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[RP] Anarchie à Féodalande

--Robert_arctor


Jamais homme ne fut si intendant que Robert Arctor, et ne le demeura si parfaitement toute sa vie.

Issu d'une famille de hobereaux de la campagne cambrésienne, il prit goût très tôt aux travaux d'intendance. Son père, plus connu pour ses frasques que pour sa gestion des domaines dont il avait la charge, était enchanté de confier ces responsabilités à son fils.

A sa mort, classant des documents retrouvés dans la chambre de son père, Robert trouva quelques lettres écrites par une certaine Mathilde de Bertry, évoquant la naissance de sa fille, Héloïse, ainsi qu'un calepin usé sur les pages duquel étaient notées des sommes avec, en face, en lettres rondes et malhabiles : Héloïse. Ainsi, Robert avait une soeur, dont il se répétait le prénom, cherchant à deviner la jeune fille derrière les douces sonorités.

Il réfléchit longuement, se mit en tête de la retrouver. Il céda à bas prix la ferme et les terres familiales, démissionna de son poste d'intendant et partit sur les routes.

Son périple fut long, mais il retrouva trace de sa soeur un jour où il s'était arrêté dans une taverne de Mâcon. Là se trouvait un voyageur à l'aspect aimable, du nom de Samuel de Trévière, pour lequel il se prit de sympathie. C'est ainsi que Robert, au cours de la discussion, entendit prononcer pour la première fois le nom d'Héloïse de Bertry.

Il apprit son décès récent : elle s'était noyée, à Marseille, et laissait une petite fille à son époux, Alexis Beogora. Bien que ne connaissant pas sa soeur, il ressentit une tristesse qui ne le quitta plus durant des mois.Tristesse accrue par l'accueil plutôt frais que lui fit le veuf, signifiant une fin de non recevoir. Il ne verrait jamais sa nièce, Mara.

Il s'établit quelque temps à Draguignan mais ne s'y sentait pas chez lui : la ville était morne et l'on y croisait peu de monde, malgré les efforts sans mesure de la bourgmestre d'alors, Isabeau de Paré, la dame de choc, ainsi qu'elle se plaisait à se présenter, ne manquant pas de déclencher l'hilarité chez certains de ses détracteurs. Il faut avouer que même Robert, tout respectueux qu'il soit, ne pouvait réprimer un sourire amusé.

Puis, l'ennui ayant fait son oeuvre, il quitta Draguignan sans regret pour se rendre à Marseille. Sur les conseils de Trévière, il se présenta à la cousine de ce dernier, Istanga de Lendelin, qui cherchait intendant pour gérer la fortune que lui avait léguée son époux, le Prince Mirza de Transoxiane. Robert avait quelques doutes quant à la légitimité de ce legs, mais la présence du fils de Mirza le décida.

Istanga lui avait dit avoir rencontré sa soeur, peu avant sa mort, dans une taverne nîmoise mais, à ses questions, elle répondit toujours de manière évasive, avec un air gêné. Robert n'insista plus mais conserva l'impression bien ancrée que la Lendelin lui cachait quelque chose. Il savait qu'un jour, Istanga lâcherait l'information par étourderie : il était patient.

La vie allait bon train, entre la demeure marseillaise d'Istanga et le château des Trévière, à Vitrolles, quand la guerre mit fin à leur présence en Provence. Durant les hostilités, Robert s'était gardé d'émettre quelque opinion, simplement désolé que la soif de pouvoir entraîne des dirigeants dans une économie exsangue.

Lui était resté à Marseille, afin de mettre en vente la propriété d'Istanga, liquider la boucherie qui l'avait amusée quelque temps, rassembler les biens mobiliers. Il avait fait un premier voyage en compagnie de toute la maisonnée jusque Montauban, où elle prit en location une grosse demeure, près du cimetière. Lui s'en retourna à Marseille, pour finaliser les transactions et charger de nouveau les carrioles qui transporteraient le reste du mobilier et les denrées que Istanga avait commandées.

Puis il attendit le pigeon qui lui annoncerait qu'il pouvait venir. Longtemps. Car Istanga n'arrivait pas à se décider : après Montauban, elle lui parla de Mimizan dans les lettres sans queue ni tête dont elle était coutumière. Puis Mimizan ne lui convint plus, et Robert commençait à se demander si elle arrêterait un jour cette vie de nomade quand, enfin, ce qu'il espérait arriva. Une décision. Mont de Marsan.

