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[RP] J'aime pas les nones, ma soeur est diaconesse...

Anya.
[Dans une chambre d'auberge à Annecy...]

« - Qué tu faiiiiis ? »
« - Chut François ! J'écris... »
« - A quiiiii ? Ze peux écrire moua aussi ? »
« - Grmpf...tiens, un parchemin et un fusain, dessine moi un mouton. »
« - Han nan ! C'pas beau les moutons ! »
« - Un canard alors ? »
« - Vouééééééé ! »


La nuit commençait à tomber, au même titre que la température dans la chambre qu'Anya louait à Annecy. Enfin, si on pouvait appeler une chambre une pièce aux dimensions réduites, avec des courants d'airs partout et des rats qui se battaient en duel avec les cafards. Anya n'était pas gênée par les rats, elle aime bien les rats, c'est beau un rat. François son fils, moins, mais François n'aimait rien d'autre que les canards.

La nuit se profilait donc et Anya avait allumé une bougie pour y voir plus clair de son œil gauche, l'autre étant mort, kaput, HS. Cette particularité fichait la trouille à plus d'un mais la blonde s'en tamponnait l'oreille avec une poulaine surtout que le nombre de personnes qu'elle avait côtoyé ces derniers mois était fortement restreint. En dehors des sœurs du couvent où elle s'était retirée pendant un long moment, son fils, et ses plantes, peu de personnes avaient l'occasion d'adresser la parole à cette femme étrange, jolie mais inquiétante, intelligente mais barge. Intelligente avant de rentrer dans le couvent, surtout barge en en sortant. Faut dire que les nones au bout d'un moment ça lasse, et avoir le nez plongé dans des écrits comme « comment tailler les rosiers ?» ou encore « L'hagiographie de Sœur Sourire, celle qui a changé la vie des bouquetins savoyards », bah ça vous bousille une femme. Pire encore, la soudaine passion de son fils pour les canard qui à partir de ce moment là ne cessait de lui apporter des canetons morts, de dire « canard » ou « coin coin » toute la journée et de pratiquer une danse fort étrange où il se prenait pour un canard -Anya en déduisit que c'était peut être une coutume locale. Heureusement pour François, Anya n'était pas sa mère biologique et par conséquent il avait peut être une chance de s'en sortir plus tard. Qu'il se réjouisse moi j'dis.

Bref ! Des parchemins recouvraient l'intégralité de la petite table -qui était aussi défraichie que l'aubergiste- si bien qu'il était difficile de dire où se trouvait la plume et son encrier. Anya non plus n'en avait pas la moindre idée, ce qui la força à chercher pendant un bon quart d'heure. Une fois son trésor de guerre entre les mains, la jeune femme se pencha sur son parchemin et poussa un long soupire.


« - Pffff...qu'est-ce que je vais lui écrire... »

Lentement, mais surement, la Haareweiss coucha quelques mots mais ne parut guère guère satisfaite du début de sa lettre. De son côté François dessinait et glissait à l'occasion son œuvre sous l'œil de sa mère. Œuvre censée représenter un canard mais qui ressemblait plutôt à un lapin atteint de myxomatose. Tout juste sourit-elle au petit garçon pour lui faire comprendre que « c'est bien mon petit, c'est joli, mais là j'suis occupééééééée » qu'elle reprit son écriture.
Une bonne heure plus tard la missive était achevée.


Citation:
D'Anya Haareweiss dicte la Blonde aux Milles Herbes
A Mellyssa Vellini Ambroise dicte la Brune Diaconesse

Ma sœur,

Il y a longtemps que je ne t'ai pas écrit et je m'en excuse platement. Tu dois te douter que se retirer dans un couvent n'est pas de tout repos et qu'on peut trouver plein de choses à faire malgré ce qu'on peut croire ! Bref ! Tu vas bien ? Personnellement moi ça va ! François aussi va bien ! Même qu'il t'embrasse !

Bon, j'ai un soucis, enfin non pas tellement un soucis, mais un peu quand même. Je suis en Savoie là, à Annecy précisément. Et j'aimerais que tu viennes nous chercher moi et François. C'est pas que j'ai peur de me lancer avec lui sur les chemins, mais je le sens pas. Y a des gens qui nous suivent j'crois. Et puis tu sais les brigands, y en a partout, t'aimerais tout de même pas qu'on se fasse trucider ? Surtout que je suis sure que le Très-Haut dans sa grande bonté te protégera pendant ton voyage.

Donc tu viens quand ? Parce que là, précisément, je suis en train de moisir dans l'auberge la moins chère de la ville et du coup la plus moisie. Fait froid là-dedans, t'imagines même pas. Mais bon comme je te l'ai dit j'ose pas trop bouger, y a des gens louches...Et puis je m'ennuie...horrible. C'est l'automne alors c'est pas la bonne saison pour les plantes, sont toutes en train de mourir ! Va falloir que je refasse ma collection au printemps, mais c'est pas dit que je retrouve tout...

Bon je te laisse, je dois aller coucher François, il dort sous la table. Tu me réponds hein ? Sinon quand tu vas arriver tu vas me retrouver pleine de champignons (le genre de champignons pas comestibles, d'ailleurs l'autre jour j'en ai fait cuir des bons ! Faudrait que je t'en fasse quand tu seras revenue) et c'est pas foncièrement beau, t'en conviens.

Bises et à très vite j'espère !



Après une relecture sommaire Anya plia la missive et alla déposer son garçon dans sa petite couchette. La jeune femme rangea ses papiers et mit la lettre dans sa besace, prête à l'envoyer dès le lendemain matin. Puis elle souffla sur la bougie, restant quelques minutes dans le noir avant d'aller se coucher à son tour.
_________________
Melly_
[Ce qu'on s'emmerde en Poitou]

Elle allait finir chèvre à faire que de parler à son âne ! Faut dire qu'elle avait un peu les boules de sortir de sa chambre d'auberge depuis que les Ecclésiastiques y z'étaient pas franchement les bienvenues dans les contrés du Ponant. Quelle belle bande de trous d'uc ces Angevins... Y pouvaient pas partir à la chasses aux gens du Clergé un fois qu'elle aurait reposé son troufion en Lorraine nan ?
Ben nan ce serait trop facile et pas assez drôle, fallait que sa nièce foute les deux panards dans le plat de l'Angevinisme et lui d'mande de venir l'aider là où qu'elle était : en Anjou donc.
Et bien sur, cruche comme elle était, la Diaconesse qu'était Mellyssa ne pouvait pas refuser une p'tite diffusion de Foi dans un Duché qui en manquait cruellement. Sauf que c'était sans compter qu'ils s'attaquaient même au gens super tip top connus à l'EA, style Clodeweck quoi.

