours le rôle à la con ? J’veux pas être le vase ! Vous êtes quoi, vous ?
- Houla, moi je ne suis rien, rien du tout ! Tenez-moi éloigné de tout ça, par pitié. Donc. Un vase.
- Un joli vase ?
- He bien… oui, c’est mieux.
- Un vase à motifs ?
- Peu importe.
- Je peux être un vase rose ?
- Oui, oui, mais peu importe.
- Ah nan ! Je veux être un très joli vase ! L’incarnation du vase ! Je veux penser « vase » !
- Non mais vous le faites déjà, croyez-moi…
- Je mets mes bras comme ça, vous avez vu ?
- Euh, oui… Je ne saisis pas bien, en revanche.
- Les anses. Les jolis vases ont des anses sur les côtés, c’est plus pratique pour les transporter et c’est très esthétique.
- Oui, oui, oui, oui, ouiiiii. Alors, donc, un vase. Et en tant que vase, vous voulez quoi ?
- Du fric.
- Non, pensez « vase ».
- Ah oui, pardon, l’habitude.
- Y’a pas d’mal. Donc ? Vous vouleeeeez ?
- Siéger sur une grosse commode dans le salon principal du Louvre.
- Non, mais pour les utilisations sociales et politiques du vase, on va attendre la leçon suivante, si vous le voulez bien. Donc, non, ce que vous voulez, c’est des fleurs.
- Ah, ouais. J’étais pas loin, hein ? Mais quand même, être sur la grosse commode, ça me plairait bien.
- Non, non, non. Les fleurs. Croyez-moi, limitez-vous à ça pour le début. Les fleurs. Pensez aux fleurs.
- A toutes les fleurs ? Ayé, il s’étouffe. Dites, buvez un coup. Je peux pas vous servir, je fais les anses.
- *kof kof* Alooooooors, oui, oui, oui, oui, ouiiiii.
- Donc je pense aux fleurs. Je dois le dire ?
- Surtout pas ! Vous y pensez en rougissant !
- Je suis un vase rose, ça va pas se voir si je rougis.
- Bon, PEU IMPORTE. Donc, votre but ultime c’est de recevoir un bouquet.
- Ou de trôner sur une commode dans le salon principal du Louvre, je le rappelle.
- NON. Le bouquet, croyez-moi. Pensez au bouquet.
- Donc à plusieurs fleurs. J’avais raison depuis le début. Bon. « Oh, la jolie fleur que voilà ».
- Oui, voilà. La jolie fleur que voilà. « je la ferai bien mienne », c’est ce que vous pensez.
- En fait, non, je préfère les fleurs non coupées, dans les bois. Je trouve ça plus joli. C’est vrai, celles qui sont coupées, ben… Elles sèchent vite. Bordel, il se réétouffe. Reprenez-vous, tudieu !
- Vous êtes un vase. Vous aimez les fleurs coupées. Vous voulez accueillir un bouquet pour être pleinement épanouie. Ecoutez-moi et cessez de gonfler les joues, les vases n’ont pas les joues gonflées !
- J’essayais de donner une idée de volume.
- Oubliez ça. Vous voulez ce bouquet. VOUS FAITES QUOI, bordel ??
- Ben déjà, je m’énerve pas comme ça, hein. J’imagine que je vais dans les bois, à la recherche de fleurs en chantant « je suis un vase solitaiiiiiiiire, qui veut être dans mon bouquet destiné à trôner sur la commode du salon principal du Louvre » ?
- Oui, vous seriez du genre à faire ça. C’est tout vous.
- Je suis un vase aux idées très arrêtées en matière de progression sociale.

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.mahaut.
Les choses se présentaient bien. Assez bien. Ca aurait pu être pire, quoi. Plantée devant lui en maintenant ses bras en arche au dessus de la taille, elle attendait ses explications.

