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[RP] Vipère diplomatique, angéliques valises ...

Luciedeclairvaux
... et inversement.

[20 novembre 1458 - Entre Saumur et Chinon
Chapitre 1er : l'Ange diplomate ]


J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle.
Je commence par la mauvaise ? Je suis enceinte.
La bonne c'est que c'est de toi.


Un sourire désabusé traversa le visage de la balafrée. De môme, elle avait toujours dit qu'elle n'en aurait pas, se croyant au-dessus de ces évènements terrestres. Elle n'en voulait pas, donc ça n'arriverait pas. Mais à force de jeter les dés ... Les lois de la biologie sont plus fortes que les meilleures volontés aussi angéliques soient-elles, et il avait bien fallu se rendre à l'évidence.

Elle lui avait annoncé ça de but en blanc, tandis qu'ils franchissaient les portes de Saumur. Direction ... où déjà ? Ils auraient pu aller en Poitou, mais une délégation s'y trouvaient déjà pour des pourparlers forts riches. Ils auraient pu retourner à Craon, voir comment évoluait le paternel et ducal projet. Craon administrée par le roi Œsophage ... C'était si prometteur qu'elle songeait carrément y déménager.
Et puis au dernier moment, elle avait dit Touraine.

L'Anjou et la Touraine, après s'être férocement tapé dessus pendant des décennies, avaient entamé, par le biais du Fou, le Chambellan angevin mandaté par le Duc Finam de Montmorency, père de celle-ci, quelques discussions plus apaisées mais encore très fragiles. Réunir les deux duchés était un challenge rigolo pour la fraîchement nommée vice-chambellan d'Anjou, et la Montmorency avait bien envie de s'y essayer. En effet, elle avait encore là-bas de vieilles connaissances, pour lesquelles elle avait donné sa lame du temps de la Zoko. Ça pouvait être utile ... ou pas. En tout cas, cela promettait de bons moments en taverne, à discuter.

Et comme tout ce qu'elle faisait, elle était partie en dilettante, dans dossiers sous le bras, sans destination précise. Simplement Chaos qu'elle ne quittait plus.
Elle approcha sa monture de la sienne, jusqu'à mêler leurs étriers, et se pencha pour embrasser son amant ... ad eternam s'étaient-ils promis.


Fais pas cette tête !

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Zebracolor
zebra était sur les dents... quadrature du cercle à gérer : comment faire entrer le cadre carré d'un filet de pèche au carrelet... dans un tonneau rond, quand le diamètre égale la longueur....

Pas facile... mais plus simple que de gérer sa position : être la force de garde de la Touraine, devant Chinon, puis dans Chinon juste à temps pour reprendre la Mairie au chef des Brigands qui c'était endormi sur le bureau du Maire, croyant avoir tout son temps.. Et donc être vigilant quant à qui entre dans Chinon pour prêter main forte au Jagor qui se cache dans les ruelles obscure et prêt à reprendre la mairie une nouvelle fois... c'était le Carré...

Le rond c'est la Diplomatie... renouer avec l'Anjou. Il avait envoyé une délégation à inauguration du port... cela c'était bien passé, mais son ambassadeur avait du beaucoup attendre avant d'avoir des accès à la chancellerie Angevine... Il lui avait dit de voir ce qui pouvais se faire pour renouer le dialogue... et à son retour, il avait présenté deux options...
Finalement cela se passait mieux qu'avec le Berry ou l'on avait commencé... pour s'arrêter au milieu du gué...avec l'hiver qui arrive et les pluies...

Il pensais à toute cela quand cette nuit il patrouillais devant Chinon...vers l'ouest... source de biens nombreux brigands...souvent bretons... Il pleuvait, le ciel était bas...

Soudain, deux apparitions sur le chemin au détour d'un arbre...un homme tout de noir, les cheveux hirsutes... et une femme au visage déformée...

Elle dit
Citation:
.................ice.........Anjou..........ai..our...............

...un éclair.. une épée à la main il lui sembla apercevoir... il compris ....vive l'Anjou.... ai mort........
le temps ne se prestait pas à la discussion le risque à Chinon l'avait mit sur les dents, son épée jailli et frappa la femme, peut-être au cou, il n'en n'était pas sûr... elle s'écroula...