Donc ben... Pas d'autre choix que d'aller se cacher quelque part, ailleurs qu'en Anjou. Sauf que... Parce que oui, il y a un sauf.... Mellyssa ne savait pas se servir d'une carte, c'est pour dire, elle est encore persuadée que l'Angleterre, c'est au sud de la France alors hein, à cas désespéré....
Bref, sans s'en rendre compte, elle avait donc pris la route pour le Poitou. Mais comme ça commençait vraiment à sentir le roussi, elle alla se louer une chambre dans une Auberge de Thouars et hop ! Ni vue ni connue, on sait même pas qu'c'est une Diaconesse qu'est là et qui s'cache.

Vous allez me dire "mais elle est pas à jour mémère, ça fait longtemps que c'est fini tout c'bazar en Anjou !" et moi j'vous dis que vous avez raison. Mais pour le fait qu'elle soit pas encore de retour dans sa meuson lorraine, j'ai pas encore trouvé d'explication logique dans ses agissements quotidiens. Si vous saviez comme c'est dur de suivre tout ce qu'elle fait sans déprimer, vous comprendriez pourquoi il me manque un morceau de l'histoire. J'suis comme vous hein, j'suis un narrateur qui a besoin d'une pause ! Pas de bol, ma pause est tombée au moment de l'explication... M'enfin c'pas pire, c'est bien d'faire travailler l'imagination de ses lecteurs, surtout qu'avec une nana pareille, c'est pas une tonne de scénarios que vous pouvez inventer, c'est une mégatonne. Alors allez y gaiement ! Tout est permis !

Pour changer, aujourd'hui elle causait avec sa chouette, lorsque tout à coup, une autre bestiole à plumes vint s'écraser lamentablement sur son carreau.


-Wouaaaaaah ! Du courrieeeeeeeer !

Elle avait limite les yeux exorbités des trous. Genre on lui écrivait jamais quoi... Des semaines et des semaines que l'ennui lui courait sur le haricot, vous vous imaginez même pas le choc de voir LE truc qui va peut être lui change all her life !

Voilà qu'elle s'empresse d'aller décoller l'animal à plumes de sa fenêtre, délaissant complétement sa chouette (pauvre bête, elle qui devait croire qu'elle était entrain de découvrir les faces cachées de cette espèce bizarre qui n'a pas de plumes et qui ne vole pas : l'Homme).
Mais avant de lire, elle se posa quelques questions. Qui était assez bête pour lui écrire à elle ? Elle était pas franchement digne d'un grand intérêt, y'a que sa famille qui pouvait trouver un intérêt à lui écrire. Mais sa maman elle était certainement occupée avec sa frangine, et son autre frangine elle était au couvent d'puis des lustres, pourquoi qu'elle sortirait maintenant et pas demain ou dans dix ans ? C'est fourbe une none, ça séquestre...
Bon... Ben on va lire hein, c'est la meilleure solution pour savoir de qui il s'agissait.

"Anya Haareweiss" ? Qui c'était que celle là ? Elle avait un nom vachement allemand pour une fille qu'écrivait le français aussi bien.
"Mellyssa Vellini Ambroise" ? Comment qu'elle savait cette femme bizarre que son papa il s'appelait Vellini Ambroise ? Elle le disait à personne, c'était trop long à dire de toute façon..
"Ma Soeur" ? Oh chiotte ! Elle était découverte, c'était certainement celle qui la remplaçait au diaconat de Lorraine. Ca collait trop bien en plus, une fille avec un nom allemand qui cause bien français, c'est parfait ça pour un Duché du SRING francophone !
Elle retroussa le nez et poursuivit quand même sa lecture, les jugements à la hâte ça se fait pas.
Hé ben elle avait bien fait de continuer ! Voilà qu'on la tutoyait là dedans, qu'on lui d'mandait comment sa fartait toussa toussa.
Nan mais c'était quoi c'barouf.... C'était qui cette Anya, pis c'te François là ?

Une blague p'tetre ?

Pour en être sure, une fois la lettre toute lue, elle sortit de son sac tout un tas de paperasse. La jeune femme aimait bien se balader avec toutes les lettres qu'elle avait reçu. Ca lui donnait l'impression d'avoir de l'importance aux yeux des gens.
Pis elle s'amusa à faire la concordance des écritures. Heureusement que y'en avait pas des masses à comparer.. Entre sa nièce qui était partie se geler les miches en Russie, sa mère qui avait du mal à comprendre que quand on s'mettait un pinceau plein de peinture dans les cheveux ça laissait pas le blanc intact, et sa frangine enfermée chez des nones sectaires.


-Parbleu ! D'puis quand qu'elle s'appelle Anya ma borgne d'frangine ! Pis d'puis quand qu'on a changé d'nom ? On m'dit jamais rien à moi. C'est quoi encore qu'son tripe là ? Quand j'dis qu'ça vous arrange pô un séjour chez les nones... On m'croit jamais quand que j'cause ! J'plainds son cerveau, elles l'ont bien atomisé on dirait.

Parler toute seule ? Pas du tout voyons ! On vous l'a déjà dit qu'elle parlait à sa chouette ! C'est sympa comme passe-temps !
Moui.... Ca craint, j'vous l'accorde, enfin bref, la petite Petite Ambroise ne tarda pas à lui répondre.


Citation:
De moi, Mellyssa avec un nom trop long,
A toi, Anya avec un nom bizarre,

Salut !

Avant que j'te réponde à tout c'que tu m'écris.. T'peux m'dire un truc ? T'l'as dit à papa et maman qu'tu changeais d'nom là comme ça, sans rien dire à personne ? T'crois vraiment qu'ils va aimer qu'tu r'pousses tes origines ? Ca s'fait pas d'faire ça quomême ! Moi aussi j'voudrais bien changer d'nom, genre un truc plus court ça serait bien, mais j'pas d'bol j'suis née comme ça, j'l'assume pis tant pis hein. J'm'use juste d'la salive pour queud.
Pis l'nom d'ton fils ! pauv' gamin, s'tu lui changes son nom tous les jours y va jamais y'arriver, pis y va d'venir aussi neuneu qu'sa tante après. Ca m'f'rait suer qu'il m'ressemble, c'pas facile une vie comme là mienne.