Il chargea l'une des charettes de tonneaux d'huile d'olive, d'olives, de bouquets de lavande séchée, de deux barils de thon à l'huile, dont tous étaient friands, de pots de tapenade, de jarres d'anchois au sel, de bouquets de farigoule plus quelques fougasses au romarin enveloppées dans un linge, dont il espérait qu'elles garderaient leur parfum le temps du voyage.

Pendant qu'il était sur la route de lo Moun, Istanga partait, escortée par les Sagittaires, pour Montauban, afin d'en ramener ses biens.
Par le plus grand des hasards, ils se retrouvèrent à Muret et Robert put ainsi leur laisser les chariots. Il n'eut pas le temps de discuter quoi que ce soit : Istanga l'envoya régler l'achat d'une demeure qu'elle avait à peine vue. Heureusement la transaction fut rapide, la smala n'aurait pas à dormir à l'auberge, mais Robert doutait que l'affaire fût bonne. Il remisa dans son cerveau cette mauvaise impression pour se consacrer aux formalités d'installation dans la ville.


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- Il a si bonne mine pour un intendant que Je me fais quelque scrupule de le prendre ; n'en dira-t-on rien ?
- Et que voulez-vous qu'on dise ? est-on obligé de n'avoir que des intendants mal faits ?
--Robert_arctor


Robert Arctor n'aurait pu dire que l'installation s'était faite sans heurt, mais il reconnaissait qu'aucun problème rencontré ne lui parut insurmontable. Il en tirait fierté et s'accordait un repos bien mérité, lorsque Istanga fit irruption dans son bureau, exigeant un état de ses biens meubles et immeubles. Robert était avant tout un homme prévoyant et avait pris soin de tenir à jour ses registres. Il lui manquait toutefois une pièce essentielle, le registre des dépenses d'Istanga.

Il le lui avait réclamé à plusieurs reprises, sans succès, la jeune femme préférant s'évanouir dans la nature, évitant soigneusement d'y répondre.

Cette fois c'en était trop! Le visage habituellement aimable de l'intendant s'ombra soudain de colère rentrée, les lèvres légèrement pincées retenaient avec peine un rugissement de colère. Il parvint toutefois à répondre calmement à la demande :



Istanga, je ne puis vous accorder cela, tant que vous ne m'aurez pas donné l'état de vos dépenses de ces six derniers mois! Je vous l'ai pourtant déjà réclamé, à maintes reprises. Si vous voulez un bilan complet, il me faut cette pièce, comprenez-vous?

La jeune femme fixait l'intendant, se demandait visiblement comment se sortir de ce piège où elle s'était elle-même fourrée.

Robert la regardait réfléchir et, s'il avait eu de l'imagination, il aurait pu voir derrière le regard d'Istanga toute une nuée de petits serviteurs qui lui chuchotaient les moyens de s'en tirer. Mais il n'en avait aucune et poussa un soupir lorsqu'elle lui répondit :


J'ai laissé mes comptes à mon frère, dans la bibliothèque, pour qu'il m'explique les zucats. Vous n'avez qu'à lui demander. D'ailleurs, il devrait vous intéresser. Et puis, l'inventaire de mes biens, ça le regarde aussi, non?

Robert acquiesça en silence et commença à rassembler ses livres de comptes pour les emporter à la bibliothèque.
C'est lui-même qui avait retrouvé la trace du jeune homme, à la demande d'Istanga, et il n'avait pas prévu qu'il serait remplacé par celui-ci dans sa fonction d'intendant.
Mais il ne montrerait rien de sa déception, et se contenterait d'agir avec la conscience qui le caractérisait.
Les ordres étaient les ordres, il ne pouvait les contester.

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- Il a si bonne mine pour un intendant que Je me fais quelque scrupule de le prendre ; n'en dira-t-on rien ?
- Et que voulez-vous qu'on dise ? est-on obligé de n'avoir que des intendants mal faits ?
--Robert_arctor


Pour répondre à l'ordre d'Istanga, Robert se rendit, à pas mesurés, en la bibliothèque où il devait rendre les livres de comptes au jeune frère, Miroslav. Il pensait que ce dernier était bien trop jeune pour cette tâche ardue, mais garderait cette certitude pour lui, qui n'appartenait pas à la famille. Le jeune homme n'était pas là, et Robert déposa ses dossiers sur un coin de la table resté libre.