Du regard, il chercha l'homme en noir et ne l'avais pas vu disparaitre... il s'élança vers la ou il l'avais vu pour la dernière fois .... mais sans le voir, ne le rattrapa pas... et perdit même son chemin.... dans le noir sous la pluie....
Chaos
Une bonne et une mauvaise nouvelle. C'est pas comme ça que les gens commencent un sujet fâcheux, la confession d'une faute grave ? Le mercenaire regarde sa compagne avec deux yeux en forme de soucoupe. A en voir le sourire confus sur ses lèvres, elle va lui dire que ce n'est pas sa faute. Ah mais oui ! C'est l'autre Baile, la gueuse d'Alençon, qui lui a sauté dessus, elle lui a arraché sa chemise, elle lui a mis les braies sur les chevilles, et tout ça, sans qu'elle puisse rien n'y faire ? Mais ça, c'est la mauvaise nouvelle. La bonne, c'est qu'elle n'aime que lui... ou alors, il y avait aussi Mira. En quoi ce serait bien ? Aucune idée, mais il en a tellement vu et entendu qu'il n'est pas à ça près. Il s'attendait à tout mais pas à ça.

Mouarf...

Pour un peu, il en aurait lâché les brides de son cheval. Comment réagir lorsque votre femme vous annonce que vous allez être père ? Faut être joyeux à l'idée de tenir la chair de votre chair dans vos mains, de la voir grandir et faire sa vie ? Ou bien faut prendre le cheval et piquer un galop jusqu'à la taverne du coin pour amortir le choc dans la bière ? Oh bien sûr, il avait déjà abordé le sujet, mais en plaisantant. Il la taquinait, mais nom de dieu, il a jamais d'mandé à l'engrosser ! Y fout quoi l'Truc là-haut, ça sert à quoi les prières s'il comprend qu'à moitié c'qu'on lui d'mande ?!

Hum...

Il s'imagine un instant dans la petite salle d'un monastère, Lucie est en chemise fine, les cheveux dégoulinant de sueur, le visage rougit par les efforts, le souffle court et difficile. La bonne femme, une vieille rombière qui a vu tellement de choses dans sa vie qu'une mercenaire enceinte ne l'étonne pas, la félicite, lui dit qu'elle a été courageuse. Elle tend un drap blanc pleurnichard au moustachu qui reste dans l'encadrement de la porte. A l'intérieur, ça remue. Deux petites mains sont tendues vers lui, ça lui arrache un sourire. Il replie un pan du tissu, et le visage du nouveau né apparait : de fins cheveux blonds, presque blancs, avec des mèches brunes, un visage pâle et balafré, un duvet naissant sous le nez, et un médaillon avec un serpent entrelaçant crâne et dague autour du cou. Le beau-papa Finam vient le féliciter chaleureusement, pose sa couronne de duc d'Anjou sur la tête du marmot et glisse une bourse pleine d'or dans la poche du gendre. Bienvenue dans ce monde de brute, Chaosette de Montmonrency -comment ça c'est une fille à barbe ? Bah ouais, côté paternel comme maternel, on est fournis. Et même que Melchiore -le tonton- et elle joueront à "attrape moi la barbichette".

Beurk...

Chaos sort de ses rêveries délirantes pour jeter un coup d'œil par dessus son épaule et regarder attentivement la chemise de sa Blondie. Il n'ose pas imaginer comment elle fera lorsqu'elle sera énorme : faudra l'aider à monter à cheval, cuisiner, laver les affaires, lui donner à manger, faire abstinence ? Nan, quand même pas tout ça. Faut juste connaitre ses priorités... Mira, t'as mis quoi sous tes braies aujourd'hui ?

Elle s'approche de lui pour l'embrasser. Il répond avec délicatesse à son baiser, bien ce que ne soit pas évident à cheval. Il lui sourit tendrement, essayant de cacher ce flot de pensées et de questions qui l'ont envahi depuis qu'elle lui a annoncé la nouvelle.


J't'aime.

Il a un moment d'hésitation, puis ajoute :

Mais t'es grosse !

Dommage pour lui, c'était la chemise qui faisait cet effet là... ou pas.
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Luciedeclairvaux
Lucie in the sky with Chaos*

[Chapitre 2 : angéliques vipères ]


Lucie n'avait pas guetté la réaction de Chaos avec beaucoup d'appréhension. Elle avait confiance, en lui, en eux. Et ce n'était pas un vulgaire avorton qui allait se mettre entre eux.