Bref, maintenant passons au plus intéressant ! Moi.
J'vais super bien, mais si j'dois t'dire que j'en peux plus d'parler à Malice ! Ca fait des semaines que j'essaye de lui apprendre à parler mais il veut rien entendre, il arrête pas de dire "hihaaaan" tout l'temps. J'te dis pas comment que ça te casse les oreilles, c't'un truc de fou. M'enfin, j'm'atèle à ma Belle, elle m'parrait moins bête que l'âne, j'arriv'rais p'tetre à qu'qu'chose avec elle.

Pis, qu'est-ce que tu fiches en Savoie ? T'étais pas dans l'BA ? Ca caille en plus que j'suis sure, y'a que d'la montagne en Savoie. Maman elle se sentirait trop comme chez elle là bas ! Quoi que... P'tetre pas encore assez froid, y doivent bien se les geler en Russie quand même, quand j'me souviens de c'que maman elle nous disait d'ssus.
D'ailleurs, t'as des nouvelle de Vik qu'est partie là bas ? J'm'inquiète un peu faut dire, ça doit pas être d'tout r'pos un voyage pareil, c'vaaaaaachement loin la Russie, nan ?

Comment ça ta peur d'venir me voir ? C'nouveau ça qu't'aies peur des brigands et du voyage ? Toi qu'était pas foutue de restée un mois avec mois et qui m'a lâchement abandonnée en Lorraine pour aller chez les nones du BA !
Mais oui j'vais v'nir te chercher ! Bien sur que l'Très Haut y va m'aider pendant mon voyage, même qui m'parle des fois alors hein....

Quand c'est que j'pars ? Oh bah j'pense que j'va partir ce soir moi hein. J'm'ennuie trop moi aussi ici. J'sais pas combien que y'a d'jours de voyage pour y'aller en Savoie, pis comme j'sais pas m'retrouver sur une carte, faut pas qu'tu m'attendes avant l'noël de l'année prochaine j'pense.
J'vois large mais ça vaut mieux ! On sait jamais, c'toujours mieux d'être contente que j'sois en avance que d'déprimer que j'suis en retard, hein dit ?

Prépare tes aiguilles et tes fils aussi ! J'ai beaucouuuuup de trous dans mes fringues ! Pis essaye pas d'me les réparer avec tes plantes, vu qu'ça semble être ton nouveau délire ça les plantes...

Bon, ben j'te laisse aussi moi alors. J'vais m'préparer à partir vers la Savoie.
J'espère que ce sera des champignons comestibles qui vont pousser sur toi, j'vais surement avoir la dalle en arrivant !

Pleins de bisous,



Et hop le message accroché sur la chouette, et la chouette partie vers l'infini et au delà, enfin nan, vers la Savoie suffira.
Il ne lui restait plus qu'à rassembler ses affaires qui l'étaient déjà, et à partir.


-Bon bah très bien. Partons alors ! J'l'aime pas ma soeur des fois quomême. J'vais avoir fait l'tour du Royaume avec ses abrutiteries.
Anya.
[ Croâ ! ]

L'avantage avec les chambres peu chauffées, c'est qu'on peut y conserver tout et n'importe quoi. Des plantes, de la nourriture, des bestioles qui aiment squatter les endroits un peu vieux, et puis des grenouilles. Oui, vous avez bien lu, des grenouilles. Si Anya avait des araignées au plafonds, elle entreposait aussi des grenouilles pour les étudier. Les plantes étaient passionnantes mais les animaux aussi. Et puis faut dire qu'elle n'avait toujours rien à faire et en attendant que Mellyssa ne lui réponde -si elle ne s'endort pas sur son parchemin- elle était bien obligée de s'occuper comme elle le pouvait. Et les canards, ça lasse.

Anya était donc penchée sur une grenouille éviscérée tous boyaux à l'air (bon appétit bien sur) pour tenter de comprendre comment ça marchait de genre de bête. Et force était de constater qu'elle n'y comprenait pas grand chose, si ce n'est qu'une grenouille, ça pue.
François venait parfois voir sa mère, lui montrant toujours des dessins de canards. Au moins quelque chose rassurait Anya : il dessinait de mieux en mieux. Sauf que ce qui était un canard pour François était définitivement un lapin pour Anya. Question de point de vue. François se sentait par conséquent incompris, persuadé qu'il avait un talent fou et qu'aucun petit garçon au monde ne dessinait mieux que lui. Et bah il se fourrait le doigt dans l'œil.

C'est donc dans une ambiance studieuse mais un poil glauque qu'à la fenêtre de la chambre arriva une colombe avec à son bec un rameau d'olivier.

...

Ah on me dit dans l'oreillette que c'est une erreur, ce serait plutôt la chouette de Melly qui serait venue se crasher contre la vitre (ouais, c'est moins glamour que la colombe, mais on n'a pas de gros moyens hein...)
Anya très concentrée sur son cadavre ne s'en rendit même pas compte. François en revanche, si. De ses petites jambes il se hissa sur le lit présent sous la fenêtre pour l'ouvrir. D'une main mal assurée il attrapa la chouette aussi KO qu'un rugbyman français face à un plaquage néo-zélandais par l'aile et vint baragouiner aux jambes de sa mère un truc dans le genre


« -Ehhhhhh regarde c'que j'ai priiiiis ! »

Haussement du sourcil. Anya s'attendait à un canard mort comme la coutume françoise l'en avait habituée, mais nan. Une chouette. Avec délicatesse la jeune femme prit l'oiseau et le posa sur la table. Le petit garçon frémit en disant que le cui cui allait finir à la casserole avant de voir pour son plus grand bonheur qu'en fait Anya ne prenait que le message accroché sur lui. La blonde alla ensuite poser la chouette dans l'espoir que celle ci se remette puis se mit à lire la missive.

Un sourire passa son visage à la lecture de cette écriture si familière. Le style n'avait pas changé et restait si fidèle à Mellyssa. En silence elle acheva sa lecture tandis que François tirait sur la tunique d'Anya pour savoir qui écrivait.