Dérouté par la multitude de feuilles de l'épais papier qu'Istanga affectionnait, éparpillées sans la moindre règle, recouvertes de signes étranges et de textes à l'écriture serrée, Robert en prit une au hasard. De désabusé devant le désordre, son regard se fit étonné, puis stupéfait à mesure qu'il lisait. Un projet ambitieux, mais clairement décrit. L'intendant en oublia les doutes qui l'assaillaient quant à la continuité de son engagement dans la maison Lendelin et dans sa pensée se formulèrent clairement les chemins à emprunter.

Pour la première fois, l'on pouvait le voir agité, impatient, froissant le document entre ses mains nerveuses. Il resta là un instant, tentant de maîtriser et réfréner les idées qui lui apparaissaient puis, faisant fi de sa respectabilité, s'installa à la table de Miroslav et entama un examen approfondi des écrits du jeune homme.


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- Il a si bonne mine pour un intendant que Je me fais quelque scrupule de le prendre ; n'en dira-t-on rien ?
- Et que voulez-vous qu'on dise ? est-on obligé de n'avoir que des intendants mal faits ?
--Miroilouette


Un quignon de pain au bec, Miroslav remontait de la cuisine. La porte entrebaillée l'intriguait, il s'en approcha donc sur ses pattes de velour. Un sourire lui escalada le visage en voyant l'intendant istanguien tressaillir sous les assauts impudents de sa lecture révolutionnaire.

Cessant la farce, il s'avança, pénétré par le devoir de partager sa connaissance de l'économie. Il s'éclaircit donc la voix pour se signaler puis déclama:


Robert! Ce cher Robert! Permettez-moi tout d'abord de vous féliciter pour la tenue de la maison.

Il agita son morceau de pain comme preuve de ce qu'il affirmait puis reprit:

Regardez par la fenêtre ces badauds qui se précipitent au marché. Des habitants commerçant avec des habitants et quelques étrangers?

Que nenni! Il n'y a là que des inconnus méfiants commerçants avec d'autres inconnus méfiants. Des écus par-ci, des écus par là!

Dans ce monde où l'on a abandonné la symbolique au profit de ces mornes écus, trop chargé d'or et peut-être encore plus chargés du sang des mineurs, pas de confiance.

Les mineurs travailleraient-ils pour leur province? C'est ce que les physiocrates qui ne comprennent rien à la monnaie essaient de nous faire croire.

Il rit, paupières closes, s'éclaircit à nouveau la voix, puis:

Robert, ne soyez pas comme eux, jamais. Vous n'êtes pas de ces intendants qui tournent le dos à la bonne gestion, mais s'adonnent aux complots de couloir, et ne me faites pas mentir sur ce point. Avec cette petite dose de confiance qui fait la puissance des symboles, vous pourrez faire de vos additions grèvantes de bien florissantes lignes d'écriture relatant l'aventure de ceux qui avancent main dans la main, les poches bien garnies.

Un sourire en guise de premier pas, les bras croisés pour soutenir son propos, il laissa échapper un soupir.
Istanga
La porte est restée entr'ouverte. Darius à mes côtés, j'attends que Miro aie terminé de parler pour entrer.

Salâm!
je salue joyeusement mon frère et l'intendant qui semble plus guilleret qu'à son habitude.

Je ne vous dérange pas, j'espère... Je venais vous faire part de ma décision d'acheter un troupeau de moutons à Darius. Je pense que le métier de berger est un plus lorsque l'on a pour avenir la gestion d'un pays.

Et puis, et puis... peut-être pourriez-vous le former à l'intendance? Je sais qu'il a déjà une idée du travail que cela représente, à vous de lui dire s'il a bien perçu la fonction...


Je vois bien que je les ai dérangés dans leur conversation, mais je n'en ai cure : c'est moi le chef de famille, qu'on se le dise.

Darius, explique leur comment tu vois ce métier!
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--_darius
Darius est très heureux que sa mère lui offre l'occasion de voler de ses propres ailes. Il rêve déjà des grandes étendues des landes où il mènera paître son troupeau, perché sur les échasses qui l'ont tant intrigué à son arrivée en Gascogne.

Aussi, lorsqu'elle lui demande d'expliquer le métier d'intendant, a-t-il un moment de flottement après lequel il se lance.