A la tête qu'il faisait, elle s'imaginait qu'il se voyait déjà père, entraînant le rejeton à l'épée en bois, le faisant chevaucher en ville avec fierté, lui apprenant la vie au campement, l'été prochain. Oui, ce devait être toutes ces images qui passaient dans sa tête. Elle le voyait à sa mine devenue soudain ... sérieuse.
Ah oui, comme quoi, il pouvait être sérieux ...

Hum

Elle, en revanche, avait écarté toute extrapolation sur une éventuelle maternité. Sa frayeur la plus grande, bien plus impressionnante encore que la venue d'une horde de berrichons dopés au poussin, ou que le pire des bourreaux de Bourgogne, sa frayeur de toujours, c'était de mourir en couches. Elle n'avait pas les hanches faites pour la maternité, ni le cœur ...
Ce truc qui lui poussait dans le ventre était une fatalité.



Mais Chaos était là, solide, sérieux, responsable (?!), qui lui faisait des sourires tendres.
Quel homme, mon homme.


Moi aussi, j't'aime.
Mais t'es grosse !
Hmph !
Elle fit claquer sa badine sur le flan de la monture de son partenaire, qui s'engagea dans les bois sombres. Puis elle s'élança à sa poursuite avec un rire de mercenaire folle. Tu vas voir si je suis grosse !

C'est ainsi qu'ils approchèrent de la frontière tourangelle sans même s'en rendre compte, lancés vers un avenir joyeux, vers d'autres horizons que ceux de la guerre et de la haine. Mais quand le serpent dépose sa mue, la nouvelle peau est fragile, sensible ... vulnérable. Il ne sait pas encore bien interpréter les signes, il se sent nouveau-né.



[*trad. : "Lucie sur la banquette en skaï avec Chaos" un truc comme ça.]
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Chaos
Il tente de lui faire son plus beau sourire pour montrer qu'il n'aime qu'elle comme il en a jamais aimé une autre, qu'il la laissera changer le gosse autant qu'elle voudra, qu'elle pourra se lever la nuit pour faire taire les pleurs, qu'il est prêt à partager la poitrine de sa Blondie avec un colocataire, tant qu'il a toujours le monopole. Et lui, il se chargera d'emmener la progéniture camper dans les bois, brigander les passants, baisser ses braies devant les pucelles, se battre avec les ivrognes, et ne prendre des bains que quand une femme lui demanda d'en prendre un. Même qu'après une dure journée comme celle-ci, il ira se reposer à la taverne du coin pour boire une bière, tandis que Lucie f'ra l'ménage. Ouais, ça, c'est la vie de couple.

Il suit du regard la badine brandit en l'air. Elle n'oserait tout de même pas le frapper avec ça parce qu'il l'a un peu taquiné ? La main se rabaisse violemment. Il a presque pas eu peur... c'est pour ça qu'il a fermé les yeux tandis que sa monture poussait un hennissement de mécontentement avant de filer au galop.


R'ttrape moi si tes fesses sont pas trop lourdes ! cria-t-il d'un ton moqueur.

Plus vite arriver à Chinon, plus vite à l'auberge. Pas de coursier qui vient taper à la porte parce qu'on a besoin de la conseillère ducale au château. Pas de mioches qui le menacent de cafter à Lucie à chaque fois qu'il met un pied de travers. Pas de visage vaguement familier qu'il semble avoir connu il y a quelques jours. Pas d'Anjou, quoi. La frontières est en vue. Un étendard semble flotter au loin. Le mercenaire arrête sa monture et se tourne vers son Ange.


T'as vu, z'ont envoyé un comité d'accueil ! On leur fonce d'sus pour les s'mer ou on s'laisse escorter ?

A en voir son sourire malicieux, il préférait la première option.
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Luciedeclairvaux
[Chapitre 3 : L'Ange fait ses valises.]

Maudit moustachu !

Et d'élancer son destrier à sa poursuite.
Bien décidée à rompre son élan et lui faire manger la poussière, elle fait passer une jambe en amazone et attend d'être assez proche pour lui sauter dessus et lui faire ravaler ses paroles. Tant pis pour l'auberge douillette qui les attend. Se rouler dans les fougères à la faveur de l'automne, c'est bien aussi. Elle sourit déjà à l'idée de la bagarre muette et de son éventuelle issue ... quand soudain il s'arrête.