« - C'est Mellyssa ! Elle va bientôt arriver ! »

Enfin ça, elle en savait strictement rien. Le sens de l'orientation de sa frangine était aussi médiocre que la nourriture qu'on servait dans cette auberge -4 étoiles au guide Mi-chemin. Forcément, c'était pas gagné. Partir du Poitou pour venir en Savoie relevait du périple pour la diaconesse. La joie d'Anya était donc toute relative. Mellyssa était une chèvre lorsqu'il fallait voyager et ce même par beau temps, alors avec l'hiver qui arrivait il fallait bien compter six mois -au mieux- avant de voir un bout de chausse clérical.
Le temps que la chouette de Melly se recolle les idées en place, Anya se réinstalla devant sa petite table et rédigea rapidement sa réponse.


Citation:
De moi, Anya les mains engluées dans les grenouilles
A toi, Mellyssa bientôt perdue au fin fond de la Provence,

Bonjour ! Bonsoir ! ...ou Bonjoir, c'est comme tu le sens.

Si j'ai prévenu papa et maman ? Bien sur que non ! Pure précaution. Enfin je vois que tu reçois mes missives sans soucis donc je pense que je vais pouvoir passer outre. Et je ne repousse pas mes origines, je repousse mes potentiels ennemis, nuance. Et puis faut reconnaître, mon vrai nom est plus beau que ce nom teutonisant que j'ai emprunté. Pour François, ça n'a pas l'air de le choquer, j'aurais pu l'appeler Raymond il ne l'aurait même pas remarqué.

Concernant ton âne, j'ai une mauvaise nouvelle à t'apprendre : il ne parle pas notre langue et je crois que c'est rappé pour qu'il s'y mette. Moi j'essaye en ce moment de comprendre comment fonctionne une grenouille, et bah c'est pas mal compliqué ! En tous cas, tu peux essayer de parler à ta chouette, mais vu comment elle s'est mangée la vitre en arrivant chez moi je doute que tu y arrives tout de suite.

Pourquoi je suis en Savoie ? Je sais pas. Y avait des gens qui furetaient toujours au même endroit à Montbrisson, et j'aimais pas ça. Donc je suis partie, avec juste à manger, sans carte. Et paf, à Annecy. Et je confirme, ça caille. Vik doit aussi être en train de cailler, mais je ne sais pas trop où elle est présentement. Les nouvelles vont mettre du temps à venir maintenant, mais je ne me fais pas de soucis, elle est forte, elle pourrait tuer un ours s'il le faut !

Bon et puis tu pourrais pas presser le pas ? Nan parce qu'attendre la fin de l'année prochaine...bah...excuse moi mais là je sens qu'on aura déjà rejoint le Très-Haut d'ici là à force de dormir dans ce trou à rats. Y a bien d'autres auberges à Annecy, mais j'ai pas les moyens, j'ai pas encore trouvé d'or dans mes grenouilles.

Enfin question pratique pour que je me prépare psychologiquement à ton désastre vestimentaire : combien de tes vêtements je vais une fois de plus devoir réparer ? Parce que préparer mes fils et mes aiguilles c'est bien, mais je sens que j'aurais plus vite fait de te coudre de nouvelles robes, ce serait plus simple pour moi, et puis comme l'hiver semble être rude ici et que t'es pas prête d'arriver, ça me permettrait de faire quelque chose en t'attendant.

En espérant que tu prennes soin de toi (bien que j'ai du mal à y croire te connaissant),
Bisous



Anya ferma la lettre puis tourna la tête vers François qui la regardait avec des yeux brillants comme à chaque fois qu'il voyait sa mère écrire. Pourquoi ? Aucune idée, peut être l'émotion des mots, ou une allergie, va savoir. Puis avec un grand sourire elle lui proposa de descendre à la volière pour trouver un bon pigeon pour porter sa lettre. La chouette semblant toujours comateuse elle la renverrait après.

Tous deux s'habillèrent donc chaudement et quittèrent la chambre. Au coin de la rue se trouvait une volière pleine de pigeons plus ou moins vieux, plus ou moins aveugles, plus ou moins désorientés. Leur choix se portèrent sur un pigeon calme, et qui était apparemment un peu plus intelligent que la moyenne -non je vous rassure, il ne savait pas parler. La Haareweiss attacha la missive et devant l'insistance de François, elle le passa au petit garçon qui voulait lancer le pigeon en l'air pour qu'il prenne son envol. L'oiseau entre ses mains il lâcha avec plein d'entrain :


« -'Ooooooooooooole ! »

Paf.

Toute personne normalement constituée et même les gosses pas plus hauts que trois pommes savent que pour qu'un oiseau vole, c'est plus malin de le lancer en l'air que par terre. Tout le monde sauf le petit François qui se mit à pleurer en voyant que l'oiseau qu'il tenait quatre secondes plus tôt dans les mains gisait par terre « kaput » comme le disait son expression favorite après « coin ».

Autant dire que la lettre n'était pas prête de parvenir à destination...

_________________
Melly_
[Mellyssa Jones, à la recherche de la frangine pârdue.]

J'avoue, ça a beaucoup moins de classe que celui qui lui piquera tout dans quelques siècles mais bon... Y'a moins de moyens alors on a squeezer les effets spéciaux. Du coup pour éviter de se péter une jambe, les cascades sont très minimes et se résument à quelques lamentables chutes d'âne, ou des branches trop basses qu'elle se mange en pleine face, ou encore, un cheval qui court à tout allure à côté d'elle et... SPLATCH la grosse flaque de boue, en pleine poire !
Enfin bref, vous l'aurez compris, la Petite Petite Ambroise avait enfin repris la route, et elle était toujours aussi douée que quand elle était arrivée ici.

Elle avait raconté à tout l'monde qu'elle se tirait enfin de c'bled pourri de Poitou, et comme tout l'monde avait plus ou moins compris que c'était une grosse quiche (normal, quand on vient de Lorraine... [OMG elle était nuuuuuulle celle là ! J'veux changer de narrateur !] Arrête, y'a pas plus classe que moi comme narrateur. Allez boucle là un peu, t'as rien à dire espèce de joueuse, clique avec ta souris et laisse les gens avec un cerveau littéraire bosser en paix.), tout l'monde lui avait demandé.


-T'es sure que tu connais la route pour aller en Savoie hein ?

Et elle de répondre, pleine d'assurance.

-Mais ouais ! Y'a pas d'lézard ! Les doigts dans l'nez qu'j'yvais sans m'paumer ! Genre j'ai jamais voyager et j'me perds... Nawak quoi.. Sur ce Thouarsniais... Thouarssiens.. Heum... Bref, vous ! Auf wiedersehen !

[Quelques jours plus tard, sur les routes donc !]