Hum... bien... Alors l'intendant est l'administrateur de la maisonnée.
Il se charge de gérer les affaires quotidiennes, dont ne veulent pas s'occuper les nobles ou les riches marchands, ou même les représentants de l'église.
J'ai pu remarquer que bien souvent les nobles n'ont pas la moindre idée de la valeur de leurs propriétés, ni du coût d'entretien : un intendant saura tout dans les moindres détails.
Et puis, les riches nobles possèdent souvent des propriétés éloignées les unes des autres, ce qui fait que certains intendants se débrouillent seuls pendant des mois, voire des années, avant de voir leur seigneur.
C'est véritablement un poste très important.


L'adolescent se tait un moment, puis ajoute à voix basse, pour lui même :
Istanga ne sera jamais intendante, c'est sûr...

Un regard sur Robert, qui semble avoir capté et sourit finement.

Darius hésite un instant, puis reprend :


Dites, il y a une question que je me pose. Pourquoi seules les routes qui relient les villes entre elles sont entretenues? Pourquoi les chemins qui mènent aux fiefs ne sont-ils pas visibles? Pourquoi ne rencontre-t-on jamais personne sur ces chemins qui deviennent des repaires pour les brigands, ou autres? Pourquoi les ducs et les duchesses ne se préoccupent-ils pas de valoriser ces terres?

Darius est certain que, même si ses questions sont naïves, il aura réponse de l'un ou de l'autre. Réponse claire qui plus est...
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--Robert_arctor


Robert accueillit en un large sourire Miroslav, qu'il brûlait d'interroger sur ses écrits. Ce dernier ne lui en laissa pas le temps et l'intendant se contenta d'écouter avec attention le discours enthousiaste du jeune homme, hochant la tête en un assentiment muet.

Au soupir de Miroslav, Robert comprit que le jeune homme savait qu'il serait difficile de casser les habitudes et les convictions ancrées dans tout homme. Il prit alors la parole :

Miroslav, j'ai confiance en votre idée, confiance en votre projet, confiance en votre famille. Après tout, tout n'est que question de confiance, n'est-ce pas?

Mais, avant que le jeune homme puisse répondre, arriva la briseuse de tranquillité suivie de son fils. Il l'écouta sans broncher sur les moutons mais, lorsqu'elle lui demanda, l'air de rien, de former Darius, il ne put s'empêcher de dire à voix basse :

Qu'il s'occupe d'abord des moutons, il en apprendra beaucoup!

Puis il écouta attentivement le gamin décrire le travail d'intendant, étonné de le voir si instruit de son métier et sourit. Son sourire s'étira un brin en entendant la remarque de Darius sur Istanga, dont il attendait toujours l'état de ses comptes depuis son départ de Provence jusqu'à son arrivée en Gascogne.

Mais il n'eut pas le temps de féliciter Darius que celui-ci se lança dans une série de questions auxquelles il préférait que ce soit Miroslav qui y répondît.

Excellent, Messer Darius! Vous avez très bien résumé la fonction d'intendant. Par contre, pour répondre à vos questions, je pense que votre oncle pourra vous renseigner bien mieux que moi, malgré mes grandes connaissances en bornage.


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- Il a si bonne mine pour un intendant que Je me fais quelque scrupule de le prendre ; n'en dira-t-on rien ?
- Et que voulez-vous qu'on dise ? est-on obligé de n'avoir que des intendants mal faits ?
--Miroilouette
Miroslav avait eu une réaction de surprise en entendant la mention de son lien de parenté...Après tout Darius et lui n'avaient qu'une faible différence d'âge. Cependant Robert Arctor venait de le placer sur un pidestal qui lui permettait d'embrayer sereinement.

Vois-tu mon neveu-il ne se lassait pas de cette nouvelle appartenance, vivante, contrairement aux mornes fantômes d'autrefois qui cachaient leur transparence derrière des habitudes...-L'intendant c'est bien tout cela, mais c'est aussi beaucoup plus simple.

Il fit quelques pas dans la pièces, et mains croisées dans le dos continua:


Il n'y a pas d'intendant aujourd'hui, car il n'y a pas d'intendance, nous jouons aux riches avec nos quelques écus investis dans du pain et parfois un morceau de viande, tous les accessoires échappant à la réalité, les parures de fête, les chandeliers, même les portes des maisons, tout est...je n'aime pas ce mot...gratuit...voilà...pas d'intendant...