Hop, juste le temps de repasser la jambe par dessus la selle, ralentir sa monture et de faire comme si de rien n'était. Elle regarde en direction de l'étendard qui pique dans leur direction.


Une escorte ? Je n'ai pas prévenu qu'on arrivait ...

Pensée fugace qu'elle aurait peut-être dû. Mais après tout, quand on a l'immunité diplomatique, on n'est pas sur liste noire. Et puis la Zoko avait travaillé pour la Touraine : deux bonnes raisons pour ne pas être la cible de leurs armées.

Les hommes s'approchent. Lucie reconnaît les couleurs de Zebra, cet âne de duc qui avait rechigné à les payer ... Souvenir d'une accolade publique à celui qui aurait peut-être bien aimé rester discret sur l'aide des mercenaires apportée au duché de Touraine.*


Bonjour, je suis Lucie de Montmorency, vice-chambellan d'Anjou. Je viens en paix ... arglll

La Montmorency sort précipitemment une de ses deux épées, "l'Andalouse" forgée par Fablitos, pour parer les coups de l'ancien duc et d'un de ses hommes de main. Mais, nullement préparée à une telle attaque alors que la vie semblait tant leur sourire un instant auparavant, elle met quelques fatales secondes de trop avant de réagir. Les lames fusent, elle évite un coup, brise son épée en parant le deuxième et sent dans le même temps la brûlure du métal.
Un simple éclat de lune sur l'acier, elle n'a rien vu d'autre.
Elle porte sa main à son cou, comme pour retenir le flux qui s'évade déjà.
Le silence se fait. Des ombres se meuvent encore tandis qu'elle glisse de sa monture. Chaos ... où est Chaos ?

Ne pas trop bouger. Tout ira bien. Maleus va venir me sauver.
Non, pas Maleus, Lucie, tu divagues.
Ses yeux se remplissent de larmes de rage. On va pas crever là quand même, c'est trop con ... Elle voit maintenant.
Elle voit la voûte étoilée, loin au-dessus de la cime des arbres.

Elle gît dans les feuilles mortes. Tiens, ça sent si bon. Ça sent leurs derniers brigandages, en forêt poitevine. Le campement, l'insouciance.

La vie qui aurait pu s'étirer ainsi, ad eternam. Tranquille et douce.
Le sang l'étrangle. Elle voudrait tousser mais rien ne vient. Elle déglutit dans un gargouillis immonde. Ses lèvres disent ... Chaos ... mais le souffle lui manque.

Un chirurgien siouplait. On n'a jamais recousu de cou. Tiens, encore un truc qu'on ne fera plus, recoudre des types. Ça marcherait, une belle balafre sur le cou ?

S'endormir ... elle lutte contre le voile qui obscurcit les cieux. Non, pas encore, pas déjà ... du bout des doigts, elle cherche le corps de son homme. Ils vont s'endormir tous les deux comme tous les soirs. Les soirs ...

Elle réussit à tousser. Un odieux goût de fer envahit sa bouche. Son visage d'albâtre est parsemé de gouttelettes carmines. Tiens, te voila un peu de couleur ! Tu étais un peu palote ma fille.

La vie défile, à rebrousse-poil. Les visages, les évènements se mélangent. La Zoko, une petite musique s'élève ... Les Flandres de sa jeunesse ... Et Laud ... Laud, je vais tout t'expliquer.**


Se rouler dans les fougères à la faveur de l'automne ... c'était pas vraiment comme ça que je le voyais.



*Lire : Remise des décorations pour sauvegarde de la Touraine
**Lire : Amanite et vieilles cuirasses
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Chaos
Parait que certains animaux sentent la Mort ; lorsque de sa cape millénaire en lambeaux, elle frôle le sol qui devient aussitôt infertile. Cela expliquerait pourquoi le cheval du mercenaire commence à reculer, à hennir, à refuser de rester en place. Le brun n'y voit pas un quelconque signe du destin, juste une jument qui sent venir l'étalon. Il n'y a pas de raison que ce voyage tourne mal. Après tout, ce ne serait pas la première fois qu'il rentrerait dans un duché par des chemins détournés car les soldats lui ont ordonné de partir, faute de laissez-passer. Il regarde sa Blondie du coin de l'œil. S'il s'avérait que l'un d'eux était sur la liste des indésirables, il forcerait le barrage pour obliger les gardes à le suivre, tandis qu'elle pourra l'attendre tranquillement à une auberge tourangelle dans leurs moyens de mercenaires sans travail. Il ne voulait pas qu'elle courre le moindre risque, surtout maintenant qu'il sait ce qu'abrite son ventre légèrement arrondi.