Il va s'arrêter, il va s'arrêter, il va s'arr.... Il s'arrête pas, il s'arrête pas ! Mayday ! Mayday ! Objet Volant Identifié ne demande pas l'autorisation pour atterrir, kékéjféééééééééééééé !?

BAM !

Soit... Le pigeon s'était allégrement éclaté contre le museau de l'âne, qui fit semblant de faire le mort (oui, un âne super intelligent, il avait vu un oiseau l'faire une fois, mais il s'était pas douté que c'était justement parce que c'était un oiseau que la technique du mort marchait vachement bien). Sauf que ce gros nigaud, ben évidemment, il avait Mellyssa sur le dos, c'est donc contrainte et forcée qu'elle se retrouva elle aussi à faire la morte, les quatre fers en l'air, mais elle ne l'entendait pas de cette oreille mémère !


-Mais crotteuh Malice ! Comment t'veux qu'on arrive en Savoie avant l'noël prochain s'tu tombes comme ça !

On ouvre discrètos un oeil, puis l'autre, histoire de voir si le danger était bien parti, et voici que l'âne se met à hihaner (Comment ça ça n'existe pas ! Mais si mais si, promis, pour noël j'vous achète à tous un dico made in Melly)

-Woooooo ! C'bon t'énerves pas comme ça ! Pis c'qu'un pigeon d'abord ! Y va pas t'bouffer. t'as d'jà vu un pigeon bouffer un âne toi ?

Genre y va lui répondre et genre il a compris. Allez bref... La Melly se relève et va chercher la bestiole à plumes.. Si elle venait de s'exploser contre SON âne, c'est que c'était pour elle, ou c'était que le pigeon était vraiment un bon gros pigeon.

Ooooh bah mince alors ! Quelle surprise ! L'écriture d'Anya ! Comment elle avait mis trop du temps à venir la lettre dis donc. Devait y'avoir plusieurs paramètres en cause... Premièrement, l'intelligence douteuse de sa propre chouette, ensuite, l'intelligence douteuse de sa frangine à comprendre le contenu de la lettre, et enfin l'intelligence toujours aussi douteuse du pigeon qui devait la retrouver.
Ouais bon, finalement le temps d'arrivage était normal.. Maintenant, fallait qu'elle se pose une fesse ou deux quelque part, histoire d'lui répondre. Ca s'fait pas de faire poireauter sa jumelle comme ça.

Rhoooo ! Bah quelle coïncidence alors ! Un gros caillou là juste devant son pif. Le monde est quand même super bien fait nan ?
Et hop, va y que j'te sortes tout l'matos d'écriture et que j'commence à pondre un pavé.
Mais..... Tout ne se passa pas comme prévu... Il était pourtant là le gros caillou, pas loin, tout tout tout proche mais.......

*Ron pchiiiiiiiit*

Hé ben on est pô sorti d'l'auberge moi j'vous l'dis...


[Après des heures de ronflement, de la boue partout sans oublier sur la joue]

L'air de rien, elle se relève, et va s'asseoir sur son caillou pour commencer à écrire.
Quoi ? Il s'est passé quelque chose ? Naaaaaan, j'vous crois même pas. Genre Mellyssa s'endormir comme ça là, en plein milieu du chemin, dans la boue etou etou, nan nan, c'pas possible. Vous avez pas vu la même Melly que moi c'est obligé.


Citation:
De moi, quelque part, mais certainement pas loin !
A toi, la Savoyarde avec un oeil en moins !

Scheiβe ! T'as pas prév'nu m'man qu'tu étais renée dans l'monde vrai ! El' va t'tuer quand elle va l'apprendre. Quoi qu'nan... J'pense pas qu'elle va t'tuer, mais tu vas mourir d'ton mauvais gré, étouffée par elle j'pense. Enfin tu v'rras bien, mais tu vas t'faire bien aplatir j'crois, t'vas morfler mouahahaha !

Pis d'abord, j'suis sure que j'saurais l'faire parler mon âne. Il est trop fort, trop beau, trop intelligent ! J'te jure, il a fait l'mort t'à l'heure quand ton pigeon s'est pointé. Si c'pas super malin comme tactique ça hein, hein, avoue !
Hé ma chouette ! T'as intérêt d'me la rendre dans un bon état, trop forte, trop belle, trop intelligente. Ouais t'as vu un peu, comment ils ont la classe mes animaux ? y'a d'quoi faut dire, avec un maître aussi PAR-FAIT qu'moi, y pouvaient être que trop forts, trop beaux, trop intelligents.
Mais bon, j'approchais du but final avec elle ! T'as vraiment intérêt pour ton fion qu'elle s'porte bien. Une séance intensive ou deux, pis elle parle ! C'obligé !

Sinon, j'presse l'pas comme j'peux, j't'écris d'un caillou là, j'pense que j'suis pas loin d'la Savoie, atta, j'regarde autour d'moi si y'a pas un panneau ! [...]


Le fait est que nan, elle était pas en Savoie, et pour preuve, elle se trouvait au pied du rempart d'la Capitale d'Orléans : Orléans (oui ils sont hyper créatifs dans ce Duché, ça vous impressionne j'suis sure)
Le concept de monter pour descendre est pas mal cela dit, mais elle en était pas là d'arriver à destination..


Citation:
[...] Bon, après un tour circulaire des environs, j'suis à Orléans d'après l'panneau. C'où ça "Orléans" ? J'suis descendue trop bas là nan ? Ca s'sent, y fait plus froid qu'quand j'suis partie, ca veut dire que j'descends. Enfin normalement, si j'me souviens bien d'quand j'vais m'baigner, l'eau... c'toujours plus froid au fond qu'au d'ssus, ouais ?

C'qui concerne mes fringues euh.... Elles ont toutes au moins ein trou.. Mais t'as du pot, j'pas tout pris avant d'partir en Anjou l'dernière fois, donc tu d'vrais pas avoir plus de.... Heum... Un certain nombre d'trucs à r'coudre. Faut pas s'inquiéter, t'y arriv'ras sans soucis !

Bon allez, j'vais arrêter, t'façon mes doigts commencent à g'ler là, c'pas très très bon.
Prends soin des rats, j'suis sure ça peut s'manger, et qu'c'est bon, pleins d'vitamines toussa toussa.

J'arrive tout vite bientôt ma jumelle préférée !