Il rougissait, l'idée le mettant en rogne...C'est les poings serrés qu'il continua:

Un simple carnet, voilà, notons la confiance et les intendants ne seront plus ces pages fats...se tournant vers Robert:sauf votre respect Robert, je sais tout ce que je vous dois...
--Robert_arctor


Robert suivait le cheminement de la pensée de Miroslav sur le visage du jeune homme dont les traits mobiles trahissaient l'intense activité intellectuelle.

C'est avec soulagement qu'il accueillit les derniers mots, lui permettant ainsi la liaison avec la lettre qu'il avait reçue de son ami tantôt.

J'ai bien compris l'intérêt du contrat de confiance, mon jeune ami, et vous pouvez compter sur moi pour assister vos soeurs, soyez en certain. Mais je dois vous toucher deux mots d'une affaire qui nous concerne, vous et moi.

S'approchant de Miro, il lui posa la main sur l'épaule, l'entraînant dans un recoin de la bibliothèque, à l'abri des oreilles istanguiennes.

J'ai reçu tantôt missive de G....C... - il avait baissé la voix, jusqu'à la rendre inaudible - et je dois m'acquitter de ma dette, ainsi que vous savez. Il m'a recommandé de vous envoyer à Angoulême. Vous saurez quoi y faire, n'est-ce-pas? Il n'est point besoin de revenir sur nos arrangements?


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- Il a si bonne mine pour un intendant que Je me fais quelque scrupule de le prendre ; n'en dira-t-on rien ?
- Et que voulez-vous qu'on dise ? est-on obligé de n'avoir que des intendants mal faits ?
--Miroilouette
Alors que tout devenait possible...Miro afficha une expression de contrariété un bref instant, puis mielleux:

Fort dommage pour la discussion qui se nouait et valorisait votre office Robert...Darius attendra donc...

Il ne cherchait pas à lutter. Il ne croyait pas à sa chance assez fort et se contentait de cette drôle de liberté par Georges C. promise. Une liberté intérieure...Pourquoi pas. Mais...

Que dirons nous à Flore et Istanga? Je sais que je devrais déjà être en chemin mais..

Il laissa ses bras retomber le long de son corps, vaincu.
--Robert_arctor



Robert sentit quelque réticence dans la voix de Miroslav, mais il ne pouvait déroger à sa promesse. Une dette est une dette, telle était leur devise. Il posa une fois de plus la main sur l'épaule du jeune homme, se voulant rassurant :

Pour vos soeurs, ne vous en préoccupez point. Je leur expliquerai la situation... à ma manière. Bien, vous devez partir sur le champ, j'enverrai Harris vous porter vos biens à Angoulême. Partez, partez vite! Adieu mon ami...

Cela lui pesait tout de même, ce départ précipité. Il aurait voulu interroger Miro plus avant sur ses projets, mais il n'en aurait pas le temps. Il lui faudrait surtout expliquer la situation aux deux soeurs, et il redoutait par dessus tout la réaction d'Istanga.
--Miroilouette
Voilà, son temps de grâce était révolu. Cela faisait un mois qu'il faisait connaissance avec sa famille. Quelle chance, une famille où la politique était une quête.

Je comprends cela. Vous avez rempli votre part du contrat. Je vais en faire de même. Je ne m'explique toujours pas pourquoi je dois aller dans un endroit si perdu m'enfin...Le voyage a parfois des détours qui sont vraiment euh intérieurs.

Il se faisait une raison tout en devisant...Mais son sang bouillait:

Je peux tout de même vous dire Robert, que dorénavant il faudra compter avec moi. Le pacte financier a un rendement bien supérieur à celui que l'on passe avec le sans-nom, et il est l'expression du bien commun, donc saint. Souvenez-vous de ces paroles. Je ne crois pas avoir besoin de le préciser à mes soeurs, mais vous qui êtes intendant, témoin des puissants, notez-les, comme témoin.

Il fixa un instant Robert, l'air mauvais, puis s'en fut.
--Robert_arctor



Oublier? Jamais Robert n'oublierait la moindre parole prononcée par le jeune homme. Au contraire, dès qu'il en aurait le loisir, il coucherait sur le vélin tout ce qu'il se rappelait. Il le regarda partir, sans lui en vouloir de lui avoir montré méchante figure. Il le comprenait.

Maintenant, il s'agissait d'apprendre la nouvelle aux deux soeurs et il se rendait auprès d'elles lorsque l'oeil de Robert surprit l'ombre de Darius, dissimulé derrière une lourde tenture. Ainsi, il avait tout entendu! songea-t-il, ennuyé.