Y viennent nous saluer, dit-il d'un ton taquin tandis que la bannière avançait vers eux au rythme des chevaux.

A partir de maintenant, il valait mieux qu'il se taise, se laissant volontairement en retrait, occupé à calmer sa monture à coups de bottes, pour laisser la diplomate négocier leur passage. Si cela ne tenait qu'à lui, il aurait foncé sur eux à bride abattu pour une course de chevaux dans les rues de Chinon, renversant les étales et bousculant les passants, avant qu'une charette pleine de foin ne lui barre le passage, le laissant à la merci des gueux énervés qu'il aura laissé dans son sillon de désordre. Doux sentiment que celui d'avoir la possibilité de déranger l'arrangement, de faire pâlir la discipline et rougir la morale. Ça lui donne envie de pisser sur les sabots de la monture du meneur.

A peine eut-il le temps d'imaginer la scène qu'un premier choc résonna à son oreille. Il n'en fallut pas plus pour activer ses réflexes, celui de tirer son épée du fourreau : le temps de comprendre la situation, la lame du duc brillait déjà d'un éclat sanglant, tandis qu'une flèche sifflait dans la nuit. Il essaya de l'éviter en se penchant sur le côté, trop tard encore. Il sentit une vive douleur au visage, la moitié de sa vue se brouilla tandis qu'il pressa sa main sur son œil ensanglanté.


Lucie ! cria-t-il en chargeant les deux hommes avec la rage d'un animal qui sait qu'il n'a aucun moyen de fuir, que c'est combattre ou mourir.

Les chevaux se bousculent et se marchent dessus, les hommes se frappent et s'insultent, la poussière les aveugle tous. Les tourangeaux se replient pour sortir de la mêlée. Chaos en profite pour regarder, interdit, son Ange tâché de carmin. Un moment, il lui semble vivre un cauchemar tant ce qui arrive lui semblait impensable. Il la prend dans ses bras et l'enlace, protecteur. L'iris de son œil unique est figée sur la plaie qu'essaie de contenir une fine main où se mélange le blanc et le rouge. Ce regard bleu et vide l'horrifie.

Mon Ange...

Son appel était déformé par les larmes qui noyaient sa gorge. Il était incapable de ressentir ne serait-ce qu'une once de colère contre ces hommes qui se concertent pour savoir s'ils doivent faire des prisonniers. Plus rien autour d'eux n'a d'importance, il n'y a plus qu'elle et lui dans cette scène tragique. Il lui caresse tendrement le visage, se forçant à sourire pour la rassurer.

Je suis là ma belle, t'endors pas... J'vais trouver un médicastre... Y va t'soigner... Je...

Et tandis qu'il essaie d'articuler entre deux reniflements, il la voit s'affaiblir à vu d'œil. Il se sent faible, impuissant, subissant ce destin qu'il a toujours voulu forcé. Il veut que tout s'arrête, maintenant, que l'agonie s'estompe, que son cœur cesse de souffrir. Le bruit des chevaux qui reviennent à la charge le fait sortir de sa torpeur. Il relève la tête et les voit charger. L'idée de se laisser mourir, pour la rejoindre, lui effleure l'esprit, mais tant qu'elle a une chance de vivre, il continuera de vivre, pour elle, même si le sang continue de ruisseler de son orbite. Il fait claquer la bride de sa monture et part au galop, direction Saumur, en laissant l'animal rester dans le chemin tandis qu'il serre Lucie contre lui en lui murmurant qu'elle n'avait pas le droit de mourir, elle n'avait pas le droit de fuir ainsi, qu'elle est la seule qu'il a aimé.
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Luciedeclairvaux
[Retour à l'envoyeur ... Saumur]

Déjà les ténèbres étincelaient et miroitaient de mille attraits.
L'esprit de Lucie lâchait prise et son corps se réfugiait dans cet état de non douleur. Tout autour, un déluge de sabots l'évitait comme par miracle dans un nuage de poussière et de nuit. Mais elle, se sentait légère, s'élevait parmi les anges, béate, fascinée.