Bon maintenant, allez en ville, trouver l'pigeonnier, dégoter un pigeon qu'avait l'air le moins crétin d'tous, et envoyer l'message. En priant pour qu'il mette pas trop de temps à arriver en Savoie celui là. Faudrait pas qu'sa jumelle s'inquiète d'pas recevoir de réponse quomême.
Anya.
[Le derrière sur un tonneau bourguignon]

Je sens votre interrogation Ô combien suprême : qu'est-ce que fiche Anya en dehors de la Savoie alors que sa sœur va aller la chercher là-bas ? Bonne question ! ...Je vais tout vous expliquer.

Il était une fois un groupe de gens qui étaient pas d'accords...blabla...et qu'on a appelé « hérétiques »...blabla...qui devait visiblement s'ennuyer...blabla...et qui a attaqué la Savoie. Les Réformés avaient donc posé bagages en Savoie, ce qui n'était pas sans inquiéter Anya. Parce que oui, elle aimait moyennement les Réformés et puis les voir s'attaquer au duché où elle résidait ne faisait que renforcer sa paranoïa aiguë. Alors sans plus tarder elle décida de partir, bagages sous un bras, fiston sous l'autre.

Ses petits pieds l'avaient emmené en Bourgogne avant qu'ils ne l'emmènent en Champagne, puis en Lorraine. Mais l'heure était grave. Tout d'abord parce qu'il était hors de question que Melly se rende en Savoie alors que sa sœur n'y était plus : il fallait donc la prévenir (et heureusement, le sens médiocre de l'orientation de Melly avait du la retarder de manière considérable) mais aussi parce qu'on lui avait raconté des choses bien tristes sur leur père et il était temps qu'elle en informe sa sœur.
Sur un parchemin déjà très défraichi par de nombreux gribouillages de François, Anya commença sa lettre.


Citation:
D'Anya Von Haareweiss, Von parce que c'est plus classe
De la plus jolie des blondes
A Mellyssa Vellini Ambroise, parce que c'est la reine des framboises
A la plus jolie des brunes

Bonjour.

Bon, te casse pas le fondement, viens pas en Savoie. Y a plein de Réformés, ça va t'énerver, ça va les énerver, vous allez vous énerver, et c'est toi qui va crever. Donc vaut mieux pas. Et puis c'est surtout que je n'y suis plus tu vois. Parce que justement ça me dit pas grand chose de croiser deux trois, voire douze Réformés au marché, je sais pas...je ne me sens pas tellement en sécurité.
Bref là nous sommes en Bourgogne. Dans quelle ville exactement...je ne sais pas. Mais je suis sure qu'on est en Bourgogne.
D'ailleurs, en parlant de Bourgogne. J'ai des nouvelles de papa. Pas des bonnes malheureusement. Il a disparu. Personne n'a de nouvelles, pas même son ancienne fiancée -c'est elle qui m'a prévenue- et je dois dire que ça m'inquiète. Mais en fait j'ai bon espoir qu'il nous attende en Lorraine juste pour nous faire une surprise vu que ça fait longtemps qu'on l'a vu. Alors du coup je me dépêche de retourner en Lorraine. Dis, si jamais j'arrive avant toi, je pourrais passer du temps chez toi avant d'avoir ma maison ? J'ai plus beaucoup d'argent et faut bien qu'on mange...

Tu te trouves où là ? Au fait, la Bourgogne c'est fermé, demande à maman de demander un LP pour toi ça devrait passer tranquillement.

Je te laisse, ça caille dehors
Bonne route poupette !



PS : J'ai pas ton oiseau, je l'ai oublié. Désolée.


Lettre terminée, Anya s'empressa de l'accrocher au pigeon qu'elle avait choisi au préalable espérant qu'il se dépêche de porter son message.
_________________
Melly_
[Mellyssa des neiges, à la recherche de la frangine toujours pârdue]

Mais c'est quoi toute cette neige là, partout ! Déjà qu'elle se perd quand y'a le paysage qui change en fonction des Duchés, mais alors là y'a pas moyen écoutez... Y'a tout qui se ressemble, y'a qu'du blanc partout. Des fois y'a un peu d'gris pour casser la routine, mais quand tu t'rends compte qu'en fait, c'est que d'la neige sale.. Ca blase grave.
Un regard à droite, un regard à gauche, devant, derrière. Y'a pas à tortiller, c'est blanc d'chez blanc ! Pas un pète de fion d'pique d'église à l'horizon !


-Où qu'on est Malice ! J'commence à m'les g'ler sévère, j'ai la dalle pis en plus, j'trouv que ça sent pas la Savoie par là. T'trouves pas qu'ça sent pas la Savoie toi ? J'sais pas... P'tetre la Germanie ou la Bretagne, mais franchement, j'suis pas trop trop sure ! Faudrait qu'on croise un gens, t'pas d'accord ?

Hihaaaaaan Hiiiiihan !

-J'savais qu'tu répondrais ça. Allez viens suis moi feignasse !

Le fait est que c'était elle qui le suivait plutôt que l'inverse, puisqu'elle se faisait gracieusement porter par cette brave bête à l'intellect surdeveloppé.
Sauf qu'elle avait pas prévu ce problème majeur dans son plan : y'a pas un trou d'uc dans l'coin ! Ca s'avérait donc une tâche complexe de trouver quelqu'un susceptible de l'aider... Tant pis ! Ils fileraient tout droit ! C'était l'meilleur moyen pour pas s'perdre qu'on lui avait dit une fois, mais comme la logique humaine veut qu'on aille toujours droit..... Enfin bref, ça d'vient trop philosophique tout ça.

Quand tout à coup, fie d'pétoire un clocher ! Alors va y que j'te frappe au troufion de l'âne pour le faire avancer plus vite (tu parles, un âne ça va jamais vite, t'auras beau le claquer le derche quinze fois, il se traînera toujours comme un vieux truc tout pourri).
Petite pause devant l'panneau : Joinville.
Tiens... Ca lui disait quelque chose c'nom là, elle n'avait déjà entendu quelque part, but wouère ? Zat iz ze kouéstione !
C'est en lisant les p'tites lignes en bas du contrat qu'elle vit : Bourgogne.


-Wouaaaaaah ! Mon Malice d'amour adoré ! T'sais où t'm'as amenée dit ? T'sais ? Là où qu'y'a mon papa à moua ! Mon trop fort papa génial super balèze. T'rends compte un peu, ça s'trouve que j'vais l'revoir ! Ca s'rait trop bieeeeen ! Vite magne toi, faut qu'on trouve où qu'il est !