- Alors… Un jour, tandis que vous vous promenez, vous rencontrez un bouquet.
- Déjà constitué ?
- Oui. Un bouquet, comme ça, tout seul. Vous vous dites…
- C’est quand même super bizarre un bouquet sur le bord de la route. Allez savoir où il a trainé, si ça se trouve, il est plein de pucerons, je vais encore me faire engueuler si je le ramène à la maison.
- Non.
- Ah si, vous connaissez pas Elayne ou quoi ?
- Mais imaginez que le baron, c’est le bouquet enfin ! Faites un effort ! Et fermez la bouche !
- Ben et le vase, il doit bien accueillir les fleurs, non ? Faut bien une ouvert… Quoi ? j’ai dit une connerie. C’est ça ? Ben répondez, vous êtes tout rouge.
- On va laisser ça pour la leçon d’après, si vous le voulez bien. J’en étais où ?
- Ben je me promenais comme tout vase normal le long d’un chemin, sans chercher la logique d’un vase qui se déplace tout seul, hein… Pis je rencontre le baron. Enfin, un bouquet-baron. Je vous avoue, je suis un peu dépassée par la situation, là.
- Moi aussi, moi aussi… Vous voyez le baron et vous vous dites ?
- Qu’est-ce qu’il fout là ? D’habitude il fait la guerre. C’est bizarre un bouquet avec une épée. C’est une nouvelle technique de guerre ? On s’offre des fleurs ? C’est moins salissant ? Est-ce qu’il a des nouveaux titres ?
- VOUS VOUS DITES QUE VOUS VOULEZ CE BOUQUET !
- C’est fou ce que vous êtes nerveux.
- Donc, vous lui demandez son avis.
- Ah non, jamais.
- SI !
- Vous êtes tendu comme le STRING, c’est fou.
- DONC VOUS LUI DEMANDEZ S’IL CHERCHE UN VASE.
- Ouais enfin, je lui demande s’il a des titres, avant, je choisis pas n’importe quel bouquet non plus, hein.
- ET S’IL REPOND OUI, VOUS ENTAMEZ UNE DANSE DE SEDUCTION.
- Ah ? Je… Je tourne sur moi-même ? J’ai jamais vu un vase danser, je sais pas… Je lui fredonne un air doux ? Je bouge mes anses ou pas ?
- S’IL EST SUBJUGUE, IL VA ESSAYER DE… Euh… de…
- Ah ben le connaissant, il va essayer de fuir, ça va pas rater.
- Non, mais on imagine, là. Il va vouloir… Enfin, vous voudrez… Enfin ça se décide à deux… Enfin, il va vouloir, avec votre accord, bien sûr…
- Trôner sur la grosse commode du salon principal du Louvre ?
- Le bouquet va dans le vase. Voilà.
- Ben ça me paraît évident.
- J’ai besoin d’un verre. Aubergiste ! Amenez-moi un tonneau s’il vous plait.

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.mahaut.
- Bon, et une fois que c’est bon, on va sur la grosse commode du salon principal du Louvre ?
- Bon sang, mais vous êtes exhibitionniste ou quoi ?
- Exiquoi ?
- Non, rien. Donc. Voilà, vous savez tout.
- Euh… j’ai l’impression que la lettre de maman est plus complète que ça. Faites voir ?
- Non, non, non, non, noooon. Non. Non.
- Pourquoi ?
- Parce que… concentrez vous.
- Ben je croyais que c’était fini ? ca m’étonnait d’ailleurs, parce que je ne vois pas de bébé dans l’histoire.
- Il n’y en a pas à chaque fois.
- Ah ? Pfiou, merci Aristote, hein, c’était un coup à vouloir foutre le feu à tous les bouquets qu’on croise, sinon. Elle dit quoi, m’man ?
- Elle explique juste les différentes façons de disposer les fleurs dans le vase. Mais c’est plus pour les professionnels.
- Ah oui, ça fait partie des cours d’Elayne et du percepteur, ça.
- Je vous demande pardon ??
- Ben comment disposer un bouquet de façon harmonieuse. Les fleuristes le font mais apparemment c’est aussi un passe temps de nobles. Ca prend bien une demi-journée à chaque fois. Et il faut des ciseaux. Et de la ficelle.
- Ouiiiiiii… oui, oui, oui, oui, vous vous rejoignez sur l’idée, c’est incontestable. Retenez juste qu’il faut être imaginatif.
- Oh, c’est pas un souci, ça.
- Et souple.
- Souple ?
- Ben oui, si c’est un gros bouquet. *kof kof kof kof* Oubliez ce que je viens de dire. Imaginative, donc. Et à la fin, quand vous aurez trouvé l’arrangement floral le plus équilibré…
- Attendez, attendez ! Je coupe les tiges ou pas ?
- DIEUX DU CIEL, NON !
- Ben Elayne dit que c’est mieux, que les fleurs durent plus longtemps, comme ça. J’ai tendance à lui faire confiance, après tout elle fait ça très très très souvent. Wouaaaah, je savais pas que vous pouviez boire une choppe d’une traite ! On pourra faire des concours !
- Boulot de m… Je… Donc. Ahem.
- Ouais, arrangement floral équilibré. Ensuite.
- Ensuite, vous exprimez votre contentement.
- En tant que vase ? Ben je sais pas, est-ce que c’est mieux que d’être sur le grosse commode du sal…
- VOUS ETES COMBLEE EPICETOU.
- Houla, resservez-vous, vous êtes passé du tout rouge au tout blanc. Tout fout l’camp. Je suis comblée, donc. Je dois le dire ?
- Vous pouvez.
- « En tant que vase, je suis comblée ». Et le bouquet, il dit un truc ?
- Oh, pas toujours. En général il allume une pipe et il dit un truc du genre « Alors, heureuse ? ». Ou des fois, il s’endort.
- Dites donc, ça donne envie, hein.
- Non mais des fois vous pouvez recommencer. Mais ça abîme les fleurs de trop les manipuler.
- Ayé, vous êtes encore tout rouge.