Lucie !

Oui, je suis là, tout va bien, regarde ... Elle avait reconnu sa voix et voulait lui répondre, l'entraîner avec elle dans cet état second, dans cet univers merveilleux, au-dessus des souffrances des hommes, loin des injustices et des bassesses de ce monde étriqué. Regarde ... viens, Chaos ...
Ou l'entraîner avec elle au fond des abîmes, telle une dangereuse sirène.


Grlgl ... hhh

Ah oui, là tout de suite, forcément, ça ne donne pas envie. L'élocution est difficile. La rhétorique définitivement difforme. Pour le chant des sirènes, tu repasseras ma fille.
Mais je t'assure, mon amour, c'est l'idéal. Le paradis des mercenaires. Notre liberté enfin ...

Puis plus rien. Le noir. Il la porte, inconsciente.

Comment est-elle arrivée sur la monture de Chaos ? Où sont les assassins ? Elle ne sait plus. La douleur au cou se réveille, plus aigüe, envahit son épaule, son bras, son dos ...
Il l'a momentanément soustraite aux volontés divines. Mais le retour est douloureux, insupportable. Elle frissonne de froid, puis de chaud. Douleur et nausée se confondent dans une infâme fièvre qui déjà sent la mort.

Usant de ses dernières forces, elle serre son bras valide autour de Chaos ... pour ne pas tomber, pour ne pas repartir ...
Ou ... pour une dernière et funeste étreinte.

Ses yeux peinent à s'ouvrir, provoquant une nouvelle suée. Les doigts se crispent. Tu as une sale tête mon brigand. Suis-je aussi mal en point que toi ? Qu'allons-nous devenir ?
Est-ce le pavé de Saumur qui claque sous les sabots de ton cheval ?
Est-ce que tu m'aimes, dis ...

L'idée de descendre de cheval, de quitter cette position, et de quitter le contact du corps de Chaos, la tourmente un instant. Puis s'échappe tandis qu'elle sombre à nouveau dans de limpides et séduisants miroitements.

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--Allegorie_infinie
[ Tu seras le Passeur... ]


- Styx ? -

On lui donne tant de visages, d'images. De représentation de crainte à l'adoration, Il ne compte plus les noms. L'imagination humaine est affolante... A quand un prochain sigle ou écrit à son propre sujet ? D'autres spectacles sont ils à prévoir en son honneur ? N'ont-ils pas mieux à faire de leur vie ?...
Ce précieux cadeau, pourtant aussi futile que l'âme qui vogue et s'éteint, épuisé pour son ombre. La faux a pourtant fait maintes fois son œuvre... Pourquoi si peu comprennent ce paradoxe de la force fragile, et viennent à narguer le dernier souffle ?

Pauvres êtres... Pauvres fous.

Allons Azraël, pourquoi te reposes-tu encore et encore ces mêmes questions ? Ton travail doit être accompli. Écoute... On t'appelle. La dernière heure n'attend pas, il faut se hâter.



- Tunnel ? -

La Grande Faucheuse est proche. Lasse ? Non. Ce qu'elle préfère par dessus tout est cette rencontre... Ce rapport masqué. Le noyau même de son obligation. A sa manière, La Camarde s'informe des changements chez ces êtres plus qu'intéressants. Convictions, actes, souvenirs... Le fil de chaque vie est rasée de la lame courbée, avec avidité, avant de porter le dernier coup... D'aspirer la dernière goutte... D'éteindre le brasier.
Tout cela toujours sous un visage... Car chaque âme a ses propres pensées, sa propre réaction. Apeuré, soulagé, amusé, excité, désabusé... Tant d'états passionnants qu'il aborde.

Il est temps.

Même si le corps ballote ou se crispe, l'esprit lui ne souffre de rien, sauf de sentiments profonds. Doucement, la Mort s'insinue, prend la forme souhaitée par la prochaine victime.
Si jeune... Qu'as tu donc fait pour déjà devoir rejoindre d'autres terres ? Lucie... Joli nom. Ah mercenaire... Tout s'explique. Peut être nous sommes nous déjà vu par le passé chère blonde. Raconte-moi... Qui es-tu ?
Les chaines se brisent sans effort. Thanatos n'est plus. Peu à peu, tout lui semble bien plus limpide. Il apprend, patiente, se modèle. Quel costume m'as-tu donc choisi jeune mère ?