Allez hop, on descend de son fidèle et magnifique destrier, ranafout' c'est papa d'abord. Pis on se met à courir en manquant de se ramasser la tronche par terre plus d'une fois (à chaque pas en fait) histoire de trouver le plus vite possible âme qui vive, âme qui lui dirait où qu'il se cache son papounet d'amuuuuur.
Hé ben naaaaan, c'est l'pigeon suicidaire qui t'trouverai en premiiiiier ! Un superbe piqué, tout droit dans la neige et un message accroché à la patte. Encore ?!
Son papounet attendrait un peu alors... La Petite Petite Ambroise se posa l'derrière dans la neige, en plein milieu du chemin et se mit à lire.

Premier point, fallait plus aller en Savoie. Bonne nouvelle. Aucun regret de s'être trompée de route.
Deuxième point, sa frangine aussi était passée en Bourgogne, même que c'était l'23 décembre à en croire la date de l'écriture du message. Chiotte alors ! Elle l'avait manquée !
Troisème point, papa à disparu.
Quatrième point, est-ce que j'peux te chourer ta maison et ta bouffe. Va y ! Fait comme chez toi surtout !
Petit PS : J'ai oublié ton piaf. Sans commentaire, elle allait déguster dans la lettre mémère.

Quand soudainement, les neurones de la brunettes décidèrent de se connecter et de faire un rembobinage.
"Troisième point, papa a disparu."
Heiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin ! Deux grosses billes à la place des yeux (j'déconne pas hein, j'vous fait la description vue de dos). Comment ça son papounet chéri d'amur il avait disparoisse ? C'était pô potib' ça ! Son papa c'était l'Capitaine de Bourgogne, c'était l'plus fort papa du monde, comment qu'y pouvait avoir disparu ?
Beuh nan.. Y faisait une blague, c'était obligé.. Ana elle avait raison, il attendait sagement en Lorraine, pour faire la surprise.
Sans tarder, on prend une plume, un parchemin et on écr... Euh nan... On va p'tetre se poser une fesse en taverne, ça s'ra moins mouillé.


[Une taverne de Joinville. Laquelle on sait pas, et on s'en fout en plus.]

Moins froid, moins mouillé, perfekto pour répondre à une lettre dans les meilleures conditions, alors commençons !

Citation:
De moi, qu'a très très faim
A Anya trucmuche, parce j'me souviens d'jà plus comment qu'l'autre s'écrit, t'aurais pu choisir plus simple !

Ca tombe bien qu'tu m'dises d'pas aller en Savoie, j'crois qu'j'étais un p'tit peu mal partie là. J'suis à Joinville en Bourgogne, et y m'semblait qu'cette ville elle était plutôt en haut qu'en bas, pis c'est en bas d'la France la Savoie. Enfin y m'semble, au souv'nir d'la dernière carte qu'j'ai r'gardé. Y'a trop d'noms sur ces fichues cartes, on s'y r'trouve jamais !
Ca tombe encore mieux si y'a des hérétiques. Y sont même pas beaux les hérétiques, y puent, pis en plus y s'battent y savent même pas pourquoi, pis y s'font piner la tronche comme des bleus et y comprennent toujours pas pourquoi. C'est qu'c'est idiot un hérétique. T'façon... Faut être idiot pout pas croire en l'Très Haut ou pour réussir à s'faire excommunier...
T'as bin raison d'être partie d'là bas ! Ca m'ferait suer qu'ils réussissent à t'coller des idées saugrenues dans la tête.. D'jà qu'les autres bouffons d'Anjou y avaient réussit à entrainer Vik dans leur truc là.. Elle, la plus aristotélicienne des fidèles -ou pas loin-. ca la foutait mal !

T'sais quoi ? Quand j'vu "Joinville" sur l'panneau j'me suis dit "chic j'vais r'voir papa". J'ai couru comme une grosse niaise en m'vautrant dans la neige pour trouver quelqu'un qu'aurait pu m'dire où qu'il était. Pis y'a ton pigeon qui s'est pointé, d'ailleurs j'ai un p'tit doute concernant son état d'santé... A mon avis, y va pas en r'ssortir. Pis là, y'a tous mes rêves qui s'sont envolés.... Mais j'te crois ! J'suis sure qu'il est en Lorraine moi aussi ! Tu m'diras quand t'arrives hein ! J'pense que j'vais rester en Bourgogne un peu, histoire que si y s'remontre on sait jamais..

T'peux faire comme chez toi dans ma maison. Normalement c'pas trop mal rangé, mais j'pense pas qu'il reste d'la bouffe dans les placards. Vu tout l'temps que j'suis pas rentrée, y'a des fourmis qu'ont du faie l'ménage dans mes fonds d'tiroirs ! T'auras qu'à aller sur l'marché, y'a des sous dans ma chambre me semble.. Si les fourmis les ont pas mangé....

Euuuuuh.. Au sujet d'cette ancienne fiancée, moi j'veux tout savoir ! Kékétadis ? Qu'il était trop beau, qu'il était trop fort, qu'il était trop intelligent ? Pis d'abord, pourquoi qu'c'est son ancienne fiancée ? Racoooooonte !

Par contre... Y'a un truc qu' j'te pardonne pas et que t'vas m'apyer toute ta vie ! T'as oublié MA chouette et t'sais même pas où ! T'as pas honte d'laisser MA chouette sans surveillance, là où qu'y'a des hérétiques partout ça s'trouve. Comment j'fais moi si j'me r'trouve avec une chouette qu'est pu aristotélicienne, c'quand même pas potib' qu'une diaconesse elle ait avec elle une chouette qu'est hérétique. Nan sérieus'ment..... C'pas logique quoi !
T'as intérêt qu'on m'l'a rapporte, en toute bonne santé, sinon tm'en r'trouves une aussi bien, et là j'te souhaite bon courage espèce de pauvre ! T'boss'ras jour et nuit, mais t'm'en payeras une nouvelle !

Namého.

Que l'Très haut t'protège, faut qu'tu m'retrouves ma chouette.



Scrogneugneu. Direction le pigeonnier du village et un envoi de nouveau courrier un !
Elle aura jamais autant écrit que d'puis qu'sa frangine avait remis l'nez dehors.. ca fait mal au poignet tant d'sport tout d'un coup..
Anya.
[ Parce qu'on peut être diaconesse et avoir une maison lugubre, ou en état de guerre, au choix.]