Ignorant le gamin, Arctor se plaça devant Istanga et, la tête légèrement baissée, croisant et décroisant nerveusement les mains, entama d'une voix hésitante :


Dame Istanga, Demoiselle Flore, je dois vous annoncer que... votre frère, Miroslav, nous a quittés pour... des obligations personnelles, dont il n'a pas jugé utile de m'informer de la nature... Il se rend en Périgord, que Dieu le préserve des brigands!

Il s'arrêta, d'abord parce qu'il ne voyait rien d'autre à dire, et aussi parce qu'il était surpris du silence des deux soeurs. Levant les yeux vers Istanga, blême de colère, lèvres rentrées, il sut qu'il allait passer un très mauvais moment.

Il se prépara.

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- Il a si bonne mine pour un intendant que Je me fais quelque scrupule de le prendre ; n'en dira-t-on rien ?
- Et que voulez-vous qu'on dise ? est-on obligé de n'avoir que des intendants mal faits ?
Istanga
Le temps, le temps nous rattrape. Comme toujours. J'ai laissé depuis belle lurette mon intendant et mon jeune frère à leurs conciliabules, en me plongeant dans un abîme de réflexions et de sombres pressentiments.

Aussi, je ne montre aucun étonnement à l'annonce du départ de mon frère. Tout au plus sens-je mes ongles s'enfoncer dans la paume de mes mains, mes lèvres mordues par des dents prêtes à déchiqueter. Une brume de colère m'envahit et, tandis que je fixe mes prunelles noires sur Arctor, la distorsion s'opère.

En un kaléidoscope m'apparaissent au travers du visage neutre d'Arctor des figures monstrueusement familières, masques tombés sur la laideur et la duplicité. Ne suis-je entourée que de masques? Le visage de la Ducale Canine m'apparaît et se fond sous les alizés soufflant haleine putride, vite remplacé par celui d'une inconnue emmenant son armée assassiner un curé, figure tellement transparente qu'elle n'existe peut-être que dans notre imagination, visages entremêlés de vieux ducs, d'évêque, de juges qui se lient et se délient au gré de leurs besoins.

J'ai peur.

Je me ressaisis pourtant, dénoue mes poings crispés et, d'une voix blanche :


Arctor, vous êtes viré! Hors de ma vue, tout de suite!

Il ne répond rien, et il fait bien. Je n'attends qu'un mot de lui pour exploser. A peine est-il sorti que je me précipite dans son bureau et commence à fouiller dans la paperasse qu'il accumule depuis des lustres.

Une lettre retient mon attention. Un coup d'oeil à la signature ne m'apprend rien. Georges Cluny.... jamais entendu parler. Ma curiosité éveillée, je m'installe et commence à lire en marmonnant.


.....collaboration ..... fructueuse..... Provence .....votre dévouement à votre employeuse .....diviniser l'intendance ... pffff il ne faut pas abuser!
.....Je cherchais le verbe et je n'eus que le silence.... étrange, cet homme, il plairait à Miro!
.... les sombres pratiques .....un bien triste commerce. ....un convoi pour l'Italie ..... aux bastards .... cacher... prieuré français.... Miroslav....
Quoi! mais qu'est-ce que...
je me replonge aussitôt dans la lecture.
les plus grands savants d'Europe.... hum..il n'a pas rencontré ceux de Samarkand.... paix....potentiel de l'animal....enquiquineur....la cruauté ...votre part du contrat ... Il est temps ... les bases ...Angoulême .... De la discrétion avant tout.

Ce curieux message me laisse pensive. Je le roule et le glisse dans mon corsage.

Quelques jours plus tard.

Harris entre en trombe dans le salon où je me tiens avec ma soeur et mon fils, porteur d'une lettre venant d'Angoulême. Je la décachette vivement et la lis d'une voix tremblante de joie :

Citation:


Chères soeurs,

Mon installation à Angoulême se passe bien. J'ai du vous laisser rapidement, avec un projet ambitieux pour les urnes...Je sais que tout n'est pas si simple et je vous fais confiance pour faire avancer la Gascogne par les moyens qui vous semblent le mieux adaptés. Je n'ai pas senti pour ma part en exposant mes idées à Union de volonté d'excellence...Je pressens pour vous de sombres heures et des choix difficiles et c'est ce moment que je choisis pour vous envoyer ce courrier.

Miroslav, votre frère dévoué.

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