Roux.

Un soir où la lune blafarde ose prendre place face à la lumière d'Hélios, dans une sombre forteresse que l'on croirait presque abandonnée, deux lames s'affrontent avec un plaisir vissé aux lèvres. Il y a beaucoup et peu de choses à dire de ce qui unit ces deux personnes, sinon un respect. Un jour compagnons, un jour ennemis... Qu'importe.
Aujourd'hui, une vieille connaissance aux longs cheveux couleur carmin revoit un Ange déchu.


Ça f'sait un temps... T'as pas changé Blondie.

Sourire en coin. Un peu de mensonges ne fait pas de mal en telle occasion. Autant mettre un faux voile sur ces blessures affligeantes.

Un marmot hein... J'pourrais plus t'frapper au ventre à l'entrainement. T'es vache.

Humour cynique quand tu nous tiens... Ne sommes nous pas des bêtes de combat ? Prêtes à rire de tout et n'importe quoi ?


Ils t'ont pas loupé c'te fois Lucie. C'est à moi de recoudre j'suppose ? J'te dois bien ça non ?


Léger rire rauque bien connu du Sambre. Une vie pour une vie... Une dette qui ne se paiera jamais, l'homme aux yeux onyx déjà dans l'autre monde. Et toi jolie blonde, que veux-tu faire de ce souvenir ? Pourquoi le rouquin doit être celui qui te fauchera ?
Chaos
[Saumur de nuit, Saumur en deuil]

Il avait enroulé le harnais autour de sa main pour ne pas le lâcher, tandis qu'il serrait le corps tremblotant contre lui. De toutes ses forces, il voulait passer les portes de la ville avec elle, il voulait faire chercher une horde de médicastres qui l'emmèneraient dans une vieille bicoque pour la soigner. Quelques heures plus tard, ils seraient venu le chercher, lui le mercenaire blessé et épuisé qui aurait déchiré sa chemise pour se faire un bandeau, refusant de quitter la salle d'attente, et il aurait été le premier présent à la renaissance de sa Blondie, car des êtres aussi ignobles que les tourangeaux ne peuvent pas tuer un ange. Pas vrai ?

Tiens bon... On est bientôt arrivés...

Il est recroquevillé sur elle pour la réchauffer, il lui murmure des encouragements mais ses pleurs et sa voix étouffée le trahissent : la situation est désespérée. Il n'a même plus la force de relever la tête, ni de guider le cheval qui continue sa course folle. Il lui fait confiance pour suivre le chemin, et galoper le plus vite possible en évitant de les secouer. Il serait prêt à vendre son âme au Sans Nom pour qu'elle continue à vivre, qu'il puisse entendre une dernière fois son souffle chaud et humide, voir une dernière fois un sourire sur ses lèvres. Est-ce trop demander de mourir pour sauver celle qu'on aime ?

Reste éveillée... Faut pas qu'tu partes... T'es trop blonde pour mourir...

Il se redresse légèrement pour lui faire un mince sourire. Et lui, il est trop jaloux pour la laisser seule dans ce bas monde. C'est elle qui le tient encore en vie, c'est elle sa volonté. Il n'a rien fais de bon de sa vie, il n'a jamais rien sacrifié pour qui que ce soit, alors c'est le moment de sacrifier ses dernières forces par amour.

Elle a les yeux entrouverts. Il sait qu'elle l'écoute. C'est peut-être la dernière fois qu'ils se parleront, alors c'est le moment de lui dire qu'elle est la seule femme qu'il a aimé, qu'il aurait passé sa vie avec elle si elle avait été plus longue, qu'elle a fais de lui le plus heureux des hommes, l'instant d'un voyage, en lui annonçant qu'il avait un enfant avec elle. Il vient caresser doucement sa chevelure d'or argenté, il l'admire un instant. Même sur le point de mourir, elle est la plus belle chose qu'il ait vu, la plus précieuse qu'il ait eu. Si c'était à refaire, s'il avait su comment ce serait terminé avec elle, il n'aurait rien changé. Tous ces moments de complicité, tous ces actes d'amour, tous les sentiments qu'il s'est découvert, jamais il ne voudrait les tronquer contre de la vie, car c'était elle qui l'avait fais vivre.


Je t'aime.