Verdun. De retour « chez elle ». « Chez elle » parce que sa maison avait disparu, ayant pris soin de la détruire avant de partir pour son voyage qui était prévu pour être sans retour. La borgne avait eu alors l'autorisation de crécher chez sa sœur en attendant de se payer une petite maisonnette dans le village. Finalement, beaucoup de maisons étaient à vendre, Verdun s'étant fortement dépeuplé. En attendant d'avoir assez d'argent Anya avait décidé de passer du temps chez sa diaconesse de sœur, et souhaitait en profiter pour préparer le retour de la brunette qui était partie chez les Angevins.

Et il y en avait bien besoin. La maison était rangée à la mode Melly : c'est à dire n'importe comment. Tellement n'importe comment que dire « ranger » c'est un peu mentir. Mais comme je ne suis qu'un narrateur et que Mellyssa Vellini Ambroise est une sorte de mystère, je fais ce que je peux.

Bref ! A croire qu'une tornade était passée dans la maison durant l'absence de sa propriétaire, tout était sans dessus dessous. De la vaisselle à trainer, des placards ouverts, de la nourriture délaissée un peu partout -ce qui n'était pas tellement étonnant en soi- et des vêtements que l'on trouvait dans des endroits parfois incongrus. Ce qui était surtout remarquable outre le désordre ambiant, c'était l'état des choses abandonnées à leur sort. Surtout les vêtements mangés par les mites et rongés par l'humidité. Ce qui était une robe ressemblait maintenant à une cotte de maille pour gueux et Anya ne comptait plus le nombre d'habits qu'elle allait devoir réparer avec les moyens du bord.

Ne parlons même pas des placards. -Oh si je vais en parler en fait-
Les placards, véritable nursery pour petites bébêtes parmi lesquelles on retrouve des fourmis, des cafards -ce qui rime avec placard...AHAHAH...oui, elle était pas drôle- et des insectes tellement bizarres qu'on ne saurait les nommer. François lui se cachait et pleurait dès qu'il trouvait une bestiole qui avait une tête qui ne lui plaisait pas. Et finalement, Anya avait fait de la maison de sa sœur un véritable laboratoire d'étude des insectes, de la dissection à l'étude de leur comportement, en passant par l'inventaire des trucs qu'on trouvait chez Melly. Non pas qu'Anya était fascinée par les insectes, puisqu'elle les trouvait moches, mais parce qu'elle était persuadée que ces connaissances pouvaient servir un jour.

Deux jours après s'être installée, après avoir vu le désastre, après avoir rangé et nettoyé correctement les lieux, Anya s'était enfin décidée à répondre à sa sœur qui devait être proche de la Lorraine si on était optimiste sur ses capacités de repérage.


Citation:
De celle qui a rangé entièrement ta maison même qu'elle a cru qu'elle allait mourir sous tant de poussière,
A celle qui pourra toujours poireauter pour récupérer sa chouette.

Ave toi,

Leçon de géographie : Non la Savoie ce n'est pas en bas de la France. C'est à droite de la France. A droite si tu te tiens debout sur ta carte, que tu tournes le dos à l'Espagne (qui est cette fois ci en bas) et que tu pointes ton nez vers l'Angleterre. Et là ce sera à droite. Tu vois la Lorraine ? Tu vois la Franche Comté ? Bon bah c'est encore en dessous. Je t'apprendrais la prochaine fois où se trouve la Bretagne, ça pourrait t'être utile toi qui veut voir la mer.

Sinon je suis chez toi là. Je dis bien chez toi parce qu'avant que j'arrive je me suis demandée si on n'avait pas transformé ta maison en porcherie. Tu sais qu'une vache n'aurait pas retrouvé son veau dans ton fouillis ? Du coup j'ai rangé. J'étais fatiguée par le voyage mais j'étais obligée, je ne sais pas comment tu peux vivre là-dedans. Je vais aussi devoir te donner des cours de rangement. François est traumatisé après avoir croqué dans un biscuit qui trainait et qui hébergeait des fourmis. Au passage j'en ai profité pour sauver comme j'ai pu quelques unes de tes robes. Les autres je les ai brulées. Quand j'aurais un peu d'argent je t'aiderai à te racheter des vêtements.

Justement, en parlant de racheter ta chouette. Tu rêves. Elle est folle ta chouette ! Je lui ai rendu service en l'oubliant. Mais bon, elle est bien fichue de revenir ici juste pour t'attendre, alors avant de t'en racheter une on va bien voir si elle est encore en vie ou pas. Si ça se trouve elle a voulu rentrer et un hérétique l'a attrapée et mangée. Je ne crois pas à la théorie de la chouette hérétique. Elle est tellement à côté de ses plumes qu'elle ne doit même pas comprendre qu'elle est une chouette.

Bref...tu es à Joinville là ? Je vais t'apprendre quelque chose : tu approches de la Lorraine. Y a de l'espoir que tu arrives avant la fin de l'année prochaine, c'est rassurant. Sinon je n'ai pas encore vu papa en Lorraine. Si ça se trouve je me suis trompée, et il se cache en Bourgogne et personne ne le sait. Faut que tu cherches, je suis sure que tu peux le trouver.
A propos de son ancienne fiancée je ne sais pas grand chose. Juste qu'ils ne sont plus ensemble (normal si c'est son « ancienne » fiancée) et qu'en gros il est allé voir ailleurs. Mais il a du se tromper, il a du vouloir voir sa fiancée et il en a vu une autre, normal avec un seul œil. Des fois on voit mal, surtout s'il fait noir, je suis bien placée pour le comprendre. Il faudrait lui demander ce qui s'est vraiment passé, mais la femme avait l'air honnête.

Je dois te laisser, François s'est décidé à refaire la décoration de ta maison. Il est un peu comme toi, il a un goût douteux. Je vais lui donner à manger, ça devrait l'occuper pendant un moment. A la rigueur je le laisserais gribouiller sur un parchemin. Ah et aussi : ça manque de livres chez toi. Je sais bien que c'est hors de prix, mais pour une diaconesse tu me déçois.

Fais attention à toi sur les chemins, mais je sais que la force est avec toi.



Anya se leva, regarda en coin François qui dessinait au fusain sur les meubles et soupira, se demandant quand l'enfant allait se lasser de cette passion. Puis elle se rendit dehors, marcha jusqu'au pigeonnier le plus proche, galéra pendant dix bonnes minutes pour accrocher le mot sur l'oiseau qu'elle avait choisi, avant de le voir s'envoler de manière peu académique. Décidément les pigeons étaient bien mal en point cette année.
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