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.mahaut.
- Bon, mais pour les bébés, alors ?
- He bien ?
- Ben d’où est-ce qu’ils sortent au final ? Parce que c’est pas très clair. En général, c’est là qu’on me sort le coup de la cigogne.
- Non, pas de cigogne. Tout est organique.
- Orgasmique ?
- ORGANIQUE ! Comment connaissez-vous ce mot ???
- Ben vous venez de le dire !
- Non ! J’ai dit organique ! Vous trainez trop en taverne !
- Pfff. De suiiiite…
- Donc quand la fleur va dans l’eau, elle se sent bien, et elle libère des euh… flux… Et ensuite, euh, ces flux vont se mêler à l’eau et cela s’appelle le miracle de la vie. Voilà. En gros.
- C’est dégoutant !
- Mais non ! Ce n’est pas saaaaale ! Pensez aux fleurs !
- M’en fous de ça ! Vous avez dit qu’il y avait de l’eau ! C’est répugnant ! Comment les gens peuvent-ils avoir envie de se reproduire ? Je suis choquée !
- Mais… J’ai dit « eau » mais pas forcément… C’est… comment dire… Comment vous dit votre mère adoptive au juste ? Ah oui. Non, pas ça. Houla non, pas ça non plus. Oh, elle vous donne des techniques pour ne pas vous reproduire.
- Merci m’man de vouloir m’épargner ça, hein. C’est dégoutant.
- Ah, je sais. Pour le commun des mortels, l’eau entre en jeu. Mais pas pour vous.
- Vraiment ?
- Vous êtes la réincarnation de Sainte Boulasse, non ? Donc chez vous c’est de l’alcool. Voilà.
- Aaaaaaah ! Mais fallait le dire tout de suite ! Là c’est de suite plus motivant !
- Je savais que vous seriez contente.
- « Ah, en tant que vase, je suis comblée ».
- Non mais ne me le dites pas à moi, de grâce. Voilà, vous êtes maintenant au fait de la reproduction humaine.
- Ouais. Y’a quand même un truc qui me chiffonne.
- Quoi donc ?
- Ben j’ai bien observé les animaux et chez eux, c’est beaucoup plus physique, voyez. Donc moi, sans savoir, je pensais qu’on faisait pareil et que je finirais à quatre pattes. Pas qu’on regardait le ciel en comptant les étoiles avec un bouquet à l’anse. Anatole ? Anatole ? Youhouu ? Ohé ! J’ai besoin d’aide ! Mon écrivain s’est évanoui ! Quelqu’un ? Anatole, bon sang, réveillez-vous ! On n’a pas évoqué les leçons sur l’utilisation politique du vase ! Hé !

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