Ces mots, il les avait déjà prononcé, pour elle ou pour d'autres, sincèrement ou par tromperie ; mais jamais ils n'ont eu autant que sens qu'à cet instant : il était prêt à faire le sacrifice ultime pour elle, laissant de côté l'égocentrisme qui a rythmé chacune de ses inspirations jusqu'à maintenant. Sa main glissa lentement sur son ventre rebondi, s'aplatit lentement. Il sentit un choc sous la peau fine. Cela le surprit, puis le rendit tout simplement heureux. Une larme ruissela sur sa joue. Il allait les perdre tous les deux, il n'aura pas eu le temps de savoir ce que c'était d'avoir une famille.

Les hautes murailles de Saumur étaient maintenant en vues, mais sa Blondie ne respirait déjà plus. Les larmes et le sang se mélangeaient. Le mercenaire pressa ses lèvres une dernière fois sur celle de son Aimée, espérant que son âme était encore là pour un dernier moment d'intimité. Il restait ainsi penché au-dessus d'elle, lui insufflant son air, espérant naïvement que cela changerait quelque chose. Le moustachu se laissa doucement bercer par le bruit des sabots sur le pavé, jusqu'à ce que le bruit s'amoindrisse, que les secousses se fassent moins violentes, qu'il se sente planer loin au dessus du sol, porté par son Ange blond qui aurait déployé ses ailes. Emmène-moi loin de ce monde, loin de tout, toujours plus haut, jusqu'à ce que ne soit que toi, moi et lui.

Les villageois accueillirent avec suspicion le cheval essoufflé qui transportait deux amants enlacés, inertes. Les plus téméraires glissèrent leur doigt sur la robe du cheval. Le sang était encore humide. Les bonnes femmes criaient à l'assassinat tandis que les hommes faisaient descendre les deux corps, un à un. Dans le ventre de la jeune femme, un dernier tambourinement, puis plus rien. Le néant. Trois morts pour le prix de deux.

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Luciedeclairvaux
Je t'aime.

Est-ce bien elle qui a réussi à articuler ces mots ? A l'abri au creux des bras de Chaos, elle ne craint plus rien. Ils vont s'en sortir. Leurs blessures ne sont pas si vilaines après tout. N'ont-ils pas vécu pire ? N'ont-ils pas surmonté des épreuves bien plus imposantes, plus douloureuses ? N'a-t-elle va survécu aux geôles bourguignonnes, à la torture, aux combats ? A un maje même ! L'éternité n'est pas pour tout de suite. D'ailleurs déjà, Lucie entend le médicastre. "C'est à moi de recoudre j'suppose ?" Elle va tomber dans les pommes, c'est sûr. Après s'être moquée des douleurs de ses patients, elle va subir la douleur de l'aiguille.

Occupez-vous de lui avant.
Son œil ...
Chaos sera borgne. Lucie n'aura jamais qu'une balafre de plus. Et l'enfant, leur enfant, viendra couronner leur amour. Ce n'est rien ... Fildaïs sera sa marraine. Pour parrain on prendra Jules. Ah non, merde, il est mort lui.

Le Sambre ... Elle le sent, elle le voit qui l'appelle, qui la tente, qui lui tend la main depuis l'au-delà. Elle se souvient ... les entraînements à la vie à la mort. Il pique son amour-propre, la force à répondre, attire son attention. Non non, mon petit gars, c'est bien trop tôt. Finalement, on a changé d'avis, on a des projets, mais on passera te voir ... au cimetière. Quand on s'en sera sorti, de toute cette merde, de ce faux-pas, de cette erreur de scenario.
Les dieux ont forcément d'autres destins pour nous.

Ses doigts frêles et sales serrent la manche de Chaos.
Les lèvres de son homme posées sur les siennes ont éveillé un frémissement. Elles happent un souffle d'air. La vie ! Je suis vivante, par toi, pour toi, mon éternel amant. Nous avons tant de choses à vivre encore, tant de pages à écrire ensemble, tant de chemins à découvrir.
Happent la vie.

Souffle la mort ...


A Saumur, on les soutient, on les transporte. Mais rien n'y fera. Les amants de la Zoko se sont rejoints, ad eternam.
L'Ange a ouvert ses ailes, emportant son butin.
Ce n'était qu'un bref passage sur terre.
Il n'était pas prévu d'y aimer un humain.
Pourtant ...

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